Bannière du Supplément du Marxiste-Léniniste

Numéro 20

9 septembre 2021


Le 50e anniversaire du soulèvement d'Attica,
9 au 13 septembre 1971

Attica signifie résistance! Fermez Attica maintenant!

Les prisonniers condamnent les travaux forcés dans les prisons

Au sujet du soulèvement d'Attica

- Attica, c'est nous tous -

Dacajaweiah: son enfance et sa jeunesse

- John Steinbach -



Le 50e anniversaire du soulèvement d'Attica, 9 au 13 septembre 1971

Attica signifie résistance!
Fermez Attica maintenant!

Événements en continu, 9 et 13 septembre
Attica alors et maintenant

 

 
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LML consacre un supplément au soulèvement de la prison à sécurité maximum d'Attica, dans l'État de New York, qui a commencé le 9 septembre 1971 et s'est terminée par le massacre brutal perpétré par la police de l'État de New York envoyée par le gouverneur Nelson Rockefeller le 13 septembre 1971.

Nous vous présentons l'histoire telle qu'elle a été enregistrée par la Coalition Attica Is All of Us, ainsi qu'un extrait de l'éloge prononcée par John Steinbach sur le frère Attica Dacajaweiah (Splitting the Sky) lors de ses funérailles en 2013. Dacajaweiah a été placé dans le système carcéral américain et s'est retrouvé à Attica où il a pris part au soulèvement. Il a ensuite été condamné à la prison à vie sur de fausses accusations de meurtre d'un gardien de prison durant le soulèvement.

En cette occasion, nos pensées vont à Dacajeweaiah qui est décédé le 13 mars 2013 de s nombreux traumatismes qu'il a endurés tout au long de sa vie, à tous les frères d'Attica et à toutes ces familles et tous ces résistants, avocats épris de justice et défenseurs des personnes incarcérées par le système carcéral américain. Ils ont lutté et continuent de lutter pour mettre fin à ce système raciste et inhumain d'injustice brutale qui existe aux États-Unis. Ils apportent une contribution majeure à la création d'une société qui affirme les droits de tous sans exception et leur expérience est la preuve que notre sécurité réside dans la lutte pour les droits de toutes et de tous.

Avec nos plus profonds respects, nous dédions ce Supplément du LML à tous les hommes, femmes et jeunes qui luttent courageusement pour abolir le système carcéral raciste des États-Unis et ceux qui mènent la même bataille dans d'autres pays, dont le Canada[1].

Joignez-vous à la campagne « Attica Is All of Us ! » Pour plus d'informations, cliquez ici.

Note

1. Dans les années 1970, le système pénitentiaire américain s'effondre. À Walpole, San Quentin, Soledad, Angola et dans de nombreuses autres prisons, les prisonniers se sont battus pour défendre leurs droits. Depuis les années 1970, la population carcérale a explosé et les technologies de contrôle et d'isolement cellulaire sont devenues les plus perfectionnées et les plus répressives de l'histoire mondiale. Les prisons sont devenues plus dépendantes de l'esclavage et de la torture pour maintenir leur stabilité. Nombre d'entre elles sont privées, les juges qui envoient les prisonniers en prison étant propriétaires des prisons et récoltent les profits des sommes reçues de l'État pour l'entretien des prisonniers qu'ils empochent.

Il y avait environ 2,12 millions de personnes incarcérées aux États-Unis en 2020, sur une population de 329 064 917 personnes. Les États-Unis se disent le modèle de la démocratie dans le monde, mais ils sont les plus grands violateurs des droits humains. En comparaison, la population carcérale estimée en Chine en 2020 s'élève à 1,71 million de personnes pour un pays dont la population est de 1 433 783 686 personnes.

Au Canada, le système n'est pas moins raciste et inhumain. En 2017-2018, un jour donné, 38 786 adultes et 792 jeunes (âgés de 12 à 17 ans) étaient en prison au Canada (fédéral et provincial), pour un total de 39 578 prisonniers.

Au Canada, par rapport à toutes les autres catégories d'accusés, les autochtones continuent d'être emprisonnés plus jeunes, de se voir refuser plus fréquemment la libération sous caution, d'être moins souvent libérés sur parole et donc d'être libérés plus tard au cours de leur peine, d'être surreprésentés en isolement, d'être surreprésentés en détention provisoire et d'être plus susceptibles d'être classés comme délinquants à haut risque. Ils sont plus susceptibles d'avoir des besoins dans des catégories telles que l'emploi, l'intégration communautaire et le soutien familial (Parkes 2012 ; Green 2012).

Bien que les adultes autochtones ne représentent qu'environ 3 % de la population adulte au Canada, ils sont surreprésentés dans les admissions aux services correctionnels provinciaux et territoriaux ; en 2015-2016, ils représentaient 26 % des admissions. (Statistique Canada, 2016) Chez les femmes, 38 % des personnes admises en détention après condamnation dans les provinces et territoires étaient autochtones, alors que le chiffre comparable pour les hommes était de 26 % des admissions identifiées comme autochtones. (Ibid.) Dans les services correctionnels fédéraux, les femmes autochtones représentaient 31 % des admissions en détention après condamnation, tandis que les hommes autochtones représentaient 23 % des admissions. (Ibid.)

Les écarts entre les taux d'incarcération des autochtones et des non-autochtones sont plus prononcés dans certaines juridictions que dans d'autres. Par exemple, alors qu'au Québec la proportion d'autochtones condamnés à l'emprisonnement est le double de leur représentation dans la population québécoise, en Saskatchewan, la proportion de détenus autochtones est environ sept fois plus élevée que leur représentation dans la population provinciale. Bien que le problème de la surreprésentation des adultes autochtones dans le système correctionnel soit un problème général dans la plupart des juridictions, en particulier pour la détention provisoire et la détention après condamnation, le problème est plus prononcé dans les provinces de l'Ouest.

