Numéro 8 - 12 février 2020
Les dommages causés aux Canadiens
et
à l'économie par l'emploi précaire
Expansion prédatrice
des plateformes logicielles
« Debout les travailleurs de l'économie sur
demande ! » - bannière des messagers de
Foodora lors du défilé de la Fête du travail à
Toronto le 2 septembre 2019
• Faits
saillants du rapport de Statistique Canada sur
les travailleurs dans l'économie à la demande
- K.C. Adams -
À titre d'information
• La capacité de travail
des travailleurs et la contradiction entre sa
valeur d'échange et sa valeur d'usage
Les dommages causés aux Canadiens
et à l'économie par l'emploi précaire
L'oligarchie
financière supranationale resserre son emprise
sur l'économie dans le cadre de son expansion au
Canada. Les oligarques utilisent des plateformes
logicielles pour cibler le transport urbain de
passagers, la livraison de fret et de plats
préparés, le nettoyage et la rénovation
d'hôtels, de maisons et d'entreprises et le
trafic de travailleurs contractuels à toutes
sortes d'employeurs publics et privés.
Son
but, comme toujours, n'est pas d'utiliser les
progrès de la technique scientifique pour
favoriser les travailleurs et la société,
humaniser l'environnement social et naturel et
apporter une planification moderne à la vie
urbaine et rurale, mais d'étendre son contrôle
privé sur l'économie, vaincre ses rivaux et
maximiser son profit privé. Les plateformes
logicielles et les applications sur téléphones
intelligents transforment la classe ouvrière en
« travailleurs à la demande » sans droits
dans une économie de petits boulots, d' emplois
précaires avec des salaires, des avantages
sociaux et des conditions de travail inférieurs
à la norme.
Pour lancer
leurs expansions dans de nouvelles villes, les
entreprises supranationales du transport par
applications mobiles tentent d'obtenir une opinion
publique favorable des utilisateurs de leurs
services avec des expositions répétées dans les
médias de masse sur le chaos, l'anarchie et les
lacunes du transport en commun urbain et en
particulier l'industrie du taxi. Leur solution aux
problèmes n'est pas de reconnaître la nécessité
d'un transport en commun public gratuit avec une
planification éclairée pour favoriser les
travailleurs, y compris l'utilisation
d'applications mobiles, par exemple pour mettre en
lien les passagers avec des microbus publics. Non,
pour elles il s'agit de trouver les moyens
d'augmenter l'utilisation de la voiture, de
perturber l'industrie traditionnelle du taxi,
d'exploiter le grand nombre de travailleurs
vulnérables désespérément à la recherche d'un
emploi, en particulier les nouveaux immigrants, et
d'ainsi accaparer une part toujours plus grande de
la richesse sociale de l'économie.
Les oligarques dépensent des millions de dollars
pour faire de la publicité et faire pression sur
les représentants politiques à différents niveaux
pour ouvrir la porte à leurs opérations en
contournant les réglementations existantes, en
particulier celles qui régissent l'industrie du
taxi, pour opérer en toute impunité sur le dos de
la classe ouvrière. Par un tour de
prestidigitation, ils parviennent à faire croire
que les chauffeurs des services de transport par
applications mobiles ne sont pas leurs employés,
mais de soi-disant entrepreneurs indépendants et
ne sont pas dignes de normes de travail même
minimales. Cette illusion élimine en un éclair
toute notion d'emploi stable régulier, de
rémunération des heures supplémentaires, de congés
payés et de jours fériés, ou de retenues sur la
paie pour l'assurance-emploi, les accidents du
travail et les pensions.
Les sociétés de plateforme logicielle ont déjà
une partie importante de la classe ouvrière dans
une forme d'emploi contractuel vulnérable. Même
avant le début des opérations d'Uber dans les
Basses terres du Fraser en Colombie-Britannique à
la fin de janvier, l'entreprise comptait
90 000 travailleurs à la demande comme
chauffeurs au Canada. Au-delà des chauffeurs qui
transportent des passagers et livrent de la
nourriture, les employés d'hôtel et d'autres sont
victimes de trafic via des applications et
affectés à des lieux de travail spécifiques pour
une durée limitée dans ce qu'on appelle l'économie
sur demande ou l'économie de petits boulots.
Statistique Canada estime qu'en 2016 le
nombre de travailleurs sur demande était passé
à 1,66 million au pays.
Pour éviter l'impôt sur le revenu des sociétés,
le paiement via l'application logicielle se fait à
l'extérieur du pays. C'est du moins le cas d'Uber
selon différentes enquêtes. Cela se fait aux
Pays-Bas, puis par des paradis fiscaux comme les
Bermudes. Une grande partie du profit serait
utilisée pour s'emparer de nouveaux secteurs,
comme Uber et Lyft le font en
Colombie-Britannique, où le gouvernement de
coalition du NPD et du Parti vert leur accorde le
droit de fonctionner sans aucun des règlements
régissant actuellement l'industrie du taxi et sans
se soucier de la pollution supplémentaire, de la
congestion des véhicules sur les routes, de l'abus
évident de travailleurs vulnérables et de la
réduction des revenus des chauffeurs de taxi.
LML appelle les Canadiens à soutenir
pleinement les campagnes en cours pour organiser
les chauffeurs du transport et les livreurs sur
demande par applications mobiles pour défendre
leurs droits et leurs réclamations à la nouvelle
valeur qu'ils produisent, ainsi que pour dénoncer
les partis-cartels au pouvoir pour leur
capitulation à la pression de l'oligarchie
financière supranationale pour faciliter les
stratagèmes pour payer les riches.
Voir Les
chauffeurs d'Uber s'unissent et Justice
for Foodora courriers pour plus
d'informations.
