Numéro 83 - 15 septembre 2021
Assurer notre sécurité en
investissant du pouvoir ceux qui luttent
à la défense des droits de tous et toutes
Propagation de la COVID dans les
écoles de Montréal
Manifestation à Montréal pour un retour
sécuritaire à l'école en 2020 - un an plus
tard le retour
se fait face à une quatrième vague de la COVID-19
• La
crise de la COVID-19 s'intensifie en Alberta
• Les travailleurs doivent
prendre l'initiative pour faire face à l'état du
système de soins de santé - Peggy
Morton
• Sur la situation à
laquelle les travailleurs du secteur public font
face en Ontario - Entretien avec Fred
Hahn du Syndicat canadien de la fonction
publique - Ontario
• Les travailleurs
d'hôtellerie de la Colombie-Britannique
ratifient une nouvelle convention collective
durement gagnée avec leurs employeurs
• Vente de terres
publiques par le gouvernement de la
Colombie-Britannique à de puissants intérêts
privés - K.C. Adams
Assurer notre sécurité en
investissant du pouvoir ceux qui luttent à la
défense des droits de tous et toutes
Le Québec a commencé à déployer des tests
rapides pour déceler les cas de COVID-19
dans 72 écoles dans quatre endroits ciblés à
Montréal et à Laval.
Ces quatre endroits ont un taux élevé de cas
actifs de COVID-19. Ce sont les quartiers
montréalais de Parc-Extension, Saint-Michel et
Montréal-Nord, ainsi que Chomedey à Laval.
Près de 20 % des écoles au Québec
signalent des cas de COVID-19, soit un total
d'environ 600 écoles et plus de 1 000
cas positifs.
Les
cas de COVID-19 continuent de grimper en Alberta.
Le 13 septembre, la province a
signalé 4 740 nouveaux cas de COVID-19
au cours de la fin de semaine, atteignant un total
de 18 395 cas actifs partout en Alberta,
ou 43 % de tous les cas actifs au
Canada.
Les hôpitaux sont saturés et les unités de soins
intensifs sont déjà bien au-delà de la limite de
leurs capacités. Les médecins, les spécialistes
des maladies infectieuses et les autres
travailleurs de la santé et leurs syndicats
prennent la parole pour confronter la crise et
proposer les mesures précises qui doivent être
prises.
Le système de santé fait face à de sérieuses
pénuries de personnel exacerbées par les maladies
professionnelles, les blessures et les démissions
alors que le gouvernement continue d'attaquer les
droits des travailleurs, notamment par des baisses
de salaires et la mise à pied de milliers de
travailleurs prévues. Edmonton a annulé plus
de 70 % de toutes les chirurgies déjà
prévues tandis que Calgary a annulé toutes les
admissions « non urgentes ». On craint fortement
que le système de santé ne s'effondre si les cas,
les admissions à l'hôpital et les admissions aux
soins intensifs continuent de doubler à tous
les 14 jours comme cela se produit
présentement.
- Peggy Morton -
Rassemblement à Edmonton en appui aux
travailleurs de la santé, 12 août 2021
Le gouvernement du Parti conservateur uni (PCU)
en Alberta est hors de contrôle, caractérisé par
l'irrationalité, le chaos, la recherche de la
vengeance et le mépris total du bien-être de la
population. Le premier ministre, son ministre de
la Santé et la médecin hygiéniste en chef ont
disparu pendant un mois alors que la quatrième
vague déferlait.
Le gouvernement refuse d'assumer la
responsabilité d'avoir faussement déclaré que la
pandémie était terminée, d'avoir supprimé toutes
les mesures sanitaires visant à contenir la
COVID-19 et d'avoir dit aux Albertains de ne pas
s'inquiéter, qu'ils allaient passer le meilleur
été de leur vie. Au lieu de cela, le gouvernement
blâme ceux qui ont suivi ses conseils et n'ont pas
reçu leur première ou leur deuxième dose de
vaccin. Comme toujours, les cartes que joue le
gouvernement sont la division, la diversion et la
tromperie. Les actions irresponsables d'un petit
nombre de personnes animées idéologiquement qui
harcèlent les patients et les travailleurs de la
santé sont utilisées pour déclarer que toutes les
actions, dont les piquets de grève des
travailleurs eux-mêmes, devraient être interdites
devant les hôpitaux. Selon cette approche, les
problèmes sont résolus par le biais des pouvoirs
de police, et non en leur apportant des solutions
viables décidées par les personnes concernées.
