13 juin 2019
L'industrie
forestière de la Colombie-Britannique
Le besoin de
résoudre la crise d'une manière qui avantage le peuple
• Des droits qui s'affrontent
• Nouveau ralentissement du secteur forestier
• Les travailleurs forestiers organisés
défendent leurs droits
Contester la
répression organisée par l'État des droits des
travailleurs
• Le gouvernement utilise la méthode
forte pour priver les travailleurs de leurs droits - Entrevue
avec Daniel Légère,
président de la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Nouveau-Brunswick
La lutte au
Québec pour des conditions de travail acceptables en santé
• Les paramédics demandent au
gouvernement de respecter les engagements qu'il a pris aux
dernières négociations - Entrevue avec Jean
Gagnon, représentant du
secteur préhospitalier de la Fédération de la
santé et des services sociaux de la CSN
L'industrie forestière de la
Colombie-Britannique
Les grandes compagnies qui dominent la plus grande
partie de l'industrie forestière de la Colombie-Britannique, en
particulier celles qui s'approvisionnent en bois sur les terres
publiques, mettent à pied des travailleurs et ferment des
scieries de façon permanente dans les régions de
l'Intérieur et de la côte. Les forces sociales en
contrôle ont
toujours refusé de traiter des problèmes dans ce secteur
de l'économie d'une façon qui avantage le peuple. Elles
ne montrent aucun intérêt pour une nouvelle direction pour
l'industrie forestière qui amènerait la stabilité
aux travailleurs et à leurs communautés et qui
humaniserait l'environnement naturel et social.
Les grandes entreprises
forestières dépendent depuis longtemps du marché
américain comme principal consommateur des produits de
bois-d'oeuvre mais cette direction s'est avérée
précaire et rongée par la crise. L'ordre du jour
commercial agressif des impérialistes américains en
collusion avec les grandes entreprises au Canada comprend le recours
aux
tarifs américains sur le bois-d'oeuvre pour faire monter les
prix et les profits aux États-Unis et éliminer les
concurrents plus petits. La situation au Canada s'est aggravée
du fait que les grandes entreprises utilisent la richesse sociale que
produisent les travailleurs pour éliminer les travailleurs par
des changements technologiques et pour étendre
leurs activités forestières aux États-Unis.
Interfor, Canfor et West Fraser possèdent maintenant plus
d'usines aux États-Unis qu'au Canada. Certains disent que le
gouvernement de la Colombie-Britannique a fourni à ces
entreprises des revenus additionnels pour réaliser cela par des
stratagèmes pour payer les riches tels les
incitatifs à récolter le
bois endommagé par le dendroctone du pin.
On lit dans le Globe and Mail : «
Ces dernières années, la province [la
Colombie-Britannique] a fourni des incitatifs aux entreprises pour
augmenter la production et réaménager les moulins pour
dégager la forêt ravagée par l'infestation
dévastatrice du dendroctone du pin. Ce travail est pratiquement
terminé maintenant et la
quantité de bois que les entreprises sont autorisées
à couper est maintenant réduite d'année en
année. Le marché américain, pendant ce temps, qui
avait aidé les compagnies de la province à engranger des
rendements records l'an dernier, a connu une chute dramatique... Cela
fait des années maintenant que les entreprises
forestières expédient le plus
possible de deux par quatre et en obtiennent le meilleur prix possible.
Et cela malgré l'avis de plusieurs qui ont vu venir les choses
et croient que l'industrie doit changer d'un modèle basé
sur le volume à un modèle qui préconise la
valeur. »
Le Globe cite ensuite le premier ministre de la
Colombie-Britannique, John Horgan, qui n'est pas d'accord avec ce
qu'ont fait les entreprises forestières : «
'Certaines compagnies ont récemment pris des décisions
qui vont être dévastatrices pour certaines
communautés et nous devons nous y préparer. Il n'y a pas
de solution
magique à la coupe excessive et au manque de fibre. Nous devons
trouver la façon de faire plus avec la fibre que nous avons.
