Mesurer l'économie à la demande au Canada au
moyen des données administratives (extraits)
- Statistiques
Canada -
Sommaire
[...]
Les travailleurs à la demande ne sont
normalement pas employés à long terme par une
entreprise unique ; ils signent différents
contrats avec des entreprises ou des particuliers
(demandeurs de tâches) pour accomplir une tâche
particulière ou pour travailler pendant une
période donnée, en contrepartie d'une somme
négociée. Cela comprend les entrepreneurs
indépendants ou les pigistes ayant des
qualifications particulières et les travailleurs à
la
demande embauchés pour occuper des emplois assurés
par l'intermédiaire du nombre croissant
de plateformes en ligne.
[...]
Lorsqu'on applique la typologie des conditions de
travail élaborée dans des études antérieures,
les travailleurs à la demande peuvent être
considérés comme des travailleurs indépendants au
sein d'entreprises non constituées en société
(propriétaires uniques) qui déclarent un revenu
d'entreprise, de profession libérale ou de
commission et dont l'activité commerciale future
est
incertaine ou devrait être mineure ou
occasionnelle. Selon l'étude, de 2005 à 2016, le
pourcentage de travailleurs à la demande au Canada
a en général augmenté, pour passer de
5,5 % à 8,2 %. L'augmentation a été observée tant
chez les hommes (de 4,8 % en 2005 à
7,2 % en 2016) que chez les femmes (de 6,2 % en
2005 à 9,1 % en 2016), et elle a été dictée
par la croissance du pourcentage de travailleurs à
la demande n'ayant obtenu aucun salaire ni
traitement (revenu figurant sur le feuillet T4)
ainsi que par la croissance du pourcentage de
travailleurs à la demande qui combinent le travail
à la demande à une rémunération ou à un
revenu.
Les résultats ont démontré que le revenu annuel
d'un travailleur à la demande type est
habituellement faible. Le revenu médian net pour
le travail à la demande en 2016 était de
seulement 4 303 $. Les travailleurs se situant
dans la tranche inférieure de 40 % de la
répartition des revenus annuels étaient environ
deux fois plus susceptibles de travailler à la
demande que les autres travailleurs.
Pour la plupart des travailleurs à la demande, le
travail à la demande ne constituait qu'une
activité temporaire. Environ la moitié de ceux qui
ont commencé un travail à la demande au
cours d'une année donnée n'avait aucun revenu de
travail à la demande l'année suivante.
Cependant, une part non négligeable des personnes
ayant commencé un travail à la demande,
soit environ le quart, sont demeurées des
travailleurs à la demande pendant au moins trois
ans.
Les travailleurs dont la profession principale
était dans le domaine des arts, des spectacles et
des loisirs étaient quatre fois plus susceptibles
d'être des travailleurs à la demande que les
travailleurs dont la profession principale était
dans le domaine de la gestion de sociétés et
d'entreprises. Ceux dont la profession principale
était dans le domaine de la fabrication et des
services d'utilité publique étaient moins
susceptibles d'être des travailleurs à la demande.
L'étude a également démontré que le travail à la
demande était plus fréquent chez les
immigrants que chez les personnes nées au Canada.
En réalité, 10,8 % des travailleurs
immigrants masculins qui étaient au Canada depuis
moins de cinq ans étaient des travailleurs
à la demande en 2016, par rapport à 6,1 % des
travailleurs masculins nés au Canada.
Introduction
L'économie à la demande est un phénomène mondial
qui suscite beaucoup
d'intérêt. Bien qu'il n'existe aucune définition
largement acceptée de l'économie à la
demande, le terme fait généralement référence à
des conditions de travail moins structurées et
non traditionnelles. Les travailleurs à la demande
ne sont normalement pas employés à long
terme par une entreprise unique ; ils signent
différents contrats avec des entreprises ou des
particuliers (demandeurs de tâches) pour accomplir
une tâche particulière ou pour travailler
pendant une période donnée, en contrepartie d'une
somme négociée. Cela comprend les
entrepreneurs indépendants ou les pigistes ayant
des compétences particulières et les
travailleurs à la demande embauchés pour occuper
des emplois assurés par l'intermédiaire du
nombre croissant de plateformes en ligne et de
marchés suivant l'approche participative,
comme Uber, Lyft, TaskRabbit, Upwork, Guru, Fiverr
et Freelancer.