(Photos et illustrations : Attica News, Project NIA)

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Les prisonniers condamnent les travaux forcés
dans les prisons


Lansing, Michigan, 9 septembre 2016

Les prisonniers partout aux États-Unis, leurs familles, les avocats et les activistes soucieux de justice continuent de s'opposer aux conditions d'incarcération dans ce pays, notamment la torture de l'isolement cellulaire, le manque de soins de santé, la nourriture avariée et la négation du droit des prisonniers de poursuivre leur éducation.

Leurs actions sont surtout en opposition à la surexploitation des prisonniers traités comme des esclaves modernes. De nombreux prisonniers sont forcés de travailler pour peu ou aucun revenu, dans des centres d'appel, à la fabrication d'uniformes et d'autres produits pour les monopoles et les gouvernements d'États, sans oublier leur travail dans des opérations de secours, des projets d'infrastructure et d'autres.

Il y a cinq ans, le 9 septembre 2016, et dans les jours qui ont suivi, à l'occasion du 45e anniversaire de la Rébellion d'Attica, près de 50 000 prisonniers ont participé dans des actes de résistance, refusant de travailler. La résistance de masse organisée prenait toute son importance en raison des conditions carcérales. Les dirigeants de la résistance ont été transférés en isolement cellulaire par les autorités à titre de représailles. Ils ont néanmoins affirmé qu'ils poursuivraient leurs activités de contestation.

Que les prisonniers aient réussi à organiser une grève d'une telle ampleur et à obtenir l'appui de l'extérieur dans des conditions si difficiles témoigne de leur détermination et de leur refus de se soumettre. Cette qualité doit être appuyée et défendue par tous.

Le 9 septembre et durant les jours précédents, de nombreuses actions ont été organisées partout au pays en appui à la grève. De la Floride à l'État de Washington, du Texas au Massachusetts, les gens ont organisé des manifestations, des rivionnements de films, des sessions éducatives, des groupes de discussion, l'envoi de lettres aux prisonniers et bien d'autres choses. Partout, des efforts ont été faits pour bâtir des relations avec les prisonniers et veiller à ce que leurs voix soient entendues à l'extérieur des murs de prison. Il y a eu déploiement de bannières, rassemblements, affichage, des appels téléphoniques aux autorités et aux médias — le tout servant à alerter le public au fait que les prisonniers résistent, s'organisent et refusent d'être réduits au silence.


Pittsburgh, 9 septembre 2016

Les incarcérations de masse aux États-Unis sont une forme de contrôle des masses et de génocide, surtout contre les minorités nationales et les peuples autochtones, mais avec des répercussions sur toute la société. La grande majorité des prisonniers sont incarcérés pour des délits non-violents liés à la drogue. On les garde en dedans où ils sont souvent placés en isolement cellulaire parce qu'ils résistent et défendent leurs droits.

Les États-Unis se placent au deuxième rang mondial pour le taux d'incarcérations (après les Seychelles) — 698 prisonniers adultes pour 100 000 personnes. Alors que les États-Unis représentent 4,4 % de la population mondiale, ils incarcèrent 22 % des prisonniers à l'échelle mondiale et ils ont aussi le nombre absolu le plus élevé de prisonniers à l'échelle mondiale, soit 2,2 millions. Les Afro-Américains et les minorités nationales constituent la majorité des prisonniers.

Les problèmes que soulèvent les prisonniers et le taux massif d'incarcérations aux États-Unis sont en soi une condamnation du chauvinisme des cercles dirigeants qui prétendent que les États-Unis sont de grands défenseurs de droits humains. C'est aussi une condamnation du système social, politique et électoral des cercles dirigeants qui engendre des taux élevés d'incarcérations, prive le peuple de pouvoir politique et nie l'existence de ces problèmes sociaux et de combien d'autres en rabaissant le niveau de la politique à l'électoralisme le plus crasse. Il est une autre indication de la nécessité d'un profond changement prosocial que le peuple américain doit préparer et réaliser.

Comme le disent les prisonniers eux-mêmes :

« Les prisonniers sont forcés de travailleur pour peu ou pas de revenus. C'est de l'esclavage. Le 13e amendement de la constitution des États-Unis maintient l'exception juridique permettant la perpétuation de l'esclavage dans les prisons américaines. Selon cet amendement, ‘Ni esclavage ni servitude involontaire, si ce n'est en punition d'un crime dont le coupable aura été dûment convaincu, n'existeront aux États-Unis ni dans aucun des lieux soumis à leur juridiction.'

« Des surveillants épient nos moindres mouvements, et si le rendement de notre travail assigné ne leur est pas satisfaisant, nous sommes punis. Oui, ils ont remplacé le fouet par le poivre de cayenne, mais plusieurs des autres supplices sont toujours là : l'isolement, des positions restrictives, se mettre à nu et les fouilles corporelles, comme si nous étions des animaux. »

Par leurs actions, ils ont appelé à « mettre fin à l'esclavage en Amérique. C'est un appel direct aux esclaves mêmes. Ce ne sont pas des revendications ni des demandes que nous faisons à nos ravisseurs, mais bien un appel à nous-mêmes à passer à l'action. Nous appelons tous les prisonniers de tous les États et toutes les institutions fédérales des États-Unis à refuser d'être des esclaves, à laisser les récoltes pourrir dans les plantations, à faire la grève et à arrêter de reproduire les institutions de votre confinement.

