27 juin 2019
L'opposition
à l'offensive antisociale en Alberta
Résistance
grandissante à la loi 9 et au mépris du gouvernement
Kenney envers les travailleurs et l'état de droit
- Peggy Morton -
• Piquetages
d'information: Non! à la loi 9, Loi sur le report de l'arbitrage salarial
dans le secteur public
• L'Association des enseignants de l'Alberta va
entreprendre une contestation judiciaire - Cory Hare,
directeur de la rédaction, Service
de nouvelles de l'ATA
Les travailleurs du
Québec défendent leurs droits
• Contestation constitutionnelle des
employés et retraités municipaux de la loi qui
s'attaque à leurs régimes de retraite
• Les travailleurs continuent de s'opposer aux
changements dans la formation des grutiers qui mettent en danger leur
sécurité et celle du public
L'opposition à l'offensive
antisociale en Alberta
- Peggy Morton -
Piquetage d'information des travailleurs à Lac La Biche pour
protester
contre la loi 9 et ses attaques contre les négociations du
secteur
public, le 15 juin 2019
Les travailleurs de l'Alberta organisent des actions
partout dans la province pour dire un Non ! retentissant à
la loi 9, Loi sur le report de l'arbitrage salarial dans le
secteur public. Les travailleurs se sont rassemblés devant
l'Assemblée législative dans la soirée du 19
juin, au moment où le gouvernement adoptait le
projet de loi à toute vapeur. Pendant la période de
questions, le jour suivant, ils ont exprimé leur colère
et leur détermination à lutter pour défendre leurs
droits et les services publics qu'ils fournissent.
Le Syndicat des employés provinciaux de l'Alberta
(AUPE) organise des lignes de piquetage d'information dans des endroits
de travail partout dans la province. Les premiers piquetages auront
lieu sur l'heure du midi devant des hôpitaux, et tous les
syndicats s'organisent pour en faire un succès. L'AUPE organise
aussi des assemblées
communautaires téléphoniques pour ses membres. L'AUPE a
demandé une injonction contre la loi 9 et le Syndicat des
Infirmières unies de l'Alberta (UNA) a lui aussi entamé
une contestation judiciaire pour bris de contrat et violation des
droits de ses membres en vertu de la Charte. La
Fédération du travail de l'Alberta (AFL) dit que les
syndicats se réunissent en ce moment pour préparer de
nouvelles actions.
Le gouvernement du Parti conservateur uni (UCP) de
l'Alberta a fait adopter la loi 9 à l'Assemblée
législative en invoquant l'allocation de temps pour mettre fin
au débat et adopter la loi après une session qui a
duré toute la nuit. La loi elle-même et la façon
avec laquelle l'UCP a imposé son adoption illustrent bien la
destruction de la
politique et la crise des institutions démocratiques
canadiennes. Le mépris total de l'UCP envers l'Assemblée
législative a été démontré lorsque
le premier ministre Jason Kenney, sourire en coin, s'est donné
en spectacle en distribuant des bouchons pour les oreilles aux membres
de son caucus pour qu'ils n'aient pas à entendre les arguments
et les
amendements de l'opposition. La loi est largement
considérée comme étant illégale et une
violation du droit des travailleurs de négocier collectivement
leurs conditions d'emploi.
Gil McGowan, le président de la
Fédération du travail de l'Alberta, a dit : «
Kenney voulait empêcher son caucus d'entendre le NPD expliquer
comment cette loi contrevient aux décisions de la Cour
suprême du Canada sur ce que signifie négocier de bonne
foi et sur les obligations des gouvernements en ce qui concerne la
négociation
collective. »
McGowan a aussi soulevé la prétention de
l'UCP d'avoir un mandat d'attaquer les travailleurs du secteur public
au nom des Albertains qui l'ont élu : « Ils ne
voulaient pas non plus qu'on leur rappelle que nulle part dans
les 118 pages de leur programme électoral l'UCP
mentionne-t-il qu'il allait rompre les conventions collectives
avec les travailleurs du secteur public, saboter le processus
d'arbitrage par un tiers parti indépendant ou se donner le droit
d'imposer des baisses de salaires sans négociation. L'arrogance
et le manque de respect flagrant dont le premier ministre et son caucus
ont fait preuve sont à couper le souffle.