[...]
Par exemple, une enquête récente a révélé que 9 %
des résidents de la région du Grand
Toronto travaillaient à partir de plateformes en
ligne (Block et Hennessy, 2017). Cependant,
les personnes qui travaillent à partir de
plateformes en ligne ne représentent qu'une part
de
l'économie à la demande, puisque ce ne sont pas
tous les travailleurs à la demande qui
fonctionnent ainsi.
La présente étude offre un cadre méthodologique
clairement défini pour distinguer les
travailleurs à la demande au Canada à partir de
diverses sources administratives canadiennes,
y compris les déclarations de revenus des
particuliers et des sociétés.
[...]
La définition de « travailleur à la demande » dans
la présente étude [...] repose sur la
typologie (types de classification systématique)
des conditions de travail présentée dans leur
étude. [...] Cela comprend, entre autres, les
personnes qui travaillent à partir de plateformes
en
ligne. À l'instar des travailleurs à la demande
des États-Unis, les travailleurs à la demande du
Canada sont susceptibles d'être des travailleurs
indépendants au sein d'entreprises non
constituées en société qui déclarent un revenu
d'entreprise, de profession libérale ou de
commission dans leur déclaration de revenus. La
démarche méthodologique utilisée dans la
présente étude permet de distinguer les
travailleurs à la demande des employés
traditionnels
recevant un salaire ou un traitement, des
travailleurs indépendants au sein d'entreprises
constituées en société, des propriétaires uniques
qui possèdent des entreprises établies et des
associés d'une société en nom collectif (Statcan
reconnaît quatre types de structures
commerciales au Canada : les entreprises
individuelles, les partenariats, les sociétés et
les
coopératives).
[...]
On entend par « travailleurs » tous les
particuliers qui se trouvent dans l'une ou l'autre
des
situations suivantes : a) travailleurs qui ont
déclaré un revenu d'emploi tiré de feuillets T4 ou
d'autres revenus d'emploi, comme des pourboires,
des gratifications ou des jetons de présence,
sur leur formulaire T1 ; b) travailleurs qui ont
déclaré un revenu de travail indépendant dans
une entreprise non constituée en société ; c)
travailleurs qui ont été identifiés comme
propriétaires d'entreprises constituées en société
dans les déclarations de revenus des
sociétés.
[...]
Les travailleurs sont classés en plusieurs
catégories dans l'EPA (Enquête sur la population
active) : les employés des secteurs privé et
public, les travailleurs indépendants au sein
d'entreprises constituées en société avec et sans
employés, les travailleurs indépendants au
sein d'entreprises non constituées en société avec
et sans employés et les employés privés
travaillant dans des entreprises familiales sans
salaire.
[...]
La multiplication des plateformes en ligne et des
marchés suivant l'approche participative
reliant les travailleurs aux employeurs au moyen
d'accords de travail très souples et souvent
peu contraignants a suscité un regain d'intérêt
pour l'aspect « à la demande » de l'économie
moderne et a motivé de nouvelles tentatives pour
définir et quantifier l'économie à la
demande.
[...]
Abraham et coll. (2018) ont instauré un cadre
méthodologique afin de déterminer les
travailleurs à la demande à partir des
caractéristiques de leurs conditions de travail et
de la
façon dont celles-ci sont déclarées dans les
données fiscales. Cette typologie des conditions
de
travail est fondée sur plusieurs caractéristiques
qui facilitent la distinction entre les divers
régimes de travail, y compris le fait de savoir si
la personne reçoit un salaire ou un traitement,
si la relation de travail peut se poursuivre ou si
l'horaire de travail et les gains de la personne
sont prévisibles (voir le tableau 1 de l'étude
d'Abraham et coll. [2018]). Abraham et coll.
(2018) mentionnent également que les travailleurs
à la demande ne sont pas des salariés, n'ont
pas de contrat à long terme avec un employeur,
n'ont pas d'horaire de travail prévisible et
n'ont pas de revenus prévisibles. Par conséquent,
selon cette typologie, les travailleurs à la
demande sont des travailleurs indépendants
pigistes au sein d'entreprises non constituées en
société, des journaliers ou des personnes qui
travaillent à partir de plateformes en ligne. Dans
les données administratives, il est possible de
définir (du moins partiellement) les travailleurs
à la demande selon la façon dont ils déclarent
leurs conditions de travail aux autorités
fiscales.
