Supplément
Numéro 1520 avril 2019
D'importants anniversaires
•
58e anniversaire de la défaite de l'invasion américaine
de la baie des
Cochons à Cuba
•
71e anniversaire du soulèvement de l'Île Jeju en
Corée
•
76e anniversaire du soulèvement héroïque
du ghetto de Varsovie
58e anniversaire de la
défaite de l'invasion
américaine de la baie des Cochons à Cuba
• La patrie
cubaine est la patrie où les Cubains ont gagné le droit
de contrôler leur propre destinée et de construire leur
propre avenir!
• Une
proclamation pour
tous les temps
- Yudy Castro Morales -
71e anniversaire du soulèvement de l'île de Jeju en
Corée
• Le massacre
de Jeju rappelle la longue histoire de résistance à
l'agression américaine contre la Corée
76e anniversaire du soulèvement héroïque du ghetto
de Varsovie
• Défi
et résistance organisée contre le nazisme
aux heures les plus sombres
• Zog Nit
Keynmol, hymne yiddish du mouvement des partisans juifs
58e anniversaire de la défaite de
l'invasion américaine
de la baie des Cochons à Cuba
Le peuple cubain célèbre le 58e anniversaire de la
première grande
défaite de l'impérialisme américain en
Amérique latine à Playa Giron.
La cérémonie rendant hommage aux héros et aux
martyrs responsables de
la victoire contre les mercenaires a lieu devant le musée de
Ciénaga de
Zapata, qui recèle des trésors historiques de cette
bataille.
Le 19 avril, le peuple cubain célèbre
la victoire de Playa Giron, sa victoire sur l'invasion de
mercenaires menés et financés par les États-Unis
qui ont été envoyés pour attaquer Cuba à la
baie des Cochons. Dans les jours qui ont précédé
l'invasion la baie de Cochons soutenue par les États-Unis
en 1961, les aéroports de
Santiago de Cuba, de San Antonio de los Baños et de La Havane
ont été bombardés.
Lors du rassemblement devant le cimetière de La
Havane après les funérailles des victimes des
bombardements, le dirigeant de la Révolution cubaine, Fidel
Castro, a pris la parole devant une foule armée, prête
à affronter ce qui semblait imminent : une invasion. «
Cette Révolution, nous ne la
défendons pas avec des
mercenaires », a-t-il déclaré en parlant des
pilotes embauchés avec de l'argent américain qui avaient
mené les bombardements, « Nous la défendons avec
les hommes et les femmes du peuple. »
« Qui a les armes ? » a
demandé Fidel Castro à la foule rassemblée
à
l'intersection désormais célèbre des 23e
et 12e rues. « Quelles sont les mains qui brandissent ces
armes ? Sont-ce des mains d'exploiteurs ? » Les
gens ont brandi leurs armes au-dessus de leurs têtes et ont
crié «
NON ! » « Quelles sont les mains qui brandissent
ces armes ? Ce ne sont pas des mains d'ouvriers ? Et
qu'est-ce qui forme la majorité du peuple ? Une
Révolution où les humbles ont les armes est-elle
démocratique ? Camarades ouvriers et paysans, ceci est la
Révolution socialiste et démocratique des
humbles, avec les humbles et pour les humbles. »
Fidel inspecte les armes durant la bataille contre l'invasion à
la baie des Cochons.
L'invasion a complètement échoué et
toute la force mercenaire a été capturée ou
tuée.
Près de 60 ans plus tard, Cuba a
triomphé malgré toutes les attaques terroristes des
États-Unis. Des dizaines de bombardements de champs de canne
à sucre, de villes et même les hôtels ;
l'attentat à la bombe d'un avion de ligne cubain qui a
tué toutes les personnes à bord. Des centaines de
tentatives d'assassinat contre
les dirigeants cubains - 638 contre Fidel Castro ; les
attaques militaires, la guerre économique et biologique
menée contre la population cubaine - toutes ces tentatives de
détruire la Révolution cubaine ont
échoué. Le blocus financier et commercial implacable de
Cuba
est un acte de guerre qui, à ce jour, reste impuni.[1]
Malgré d'énormes difficultés,
malgré l'agression ouverte des impérialistes
américains, qui sont à peine à 165
kilomètres, et les immenses problèmes sociaux qu'elle a
provoqués, la souveraineté et l'indépendance de
Cuba restent intactes. Contrairement à la situation qui
prévaut dans les forteresses de l'impérialisme, la
Révolution cubaine
continue de fournir des soins de santé, l'éducation et le
logement comme des droits et non des privilèges. Les aliments de
base continuent d'être subventionnés par l'État et
le peuple cubain est fier de la patrie qu'il a lui-même
établie et défendue.