Dans la région côtière, nous avons exporté
des billots de bois à un niveau sans précédent, ce
qui n'a aucun sens.' Le premier ministre a dit que les gens de
l'industrie auxquels il s'adresse pensent que cette stratégie
est
'criminelle'. Il a ajouté : 'Ces billots appartiennent aux
résidents de la Colombie-Britannique mais ils sont
expédiés à toute vitesse au bénéfice
des profits des actionnaires.' »
Ne devrait-on pas dire
également que les décisions « dévastatrices
pour certaines communautés » au
bénéfice des « profits des
actionnaires » proviennent d'un objectif économique
dépassé qui ne reconnaît pas de
responsabilité sociale et d'une forme économique qui
n'est plus adaptée aux conditions de l'économie
socialisée moderne.
La façon dont ces « rendements
records » et ces « profits des
actionnaires » sont investis est une question cruciale pour
la solution des problèmes du secteur et de l'économie
plus largement et pour l'établissement d'une nouvelle direction
pour l'économie qui ne connaît pas les crises
récurrentes. Pour cela, les travailleurs cherchent
de différentes manières à se donner un pouvoir
économique et politique pour contrôler leur vie et donner
une nouvelle direction à l'économie qui leur soit
favorable et qui garantisse leur bien-être et leur
sécurité. Ils commencent tout d'abord par réclamer
ce qui leur appartient de droit et par s'opposer aux discours creux de
ceux qui gouvernent en leur nom.
C'est seulement la classe ouvrière qui peut tracer et apporter
cette nouvelle direction par le biais de ses propres institutions, de
sa propre pensée et de ses efforts organisés.
Les sérieux problèmes et enjeux auxquels
les travailleurs de l'industrie forestière et leurs
communautés font face représentent un affrontement entre
les droits : le droit humain des travailleurs de contrôler
leur travail, leurs moyens de production, leurs forêts et la
richesse sociale qu'ils produisent et sa distribution, en opposition au
droit de propriété des grandes entreprises
forestières, de leurs oligarques et de leurs
représentants politiques de défendre et d'étendre
leur richesse sociale privée et leur privilège de
classe au moyen de leur contrôle du travail de la classe
ouvrière, des moyens de production, des forêts et de la
richesse sociale que produisent les travailleurs et de sa
distribution.
Les prix de marché qui fluctuent
frénétiquement ; l'offre et la demande qui semblent
être hors de contrôle ; les ralentissements
réguliers, des tarifs américains agressifs qui bloquent
l'accès du bois-d'oeuvre canadien au marché
américain ; l'automatisation qui bénéficie
uniquement aux riches oligarques et à d'autres en
contrôle ; le retrait de l'économie locale de la
richesse sociale produite qui prive l'économie de sa force et de
tout espoir d'une reproduction élargie dans d'autres secteurs
pour garantir le bien-être et la sécurité du peuple
et les dommages environnementaux causés par les méthodes
modernes de production sont tous des problèmes liés au
système qui place le pouvoir décisionnel dans les mains
de ce qu'on appelle une personne d'État qui est
contrôlée par des intérêts privés
étroits. C'est pourquoi la lutte du peuple pour s'investir de
pouvoir veut dire essentiellement parler en son propre nom et non
remettre le droit de parler en son nom à d'autres qui, en fait,
sont redevables à cette
personne d'État. Au XXIe siècle, comment résoudre
les problèmes qui rongent l'économie n'est pas quelque
chose de sorcier. Les solutions existent, mais l'élite dominante
est uniquement intéressée à faire de gros coups
d'argent par tous les moyens. Son privilège de classe et la
domination du droit de propriété sur les droits humains
doivent
être contestés parce qu'ils ne donnent plus à la
société un objectif d'édification nationale et que
les forces productives et leurs communautés sont la cible de
destruction sur une échelle de masse.
Par exemple, le problème de la pollution et des
changements climatiques ne provient pas d'un quelconque conflit
inévitable entre l'économie et l'environnement ou de
quelque chose de fondamentalement mauvais dans les forces productives
modernes. Ces problèmes et d'autres problèmes sociaux et
naturels non résolus proviennent de l'absence
de responsabilité sociale dans l'objectif de l'économie,
et de la suppression active, par l'élite dirigeante, du facteur
humain/conscience sociale et d'un objectif moderne pour la
société qui garantit le bien-être et les droits du
peuple et humanise l'environnement social et naturel. L'absence de
politique de responsabilité sociale dans l'objectif
de la société et la suppression en cours du facteur
humain/conscience sociale qui avantagent seulement l'élite
dirigeante et son pouvoir, son
privilège de classe et son droit de propriété
doivent être contestées devant le tribunal de l'opinion
publique.