- K.C. Adams -
Voici des renseignements pertinents concernant
les travailleurs à la demande tirés du document de
recherche de décembre 2019 de Statistique
Canada intitulé « Mesurer l'économie à la demande
au Canada au moyen des données
administratives », qui examine les données
fiscales et administratives de l'Agence du revenu
du Canada (ARC), la Base de données canadienne sur
la dynamique employeurs-employés (BDCDEE),
l'Enquête sur la population active (EPA) et autres
sources. Les commentaires séparés de LML
sont donnés entre crochets.
Les travailleurs à la demande ne sont
généralement pas employés à long terme par une
seule entreprise ; au lieu de cela, ils
concluent divers contrats avec des entreprises ou
des individus (demandeurs de tâches) pour
accomplir une tâche spécifique ou pour travailler
durant une période de temps spécifique pour
laquelle ils sont payés une somme négociée. Cela
comprend des entrepreneurs indépendants ou des
pigistes avec des qualifications particulières et,
de plus en plus, des travailleurs à la demande
embauchés pour des emplois qui sont offerts et
négociés par le biais du nombre croissant de
plateformes en ligne et de marchés par l'approche
participative axée sur l'offre tels que Uber,
Lyft, TaskRabbit, Upwork, Guru, Fiverr et
Freelancer. Les revenus et l'activité
professionnelle des travailleurs à la demande sont
incertains, mineurs ou occasionnels.
De 2005
à 2016, le pourcentage de travailleurs à la
demande par rapport à la main-d'oeuvre totale au
Canada est passé de 5,5 %
à 8,2 %. Cela
représente 1 666 061 travailleurs à
la demande en 2016. Ces derniers n'ont perçu
aucun salaire ni traitement à déclarer comme
revenu imposable sur le feuillet T4 ou ont combiné
leur travail à la demande avec les salaires ou
traitements imposables sur le feuillet T4.
Une partie de l'augmentation à 8,2 %
est attribuable à l'introduction et à la
prolifération de plateformes en ligne employant
des travailleurs à la demande avec des modalités
de travail très « souples » et souvent peu
contraignantes (Uber, Lyft, etc.).
Le revenu annuel d'un travailleur à la demande
typique était généralement faible. Le revenu
médian net des travailleurs à la demande
en 2016 n'était que
de 4 303 $. Les travailleurs les
moins bien payés dans les 40 % les plus
modestes de la répartition annuelle des revenus
étaient environ deux fois plus susceptibles de
participer à un travail à la demande que les
autres travailleurs.
Le travail à la demande n'était généralement
qu'une activité temporaire. Environ la moitié de
ceux qui ont commencé un travail à la demande au
cours d'une année donnée n'avaient aucun revenu
provenant du travail à la demande l'année
suivante. Cependant, une part non négligeable des
nouveaux arrivants - environ le quart - sont
demeurés des travailleurs à la demande pendant
trois ans ou plus.
Le travail à
la demande était plus répandu chez les immigrants
que chez les personnes nées au Canada. En
fait, 10,8 % des travailleurs immigrants
de sexe masculin qui étaient au Canada depuis
moins de cinq ans étaient des travailleurs à la
demande en 2016, comparativement à 6,1 %
des travailleurs nés au Canada.
Un sondage de 2017 a révélé
que 9 % de la main-d'oeuvre de la région
métropolitaine de Toronto travaillait par le biais
de plateformes en ligne. Les personnes qui
travaillent via des plateformes en ligne ne sont
qu'une partie de l'économie à la demande, car tous
les employés à la demande ne le font pas.
Les travailleurs à la demande sont susceptibles
en ce moment d'être classifiés aux fins d'impôts
(et s'ils sont admissibles ou non aux prestations
organisées par l'État et payées entièrement ou en
partie par l'entreprise, telles que
l'assurance-emploi (AE), les indemnités pour les
accidents du travail et les prestations du Régime
de pensions du Canada) comme des travailleurs
indépendants au sein d'entreprises non constituées
en société qui déclarent un revenu d'entreprise,
professionnel ou de commission dans leur
déclaration de revenus. Ils doivent remplir un
formulaire T2125 - État des résultats des
activités d'une entreprise ou d'une profession
libérale et le joindre à leur formulaire d'impôt
T1. Ils ne reçoivent pas de un feuillet T4 de
relevé de revenus de leur employeur qui embauche
des travailleurs à la demande.
StatCan entend par « travailleurs » tous les
particuliers a) qui ont déclaré un revenu d'emploi
tiré de feuillets T4 ou d'autres revenus d'emploi,
comme des pourboires, des gratifications ou des
jetons de présence, sur leur formulaire T1 ;
b) qui ont déclaré sur un formulaire T2125 un
revenu de travail indépendant dans une entreprise
non constituée en société ; c) qui ont été
identifiés comme propriétaires d'entreprises
constituées en société dans les déclarations de
revenus des sociétés.
L'Enquête sur la population active (EPA) classe
les travailleurs en plusieurs catégories :
les employés des secteurs privé et public, les
travailleurs indépendants au sein d'entreprises
constituées en société avec et sans employés, les
travailleurs indépendants au sein d'entreprises
non constituées en société avec et sans employés
et les employés privés travaillant dans des
entreprises familiales sans salaire.
StatCan considère que les travailleurs à la
demande ne sont pas des salariés, n'ont pas de
contrat à long terme avec un employeur, n'ont pas
d'horaire de travail prévisible et n'ont pas de
revenus prévisibles. Ils sont des travailleurs
indépendants pigistes au sein d'entreprises non
constituées en société, des journaliers ou des
personnes qui travaillent à partir de plateformes
en ligne. StatCan définit partiellement les
travailleurs à la demande par la façon dont les
travailleurs déclarent leurs conditions de travail
aux autorités fiscales.
