Les travailleurs du Québec
défendent leurs droits
Contestation constitutionnelle des employés et retraités municipaux de la loi qui s'attaque à leurs régimes de retraite
Manifestation des employés municipaux de
Montréal à la défense de leurs pensions, le 23
avril 2014 (SCFP)
Des dizaines de syndicats représentant les
travailleurs municipaux du Québec poursuivent leur contestation
constitutionnelle contre la loi 15, Loi favorisant la
santé financière et la pérennité des
régimes de retraite à prestations
déterminées du secteur municipal. Le gouvernement du
Québec a adopté cette loi en
décembre 2014. Les syndicats engagés dans la
contestation représentent des milliers d'employés
municipaux à l'échelle du Québec, dont les cols
bleus et les cols blancs, les policiers et les pompiers.
Selon les syndicats, cette loi contrevient, entre autres
choses, à la liberté de négociation collective.
Ils soulignent que l'article 2 de la Charte canadienne des
droits et libertés protège la liberté
d'association des travailleurs, ce qui est nécessaire pour que
le droit de négociation collective veuille dire quelque chose en
pratique.
Dans un communiqué publié le 21 juin,
le Syndicat canadien de la fonction publique (Québec) mentionne
qu'après 85 jours d'audience à la Cour
supérieure du Québec, la preuve présentée
par les parties est maintenant close. La prochaine étape est la
présentation des plaidoiries, ce qui doit commencer au mois
d'août et durer deux
semaines. La première semaine sera consacrée aux
plaidoiries des syndicats.
Lorsqu'ils ont présenté le projet de loi
en 2014, le gouvernement du Québec et les maires des
grandes villes comme Montréal et Québec ont dit qu'il
était une étape nécessaire à la
pérennité des régimes de retraite à
prestations déterminées dans le secteur municipal et
à la garantie de l' « équité
intergénérationnelle ». Ils ont utilisé
des données faisant état de vastes déficits dans
certains régimes de retraite des employés municipaux. Les
travailleurs et leurs syndicats ont contesté ces données
comme inexactes et frauduleuses. Dans le cas de Montréal, par
exemple, les données ne tenaient pas compte du fait que, pendant
des années, la ville de Montréal n'avait pas mis l'argent
qu'elle était juridiquement tenue de mettre dans les
régimes de retraite.
Un trait essentiel de la loi 15 est qu'il retire du
champ de la négociation collective les enjeux relatifs aux
régimes de retraite des employés municipaux et impose un
diktat gouvernemental. La loi fixe à 50-50 le pourcentage
des taux de cotisation aux régimes de retraite à venir et
y interdit toute clause d'indexation automatique. Elle
brise les contrats existants et impose aux travailleurs et aux
retraités de payer 50 % des déficits actuariels
prévus qui étaient à la charge des
municipalités en vertu de conventions collectives dûment
signées.
En ce qui concerne les retraités, la loi permet
aux municipalités d'annuler l'indexation de leurs pensions et
d'utiliser ces montants pour rembourser les déficits. On
évalue que les retraités municipaux de Montréal
ont été privés de millions de dollars de pensions
depuis que la ville de Montréal a suspendu leur indexation
en 2016. Pour
détruire l'opinion publique et miner l'opposition à cette
attaque contre les retraités et leurs droits, les médias
monopolisés se sont lancés dans une propagande
diffamatoire selon laquelle les retraités municipaux menaient la
belle vie au détriment des budgets de la ville. En fait, une
grande partie des retraités municipaux doivent vivre
avec 30 000 dollars et même 20 000 dans
certains cas, selon la date à laquelle ils ont pris leur
retraite. Les travailleurs refusent comme étant
méprisable qu'un
décret de l'État puisse forcer les retraités
à vivre dans la pauvreté et les priver de leurs droits
faisant l'objet d'une contrat.
La loi a imposé la restructuration
régressive de quelque 216 régimes de retraites
à prestations déterminées dans
environ 1 100 municipalités du Québec. Les
employés municipaux versent maintenant des montants beaucoup
plus élevés en cotisations à leurs régimes
de retraite, ce qui équivaut à une réduction
salariale
significative. Ceci s'ajoute aux montants que plusieurs ont
été forcés de payer pour rembourser les
déficits passés, dont ils n'étaient pas
responsables.
Par leurs actions et leur discours, les autorités
municipales de Montréal et de Québec ont reconnu que ce
vol des pensions organisé par l'État et l'abaissement du
niveau de vie des employés municipaux vise à
détourner une plus grande partie de la valeur que les
travailleurs produisent, et qui est maintenant aux mains des
municipalités, dans les
coffres des entreprises mondiales, au moyen de stratagèmes pour
payer les riches. Ces autorités veulent faire des villes une
plaque tournante pour l'investissement par des intérêts
privés supranationaux mondiaux, au détriment du
bien-être et des droits des travailleurs actifs et à la
retraite.
Les travailleurs municipaux et leurs alliés ont
mené une lutte prolongée pour empêcher le
gouvernement d'adopter la loi 15. Ils ont organisé des
manifestations et des grèves locales. Les cols blancs de
Montréal ont organisé une grève
générale en 2014 dont un des thèmes centraux
était l'opposition à cette loi et la défense
des
pensions et du droit de négociation collective.
Depuis que la loi a été adoptée,
les travailleurs municipaux ont essayé d'en limiter son impact
lorsqu'ils ont négocié le renouvellement de leurs
conventions collectives. Par exemple, les travailleurs d'entretien de
la Société du transport de Montréal ont
négocié et organisé des actions pendant 23
mois à la défense de leurs droits. Ils ont
réussi à obtenir une prime de l'employeur en 2019
pour compenser l'augmentation de leurs cotisations à leur
régime de retraite.
Les travailleurs ne se sont pas
réconciliés avec cet abus de pouvoir de l'État
québécois. La contestation constitutionnelle de la
loi 15 fait partie de la lutte pour forcer son retrait. Les
employés municipaux actifs et à la retraite et leurs
alliés demandent que cette loi soit retirée et demandent
réparation pour les dommages infligés. Les
travailleurs ont le droit de négocier collectivement leurs
conditions d'emploi, et ceci comprend avoir un mot décisif
à dire sur leur niveau de vie pendant les années actives
de travail et à la retraite.
Cet article est paru dans
Numéro 23 - 27 juin 2019
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Les travailleurs du Québec
défendent leurs droits: Contestation constitutionnelle des employés et retraités municipaux de la loi qui s'attaque à leurs régimes de retraite
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