Le renouveau politique vise à mettre les
conditions de production modernes socialisées en
conformité avec les droits qui appartiennent aux êtres
humains du fait qu'ils sont des êtres humains. Les travailleurs
doivent discuter de ces questions sans idées
préconçues et diriger le travail pour trouver des
solutions et une voie vers l'avant vers une
nouvelle direction de l'économie. Cette discussion les investit
de pouvoir car ils deviennent les décideurs sur tous les enjeux
qui les affectent individuellement et collectivement et qui affectent
aussi
l'environnement social et naturel.
Le Conseil de l'industrie forestière (COFI)
représentant les oligarques forestiers a déclaré
publiquement qu'entre huit et dix usines en Colombie-Britannique
pourraient fermer cet été, ce qui entraînerait des
centaines de licenciements et nuirait gravement au bien-être
économique de nombreuses communautés de la province. BMO
estime que, jusqu'à présent cette année, la
réduction
combinée de la production de bois d'oeuvre s'élève
à environ 500 millions de pieds-planche. Un rapport
commandé par Forest Economic Advisors Canada confirme que la
province perdra probablement 12 usines au cours de la prochaine
décennie.
Ces fermetures surviennent à un moment où
les grandes entreprises ajoutent deux à trois nouvelles usines
chaque année aux États-Unis, en partie à cause des
droits de douane agressifs imposés par les États-Unis sur
le bois-d'oeuvre qui bloquent l'accès de la production
canadienne au marché américain, mais aussi pour tirer
profit de
l'exploitation et des conditions d'emploi antiouvrières
terribles des travailleurs du sud des États-Unis.
La concentration du contrôle de l'industrie
signifie que les prises de décisions sont concentrées aux
sièges sociaux d'une poignée d'oligarques, tels que ceux
du groupe Jim Pattison (Canfor), qui agissent au niveau mondial dans
plusieurs secteurs. Les syndicats de travailleurs forestiers rapportent
que les grandes entreprises utilisent les crises
récurrentes et les problèmes non résolus pour
attaquer les travailleurs et exiger des concessions dans leurs
conditions d'emploi en Colombie-Britannique.
Tolko
Les travailleurs de la scierie de Tolko à Williams Lake ont
organisé une journée
de grève le 16 octobre 2018.
À la mi-mai, Tolko a annoncé la fermeture
complète de son usine de Quesnel, qui a entraîné la
perte de 150 emplois. Elle a également
éliminé un quart de travail à son usine de
Kelowna, entraînant une perte de 90 emplois de plus. Plus
de 150 employés de la scierie Armstrong de
Tolko pensaient retourner au travail le 3 juin, après deux
semaines de mises à pied. Cependant, l'entreprise a
informé les travailleurs que la scierie serait encore inactive
pour deux autres semaines.
L'entreprise basée à Vernon a
annoncé une série de réductions temporaires et
permanentes en Colombie-Britannique. Troy Connolly,
vice-président de la division du bois franc chez Tolko, a
tenté d'expliquer la situation dans un communiqué de
presse : « Comme l'indiquent les récentes vagues de
restrictions et d'annonces de fermetures,
les conditions du marché et des coûts rendent difficile
l'exploitation en Colombie-Britannique. »
Selon Taylor, le prix des planches de 2 par 4
est actuellement inférieur à la moitié de ce qu'il
était il y a un an et inférieur à son prix de
production. Taylor n'a pas expliqué pourquoi les prix pourraient
fluctuer aussi brutalement
en si peu de temps ni proposé de solution à ce dilemme.
Il a donné la réponse habituelle d'un conflit entre
l'offre et la demande sur un marché hors du contrôle de
son entreprise ou du contrôle de qui que ce soit. Taylor a
déclaré que l'offre sur les marchés
américain, chinois et japonais dépassait
présentement la demande.
Parallèlement à l'annonce par Tolko du
temps d'arrêt prolongé de l'usine Armstrong, l'entreprise
a également annoncé deux semaines d'arrêt
supplémentaires à son usine de Soda Creek, dans la
région de Williams Lake.
