Numéro 34 - 20 mai 2020
La nécessité de changer la direction de
l'économie
L'organisation de l'économie
• Le
privilège de créer de l'argent privé
- K.C. Adams -
À titre d'information
• Dépenses
gouvernementales en aide face à la COVID-19
• Enquête
de Statistique Canada sur la population active,
avril 2020 (extraits)
• La
pandémie va plomber les finances des provinces
La nécessité de changer la
direction de l'économie
La pandémie a révélé à quel point désuète est
l'organisation actuelle de l'économie sous le
contrôle de l'oligarchie impérialiste. Ceux qui
possèdent et contrôlent l'économie l'ont organisée
de telle manière que les producteurs réels de la
valeur sont considérés comme un coût de production
dans leur comptabilité et dans leur conscience, un
coût de production humain pour ceux qui possèdent
et contrôlent l'économie. Pour favoriser les
intérêts étroits de l'oligarchie impérialiste et
sa soif insatiable de profit, de richesse et de
pouvoir privés, les travailleurs qui produisent
tous les biens et services dont le peuple et la
société ont besoin pour exister ont été réduits à
une force de production comme les autres,
semblable à une machine qui n'a pas son mot à dire
dans l'organisation du travail, sa direction, sa
planification ou ce qu'il advient du produit
social et de sa valeur.
L'aliénation de la main-d'oeuvre par rapport au
travail qu'elle accomplit, aux moyens de
production qu'elle utilise, à la valeur qu'elle
produit, à la direction de l'économie et à la
façon dont elle pourrait être organisée se
conjugue au statut ignominieux de « coût de
production » pour former une combinaison
mortelle pour tous, ce qui est particulièrement
évident durant cette pandémie. Les travailleurs
n'ont pas leur mot à dire sur la manière dont
l'économie doit réagir à la pandémie. Ils sont
obligés d'écouter l'élite dirigeante et de se
plaindre après coup lorsque tout s'écroule.
Au lieu d'être mobilisés pour combattre le virus
et participer activement et consciemment à la
prise de décision sur comment mener la bataille,
les travailleurs sont victimisés : ils sont
quelque chose qui doit être réduit et désactivé de
la même manière que les machines afin que ceux qui
contrôlent les éliminent comme un coût pendant la
période difficile pour sauver ce qu'ils peuvent de
leur richesse privée, leur pouvoir et leur
contrôle.
La marginalisation de la classe ouvrière s'étend
au-delà du lieu de travail, elle se répercute sur
les affaires politiques et les formes sociales et
la vie privée des travailleurs, car ils deviennent
la cible des mesures que les autorités jugent
nécessaires pour faire face à la pandémie. La
désactivation d'une grande partie de la
main-d'oeuvre, en particulier les femmes et les
jeunes, et le refus de mobiliser la population
pour lutter contre la pandémie paralysent
l'économie et l'ensemble de la société, mettant en
danger la sécurité alimentaire et la santé mentale
de la population.
Les travailleurs sont le facteur humain essentiel
dans la production des biens et services dont le
peuple et la société dépendent pour leur existence
et sont la force humaine nécessaire pour surmonter
toute crise de santé publique. Le fait que
l'élite dirigeante refuse au facteur humain son
droit de diriger l'économie dans laquelle il
travaille et son refus de reconnaître que ceux qui
font le travail sont ceux qui doivent décider de
ce qui doit être fait pour résoudre les problèmes
provoquent des désastres fréquents.
Parce que l'élite dirigeante considère les
travailleurs comme des objets et comme un coût de
production et parce qu'elle considère que la seule
utilité du travail que font les travailleurs est
de générer des profits privés pour quelques-uns,
elle a aggravé la situation pendant la pandémie
avec des décisions absurdes et irrationnelles. Au
lieu de réorganiser les endroits de travail
pour assurer la distanciation sociale, ce qui,
dans la plupart des cas, nécessiterait que les
travailleurs soient plus éloignés les uns des
autres et une modification des horaires de
travail, l'élite dirigeante a décidé soit
d'éliminer carrément la production, soit de ne
rien faire et crée ainsi des points chauds
d'infection, comme on le voit dans l'industrie
agroalimentaire présentement.
Le tableau qui est dépeint est celui de
travailleurs sans cervelle, pris dans l'isolement
sans la capacité d'affronter la maladie en tant
qu'êtres humains pensants en unité avec leurs
concitoyens. On leur dit d'accepter leur condition
de force sociale subjuguée en attendant les
instructions de l'élite dirigeante pour savoir
quand bouger et quand respirer, privés du droit et
des moyens organisés de discuter et d'échanger des
vues avec leurs semblables afin d'activer le
facteur humain/conscience sociale et ensemble
vaincre la pandémie par des actions avec analyse.
L'élite dirigeante fait obstacle au
Nouveau : elle bloque le véritable progrès
que l'humanité socialisée est prête à faire. Le
défi consiste à trouver une voie vers l'avant de
manière concrète et pratique, passé l'obstruction
érigée par la force sociale présentement aux
commandes.
- K.C. Adams -
Les autorités de l'État considèrent l'impression
de billets de banque neufs pour un usage privé
comme un crime grave appelé contrefaçon.
Cependant, la création de nouvel argent par
d'autres moyens pour l'enrichissement privé des
banques à charte est louangée et sanctionnée par
l'État. Les autorités canadiennes ont accordé à un
petit groupe de privilégiés et à leurs entreprises
financières, appelées banques à charte, le droit
de créer de l'argent pour leur usage et leurs
avantages privés. Le privilège organisé par l'État
de créer du nouvel argent sous contrôle privé a
considérablement contribué à renforcer
l'oligarchie financière, à resserrer son emprise
et son contrôle sur l'économie, et à concentrer la
richesse et le pouvoir en moins de mains.
Une fois que l'État les autorise à créer de
l'argent, les banques à charte privées peuvent
accroître leur propriété de l'argent légal sans
que leurs travailleurs produisent quoi que ce
soit. La quantité d'argent qu'ils peuvent créer
pour leur usage privé n'est limitée que par de
vagues lignes directrices de la Loi sur les
banques, leur propre évaluation de la
solvabilité de l'emprunteur et le risque qu'elles
sont disposées à prendre en fonction de l'argent
ou de fonds qu'elles contrôlent déjà.
Depuis le début du régime néolibéral et de
l'offensive antisociale dans les années 1990, qui
s'est accompagné de déréglementations pour les
grandes entreprises, l'obligation légale des
banques à charte de détenir en réserve par rapport
au total des prêts en cours une certaine
quantité de leurs propres liquidités ou d'argent
que des personnes ou des entreprises ont déposés
dans les comptes de leur banques a été abolie.
La création de nouvel argent est une nécessité
constante de l'économie moderne de grande
production industrielle, où la capacité des
travailleurs à produire une nouvelle valeur est
énorme. La question est que la création de nouvel
argent par le financement, basé sur la perspective
que les travailleurs produisent de la valeur
ajoutée, devrait être la responsabilité sociale
d'une autorité publique redevable au peuple. Ça ne
doit pas être un moyen d'enrichir quelques
privilégiés. L'attribution par l'État de chartes
privées pour permettre à une faction de l'élite de
s'enrichir devrait être une pratique
illégale et condamnée comme de la corruption
de la pire espèce. Les six grandes banques à
charte au Canada sont de loin les plus gros
prêteurs au pays et les créateurs de la plus
grande quantité de nouvel argent privé. Elles
créent plus de nouvel argent que la Banque du
Canada.[1]
Si une personne ou une entreprise veut
emprunter 5 millions de dollars à une
personne ou à une entreprise autre qu'une banque à
charte, la personne ou l'entreprise qui prête doit
posséder le montant requis. Les 5 millions de
dollars en possession du prêteur seraient
transférés du compte du prêteur au compte de
l'emprunteur ou remis d'une autre manière à un
prix ou à un rendement convenu, habituellement un
taux d'intérêt.
Si la personne ou l'entreprise veut emprunter
les 5 millions de dollars auprès d'une banque
à charte, la banque n'a pas besoin de posséder
l'argent à emprunter. La banque n'a pas à remettre
son propre argent à l'emprunteur. Elle émet un
droit de retrait d'une valeur de 5 millions
de dollars dans le compte de l'emprunteur. Le
montant n'existait pas auparavant. La banque à
charte crée l'argent en utilisant son privilège
sanctionné par l'État. Le prêt de nouvel argent
tient à l'évaluation par la banque de la
solvabilité de l'emprunteur et de l'examen des
documents juridiques. La banque établit sur cette
base le montant et la durée de l'emprunt et les
conditions du remboursement, qui comprend le
principal du prêt de 5 millions de dollars et
les intérêts. Les documents juridiques comprennent
également les garanties de l'emprunteur que la
banque peut saisir si le prêt n'est pas remboursé
intégralement.[2]
Exemple d'hypothèque commerciale pour un
immeuble
locatif à logements multiples
Les sociétés immobilières ou de construction
peuvent demander à une banque à charte une
hypothèque commerciale sur un immeuble locatif à
logements multiples qu'elles ont construit ou
veulent acheter. Le prêt est évalué en fonction de
la valeur perçue de la propriété, qui devient la
garantie à saisir en cas de défaut de paiement.