Dans son discours prononcé le 1er
mai 1961, après la victoire de Playa Giron, le
légendaire chef de la révolution cubaine Fidel Castro a
dit que le type de patrie dont parlent les impérialistes est
celui des parasites qui vivent du travail de la majorité, de
ceux qui exploitent le plus grand nombre. La nouvelle patrie cubaine,
a-t-il dit,
est une patrie où les Cubains ont gagné le droit de
contrôler leur destinée et le droit de construire leur
avenir qui sera nécessairement meilleur que dans le passé.
Parlant du gouvernement américain qui avait
organisé le débarquement de la baie des Cochons, Fidel
Castro a terminé son discours du 1er mai, il y a 58 ans,
par le défi qui a caractérisé Cuba jusqu'à
ce jour. « Si M. Kennedy n'aime pas le socialisme, eh bien, nous
n'aimons pas l'impérialisme ! », a dit Fidel,
déclarant
l'engagement qui guide Cuba à ce jour.
À cette occasion, à la veille du 1er
mai, lorsque la classe ouvrière et le peuple cubains exprimeront
leur détermination à défendre leur patrie pour
laquelle ils se battent, pour qu'elle soit véritablement du
peuple, par le peuple et pour le peuple, le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) adresse ses salutations
révolutionnaires aux
travailleurs et au peuple cubains et à leurs dirigeants. Quelles
que soient les opinions politiques véhiculées sur la
Révolution
cubaine, le droit d'un peuple de déterminer sa propre
destinée et le fait que ce droit continue d'être
exercé par une petite île face à la nation la plus
puissante de la terre commande le respect et l'admiration. Contre
toutes les
difficultés, Cuba a maintenu son indépendance et son mode
de vie, montrant au monde entier que cela peut être fait parce
que cela doit être fait. C'est une question de principe si l'on
veut que le peuple soit vraiment libre avec une démocratie de
son choix. Cela doit être fait si l'on veut préserver la
paix dans les Amériques et si l'on veut mettre fin
à la misère, à l'analphabétisme et aux
maladies. Cuba a montré au monde que c'est possible. Elle a
montré au monde, et continue de montrer au monde entier, la
véritable signification de l'internationalisme et de l'aide
humanitaire, qui sont conçus pour répondre aux besoins du
peuple, et non pour servir les intérêts de
l'impérialisme. C'est la voie
qui va transformer le monde d'une manière qui favorise les
peuples, et non une infime minorité.
La milice cubaine salue la victoire de la baie des Cochons le 19 avril
1961.
Note
1. Le 19 octobre 1960,
le département d'État de Dwight D. Eisenhower a
imposé le premier blocus commercial à Cuba dans le but
d'écraser les forces rebelles qui avaient renversé la
dictature de Batista à Cuba. Le président John F. Kennedy
a étendu le blocus aux exportations américaines
vers Cuba et a imposé un blocus total le 7
février 1962.
- Yudy Castro Morales -
Fidel s'adresse aux miliciens à La Havane à la veille de
l'invasion de la baie des Cochons. Dans ce discours il proclame le
caractère socialiste de la Révolution cubaine, le 16
avril 1961.
Les blessures des récents bombardements
n'étaient pas refermées que planait la menace (et plus
tard la
certitude) d'une autre attaque, le commandant en chef Fidel Castro Ruz
a proclamé, il y a 58 ans, le caractère socialiste de la
Révolution.
Cet acte de principes déterminant a
été suivi par la défaite du débarquement de
la baie des Cochons, ou, ce qui revient au même, une victoire
socialiste qui a réaffirmé le cours irréversible
de notre pays. Depuis ce temps, Cuba a continué d'écrire
cette histoire, sans interruption, certes, mais non sans reculs et non
sans erreurs, consciente que
cette proclamation n'était pas qu'une feuille de route, mais bel
et bien un défi quotidien pour la défense de la
cohérence.