« Si le premier ministre pense qu'il peut
déchirer des conventions collectives et traîner les droits
des travailleurs dans la boue, il se trompe. Et il devrait comprendre
que des bouchons pour les oreilles ne seront pas très utiles
dans les prochaines semaines parce que si l'UCP continue à agir
ainsi, le ton va monter considérablement. »
Le Syndicat des infirmières unies de l'Alberta
(UNA) a déclaré : « Avec l'adoption finale de
la loi 9, les négociations avec l'UNA sont reportées
à l'Halloween. À ce moment-là, on s'attend
à ce que le gouvernement dépose des projets de loi
ouvrant la porte à une ingérence encore plus agressive
dans le processus de négociation
collective et d'arbitrage du secteur public, et le moment semble avoir
été choisi pour que la controverse n'éclate
qu'après les élections fédérales à
l'automne. »
Le Syndicat des employés provinciaux de l'Alberta
(AUPE) souligne que le ministre des Finances, Travis Toews, a
refusé de répondre lorsque les journalistes lui ont
demandé si le gouvernement allait autoriser la tenue d'audiences
d'arbitrage après le 31 octobre. « Il devient
maintenant évident, écrit l'AUPE, que la loi 9 n'est
peut-être pas seulement une tactique pour reporter les
arbitrages, mais bien pour les annuler. C'est le premier pas d'un
stratagème du gouvernement visant à geler ou à
baisser les salaires. »
La loi touche 24 conventions collectives et
près de 180 000 employés du secteur public,
dont certains sont directement employés par le gouvernement mais
dont la plupart le sont par des agences publiques comme les Services de
santé de l'Alberta.
Les travailleurs visés par le gouvernement avec
sa loi 9 vont au travail tous les jours pour fournir des services
dont le peuple et la société ont besoin. Ils sont la
première ligne de défense des services et des programmes
publics que requiert une société moderne. Par ce manque
de respect et ce mépris envers les droits des travailleurs du
secteur public, et par ce refus de participer à des
négociations de bonne foi et le recours au diktat, l'UCP et
d'autres gouvernements antisociaux semblables au Canada attaquent tous
les travailleurs et entraînent la société dans une
voie rétrograde et dangereuse.
Forum ouvrier lance l'appel à tous
à se tenir aux côtés des travailleurs du secteur
public. Joignez-vous aux piquetages d'information dans votre ville,
grande ou petite. Pour de plus amples détails, lire le prochain
article. Discutez les enjeux avec vos collègues de travail, vos
amis et voisins, et encouragez-les à se joindre et à
prendre la
parole eux aussi. Unissez-vous à la défense du droit des
travailleurs d'avoir leur mot à dire sur leurs salaires, leurs
conditions de vie et de travail et leur retraite. Disons Non ! au
diktat et à l'arbitraire. Défendons le droit des
travailleurs de négocier collectivement ! La loi 9
doit être abrogée !
Piquetage d'information contre la loi 9 à Wetaskiwin,
le 14 juin 2019
(Photos: AUPE)
Le Syndicat des employés provinciaux de
l'Alberta (AUPE) organise des piquetages d'information partout dans la
province pour dire Non ! à loi 9. La loi vise les
travailleurs du secteur public et met fin aux clauses des conventions
collectives de 180 000 travailleurs qui stipulaient qu'un
arbitrage de réouverture de
salaire devait avoir lieu avant le 30 juin. Alors que la loi vise
les travailleurs du secteur public, une attaque contre ces travailleurs
est une attaque contre tous les travailleurs. Joignez-vous à la
défense du droit des travailleurs d'avoir leur mot à dire
et un contrôle sur leurs conditions de vie et de travail, et
dites non ! au diktat et au
mépris de l'État de droit. La loi 9 est inacceptable
et doit être abrogée ! Les sections locales de l'AUPE
organisent des piquetages d'information aux endroits suivants :
Alberta
central
Centre
de
soins
Vegreville
Jeudi
27
juin
-
11 h 30 à 13 h
Centre
de
santé
Tofield
Vendredi
28
juin
-
11 h 30 à 13 h
Centre
de
soins
de
santé Lamont
Mardi
2
juillet
-
11 h 30 à 13 h
Centre
de
santé
Two
Hills
Mercredi
3
juillet
-
11 h 30 à 13 h
Pour
de
l'information
sur
ces piquetages : section locale 043 de l'AUPE,
présidente Judy Fader, local4308@gmail.com
Calgary
Centre
médical
Foothills
Mercredi
3
juillet
-
11 h 30 à 13 h
Information
:
section
locale
095 de l'AUPE, président David Choy,
chairlocal095@aupe.ca
Edmonton
Hôpital
Leduc
Mardi,
9
juillet
-
11 h 30 à 13 h
Information
:
Section
locale
054/010, présidente Teresa Bergen
teresa666@live.ca
ou
section
locale
046/003,
vice-présidente Sharon Conium,
780-903-5133.
