La lutte au Québec pour des conditions de travail acceptables en santé

Les paramédics demandent au gouvernement de respecter les engagements qu'il a pris aux dernières négociations

Forum ouvrier publie ci-contre une entrevue avec Jean Gagnon, qui est le représentant du secteur préhospitalier de la Fédération de la santé et des services sociaux de la Confédération des syndicats nationaux (FSSS-CSN). La fédération représente environ 3 500 des quelque 5000 paramédics qui sont répartis à la grandeur du territoire du Québec. Après une dure et longue grève, ces paramédics ont signé une convention collective en 2017 à laquelle des engagements spécifiques signés par le gouvernement de l'époque ont été annexés.

Forum ouvrier : La FSSS-CSN a publié récemment le communiqué « Services préhospitaliers d'urgence : le gouvernement doit respecter ses engagements ». En quoi consiste le non-respect des engagements du gouvernement du Québec envers les paramédics et la population ?

Jean Gagnon : Lorsque nous avons procédé au renouvellement de nos conventions collectives en 2017, nous avions des demandes au niveau de la charge de travail des horaires à l'heure et au niveau de la transformation d'horaires de faction en horaires à l'heure. Les horaires de faction sont des horaires qui consistent à être disponibles 24 heures sur 24 pendant sept jours. Le gouvernement nous avait envoyé une lettre dans laquelle il nous annonçait des mesures, des critères en vertu desquels il surveillait les effectifs de près année après année. Quand les déclencheurs étaient atteints, il convertissait des horaires de faction en horaires à l'heure et ajoutait des effectifs où il y a des horaires à l'heure. Les déclencheurs sont basés sur une mesure du temps passé sur des appels pour des véhicules, et au-delà d'un certain seuil, l'horaire de faction n'est plus tenable. Il n'est plus tenable parce que les paramédics restent au travail trop longtemps. Nous sommes obligés de les débarquer et de les remplacer par une autre équipe. Par contre, s'ils étaient sur des horaires de 12 heures, ils finiraient leur quart, peut-être un peu en retard parfois, mais une autre équipe prendrait la relève. En d'autres endroits, on n'arrive pas à répondre aux appels dans les temps requis alors il est prévu que des véhicules doivent être ajoutés.

Affiche de la grève des paramédics de 2017

Force est de constater que depuis 2017, ils ne nous ont fourni aucune donnée probante à part celles qui ont été utilisées lorsqu'on avait négocié à l'époque. Donc, les données que nous avons sont de 2015-2016. Nous n'avons pas les données de 2016-2017 et de 2017-2018. Pourtant, nous savons qu'à plusieurs endroits, nous remplissons les critères pour l'ajout de véhicules et la transformation des horaires de faction. À l'heure actuelle, les zones pour lesquelles on veut des données officielles, les zones pour lesquelles nous savons que les seuils ont été atteints en ce qui concerne les horaires de faction comprennent Farnham, Cabano, Baie-Saint-Paul, La Malbaie, Amos, Malartic, Ville-Marie, La Tuque, Coaticook, Weedon. Pour ce qui est des charges de travail à l'heure, on a la ville de Québec, on a la région de Laurentides-Lanaudière, la Montérégie et on a Sherbrooke. En plus, en ce qui concerne Urgences -Santé, il y avait 77 000 heures de services qui avaient été ajoutées, l'équivalent de 70 postes à temps complet, et à l'heure actuelle, on a moins de 15 postes qui ont été mis sur la route. On sait qu'en ce qui concerne les paramédics, lorsque la charge de travail est trop élevée à l'année, cela entraîne du stress post-traumatique, de l'épuisement, des problèmes de rétention de main-d'oeuvre, et tous les problèmes qui s'ensuivent.

Pour les villes que je viens de nommer, nous avons nos gens qui colligent des données. On réussit aussi à avoir des données de la part de l'employeur. Nous sommes à même de voir les heures que font nos équipes et nous connaissons les endroits où d'après nous les seuils sont plus qu'atteints. C'est au gouvernement à nous fournir les données officielles. Les dernières données officielles que nous avons sont celles de 2015-2016.

FO : Quel travail les paramédics et le syndicat font-ils pour forcer le gouvernement à respecter ses engagements ?

JG : À l'heure actuelle, nous en sommes à l'étape de dénoncer la situation et évidemment nous donnons l'occasion au gouvernement de nous entendre et de respecter ses engagements sinon d'autres choses vont être organisées. On ne voit pas comment on peut commencer une prochaine négociation si le gouvernement ne respecte pas ses engagements de la dernière négociation. Vous allez entendre parler de nous encore dans les prochains mois, c'est certain, jusqu'à ce que le gouvernement respecte ses engagements.

Nous avons signé ces conventions collectives avec les employeurs, sous l'égide du gouvernement libéral de l'époque et le ministère s'est engagé à nous donner les données de chaque année et à mettre en oeuvre les critères.

Aujourd'hui nous nous adressons au gouvernement de la CAQ et nous demandons comment au Québec on va pouvoir fonctionner si lorsqu'il y a un changement de parti au pouvoir on ne respecte pas les engagements qui ont été pris de bonne foi. Il ne faut pas oublier que si on n'avait pas eu ces engagements par écrit, il n'y aurait pas eu de signature de convention collective, on serait toujours en conflit et en grève. C'est ce qui a réglé le conflit et la grève. Malgré que cela ne soit pas dans la convention comme tel, c'est un engagement écrit de la part du ministère que nous avons entre les mains.

On demande à la population de nous appuyer, d'appeler le ministère si c'est possible pour dénoncer la situation. Surtout, si eux sont victimes de délais d'attente indus, on leur demande de porter plainte.

Pour contacter le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec à propos de la situation inacceptable pour les ambulanciers paramédicaux et les personnes qui ont besoin de leurs services, composez le 1-877-644-4545 (ligne sans frais).

(Photo : CSN)


Cet article est paru dans

Numéro 21 - 13 juin 2019

Lien de l'article:
La lutte au Québec pour des conditions de travail acceptables en santé: Les paramédics demandent au gouvernement de respecter les engagements qu'il a pris aux dernières négociations - Entrevue avec Jean Gagnon, représentant du secteur préhospitalier de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN


    

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