Tout au long de la pandémie, les travailleurs ont
refusé de se laisser submerger par un sentiment
d'impuissance face à un gouvernement qui refuse
d'agir pour protéger la population. Plus que
jamais, il est temps de défendre la position selon
laquelle notre sécurité réside dans la défense des
droits de toutes et tous ! C'est le moment de
prendre une fois de plus les devants, comme l'ont
fait les travailleurs tout au long de la pandémie.
Les Albertains ont mis les bouchées doubles pour
assumer leur responsabilité sociale. Protégeons
notre province (@POPAlberta) rassemble des
médecins, des scientifiques, des infirmières de
soins intensifs, des enseignants et des défenseurs
de l'éducation, entre autres, et propose
régulièrement des balados qui fournissent un large
éventail d'informations et prennent la défense des
Albertains.
Appuyons nos étudiants (SOS) a pris la
responsabilité de tenir tout le monde informé des
éclosions dans les écoles lorsque le gouvernement
ne l'a pas fait. Plus de 430 000
Albertains ont visité le traceur, soit un total de
quatre millions de fois. SOS continue de
s'organiser pour rendre les écoles sûres à un
moment où le gouvernement Kenney a même abandonné
la responsabilité du traçage des contacts dans les
écoles et ne signale les cas que lorsque plus de
10 % des enfants sont touchés. En plus de
proposer des mesures précises et complètes pour
les écoles, le site est une ressource précieuse
pour partager les initiatives que les gens
prennent pour protéger nos étudiants.
Le refus des travailleurs de se soumettre aux
mesures arbitraires se manifeste de multiples
façons. Le Syndicat des employés provinciaux de
l'Alberta (AUPE) a obligé le gouvernement
albertain à revenir sur sa demande déraisonnable
de retour aux endroits de travail. Les
travailleurs du gouvernement provincial qui
travaillaient à domicile peuvent désormais
continuer à le faire. Tous les syndicats du
secteur de la santé s'opposent fermement aux
demandes de réduction des salaires et aux attaques
contre les salaires et les conditions de travail,
et luttent pour mettre fin à la privatisation et
résoudre les problèmes d'effectifs insuffisants.
Les syndicats indiquent que si le gouvernement
décide d'appliquer les articles en suspens de la
loi 32, la loi antiouvrière omnibus du PCU adoptée
en juillet 2020, lorsqu'il le fera, ils ne s'y
conformeront pas. Ces dispositions exigent des
syndicats qu'ils demandent l'approbation de chacun
de leurs membres pour ce qu'ils appellent des «
activités politiques et autres causes », que
le gouvernement lui-même définira.
Les Canadiens sont solidaires des travailleurs de
la santé. Ils prennent des initiatives dans leurs
collectifs pour déterminer ensemble ce qu'ils
peuvent faire pour rendre leurs lieux de travail
et leurs communautés plus sécuritaires. Ne
permettons pas au gouvernement de profiter de la
situation pour imposer plus de pouvoirs policiers
arbitraires aux travailleurs !
Notre sécurité est dans la
lutte pour les droits de toutes et tous !
- Entretien avec Fred Hahn du
Syndicat canadien de la fonction publique
- Ontario -
Fred Hahn est le président du SCFP
Ontario, qui représente plus
de 280 000 travailleurs et
travailleuses des secteurs des soins de santé,
des municipalités, des conseils scolaires, des
services sociaux et des universités.