[...]
Grekou et Liu (2018) ont constaté que le revenu
médian d'entreprise des travailleurs
indépendants au sein d'entreprises non constituées
en société était de 10 000 $ en 2013. [...]
L'un des éléments clés de la définition du terme «
travailleurs à la demande », fondée sur la
typologie des caractéristiques des conditions de
travail présentée par Abraham et ses
collaborateurs (2018), est que les travailleurs à
la demande font partie des travailleurs
indépendants au sein d'entreprises non constituées
en société.
[...]
Moins de 4 % des travailleurs indépendants au sein
d'entreprises non constituées en société de
la BDCDEE avaient des employés, comparativement à
26,4 % dans le cas des données du
recensement et à 12 % dans le cas des données de
l'EPA. Ce résultat est conforme à la notion
que le travail indépendant est une activité
relativement mineure pour bon nombre de
particuliers considérés comme travailleurs
indépendants au sein d'entreprises non constituées
en société et pour lesquels on dispose de données
fiscales. Par conséquent, la prévalence des
employeurs au sein de ce groupe était beaucoup
plus faible que la prévalence des employeurs
parmi ceux qui ont déclaré, lors du recensement,
que le travail indépendant était leur
principale activité sur le marché du travail.
Le tableau 1 montre qu'en 2016, la part de
travailleurs indépendants au sein d'entreprises
non
constituées en société qui s'inscrivaient dans la
définition de travailleurs à la demande était
d'environ 8,2 %. [...] L'étude a permis de
calculer le revenu annuel net total tiré d'un
travail
à la demande en 2016. [...] La ligne médiane
correspond à 4 303 $, ce qui représente un très
petit montant. [...] Parmi les travailleurs à la
demande, 48,6 % n'avaient pas d'emploi
rémunéré et n'ont déclaré aucun revenu d'emploi,
tandis que 36,3 % d'entre eux avaient un
emploi rémunéré et environ 15,1 % avaient
plusieurs emplois rémunérés. Par conséquent, les
travailleurs à la demande sont répartis presque
également entre ceux n'ayant pas d'autres
revenus à part leurs revenus provenant du travail
à la demande et ceux complétant leurs
salaires et traitements par des revenus tirés de
leurs activités de travail à la demande. Pour
donner une idée de l'importance relative du
travail à la demande parmi ceux qui ont été
considérés comme travailleurs à la demande, la
part des gains provenant du travail à la
demande parmi les gains totaux pour chaque
particulier ainsi que divers percentiles de la
répartition qui en a découlé ont été calculés.
Selon ces calculs, la part médiane du revenu de
travail à la demande dans les gains totaux était
de 76 %, ce qui signifie que, pour environ la
moitié de tous les travailleurs à la demande, les
gains issus du travail à la demande
représentaient plus des trois quarts de leurs
gains annuels totaux. [...] Pour plus d'un quart
de
tous les travailleurs à la demande, leurs gains
issus du travail à la demande représentaient la
totalité de leurs gains et plus de 89 % de leur
revenu total.
[...]
La part des travailleurs à la demande parmi tous
les travailleurs au Canada a augmenté, pour
passer de 5,5 % en 2005 à environ 8,2 % en 2016.
Un examen plus attentif de la tendance des
travailleurs à la demande révèle deux
augmentations marquées entre 2005 et 2016
(graphique
2). La première augmentation correspond à la
récession de 2008-2009 ; elle a été un peu plus
marquée chez les hommes que chez les femmes. La
période où est survenue cette
augmentation donne à penser que la croissance de
la part de travailleurs à la demande au
cours de ces années peut être attribuable, en
grande partie, à des facteurs incitatifs comme la
baisse des perspectives d'emploi. Alors que la
part de travailleuses à la demande a continué
d'augmenter immédiatement après la récession (de
2009 à 2012), celle des travailleurs à la
demande a légèrement diminué au cours de cette
période. La deuxième hausse marquée a été
observée vers 2012-2013, mais la raison est moins
évidente et pourrait être liée à la
multiplication des plateformes en ligne au Canada
qui a commencé au cours de ces années.