L'hypothèque commerciale doit alors recevoir
l'approbation de la Société canadienne
d'hypothèques et de logement (SCHL) qui est le
seul assureur pour les hypothèques sur les
immeubles résidentiels à logements multiples, y
compris les grands immeubles locatifs, les
résidences étudiantes, les immeubles de soins de
longue durée et les maisons de retraite.
L'assurance que fournit la SCHL permet une
meilleure protection pour la banque en cas de
défaut de paiement.
Les avocats concluent les formalités
administratives nécessaires, y compris le taux
d'intérêt que l'emprunteur doit payer pour
l'utilisation de l'argent neuf. Si le prêteur est
convaincu que le prêt en vaut la peine et que la
garantie, qui est la valeur marchande du bâtiment,
est suffisante pour couvrir tout non-paiement en
souffrance du prêt, la banque finalise le prêt. La
banque met le montant du prêt, disons 5
millions de dollars, dans le compte de
l'emprunteur. Aucun argent n'est transféré des
réserves du prêteur bancaire ; au lieu de
cela, une dette envers la banque au nom de la
compagnie emprunteuse est inscrite au bilan de la
banque, indiquant le montant du prêt et les
conditions. L'emprunteur peut utiliser les 5
millions de dollars pour rembourser une hypothèque
de construction et éventuellement des prêts à
intérêt plus élevé, plus petits, requis pendant la
construction et tout restant dû à un entrepreneur.
Les hypothèques commerciales peuvent également
être utilisées pour acheter une propriété
existante d'un autre propriétaire.
Les prêts hypothécaires commerciaux comportent
des taux d'intérêt plus faibles, généralement
comparables au rendement des obligations du
gouvernement sur dix ans, actuellement inférieur
à 2 %. Cela peut apparaître à première
vue comme peu rentable pour les banques jusqu'à ce
que l'on se rende compte qu'aucune partie
des 5 millions de dollars ne provient d'un
coffre-fort d'une banque ou de la poche d'un
oligarque : la somme est complètement créée à
partir de rien d'autre que le privilège des riches
organisé par l'État. Le prêt des 5 millions
de dollars créés ainsi que les intérêts reviennent
à la banque à charte sous forme de paiements
mensuels.
L'emprunteur commence à rembourser le mois
suivant le principal du prêt et les intérêts sur
les 5 millions de dollars, selon les
proportions convenues pour la durée du prêt. Le
prêteur bancaire reçoit le paiement mensuel en
échange d'argent qu'il n'a jamais possédé en
premier lieu, mais simplement créé conformément au
droit organisé par l'État de le faire en tant que
banque à charte privée. Ce nouveau 5 millions
de dollars que la banque a créé et tout intérêt
couru appartient à la banque, c'est sa propriété
privée. Si l'emprunteur fait défaut dans ses
paiements, la banque saisit l'immeuble comme sa
propriété privée.
Pendant la durée du prêt jusqu'au paiement final,
la banque reçoit en montants mensuels le principal
de l'emprunt de 5 millions de dollars plus le
total des frais de la dette appelés intérêts. Avec
le remboursement final, la banque reçoit 5
millions de dollars plus les intérêts sans avoir
utilisé son propre argent, sauf pour
l'administration et toute autre valeur consommée,
comme les bureaux qu'elle entretient, l'équipement
qu'elle utilise et le prix de la capacité de
travail qu'elle achète à ses employés.
L'emprunteur paie régulièrement les frais
juridiques et le coût de l'assurance de la SCHL et
d'autres frais de transaction.
Si l'emprunteur, pour une raison quelconque,
comme une crise économique ou une catastrophe
financière dans un autre secteur de l'entreprise
dont il est propriétaire, ne peut plus rembourser
le prêt, la banque entame une procédure judiciaire
pour saisir l'immeuble en garantie du prêt. Étant
donné que la SCHL a garanti le prêt, la banque
dispose également de ce coussin pour recouvrer la
dette, si la valeur marchande de l'immeuble ne
correspond pas à la partie impayée du prêt, et
pour couvrir les frais de poursuites judiciaires.
Les banques ont également la possibilité de
transformer les hypothèques existantes dont elles
sont propriétaires en argent immédiat. Elles
peuvent vendre à d'autres les hypothèques qu'elles
possèdent pour un montant actualisé de la valeur
totale qui reste sur l'hypothèque. De plus, les
prêts hypothécaires en cours sont souvent
regroupés en de grandes obligations qui sont
ensuite vendues sur le marché international. Ces
titres adossés à des actifs constitués
d'hypothèques et d'autres prêts en cours ont
contribué à la crise économique en 2008, car
bon nombre des hypothèques et des prêts regroupés
au sein des obligations ont échoué, laissant une
valeur de garantie insuffisante, provoquant un
effondrement en cascade de ces types de dérivés.
L'oligarchie financière utilise le droit accordé
par l'État aux banques pour créer de l'argent
privé comme une arme supplémentaire pour
concentrer entre ses mains la richesse sociale de
l'économie qu'elle contrôle au sein du système
impérialiste d'États. Une partie de la lutte pour
une nouvelle direction et un objectif prosocial de
l'économie est de mettre un terme à la corruption
organisée par l'État et aux privilèges des riches.
Notes
1. Les « six grandes
banques à charte » du Canada
- Banque de Montréal (BMO)
- Banque Canadienne Impériale de Commerce (CIBC)
- Banque Nationale du Canada (NBC)
- Banque Royale du Canada (RBC)
- Banque Scotia (Scotia)
- Banque TD (TD)
Voir les articles parus dans LML
numéro 32 du 12 mai 2020 pour
la discussion sur le rôle des banques et la
création de l'argent.
2. Créer une inflation des
prix
Pour encourager l'inflation des prix,
l'oligarchie financière, par des moyens privés ou
étatiques, crée délibérément de l'argent à une
cadence supérieure à celle de la croissance de
l'ensemble de la nouvelle production. Lorsque la
croissance de la monnaie en circulation est
supérieure à la croissance de la production
nationale de biens et de services, l'écart devient
un facteur d'inflation des prix. Lorsque la
quantité totale d'argent en circulation représente
plus que l'ensemble de la production nationale,
cela signifie qu'un dollar représente moins que la
valeur réelle de la production. En d'autres
termes, un dollar n'achète pas autant de biens et
de services qu'auparavant. La Banque du Canada a
même un objectif d'inflation annuel de 2 %.
La raison la plus fondamentale pour imposer à
l'économie une inflation des prix est d'exercer
une pression à la baisse sur la valeur de la
capacité de travail que la classe ouvrière vend à
ceux qui possèdent et contrôlent l'économie. Avec
l'inflation des prix des biens et des services, la
classe ouvrière se bat constamment pour augmenter
le prix de sa capacité de travail pour suivre
l'inflation des prix des biens et services dont
elle a besoin pour maintenir un certain niveau de
vie.
L'oligarchie financière favorise également
l'inflation des prix spécifiquement au Canada pour
maintenir le dollar canadien faible par rapport
aux autres monnaies du système impérialiste
d'États. Le dollar canadien s'échange actuellement
à environ 72 cents par rapport au dollar
américain. Une baisse du dollar canadien par
rapport aux autres devises impérialistes fait
baisser le prix des exportations des abondantes
ressources naturelles du Canada, dont l'oligarchie
financière du système impérialiste d'États
s'empare pour les utiliser dans la production
ailleurs, en particulier dans l'économie militaire
aux États-Unis.
L'affaiblissement du dollar favorise également
certains secteurs, tels que l'industrie du
divertissement dominée par les États-Unis, en
particulier la production de films et d'émissions
de télévision. Le dollar canadien dévalué permet
aux oligarques américains qui contrôlent ce
secteur d'utiliser les dollars américains pour
financer leurs productions et réduire le prix de
la production en filmant au Canada,
comparativement au prix d'une production similaire
aux États-Unis.