Canfor
Le 4 juin, Canfor a commencé la fermeture
définitive de sa scierie à Vavenby, en
Colombie-Britannique, avec 172 mises à pied. Vavenby,
située à 150 kilomètres au nord-est de
Kamloops, ne compte que 700 habitants. La fermeture va
décimer toute la communauté. Le communiqué de
presse de Canfor ne dit rien sur
la façon dont les membres de la communauté se
débrouilleront sans leur principal moyen de subsistance. On
suppose que le dicton impérialiste typique de « chacun
pour soi » est la maxime même lorsque
l'économie socialisée n'est pas sous le contrôle
des travailleurs. L'usine a une capacité de production annuelle
d'environ 250
millions de pieds-planche. Canfor envisage de céder à
Interfor la tenure forestière et les permis de coupe
associés à la scierie pour 60 millions de dollars.
Le groupe Jim Pattison possède et contrôle Canfor.
Pour ce qui est du transfert de la tenure
forestière au coût de 60 millions de dollars,
Interfor affirme que cet accord sera dans l'intérêt
public, car la fibre de bois fournie par ces permis de coupe ira
à son usine non syndiquée située à Adams
Lake.
Le 11 juin, Canfor a surpris plusieurs travailleurs
en annonçant une réduction de la production dans 12
de ses 13 scieries en Colombie-Britannique. La seule exception est
l'usine de WynnWood à Wynndel. La majorité des usines
cesseront toute activité pendant deux semaines, avec des
réductions prolongées de quatre
semaines à Houston et à Plateau et de six semaines
à Mackenzie.
Teal Jones
Selon BIV.com, « Teal Jones met fin à ses
activités d'exploitation forestière en forêt
secondaire à ses installations de Honeymoon Bay sur
l'île de Vancouver, en évoquant des droits de coupe
élevés. Cela se traduira inévitablement par
de
nouvelles réductions des activités aux scieries de
l'entreprise, a dit le directeur financier
de Teal Jones, Haniff Karmally. 'C'est très important pour les
scieries', ajoute-t-il.
« Comme la plupart des autres entreprises
forestières de la Colombie-Britannique, Teal Jones a
déjà procédé au cours des derniers mois
à plusieurs réductions de ses activités à
ses scieries, en raison de la chute des prix du bois aux
États-Unis et
de la hausse des coûts de coupe, entraînant des mises
à pied temporaires.
« 'Nous avons réduit encore plus nos
activités cette année et au cours des 12 derniers
mois à un degré jamais atteint, a dit Karmally. Nos
usines ont déjà cessé toute activité
pendant un mois jusqu'à la fin d'avril. Nous avons donc
réduit de 25 % nos activités cette année
dans les scieries.'
« Environ la moitié de la concession de
ferme forestière de Teal Jones sur l'île de Vancouver
(TFL46) est constituée d'arbres parvenus à
maturité. L'exploitation forestière se poursuivra sur
l'ancienne exploitation, a-t-il expliqué, ce qui
représente environ la moitié de la possibilité
annuelle de coupe de 368 000 mètres cubes par
an. Mais l'entreprise va cesser toute coupe dans sa nouvelle
forêt. Ce sont les entrepreneurs en exploitation
forestière qui vont en ressentir les premiers impacts. 'Ils vont
avoir besoin de licenciements', dit Karmally. 'Ils n'auront pas le
choix. Cela représente environ la moitié de
l'opération. Cela a un impact sur environ la moitié des
opérations. Le peuplement ancien est rentable, juste à
cause de sa valeur, poursuit-il. Le peuplement de seconde venue, de
par sa nature même, a beaucoup moins de valeur.' »
« Le droit de coupe est ce que le gouvernement
provincial facture aux entreprises pour qu'elles récoltent du
bois sur les terres de la Couronne. La valeur marchande des billots a
une incidence sur les prix du bois. Karmally a dit que les primes plus
élevées tirées des exportations de billots (en
particulier l'année dernière) avaient
entraîné une
augmentation des droits de coupe du bois. Il a ajouté que
l'entreprise croit qu'il y a eu une surenchère de nature
spéculative sur les ventes du bois provenant de la
Colombie-Britannique, ce qui pourrait également entraîner
une hausse des taux de droits de coupe. »
Western Forest Products
Western Forest Products prévoit réduire
ses effectifs dans trois scieries de l'île de Vancouver,
où les travailleurs organisés de la section
locale 1-1937 du Syndicat des Métallos sont en train de
négocier une nouvelle convention collective et des votes de
grève sont en cours dans toutes les sections locales. Western
Forest Products fermera
en juin sa scierie de Duke Point pendant deux semaines et sa scierie de
Saltair pendant une semaine. L'entreprise réduira
également les niveaux d'opération de 120 heures par
semaine à 80 heures par semaine à sa scierie de
Chemainus.