[Commentaire : De cette façon,
l'employeur et les autorités de l'État classent
subjectivement les travailleurs en tant que
travailleurs ou non selon ce qui favorise les
intérêts de ceux qui achètent la valeur d'échange
de la capacité de travail de la classe ouvrière et
prennent le contrôle de sa valeur d'usage et de la
valeur sociale produite par les travailleurs.
Selon une loi ou un code du travail particulier,
une classification en tant que travailleurs
indépendants pigistes au sein d'entreprises
constituées ou non en société, des journaliers ou
travailleurs à la demande employés via une
plateforme logicielle ou sous contrat avec des
trafiquants de travailleurs peut signifier que
l'employeur n'a pas à garantir de normes de
rémunération pour des heures supplémentaires, des
vacances payées, un salaire minimum, des congés de
maladie payés ; à payer en partie ou en
totalité pour les prestations et les retenues
salariales organisées par l'État pour
l'assurance-emploi, l'indemnisation des accidentés
du travail ou les pensions ; à satisfaire à
certaines normes établies en matière d'assurance
pour un emploi particulier, de qualifications pour
le travail, de sécurité pendant le travail ou de
reconnaître le droit légal de former une
organisation de défense collective (syndicat).
Cela signifie que ces entreprises de plateforme
logicielle peuvent faire baisser le niveau de vie
de la classe ouvrière en utilisant de nouvelles
formes de lutte de classe contre les travailleurs.
Ils agissent également comme des perturbateurs des
entreprises traditionnelles, en particulier
l'industrie du taxi à ce moment-ci. Les
entreprises de transport en commun et autres qui
utilisent des plateformes logicielles ne sont pas
soumises aux tarifs du marché que les autorités
publiques ont mis en place pour les sociétés de
taxi, selon la valeur d'échange établie pour la
capacité de travail des employés, à d'autres
normes d'assurance et de permis, au nombre de
voitures qu'elles peuvent déployer et à l'exigence
qu'un certain nombre de voitures doivent être
fournies pour gérer les passagers qui ont des
besoins spéciaux.
Cela signifie qu'Uber et Lyft, par exemple,
peuvent faire baisser les prix du marché et voler
des parts de marché aux sociétés de taxis déjà
établies et les faire cesser leurs activités. Les
sociétés de plateformes logicielles qui opèrent en
dehors des normes établies peuvent perturber les
entreprises traditionnelles, les faire cesser
leurs activités, faire baisser les salaires et les
conditions d'emploi des travailleurs, puis
augmenter progressivement les prix du marché
qu'elles facturent pour le profit privé maximum.
En plus, Uber et Lyft peuvent charger un tarif «
de pointe » pendant les périodes de forte
demande ou quand leurs algorithmes leur indiquent
qu'ils peuvent le faire. Après seulement une
semaine d'exploitation d'Uber et de Lyft à
Vancouver, les compagnies de taxi et les
chauffeurs ont signalé une baisse
de 30 % de leur activité. La
prolifération des plateformes logicielles de
covoiturage et d'autopartage aggrave également
l'anarchie générale et le chaos du système de
transport urbain, générant encore plus de
congestion sur les routes, des embouteillages, des
accidents et la pollution de l'air.
Sans que les entreprises émettent un feuillet T4
pour ce que les travailleurs reçoivent en échange
de la valeur d'échange de leur capacité de
travail, la valeur ajoutée que l'entreprise qui
embauche les travailleurs à la demande exproprie
de la vente du service que les travailleurs
produisent peut être dissimulée aux autorités
publiques. Dans ce cas, l'employeur n'a pas à
déclarer de différence entre le revenu brut de la
vente du service (ou du bien) que le travailleur
produit pour lequel un client paie, et le montant
que l'employeur déduit du revenu brut pour payer
la valeur d'échange de la capacité à travailler et
pour toute valeur transférée consommée provenant
d'équipements fixes et de matériel roulant ou de
frais. L'employeur peut dissimuler et déplacer la
valeur ajoutée (profit) expropriée hors de
l'économie et du pays vers un paradis fiscal.
Selon de nombreux rapports, Uber a pour pratique
d'envoyer la totalité des revenus bruts aux
Pays-Bas, d'où il retourne la valeur d'échange
pour le conducteur et tout l'argent nécessaire
pour payer les frais et la valeur transférée déjà
produite (les coûts de production). La valeur
ajoutée restante (le profit) est apparemment
ensuite envoyée dans des paradis fiscaux aux
Bermudes.]
***
Le revenu médian d'entreprise des
travailleurs indépendants au sein d'entreprises
non constituées en société était
de 10 000 $ en 2013. Moins
de 4 % des travailleurs indépendants au
sein d'entreprises non constituées en société de
la BDCDEE avaient des employés. Ce résultat est
conforme à la notion (basée sur des données
fiscales) que le travail indépendant est une
activité relativement mineure pour bon nombre de
particuliers considérés comme travailleurs
indépendants au sein d'entreprises non constituées
en société.
Parmi les travailleurs à la
demande, 48,6 % n'avaient pas d'emploi
rémunéré et n'ont déclaré aucun revenu d'emploi,
tandis que 36,3 % d'entre eux avaient un
emploi rémunéré et environ 15,1 % avaient
plusieurs emplois rémunérés. Par conséquent, les
travailleurs à la demande sont répartis presque
également entre ceux qui n'ont pas d'autres
revenus à part leurs revenus provenant du travail
à la demande et ceux qui complètent leurs salaires
et traitements par des revenus tirés de leurs
activités de travail à la demande. Le revenu
médian net pour le travail à la demande
en 2016 était de
seulement 4 303 $.
La part médiane du revenu de travail à la demande
par rapport aux revenus totaux était de 76 %,
ce qui signifie que, pour environ la moitié de
tous les travailleurs à la demande, les revenus
issus du travail à la demande représentaient plus
des trois quarts de leurs revenus annuels totaux.