À titre
d'information
Au 13 mai 2020, les gouvernements
fédéral, provinciaux et territoriaux avaient
engagé plus de 820 milliards de dollars en
soutien face à la COVID-19, qui comprend des
transferts directs aux travailleurs, étudiants,
employeurs, agences régionales, organismes de
bienfaisance, banques alimentaires et autres
organisations, ainsi que des crédits sous diverses
formes. Le but de ces programmes est, selon le
premier ministre Trudeau et d'autres ministres de
son Cabinet, de fournir une aide immédiate aux
travailleurs et aux entreprises touchés par la
fermeture économique, afin que les travailleurs
puissent payer le loyer et mettre de la nourriture
sur la table, et que les entreprises soient
positionnées pour passer à l'action lorsque
l'économie « revient en force ».
Le tableau suivant est basé sur des annonces du
ministère des Finances et du premier ministre. Le
ministère des Finances les a réparties en quatre
catégories : protection de la santé et de la
sécurité, mesures de soutien direct, soutien de
liquidités aux entreprises et aux particuliers, et
programme de crédit aux entreprises avant
le 11 avril.
Protection de
la santé et de la sécurité |
++++++++++++
|
Plan d'intervention en réponse à la
COVID-19 |
1,1 milliard $ |
Financement des ÉPI |
2,0 milliards $
|
Mesures de soutien direct
|
|
Prestation canadienne
d'urgence (va augmenter à cause de
l'élargissement des critères
d'admissibilité) |
24,0 milliards+ $ |
Augmentation du crédit pour
la TPS/TVH |
5,5 milliards $ |
Hausse des montants de
l'allocation canadienne pour enfants |
1,9 milliard $ |
Subvention salariale
temporaire |
975 millions $
|
Subvention salariale
d'urgence |
73 milliards $ |
Suspension de remboursement
du Programme de prêts d'études canadiens |
190 millions $ |
Soutien aux communautés
autochtones |
305 millions $ |
Soutien aux sans-abri (par le
biais de l'initiative Vers un chez-soi) |
157,5 millions $ |
Soutien pour les refuges et
les centres d'aide pour les femmes victimes
de violence sexuelle |
50 millions $ |
Soutien pour les aînés, les
enfants et les jeunes |
16,5 millions $ |
Soutien aux banques
alimentaires et aux organisations
alimentaires locales |
100 millions $ |
Réduction du retrait minimal
des FERR |
495 millions $ |
Soutien pour le secteur du
transport aérien |
331,4 millions $ |
Aux employeurs pour soutenir
les mesures de mise en quarantaine des
travailleurs étrangers temporaires |
50 millions $ |
Pour les communautés du
nord |
130 millions $ |
Pour l'Agence canadienne
d'inspection des aliments (14 avril) |
20 millions $ |
Pour le nettoyage des puits
de pétrole en Alberta, en
Colombie-Britannique et en Saskatchewan (17
avril) |
1,7 milliard $
|
Fonds pour la réduction des
émissions (17 avril) |
750 millions $ |
Pour les entreprises
autochtones (18 avril) |
306 millions+ $ |
Fonds d'urgence en soutien
aux communautés (21 avril) (organisations
communautaires et sans but lucratif) |
350 millions $ |
Soutien aux étudiants du
niveau postsecondaire (22 avril) |
9,0 milliards $
|
Stratégie nationale de
recherche médicale (23 avril) |
1,1 milliard $
|
Soutien aux transformateurs
de poisson et de fruits de mer (24 avril) |
62,5 millions $ |
Aide d'urgence du Canada pour
le loyer commercial (24 avril) |
2 milliards $
|
Pour les transformateurs
d'aliments (5 mai) |
252 millions $ |
Pour augmenter le salaire des
travailleurs essentiels (7mai) (administré
par les provinces qui contribueront pour 1
milliard de dollars) |
3,0 milliards $
|
Nouvelles mesures en appui
aux aînés (12 mai) |
2,5 milliards $
|
Élargissement du programme
Nouveaux horizons pour les aînés |
20 millions $ |
Mesures de soutien des
liquidités pour les entreprises et les
particuliers |
|
Report du paiement d'impôts
jusqu'en septembre |
55 milliards $
|
Report des versements de la
taxe de vente et des droits de douane |
30 milliards $
|
Fonds d'aide et de relance
régionale (FARR) (13 mai) |
962 millions $ |
Programme de crédit aux
entreprises (par l'intermédiaire de la
Banque de développement du Canada (BDC)
et d'Exportation et développement Canada
(EDC)) |
|
Programme de garantie et de
prêts pour les PME |
40 milliards $
|
Compte d'urgence pour les
entreprises canadiennes |
25 milliards $
|
Besoin de crédits et de
liquidités pour le secteur agricole |
5,2 milliards $
|
Besoin de crédits et de
liquidités (par la Banque du Canada, BCIF,
SCHL et prêteurs commerciaux) |
500 milliards+ $
|
Au total, ces programmes fédéraux représentent plus
de 787,522 milliards de dollars. Bon nombre de
ces annonces ont été accompagnées de déclarations
selon lesquelles il s'agit de montants initiaux (par
exemple, les fruits de mer et l'agriculture), qu'il
y aura plus de financement à venir, ou que des
changements pourraient être attendus en ce qui
concerne les délais et les critères d'admissibilité,
etc., ce qui augmentera les montants. Le 11
mai, le premier ministre a annoncé la mise en place
d'un Crédit d'urgence pour les grands employeurs
(CUGE) qui « offrira un financement de transition
aux plus grands employeurs du Canada dont les
besoins financiers durant la pandémie ne peuvent
être comblés par les mécanismes conventionnels. Le
CUGE contribuera alors à faire en sorte que ces
employeurs puissent poursuivre leurs
activités ».
Le Programme de crédit aux entreprises (PCE) sera
élargi « aux entreprises de taille moyenne qui ont
des besoins plus importants en financement ».
Il y a également eu des promesses d'un soutien
accru à venir pour des secteurs spécifiques, y
compris le tourisme et l'énergie.
En plus des fonds annoncés par le gouvernement
fédéral, les gouvernements provinciaux et
territoriaux ont mis en oeuvre divers programmes.
Les programmes pour lesquels un coût a été
identifié totalisent plus de 28 milliards de
dollars. Mais il y en a beaucoup d'autres pour
lesquels aucun chiffre n'a été donné, y compris
les retards dans les délais de production de
l'impôt sur le revenu, l'annulation des prêts
étudiants, les subventions directes aux garderies
et aux organisations communautaires, telles que
les banques alimentaires, les subventions
salariales pour les travailleurs non admissibles
aux programmes fédéraux ou à ajouter aux
programmes fédéraux, du crédit pour les petites
entreprises, une aide au loyer et une aide
financière aux bénéficiaires de l'aide sociale.
À la suite d'un recul de plus d'un million
enregistré en mars, l'emploi a diminué de près de
2 millions en avril, ce qui a porté la baisse
totale de l'emploi à plus de 3 millions depuis le
début de la crise économique liée à la COVID-19.
De plus, le nombre de personnes qui étaient en
emploi, mais qui ont travaillé moins de la moitié
de leurs heures habituelles pour des raisons liées
à la COVID-19, a augmenté de 2,5 millions de
février à avril. Au cours de la semaine du 12
avril, l'effet cumulatif de la crise économique
liée à la COVID-19 (le nombre de Canadiens sans
emploi ou ayant travaillé des heures
considérablement réduites) s'est établi à 5,5
millions, ou plus du quart du niveau d'emploi de
février.
En avril, l'emploi à temps plein (-1 472 000 ;
-9,7 %) et l'emploi à temps partiel (-522 000 ;
-17,1 %) ont reculé. Les pertes cumulatives depuis
février ont totalisé 1 946 000 (-12,5 %) dans le
travail à temps plein, et 1 059 000 (-29,6 %) dans
le travail à temps partiel.
L'emploi connaît une baisse sans précédent
L'ampleur de la baisse de l'emploi observée
depuis février (-15,7 %) dépasse de loin les
diminutions enregistrées au cours des
ralentissements du marché du travail antérieurs.
Par exemple, la récession de 1981-1982 a entraîné
une baisse totale de l'emploi de 612 000 (-5,4 %)
au cours d'une période d'environ 17 mois.
Le chômage enregistre une forte hausse
Le taux de chômage a augmenté de 5,2 points de
pourcentage en avril pour atteindre 13,0 %. Cela
fait suite à la hausse de 2,2 points de
pourcentage enregistrée en mars. Depuis que des
données comparables sont devenues disponibles en
1976, seul le taux de chômage de 13,1 % observé en
décembre 1982 a été plus élevé que le taux
enregistré en avril.
