La nécessité de changer la direction de l'économie

L'organisation de l'économie

La pandémie a révélé à quel point désuète est l'organisation actuelle de l'économie sous le contrôle de l'oligarchie impérialiste. Ceux qui possèdent et contrôlent l'économie l'ont organisée de telle manière que les producteurs réels de la valeur sont considérés comme un coût de production dans leur comptabilité et dans leur conscience, un coût de production humain pour ceux qui possèdent et contrôlent l'économie. Pour favoriser les intérêts étroits de l'oligarchie impérialiste et sa soif insatiable de profit, de richesse et de pouvoir privés, les travailleurs qui produisent tous les biens et services dont le peuple et la société ont besoin pour exister ont été réduits à une force de production comme les autres, semblable à une machine qui n'a pas son mot à dire dans l'organisation du travail, sa direction, sa planification ou ce qu'il advient du produit social et de sa valeur.

L'aliénation de la main-d'oeuvre par rapport au travail qu'elle accomplit, aux moyens de production qu'elle utilise, à la valeur qu'elle produit, à la direction de l'économie et à la façon dont elle pourrait être organisée se conjugue au statut ignominieux de « coût de production » pour former une combinaison mortelle pour tous, ce qui est particulièrement évident durant cette pandémie. Les travailleurs n'ont pas leur mot à dire sur la manière dont l'économie doit réagir à la pandémie. Ils sont obligés d'écouter l'élite dirigeante et de se plaindre après coup lorsque tout s'écroule.

Au lieu d'être mobilisés pour combattre le virus et participer activement et consciemment à la prise de décision sur comment mener la bataille, les travailleurs sont victimisés : ils sont quelque chose qui doit être réduit et désactivé de la même manière que les machines afin que ceux qui contrôlent les éliminent comme un coût pendant la période difficile pour sauver ce qu'ils peuvent de leur richesse privée, leur pouvoir et leur contrôle.

La marginalisation de la classe ouvrière s'étend au-delà du lieu de travail, elle se répercute sur les affaires politiques et les formes sociales et la vie privée des travailleurs, car ils deviennent la cible des mesures que les autorités jugent nécessaires pour faire face à la pandémie. La désactivation d'une grande partie de la main-d'oeuvre, en particulier les femmes et les jeunes, et le refus de mobiliser la population pour lutter contre la pandémie paralysent l'économie et l'ensemble de la société, mettant en danger la sécurité alimentaire et la santé mentale de la population.

Les travailleurs sont le facteur humain essentiel dans la production des biens et services dont le peuple et la société dépendent pour leur existence et sont la force humaine nécessaire pour surmonter toute crise de santé publique.  Le fait que l'élite dirigeante refuse au facteur humain son droit de diriger l'économie dans laquelle il travaille et son refus de reconnaître que ceux qui font le travail sont ceux qui doivent décider de ce qui doit être fait pour résoudre les problèmes provoquent des désastres fréquents.

Parce que l'élite dirigeante considère les travailleurs comme des objets et comme un coût de production et parce qu'elle considère que la seule utilité du travail que font les travailleurs est de générer des profits privés pour quelques-uns, elle a aggravé la situation pendant la pandémie avec des décisions absurdes et irrationnelles. Au lieu de réorganiser les endroits de travail  pour assurer la distanciation sociale, ce qui, dans la plupart des cas, nécessiterait que les travailleurs soient plus éloignés les uns des autres et une modification des horaires de travail, l'élite dirigeante a décidé soit d'éliminer carrément la production, soit de ne rien faire et crée ainsi des points chauds d'infection, comme on le voit dans l'industrie agroalimentaire présentement.

Le tableau qui est dépeint est celui de travailleurs sans cervelle, pris dans l'isolement sans la capacité d'affronter la maladie en tant qu'êtres humains pensants en unité avec leurs concitoyens. On leur dit d'accepter leur condition de force sociale subjuguée en attendant les instructions de l'élite dirigeante pour savoir quand bouger et quand respirer, privés du droit et des moyens organisés de discuter et d'échanger des vues avec leurs semblables afin d'activer le facteur humain/conscience sociale et ensemble vaincre la pandémie par des actions avec analyse.

L'élite dirigeante fait obstacle au Nouveau : elle bloque le véritable progrès que l'humanité socialisée est prête à faire. Le défi consiste à trouver une voie vers l'avant de manière concrète et pratique, passé l'obstruction érigée par la force sociale présentement aux commandes.


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 34 - 20 mai 2020

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