« Cet appel est pour un arrêt de travail des prisonniers à l'échelle du pays pour mettre fin à l'esclavage dans les prisons [...]. Ils ne peuvent pas faire fonctionner ces établissements sans nous.

« Les contestations pacifiques, les arrêts de travail, les grèves de la faim et les autres refus de participer aux routines et aux exigences carcérales ont augmenté au cours des dernières années.

« La grève de la faim de 2010 en Géorgie, les grèves de la faim rotatives massives en Californie, l'arrêt de travail du mouvement Free Alabama en 2014, sont les actions les plus connues, mais ils ne sont pas les seules expressions du pouvoir des prisonniers. D'importantes, parfois très efficaces, grèves de la faim ont eu lieu au Ohio State Penitentiary, à Menard Correctional dans l'Illinois, à Red Onion en Virginie ainsi que dans plusieurs autres prisons.

« Le mouvement de résistance naissant est diversifié et interconnecté, comprenant entre autres les centres de détention pour immigrants, les prisons de femmes et les centres jeunesse. L'automne dernier, les femmes prisonnières à la prison de Yuba County en Californie se sont jointes à la grève de la faim commencée par les femmes incarcérées dans des centres de détention en Californie, au Colorado et au Texas.

« Des prisonniers partout au pays participent régulièrement à une myriade de manifestations du pouvoir à l'intérieur des prisons. Ils ont souvent réussi à le faire avec la solidarité des prisonniers eux-mêmes, en bâtissant des coalitions peu importe la couleur de la peau ou l'appartenance à un gang, pour confronter l'oppresseur commun. [...]

« Nous espérons mettre fin à l'esclavage carcéral en le rendant impossible, en refusant une fois pour toutes d'être des esclaves.

« Pour y arriver, nous avons besoin de l'appui des gens de l'extérieur. Une prison est un lieu où il est facile de confiner les prisonniers et de les contrôler, car chaque pierre des murs et chaque maillon de chaîne suinte la répression, et il en va de même pour chaque geste et chaque routine. Lorsque nous défions les autorités, ils s'en prennent à nous et la seule protection que nous avons est la solidarité des gens à l'extérieur.

« L'incarcération de masse, que ce soit dans les établissements privés ou gérés par l'État, est un stratagème par lequel les chasseurs d'esclaves patrouillent nos quartiers et contrôlent nos vies. Il exige la criminalisation de masse. Nos épreuves en prison sont un outil pour contrôler nos familles et nos communautés à l'extérieur. Certains Américains vivent chaque jour le danger de se faire exécuter de façon extrajudiciaire — comme les manifestations pour dénoncer les meurtres de Mike Brown, Tamir Rice, Sandra Bland et plusieurs autres l'ont amplement montré — mais aussi le danger d'être capturés, jetés dans ces plantations, enchaînés et forcés de travailler.

« Notre contestation de l'esclavage carcérale en est une aussi contre le chemin qui mène directement de l'école à la prison, contre la terreur policière, contre les contrôles après libération. Lorsque nous aurons aboli l'esclavage, ils perdront leur plus grande motivation à vouloir incarcérer nos enfants. Ils arrêteront de construire des pièges pour ramener dans leurs griffes ceux qu'ils ont libérés. Lorsque nous aurons éliminé le motif économique derrière nos travaux forcés du système carcéral américain, toute la structure des tribunaux et de la police, de contrôle et de chasse aux esclaves devra se transformer afin de nous accommoder en tant qu'humains, et non en tant qu'esclaves.

« La prison a un impact sur tout le monde [...]. Nous devons être rassurés que nos amis, nos familles et nos alliés à l'extérieur veillent sur nous.

« Faites votre part, levez-vous et joignez-vous à nous contre l'esclavage carcéral, pour notre libération à tous. »

Appuyez la résistance des prisonniers !


Appui aux prisonniers en grève de la faim à Pelican Bay en Californie, 2011

(Photos : itsgoingdown.org)

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Au sujet du soulèvement d'Attica

L'histoire

Pour une histoire plus complète et détaillée du soulèvement d'Attica, notamment les événements nationaux, politiques et internes qui ont conduit à la rébellion du 9 septembre 1971, ainsi que la description heure par heure et jour par jour de la rébellion telle qu'elle s'est déroulée, la reprise, de la prison par l'État le 13 septembre 1971, d'une violence extrême, les récits extraordinaires de la façon dont les frères d'Attica, les avocats et les militants communautaires se sont unis pour lutter contre les tentatives de l'État de les inculper au lieu des policiers, et enfin la chronique complète de la lutte de près de 30 ans des Frères pour être entendus dans leur procès civil, cliquez ici . Cette page de ressources sur Attica comprend des livres, des articles, des films documentaires, des mémoires et des liens vers des documents, des archives et d'autres ressources qui, collectivement, racontent cette histoire dans ses moindres détails. Pour un aperçu plus général du soulèvement d'Attica et de ses conséquences, déroulez la page vers le bas.

Le contexte

On ne peut comprendre Attica, et tout ce qui s'y est passé en 1971, sans rappeler ce qui s'était passé dans l'ensemble du pays - dans les rues comme dans les prisons - au cours de la décennie précédente. Dans des États comme la Californie, New York et le Mississippi, dans des villes comme Chicago, Newark et Détroit, dans des prisons aussi reculées qu'Angola et Auburn, ainsi que dans des prisons urbaines comme celles des comtés de Wayne, Cook et Los Angeles, des gens de tout le pays s'étaient mobilisés pour combattre l'oppression, l'injustice et les inégalités. Cependant, à maintes reprises, ces revendications populaires précises d'éliminer les pratiques et les politiques les plus racistes et sexistes de ce pays se sont heurtées à une réponse des plus violentes des représentants de l'État. Que ce soit à Selma en 1965, à Chicago en 1968, à Orangeburg en 1969, ou à l'université d'État de Jackson et à l'université d'État de Kent en 1970, ceux qui ont le pouvoir dans ce pays ont clairement fait savoir à quiconque osait changer cette nation pour le mieux, que cela pouvait signifier risquer sa vie.