Le taux de chômage d'avril serait de 17,8 % une
fois les données ajustées pour prendre en compte
les personnes qui n'ont pas été considérées comme
des chômeurs pour des raisons propres à la crise
économique liée à la COVID-19. Au cours de la
semaine du 12 avril, 1,1 million de personnes
étaient inactives, mais elles avaient travaillé
récemment (en mars ou en avril) et voulaient
travailler. Elles n'ont pas été considérées comme
étant au chômage, mais elles ont été considérées
comme inactives parce qu'elles n'ont pas cherché
d'emploi, vraisemblablement en raison des
fermetures prolongées d'entreprises et des
occasions très limitées de trouver du travail.
Infographie 1
Infographie 2
Infographie 4
Hausse du taux de chômage pendant les
ralentissements économiques, Canada, 1976 à 2020
Le chômage augmente sous l'effet des mises à
pied temporaires
Le nombre total de chômeurs a augmenté de 1 285
000 (+113,3 %) de février à avril. À titre de
comparaison, pendant la récession de 1981-1982, le
nombre de chômeurs a augmenté de 763 000 (+88,6 %)
au cours d'une période de 16 mois. En avril,
presque tous les nouveaux chômeurs (97,0 %)
avaient été mis à pied temporairement (données non
désaisonnalisées), ce qui indique qu'ils
s'attendaient à retourner travailler pour leur
employeur lorsque l'activité économique
redémarrerait.
Au cours d'un mois donné, la variation nette du
chômage correspond à la différence entre le nombre
de personnes qui deviennent chômeurs et le nombre
de personnes qui sortent du chômage. Depuis le
début de la crise économique liée à la COVID-19,
les flux entrant dans le chômage ont fortement
augmenté, principalement en raison d'une hausse du
nombre de personnes qui sont passées de
travailleurs à chômeurs (+1,1 million depuis
février).
En avril, les flux sortant du chômage ont aussi
augmenté alors que le nombre de personnes qui sont
passées du chômage à la population inactive a
progressé (+214 000). Cela comprend les personnes
qui voulaient un emploi, mais ont cessé d'en
chercher un (y compris celles qui ne pensaient pas
qu'il y avait du travail) et les personnes qui ont
commencé à exercer de nouvelles activités, comme
prendre soin de membres de leur famille.
Toutes les provinces ont été durement touchées
L'emploi a reculé dans toutes les provinces pour
un deuxième mois consécutif. Comparativement à
février, l'emploi a diminué de plus de 10 % dans
toutes les provinces ; le Québec a enregistré la
baisse la plus prononcée (-18,7 % ou -821 000).
Graphique 1
Variation de l'emploi selon la province,
février à avril 2020
Le taux de chômage a augmenté de façon marquée
dans toutes les provinces en avril. Au Québec, le
taux s'est établi à 17,0 %. Il s'agit du taux le
plus élevé enregistré dans la province depuis
1976, année où des données comparables ont
commencé à être publiées, et du taux le plus élevé
parmi les provinces. Le nombre de chômeurs a
augmenté plus rapidement (+101,0 % ou +367 000) au
Québec que dans les autres provinces ; la hausse
du nombre de personnes mises à pied temporairement
(données non désaisonnalisées) a été
proportionnellement plus élevée au Québec que dans
les autres provinces, tandis que l'augmentation du
nombre de personnes inactives a été
proportionnellement plus faible.
Les plus grandes villes du Canada subissent des
répercussions importantes de la COVID-19 sur le
marché du travail
L'emploi a connu une forte baisse de février à
avril dans chacune des trois plus grandes régions
métropolitaines de recensement (RMR) du Canada. En
proportion de l'emploi de février, Montréal a
enregistré la baisse la plus prononcée (-18,0 % ;
-404 000), suivie de Vancouver (-17,4 % ; -256
000) et de Toronto (-15,2 % ; -539 000).
Dans la RMR de Montréal, le taux de chômage s'est
établi à 18,2 % en avril, en hausse de 13,4 points
de pourcentage depuis février. À titre de
comparaison, le taux de chômage à Montréal a
atteint un sommet de 10,2 % pendant la récession
de 2008-2009. À Toronto, le taux de chômage s'est
établi à 11,1 % en avril (en hausse de 5,6 points
de pourcentage depuis février), et à Vancouver, il
s'est établi à 10,8 % (en hausse de 6,2 points de
pourcentage).
Le nombre de travailleurs autonomes
indépendants a peu varié, mais les heures
travaillées ont connu une diminution prononcée
Le nombre de travailleurs autonomes indépendants
(2,0 millions), c'est-à-dire ceux qui ne comptent
aucun employé, a peu varié en avril
comparativement à février (données non
désaisonnalisées). Chez ces travailleurs, la crise
liée à la COVID-19 a entraîné une perte importante
du nombre d'heures travaillées. En avril, 59,4 %
des travailleurs autonomes indépendants (1,2
million) ont travaillé moins de la moitié de leurs
heures habituelles au cours de la semaine du 12
avril, y compris 38,4 % qui n'ont travaillé aucune
heure. [...]
La plupart des personnes qui ont été absentes
du travail
n'ont pas été rémunérées
Au cours de la semaine de référence
allant du 12 au 18 avril, 2,4 millions de
personnes étaient en emploi, mais étaient absentes
durant toute la semaine. Il s'agit d'une hausse de
2,1 millions de personnes par rapport à février,
et l'augmentation est attribuable à la crise
économique liée à la COVID-19. Le nombre de
personnes qui ont travaillé un certain nombre
d'heures, mais moins de la moitié de leurs heures
habituelles, a augmenté de 380 000, ce qui porte
la hausse totale des absences attribuables à la
COVID-19 depuis février à 2,5 millions.
Environ 60 % des personnes qui ont été absentes
pendant toute la semaine de référence étaient des
employés, tandis que le reste était des
travailleurs autonomes. Parmi les employés,
environ les trois quarts n'ont pas été rémunérés
durant la semaine de référence ; il s'agit d'une
hausse par rapport à mars, au moment où le chiffre
correspondant s'est établi à 55,8 %. Moins d'un
travailleur autonome sur dix qui était
propriétaire d'une entreprise constituée en
société a reçu une rémunération.
Résumé : plus du tiers de la population active
potentielle était en situation de sous-emploi en
avril
En avril, plus du tiers (36,7 %) de la
population active potentielle n'a pas travaillé ou
a travaillé moins que la moitié de ses heures
habituelles, ce qui illustre les effets
persistants de la crise économique liée à la
COVID-19 sur le marché du travail. Le « taux de
récente sous-utilisation de la main-d'oeuvre »
combine les chômeurs, les personnes inactives qui
voulaient travailler, mais qui n'ont pas cherché
d'emploi, et les personnes en emploi qui ont
travaillé moins de la moitié de leurs heures
habituelles. À titre de comparaison, ce taux s'est
établi à 11,3 % en février.
Les effets de la crise économique liée à la
COVID-19
s'étendent au secteur des biens
L'emploi diminue dans le secteur des biens
En mars, la baisse de l'emploi a été presque
entièrement observée dans le secteur des services.
En avril, en revanche, la diminution de l'emploi a
été proportionnellement plus prononcée dans le
secteur des biens (-15,8 % ; -621 000) que dans le
secteur des services (-9,6 % ; -1,4 million). La
construction (-314 000 ; -21,1 %) et la
fabrication (-267 000 ; -15,7 %) ont enregistré
les diminutions les plus marquées dans le secteur
des biens.
Dans le secteur des services, l'emploi a continué
de reculer dans plusieurs industries, et
particulièrement dans le commerce de gros et de
détail (-375 000 ; -14,0 %) ainsi que dans les
services d'hébergement et de restauration (-321
000 ; -34,3 %).
Parmi les industries qui ont continué d'être
relativement moins touchées par la crise
économique liée à la COVID-19 figurent les
services d'utilité publique, les administrations
publiques ainsi que la finance, les assurances, et
les services immobiliers et de location.
Graphique 2
Variation de l'emploi dans certains secteurs,
février à avril 2020, Canada
[...]
Les baisses de l'emploi observées dans les
secteurs des biens et des services dépassent
celles enregistrées au cours des ralentissements
antérieurs du marché du travail
Dans les secteurs des services et des biens, les
baisses de l'emploi observées au cours des deux
mois qui ont suivi février ont été
proportionnellement plus prononcées que les
diminutions enregistrées pendant chacun des trois
principaux ralentissements du marché du travail
enregistrés depuis 1980.
[...]