Forum ouvrier : Les
travailleurs des hôpitaux de l'Ontario qui ont été
aux premières lignes pour protéger la santé et la
sécurité de la population dans les conditions de
la pandémie font maintenant face à des demandes de
concessions de la part du gouvernement de
l'Ontario et de l'Association des hôpitaux de
l'Ontario. Qu'est-ce que cela signifie à ton
avis ?
Fred Hahn : En fait,
l'Association des hôpitaux de l'Ontario a présenté
des pages et des pages de concessions.
Pendant la pandémie, en vertu des décrets
d'urgence, la plupart des conventions collectives
de nos membres, et pas seulement celles des
travailleurs d'hôpitaux, ont été suspendues. Les
employeurs ont eu carte blanche pour réaffecter
les gens, changer leurs quarts de travail, ne pas
payer les heures supplémentaires. Il semble,
d'après certaines des concessions qui ont été
déposées, que les employeurs des hôpitaux aiment
ces choses-là et veulent les rendre permanentes.
Les concessions qu'ils veulent concernent la
sécurité d'emploi, les dispositions relatives à
l'affichage des postes, les exigences en matière
de quarts de travail, les heures supplémentaires,
de nombreuses choses qui figurent dans les
conventions collectives depuis longtemps mais
auxquelles les employeurs n'ont pas eu à se
conformer pendant des mois.
Il semble que les employeurs tentent d'apporter
des changements que nos travailleurs d'hôpitaux et
ceux de l'UIES (Union internationale des employés
des services) ne vont pas accepter. Les mesures
d'urgence donnaient littéralement un contrôle
total à l'employeur. L'employeur pouvait dire à un
travailleur qu'il devait travailler 12 jours
d'affilée sans paiement d'heures supplémentaires,
qu'il devait travailler à un endroit où il n'avait
jamais travaillé auparavant. Les employeurs
étaient habilités à faire de telles choses et bien
plus encore.
Dans
nos conventions collectives, nous disposons d'une
clause d'affichage des postes qui indique
clairement, lorsque vous avez fait votre demande
pour un emploi, quels sont les quarts de travail,
où vous travaillez, et que si vous travaillez de
plus longues heures, vous aurez droit à des heures
supplémentaires. S'il y a une réorganisation du
travail, des procédures abondantes sont énoncées
et des dispositions relatives à la sécurité
d'emploi sont prévues pour les réorganisations.
Ces dispositions sont importantes. L'employeur
veut apporter des changements à certaines de ces
dispositions, en limitant les droits des
travailleurs. Toutes ses propositions visent des
concessions, et nos membres ne les accepteront
pas.
C'est insultant pour nos travailleurs. C'est une
situation que nous avons connue dans tous les
secteurs. Cette ronde concerne les travailleurs
hospitaliers dont la négociation centrale vient de
commencer. Mais nous avons vu cela dans les
négociations municipales. Nous l'avons vu dans les
négociations avec les services sociaux. Dans tous
les cas, les employeurs qui ont bénéficié de
droits renforcés pendant la pandémie tentent de
négocier des concessions pour les conserver.
Je suis heureux de vous dire que lors de chaque
ronde de négociation dans n'importe quel secteur
où un employeur a essayé d'imposer des
concessions, nous avons réussi à les repousser et
nous allons faire la même chose dans le secteur
hospitalier.
Nous faisons face à un problème supplémentaire
dans la situation actuelle en raison d'une loi
adoptée par les conservateurs de Doug Ford, la
Loi 124, qui impose une restriction à la
négociation collective, qui dicte que les
augmentations de la rémunération ne doivent pas
dépasser1 % par an. Il ne s'agit pas
seulement des salaires. Toute la rémunération est
incluse dans ce 1 %.
Par exemple, les travailleurs d'hôpitaux
cherchent à améliorer le langage relatif aux
équipements de protection individuelle et à la
sécurité au travail. Ces améliorations sont
considérées comme un coût. Selon cette loi, si
vous négociez des mesures de sécurité améliorées
qui coûtent de l'argent, cela réduira votre
augmentation de salaire. L'amélioration de la
sécurité au travail, l'amélioration des niveaux de
personnel - ce qui est un véritable défi dans le
domaine des soins de santé - sont également
considérées comme des coûts qui entrent dans la
limite du 1 %.