Pour ceux qui étaient enfermés à Attica en 1970, il n'y avait guère d'autre choix que de prendre ce risque.

L'État de New York ne dépensait que 63 cents par jour pour nourrir ces hommes, ne leur donnait qu'un seul rouleau de papier toilette par mois et par personne et les forçait à travailler pour quelques sous de l'heure. Les soins médicaux dans cette prison étaient également barbares, les abus raciaux étaient endémiques, et les enfermements au bloc des cellules disciplinaire (HBZ) et  le confinement dans les cellules était arbitraire et interminable. Les détenus d'Attica ont résisté à ces conditions par tous les moyens possibles. Ils ont été poussés à s'exprimer par la situation terrible de cette prison, ainsi que par le fait que des mutineries avaient récemment eu lieu dans d'autres établissements de New York, comme Tombs et Auburn. Certains de ces hommes avaient récemment été transférés à Attica. Les hommes ont écrit des lettres aux représentants de l'État, se sont organisés politiquement et se sont engagés dans des actions directes, notamment en menant une importante grève à l'atelier de mécanique d'Attica en juillet 1970.

Mais les concessions qu'ils réussissaient à obtenir étaient souvent suivies d'une répression accrue.

Comme les mécontentements augmentaient, un groupe de prisonniers se faisant appeler la « Attica Liberation Faction » a décidé de publier un Manifeste de revendications à l'intention du commissaire des services correctionnels, Russell Oswald. Mais il n'a pas fait grand-chose pour résoudre ce qui était clairement une crise croissante dans cet établissement. Puis, le 21 août 1971, la nouvelle a éclaté que le militant de la prison californienne de San Quentin, George Jackson, avait été assassiné par des gardiens. Pour beaucoup de détenus d'Attica, cela a tout changé.

Le lendemain matin, c'était le silence absolu à Attica alors que les hommes se sont rendus au petit déjeuner, se sont assis, et ont refusé de manger.

Deux semaines après cette puissante expression de solidarité et de deuil en l'honneur de George Jackson, le soir du 8 septembre 1971, un prisonnier excédé du harcèlement trop commun de son gardien, s'est défendu dans la cour A d'Attica. Ses actions sans précédent, ainsi que le fait que d'autres détenus se soient précipités pour le soutenir et l'encourager, ont fortement inquiété les responsables de la prison. En soirée, un détenu du Bloc A a été enfermé dans sa cellule, deux hommes ont été emmenés dans la redoutable bloc HBZ (où le reste des hommes du Bloc A craignaient qu'ils soient battus, sinon tués), et personne ne savait ce que la répression leur réservait encore.

Du 9 au 12 septembre 1971

Le lendemain matin, 9 septembre 1971, alors que les hommes du Bloc A revenaient du petit déjeuner, ils avaient toutes les raisons de croire que la répression qu'ils craignaient était sur le point de s'abattre de manière particulièrement brutale.

Comme chaque matin en revenant du réfectoire, les prisonniers se tenaient dans le couloir A en attendant de pouvoir sortir dans la cour A pour un court moment de détente avant de se rendre à leur travail. Aujourd'hui, cependant, cette porte était verrouillée, tout comme les portes à chaque extrémité du couloir. Cela ne s'était jamais produit auparavant. Sans les avertir, le directeur d'Attica avait décidé ce jour-là de priver les détenus des quelques heures d'air frais qui leur étaient chères. De plus, il n'avait même pas informé les gardiens qui accompagnaient ces prisonniers de cette sanction de dernière minute. Ainsi, lorsque les agents correctionnels ont trouvé les portes de la cour A verrouillées, ils n'avaient aucune idée de ce qui se passait et ont commencé à paniquer. Les prisonniers ont immédiatement vu leur peur, et cela les a complètement terrifiés. Persuadés qu'ils étaient sur le point d'être attaqués, battus et gravement blessés, tous les hommes dans ce couloir ont commencé à reculer, cherchant désespérément à fuir le couloir bondé, et une bousculade indescriptible s'en est suivie. Au milieu de tout cela, alors que les prisonniers avaient désespérément commencé à pousser de toute leurs forces la porte principale menant à la salle de contrôle centrale de la prison, appelée « Times Square », soudainement, incroyablement, elle a cédé. Les détenus se sont précipités dans Times Square, ont saisi les clés pour déverrouiller les autres portes afin de s'échapper de cet espace étroit, et bientôt tous les autres détenus qui revenaient du petit déjeuner de tous les autres blocs cellulaires d'Attica cherchaient un moyen de sortir des couloirs souterrains bondés pour se mettre en sécurité.

À cause de la décision arbitraire et désastreuse des responsables de la prison, en l'espace de quelques minutes, Attica avait sombré dans le chaos le plus total. Personne n'était responsable, personne n'était en sécurité, personne ne savait ce qui se passait, et personne ne savait ce qui allait se passer.

Le chaos a cependant été de courte durée. Les prisonniers d'Attica ont rapidement compris l'importance de se serrer les coudes et de saisir l'occasion pour attirer l'attention du public sur la nécessité d'un changement significatif dans cette prison, et dans d'autres.