Après les ralentissements antérieurs, l'emploi
dans les services s'est redressé relativement
rapidement ; il est revenu aux niveaux atteints
avant le ralentissement en l'espace de quatre mois
en moyenne. Par ailleurs, il a fallu en moyenne
plus de six ans pour que l'emploi dans le secteur
des biens revienne à des niveaux d'avant la
récession à la suite des récessions de 1981-1982
et de 1990-1992. Après la crise financière
mondiale de 2008-2009, il a fallu 10 ans pour que
l'emploi dans le secteur des biens retourne à son
niveau d'avant la crise.
Graphique 3
Baisses de l'emploi plus prononcées depuis
février 2020 que durant n'importe laquelle
des trois dernières récessions notables
Les baisses de l'emploi s'étendent à la
construction et à la fabrication
L'emploi dans le secteur de la construction a
reculé de 314 000 ou de 21,1 % en avril, après
être demeuré pratiquement inchangé en mars. La
construction au Québec a été particulièrement
touchée ; l'emploi dans le secteur a diminué de
38,6 % en avril. Le gouvernement du Québec a
ordonné la fermeture de tous les chantiers de
construction le 23 mars, après la semaine de
référence de l'EPA de mars, avant de permettre à
certains chantiers de construction résidentielle
de reprendre leurs activités le 20 avril, après la
fin de la semaine de référence d'avril.
Comparativement à février, l'emploi dans la
fabrication a diminué de 302 000 ou de 17,3 % ; la
baisse a presque entièrement eu lieu en avril.
L'emploi dans le matériel de transport, les
machines et les produits métalliques ouvrés a
connu la diminution la plus prononcée depuis
février, ce qui laisse entrevoir un engorgement
dans la chaîne d'approvisionnement et une baisse
de la demande pour certains produits.
Parallèlement, l'emploi dans la fabrication
d'aliments est demeuré relativement stable.
L'emploi dans les services d'hébergement et de
restauration a reculé de 50,0 % (-615 000) de
février à avril. L'emploi a diminué le plus dans
les professions liées au service des aliments et
des boissons ainsi que dans le personnel de
cuisine. Le nombre de gestionnaires a reculé dans
une moindre mesure. En avril, le nombre d'heures
travaillées dans les services d'hébergement et de
restauration a diminué de 38,6 % après avoir déjà
reculé en mars. Depuis février, le nombre d'heures
travaillées dans le secteur a diminué de 63,8 %.
Dans le commerce de gros et de détail, l'emploi a
reculé de 582 000 ou de 20,2 % au cours des deux
mois ayant pris fin en avril. Au cours de la même
période, le nombre d'heures travaillées a diminué
de 31,0 %. L'emploi dans les sous-secteurs liés
aux aliments et aux boissons a reculé depuis
février, mais proportionnellement moins que dans
les sous-secteurs n'offrant pas de services jugés
essentiels.
Malgré les défis importants auxquels sont
confrontés les travailleurs de la santé de
première ligne qui traitent les patients atteints
de la COVID-19, l'emploi est demeuré stable dans
les hôpitaux et dans les établissements de soins
infirmiers et de soins pour bénéficiaires internes
depuis février. Des diminutions ont été observées
dans d'autres industries des soins de santé
toutefois, y compris les soins ambulatoires, qui
comprennent les cabinets de médecins et de
dentistes, ainsi que les laboratoires médicaux et
d'analyses diagnostiques. De fortes baisses ont
également été observées dans l'assistance sociale,
qui comprend les services de garderie, ce qui a
porté la diminution nette de l'emploi dans les
soins de santé et l'assistance sociale à 129 000
(-5,3 %) depuis mars, et à 229 000 (-9,1 %) depuis
février.
En mars et en avril, la demande intérieure et
internationale de pétrole a diminué de façon
prononcée, ce qui a entraîné des prix plus bas que
jamais. Au cours de la semaine du 12 avril,
l'emploi dans l'industrie pétrolière et gazière à
forte intensité de capital s'est avéré résilient
aux chocs de prix. Des répercussions pourraient
être observées au cours des mois à venir. Depuis
février, l'emploi dans le secteur élargi des
ressources naturelles a reculé de 7,4 % ; les
mines et l'exploitation en carrière ont enregistré
la plus grande variation de l'emploi et des heures
travaillées.
Les petites entreprises subissent d'importantes
répercussions en raison de la COVID-19
Les grandes entreprises et institutions semblent
avoir été plus en mesure de maintenir en poste
leurs employés que les petites entreprises,
probablement en raison de leur capacité à mettre
en place des mesures pour s'adapter à la crise
économique liée à la COVID-19. Cette tendance a
été observée dans toutes les industries, y compris
dans le commerce de gros et de détail, dans la
construction, dans la fabrication et dans le
transport et l'entreposage.
Dans l'ensemble, l'emploi dans les entreprises
comptant 100 employés ou plus a diminué de 12,6 %
(données non désaisonnalisées) de février à avril.
L'emploi dans les entreprises comptant de 20 à 99
employés a reculé de 25,1 %, tandis qu'il a
diminué de 30,8 % dans les petites entreprises
(comptant moins de 20 employés).
La crise économique liée à la COVID-19 continue
de se
répercuter sur le total des heures travaillées
Dans l'ensemble, le nombre total d'heures
travaillées a diminué de 14,9 % en avril par
rapport à mars, et de 27,7 % par rapport à
février.
Graphique 4
Variation des heures travaillées (%), par
industrie, Canada, février à avril 2020,
données désaisonnalisées
Graphique 5
Heures travaillées, variation en (%), par
province, février à avril 2020,
données désaisonnalisées
Le nombre de Canadiens qui ont travaillé à
partir de leur domicile en avril a augmenté de 3,3
millions
Au cours de la semaine du 12 avril, 12,0
millions de Canadiens occupaient un emploi et ont
travaillé plus que 50 % de leurs heures de travail
habituelles. Environ 5,0 millions d'entre eux ont
travaillé la plupart de leurs heures de travail de
leur domicile. Cela comprend 3,3 millions de
travailleurs qui travaillent habituellement à un
endroit autre que leur domicile. Il est
raisonnable de penser que ces travailleurs ont
changé de lieu de travail en raison de la crise
économique liée à la COVID-19.
Cette capacité à s'adapter rapidement n'était
toutefois pas la même dans l'ensemble de
l'économie. Le recours au travail à domicile
différait grandement d'une industrie à l'autre en
avril, en raison d'un certain nombre de facteurs,
dont la nécessité requise par certains emplois de
travailler en proximité physique avec d'autres,
comme les collègues, les clients et le public.
Dans la plupart des industries qui requièrent une
plus grande proximité physique avec d'autres, une
proportion relativement faible d'employés qui ont
travaillé au moins une heure ont effectué leur
travail à domicile. Ces industries comprennent les
services d'hébergement et de restauration (8,4 %),
la construction (19,0 %) ainsi que le commerce de
gros et de détail (20,8 %). Ces mêmes industries
ont connu certaines des baisses de l'emploi les
plus marquées depuis février (infographie 6).
Lorsque les directives sur l'éloignement physique
seront ajustées et que l'activité économique
reprendra progressivement secteur après secteur,
il sera essentiel d'évaluer la mesure dans
laquelle le milieu de travail peut être adapté,
autrement que par le travail à domicile, dans ces
industries.
Par contre, dans les industries qui requièrent une
moins grande proximité avec d'autres, une grande
part des travailleurs ont effectué leur travail à
domicile en avril. Cela comprend les travailleurs
des services professionnels, scientifiques et
techniques (75,5 %), de la finance, des assurances
et des services immobiliers et de location (67,4
%), ainsi que des administrations publiques (62,6
%). Ces dernières ont enregistré moins de pertes
d'emplois par rapport aux autres industries depuis
février et il pourrait leur être plus facile de
reprendre l'ensemble de leurs activités, que ce
soit en poursuivant le travail à domicile ou en
investissant possiblement dans des mesures
d'adaptation du lieu de travail.
Infographie 6
Les pertes d'emploi ont été les plus grandes dans
les secteurs qui requièrent
une proximité physique avec d'autres et dans ceux
où le travail à domicile est moins
fréquent. Cliquer pour élargir
Les travailleurs vulnérables continuent d'être
les plus touchés
En avril, les baisses de l'emploi ont continué à
être plus prononcées dans les emplois les plus
précaires, comme les emplois temporaires et les
emplois qui ne sont pas syndiqués.
Au cours de la période de deux mois qui a suivi
février, l'emploi (données non désaisonnalisées) a
diminué de 17,8 % parmi l'ensemble des employés
rémunérés. Une baisse plus importante que la
moyenne a été enregistrée chez les employés
occupant un emploi temporaire (-30,2 %), chez les
employés occupant leur emploi depuis un an ou
moins (-29,5 %), et chez les employés non
syndiqués ou non couverts par une convention
collective (-21,2 %). Des reculs prononcés ont
également été observés chez les employés qui ont
gagné moins des deux tiers du salaire horaire
médian de 2019, lequel s'élevait à 24,04 $ (-38,1
%), et chez ceux qui sont rémunérés à l'heure
(-25,1 %).