Pour plus d'un quart de tous les travailleurs à la
demande, les revenus issus du travail à la demande
représentaient la totalité des revenus.
La première
augmentation de travailleurs à la demande
correspond à la récession de 2008-2009 ; elle
a été un peu plus marquée chez les hommes que chez
les femmes. La période où est survenue cette
augmentation donne à penser que la croissance de
la part de travailleurs à la demande au cours de
ces années peut être attribuable, en grande
partie, à des facteurs contraignants comme la
baisse des perspectives d'emploi. La deuxième
hausse marquée a été observée vers 2012-2013,
mais la raison est moins évidente et pourrait être
liée à la multiplication des plateformes en ligne
au Canada qui a commencé au cours de ces années.
La part de travailleurs à la demande était
beaucoup plus élevée chez les femmes que chez les
hommes, et cet écart s'est élargi avec le temps.
En 2016, la part des travailleuses à la
demande était d'environ 9,1 % et celle
des travailleurs à la demande était
d'environ 7,2 %. Ces pourcentages
correspondent en 2005 à
environ 991 320 travailleurs à la
demande et en 2016 à 1 666 061
travailleurs à la demande.
En termes de durée, 56,4 % des
travailleurs à la demande qui sont entrés
en 2013 (c'est-à-dire ceux qui étaient des
travailleurs à la demande en 2013 mais pas
en 2012) sont demeurés des travailleurs à la
demande pendant au moins un an, tandis
que 39,1 % sont restés des travailleurs
à la demande pendant deux années consécutives
et 29,8 % sont restés des travailleurs à
la demande pendant trois années consécutives. Par
exemple, c'est en 2012 qu'Uber a commencé ses
activités au Canada et récemment a commencé ses
activités à Vancouver. En 2019, Uber a
signalé 90 000 conducteurs au Canada
et 3,9 millions dans le monde. La plus grande
société de plateforme en ligne de transport de
personnes par covoiturage en Chine, appelée Didi
Chuxing, compte 21 millions de conducteurs.
Le nombre de travailleurs à la demande sans
salaire ni traitement (supplémentaire) a atteint
un sommet autour de la récession
en 2008-2009, mais est demeuré relativement
stable avant d'atteindre un autre sommet
en 2012-2013.
La part des travailleurs à la demande avec
salaire ou traitement (supplémentaire) a augmenté
de façon presque linéaire de 2006
à 2016 ; seules des hausses mineures ont
été observées autour de 2008-2009. La
tendance linéaire était particulièrement évidente
chez les travailleuses à la demande qui reçoivent
un salaire ou un traitement supplémentaire.
Le travail à la demande est devenu plus répandu
de 2005 à 2016. Les travailleurs à la
demande sans traitement ont réagi plus fortement
aux facteurs contraignants (récession) et
d'attraction (multiplication des plateformes en
ligne). Dans l'ensemble, toutefois, une proportion
croissante de travailleurs font du travail à la
demande en plus de leur emploi principal, mais par
ailleurs une proportion croissante de travailleurs
à la demande ne gagnent aucun salaire ou
traitement.
L'entrée dans le secteur du travail à la demande
aux États-Unis est généralement précédée d'une
baisse des revenus. Une tendance semblable a été
observée au Canada. Les revenus inscrits sur le
feuillet T4 ont chuté considérablement au cours de
l'année d'entrée dans le secteur du travail à la
demande, et cette baisse des revenus inscrits sur
le feuillet T4 était plus importante chez les
hommes que chez les femmes.
Les prestations d'assurance-emploi (AE) ont
augmenté avant l'entrée dans le secteur du travail
à la demande et ont chuté de façon marquée au
cours de la première année du travail à la
demande. Chez les femmes, cette tendance a été
observée tant pour les prestations ordinaires que
pour les prestations spéciales d'AE (maternité).
Des chercheurs se sont demandé si la baisse des
salaires et traitements avant la première année de
travail à la demande était la conséquence de chocs
externes tels que des pertes d'emploi ou des
réductions de salaire. Compte tenu des règles
d'admissibilité à l'AE, l'augmentation des
prestations d'AE avant l'entrée dans le secteur du
travail à la demande semble indiquer que les chocs
externes sont des facteurs importants dans la
décision d'entrer dans le secteur du travail à la
demande.
Les travailleurs indépendants au sein
d'entreprises non constituées en société qui
déclarent des revenus d'entreprise, de profession
libérale ou de commission (par exemple, les
conducteurs d'Uber et les livreurs de Lyft)
joignent un formulaire T2125 — État des résultats
des activités d'une entreprise ou d'une profession
libérale à leur formulaire (d'impôts) T1. Le
formulaire T2125 présente en détail tous les
revenus et toutes les dépenses touchant
l'exploitation de l'entreprise non constituée en
société appartenant au particulier ou touchant
l'exercice d'une profession par le particulier.
De 2005 à 2016, le taux de travail
indépendant au sein d'entreprises non constituées
en société a été stable, tout en observant que la
part des travailleurs à la demande augmentait par
rapport à tous les travailleurs canadiens. Cela
veut dire qu'un nombre croissant de travailleurs
indépendants au sein d'entreprises non constituées
en société sont des travailleurs à la demande qui
ont produit au moins un formulaire T2125.
Le travail à
la demande a-t-il remplacé ou complété des formes
moins précaires de travail indépendant non
constitué en société qui sont associées à une
entreprise formelle ? Premièrement, les
travailleurs indépendants non constitués en
société ont continué de produire les formulaires
T2125 au même taux, mais étaient de moins en moins
susceptibles de déclarer un numéro d'entreprise.
Un numéro d'entreprise est associé à une
entreprise réelle. Avec un tel scénario, le
travail à la demande a remplacé des formes plus
stables de travail indépendant qui nécessitaient
un engagement plus fort et éventuellement un
investissement initial plus important.