La rébellion d'Attica avait commencé.

Les prisonniers convergent vers la cour D de la prison d'Attica, 13 septembre 1971.

Lorsque ces près de 1 300 frères ont pris la décision de s'installer ensemble dans la cour D d'Attica, un grand terrain d'exercice ouvert entouré de murs de 10 mètres et surplombé par des miradors de gardes armés, ils ont entamé l'une des plus importantes manifestations pour les droits humains de l'histoire des États-Unis et du monde. Les prisonniers ont élu des représentants pour parler au nom de chaque bloc cellulaire. Ils ont mis en place une tente médicale, un système de distribution de nourriture et une table de négociation centrale où tous les discours pouvaient être diffusés par haut-parleur et traduits en espagnol pour que tous puissent les entendre et les comprendre. Après avoir pris des gardiens en otage dans l'espoir que les représentants de l'État n'entrent pas violemment dans la prison et négocient ainsi une résolution productive et pacifique de cet événement, les détenus d'Attica ont également veillé à ce que ces gardiens reçoivent des soins médicaux et soient protégés. Enfin, pour s'assurer que les négociations avec les représentants de l'État se dérouleraient de bonne foi, ils ont demandé aux médias et à un groupe d'observateurs extérieurs d'être témoins.

Les négociations ont commencé presque immédiatement et se sont poursuivies, presque jour et nuit, pendant quatre longues journées. En fin de compte, les détenus se sont concentrés sur 33 revendications, notamment d'importantes mesures de redressement pour les soins médicaux inadéquats d'Attica, les salaires d'esclaves, le manque de liberté religieuse, la fin de la censure, des mesures d'isolement administratif dures et arbitraires et du système de libération conditionnelle défaillant. Une autre revendication essentielle, claire pour tous ceux qui avaient vu ce qui était arrivé aux détenus qui avaient osé protester dans d'autres établissements de New York, comme à Tombs ou à Auburn, était que les détenus d'Attica bénéficient d'une amnistie et d'une protection complètes contre toutes les représailles juridiques et physiques, une fois cette manifestation terminée.


Des participants au soulèvement, avec un journaliste à l'intérieur de la prison

13 septembre 1971

Des participants au soulèvement d'Attica négocient avec des représentants de l'État
de New York.

De l'avis général, les négociations ont été un énorme succès. Les revendications des frères d'Attica étaient raisonnables et même les otages, que les médias ont interrogés et dont ils ont confirmé qu'ils étaient bien soignés, ont exprimé leur soutien aux représentants de l'État qui ont conclu un accord avec les détenus de la cour D. Cependant, comme l'ont montré des documents découverts en 2016, le gouverneur de New York, de connivence avec les forces de l'ordre, s'étaient mobilisés pour reprendre Attica avec une force brutale dès le premier jour du soulèvement. Et dès qu'ils ont eu l'occasion de le faire, ils l'ont fait.

Par la froide et pluvieuse matinée du 13 septembre 1971, et après avoir d'abord largué des grenades de gaz lacrymogènes CN et CS qui ont complètement terrassé les détenus de la cour D en les suffoquant et les faisant trébucher, aveuglés par les gaz, l'État de New York a ensuite envoyé plusieurs centaines de ses policiers ainsi que des agents pénitentiaires et d'autres membres des forces de l'ordre lourdement armés dans Attica. En moins de 15 minutes, suite aux décharges des chevrotines et de leurs fusils, de leurs armes de poing, de leurs armes personnelles, ainsi que d'innombrables armes émises par l'État - dont certaines sont destinées au gros gibier et d'autres sont interdites par la Convention de Genève - 128 détenus ont été blessés, et 39 tués. L'État de New York, au lieu de négocier un règlement pacifique à Attica, avait ouvert le feu et tué des dizaines d'hommes, prisonniers et otages confondus.

De façon stupéfiante, les représentants de l'État sont ensuite sortis de l'enceinte de la prison et ont déclaré à la foule rassemblée là, y compris les médias de tout le pays, que quelque chose de totalement différent venait de se produire. Les prisonniers, ont-ils dit, venaient de tuer les otages. Non seulement ils les auraient égorgés, mais ils avaient aussi brutalement castré l'un d'entre eux. Ce mensonge éhonté et totalement non corroboré a été publié en tant que compte-rendu factuel de ce qui s'était passé à Attica à la une du New York Times, du Los Angeles Times et, plus tragiquement encore, c'est l'histoire qui a été diffusée par l'AP, ce qui signifie que c'est l'histoire qui a fait la une des petits journaux dans les villes et petites localités des États-Unis.

Le massacre brutal à la prison d'Attica est accueilli le même jour par un tollé immédiat de la part des gens qui manifestent devant la législature de l'État de New York, à Albany.


New York, 13 septembre 1971


Buffalo, New York, 13 septembre 1971



New York, 18 septembre 1971

Les conséquences immédiates

Cet effroyable mensonge de l'État de New York allait non seulement, à ce moment-là et par la suite, retourner d'innombrables Américains contre l'idée que les prisonniers devraient avoir des droits fondamentaux dans ce pays, mais il allait également déclencher ce qu'un juge appellera plus tard « une orgie de violence » contre les prisonniers blessés et terrifiés à l'intérieur d'Attica - des détenus qui étaient désormais à la merci totale de policiers de l'État et des agents correctionnels assoiffés de leur faire payer d'avoir osé se rebeller en premier lieu.