Ces résultats concordent avec les baisses
observées dans les services d'hébergement et de
restauration ainsi que dans le commerce de gros et
de détail, qui comprennent des proportions plus
élevées de travailleurs ayant ces
caractéristiques. Malgré ces reculs, environ 1
million de personnes occupant des emplois peu
rémunérés, non syndiqués et rémunérés à l'heure
ont travaillé au moins une partie de leurs heures
durant la semaine de référence en avril. Parmi
elles, 89,1 % ont travaillé à un endroit autre que
la maison. Les deux tiers des personnes ayant
travaillé à l'extérieur de la maison occupaient un
emploi dans les services d'hébergement et de
restauration ou dans le commerce de gros et de
détail, deux industries ayant une proportion
relativement élevée de travailleurs dont les
fonctions requièrent habituellement une proximité
physique avec d'autres.
Graphique 6
Variation de l'emploi parmi les employés
rémunérés selon les caractéristiques de l'emploi,
février à avril 2020, Canada, données non
désaisonnalisées
Le salaire moyen augmente alors que les emplois
moins bien rémunérés disparaissent
Par rapport à un an plus tôt, le salaire horaire
moyen a augmenté de 10,8 % en avril,
principalement sous l'effet d'une hausse de 7,3 %
observée de février à avril. Cette croissance
s'explique en partie par les baisses plus
importantes de l'emploi dans des industries où les
emplois sont relativement moins bien rémunérés, ce
qui a entraîné une hausse du salaire moyen.
Depuis février, plus de la moitié de la diminution
de l'emploi observée dans le secteur des services
s'est concentrée dans les services d'hébergement
et de restauration ainsi que dans le commerce de
gros et de détail, deux des industries où la
rémunération est la plus faible. Parallèlement,
une proportion relativement plus élevée de
personnes a conservé leur emploi dans des
industries compatibles avec le travail à domicile,
comme celles des administrations publiques et des
services professionnels, scientifiques et
techniques, deux des industries offrant les
salaires les plus élevés.
Graphique 7
Évolution de la répartition des salaires
horaires en raison des baisses de l'emploi plus
importantes dans les industries où la rémunération
est relativement faible, Canada,
février à avril 2020
Hausse du nombre de personnes vivant dans des
familles dans lesquelles aucun membre n'occupe un
emploi
Au cours de la période de deux mois ayant suivi
février, le nombre de personnes âgées de 15 ans et
plus vivant dans des familles économiques (qui
comprennent les personnes vivant seules) dans
lesquelles aucun membre n'occupe un emploi a
augmenté de 23,5 % (+1 655 000) (données non
désaisonnalisées).
Le nombre de personnes vivant au sein de couples
dont un seul membre occupe un emploi s'est accru
de 27,3 % (+1 134 000), tandis que le nombre de
personnes vivant au sein de couples dont aucun des
membres n'occupe un emploi a augmenté de 22,5 %
(+845 000). Le nombre de parents seuls sans emploi
a progressé de 53,9 % (+126 000) (données non
désaisonnalisées).
Un peu plus d'un Canadien sur cinq vit dans un
ménage ayant déclaré avoir de la difficulté à
respecter ses obligations financières
La concentration relative des pertes d'emplois
liées à la crise de la COVID-19 dans les emplois
plus précaires soulève d'importantes questions
quant à la capacité financière des Canadiens à
s'adapter à la crise économique. Dans le but de
faire la lumière sur ces enjeux, une question sur
la capacité des ménages à effectuer des paiements
de base, comme le loyer, l'hypothèque et
l'épicerie, a été ajoutée à l'EPA d'avril.
Au cours de la semaine du 12 avril, un peu plus
d'un Canadien sur cinq (21,1 %) vivait dans un
ménage ayant déclaré avoir de la difficulté à
respecter ses obligations financières immédiates.
En 2018, la même question avait été posée dans le
cadre de l'Enquête canadienne sur le logement et
les résultats étaient similaires.
Bien que la proportion globale de Canadiens aux
prises avec des difficultés financières immédiates
soit demeurée plutôt stable, l'EPA d'avril fournit
des données sur les groupes de travailleurs parmi
lesquels les difficultés financières sont les plus
fréquentes. Près d'un tiers (32,1 %) des chômeurs
âgés de 15 à 69 ans vivaient dans un ménage
éprouvant des difficultés, comparativement à 21,9
% des personnes inactives et à 17,5 % des
personnes en emploi. Parmi les personnes en
emploi, celles qui avaient travaillé moins de la
moitié de leurs heures habituelles étaient
proportionnellement plus nombreuses (26,1 %) à
vivre dans un ménage éprouvant des difficultés que
celles qui avaient travaillé l'ensemble ou la
majorité de leurs heures habituelles au cours de
la semaine de référence (15,3 %).
Premier portrait des demandeurs des programmes
d'aide économique
Emploi et Développement social Canada a annoncé
qu'en date du 19 avril, c'est-à-dire le premier
jour des interviews de l'EPA d'avril, 6,7 millions
de Canadiens avaient présenté une demande de PCU
depuis le 15 mars.
Selon les résultats de l'EPA, parmi les personnes
qui ont présenté une demande de prestations
d'assurance-emploi ou une demande de PCU depuis le
15 mars, environ 6 sur 10 (59,6 %) faisaient
partie du principal groupe d'âge actif des 25 à 54
ans. Environ 1 demandeur sur 5 (19,7 %) était un
jeune âgé de 15 à 24 ans. Les demandeurs étaient
autant des femmes (50,8 %) que des hommes (49,2
%).
Parmi les personnes de 15 à 69 ans qui vivaient
dans un ménage déclarant avoir de la difficulté à
respecter ses obligations financières, 21,4 % ont
indiqué qu'elles avaient présenté une demande de
prestations d'assurance-emploi ou une demande de
PCU depuis le 15 mars. À titre de comparaison, 9,8
% des personnes qui vivaient dans un ménage
déclarant qu'il était facile de respecter ses
obligations financières avaient présenté une
demande.
L'emploi diminue plus rapidement chez les
jeunes
La COVID-19 a eu des répercussions
proportionnellement plus importantes chez les
jeunes Canadiens (âgés de 15 à 24 ans). En tant
que groupe, ces derniers sont plus susceptibles
d'occuper des emplois plus précaires dans des
industries durement touchées comme les services
d'hébergement et de restauration. De février à
avril, l'emploi chez les jeunes a diminué de 873
000 (-34,2 %), et 385 000 autres jeunes (ce qui
correspond à 1 jeune sur 4) qui ont conservé leur
emploi en avril ont perdu l'ensemble ou la
majorité de leurs heures de travail habituelles
(données non désaisonnalisées). L'emploi a
davantage reculé chez les jeunes âgés de 15 à 19
ans (-40,4 %) que chez ceux âgés de 20 à 24 ans
(-31,1 %), ce qui s'explique par la nature plus
précaire des emplois qu'occupent les jeunes de la
première catégorie.
Parmi les étudiants 15 à 24 ans en avril, le taux
de chômage a augmenté pour s'établir à 31,7 %
(données non désaisonnalisées), ce qui signifie
que de nombreux jeunes pourraient éprouver des
difficultés à continuer de payer leurs études.
Chez les jeunes non-étudiants, un peu plus de la
moitié d'entre eux occupaient un emploi en avril,
ce qui représente une baisse comparativement aux
trois quarts enregistrés en février (données non
désaisonnalisées).
Les pertes d'emplois se sont réparties plus
également
entre les hommes et les femmes en avril
La COVID-19 a eu des répercussions
proportionnellement plus importantes chez les
jeunes Canadiens (âgés de 15 à 24 ans). En tant
que groupe, ces derniers sont plus susceptibles
d'occuper des emplois plus précaires dans des
industries durement touchées comme les services
d'hébergement et de restauration. De février à
avril, l'emploi chez les jeunes a diminué de 873
000 (-34,2 %), et 385 000 autres jeunes (ce qui
correspond à 1jeune sur 4) qui ont conservé leur
emploi en avril ont perdu l'ensemble ou la
majorité de leurs heures de travail habituelles
(données non désaisonnalisées). L'emploi a
davantage reculé chez les jeunes âgés de 15 à 19
ans (-40,4 %) que chez ceux âgés de 20 à 24 ans
(-31,1 %), ce qui s'explique par la nature plus
précaire des emplois qu'occupent les jeunes de la
première catégorie.