Il est également possible qu'un plus grand nombre
de cas de travail à la demande soient maintenant
déclarés à l'ARC parce que cela se fait de plus en
plus sur des plateformes en ligne, contrairement à
ce qui se produisait auparavant, lorsque la
plupart des activités à la demande étaient
effectuées par des amis, des voisins ou d'autres
sources informelles (le travail au noir), etc.
[Commentaire : Les employeurs des
plateformes en ligne refusent d'émettre des
feuillets T4 en disant que les travailleurs qui
fournissent le service par le biais de la
plateforme sont des travailleurs indépendants et
non des travailleurs qui vendent leur capacité de
travail. Cela signifie que l'entreprise en ligne
n'a pas à répondre à des normes fédérales ou
provinciales en ce qui concerne les conditions
d'emploi telles que les heures supplémentaires,
les jours fériés et les vacances payés, et à
cotiser à l'AE et à contribuer aux indemnités
versées aux accidentés du travail, etc.]
L'augmentation de la part des travailleurs à la
demande représente à la fois une diminution de la
part de travailleurs indépendants au sein
d'entreprises non constituées en société ayant une
entreprise stable et une augmentation du nombre de
travailleurs indépendants qui font du travail à la
demande en plus de leur activité commerciale
principale.
Aucun groupe d'âge n'est prédominant dans la
répartition selon l'âge des travailleurs à la
demande ; ces derniers étaient répartis plus ou
moins uniformément dans l'ensemble du spectre
d'âge.
La proportion de travailleurs à la demande parmi
l'ensemble des travailleurs était plus élevée là
où les possibilités de travail à la demande
étaient plus grandes, particulièrement dans les
trois régions où se trouvent les grands centres
urbains canadiens, soit Montréal, Toronto et
Vancouver.
On note que 49,8 % des travailleurs à
la demande et 45,2 % des travailleuses à
la demande faisaient partie des deux quintiles les
plus bas de la répartition du revenu total. Que ce
soit chez les hommes ou chez les femmes, la
prévalence des travailleurs à la demande dans le
quintile de revenu le plus élevé correspondait à
environ la moitié de celle des travailleurs à la
demande dans le quintile de revenu le plus bas.
(Se référer aux tableaux reproduits dans le
rapport complet pour les quintiles)
La plupart des travailleurs à la demande
travaillaient dans les services professionnels,
scientifiques et techniques (19,0 %), la
construction (12,4 %) ainsi que les services
administratifs et de soutien, de gestion des
déchets et d'assainissement (10,6 %), ce qui
comprend les activités telles que
l'administration, l'embauche et le placement de
personnel, la préparation de documents, la
prestation de services de nettoyage et
l'organisation des déplacements.
Les travailleuses à la demande étaient surtout
concentrées dans les soins de santé et l'aide
sociale (20,2 %) et dans les services
professionnels, scientifiques et techniques
(17,4 %).
La répartition industrielle des travailleurs à la
demande allait selon l'industrie dans laquelle ils
exercent leur emploi principal. L'industrie ayant
la plus forte proportion de travailleurs à la
demande masculins était celle des arts, des
spectacles et des loisirs (15,6 %), qui est
l'industrie à l'origine du terme « travail à la
demande ». On a également observé une forte
prévalence de travailleurs à la demande dans les
secteurs des soins de santé et de l'aide sociale
(13,3 %), des services d'enseignement
(11,3 %) ainsi que des services de
l'immobilier et des services de la location et
location à bail (10,8 %).
Chez les femmes, l'industrie ayant la plus forte
proportion de travailleuses à la demande était
celle des autres services (20,1 %), une vaste
catégorie qui comprend des fournisseurs de soins
personnels, des cuisiniers, des bonnes, des
gardiennes et des nourrices (mais qui exclut
l'administration publique).
Selon une étude récente, une grande partie de
l'augmentation récente des contrats indépendants
aux États-Unis était attribuable à la croissance
rapide du secteur des transports qui peut être
directement liée à Uber et à des plateformes en
ligne similaires. Une augmentation marquée de la
part des travailleurs à la demande a été observée
dans les services de taxi et de limousine au
milieu des années 2010. Pourtant, même
en 2016, alors que la part de travailleurs à
la demande masculins dans les services de taxi et
de limousine a presque doublé par rapport
à 2014, cette part ne dépassait
pas 3 % de l'ensemble des travailleurs à
la demande masculins.
Plus d'un tiers de tous les travailleurs à la
demande masculins (36,0 %) possédaient un
diplôme universitaire, tandis qu'un pourcentage
semblable de travailleurs à la demande masculins
n'avaient qu'un diplôme d'études secondaires ou un
niveau de scolarité moins élevé.
Il y avait une prévalence particulièrement élevée
de travailleurs à la demande chez les hommes
(13,7 %) et les femmes (16,5 %) qui
possédaient un diplôme d'études supérieures
(maîtrise ou grade supérieur). Il est probable que
la prolifération des marchés suivant l'approche
participative axée sur l'offre, tels que Upwork et
Freelancer, a contribué à ces nombres.
Plus d'un tiers de tous les travailleurs à la
demande et plus d'un quart de toutes les
travailleuses à la demande n'avaient qu'un diplôme
d'études secondaires ou un niveau de scolarité
moins élevé, et un peu plus d'un tiers des
travailleurs et des travailleuses à la demande
possédaient un diplôme universitaire. StatCan fait
remarquer que les travailleurs des quintiles les
plus élevés de la répartition du revenu étaient
moins susceptibles d'être des travailleurs à la
demande que ceux des quintiles les plus bas.