Dans les jours, les semaines et les mois qui ont suivi la reprise du contrôle d'Attica par les autorités de l'État, la torture des détenus à l'intérieur s'est poursuivie, une opération sophistiquée et de grande envergure de camouflage des meurtres, des blessures et de ces actes de torture était en cours, de nombreuses enquêtes sur ce qui venait de se passer à Attica était en cours, et des militants et des avocats de tout le pays faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour s'assurer que les prisonniers à l'intérieur reçoivent les soins médicaux et la représentation juridique dont ils avaient désespérément besoin.

Bien qu'il y ait eu une enquête officielle de l'État de New York sur les raisons du soulèvement d'Attica et, ce qui est le plus urgent pour le public, sur les raisons pour lesquelles tant de personnes avaient été abattues, blessées et tuées, il est apparu par la suite que cette enquête était compromise dès le début. Comme les premiers enquêteurs étaient des enquêteurs de la police de l'État de New York – le même corps de police, et dans certains cas, les mêmes policiers qui avaient tiré et tué des gens le jour de la reprise d'Attica – et comme les preuves des tirs des policiers et des agents correctionnels n'ont jamais été recueillies, ont été « perdues », altérées et même brûlées, il y avait peu de chances qu'une véritable justice soit rendue. Effectivement, bien que toutes les morts du 13 septembre 1971 à Attica aient été causés par les forces de l'ordre, pas un seul agent de police ou agent correctionnel n'a été jugé. Au contraire. Quinze mois après le massacre, l'État, pour masquer son infamie, a porté 42 actes d'accusation contre 62 frères d'Attica, les accusant de 1300 crimes.

La lutte contre les inculpations

Toutefois l'histoire d'Attica est une histoire de résistance, et donc, l'histoire ne s'est pas arrêtée là. En fait, même depuis leurs cellules d'isolement, les frères d'Attica inculpés ont combattus leurs accusations. Dès le moment où les inculpations ont été prononcées, de jeunes avocats et étudiants en droit de tout le pays ont débarqué dans le nord de l'État de New York pour former à leurs côtés l'un des plus importants efforts de défense juridique communautaire de l'histoire des États-Unis, et des militants communautaires de tout le pays, et du monde entier, se sont mobilisés pour soutenir leur effort. Grâce à cet effort collectif herculéen, les frères ont finalement empêché l'État de New York de les traîner dans des procès criminels. Grâce aussi à la bravoure d'un dénonciateur de l'enquête sur Attica, prêt à dénoncer le camouflage au coeur de l'affaire, en 1976, le gouverneur Hugh Carey a été forcé d'annuler les dernières inculpations, de dissoudre les grands jurys d'Attica et même d'accorder des grâces et des commutations de peine.

Exiger que l'État rende des comptes

Manifestation à Buffalo, 1974

À ce moment-là, l'État de New York n'aurait rien souhaité de mieux que de faire disparaître les frères d'Attica. Bien sûr, aucun policier ne serait jamais inculpé maintenant que le « livre d'Attica était fermé », selon le gouverneur Carey. Mais puisque plus aucun prisonnier ne risque d'être inculpé non plus, il espérait que l'on pourrait peut-être passer l'éponge sur le passé. Mais pour les détenus d'Attica qui avaient vécu un tel traumatisme – on avait tiré 6 ou 7 coups de fusil sur certains d'entre eux, sans compter les fouilles à nu, les agressions, les bastonnades, la roulette russe, les brûlures, la torture, et les mises en accusation – comment était-il possible d'accepter que tout soit enterré? C'était beaucoup trop demander.

En fait, les frères survivants d'Attica et les proches parents des morts avaient déjà entamé une action collective fédérale en matière de droits civils contre Rockefeller et les responsables de la prison d'État le 13 septembre 1974. Bien qu'ils aient été forcés d'attendre, avant d'engager cette action, que les poursuites criminelles engagées contre eux soient terminées, ce qu'ils ont fini par faire. Il leur a fallu 29 ans – des décennies de tentatives de l'État pour les réduire au silence, cacher des documents, camoufler ce qui s'était réellement passé et qui était responsable, et protéger les responsables de la prison et de la police des actions les plus odieuses qu'ils avaient commises contre d'autres êtres humains. Cependant, les frères d'Attica ont fini par raconter au tribunal ce qui leur était arrivé à tous aux mains de l'État de New York, et ce dernier a été obligé de payer des dommages et intérêts pour l'orgie de violence qu'il avait déclenchée contre eux.

Attica : Le prochain chapitre

Aujourd'hui, le Centre correctionnel d'Attica reste ouvert. Attica est toujours une prison à sécurité maximale. Attica est toujours un endroit épouvantable et brutal. Compte tenu de la surpopulation carcérale actuelle, de l'allongement de la durée des peines par rapport à 1971, et des restrictions imposées à la capacité des prisonniers de contester les conditions épouvantables qu'ils subissent (en raison de lois terribles comme la Prison Litigation Reform Act - Loi portant réforme du droit de recours des prisonniers), certains diraient même que les conditions y sont pires aujourd'hui qu'elles ne l'étaient en 1971.

Quoi qu'il en soit, Attica est un lieu de traumatisme. Attica est un lieu de torture. Attica n'est pas un endroit pour les êtres humains aujourd'hui, pas plus qu'il ne l'était en 1971.

Et donc, aujourd'hui, 50 ans après le soulèvement d'Attica, nous exigeons la fermeture immédiate de cet établissement.

ATTICA SIGNIFIE RÉSISTANCE !

(Photos et illustrations : Prisoners Solidarity Committee, Attica News, Project NIA, Committee to Free Dacajaweiah, J. Stanthorp, Archives de la ville de New York.)

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Dacajaweiah: son enfance et sa jeunesse

Extrait de l'hommage rendu par John Steinbach à Dacajaweiah, lors d'un service en sa mémoire tenu à Chase, Colombie-Britannique, mars 2013.