Après 2012, la croissance de la part de
travailleurs à la demande a été plus élevée chez
les
femmes que chez les hommes.
La principale caractéristique qui ressort du
graphique 2 est que, toutes années confondues, la
part de travailleurs à la demande était beaucoup
plus élevée chez les femmes que chez les
hommes, et cet écart s'est élargi avec le temps.
En 2016, la part des travailleuses à la
demande était d'environ 9,1 % et celle des
travailleurs à la demande était d'environ
7,2 %.
Ces pourcentages correspondent à environ 991 320
travailleurs à la demande en 2005 et à 1
666 061 travailleurs à la demande en 2016. En ce
qui a trait à la durée du travail à la
demande, 53,1 % des travailleurs à la demande qui
sont entrés en 2006 (c.-à-d. ceux qui
étaient des travailleurs à la demande en 2006,
mais pas en 2005) sont demeurés des
travailleurs à la demande pendant au moins un an,
tandis que 35,2 % sont demeurés des
travailleurs à la demande pendant deux années
consécutives et 25,9 % l'ont été pendant trois
années de suite. Les chiffres correspondants
étaient légèrement inférieurs pour la cohorte
d'entrée de 2010 (50,0 %, 31,1 % et 22,8 %,
respectivement), mais supérieurs pour la cohorte
de 2013 (56,4 %, 39,1 % et 29,8 %,
respectivement). Par exemple, c'est en 2012
qu'Uber a
commencé ses activités au Canada.
[...]
Dans le graphique 3, les tendances de la part de
travailleurs à la demande sont présentées
séparément pour les travailleurs à la demande avec
et sans salaire ou traitement (feuillets T4).
Les tendances dans le volet de gauche
(travailleurs à la demande sans salaire ni
traitement)
ont atteint un sommet autour de la récession en
2008-2009, mais sont demeurées relativement
stables avant d'atteindre un autre sommet en
2012-2013. Par contre, les parts dans le volet de
droite (travailleurs à la demande avec salaire ou
traitement) ont augmenté de façon presque
linéaire de 2006 à 2016 ; seules des hausses
mineures ont été observées autour de 2008-2009.
La tendance linéaire était particulièrement
évidente chez les travailleuses à la demande
recevant un salaire ou un traitement. Les
tendances du graphique 3 semblent indiquer que,
même si le travail à la demande est devenu plus
répandu de 2005 à 2016, les travailleurs à la
demande sans traitement ont réagi plus fortement
aux facteurs incitatifs (récession) et
d'attraction (multiplication des plateformes en
ligne). Dans l'ensemble, toutefois, le graphique
3 indique qu'une proportion croissante de
travailleurs font du travail à la demande en plus
de
leur emploi principal, mais aussi qu'une
proportion croissante de travailleurs à la demande
ne
gagnent aucun salaire ou traitement.
En utilisant la technique de l'étude
événementielle, Koustas (2019) a démontré que
l'entrée
dans le secteur du travail à la demande aux
États-Unis est généralement précédée d'une baisse
des revenus non liés au travail à la demande. Une
tendance semblable a été observée au
Canada. Le graphique 4 montre que les gains
inscrits sur le feuillet T4 ont chuté
considérablement au cours de l'année d'entrée dans
le secteur du travail à la demande (année
0), et que cette baisse des gains inscrits sur le
feuillet T4 était plus importante chez les
hommes que chez les femmes. Les gains inscrits sur
le feuillet T4 ont affiché un redressement
partiel au cours des années subséquentes, tandis
que les gains issus du travail à la demande
ont diminué de façon constante.
Le graphique 4 montre également que les
prestations d'assurance-emploi (AE) ont augmenté
avant l'entrée dans le secteur du travail à la
demande et ont chuté de façon marquée au cours
de l'année 0. Chez les femmes, cette tendance a
été observée tant pour les prestations
ordinaires que pour les prestations spéciales
d'AE.
Koustas (2019) a demandé si la baisse des salaires
et traitements avant l'année 0 représentait
une stratégie délibérée de « préparation » au
travail à la demande, ou si elle était la
conséquence de chocs externes tels que des pertes
d'emploi ou des réductions de salaire.