Norbord inc.
Le 11 juin, Norbord Inc. a annoncé
l'arrêt définitif de la production de son usine
de 100 Mile House, en Colombie-Britannique, à compter du
mois d'août. Cent soixante travailleurs sont touchés par
la fermeture.
West Fraser Timber Co. Ltd
West Fraser indique que toutes les activités de
l'usine seront temporairement réduites pendant une semaine dans
cinq scieries de la Colombie-Britannique. Selon West Fraser, les
réductions d'activités et les mises à pied auront
lieu dans les scieries de Chetwynd, Quesnel, Williams Lake, Smithers et
Fraser Lake.
Interfor
Interfor a récemment annoncé qu'il
réduira également ses opérations en juin.
Grève d'un jour à l'usine de Canfor à Prince
George, le 25
octobre 2018 pour appuyer les demandes contractuelles des
travailleurs (T. Tate)
Les syndicats forestiers affiliés au Syndicat
des Métallos en Colombie-Britannique accusent les grandes
entreprises forestières d'utiliser le ralentissement des
activités dans le secteur pour intimider leurs membres. Beaucoup
sont en négociations pour de nouvelles conventions collectives
car la plupart se terminent cette année et seulement quelques
unes ont été réglées.
La section locale 1-1937 du Syndicat des
Métallos (industrie forestière côtière)
organise des réunions et des votes de grève tout au long
de juin et jusqu'en juillet pour ses sections locales à Western
Forest Products. Le comité de négociation demande aux
membres un mandat de grève fort qui sera utilisé si
nécessaire. (Pour les assemblées
de vote de grève, cliquez ici.)
La mise à jour 5 de la section locale se lit
comme suit : « Depuis notre dernière mise à
jour, Western Forest Products s'est retranchée dans ses
positions et maintient toutes ses demandes d'énormes concessions
de la part des travailleurs tout en n'acceptant aucune des propositions
des syndicats. »
Brian Butler, président de la section
locale 1-1937 du Syndicat des Métallos, écrit dans
la mise à jour : « La compagnie est prête
à miser que les travailleurs accepteront les énormes
concessions, notamment la suppression de leur régime de
retraite, l'érosion de leurs droits d'ancienneté, la
réduction des droits pour ce qui est des
clauses de sous-traitance, la réduction des avantages sociaux,
la réduction du nombre de congés annuels et bien d'autres
encore ... Tout en rejetant catégoriquement toute proposition
des syndicats, notamment en ce qui concerne des améliorations
adéquates des salaires et des avantages sociaux, et les
rotations des quarts de travail que les membres
ont qualifiées de non sécuritaires et qui ont une
incidence négative sur leur santé et leur vie familiale,
ainsi que leur politique mal conçue et mal gérée
sur les drogues et l'alcool, qui attaque la
santé-sécurité et cible et rabaisse les
travailleurs. » (Voir mise à jour 5
et mise
à
jour 6)
Les sections locales 1-405, 1-417
et 1-423 du Syndicat des Métallos qui représentent
les travailleurs forestiers de l'intérieur sud de la
Colombie-Britannique sont en négociation avec l'Association des
relations de travail de la forêt intérieure (IFLRA). Dans
la mise à jour no 31 des négociations du Syndicat des
Métallos, il est
écrit :
« IFLRA choisit de
proposer une offre finale
au comité du Syndicat des Métallos au lieu de
négocier
« Les sections locales 1-417, 1-423
et 1-405 du Syndicat des Métallos ont passé
les 15 et 16 mai à la table de négociation à
tenter de négocier de bonne foi avec l'IFLRA en vue de la
conclusion d'une convention collective pour l'industrie
forestière du sud de l'intérieur. Malheureusement,
l'IFLRA a refusé de négocier,
choisissant plutôt de présenter une ‘offre finale' que le
comité de négociation du Syndicat des Métallos
ne peut accepter. L'offre finale de l'IFLRA est similaire à
celle qui a été conclue dans le nord, mais contient des
clauses qui ne sont pas dans l'entente conclue dans le nord. Parce que
l'IFLRA refuse de faire des compromis ou de régler ces
différends, les sections locales du Syndicat des Métallos
qui représentent les travailleurs forestiers de
l'intérieur sud donneront aux membres concernés la
possibilité de voter sur l'offre finale. Votre comité de
négociation du Syndicat des Métallos, composé des
présidents des sections locales 1-417, 1-423
et 1-405 présentera l'offre
finale de l'IFLRA aux membres pour un vote aux endroits de travail
concernés. »
Contester la répression
organisée par l'État des droits des travailleurs
- Entrevue avec Daniel
Légère, président de la Fédération
des travailleurs et travailleuses du Nouveau-Brunswick -
Manifestation des travailleurs des foyers de soins,
organisée par le
SCFP, à Fredericton le 12 avril 2019, dans le cadre de leur
lutte
contre la violation de leur droit de faire la grève
Forum ouvrier a discuté récemment
avec Daniel Légère, le président nouvellement
élu de la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Nouveau-Brunswick. Daniel a été
président du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) du
Nouveau-Brunswick pendant 14 ans. Au nom du SCFP -
Nouveau-Brunswick, il a notamment
dirigé la campagne « Mettre fin au mandat »
pour lutter pour des augmentations de salaire dans le secteur public.