Lorsque Dac n'avait que 7 ans et qu'il vivait à Buffalo, dans l'État de New York, son père Savario Boncore, peintre pour l'entreprise U.S. Rubber, a été contraint, avec 10 collègues, de pénétrer dans un grand réservoir d'entreposage et de le peindre au pistolet, sans respirateur ni autre protection. Les 11 hommes ont péri, laissant Dac et ses trois soeurs sans père, et sa mère sans ressources. Dac et ses soeurs ont été retirés de force de la garde de leur mère et placés dans des orphelinats, des foyers de groupe et des foyers d'accueil. Selon Dac, il a refusé de se soumettre à cet environnement oppressif et dégradant et a rapidement été qualifié d'« incorrigible » par les autorités.

À l'âge de 17 ans, fraîchement libéré de la maison de correction, Dac se retrouve sans abri et dort dans la rue alors que le cruel hiver de Buffalo approche à grands pas. Désespéré par le froid et la faim, il décide de cambrioler un magasin. Bien sûr, il a été rapidement appréhendé par les propriétaires du magasin qui lui ont donné un sandwich en attendant la police. Bien qu'il s'agisse de sa première condamnation pour crime, Dac a été condamné à quatre ans de prison pour tentative de vol.

Deux années difficiles à la maison de correction d'Elmira ont rendu Dac déterminé à résister au système carcéral brutal et raciste de New York. C'est à Elmira que Dac a fait la connaissance de militants des mouvements anti-guerre, amérindiens, de libération des Noirs et pour l'indépendance portoricaine, et qu'il a commencé à développer la conscience politique qui a inspiré son activisme au cours des 30 années suivantes. Dac se souvient : « Nous avons commencé à réaliser que nous étions victimes d'un système qui ne répondait pas à nos besoins et nous avons donc commencé à entretenir de nombreuses idées sur la résistance révolutionnaire afin de renverser ce système impitoyable. » À 19 ans, à quelques mois de sa libération conditionnelle et afin d'être libéré plus près de chez lui, Dac prend la décision fatidique de demander son transfert dans le célèbre goulag américain appelé la prison d'Attica.

Attica

Attica était tristement célèbre, même dans le système brutal et dégradant des prisons d'État des années 1970. La prison elle-même était exagérément surpeuplée et les prisonniers étaient contraints de subsister avec seulement 62 cents par jour. Bien que la grande majorité des prisonniers soient des personnes de couleur, le personnel de la prison est entièrement blanc et souvent ouvertement raciste. Il a été rapporté que le directeur lui-même était un leader actif du Ku Klux Klan local. Les agressions et les meurtres de prisonniers étaient monnaie courante. Bien qu'il n'ait que 19 ans lorsqu'il entre à Attica, Dac, endurci par deux années passées à Elmira, est déterminé à ne pas se laisser intimider. Il était loin de se douter qu'à peine 17 jours plus tard, Attica deviendrait un véritable enfer sur terre.

George Jackson était un héros pour de nombreux révolutionnaires, dont Dacajaweiah. Prisonnier à San Quentin en Californie, il avait écrit deux livres radicaux importants, et était considéré comme un des principaux porte-parole de la libération des Noirs et des droits des prisonniers. Lorsque George Jackson est piégé et assassiné par les autorités de San Quentin, l'onde de choc se propage dans tout le système carcéral américain. À Attica, les 1 200 détenus ont entamé une grève de la faim en solidarité, ce qui a rendu les gardiens furieux et effrayés.

Le lendemain, dans le but de créer des dissensions entre les prisonniers, les gardiens ont tenté de provoquer une émeute raciale en opposant un noir à un blanc. Lorsque le prisonnier blanc a protesté pour défendre son frère noir, les deux ont été envoyés au trou. Les conditions étaient en place pour la rébellion.

Dac se rappelle qu'il marchait dans le couloir avec Sam Melville, un dirigeant du Weather Underground, lorsqu'ils ont rencontré le capitaine des gardiens. Sam et un dirigeant noir ont demandé au capitaine pourquoi les autres étaient enfermés. Lorsque le capitaine a cherché des excuses, il a été renversé au sol et Dac a crié : « Prenons la place d'assaut ! On y est ! Faisons une émeute ! » Les 1 200 hommes ont organisé soudainement des émeutes et ont rapidement contrôlé la prison. L'un des gardes, William Quinn, est accidentellement blessé au cours de l'insurrection initiale et meurt quelques jours plus tard. Sa mort malheureuse jouera plus tard un rôle important dans l'histoire de Dac.

La rébellion a duré cinq jours et, dès le début, les 1 200 détenus se sont organisés en comités et ont montré au monde le vrai visage de la démocratie. Selon Dac, « pour la toute première fois, les peuples du monde entier commençaient enfin à entendre parler de ce qui se passait réellement au sein du système carcéral américain ». Les 50 gardiens de prison pris en otages ont été habillés en vêtements de prisonniers et utilisés dans les négociations. L'État a accepté 28 demandes, mais a refusé la plus importante et non négociable : une amnistie générale pour toutes les personnes impliquées. Il y a eu une impasse et, bien que les négociations soient en cours et que tous les otages soient sains et saufs, le gouverneur Nelson Rockefeller a donné l'ordre de prendre d'assaut Attica.