Compte tenu des règles d'admissibilité à l'AE,
l'augmentation des prestations d'AE avant
l'entrée dans le secteur du travail à la demande
semble indiquer que les chocs externes sont
des facteurs importants dans la décision d'entrer
dans le secteur du travail à la demande.
Enfin, la présente étude visait à déterminer si
l'augmentation de la part de travailleurs à la
demande entre 2005 et 2016 était associée à des
changements dans les habitudes de
déclaration des revenus (T2125) pendant la même
période.
(StatCan fait remarquer que les travailleurs
indépendants au sein d'entreprises non constituées
en société utilisent le formulaire T1 pour
déclarer leurs revenus d'un travail indépendant
d'entreprise, de profession libérale, de
commissions, d'agriculture et de pêche. Les
travailleurs
indépendants au sein d'entreprises non constituées
en société qui déclarent des revenus
d'entreprise, de profession libérale ou de
commission (par exemple, les chauffeurs d'Uber)
joignent un formulaire T2125 – État des résultats
des activités d'une entreprise ou d'une
profession libérale à leur formulaire T1. Le
formulaire T2125 présente en détail tous les
revenus et toutes les dépenses touchant
l'exploitation de l'entreprise non constituée en
société
appartenant au particulier ou touchant l'exercice
d'une profession par le particulier. Les
travailleurs indépendants propriétaires
d'entreprises non constituées en société peuvent
demander un numéro d'entreprise (NE) pour leur
entreprise (ou leurs entreprises) auprès de
l'ARC. S'ils ont un NE, ils doivent l'inscrire sur
le formulaire T2125.)
Compte tenu de la stabilité globale des taux de
travailleurs indépendants au sein d'entreprises
non constituées en société de 2005 à 2016, la part
croissante de travailleurs indépendants au
sein d'entreprises non constituées en société
parmi l'ensemble des travailleurs canadiens
suppose qu'une proportion croissante de
travailleurs indépendants au sein d'entreprises
non
constituées en société produisent au moins un
formulaire T2125 sans numéro d'entreprise
(NE). Est-ce que le travail à la demande a
remplacé ou vient compléter les formes moins
précaires de travail indépendant au sein
d'entreprises non constituées en société qui sont
associées à une entreprise officielle ? Il y a au
moins deux scénarios possibles. Premièrement,
les travailleurs indépendants au sein
d'entreprises non constituées en société ont
continué de
produire le même taux de formulaires T2125, mais
étaient de moins en moins susceptibles
d'avoir présenté un NE. Dans ce scénario, le
travail à la demande a remplacé des formes plus
stables de travail indépendant qui exigeaient un
engagement plus fort et peut-être un
investissement initial plus important. Dans le
deuxième scénario, les travailleurs indépendants
au sein d'entreprises non constituées en société
ont produit le même nombre de formulaires
T2125 comportant un NE, mais en plus de produire
de tels formulaires, ils ont présenté un
nombre croissant de formulaires T2125 sans NE.
Dans ce scénario, les travailleurs
indépendants ont accepté un nombre croissant
d'offres de travail à la demande en plus de leur
travail indépendant stable qui est demeuré leur
principale activité.
(StatCan fait remarquer qu'il est également
possible qu'un plus grand nombre d'activités de
travail à la demande soient maintenant déclarées à
l'ARC parce qu'un plus grand nombre de
celles-ci sont effectuées par l'intermédiaire de
plateformes en ligne, contrairement à ce qui
s'est produit dans le passé, alors que la plupart
d'entre elles étaient effectuées par des amis,
des voisins ou d'autres sources informelles.)
[Les plateformes en ligne refusent d'émettre
des feuillets T4 selon la fraude que les
travailleurs qui fournissent un service par le
biais de la plateforme sont des travailleurs
autonomes. Cela signifie que l'entreprise en
ligne n'a pas à répondre à des normes fédérales
ou provinciales concernant les conditions
d'emploi telles que les heures supplémentaires,
les
jours fériés et les congés payés, les
cotisations à l'assurance-emploi et aux
accidents du
travail, etc. - Note de la rédaction du LML]
Cette constatation vient corroborer davantage
l'idée que l'augmentation de la part des
travailleurs à la demande observée dans le
graphique 2 représente à la fois une diminution de
la part de travailleurs indépendants au sein
d'entreprises non constituées en société ayant une
entreprise stable et une augmentation du nombre de
travailleurs indépendants qui font du
travail à la demande en plus de leur activité
commerciale principale.
