Opposons-nous aux tentatives d'éliminer notre voix
- Enver Villamizar -
Un défi auquel sont confrontés les enseignants
et les éducateurs à la veille des assemblées
annuelles de la Fédération des enseignantes et des
enseignants de l'élémentaire de l'Ontario et de
l'Association des enseignantes et des enseignants
catholiques anglo-ontariens est la nécessité
d'exposer et de s'opposer aux tentatives
d'éliminer leur autorité décisionnelle sur leurs
conditions de travail au jour le jour, qui sont
aussi les conditions d'apprentissage des élèves.
Progressivement, depuis les années 1990, la
classe dirigeante a tout fait pour restreindre le
droit des enseignants et des travailleurs de
l'éducation ainsi que des conseillers locaux élus
de décider des questions qui touchent à
l'éducation. Afin de soutirer des milliards de
dollars des fonds consacrés à l'éducation au
primaire et au secondaire et de transformer
l'éducation en une source de profits pour les
monopoles mondiaux de haute technologie, de
garderies et d'éducation, on a sapé le droit légal
des enseignants et des travailleurs de l'éducation
de dire Non !, à un point tel que les
négociations sur les conditions de travail locales
entre les syndicats locaux mandatés pour le faire
et les conseils scolaires ont à toutes fins
pratiques été éliminées.
Cette ronde de
négociations a comme objectif de codifier
l'emprise du cabinet provincial sur toutes les
décisions d'importance. Cela comprend l'intention
d'établir de nouvelles façons de changer le
contenu de l'apprentissage des élèves dans le but
de mieux servir les monopoles privés qui veulent
des changements « juste à temps » à la façon
dont les jeunes sont instruits. La grande crainte
de la classe dirigeante est que les enseignants et
les travailleurs de l'éducation ne se soumettront
pas et qu'ils trouveront de nouvelles façons de se
défaire des limitations qu'on leur impose.
La décision récente de la Commission des
relations de travail de l'Ontario qui établit que
toutes les questions monétaires en éducation
doivent être négociées centralement, et les
audiences actuelles sur le droit ou non du
gouvernement d'imposer par règlement la taille des
classes sans négocier, illustrent bien les
nouveaux précédents créés au cours de cette ronde
de négociations. Un autre exemple est le vieux
refrain du gouvernement Ford qui prétend que peu
importe le gouvernement, ce sont les enseignants
et les éducateurs qui sont le problème, et non
l'offensive antisociale que mènent ces
gouvernements, chacun à sa façon. Le gouvernement
Ford tente de préparer le terrain pour éliminer le
droit légal des enseignants et des travailleurs de
l'éducation de faire la grève, espérant ainsi
étouffer une fois pour toutes leur résistance à
ses manigances visant à privatiser davantage
l'éducation publique.
Cette situation met en lumière l'importance que
les travailleurs de l'éducation prennent la parole
sur ces questions et établissent de nouvelles
façons d'organiser au sein et en dehors des
structures actuelles, que ce soit l'affiliation
syndicale, la catégorie d'emploi, le lieu
géographique etc, pour faire en sorte que leur
Non ! uni contre les compressions et la
privatisation ne puisse être supprimé. Donner vie
à ce Non ! au moyen de nouvelles formes
d'organisation démontrera clairement que peu
importe leurs efforts, ceux qui veulent usurper le
pouvoir décisionnel de la classe ouvrière ne
pourront pas éliminer son Non, qui est son droit
de parler et d'agir en son propre nom. un droit
humain fondamental.
Partout dans le monde, y compris au Canada, les
enseignants et les travailleurs de l'éducation
sont aux premières lignes de défense contre le
saccage néolibéral de leurs sociétés. Ils se
dressent comme un rempart contre la privatisation
et d'autres réformes néolibérales parce qu'ils en
voient les répercussions tous les jours et
subissent le fardeau de la détérioration de la
société et de son tissu social qui est la
conséquence inévitable des tentatives d'imposer
une situation où chacun doit se débrouiller seul.
Plus les enseignants et les éducateurs s'en
tiennent à leur propre expérience directe et
luttent pour des solutions aux problèmes qu'ils
vivent jour après jour, y compris comment
l'éducation devrait être financée, plus ils
surmonteront toutes les tentatives de semer la
division dans leurs rangs et d'éliminer leur voix.
Ils trouveront ainsi une voie vers l'avant pour
passer une fois pour toutes de la résistance au
pouvoir décisionnel. Cela peut se faire !
Cet article est paru dans
Numéro 11 - 12 mars 2020
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