- Cory Hare, directeur de la
rédaction, Service de nouvelles de l'ATA -
L'association des enseignants de l'Alberta (ATA) lance
une contestation judiciaire de la loi 9, la loi du gouvernement de
l'UCP qui reporte la décision en arbitrage sur les salaires des
enseignants.
Lors d'une réunion de fin de semaine, les membres
du bureau de l'Association ont autorisé son cabinet juridique
à entreprendre une contestation constitutionnelle en raison du
fait qu'elle viole le droit de l'ATA à la libre
négociation collective.
« Nous défendons nos droits comme les
autres membres du secteur public », a dit le
président de l'ATA, Greg Jeffery. « Nous allons continuer
de demander que les contrats et les ententes, librement conclus, soient
respectés. »
Un accord conclu à la table centrale plus
tôt cette année comprenait une clause de recours à
l'arbitrage pour déterminer les salaires des enseignants.
L'accord stipule que cet arbitrage doit avoir lieu avant le 30
septembre. La loi 9 reporte cependant cet arbitrage à
après le 31 octobre.
Le nouvel échéancier pour l'arbitrage est
le 15 décembre. Peu importe la longueur du report, il est
nécessaire de lutter contre ce geste du gouvernement sur une
base de principe, a dit Jeffery.
« Les enseignants sont certainement
frustrés de n'avoir touché aucune augmentation de salaire
en sept ans, et ils espéraient obtenir finalement quelque
réparation, et, de voir tout ceci nous être enlevé
à la dernière minute est certainement frustrant pour nos
membres », a dit Jeffery. « Nous devons dire au
gouvernement que cela n'est pas
une façon acceptable de mener des relations de
travail. »
Ce même lundi, le Syndicat des employés
provinciaux de l'Alberta a annoncé qu'il lançait une
contestation judiciaire. Le Syndicat des infirmières unies de
l'Alberta a fait une annonce similaire vendredi dernier [le 21
juin]. On croit que d'autres syndicats du secteur public sont en train
de préparer des contestations semblables.
La liberté d'association
La contestation sera menée en vertu de la
section 2 (d) de la Charte des droits et libertés. Les
syndicats
vont
souligner
que la loi enfreint leur droit à la
libre négociation collective et, conséquemment, leur
liberté d'association, a dit Sandra Johnston, la coordonnatrice
du service aux enseignants de l'ATA.
« L'arbitrage est un compromis entre les
enseignants et le TEBA [l'Association patronale de négociation
avec les enseignants ] qui a été accepté lorsque
nous n'avons pas pu nous entendre sur les salaires mais que nous
voulions tout de même qu'il y ait une entente. Maintenant,
l'arbitrage est traité comme s'il était un affront
à l'intérêt public.
Il est au service de l'intérêt public »,
a-t-elle dit.
Le gouvernement a justifié la loi 9 en
disant qu'il a besoin d'obtenir un meilleur tableau de la situation en
vue du prochain budget avant de déterminer les salaires du
secteur public, mais Jeffery ne croit pas à cet argument.
« Ils ont déjà réduit les
impôts des entreprises ... et créé un centre de
crise
de 30 millions de dollars ... alors le discours du gouvernement ne
tient pas la route parce qu'ils ont déjà commis des
gestes fiscaux de grande portée, et tout d'un coup ils ne
peuvent pas respecter des conventions collectives
négociées de bonne foi », a-t-il
dit.
Jeffery a souligné que le gouvernement s'attend
à recevoir un rapport le 15 août d'un panel d'experts mis
sur pied pour préparer son budget d'automne, et que la
présidente du panel a déjà dit qu'une solution
simple serait de réduire les salaires de 2% dans tout le secteur
public.