La proportion de travailleurs à la demande était
considérablement plus élevée chez les immigrants,
en particulier les immigrants récents, par rapport
aux travailleurs nés au Canada. Plus d'un tiers de
tous les travailleurs à la demande masculins
étaient des immigrants. Il s'agit d'une proportion
beaucoup plus importante que la proportion
d'immigrants dans la population active canadienne
(environ 24 % en 2016). Même les
immigrants qui étaient au Canada depuis 20 ans ou
plus étaient plus susceptibles d'être considérés
comme des travailleurs à la demande que les
travailleurs nés au Canada. Parmi les immigrants
récents, les immigrants étaient plus susceptibles
d'être des travailleurs à la demande que les
immigrantes, mais l'inverse était vrai pour les
immigrants qui étaient au Canada depuis 20
ans ou plus.
Dix-neuf virgule six pourcent (19,6 %) des
travailleurs à la demande masculins étaient des
personnes dont les principales professions
exercées se situaient dans le domaine des métiers,
du transport et de la machinerie et des
professions connexes. Les travailleuses à la
demande dont les occupations étaient concentrées
dans les secteurs des ventes et des services
(22,1 %) ainsi que de l'éducation, du droit
et des services sociaux, communautaires et
gouvernementaux (20,3 %) sont les plus
nombreuses.
La part de travailleurs à la demande parmi
l'ensemble des travailleurs était la plus élevée
chez les travailleurs qui exercent une profession
principalement dans le domaine des arts, de la
culture, des loisirs et des sports (24,2 %
pour les hommes et 26,6 % pour les
femmes). Environ 8,6 % des travailleurs
à la demande et 9,8 % des travailleuses
à la demande ont déclaré ne pas avoir travaillé
en 2015 ou 2016, selon le recensement.
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À titre
d'information
La définition d'un travailleur de Statistique
Canada est plus large que celle des lois fédérales
et provinciales du travail, qui introduisent des
questions comme le contrôle des conditions de
travail et la question de savoir si ceux qui
vendent leur capacité de travail ont leur mot à
dire sur les conditions d'emploi ou possèdent des
équipements utilisés dans le travail. Toutes ces
définitions sont en contradiction avec les
conditions concrètes de l'économie impérialiste,
son mode de production et sa structure étatique
dominés par une oligarchie financière qui exploite
la classe ouvrière.
L'économie
impérialiste se compose de deux classes sociales
principales, la classe ouvrière et l'oligarchie
financière. La classe ouvrière qui gagne sa vie
par le travail vend sa capacité de travail et
travaille pour ceux qui l'achètent. Ceux qui
achètent sa capacité de travail de la classe
ouvrière , dont en tête l'oligarchie financière,
contrôlent les principaux moyens de production, la
structure étatique et ses entreprises, ainsi que
la valeur sociale que les travailleurs produisent,
notamment la valeur ajoutée qui constitue la base
du profit.
En général, dans l'économie impérialiste toute
activité qui ne tombe pas sous le contrôle de
l'oligarchie financière et ne sert pas à étendre
ou à préserver sa richesse sociale privée par
l'expropriation d'une partie de la valeur nouvelle
que les travailleurs produisent, la valeur
ajoutée, est considérée comme illégitime ou
indésirable. En somme, sous l'impérialisme, aucune
activité économique n'a d'utilité pour
l'oligarchie financière en place, à moins qu'elle
ne puisse augmenter ou préserver sa richesse
sociale et son pouvoir.
La capacité de travail
Comme toutes les marchandises sur le marché, la
capacité de travail de la classe ouvrière a une
valeur d'échange et une valeur d'usage.
Contrairement à d'autres marchandises, la valeur
d'usage de la capacité de travail est toujours
supérieure à sa valeur d'échange. La valeur
d'échange est équivalente à la valeur investie
pour former la capacité de travail des
travailleurs depuis leur naissance et ajustée à
son offre et sa demande sur le marché du travail
et au niveau de la lutte de classe organisée par
la classe ouvrière pour défendre ses
revendications et ses droits.
La valeur d'usage équivaut à la valeur nouvelle
que la capacité de travail produit dans l'économie
impérialiste. La valeur nouvelle que les
travailleurs produisent se compose de l'équivalent
de sa valeur reproduite à laquelle s'ajoute une
valeur additionnelle appelée la valeur ajoutée qui
constitue le profit qu'exproprient ceux qui
achètent la capacité de travail.
Les travailleurs sur le marché du travail
impérialiste vendent leur valeur d'échange. Ceux
qui achètent la capacité de travail exploitent la
valeur d'usage des travailleurs et s'emparent du
produit social produit par la valeur d'usage. Le
produit social contient la valeur transférée de la
valeur déjà produite consommée au cours du
processus de production et la valeur nouvelle qui
se compose de la quantité reproduite équivalente à
la valeur d'échange de la capacité de travail et
une quantité additionnelle, la valeur ajoutée qui
est le profit qu'exproprient ceux qui achètent la
capacité de travail.
La présence dans l'économie des travailleurs qui
vendent un service ou un bien qu'ils produisent
eux-mêmes en dehors du marché du travail
impérialiste est négligeable. Dans leurs cas, ils
ne vendent pas leur capacité de travail comme
valeur d'échange à un acheteur qui en prend le
contrôle. Ils peuvent vendre leur capacité de
travail sur le marché du travail ponctuellement ou
non, et produire leurs propres biens et services
comme revenu supplémentaire qu'ils peuvent ou non
déclarer à l'Agence du revenu du Canada. Cela
dépend dans une large mesure si l'acheteur du bien
ou du service demande un reçu aux fins de l'impôt
sur le revenu.