Les résultats (provenant d'une étude des données
fiscales) indiquent qu'aucun groupe d'âge ne
prédominait dans la répartition selon l'âge des
travailleurs à la demande, et que ces derniers
étaient répartis plus ou moins uniformément dans
l'ensemble du spectre d'âge. Toutefois, la
prévalence des travailleurs à la demande était
particulièrement élevée dans la catégorie des 65
ans et plus, parce qu'un moins grand nombre de
personnes dans cette catégorie d'âge étaient
sur le marché du travail et, lorsqu'elles
travaillaient, elles étaient plus susceptibles
d'être des
travailleurs à la demande que les jeunes
travailleurs.
[...]
La proportion de travailleurs à la demande parmi
l'ensemble des travailleurs était plus élevée
là où les possibilités de travail à la demande
étaient plus grandes, particulièrement dans les
trois régions où se trouvent les grands centres
urbains canadiens, soit le Québec (Montréal),
l'Ontario (Toronto) et la Colombie-Britannique
(Vancouver)[...] À Montréal, le taux de
croissance de la part de travailleurs à la demande
était semblable à celui de la part globale au
Canada jusqu'en 2012, mais il a augmenté plus
rapidement par la suite. À Toronto, le taux de
croissance de la part de travailleurs à la demande
était plus élevé que dans les autres grands
centres urbains jusqu'en 2009. Toutefois, les
sommets observés dans les parts de travailleurs à
la demande (vers 2008 et 2012) ont été suivis de
tendances relativement stables, voire à la
baisse, même si à Toronto, la part de travailleurs
à la demande était nettement supérieure à la
part globale enregistrée au Canada en 2016.
Quarante-neuf virgule huit pourcent (49,8 %) des
travailleurs à la demande et 45,2 % des
travailleuses à la demande faisaient partie des
deux quintiles les plus bas de la répartition du
revenu total. Que ce soit chez les hommes ou chez
les femmes, la prévalence des travailleurs
à la demande dans le quintile de revenu le plus
élevé correspondait à environ la moitié de
celle des travailleurs à la demande dans le
quintile de revenu le plus bas. (tableau 2)
Le tableau 3 montre que la plupart des
travailleurs à la demande travaillaient dans les
services
professionnels, scientifiques et techniques (19,0
%), la construction (12,4 %) ainsi que les
services administratifs et de soutien, de gestion
des déchets et d'assainissement (10,6 %).
(Cette catégorie comprend les activités telles que
l'administration, l'embauche et le placement
de personnel, la préparation de documents, la
prestation de services de nettoyage et
l'organisation des déplacements.)
Les travailleuses à la demande étaient surtout
concentrées dans les soins de santé et l'aide
sociale (20,2 %) et dans les services
professionnels, scientifiques et techniques (17,4
%). Le
tableau 3 montre également que la répartition
industrielle des travailleurs à la demande selon
l'industrie dans laquelle ils exercent leur
travail à la demande était très semblable à la
répartition industrielle des travailleurs à la
demande selon l'industrie dans laquelle ils
exercent
leur emploi principal, telle qu'elle est
enregistrée dans les données du recensement
(troisième
et quatrième colonnes). Pour ce qui est de la
prévalence des travailleurs à la demande parmi
l'ensemble des travailleurs (deux dernières
colonnes), l'industrie ayant la plus forte
proportion
de travailleurs à la demande masculins était celle
des arts, des spectacles et des loisirs
(15,6 %), qui est l'industrie à l'origine du terme
« travail à la demande ». (L'expression « à
la demande » se traduit en anglais par « gig » qui
signifie communément, selon le
dictionnaire musical Oxford, une prestation
musicale qui ne dure qu'une soirée)
On a également observé une forte prévalence de
travailleurs à la demande dans les secteurs
des soins de santé et de l'aide sociale (13,3 %),
des services d'enseignement (11,3 %) ainsi
que des services de l'immobilier et des services
de la location et location à bail (10,8 %).
Chez les femmes, l'industrie ayant la plus forte
proportion de travailleuses à la demande était
celle des autres services (sauf l'administration
publique) (20,1 %), une vaste catégorie qui
comprend des fournisseurs de soins personnels, des
cuisiniers, des bonnes, des gardiennes et
des nourrices.