Et cette cohérence devait donner un nouveau texte
constitutionnel, lequel a été promulgué il y a
quelques jours à peine, et dont le regard est
tourné vers l'avenir et qui consacre même
l'irrévocabilité du socialisme « en tant
qu'alternative viable », comme l'a fait valoir le
général de l'armée et premier secrétaire du
Comité central du Parti, Raul
Castro Cruz, dans son discours du 10 avril.
Si la définition (de la Révolution) en
tant que socialiste, il y a 59 ans, semblait une entreprise
chimérique, aujourd'hui le contexte international n'est pas
moins complexe puisque, comme l'a souligné le
général de l'armée dans sa mise en garde, «
l'actuel gouvernement des États-Unis et son ambition
hégémonique envers la région
représentent la menace la plus urgente des cinq dernières
années contre la paix, la sécurité et le
bien-être de l'Amérique latine et des
Caraïbes ».
Néanmoins, et je reviens à ses paroles,
nous défendons le socialisme « parce que nous croyons
à la justice sociale, à un développement
équilibré et viable, et à une distribution
équitable de la richesse et des garantis pour les services de
qualité pour toute la population. Nous pratiquons la
solidarité et nous rejetons l'égocentrisme. Nous
partageons
non seulement ce que nous avons de trop, mais même ce dont nous
manquons.
« Nous répudions toute forme de
discrimination sociale et luttons contre le crime organisé, le
narcotrafic, le trafic d'êtres humains et toutes formes
d'esclavage... Nous avons foi en la démocratie populaire... nous
cherchons à promouvoir la prospérité du pays, et
parce que nous croyons qu'un monde meilleur est possible. »
Cette conviction, qui est essentiellement un
résumé concis de notre projet social, a été
réitérée le mardi 16 avril, lorsque nous
avons commémoré à nouveau l'anniversaire de la
Proclamation du commandant en chef dans le centre-ville, à
l'intersection des 23e et 12e rues, à Vedado,
dans notre capitale, le 16
avril 1961.
À cette cérémonie ont
participé les membres du comité central — Luis Antonio
Torres Iribar, premier secrétaire du Parti à La Havane,
et Reynaldo Garcia Zapata, président de l'Assemblée
provinciale du Pouvoir populaire dans la capitale. Étaient
également présents le colonel de réserve Victor
Dreke, président de l'Association des combattants de
la Révolution cubaine à La Havane, et des
représentants du Parti, du gouvernement et des organisations de
masse.
71e anniversaire du soulèvement de
l'île de Jeju en Corée
Des activistes protestent à la base navale
américaine sur l'Île Jeju, en Corée du sud,
le 20 juin 2017, contre l'arrivée de navires de guerre des
États-Unis, du Canada et de Corée du sud pour des
exercices militaires.
Le
3
avril 1948, sur l’île de Jeju, le gouvernement militaire
américain en Corée a été à l’origine
du massacre de Jeju. Cela a commencé plus de deux ans avant que
les États-Unis déclenchent la guerre de Corée sous
le couvert du drapeau des Nations unies. Ce n’est qu’en 2008, soixante
ans plus tard, que la véritable ampleur des crimes commis
à Jeju a commencé à se faire jour, lorsque des
fosses communes ont été découvertes à
l’aéroport de Jeju. Les événements ne sont
toujours pas bien connus. Aujourd'hui, les insulaires de Jeju
perpétuent la tradition du défi militaire en rejetant la
base navale américaine en eau profonde construite sur
l'île.
Avec
les
troisièmes sommets intercoréens et les sommets entre
la RPDC et les États-Unis, il est important d'examiner les
événements qui se déroulent dans leur
véritable contexte historiquel, et non dans la perspective de la
guerre froide imposée par les États-Unis pour justifier
la division de la Corée et tous les crimes qui y sont
associés. Ce faisant, il est possible de tirer les conclusions
qui s'imposent quant aux raisons pour lesquelles la Corée
était divisée, aux sources de tension sur la
péninsule coréenne et à la nécessité
de réunir la Corée et de défendre la cause de la
paix internationale.
LML publie ci-dessous un extrait d'un article
écrit par un ancien combattant et activiste pour la paix
américain, S. Brian Wilson, sous le titre : «
L'assaut des États-Unis et de la Corée du sud contre une
île idyllique : pas la première fois »,
publié sur son blogue le 21 juin 2012.