Lorsque la décision est tombée, plus de 1 000 soldats de la police d'État lourdement armés ont été détournés d'une attaque imminente contre les Indiens Mohawks du territoire d'Onandaga, qui tentaient de bloquer le prolongement de l'autoroute 81 à travers les terres indiennes sacrées. (Certains guerriers mohawks ont rapporté plus tard à Dacajaweiah que pendant le massacre d'Attica, les tambours accrochés au mur de la maison longue ont commencé à jouer un chant d'honneur sans que personne ne les joue). Il pleuvait ce jour-là, et Dac décrit des vagues de policiers d'État en imperméable rouge arrivant d'en haut, tandis qu'un hélicoptère survolait la cour pour exiger la libération des otages.

Soudainement, l'hélicoptère a lâché plusieurs bombes de gaz de combat CN4, interdites par la Convention de Genève et, simultanément, la police qui attaquait a ouvert le feu. Pas moins de 15 000 balles réelles ont été tirées ce jour-là et, lorsque la fumée s'est dissipée, 43 personnes étaient mortes, 11 gardes et 32 prisonniers, tous tués par les tirs de la police ; plus de 80 personnes ont été blessées. Dac décrit des prisonniers qui supplient pour leur vie alors qu'ils sont abattus de sang-froid. Il parle de prisonniers forcés à entrer dans des tranchées des latrines remplies d'urine et d'excréments, marqués d'un X puis abattus dans le dos. Dac lui-même a été frôlé par trois balles et aurait été tué si le fusil n'avait pas mal fonctionné. Au bout du compte, Attica a été un massacre criminel, mais Dacajaweiah est la seule personne à avoir été condamnée et punie.

Un an et demi après Attica, Dacajaweiah a été reconnu coupable du meurtre du gardien Quinn, et condamné à une peine de 20 ans à perpétuité. (Il aurait été condamné à la peine de mort si la Cour suprême ne venait pas de déclarer la peine capitale illégale). Alors qu'il était en liberté sous caution avant sa condamnation, Dac, pour la première fois, s'est impliqué dans le mouvement organisé. Il s'est rendu à Genienkeh, un camp de survie tenu par les Mohawks, où il est devenu membre de la Mohawk Warrior Society. Dans son livre, Dac raconte comment les Mohawk Warriors, vêtus de draps blancs pour se camoufler dans la neige, ont pris le dessus sur plusieurs centaines de troopers de l'État et les ont forcés à se retirer. C'est à Genienkeh que Dac a rencontré sa première femme Alicia, la mère de ses fils John et Nicosa. Finalement, Dacajaweiah a passé cinq longues années en prison pour le meurtre de Quinn.

Actions pour exiger la libération des prisonniers politiques du soulèvement d'Attica et d'autres luttes, à Buffalo, New York (1974) et à New York (1977)


Pour obtenir un exemplaire de l'autobiographie de Dacajaweiah, envoyez un chèque ou un mandat de 40 dollars (incluant la TPS, les frais d'expédition et de manutention) au :
Centre national des publications, B.P. 264, Station Adelaide, Toronto, Ontario M5C 2J8.

Au total, 61 hommes ont été inculpés pour le soulèvement d'Attica. Rockefeller est devenu vice-président des États-Unis et Hugh Carey est devenu gouverneur de New York. Au fil du temps, il est devenu de plus en plus difficile d'ignorer les atrocités commises à Attica et la pression politique est devenue insupportable. Nelson Rockefeller doit faire face à des audiences de confirmation pour le poste de vice-président, mais le massacre d'Attica constitue une tache majeure sur son dossier politique. Rockefeller ordonne à Anthony B. Simonetti, chef du bureau d'enquête criminelle de New York, de dissimuler les meurtres commis par la police d'État à Attica, qui fait alors l'objet d'une enquête par un deuxième grand jury. L'un des enquêteurs du massacre, Malcom Bell, qui a écrit plus tard le best-seller « Turkey Shoot », a refusé de prendre part à cette manipulation flagrante du jury et a fini par dénoncer l'affaire au New York Times. Le Times a gardé l'article de Bell pendant deux mois, jusqu'après la condamnation de Dacajaweiah. Lorsque l'histoire a finalement éclaté, elle a créé un scandale majeur. Dans un effort pour mettre un terme à ce fiasco embarrassant et politiquement dévastateur, le gouverneur Hugh Carey a ordonné que toutes les mises en accusation découlant d'Attica, y compris les mises en accusation probables contre la police, soient abandonnées. Dacajaweiah était le seul à rester emprisonné.

L'ancien procureur général Ramsey Clark a remplacé William Kunstler comme avocat de Dacajaweiah et a approché Carey, soulignant l'injustice de l'incarcération continue de Dac. Carey a ordonné la libération de Dac, mais pas avant que les autorités pénitentiaires et la police de l'État n'aient attenté à sa vie à plusieurs reprises. Dac décrit plusieurs tentatives d'assassinat, y compris le fait d'être conduit par des détectives à une audience de libération conditionnelle sur des routes secondaires à des vitesses de plus de 160 km à l'heure alors que les policiers qui les poursuivaient leur tiraient des balles. Lorsque Dac a comparu devant la commission de libération conditionnelle, et pour la première fois dans l'histoire de New York, la commission a annulé la décision de clémence du gouverneur et a ordonné qu'il soit maintenu en détention pendant deux années supplémentaires. Seize prisons plus tard, y compris un séjour à la prison de Sing Sing, et après une brève réincarcération pour violation présumée de sa liberté conditionnelle, Dac est finalement libéré pour de bon en 1979.

(« In Loving Memory of John Boncore Hill ‘Splitting the Sky' Dacajaweiah (Dac) », par John Steinbach, service en sa mémoire, 23 mars 2013. Photos : LNS, Committee to Free Dacajaweiah, J. Stanthorp. Les citations sont traduites de l'anglais par LML.)

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