Autre exemple : nous essayons de négocier
des jours de congé de maladie payés pour les
travailleurs à temps partiel et occasionnels. Rien
que cela, selon les représentants du gouvernement,
représente bien plus que 1 %. C'est ce
que l'employeur a dit.
Les
gens sont choqués lorsque nous leur disons ce que
contient cette loi. C'est pourquoi il est si
important que nous nous organisions, que nous
n'élaborions pas seulement des stratégies de
négociation, mais que nous passions le mot, que
nous informions le public et que nous fassions
prendre conscience à chacun ce que signifie cette
loi.
L'une de nos plus importantes revendications est
l'abrogation de la loi 124, car il s'agit
d'une attaque contre tous les travailleurs du
secteur public. Entre-temps, pendant cette ronde
de négociations, nous demandons que la loi soit
suspendue. Le gouvernement a apporté de nombreux
changements pendant la pandémie, notamment en
prévoyant une indemnité de pandémie supérieure
à 1 $ l'heure. Il l'a fait par
règlement, alors il peut le faire à nouveau dans
le cadre de cette négociation.
FO : Veux-tu ajouter quelque chose
en conclusion ?
FH : Après cette année et
demie de pandémie, nous constatons un changement
chez nos membres, chez nos voisins et chez les
travailleurs en général. Les travailleurs, après
avoir traversé une pandémie où ils pouvaient
littéralement perdre la vie, disent que cela
suffit, que nous devons faire les choses
différemment sur nos lieux de travail.
Collectivement et individuellement, ils prennent
conscience de leur valeur et du fait qu'ils
méritent mieux. Ils ne veulent pas retourner à des
conditions où leur santé, y compris leur santé
mentale, n'est pas prise en charge, où les
salaires sont insuffisants et où ils ne sont pas
traités avec respect.
Par exemple, pendant plus d'une décennie, notre
syndicat s'est prononcé sur les soins de longue
durée, contre la privatisation, sur la nécessité
d'éliminer le profit dans les soins aux personnes
âgées. Aujourd'hui, il y a beaucoup plus de
sensibilisation à ce problème, plus d'énergie.
Notre travail consiste à canaliser cette énergie
et à réaliser la possibilité d'apporter des
changements significatifs.
(Photos : CSHO, UIES)
La section locale 40 de UNITE HERE, le
syndicat qui représente les travailleurs
d'hôtellerie dans les hôtels, motels, bistrots et
magasins d'alcool dans 14 communautés de la
Colombie-Britannique, a annoncé le 13 septembre,
par voie de communiqué de presse, qu'une nouvelle
convention collective de 4 ans avait été
conclue avec Relations industrielles en hôtellerie
(HIR). Les travailleurs ont voté à 80 %
en faveur de la nouvelle entente. La nouvelle
convention collective protège plus de 1 000
travailleurs d'hôtellerie à Vancouver, Victoria,
Coquitlam, Richmond, New Westminster, Vancouver
Nord, Abbotsford, Harrison Hot Springs, Kamloops,
Castlegar, Port Alberni, MacKenzie, Prince Rupert
et Fort St-John.
Depuis le début de la pandémie, c'est bien connu
que les droits de rappel de la convention
collective et en vertu de la Loi sur les
normes du travail de la province ne
suffisaient pas à protéger les emplois des
travailleurs dans des situations de fermetures
prolongées des commerces. Bien qu'une poignée
d'employeurs aient accepté de prolonger les droits
de rappel pour que les travailleurs retournent à
leurs emplois dès la réouverture de l'entreprise,
la plupart ne l'ont pas fait.