L'assaut des États-Unis et de la Corée du
sud contre une
île idyllique : pas la première fois (extraits)
- S. Brian Wilson -
[...] Un des chapitres les plus sombres et finalement
inconnus de l'intervention des États-Unis
a eu lieu dans les régions sud de la Corée avant la
Guerre de Corée. En 1945, dans une étude conjointe
de renseignement de l'armée et de la marine américaines,
il
était dit que la vaste majorité des Coréens
nourrissaient un profond
désir d'indépendance et d'autodétermination, et
qu'ils s'opposaient catégoriquement à tout contrôle
par des successeurs des Japonais honnis qui les avaient
gouvernés depuis 1910. Une autre étude
américaine a aussi fait valoir que 80 % des
Coréens désiraient un système socialiste
plutôt que capitaliste.
Malgré les conclusions de
ces documents internes, le président des États-Unis,
Harry Truman, suite à la capitulation des Japonais en
août 1945, a imposé une partition qui ne devait
être que temporaire au 38e parallèle de la
Corée, divisant ainsi une culture homogène vieille
de 5 000 ans. Il a ensuite commandé au
général américain Douglas
MacArthur de « gouverner » le peuple vivant au sud
du 38e parallèle. En octobre 1945, en quête d'un
Coréen digne de confiance qui « partagerait le point de
vue américain » pour qu'il soit l'homme fort des
États-Unis, MacArthur a transporté des États-Unis
à Séoul, à même son aéronef
personnel, Syngman Rhee, un
homme de 71 ans d'origine coréenne. Rhee, un
méthodiste qui avait vécu aux États-Unis
pendant 40 ans, devait être le gouverneur
intermédiaire de la Corée, elle-même bouddhiste et
confucianiste.
À gauche: Un acte illégitime n'attend pas
l'autre après que les États-Unis eurent divisé la
Corée, le général américain Douglas
MacArthur (à gauche) impose dans la partie sud de la
Corée Syngman Rhee en tant que « président
». À son tour Rhee tient en mai 1948 des
élections frauduleuses pour codifier la division.
De façon unilatérale, Rhee a
décidé d'organiser des élections
séparées en 1948 dans le but de créer le
fondement « juridique »
d'une Corée divisée de façon artificielle, en
dépit d'une vaste opposition populaire partout dans la
péninsule, au nord autant qu'au sud du 38e
parallèle, y compris les résidents de l'île de
Cheju (nommé maintenant Jeju et dont l'appellation sera
dorénavant utilisée). Ce qu'on appelle le
soulèvement du 3 avril 1948 à Jeju comme
riposte à ces élections a en fait duré
jusqu'en 1950. Il s'agit d'un des plus grands massacres de
l'histoire moderne de la Corée. Le soulèvement de Jeju
en 1948 n'est rien de moins qu'un microcosme de la Guerre de
Corée à venir.
Selon une évaluation du renseignement national
de la CIA, Rhee était si peu populaire qu'il était peu
probable que la nouvelle République de Corée (RDC) puisse
survivre sans « l'infusion massive d'aide des
États-Unis ».
L'ambassade américaine a décrit la
répression de l'opposition de Jeju à Rhee de campagne de
« terre brûlée »
et d'« extermination ». En vertu de protocoles
secrets, les forces constabulaires et policières de la RDC ainsi
que les unités paramilitaires étaient soumises au
contrôle du Gouvernement militaire de l'armée
américaine en Corée (USAMGIK).
Détention en masse en 1948 de personnes
soupçonnés d'être communistes sur l'île de
Jeju afin d'écraser le refus du peuple de se soumettre au diktat
étranger
Aussi, selon des documents de la CIA, la politique sous
l'égide du USAMGIK et le régime Rhee était
dominée par une petite élite de riches Coréens qui
répondait à la dissidence de la vaste majorité par
la répression et avait recours à des politiques «
d'une brutalité impitoyable » semblables à
celles qui avaient servi à la structure japonaise
précédente tellement haïe par la plupart des
Coréens.