Les travailleurs à l'extérieur du marché du
travail impérialiste
Les travailleurs engagés dans la vente directe de
leurs propres biens et services reçoivent un
paiement pour la valeur du bien qu'ils produisent,
qui comprend la valeur d'usage de leur capacité de
travail pour la période de travail particulière et
toute valeur (vieille) déjà produite qu'ils
peuvent utiliser. S'il est pleinement réalisé, le
total reçu est équivalent au prix de production du
bien ou du service que le travailleur a produit et
vendu. De cette manière, les travailleurs ne
vendent pas leur capacité de travail comme valeur
d'échange à quelqu'un d'autre. Ils conservent le
contrôle de la valeur d'usage de leur capacité de
travail et vendent directement ce qu'ils
produisent. Leur capacité de travail n'est pas
aliénée à une autre personne qui en achète la
valeur d'échange et qui, ce faisant, prend le
contrôle de la valeur d'usage et de la valeur
totale de la production, qui est supérieure au
montant payé pour la valeur d'échange.
Statistique Canada dit : « L'approche
méthodologique adoptée dans l'étude n'est pas sans
limites. Certes, il est peu probable que cette
approche englobe des activités comme le
gardiennage occasionnel, la promenade des chiens,
la tonte de la pelouse (gardiennage, nettoyage et
rénovation de la maison) ou d'autres activités
informelles semblables qui se déroulent
habituellement entre membres de la famille, amis
et voisins. Ces activités ont toujours fait partie
de la vie quotidienne, mais ne sont généralement
pas considérées comme des activités sur le marché
du travail et sont donc moins prioritaires pour
les chercheurs intéressés par la dynamique du
marché du travail. Selon une étude canadienne
récente fondée sur les données de l'Enquête
canadienne sur les attentes des consommateurs,
environ 30 % des répondants ont déclaré
qu'ils participaient à une forme quelconque
d'activité informelle rémunérée. Cependant, si
l'on exclut ceux qui ont participé à de telles
activités pour le plaisir, la part chute
à 18 %. »
Le travail effectué en dehors du marché du
travail impérialiste et du rapport social avec
ceux qui achètent la capacité de travail des
travailleurs peut être le seul travail qu'un
travailleur effectue ou le seul moyen de gagner de
l'argent supplémentaire en vendant, à temps
partiel ou à temps plein ou pendant ses études, sa
capacité de travail sur le marché du travail. Ce
travail souvent de base en dehors du marché du
travail impérialiste et du rapport social
d'exploitation préfigure sous une forme
rudimentaire la nouvelle direction de l'économie
où une classe ouvrière moderne contrôle sa
capacité de travail sans avoir à la vendre et à
l'aliéner sur un marché du travail.
Cela exige que la classe ouvrière s'organise en
une puissante force économique et politique
indépendante pour se libérer du rapport social
d'exploitation avec les oligarques financiers,
détruire leur contrôle des principaux moyens de
production et de la structure de l'État, et
construire de nouvelles formes et institutions qui
conduisent à l'émancipation complète de la classe
ouvrière et à l'élimination de toutes les formes
d'exploitation de l'être humain par l'être humain.
Le rapport social entre ceux qui vendent leur
capacité
de travail et ceux qui l'achètent
Les travailleurs dans l'économie impérialiste et
sur son marché du travail existent dans un rapport
social avec ceux qui achètent leur capacité de
travail. L'acheteur ou l'employeur paie les
travailleurs pour la valeur d'échange de leur
capacité de travail. Une fois achetée, la capacité
de travail du vendeur est aliénée. L'acheteur
prend le contrôle de la capacité de travail du
vendeur, la transforme en valeur d'usage et
l'utilise.
La réalisation de la valeur d'échange de la
capacité de travail par un salaire ou une autre
forme de paiement transforme la valeur d'échange
en une valeur d'usage contrôlée par l'acheteur. La
valeur d'usage de la capacité de travail pour une
période donnée est équivalente à la valeur
nouvelle produite par les travailleurs et est
supérieure à la valeur d'échange payée pour la
même période. L'utilisation de la valeur d'usage
reproduit sa valeur d'échange et produit un
montant supplémentaire appelé valeur ajoutée, qui
constitue la base du profit. La somme de la valeur
reproduite et de la valeur ajoutée est la valeur
nouvelle égale à la valeur d'usage de la capacité
de travail pour une période donnée.
Dans l'économie impérialiste, les travailleurs
produisent la valeur ajoutée que leur employeur
exproprie comme profit. Les travailleurs qui
vendent leur capacité de travail et ceux qui
l'achètent entrent dans un rapport social
dialectique. Le rapport social est la condition
fondamentale ou le rapport social fondamental sous
l'impérialisme pour que les travailleurs gagnent
leur vie et que l'oligarchie financière exproprie
le profit.
L'acheteur de la valeur d'échange de la capacité
de travail domine le rapport social parce que les
acheteurs dominent le mode de production
impérialiste ; ils possèdent ou contrôlent
les moyens de production et le produit social que
les travailleurs produisent et la structure de
l'État.
Ceux qui vendent leur capacité de travail, la
classe ouvrière, doivent s'organiser
collectivement pour se défendre et défendre leurs
revendications et leurs droits dans les conditions
concrètes du rapport social d'exploitation. Pour
sortir de cette dictature, la classe ouvrière doit
se libérer du rapport social avec les acheteurs de
la valeur d'échange de sa capacité de travail. La
résolution de la dialectique exige une lutte de
classe organisée pour sortir du rapport social et
faire naître une classe ouvrière moderne, une
synthèse qui prend le contrôle de sa capacité de
travail dans un nouveau mode de production et une
nouvelle structure d'État et qui n'est plus piégée
dans un rapport social avec ceux qui achètent sa
capacité à travail. Avec cette synthèse et cette
nouvelle direction de l'économie, les travailleurs
modernes posséderont et contrôleront les moyens de
production et l'ensemble du produit social qu'ils
produisent et la structure d'Etat, et seront en
mesure de planifier et d'utiliser leur capacité de
travail et le produit social qu'ils produisent
pour garantir les droits de toutes et de tous et
de la société, et humaniser l'environnement social
et naturel.