Le syndicat indique : « Ce contrat comprend
une prolongation des droits de rappel pour la
durée de la pandémie de la COVID-19 —- jusqu'au
premier juillet 2023 ou jusqu'à ce que
l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ait
déclaré que la pandémie est terminée.
Après 18 mois d'efforts, les travailleurs
d'hôtellerie de la Colombie-Britannique,
représentés par la section locale 40 de UNITE
HERE, ont obtenu une nouvelle norme qui garantit
le droit des travailleurs de retourner à leurs
emplois à mesure que les commerces reprennent
leurs activités...En plus d'avoir obtenu des
droits de rappel illimités en prévision de futures
crises telles que les pandémies et les désastres
naturels, ils ont obtenu une protection plus
prolongée de leur droit de rappel dans le cas de
mises à pied saisonnières régulières, une
prolongation de la période de 6 à 12 mois.
Les travailleurs ont aussi défait les tentatives
des employeurs d'imposer des concessions et
l'entente protège les régimes de retraite,
l'assurance-santé, l'indemnité de départ et les
clauses sur la charge de travail négociées dans le
passé.
La victoire a été remportée grâce aux actions
militantes sans relâche des travailleurs dans
plusieurs communautés, avec des rassemblements et
des piquetages ainsi qu'une grève de la faim
devant l'Assemblée législative en août 2020.
Les travailleurs ont demandé au gouvernement
néodémocrate de prolonger la période de rappel
prévue dans la Loi sur les normes du travail
non seulement pour eux-mêmes mais pour les
milliers de travailleurs qui connaissent des
situations semblables. De façon éhontée, les
ministres et députés du gouvernement ont refusé de
rencontrer les travailleurs, n'ont pas levé le
petit doigt et n'ont rien dit pour appuyer leurs
justes revendications.
Plus le public a été sensibilisé aux actions
injustes des employeurs et à la juste cause des
travailleurs, plus son appui a été grand. Les
conseils municipaux de New Westminster, Burnaby et
Victoria ont adopté des résolutions en appui aux
revendications des travailleurs et ont cessé de
faire affaire avec les hôtels qui ne
garantissaient pas les emplois des travailleurs à
la réouverture. La Fédération du travail de la
Colombie-Britannique a fait de même. Des
politiciens municipaux et fédéraux, des chefs
syndicaux et des travailleurs de nombreux
syndicats ont participé aux rassemblements et aux
piquetages des travailleurs d'hôtellerie.
Stephanie Fung, une porte-parole de la section
locale 40 de UNITE HERE, a dit au Forum
ouvrier que le syndicat était soulagé et
enthousiasmé par le dénouement heureux des
négociations avec le HIR et que le succès était le
résultat des actions entreprises par les
travailleurs eux-mêmes. Elle a dit que les
négociations se poursuivaient avec les dix autres
hôtels qui ne font pas partie du HIR afin de
garantir les droits de rappel des travailleurs et
signer des conventions collectives. Elle a
dit : « Si le HIR peut accepter de protéger
les travailleurs, il n'y a pas de raison pour que
les autres dix ne puissent pas le faire, donc nous
allons continuer de nous battre ».
Forum ouvrier félicite les travailleurs
d'hôtellerie de la Colombie-Britannique et leur
syndicat pour ce succès dans leur lutte résolue et
de principe pour leurs droits et pour les droits
de tous les travailleurs. Nous appuyons les
travailleurs d'hôtellerie qui ne sont pas protégés
par cette entente, là où la lutte pour les droits
des travailleurs se poursuit.