Représentation du début du massacre
du 3 avril 1948 par l'artiste Kang Yo Bae sur la base de
déclarations de témoignages - cliquer pour agrandir
|
Le gouverneur militaire américain de la
Corée,
John Reed Hodge, a informé les représentants du
Congrès américain que « Jeju était une
véritable région communale qui est contrôlée
de façon pacifique par le Comité du peuple ».
Malgré tout, il a commandé à trois officiers
militaires américains (entre autres) — le colonel Harley E.
Fuller, le capitaine John P. Reed, et le capitaine James
Hausman — de conseiller et de coordonner la campagne d' «
extermination » et de « terre
brûlée ». Ces Coréens qui avaient
collaboré avec les occupants japonais honnis s'étaient
maintenant mis au service des forces constabulaires et
policières coréennes entraînées par les
Américains. Des unités paramilitaires de droite devinrent
un
élément sanguinaire de l'appareil de
sécurité de Rhee. Des conseillers américains
accompagnaient toutes les forces constabulaires et policières
coréennes (ainsi que d'autres unités de la RDC
après 1948) dans leurs campagnes au sol. Des pilotes
américains pilotaient des C-47 pour le transport de troupes,
d'armes et d'équipement de guerre, tout
en dirigeant à l'occasion des frappes. Des officiers de
renseignement américains fournissaient des renseignements sur
une base quotidienne. De surcroît, des bâtiments de guerre
de la marine américaine comme le USS Craig ont
bloqué et procédé au bombardement de l'île,
pour entraver l'arrivée des forces
d'opposition additionnelles et des approvisionnements dans l'île,
tout en
empêchant les insulaires en proie au désespoir de fuir par
bateau.
Le successeur de Hodge, le général
William Roberts, avait déclaré qu'il était «
de la plus haute importance » que les dissidents «
soient détruits le plus tôt possible ».
L'organisation de répression japonaise, la « ligue
nationale d'orientation » (Bo Do Yun Maeng), a
été consolidée par le régime Rhee. Elle
avait servi à
identifier de façon systématique tout Coréen qui
s'était opposé à l'occupation du régime
japonais et maintenant elle servait à identifier tous ceux qui
s'opposaient de facto au
règne sanguinaire des États-Unis
et de Rhee. Des milliers de personnes ont été
tuées, emprisonnées et torturées, et plusieurs
d'entre elles ont été jetées à la mer.
Quelques uns des légions d'enfants devenus
orphelins suite au massacre de Jeju, qu'on voit ici en train de fuir
vers un lieu sûr
Le gouverneur
de Jeju à l'époque avait reconnu que la répression
des 300 000 résidents de l'île avait eu comme
conséquence que près de 60 000 insulaires
avaient été tués tandis que 40 000
d'entre eux s'étaient enfuis par bateau au Japon. C'est ainsi
qu'un tiers de ses résidents ont été soit
tués ou se sont enfuis pendant la
campagne d'« extermination ». Près
de 40 000 maisons ont été détruites
et 270 des 400 villages ont été rasés.
Un des acolytes de Roberts, le colonel Rothwell Brown, soutenait que
les
insulaires n'étaient que « des fermiers et pêcheurs
ignorants, sans éducation », un piètre
prétexte pour justifier la répression de
ceux qui, selon Brown, avaient refusé de reconnaître la
« supériorité » de l'« American
Way ».
Le secrétaire d'État américain,
Dean Acheson, et le responsable de la Planification politique du
département d'État, George Kennan, ont avoué
en 1949 que la suppression de la menace interne en Corée du
sud (c'est-à-dire l'attachement
passionné des Coréens à
l'autodétermination), en collaboration avec la CIA nouvellement
créée, avait été déterminante
à la préservation du pouvoir de Rhee et au succès
assuré de la politique mondiale d'endiguement des
États-Unis. La révolution chinoise de 1949
était un autre élément qui rendait
nécessaire la répression des Coréens et de
leur grand attachement à l'autodétermination
indispensable au succès de la Guerre froide émergente.
Ces efforts étaient accompagnés d'efforts semblables des
États-Unis en Europe où les opérations
clandestines de la CIA avaient réussi à écraser
les mouvements socialistes au lendemain de la Deuxième Guerre
mondiale.
La résistance des insulaires de Jeju a
inspiré des soulèvements similaires sur la
péninsule, qui ont été réprimés de
manière aussi brutale par les forces appuyées par les
États-Unis, au nom de contenir le communisme. Ici sont
représentés des scènes de répression
à Jeju en 1948.