Parmi les étudiants 15 à 24 ans en avril, le taux
de chômage a augmenté pour s'établir à 31,7 %
(données non désaisonnalisées), ce qui signifie
que de nombreux jeunes pourraient éprouver des
difficultés à continuer de payer leurs études.
Chez les jeunes non-étudiants, un peu plus de la
moitié d'entre eux occupaient un emploi en avril,
ce qui représente une baisse comparativement aux
trois quarts enregistrés en février (données non
désaisonnalisées).
Les pertes d'emplois se sont réparties plus
également
entre les hommes et les femmes en avril
Tandis que les femmes ont enregistré une part
disproportionnée des pertes d'emplois en mars, les
baisses observées en avril ont été plus prononcées
chez les hommes, ce qui a diminué l'écart entre
les sexes pour ce qui est des baisses cumulatives
de l'emploi. Parmi l'ensemble de la population
âgée de 15 ans et plus, les baisses de l'emploi
enregistrées de février à avril se sont élevées à
1 537 000 (-16,9 %) pour les femmes et à 1 468 000
(-14,6 %) pour les hommes.
Chez les femmes du principal groupe d'âge actif,
l'emploi a reculé de 790 000 (-13,2 %) de février
à avril, tandis que 1 057 000 (20,3 %) autres
femmes sont demeurées en emploi en avril, mais ont
perdu l'ensemble ou la majorité de leurs heures de
travail habituelles (données non
désaisonnalisées). Les proportions étaient
semblables pour les hommes du principal groupe
d'âge actif ; l'emploi dans ce groupe d'âge a
reculé de 773 000 (-12,0 %), et 1 049 000 (18,6 %)
autres hommes de ce groupe ont perdu l'ensemble ou
la majorité de leurs heures de travail habituelles
(données non désaisonnalisées).
Bien que les hommes et les femmes du principal
groupe d'âge actif aient connu des diminutions de
l'emploi comparables dans l'ensemble, presque
toute la baisse de l'emploi (92,9 %) chez les
hommes du principal groupe d'âge actif de février
à avril a été observée chez les travailleurs à
temps plein, comparativement à 69,9 % chez les
femmes. Ces résultats, combinés avec les
différentes industries dans lesquelles les hommes
et les femmes ont perdu leur emploi (par exemple,
chez les hommes, un plus grand nombre de pertes
d'emplois ont été enregistrées dans la
construction, et un moins grand nombre, dans le
commerce de détail), laissent supposer que les
défis associés à la relance de l'économie à la
suite de la crise économique liée à la COVID-19
pourraient être différents chez les hommes et chez
les femmes.
Graphique 8
Variation de l'emploi selon le groupe d'âge et
le sexe, Canada, février à avril 2020
Les immigrants très récents sont plus durement
touchés par les répercussions de la COVID-19 sur
le marché du travail
L'emploi chez les immigrants très récents (cinq
ans ou moins) a diminué de façon plus prononcée de
février à avril (-23,2 %) que chez les personnes
nées au Canada (-14,0 %). Ces résultats sont en
partie attribuables au fait que les personnes de
ce groupe étaient plus susceptibles que les
personnes nées au Canada de travailler dans des
industries qui ont été particulièrement touchées
par la crise économique liée à la COVID-19, comme
les services d'hébergement et de restauration, et
qu'elles étaient moins susceptibles de travailler
dans des industries moins durement touchées, comme
les administrations publiques.
L'emploi parmi la population totale d'immigrants
reçus a reculé de 18,0 % de février à avril
(données non désaisonnalisées), alors que les
immigrants établis (plus de 10 ans) (-17,0 %) et
les immigrants récents (plus de 5 ans jusqu'à 10
ans) (-17,4 %) s'en sont mieux tirés que leurs
homologues qui sont arrivés au Canada très
récemment.
Peu de différences ont été observées entre les
Autochtones et les non-Autochtones au Canada
Comparativement à février, la baisse de l'emploi
enregistrée en avril parmi la population
autochtone hors réserve (-16,2 %) a été comparable
à celle observée parmi la population non
autochtone (-15,3 %) (données non
désaisonnalisées). En 2019, le taux d'emploi parmi
la population autochtone hors réserve s'est établi
à 57,5 %, par rapport à 62,1 % parmi la population
non autochtone. Cet écart pourrait avoir une
incidence sur la capacité de ces groupes à se
remettre de la crise économique liée à la
COVID-19. [...]
Le lien avec le marché du travail pourrait
favoriser la reprise économique
En avril, il y avait environ 5,8 millions de
personnes qui n'ont pas travaillé et qui
pourraient vraisemblablement retourner au travail
lorsque les conditions sanitaires et économiques
le permettront (données non désaisonnalisées).
Parmi ces personnes, environ les deux tiers (3,8
millions) avaient un lien avec un emploi en
particulier, c'est-à-dire qu'ils étaient en
emploi, mais qu'ils n'ont travaillé aucune heure
pour des raisons relatives à la COVID-19 ou qu'ils
ont été temporairement mis à pied, ce qui signifie
qu'ils s'attendaient à reprendre leur emploi au
cours des six prochains mois.
Environ le tiers (2,0 millions de personnes)
n'avait pas de lien avec un emploi actuel ou
récent. On compte parmi ces personnes celles qui
n'étaient pas en emploi pour d'autres raisons
qu'une mise à pied temporaire et celles qui ne
faisaient plus partie de la population active en
mars ou en avril et qui ont déclaré vouloir un
emploi. La proportion de personnes qui n'avaient
pas de lien avec un emploi actuel ou récent était
plus grande chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans
(44,6 %) que chez leurs homologues du principal
groupe d'âge actif (32,7 %) et que chez les
personnes plus âgées (27,3 %). Les hommes (35,2 %)
étaient légèrement plus susceptibles que les
femmes (32,7 %) de se trouver dans cette
situation.
Pour accéder à l'enquête complète, cliquer ici
- Extraits d'Économique RBC -
La pandémie de la COVID-19 va engendrer cette
année des déficits six fois plus importants pour
les gouvernements provinciaux pour atteindre près
de 63 milliards de dollars.
Chaque province verra une détérioration
importante de sa situation financière. Nous ne
prévoyons généralement pas de problème majeur avec
le financement de déficits plus élevés à court
terme. Ce sera tout au plus le soutien en
liquidités par la Banque du Canada qui garantira
que la filière du financement restera ouverte et
que les coûts de financement demeureront gérables.
[Il importe de noter que la RBC est une des
institutions de l'oligarchie financière qui
profitera beaucoup des emprunts des
gouvernements. La RBC ne prête pas seulement de
l'argent aux gouvernements par le biais du
système impérialiste d'États, elle profite aussi
de l'organisation de la vente des titres de
créance des gouvernements — note de LML]
Les programmes du gouvernement fédéral pour
soutenir directement les individus et les
entreprises dans le besoin totalisent plus
de 230 milliards de dollars (10 % du
PIB).
La gestion de l'urgence sanitaire par les
provinces et le déploiement de leurs propres
programmes de soutien financier coûteront
également des milliards de dollars. La
Colombie-Britannique (5 milliards de dollars),
l'Alberta (7,7 milliards de dollars), l'Ontario
(17 milliards de dollars) et le Québec (18
milliards de dollars), par exemple, ont présenté
des plans d'action d'envergure historique. Il est
clair que les dépenses créent d'énormes pressions
sur les gouvernements, ce qui pèsera lourdement
sur leur situation budgétaire.
[La RBC estime que les dépenses fédérales et
provinciales totales pour les programmes de
soutien financier s'élèvent à 315 milliards
de dollars et continuent d'augmenter. Pour
mettre les choses en perspective, les dépenses
totales du budget fédéral de 2018-2019
étaient de 347 milliards de dollars. — note
de LML]
Les revenus des gouvernements ont encaissé
un dur coup suite à la récession
Pourtant, le bilan des dépenses pourrait pâlir
par rapport au choc qui mine les recettes
gouvernementales. La pandémie de la COVID-19 a
déclenché la récession la plus soudaine et la plus
profonde que nous ayons jamais vue. Selon la
dernière mise à jour des perspectives provinciales
d'Économique RBC, toutes les provinces sauf deux
(la Colombie-Britannique et
Terre-Neuve-et-Labrador) connaîtront leur plus
forte contraction économique en une année. (Voir
les extraits ci-dessous)
Cela nuira énormément aux revenus des ménages et
des entreprises et affectera gravement les
principales sources de revenus des gouvernements.