« S'ils ne font qu'attendre que tout cela devienne
officiel, alors nous ne sommes pas intéressés à y
participer », a dit Jeffery. « Personne ne veut d'une
coupure de salaire ou d'un autre zéro
d'augmentation. »
La loi 9, Loi sur le report de l'arbitrage
salarial dans le secteur public, a été
adoptée en troisième lecture le 19 juin.
Malgré sa contestation judiciaire, l'ATA se concentre sur ses
préparatifs d'arbitrage, peu importe quand il aura lieu.
« Nous ne perdons pas de vue que nous devons
remporter cet arbitrage », a dit Jeffery.
Les travailleurs du Québec
défendent leurs droits
Manifestation des employés municipaux de
Montréal à la défense de leurs pensions, le 23
avril 2014 (SCFP)
Des dizaines de syndicats représentant les
travailleurs municipaux du Québec poursuivent leur contestation
constitutionnelle contre la loi 15, Loi favorisant la
santé financière et la pérennité des
régimes de retraite à prestations
déterminées du secteur municipal. Le gouvernement du
Québec a adopté cette loi en
décembre 2014. Les syndicats engagés dans la
contestation représentent des milliers d'employés
municipaux à l'échelle du Québec, dont les cols
bleus et les cols blancs, les policiers et les pompiers.
Selon les syndicats, cette loi contrevient, entre autres
choses, à la liberté de négociation collective.
Ils soulignent que l'article 2 de la Charte canadienne des
droits et libertés protège la liberté
d'association des travailleurs, ce qui est nécessaire pour que
le droit de négociation collective veuille dire quelque chose en
pratique.
Dans un communiqué publié le 21 juin,
le Syndicat canadien de la fonction publique (Québec) mentionne
qu'après 85 jours d'audience à la Cour
supérieure du Québec, la preuve présentée
par les parties est maintenant close. La prochaine étape est la
présentation des plaidoiries, ce qui doit commencer au mois
d'août et durer deux
semaines. La première semaine sera consacrée aux
plaidoiries des syndicats.
Lorsqu'ils ont présenté le projet de loi
en 2014, le gouvernement du Québec et les maires des
grandes villes comme Montréal et Québec ont dit qu'il
était une étape nécessaire à la
pérennité des régimes de retraite à
prestations déterminées dans le secteur municipal et
à la garantie de l' « équité
intergénérationnelle ». Ils ont utilisé
des données faisant état de vastes déficits dans
certains régimes de retraite des employés municipaux. Les
travailleurs et leurs syndicats ont contesté ces données
comme inexactes et frauduleuses. Dans le cas de Montréal, par
exemple, les données ne tenaient pas compte du fait que, pendant
des années, la ville de Montréal n'avait pas mis l'argent
qu'elle était juridiquement tenue de mettre dans les
régimes de retraite.
Un trait essentiel de la loi 15 est qu'il retire du
champ de la négociation collective les enjeux relatifs aux
régimes de retraite des employés municipaux et impose un
diktat gouvernemental. La loi fixe à 50-50 le pourcentage
des taux de cotisation aux régimes de retraite à venir et
y interdit toute clause d'indexation automatique. Elle
brise les contrats existants et impose aux travailleurs et aux
retraités de payer 50 % des déficits actuariels
prévus qui étaient à la charge des
municipalités en vertu de conventions collectives dûment
signées.
En ce qui concerne les retraités, la loi permet
aux municipalités d'annuler l'indexation de leurs pensions et
d'utiliser ces montants pour rembourser les déficits. On
évalue que les retraités municipaux de Montréal
ont été privés de millions de dollars de pensions
depuis que la ville de Montréal a suspendu leur indexation
en 2016. Pour
détruire l'opinion publique et miner l'opposition à cette
attaque contre les retraités et leurs droits, les médias
monopolisés se sont lancés dans une propagande
diffamatoire selon laquelle les retraités municipaux menaient la
belle vie au détriment des budgets de la ville. En fait, une
grande partie des retraités municipaux doivent vivre
avec 30 000 dollars et même 20 000 dans
certains cas, selon la date à laquelle ils ont pris leur
retraite. Les travailleurs refusent comme étant
méprisable qu'un
décret de l'État puisse forcer les retraités
à vivre dans la pauvreté et les priver de leurs droits
faisant l'objet d'une contrat.