L'étude de 1949-1950 du Conseil de
sécurité nationale, le NSC-68, a élaboré
les visées des États-Unis d'un système politique
mondial « favorable à un environnement mondial où
peut survivre et s'épanouir le système
américain ».
La Guerre de Corée qui a duré de
juin 1950 à juillet 1953 était une expression
à une
autre échelle de la lutte de 1948-1950 des insulaires de
Jeju pour préserver leur autodétermination du
règne tyrannique de Rhee appuyé par les États-Unis
et de son groupe restreint de riches concitoyens. Fait peu connu, la
division de la Corée de 1945 imposée par les
États-Unis contre la volonté de la vaste majorité
des Coréens a été la
cause première de la Guerre de Corée qui a
éclaté cinq ans plus tard. La guerre a détruit par
bombardement la plupart des villes et villages au nord du 38e
parallèle et plusieurs villes et villages au sud, et par
conséquent quatre millions de Coréens ont
été tués - trois millions (un tiers) de
résidents vivant au nord et un million vivant au sud,
en plus du meurtre d'un million de Chinois. Il s'agit d'un crime
international de proportions effarantes qui est toujours non reconnu
même s'il a fait cinq millions de victimes et
séparé de façon permanente dix millions de
familles coréennes.
Récupération de restes humains
découverts dans une fosse commune près de
l'aéroport
de l'île de Jeju, en 2008
Suite à la Guerre de Corée, Dean Acheson
en est arrivé à la conclusion que « la Corée
nous a sauvés », puisqu'elle avait permis aux
États-Unis de mettre en oeuvre la stratégie
impérialiste apocalyptique décrite dans le NSC-68. En
Corée, la réalité est que les États-Unis
ont imposé un gouvernement dictatorial après l'autre
pendant 50 ans, longtemps après le départ
forcé de Rhee en 1960, à l'âge de 85 ans.
Depuis 1953, les États-Unis et la Corée du sud
vivent en vertu d'un Traité de défense mutuelle, une
entente sur le statut des forces et un commandement de forces
combinées dirigé par un général
américain à quatre étoiles. En
réalité, en
dépit des prétentions contraires, la Corée n'a
jamais assumé sa souveraineté depuis la division
imposée de la péninsule par les États-Unis
en 1945. Les États-Unis ont eu jusqu'à 100
bases militaires et près de 50 000 soldats sur le
territoire coréen, et encore aujourd'hui, ils ont une douzaine
de bases et 28 000
soldats stationnés en Corée. Pendant des
décennies, les États-Unis ont entretenu leur principal
champ de bombardement asiatique dans le sud de Séoul. [...]
76e anniversaire du soulèvement
héroïque du ghetto de Varsovie
Le soulèvement du ghetto de Varsovie (peintre
inconnu)
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, la
résistance contre les nazis a été organisée
dans de nombreux ghettos de l'Europe orientale alors que le peuple
armé d'armes de contrebande et d'armes faites à la main a
combattu pour la liberté jusqu'à la mort. Entre 1941
et 1943, plus de 100 unités de résistance
juives ont été
formées par les mouvements de résistance clandestins. Le
soulèvement armé du ghetto de Varsovie est l'exemple le
plus connu de la résistance armée des juifs contre les
nazis. Ce soulèvement a eu lieu du 19 avril au 16
mai 1943, lorsque les habitants du ghetto juif de Varsovie, en
Pologne occupée par les nazis, se sont soulevés
contre les déportations vers les camps d'extermination.
Le monument commémoratif consacré après la guerre,
érigé sur les ruines du bunker du 18 rue de Mila
dans le ghetto de Varsovie
|
Les nazis ont créé des ghettos dans les
villes de l'Europe orientale qu'ils occupaient. Le ghetto de
Varsovie était le plus grand de Pologne, établi peu
après l'invasion des Allemands en septembre 1939. Plus
de 400 000 juifs à Varsovie, la capitale de la
Pologne, étaient confinés dans une zone de 2,5
kilomètres
carrés. En novembre 1940, ce ghetto était
entouré d'un mur de plus de trois mètres de haut,
surmonté de barbelés, et étroitement
surveillé pour empêcher les mouvements entre le ghetto et
le reste de Varsovie. Les nazis contrôlaient le ravitaillement et
la quantité de nourriture qui entraient dans le ghetto et les
maladies et la famine tuaient des
milliers de gens chaque mois.