Les gouvernements provinciaux successifs, progressistes-conservateurs
et libéraux, ont imposé le mandat de supprimer les
augmentations de salaire. Les attaques contre les salaires et les
conditions de vie et de travail
s'accompagnent d'une répression organisée par
l'État contre les luttes des travailleurs, tant dans le secteur
privé que dans le secteur public. Légère nous
donne son point de vue sur ce problème.
Forum ouvrier : Tu as été
élu président de la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Nouveau-Brunswick à la fin du
mois de mai. Toutes nos félicitations ! Meilleurs voeux de
succès dans ton important travail.
Dans le communiqué de presse de la
Fédération qui a suivi le congrès, tu écris
que le mouvement syndical traverse une période difficile, tant
dans le secteur public que privé. Peux-tu nous en dire plus
à ce sujet ?
Daniel Légère : Ce que nous
constatons, ce sont les actions des gouvernements, des employeurs, des
tribunaux et les lois pour enlever aux travailleurs leur droit à
la libre négociation collective. Nous avons l'exemple de ce qui
s'est passé avec Postes Canada. Les membres du STTP
étaient en grève légale et le
gouvernement fédéral les a forcés par une loi
à retourner au travail. Ne vous y trompez pas, cela vient du
gouvernement Trudeau, car Postes Canada n'a qu'un seul actionnaire, le
gouvernement fédéral du Canada. C'est le gouvernement
fédéral qui a légiféré et
privé ces travailleurs de leur droit de grève.
À l'échelle provinciale, au
Nouveau-Brunswick, nous constatons la même chose. Les
travailleurs des foyers de soins font face à une loi qui leur
enlève le droit de grève. La Commission des relations de
travail a déclaré à un moment donné qu'il
était inconstitutionnel de les priver de leur droit de
grève, puis le gouvernement provincial s'est
immédiatement adressé aux tribunaux. L'exemple le plus
flagrant et le plus renversant est la victoire des travailleurs devant
la Cour du Banc de la Reine lorsque la juge Garnett a
déclaré que priver les travailleurs des foyers de soins
de leur droit de grève leur a causé un préjudice
irréparable. Cependant, en moins de deux heures, le gouvernement
provincial a obtenu une audience devant la Cour d'appel. Qui,
pensez-vous, peut se présenter devant la Cour d'appel dans les
deux heures suivant le prononcé du verdict par la Cour du Banc
de la Reine ? Les juges de la Cour d'appel ont
réservé leur décision à une date
ultérieure et dans l'intervalle, les travailleurs des foyers de
soins ne
peuvent pas faire la grève. C'est un gouvernement qui utilise
des tactiques brutales, a recours aux lois et aux tribunaux pour priver
les travailleurs de leur droit de grève.
Au Nouveau-Brunswick, nous avons en ce moment un
gouvernement conservateur minoritaire. Les libéraux ont
présenté une motion demandant au gouvernement de recourir
à un arbitrage exécutoire sans entrave pour régler
cette question. Dans nos foyers de soins, il y a une véritable
crise comme dans tout le pays dans le secteur des soins de
longue durée. La motion a été adoptée avec
l'appui de tous les partis d'opposition et le gouvernement refuse
toujours de recourir à un arbitrage contraignant sans entrave.