Selon une étude récente, une grande partie de
l'augmentation récente des contrats
indépendants aux États-Unis était attribuable à la
croissance rapide du secteur des transports
qui peut être directement liée à Uber et à des
plateformes en ligne similaires. Une
augmentation marquée de la part des travailleurs à
la demande a été observée dans les services
de taxi et de limousine au milieu des années 2010.
Pourtant, même en 2016, alors que la part
de travailleurs à la demande masculins dans les
services de taxi et de limousine a presque
doublé par rapport à 2014, cette part ne dépassait
pas 3 % de l'ensemble des travailleurs à la
demande masculins.
[...]
Plus d'un tiers de tous les travailleurs à la
demande masculins (36,0 %) possédaient un
diplôme universitaire, tandis qu'un pourcentage
semblable de travailleurs à la demande
masculins n'avaient qu'un diplôme d'études
secondaires ou un niveau de scolarité moins élevé
(tableau 2). Cependant, les titulaires d'un
diplôme universitaire étaient beaucoup plus
susceptibles d'être des travailleurs à la demande
que les autres hommes.
Il y avait une prévalence particulièrement élevée
de travailleurs à la demande chez les
hommes (13,7 %) et les femmes (16,5 %) qui
possédaient un diplôme d'études supérieures
(maîtrise ou grade supérieur). Par contre,
seulement 5,8 % des hommes et 7,0 % des femmes
ayant un diplôme d'études secondaires ou un niveau
de scolarité moins élevé étaient des
travailleurs à la demande. Il est probable que la
prolifération des marchés suivant l'approche
participative axée sur l'offre, tels que Upwork et
Freelancer, a donné aux travailleurs
hautement spécialisés et qualifiés (fournisseurs)
une meilleure occasion d'entrer en contact
avec des employeurs potentiels. (StatCan fait
remarquer que les travailleurs des quintiles les
plus élevés de la répartition du revenu étaient
moins susceptibles d'être des travailleurs à la
demande que ceux des quintiles les plus bas.)
[...]
Plus d'un tiers de tous les travailleurs à la
demande et plus d'un quart de toutes les
travailleuses à la demande n'avaient qu'un diplôme
d'études secondaires ou un niveau de
scolarité moins élevé, et un peu plus d'un tiers
des travailleurs et des travailleuses à la
demande possédaient un diplôme universitaire.
Étant donné la forte prévalence des immigrants
au sein de la population active canadienne, la
participation des immigrants à l'économie à la
demande est une question importante. [...] Le
tableau 2 montre que la proportion de
travailleurs à la demande était considérablement
plus élevée chez les immigrants, en
particulier les immigrants récents, par rapport
aux travailleurs nés au Canada. Plus d'un tiers
de tous les travailleurs à la demande masculins
étaient des immigrants. Il s'agit d'une
proportion beaucoup plus importante que la
proportion d'immigrants dans la population active
canadienne (environ 24 % en 2016).
Même les immigrants qui étaient au Canada depuis
20 ans ou plus étaient plus susceptibles
d'être considérés comme des travailleurs à la
demande que les travailleurs nés au Canada.
Parmi les immigrants récents, les immigrants
étaient plus susceptibles d'être des travailleurs
à
la demande que les immigrantes, mais l'inverse
était vrai pour les immigrants qui étaient au
Canada depuis 20 ans ou plus.
[...]
Dix-neuf virgule six pourcent (19,6 %) des
travailleurs à la demande masculins étaient des
personnes dont les principales professions
exercées se situaient dans le domaine des métiers,
du transport et de la machinerie et des
professions connexes. Les travailleuses à la
demande
dont les occupations étaient concentrées dans les
secteurs des ventes et des services (22,1 %)
ainsi que de l'éducation, du droit et des services
sociaux, communautaires et gouvernementaux
(20,3 %) sont les plus nombreuses. Toutefois, la
part de travailleurs à la demande parmi
l'ensemble des travailleurs était la plus élevée
chez les travailleurs exerçant une profession
principalement dans le domaine des arts, de la
culture, des loisirs et des sports (24,2 % pour
les hommes et 26,6 % pour les femmes). Environ 8,6
% des travailleurs à la demande et
9,8 % des travailleuses à la demande ont déclaré
ne pas avoir travaillé en 2015 ou 2016, selon
le recensement.