La loi a imposé la restructuration
régressive de quelque 216 régimes de retraites
à prestations déterminées dans
environ 1 100 municipalités du Québec. Les
employés municipaux versent maintenant des montants beaucoup
plus élevés en cotisations à leurs régimes
de retraite, ce qui équivaut à une réduction
salariale
significative. Ceci s'ajoute aux montants que plusieurs ont
été forcés de payer pour rembourser les
déficits passés, dont ils n'étaient pas
responsables.
Par leurs actions et leur discours, les autorités
municipales de Montréal et de Québec ont reconnu que ce
vol des pensions organisé par l'État et l'abaissement du
niveau de vie des employés municipaux vise à
détourner une plus grande partie de la valeur que les
travailleurs produisent, et qui est maintenant aux mains des
municipalités, dans les
coffres des entreprises mondiales, au moyen de stratagèmes pour
payer les riches. Ces autorités veulent faire des villes une
plaque tournante pour l'investissement par des intérêts
privés supranationaux mondiaux, au détriment du
bien-être et des droits des travailleurs actifs et à la
retraite.
Les travailleurs municipaux et leurs alliés ont
mené une lutte prolongée pour empêcher le
gouvernement d'adopter la loi 15. Ils ont organisé des
manifestations et des grèves locales. Les cols blancs de
Montréal ont organisé une grève
générale en 2014 dont un des thèmes centraux
était l'opposition à cette loi et la défense
des
pensions et du droit de négociation collective.
Depuis que la loi a été adoptée,
les travailleurs municipaux ont essayé d'en limiter son impact
lorsqu'ils ont négocié le renouvellement de leurs
conventions collectives. Par exemple, les travailleurs d'entretien de
la Société du transport de Montréal ont
négocié et organisé des actions pendant 23
mois à la défense de leurs droits. Ils ont
réussi à obtenir une prime de l'employeur en 2019
pour compenser l'augmentation de leurs cotisations à leur
régime de retraite.
Les travailleurs ne se sont pas
réconciliés avec cet abus de pouvoir de l'État
québécois. La contestation constitutionnelle de la
loi 15 fait partie de la lutte pour forcer son retrait. Les
employés municipaux actifs et à la retraite et leurs
alliés demandent que cette loi soit retirée et demandent
réparation pour les dommages infligés. Les
travailleurs ont le droit de négocier collectivement leurs
conditions d'emploi, et ceci comprend avoir un mot décisif
à dire sur leur niveau de vie pendant les années actives
de travail et à la retraite.
Cela fait maintenant plus d'un an que le gouvernement
du Québec et la Commission de la construction du Québec
(CCQ) ont aboli arbitrairement le caractère obligatoire du
Diplôme d'études professionnelles (DEP) des grutiers et
l'ont remplacé par un programme très inférieur de
formation en entreprise. Les grutiers et les travailleurs de la
construction ont donné de solides arguments contre ce changement
dès qu'il a été annoncé. Leurs arguments
scientifiques et organisationnels sont tombés dans l'oreille
d'un sourd parce que les grandes entreprises de la construction veulent
ce changement pour servir leurs intérêts privés
étroits, sans égard aux dangers qu'il comporte.
Les travailleurs de la construction protestent
contre la négligence de
la CCQ en matière de santé et de sécurité
suite à un incident
impliquant une grue.
|
Afin d'assurer leur sécurité et celle du
public, les travailleurs de la construction n'ont pas abandonné
leur opposition à ce changement régressif et demandent au
gouvernement du Québec de rétablir immédiatement
le caractère obligatoire du DEP. Ils mènent la lutte
devant le tribunal de l'opinion publique par le biais de leur site Web
et en
parlant à tous les médias qui sont prêts à
les écouter. Ils ont deux grandes revendications, qu'ils
demandent au
gouvernement de la Coalition Avenir Québec de satisfaire pour le
bien du public.
1) que la nouvelle réglementation soit
retirée et que la formation professionnelle obligatoire des
grutiers soit maintenue ;
2) qu'une table de concertation soit créée
qui comprend toutes les parties concernées, dont les enseignants
qui fournissent la formation professionnelle, pour étudier les
problèmes relatifs au secteur des grutiers et à la
sécurité sur les chantiers de construction.