Ils ont dit qu'ils acceptaient l'arbitrage exécutoire, mais que
les mains de l'arbitre seraient liées et restreintes à
tel point que le résultat final serait ce que le gouvernement
souhaite. C'est un jour triste pour la démocratie lorsque la
majorité de l'Assemblée législative demande au
gouvernement de remédier à la situation, indique comment
le faire et que le gouvernement refuse toujours. Je pense que le
gouvernement Higgs n'a pas la confiance de l'Assemblée
législative.
Si vous regardez ce qui se
passe dans le secteur privé, à Belledune, les
Métallos ont voté pour une grève et ont
donné un préavis de grève, mais l'employeur les a
mis en lockout, s'est adressé aux tribunaux et a obtenu une
ordonnance disant que seuls six piqueteurs par ligne sont
autorisés et ça c'est un nombre absolu. J'y suis
allé plusieurs
fois et quand je suis sur la ligne de piquetage avec les
grévistes, un membre doit s'en retirer. Il y a toutes sortes
d'autres choses. Ils amènent des briseurs de grève par
autobus mais le tribunal a statué que les Métallos ne
sont pas autorisés à manifester là où les
briseurs de grève montent dans les autobus, ni à prendre
des photos, sauf à des fins de
preuve. Les employeurs ont recours aux tribunaux pour enlever aux
travailleurs leurs droits de négociation collective, tant du
secteur privé que du secteur public.
FO : Comment vois-tu que peut se
développer cette lutte contre cette violation des droits des
travailleurs ?
DL : Le mouvement syndical est
à la croisée des chemins. Nous devons contester toutes
ces choses et, à un moment donné nous devons être
un peu plus militants, je pense. C'est un niveau de militantisme qui
semble avoir disparu au cours des deux dernières
décennies.
Nous devons contester ces choses-là à
chaque occasion. Nous devons faire appel de ces mauvaises
décisions. Nous devons utiliser toutes les avenues disponibles
pour prendre en main ce problème. Il est temps que le mouvement
syndical commence à être un peu plus proactif.
Ils veulent réduire le processus à de la
mendicité collective au lieu de la négociation
collective. Le mouvement syndical doit travailler ensemble. Un syndicat
ne peut le faire seul. Nous avons besoin de l'ensemble du mouvement
syndical et de la société civile. Nous devons travailler
au-delà des confins du mouvement syndical.
La lutte au Québec pour des
conditions de travail acceptables en santé
- Entrevue avec Jean Gagnon,
représentant du secteur préhospitalier de la
Fédération de la santé et des services sociaux de
la CSN -
Forum ouvrier publie
ci-contre une entrevue avec Jean Gagnon, qui est le représentant
du secteur préhospitalier de la Fédération de la
santé et des services sociaux de la Confédération
des syndicats nationaux (FSSS-CSN). La fédération
représente environ 3 500 des quelque 5000
paramédics qui sont répartis à la
grandeur du territoire du Québec. Après une dure et
longue grève, ces paramédics ont signé une
convention collective en 2017 à laquelle des engagements
spécifiques signés par le gouvernement de
l'époque ont été annexés.
Forum ouvrier : La
FSSS-CSN a publié récemment le
communiqué « Services préhospitaliers
d'urgence : le gouvernement doit respecter ses
engagements ». En quoi consiste le non-respect des
engagements du gouvernement du Québec envers les
paramédics et la population ?
Jean Gagnon : Lorsque
nous avons procédé au renouvellement de nos conventions
collectives en 2017, nous avions des demandes au niveau de la
charge de travail des horaires à l'heure et au niveau de la
transformation d'horaires de faction en horaires à l'heure. Les
horaires de faction sont des horaires qui consistent
à être disponibles 24 heures sur 24 pendant sept
jours. Le gouvernement nous avait envoyé une lettre dans
laquelle il nous annonçait des mesures, des critères en
vertu desquels il surveillait les effectifs de près année
après année. Quand les déclencheurs étaient
atteints, il convertissait des horaires de faction en horaires à
l'heure et
ajoutait des effectifs où il y a des horaires à l'heure.