- K.C. Adams -
Les gouvernements de partis cartellisés de la
Colombie-Britannique ont vendu 164 écoles,
établissements de santé et hôpitaux de la
province, ainsi que des parcelles agricoles et
industrielles entre 2013 et 2019. Le
programme de vente appelé « Libération des actifs
pour la génération économique » a commencé
avec le gouvernement du parti libéral au pouvoir
en 2013, et s'est poursuivi avec le
gouvernement de coalition NPD/Parti vert
en 2017, bien qu'il ait changé le nom du
programme pour « Propriétés publiques
excédentaires ». Ce programme existe toujours
aujourd'hui avec le gouvernement majoritaire du
NPD. En 2019, la liste des « Propriétés
publiques excédentaires » comprenait 69
propriétés. La vente de propriétés publiques s'est
poursuivie malgré le fait que Jinny Sims, du
gouvernement de coalition NPD/Parti vert, ait
déclaré ce qui suit dans un article du Vancouver
Sun de 2019 : « Il est de plus en plus
difficile de trouver des terrains abordables dans
les villes de la Colombie-Britannique qui
connaissent la plus grande croissance pour
construire de nouvelles infrastructures
publiques. »
Au cours de la période de six ans de 2013
à 2019, qui constitue la base d'une enquête
de Postmedia, la valeur marchande des terres
publiques bradées a dépassé un milliard de
dollars.
La braderie des biens publics révèle plusieurs
problèmes particulièrement préoccupants :
- dans de nombreux cas, les acheteurs privés ont
réalisé des profits démesurés peu de temps après
avoir acheté les biens publics ;
- les promoteurs privés ont usé de leur influence
sur les conseils municipaux pour subdiviser les
grandes parcelles de terrains publics qu'ils ont
achetées, ce qui a entraîné une augmentation
immédiate et spectaculaire de la valeur des
terrains ;
- certains biens publics ont été revendus à des
prix beaucoup plus élevés le jour même de l'achat
initial auprès du gouvernement ;
- certains des acheteurs de biens publics ont
fait d'importantes contributions aux partis
cartellisés libéraux et néodémocrates qui étaient
ou sont devenus les gouvernements de partis au
pouvoir qui vendaient les biens publics ;
- certains biens publics, après avoir été vendus
comme « excédentaires », ont été
immédiatement loués à l'acheteur par le
gouvernement au pouvoir pendant des années ;
- la vente d'écoles et d'hôpitaux a été effectuée
alors que la population de la Colombie-Britannique
augmente et que la province manque d'installations
et de terrains sur lesquels faire de la
construction, en particulier d'écoles et
d'établissements de santé.
Les établissements de santé de Vancouver, les
écoles de la Côte-Nord et des acres de terres
agricoles à Surrey font partie des 164 biens
publics jugés « excédentaires » et vendus au
cours de ces six années. En 2019, le
ministère de l'Éducation comptait 48
propriétés de moins, dont beaucoup d'anciennes
écoles dans des villes comme Salmon Arm, Langley
et Nanaimo. Une douzaine de propriétés liées aux
établissements de santé avaient disparu, notamment
des hôpitaux, des centres médicaux et une station
d'ambulance de Vancouver, ainsi que des aires de
loisirs, des terrains urbains et des terrains
industriels de petite et grande superficie. Les
prix par vente variaient de 16 000
dollars à 217 millions de dollars, le
gouvernement utilisant le milliard de dollars
qu'il a reçu comme revenu général.
Les ventes ont eu lieu dans toute la
Colombie-Britannique, notamment :
Surrey -- 21
Prince George -- 15
Delta -- 8
Burnaby et Salmon Arm -- 7 chacune
Nord de Vancouver et New Westminster -- 6 chacune
La vente de biens publics à des intérêts privés
en Colombie-Britannique s'est faite légalement,
conformément au droit commercial en vigueur. Il
convient de noter que cette pratique n'est pas
inhabituelle, tous les partis cartellisés de la
Colombie-Britannique s'y adonnant une fois au
gouvernement. Plus de 1 500 transactions de
ce type ont eu lieu entre 1981 et 2018.
De nombreux détails de certaines ventes pourraient
être qualifiés de corruption, comme le décrivent
les prochaines parties de cette série, mais comme
tout est légal selon le droit existant, la
corruption est « parfaitement légale » même
si elle est immorale et contraire à l'intérêt
public.
À suivre -- Deuxième partie : La vente de
biens publics et la flambée subséquente des
valeurs immobilières et des profits pour les
acheteurs.
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
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