Pendant l'occupation nazie de la Pologne, plus
de 250 000 juifs du ghetto de Varsovie ont été
déportés ou tués.
En juillet 1942, Heinrich Himmler, chef du corps
paramilitaire nazi Schutzstaffel (la SS), ordonna que les juifs soient
« réinstallés » et
déportés vers les camps d'extermination. On a dit aux
juifs qu'ils étaient transférés dans des camps de
travail ; cependant, on a su rapidement dans le ghetto que la
déportation vers les camps
signifiait la mort. Deux mois plus tard, 265 000 juifs
avaient été déportés du ghetto de Varsovie
au camp d'extermination de Treblinka et plus de 20 000 autres
avaient été envoyés dans des camps de travail
forcé ou massacrés dans le ghetto pendant les
opérations de déportation.
Il restait environ 55 000
à 60 000 juifs dans le ghetto de Varsovie. Quand les
informations de massacres au centre d'extermination de Treblinka
parvinrent au ghetto, un groupe de survivants, pour la plupart des
jeunes, a formé une organisation connue sous le nom polonais de Zydowska
Organizacja
Bojowa,
l'Organisation juive de combat (OJC). L'OJC a émis une
proclamation appelant le peuple juif à résister à
être conduit de force au point de transfert et embarqué
dans les wagons de marchandises. Le 18 janvier 1943, lorsque
les nazis entrèrent dans le ghetto pour reprendre les
déportations vers les camps, une unité de l'OJC,
armée
d'armes introduites clandestinement par la résistance polonaise
antinazie, leur a tendu une embuscade. Après quelques jours, les
troupes ont reculé et les nazis ont suspendu les
déportations du ghetto de Varsovie pour les prochains mois.
Cette petite victoire a inspiré les combattants du ghetto
à se préparer à la résistance future. L'OJC
a été élargie
pour incorporer des membres d'organisations politiques clandestines.
Les forces de la résistance polonaises ont fourni un
entraînement, des armements et des explosifs. Mordechaj
Anielewicz, âgé de 23 ans, a été
nommé commandant. L'organisation de combat a été
unifiée, des stratégies ont été
planifiées, des bunkers souterrains, des tunnels
et des passages sur les toits ont été construits. Les
juifs du ghetto de Varsovie se sont préparés à se
battre jusqu'à la mort.
Le 19 avril 1943, Himmler envoya des troupes
SS sous le commandement du général SS Juergen Stroop pour
continuer les déportations. Mais la population du ghetto ne se
présenta pas aux déportations. Au lieu de cela, les
organisations de combat du ghetto s'étaient barricadées
à l'intérieur de bâtiments et de bunkers,
prêts à
résister aux Allemands. Sept cent cinquante combattants, en
infériorité numérique et d'armement, ont combattu
les nazis lourdement armés et bien entraînés.
Après trois jours, les Allemands ont commencé à
brûler le ghetto, bâtiment par bâtiment, pour forcer
les juifs à sortir de leurs cachettes. La résistance
s'est poursuivie alors que les Allemands,
avec leurs auxiliaires, des chars et de l'artillerie lourde,
réduisaient le ghetto en décombres, bloc par bloc,
détruisaient les bunkers où de nombreux habitants
étaient cachés. Ce n'est que le 16 mai que la
révolte fut écrasée et que le ghetto tomba sous le
contrôle des nazis. Ce jour-là, comme un ultime acte de
vengeance, les Allemands ont
détruit la Grande Synagogue de Varsovie.
La Grande Synagogue de la rue Tomackie à
Varsovie, construite entre 1872 et 1878, fut détruite
par les nazis le 16 mai 1943.
Dans son rapport après la destruction du ghetto,
le général Stroop écrit que 56 065 juifs
avaient été capturés ; de ce
nombre, 7 000 ont été déportés au
centre d'extermination de Treblinka, et les autres ont
été envoyés dans des camps de travail forcé
et au camp de Majdanek. On estime que les Allemands ont
perdu plusieurs centaines d'hommes dans le soulèvement.