Nous nous attendons cette année à ce que l'impôt
sur le revenu des particuliers et des entreprises
et les taxes de vente baissent sensiblement dans
chaque province. La baisse des revenus pourrait
être de l'ordre de 3 milliards de dollars en
Colombie-Britannique (-6 % des revenus
anticipés), 6,3 milliards de dollars en
Ontario (-4,8 %) et 8 milliards de
dollars au Québec (-8,6 %), selon la
sensibilité historique à la croissance économique.
L'effondrement des prix du pétrole : un dur
coup pour les provinces productrices de pétrole,
Terre-Neuve-et-Labrador, l'Alberta et la
Saskatchewan, qui font face à des baisses encore
plus dramatiques en raison de leur dépendance
envers les redevances pétrolières. Nous estimons
que la chute des prix du pétrole réduira ces
redevances d'au moins 40 %. Cela ne
tient même pas compte des baisses de production
susceptibles de se produire face à une
surabondance des réserves mondiales. En incluant
les effets secondaires sur d'autres secteurs de
l'économie, le ralentissement du secteur de
l'énergie pourrait soustraire cette année plus
de 8 milliards de dollars (ou près
de 20 %) en revenus à l'Alberta.
La COVID-19 a complètement changé les
perspectives financières de toutes les provinces.
Il y aura des déficits partout en 2020-2021,
et d'énormes déficits dans le cas de deux
provinces productrices de pétrole. Nous constatons
que le manque à gagner atteint près de 2
milliards de dollars (7,0 % du PIB) à
Terre-Neuve-et-Labrador et 18 milliards de
dollars (6,4 %) en Alberta, soit plus du
double des 6,8 milliards de dollars prévus
par ce gouvernement dans son budget de février. La
dépendance moins importante de la Saskatchewan
envers les redevances pétrolières réduira son
déficit à environ 1,5 milliard de dollars
(2,1 % du PIB). La projection relativement
récente d'un déficit de 20,5 milliards de
dollars en Ontario (en date du 25 mars) nous
semble un peu optimiste malgré qu'il y ait près
de 5 milliards de dollars en imprévus inclus
dans les estimations. Nous croyons qu'il pourrait
dépasser 21 milliards de dollars (2,5 %
du PIB) [...] Nous prévoyons des déficits de
l'ordre de 5 milliards de dollars en
Colombie-Britannique (1,8 % du PIB), 13
milliards de dollars au Québec
(3,0 %), 600 millions de dollars au
Nouveau-Brunswick (1,8 %) et 800
millions de dollars en Nouvelle-Écosse
(1,9 %). [...] Notre prévision d'un déficit
de 1,5 milliard de dollars au Manitoba
(2,1 % du PIB) épuisera complètement les
fonds d'urgence de la province.
Les dettes provinciales vont augmenter plus vite
Le financement du grand bond dans les déficits
cette année nécessitera une augmentation
substantielle des émissions de titres de créance.
Ce processus est déjà en cours, alors que de
nombreuses provinces sont allées à plusieurs
reprises sur les marchés du financement depuis la
mi-mars. Nous prévoyons que l'augmentation de la
dette nette provinciale va plus que tripler dans
l'ensemble cette année.
L'augmentation
de la dette provinciale va bientôt tripler
augmentation annuelle de la dette nette, en
milliards de dollars, de l'ensemble des
provinces
Nous n'entrevoyons pas qu'un endettement plus
élevé entrave de manière significative la capacité
des gouvernements provinciaux à répondre de façon
à leurs besoins croissants en emprunts. Par mesure
de précaution, la Banque du Canada a récemment
annoncé qu'elle achètera jusqu'à 50 milliards
de dollars d'obligations provinciales sur les
marchés secondaires avec des échéances restantes
de 10 ans ou moins. Cela s'ajoutera au
programme d'achat de titres provinciaux sur les
marchés monétaires qu'elle a lancé plus tôt. Ces
mesures devraient garantir les liquidités dans la
filière du financement provincial. Toutes les
provinces peuvent actuellement emprunter à des
taux d'intérêt historiquement bas, ce qui
contribuera à contenir l'augmentation des coûts du
service de la dette.
La récession causée par la COVID-19 s'aggrave
d'un océan à l'autre - Extraits de perspectives
provinciales de la RBC
La perte stupéfiante d'un million d'emplois à
l'échelle nationale en mars a largement dépassé
tout ce que nous avions connu jusqu'à présent. Il
est encore plus inquiétant de constater que ce
résultat sera probablement dérisoire en
comparaison des pertes qui seront annoncées pour
le mois d'avril. Le choc n'épargne aucune région
du pays. Nous avons (encore une fois !)
réduit nos prévisions de croissance provinciale de
manière généralisée à la lumière des derniers
événements et de la dynamique observée
actuellement. Nous croyons maintenant que toutes
les provinces s'enliseront dans une profonde
récession cette année.
Les répercussions économiques de la COVID-19
seront généralisées à l'échelle du pays, et ce,
peu importe le nombre de cas, par province. Cela
s'explique par les consignes de distanciation
sociale qui sont mises en oeuvre partout et qui
perturbent directement de grands pans de
l'économie de chaque province. Les secteurs les
plus touchés, comme le commerce de détail, les
services de transport (ce qui comprend les
compagnies aériennes), l'éducation, les arts et
loisirs et les services de restauration,
représentent d'ordinaire le tiers des emplois
environ et de 20 % à 25 % du
PIB provincial. L'arrêt de grandes portions de ces
secteurs pour une période de deux mois
soustrairait aisément et immédiatement de trois à
quatre points de pourcentage à la croissance dans
la plupart des provinces.
Les fermetures d'entreprises, les mises à pied
massives et la forte réduction des heures de
travail de ceux qui occupent toujours un emploi
produisent des effets supplémentaires dans
d'autres secteurs, ce qui accentue les pertes
d'emploi et aggrave la contraction économique. En
définitive, 2020 marquera le plus important
recul du PIB en un an pour toutes les provinces, à
l'exception de Terre-Neuve-et-Labrador et de la
Colombie-Britannique. La hausse importante des
pertes d'emplois, enregistrée en mars et en avril,
catapultera le taux de chômage à plus
de 10 % dans chaque province à court
terme, puis ce taux diminuera progressivement
durant le deuxième semestre de l'année en cours.
Le taux de chômage de l'Alberta, de la
Saskatchewan et de Terre-Neuve-et-Labrador ne
reviendra pas sous les 10 %
avant 2021, au plus tôt.
Les perspectives économiques des provinces
productrices de pétrole sont particulièrement
sombres. L'effondrement des prix du pétrole a déjà
secoué brutalement les entreprises de ce secteur.
Hélas, nous ne prévoyons qu'une remontée très
graduelle des prix du pétrole au cours de la
prochaine année. La baisse marquée des flux de
trésorerie oblige les producteurs à réduire les
investissements, les emplois et la production.
Nous nous attendons à une perte de 440 000
emplois en Alberta et de 80 000 emplois
en Saskatchewan durant la crise. Comparativement à
la récession de 2015-2016, il s'agit de
pertes presque sept fois plus élevées pour
l'Alberta et cinq fois plus importantes pour la
Saskatchewan. À notre avis, le taux de chômage
montera à 20 % durant le trimestre en
cours en Alberta et à 15 % en
Saskatchewan, des niveaux inégalés par ces deux
provinces.
Les mesures extraordinaires mises en oeuvre par
tous les paliers de gouvernement (qui, selon nos
calculs, totalisent presque 315 milliards de
dollars jusqu'à présent pour le gouvernement
fédéral et les plus grandes provinces seulement)
et la Banque du Canada au cours des dernières
semaines faciliteront cette reprise.
Ce sont principalement les initiatives fédérales
qui ont attiré l'attention, mais les gouvernements
provinciaux ont également mis en oeuvre des
mesures importantes pour aider les personnes et
les entreprises durant la crise. Ces mesures
comprennent des paiements ponctuels directs aux
personnes en isolement volontaire ou dont les
emplois ont été touchés par la pandémie, ainsi que
le report du paiement des factures et des prêts
étudiants. Pour les entreprises, certains
gouvernements provinciaux proposent un soutien
financier pour accroître les liquidités (2,5
milliards de dollars au Québec), des garanties de
prêt ainsi qu'un report de divers impôts, soit des
impôts fonciers prélevés aux fins scolaires aux
déclarations de taxes de vente. D'autres mesures
provinciales comprennent une aide directe aux
secteurs durement touchés, comme le tourisme et
l'hébergement (par exemple, la
Colombie-Britannique consacre 1,5 milliard de
dollars aux efforts de reprise économique). La
banque centrale et tous les paliers de
gouvernement ont indiqué qu'ils étaient prêts à en
faire davantage au besoin.
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