76e anniversaire du soulèvement héroïque du ghetto de Varsovie

Défi et résistance organisée contre le nazisme aux heures les plus sombres

Le soulèvement du ghetto de Varsovie (peintre inconnu)

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, la résistance contre les nazis a été organisée dans de nombreux ghettos de l'Europe orientale alors que le peuple armé d'armes de contrebande et d'armes faites à la main a combattu pour la liberté jusqu'à la mort. Entre 1941 et 1943, plus de 100 unités de résistance juives ont été formées par les mouvements de résistance clandestins. Le soulèvement armé du ghetto de Varsovie est l'exemple le plus connu de la résistance armée des juifs contre les nazis. Ce soulèvement a eu lieu du 19 avril au 16 mai 1943, lorsque les habitants du ghetto juif de Varsovie, en Pologne occupée par les nazis, se sont soulevés contre les déportations vers les camps d'extermination.


Le monument commémoratif consacré après la guerre, érigé sur les ruines du bunker du 18 rue de Mila dans le ghetto de Varsovie

Les nazis ont créé des ghettos dans les villes de l'Europe orientale qu'ils occupaient. Le ghetto de Varsovie était le plus grand de Pologne, établi peu après l'invasion des Allemands en septembre 1939. Plus de 400 000 juifs à Varsovie, la capitale de la Pologne, étaient confinés dans une zone de 2,5 kilomètres carrés. En novembre 1940, ce ghetto était entouré d'un mur de plus de trois mètres de haut, surmonté de barbelés, et étroitement surveillé pour empêcher les mouvements entre le ghetto et le reste de Varsovie. Les nazis contrôlaient le ravitaillement et la quantité de nourriture qui entraient dans le ghetto et les maladies et la famine tuaient des milliers de gens chaque mois.

Pendant l'occupation nazie de la Pologne, plus de 250 000 juifs du ghetto de Varsovie ont été déportés ou tués.

En juillet 1942, Heinrich Himmler, chef du corps paramilitaire nazi Schutzstaffel (la SS), ordonna que les juifs soient « réinstallés » et déportés vers les camps d'extermination. On a dit aux juifs qu'ils étaient transférés dans des camps de travail ; cependant, on a su rapidement dans le ghetto que la déportation vers les camps signifiait la mort. Deux mois plus tard, 265 000 juifs avaient été déportés du ghetto de Varsovie au camp d'extermination de Treblinka et plus de 20 000 autres avaient été envoyés dans des camps de travail forcé ou massacrés dans le ghetto pendant les opérations de déportation.

Il restait environ 55 000 à 60 000 juifs dans le ghetto de Varsovie. Quand les informations de massacres au centre d'extermination de Treblinka parvinrent au ghetto, un groupe de survivants, pour la plupart des jeunes, a formé une organisation connue sous le nom polonais de Zydowska Organizacja Bojowa, l'Organisation juive de combat (OJC). L'OJC a émis une proclamation appelant le peuple juif à résister à être conduit de force au point de transfert et embarqué dans les wagons de marchandises. Le 18 janvier 1943, lorsque les nazis entrèrent dans le ghetto pour reprendre les déportations vers les camps, une unité de l'OJC, armée d'armes introduites clandestinement par la résistance polonaise antinazie, leur a tendu une embuscade. Après quelques jours, les troupes ont reculé et les nazis ont suspendu les déportations du ghetto de Varsovie pour les prochains mois. Cette petite victoire a inspiré les combattants du ghetto à se préparer à la résistance future. L'OJC a été élargie pour incorporer des membres d'organisations politiques clandestines. Les forces de la résistance polonaises ont fourni un entraînement, des armements et des explosifs. Mordechaj Anielewicz, âgé de 23 ans, a été nommé commandant. L'organisation de combat a été unifiée, des stratégies ont été planifiées, des bunkers souterrains, des tunnels et des passages sur les toits ont été construits. Les juifs du ghetto de Varsovie se sont préparés à se battre jusqu'à la mort.

Le 19 avril 1943, Himmler envoya des troupes SS sous le commandement du général SS Juergen Stroop pour continuer les déportations. Mais la population du ghetto ne se présenta pas aux déportations. Au lieu de cela, les organisations de combat du ghetto s'étaient barricadées à l'intérieur de bâtiments et de bunkers, prêts à résister aux Allemands. Sept cent cinquante combattants, en infériorité numérique et d'armement, ont combattu les nazis lourdement armés et bien entraînés. Après trois jours, les Allemands ont commencé à brûler le ghetto, bâtiment par bâtiment, pour forcer les juifs à sortir de leurs cachettes. La résistance s'est poursuivie alors que les Allemands, avec leurs auxiliaires, des chars et de l'artillerie lourde, réduisaient le ghetto en décombres, bloc par bloc, détruisaient les bunkers où de nombreux habitants étaient cachés. Ce n'est que le 16 mai que la révolte fut écrasée et que le ghetto tomba sous le contrôle des nazis. Ce jour-là, comme un ultime acte de vengeance, les Allemands ont détruit la Grande Synagogue de Varsovie.

La Grande Synagogue de la rue Tomackie à Varsovie, construite entre 1872 et 1878, fut détruite par les nazis le 16 mai 1943.

Dans son rapport après la destruction du ghetto, le général Stroop écrit que 56 065 juifs avaient été capturés ; de ce nombre, 7 000 ont été déportés au centre d'extermination de Treblinka, et les autres ont été envoyés dans des camps de travail forcé et au camp de Majdanek. On estime que les Allemands ont perdu plusieurs centaines d'hommes dans le soulèvement. Plusieurs des résistants ont réussi à s'échapper du ghetto et à rejoindre des groupes partisans dans les forêts autour de Varsovie.

Le soulèvement du ghetto de Varsovie a inspiré des soulèvements des camps d'extermination et des ghettos dans toute l'Europe orientale occupée par les nazis. Le 2 août 1943, 1 000 prisonniers juifs de Treblinka se sont emparés d'armes à l'armurerie du camp et se sont soulevés. Même si beaucoup ont été repris et exécutés, plusieurs centaines de détenus se sont évadés.


Portrait de groupe de membres du détachement de Kalinine (partie du groupe de 1200 partisans juifs de Touvia Bielski) en mission de garde à un aéroport dans la forêt de Naliboko en Pologne

Yitzhak Zuckerman, un des dirigeants du soulèvement du ghetto de Varsovie, a souligné plus tard son importance : « Je ne pense pas qu'il y ait un réel besoin d'analyser l'insurrection en termes militaires. C'était une guerre de moins de mille personnes contre une puissante armée et tout le monde savait comment cela allait se terminer. Ce n'est pas un sujet à étudier dans une école militaire, ni les opérations, ni la tactique. Ce serait un sujet majeur dans une école qui s'intéresserait à l'esprit humain. La véritable importance du mouvement était dans la force montrée par la jeunesse juive, après des années d'avilissement, qui l'a poussée à se soulever contre ses destructeurs, et à décider quelle mort elle choisirait : Treblinka ou le soulèvement. Je ne sais pas s'il existe une norme pour mesurer cela. »[1]

Note

1. Barbara Harshav, ed., trans., A Surplus of Memory : Chronicle of the Warsaw Ghetto Uprising, (Berkeley, Los Angeles, Oxford : University of California Press, 1993), p. xiii.

(Photos : Yad Vashem Archive, Jewish Partisan Educational Foundation)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 15 - 20 avril 2019

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