Vingt-quatre virgule sept pourcent (24,7 %) de
tous les travailleurs à la demande masculins
étaient des travailleurs dont l'activité
principale était un emploi professionnel. Parmi
les
femmes, cependant, de nombreuses travailleuses à
la demande (22,8 %) travaillaient dans les
services personnels et d'information à la
clientèle. C'est chez les hommes et les femmes
occupant des emplois professionnels, techniques et
paraprofessionnels que l'on a observé la
prévalence la plus élevée de travailleurs à la
demande.
Conclusions
La présente étude a permis de constater que de
2005 à 2016, le pourcentage de
travailleurs à la demande au Canada a en général
augmenté, pour passer de 5,5 % à 8,2 %.
L'augmentation a été observée tant chez les hommes
(de 4,8 % à 7,2 %) que chez les femmes
(de 6,2 % à 9,1 %). Cette augmentation est
attribuable à la croissance du pourcentage de
travailleurs à la demande qui n'ont gagné aucun
salaire ou traitement (revenu figurant sur le
feuillet T4) et du pourcentage de travailleurs à
la demande qui ont combiné le travail à la
demande avec un salaire ou un traitement.
Les résultats indiquent que le revenu annuel d'un
travailleur à la demande type est
habituellement faible : le revenu net médian du
travail à la demande n'était que de 4 303 $ en
2016. Les travailleurs se situant dans la tranche
inférieure de 40 % de la répartition des
revenus annuels étaient environ deux fois plus
susceptibles de travailler à la demande que les
autres travailleurs. Pour la plupart des
travailleurs à la demande, le travail à la demande
ne
constituait qu'une activité temporaire. Environ la
moitié de ceux qui ont commencé un travail
à la demande au cours d'une année donnée n'ont
aucun revenu de travail à la demande
l'année suivante. Cependant, une part non
négligeable des personnes ayant commencé un
travail à la demande, soit environ le quart, sont
demeurées des travailleurs à la demande
pendant au moins trois ans.
Les travailleurs dont la profession principale est
dans le domaine des arts, des spectacles et
des loisirs étaient quatre fois plus susceptibles
d'être des travailleurs à la demande que les
travailleurs dont la profession principale est
dans le domaine de la gestion de sociétés et
d'entreprises. Ceux dont la profession principale
est dans le domaine de la fabrication et des
services d'utilité publique étaient moins
susceptibles d'être des travailleurs à la demande.
L'étude a également démontré que le travail à la
demande était plus fréquent chez les
immigrants que chez les personnes nées au Canada.
En réalité, 10,8 % des travailleurs
immigrants masculins qui étaient au Canada depuis
moins de cinq ans étaient des travailleurs
à la demande en 2016, par rapport à 6,1 % des
travailleurs masculins nés au Canada. Le
principal avantage méthodologique de l'étude est
qu'elle repose sur un cadre conceptuel clair
qui s'applique particulièrement aux données
fiscales. Cependant, l'approche méthodologique
adoptée dans l'étude n'est pas sans limites.
Certes, il est peu probable que cette approche
englobe des activités comme le gardiennage
occasionnel, la promenade des chiens, la tonte de
la pelouse ou d'autres activités informelles
semblables qui se déroulent habituellement entre
membres de la famille, amis et voisins. Ces
activités ont toujours fait partie de la vie
quotidienne, mais ne sont généralement pas
considérées comme des activités sur le marché du
travail et sont donc moins prioritaires pour les
chercheurs intéressés par la dynamique du
marché du travail.
[...]
Selon une étude canadienne récente fondée sur les
données de l'Enquête canadienne sur les
attentes des consommateurs, environ 30 % des
répondants ont déclaré qu'ils participaient à
une forme quelconque d'activité informelle
rémunérée. Cependant, si l'on exclut ceux qui ont
participé à de telles activités pour le plaisir,
la part chute à 18 % (Kostyshyna et Luu, 2019).
La mesure du travail à la demande utilisée par
Kostyshyna et Luu (2019) comprend la garde
d'enfants, la garde de maison, la promenade des
chiens, l'entretien des pelouses et le ménage,
cette dernière activité étant la plus fréquemment
mentionnée (9,2 % des répondants).
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