Plusieurs des résistants ont réussi à
s'échapper du ghetto et à rejoindre des groupes partisans
dans les forêts autour de Varsovie.
Le soulèvement du ghetto de Varsovie a
inspiré des soulèvements des camps d'extermination et des
ghettos dans toute l'Europe orientale occupée par les nazis.
Le 2 août 1943, 1 000 prisonniers juifs de
Treblinka se sont emparés d'armes à l'armurerie du camp
et se sont soulevés. Même si beaucoup ont
été repris et
exécutés, plusieurs centaines de détenus se sont
évadés.
Portrait de groupe de membres du détachement de Kalinine (partie
du
groupe de 1200 partisans juifs de Touvia Bielski) en mission de
garde à
un aéroport dans la forêt de Naliboko en Pologne
Yitzhak Zuckerman, un des dirigeants du
soulèvement du ghetto de Varsovie, a souligné plus tard
son importance : « Je ne pense pas qu'il y ait un
réel besoin d'analyser l'insurrection en termes militaires.
C'était une guerre de moins de mille personnes contre une
puissante armée et tout le monde savait comment cela allait se
terminer.
Ce n'est pas un sujet à étudier dans une école
militaire, ni les opérations, ni la tactique. Ce serait un sujet
majeur dans une école qui s'intéresserait à
l'esprit humain. La véritable importance du mouvement
était dans la force montrée par la jeunesse juive,
après des années d'avilissement, qui l'a poussée
à se soulever contre ses destructeurs, et à
décider quelle mort elle choisirait : Treblinka ou le
soulèvement. Je ne sais pas s'il existe une norme pour mesurer
cela. »[1]
Note
1. Barbara Harshav, ed., trans., A
Surplus of Memory : Chronicle of the Warsaw Ghetto Uprising,
(Berkeley, Los Angeles, Oxford : University of California
Press, 1993), p. xiii.
Unité de partisans juifs près de Krasnik
en Pologne vers 1943
Hirsh Glick, jeune poète et partisan du ghetto
de Vilnius, a composé cette chanson en 1943,
inspirée par les nouvelles du soulèvement du ghetto de
Varsovie. La chanson est écrite sur la musique de la chanson
soviétique « Ce ne sont pas des nuages, mais
l'orage » des compositeurs soviétiques Dmitri et
Danil Pokrass. Cette
chanson est devenue l'hymne emblématique du mouvement de
résistance.
Pour entendre la chanson interprétée en
yiddish par Paul Robeson lors du Concert de 1949 à Moscou,
cliquez ici.
Zog Ni Keynmol (Nous sommes là)
Ne
dis
jamais
que
tu
vas
de
ton
dernier
pas,
Quand les jours bleus sont écrasés sous un ciel bas,
L'heure viendra, que nous avons tant espérée,
Frappant le sol, nos pas diront : Nous sommes là !
L'heure viendra, que nous avons tant espérée,
Frappant le sol, nos pas diront :
Nous sommes là !
Des palmiers verts jusqu'aux lointains pays neigeux,
Nous sommes là ! Le coeur en peine et douloureux,
Où notre sang, goutte après goutte, fut semé,
Notre courage et notre force vont germer.
Où notre sang, goutte après goutte, fut semé,
Notre courage et notre force vont germer.
Soleil futur tu embellis le jour présent,
Hier est l'ombre où disparaîtront nos tyrans,
Si le soleil se perd avant le jour levant,
Tel un appel d'âge en âge soit notre chant.
Si le soleil se perd avant le jour levant,
Tel un appel d'âge en âge soit notre chant
Il fut écrit, ce chant, par le sang, par le feu,
Ce n'est pas le chant d'un oiseau dans le ciel bleu,
Quand tout brûlait, parmi les murs qui s'écroulaient,
Fusil en main mon peuple a chanté ces couplets.
Quand tout brûlait, parmi les murs qui s'écroulaient,
Fusil en main mon peuple a chanté ces couplets.
Ne dis jamais que tu vas de ton dernier pas,
Quand les jours bleus sont écrasés sous un ciel bas,
L'heure viendra que nous avons tant espérée,
Frappant le sol nos pas diront : Nous sommes là !
L'heure viendra que nous avons tant
espérée,
Frappant le sol nos pas diront : Nous sommes là !
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