Uber et Lyft achètent la valeur d'échange de la
capacité
de travail de leurs chauffeurs
Les travailleurs qui conduisent pour Uber ou Lyft
vendent la valeur d'échange de leur capacité de
travail aux entreprises qui possèdent et
contrôlent les plateformes logicielles de
répartiteur téléphonique et les trajets réalisés
(payants) et autres services que produisent les
conducteurs. Uber et Lyft utilisent la capacité de
travail, qu'ils ont achetée comme valeur
d'échange, et l'utilisent comme valeur d'usage
pour produire un produit social, principalement
des trajets d'un point A à un point B, mais aussi
pour d'autres services comme les livraisons, le
nettoyage, le travail dans les hôtels et les
entrepôts et les services publics.
Le passager/acheteur du service, le trajet, paie
avec une carte de crédit la valeur d'usage
produite par le conducteur et la valeur transférée
de la valeur déjà produite, comme celle de la
voiture et de l'essence, et d'autres frais
connexes calculés au prorata de la longueur et de
la durée du trajet pour les frais d'assurance, de
permis et autres. L'entreprise réalise le paiement
de la valeur d'échange du conducteur en utilisant
une partie du montant que le passager paie pour le
trajet ; l'entreprise paie la partie convenue
pour la valeur transférée et les frais, et
exproprie comme profit (la valeur ajoutée) le
reste de la valeur nouvelle que le conducteur a
produit.
Les entreprises de transport de personnes à la
demande et les autres entreprises qui utilisent
des plateformes logicielles ne sont pas soumises
aux prix du marché que les autorités publiques ont
mis en place pour les entreprises de taxis, ni au
nombre de voitures qu'elles peuvent déployer, ni à
la valeur d'échange établie pour la capacité de
travail des personnes employées.
Uber et Lyft peuvent proposer des prix inférieurs
au marché et voler des parts de marché aux
entreprises de taxi déjà établies et les pousser à
la faillite comme elles le font déjà à Los Angeles
et à New York. Les entreprises de plateformes
logicielles utilisent les nouvelles forces
productives pour favoriser l'oligarchie financière
et non pour favoriser la classe ouvrière et
l'économie. Elles multiplient les attaques
prédatrices contre la classe ouvrière, comme le
trafic de travailleurs et le travail précaire, qui
font baisser les salaires et les conditions
d'emploi des travailleurs.
Dans le rapport social entre les travailleurs qui
vendent leur capacité de travail et ceux qui
l'achètent, la méthode utilisée pour déterminer le
montant particulier de la valeur d'échange en
argent peut varier considérablement.
Le paiement de la valeur d'échange de la capacité
de travail peut être pour une durée déterminée,
par exemple une heure, une journée ou plus, appelé
salaire ou rémunération ou le paiement pour un
certain volume de biens ou de services, appelé
paiement à la pièce, ou paiement pour une tâche ou
un service particulier, ce qui ressemble à la
pratique d'engager des travailleurs à la demande
ou pour effectuer un travail à la demande qui peut
combiner à la fois temps et volume (c'est-à-dire
la durée et la distance d'un trajet). Le paiement
de la valeur d'échange de la capacité de travail
ne comprend qu'une partie de la valeur nouvelle
que les travailleurs produisent dans le cours de
l'utilisation de leur capacité de travail. Ceux
qui achètent la valeur d'échange de la capacité de
travail exproprient l'autre partie de la valeur
nouvelle comme profit (la valeur ajoutée).
Le fait que les travailleurs possèdent leurs
propres outils, vêtements ou même certains
équipements utilisés dans le cadre du travail,
comme une voiture, ne modifie pas le rapport
social d'exploitation qu'ils entretiennent avec
ceux qui achètent leur capacité de travail.
La possession ou non par les travailleurs d'un
certain matériel fixe et roulant consommés pendant
le travail ne modifie pas le rapport social entre
les travailleurs qui vendent la valeur d'échange
de leur capacité de travail et ceux qui
l'achètent. En fait, obliger les travailleurs à
acheter certaines valeurs fixes et circulantes
déjà produites utilisées dans le travail, ce que
font Uber et Lyft avec les véhicules, augmente le
taux de profit de ceux qui achètent la capacité de
travail des travailleurs.
Les
travailleurs n'ont pas la richesse sociale
individuelle pour acheter et posséder des moyens
de production plus importants et plus coûteux
comme des usines et des machines, bien que cela
puisse être fait collectivement comme un front de
lutte de classe pour augmenter la force économique
indépendante de la classe ouvrière en vue de se
libérer collectivement du rapport social
dictatorial de l'oligarchie financière.
Les questions de contrôle et de conditions
d'emploi pendant le travail, notamment le montant
reçu comme valeur d'échange et certains aspects de
la manière dont le travail est effectué, font
partie du rapport social dialectique que les
travailleurs entretiennent avec ceux qui achètent
leur capacité de travail. Celles-ci sont
déterminées en partie par la lutte de classes et
peuvent donner aux travailleurs soit un contrôle
très limité, soit un contrôle important sur leurs
conditions de travail selon l'efficacité et la
force de leur défense organisée de leurs droits.
Par exemple, les comités de sécurité en milieu de
travail que les travailleurs organisent et avec
lesquels ils font respecter leurs conditions
d'emploi peuvent jouer un rôle important pour
contrôler la manière d'exécuter le travail. Le
degré de contrôle que les travailleurs peuvent
exercer par une lutte de classe organisée ne
change pas le rapport social d'exploitation
fondamentale avec ceux qui achètent leur capacité
de travail. En se libérant du rapport social
dictatorial et en organisant une nouvelle
direction de l'économie, la classe ouvrière peut
se libérer de l'économie impérialiste et de
l'oligarchie financière et ouvrir une nouvelle
voie prosociale pour l'humanité.
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