Les déclencheurs sont basés sur une mesure du temps
passé sur des appels pour des véhicules, et
au-delà d'un certain seuil, l'horaire de faction n'est plus
tenable. Il n'est plus tenable parce que les paramédics restent
au travail trop longtemps. Nous sommes obligés de les
débarquer et de les
remplacer par une autre équipe. Par contre, s'ils étaient
sur des horaires de 12 heures, ils finiraient leur quart,
peut-être un peu en retard parfois, mais une autre équipe
prendrait la relève. En d'autres endroits, on n'arrive pas
à répondre aux appels dans les temps requis alors il est
prévu que des véhicules doivent être ajoutés.
Affiche de la grève des
paramédics de 2017
|
Force est de constater que depuis 2017, ils ne nous
ont fourni aucune donnée probante à part celles qui ont
été utilisées lorsqu'on avait
négocié à l'époque. Donc, les
données que nous avons sont de 2015-2016. Nous n'avons pas
les données de 2016-2017 et de 2017-2018. Pourtant,
nous savons qu'à plusieurs endroits,
nous remplissons les critères pour l'ajout de véhicules
et la transformation des horaires de faction. À l'heure
actuelle, les zones pour lesquelles on veut des données
officielles, les zones pour lesquelles nous savons que les seuils ont
été atteints en ce qui concerne les horaires de faction
comprennent Farnham, Cabano, Baie-Saint-Paul, La Malbaie,
Amos, Malartic, Ville-Marie, La Tuque, Coaticook, Weedon. Pour ce qui
est des charges de travail à l'heure, on a la ville de
Québec, on a la région de Laurentides-Lanaudière,
la Montérégie et on a Sherbrooke. En plus, en ce qui
concerne Urgences -Santé, il y avait 77 000 heures de
services qui avaient été ajoutées,
l'équivalent de 70
postes à temps complet, et à l'heure actuelle, on a moins
de 15 postes qui ont été mis sur la route. On sait
qu'en ce qui concerne les paramédics, lorsque la charge de
travail est trop élevée à l'année, cela
entraîne du stress post-traumatique, de l'épuisement, des
problèmes de rétention de main-d'oeuvre, et tous les
problèmes qui
s'ensuivent.
Pour les villes que je viens de nommer, nous avons nos
gens qui colligent des données. On réussit aussi à
avoir des données de la part de l'employeur. Nous sommes
à même de voir les heures que font nos équipes et
nous connaissons les endroits où d'après nous les seuils
sont plus qu'atteints. C'est au gouvernement à nous fournir les
données
officielles. Les dernières données officielles que nous
avons sont celles de 2015-2016.
FO : Quel travail les
paramédics et le syndicat font-ils pour forcer le gouvernement
à respecter ses engagements ?
JG : À l'heure
actuelle, nous en sommes à l'étape de dénoncer la
situation et évidemment nous donnons l'occasion au gouvernement
de nous entendre et de respecter ses engagements sinon d'autres choses
vont être organisées. On ne voit pas comment on peut
commencer une prochaine négociation si le gouvernement ne
respecte pas ses engagements de la dernière négociation.
Vous allez entendre parler de nous encore dans les prochains mois,
c'est certain, jusqu'à ce que le gouvernement respecte ses
engagements.
Nous avons signé ces conventions collectives avec
les employeurs, sous l'égide du gouvernement libéral de
l'époque et le ministère s'est engagé à
nous donner les données de chaque année et à
mettre en oeuvre les critères.
Aujourd'hui nous nous adressons au gouvernement de la
CAQ et nous demandons comment au Québec on va pouvoir
fonctionner si lorsqu'il y a un changement de parti au pouvoir on ne
respecte pas les engagements qui ont été pris de bonne
foi. Il ne faut pas oublier que si on n'avait pas eu ces engagements
par écrit, il n'y aurait pas eu de
signature de convention collective, on serait toujours en conflit et en
grève. C'est ce qui a réglé le conflit et la
grève. Malgré que cela ne soit pas dans la convention
comme tel, c'est un engagement écrit de la part du
ministère que nous avons entre les mains.
On demande à la population de nous appuyer,
d'appeler le ministère si c'est possible pour dénoncer la
situation. Surtout, si eux sont victimes de délais d'attente
indus, on leur demande de porter plainte.
Pour contacter le
ministère de la Santé et
des Services sociaux du Québec à propos de la situation
inacceptable pour les ambulanciers paramédicaux et les personnes
qui ont besoin de leurs services, composez le 1-877-644-4545
(ligne sans frais).
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