À la fin avril 2018, le gouvernement du
Parti libéral a aboli le caractère obligatoire du
Diplôme d'études professionnelles (DEP), sans le
consentement ou la contribution des grutiers, des syndicats de la
construction ou des enseignants qui donnent la formation
professionnelle. Le DEP menant au métier de grutier
comprend 870
heures de formation pratique dans une institution d'enseignement
professionnel. Le gouvernement a rendu ce diplôme facultatif. Il
a instauré un programme de formation en entreprise de
seulement 150 heures, qui est fourni et géré par les
entreprises de la construction. Le gouvernement et la CCQ ont aussi
remplacé l'enseignement et le
diplôme professionnel par un cours de 80 heures pour les
camions-flèches d'une capacité maximale de 30
tonnes. C'est justement ce type de grues qui versent le plus et qui
causent le plus de dommages.
Les grutiers ont refusé d'accepter sans mot dire
cette attaque contre leur droit d'avoir un mot décisif à
dire et ils ont mené une lutte sans relâche contre la
nouvelle réglementation. Ils ont notamment fait le geste
audacieux de ne pas se présenter au travail pendant environ une
semaine en juin 2018. En réponse à cela, le
gouvernement a
mis sur un pied un comité d'experts pour étudier la
nouvelle réglementation, qui a remis son rapport en
mars 2019. Tout en reconnaissant que la formation réduite
en entreprise est inférieure à la formation
professionnelle donnée par des enseignants dans une institution
d'enseignement, le comité d'experts a proposé que la
formation
professionnelle soit une « référence »
et non une exigence. Il a pris pour acquis que la formation en
entreprise est là pour rester, et a recommandé des
modifications mineures. [1]
En entrevue télévisée au
réseau TVA à la fin du mois de mai, le président
de l'Union des opérateurs grutiers, Evans Dupuis, a
présenté le point de vue du syndicat : « Ce
n'est pas réglé encore après un an maintenant que
le nouveau règlement est en vigueur. Depuis un an, on a
promulgué une formation en entreprise alors n'importe qui
peut entrer dans l'industrie de la construction en ayant uniquement une
formation en entreprise. En ce qui concerne l'activité des
camions-flèches on a sorti cette petite grue de la norme pour
permettre à n'importe qui de l'opérer. C'est ce qu'on
dénonce depuis le début.
« Pour donner un exemple concret, depuis qu'on a
créé le DEP, on a diminué de 66 % le
nombre d'accidents mortels dans le métier de grutiers. Le DEP a
fait ses preuves. Ce qu'on attend c'est que le nouveau gouvernement
prenne une décision qui va respecter la santé et la
sécurité et qu'on va s'assurer qu'on ait une formation
adéquate pour le métier de grutier. »
En ce qui concerne la recommandation du comité de
donner une formation initiale de trois semaines préalablement
à la formation en entreprise, l'Union des opérateurs
grutiers ne l'appuie pas parce qu'elle n'est pas adéquate et ne
se compare en rien avec la formation professionnelle actuelle
de 870 heures menant à un diplôme.
De plus, les grutiers et leur syndicat rejettent sur une
base de principe l'argument des entreprises de la construction et du
gouvernement qu'un abaissement des normes de sécurité est
justifiable à cause d'une pénurie de main-d'oeuvre dans
le secteur de la construction. Ils soulignent qu'il existe des moyens
de combler les besoins de
main-d'oeuvre sans abaisser les normes de la formation et mettre en
danger la vie et le bien-être des travailleurs et du public. Par
exemple, on peut augmenter les inscriptions à la formation
professionnelle, accepter plus de candidats
qui auront l'occasion de devenir grutiers. Cela a été
fait dans le passé, disent-ils, mais en 2015 les inscriptions
ont été diminuées.
Les grutiers rappellent qu'il fut un temps où le
gouvernement avait éliminé le cours de conduite
obligatoire
pour la conduite d'un véhicule au Québec. Le cours
obligatoire a été rétabli rapidement parce que le
nombre de morts sur la route a augmenté. Ils soulignent que
c'est le même principe qui doit s'appliquer dans le métier
de grutier pour
éviter l'augmentation des accidents et des décès
sur les chantiers de construction. Le gouvernement du Québec
doit écouter ceux qui font le travail et leurs syndicats et
rétablir immédiatement la formation professionnelle
obligatoire de 870 heures pour devenir grutier.
Note
1. Pour un examen du rapport du
comité d'experts, lire « Le rapport
du comité d'experts ne respecte pas les revendications de
sécurité de ceux qui font le travail », Pierre
Chénier, dans le numéro du 18 avril 2019 de Forum
ouvrier
(Photos: FTQ
Construction)
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de l'article.)
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