Numéro 77 - 1er septembre 2021
Les travailleurs du
Nouveau-Brunswick luttent pour résoudre
la crise de recrutement et de rétention
Des marches dans toute la province
en appui aux travailleurs du secteur public
Fredericton, 28 août 2021 (F. Hahn)
• Ce
que les participants à la marche de Fredericton
avaient à dire
• La campagne de 100 jours
des travailleurs du Nouveau-Brunswick
Entrevue
• Le sérieux problème de
la migration des travailleurs hors du
Nouveau-Brunswick - Daniel Légère
La situation
des travailleurs de la santé de la
Colombie-Britannique
Entrevue
• Il faut trouver une
solution au problème de la pénurie de
main-d'oeuvre en soins de santé -
Rhonda Bruce
Les travailleurs du
Nouveau-Brunswick luttent pour résoudre la crise
de recrutement et de rétention
Sackville, 28 août 2021 (B.
Wark)
Le 28 août, la section du Nouveau-Brunswick
du Syndicat canadien de la fonction publique
(SCFP-NB) a organisé des marches à l'échelle de la
province pour remercier et appuyer les
travailleurs essentiels de première ligne qui ont
fourni des services publics vitaux aux résidents
du Nouveau-Brunswick pendant la pandémie de la
COVID-19 et continuent de le faire. Les marches se
sont tenues dans 14 communautés et ont connu
une large participation de travailleurs du secteur
public, de leurs familles et de leurs amis. Elles
ont eu lieu à Saint John, Moncton, Fredericton,
Edmundston, Saint-Quentin, Campbellton, Bathurst,
Tracadie, Perth-Andover, Woodstock, St. Stephen,
Sussex, Sackville et Miramichi. Les participants
ont exprimé leur appui à la campagne de 100
jours du SCFP du Nouveau-Brunswick.
Les marches ont eu lieu une semaine après que le
gouvernement et le syndicat se sont entendus pour
tenir une négociation centrale sur la question des
salaires.
Le 27 août, le SCFP-NB a tenu un sommet de
négociation d'une journée sous le thème «
Négocions vers l'avant », avec plus
de 100 membres des équipes de négociation du
SCFP. Les membres du syndicat et le public ont pu
suivre l'événement en direct en ligne à partir du
flux vidéo fourni par le syndicat.
À Fredericton, NB Media Co-op a interviewé
quelques uns des plus de 250 marcheurs. Voici
quelques citations :
Gail Wylie, ancienne fonctionnaire
« Je suis venue simplement appuyer tous les
travailleurs de la fonction publique. J'y ai
travaillé moi-même. Et j'ai souvent pensé à eux
pendant la COVID-19. Je pense que je n'aurais pas
été capable de faire ce qu'ils ont fait. Ils sont
si créatifs, si dévoués et j'apprécie au plus haut
point qu'ils ont été capables de maintenir les
services. Surtout dans le système de santé. Je
pense que nous devons leur rendre hommage parce
qu'ils prennent des risques et qu'ils sont
tellement capables de s'adapter. »
Sonny Levasseur, section locale 2745 du
SCFP
« Je suis un délégué de zone de la région
d'Oromocto-Fredericton [membre du personnel de
soutien scolaire]. Je suis venu exprimer mon appui
au SCFP. Je veux appuyer tous les travailleurs du
secteur public, tous les travailleurs de première
ligne, c'est la raison de ma présence. »
Sandy Harding, directrice régionale du SCFP
pour les Maritimes
« Je suis ici pour deux raisons. D'abord je ne
pense pas que les travailleurs des services
publics de première ligne, les travailleurs
essentiels, syndiqués ou non, ont été reconnus
pour le travail qu'ils font dans cette province.
C'est une raison. Je pense qu'ils ont besoin
d'être remerciés. Ils ont tenu la province à bout
de bras pendant une pandémie. L'autre raison c'est
que je suis une mère de cinq enfants, qui continue
de dire que je crois que le gouvernement a la
responsabilité de maintenir mes enfants dans cette
province au lieu de leur dire de s'en aller en
Alberta pour obtenir de meilleurs salaires. Et je
pense que la lutte que nous menons en ce moment
peut avoir un impact sur nous pendant des
générations. Si nous ne faisons pas quelque chose
maintenant et que nous n'investissons pas dans
notre service public ici, et dans nos travailleurs
des services publics, nous allons continuer de
perdre nos enfants au profit des autres provinces,
ce qui a un impact. Et je ne suis pas prête, en
tant que mère, à voir mes enfants dispersés
partout en Amérique du Nord parce qu'ils vont y
trouver un meilleur emploi. Je les veux ici, dans
cette province. J'aimerais qu'ils travaillent dans
le secteur public et je veux les encourager dans
ce sens. Voilà les deux raisons. »
Fred Hahn, président du SCFP-Ontario
« Je suis venu de l'Ontario pour exprimer ma
solidarité avec nos membres au Nouveau- Brunswick.
Ce qui se passe ici est incroyablement inspirant
parce que les travailleurs de première ligne, les
travailleurs du secteur public, affrontent les
mêmes défis. Que ce soit en Ontario, au
Nouveau-Brunswick, en Alberta, partout au pays,
nous sommes ceux qui ont permis à nos communautés
de survivre à la pandémie, dans des situations
incroyablement stressantes et difficiles. Et
maintenant, les gouvernements ont l'air de penser
que c'est nous qui devons payer le prix de tout
ça. Je suis si fier de nos membres ici et des
communautés d'ici qui ne font qu'un avec eux et
qui s'organisent pour dire « pas question
d'endurer cela une seconde de plus. Nous
revendiquons quelque chose de mieux ».
(Photo : NB Media Coop)
L'objectif
de la campagne de 100 jours des travailleurs
du Nouveau-Brunswick est de briser le mandat de
gel et de restriction des salaires qui a été
imposé depuis 15 ans par les gouvernements
qui se sont succédés. Dans les négociations
actuelles des travailleurs du SCFP pour le
renouvellement de leurs conventions collectives,
dont quelques-unes sont même terminées depuis
quatre ans, le gouvernement conservateur
majoritaire actuel insiste pour imposer des gels
de salaires et restreindre les augmentations de
salaire bien en deçà du coût de la vie, ce qui en
fait des coupures de salaire. Les travailleurs
rejettent fermement ce diktat et font remarquer
que cela va les appauvrir, va aggraver le problème
de la rétention et de l'attraction de la
main-d'oeuvre et le problème de la migration des
travailleurs du Nouveau-Brunswick vers d'autres
provinces qui ne cesse de croître.
La campagne des 100 jours pour des
augmentations de salaire négociées que les
travailleurs jugent acceptables se termine à la
Fête du Travail, le 6 septembre. Plus
de 22 000 membres du SCFP qui sont sans
convention collective pourront alors prendre un
vote de grève si le gouvernement persiste à
essayer de leur imposer son diktat.
Le gouvernement du Nouveau-Brunswick est
indifférent face à ces arguments des travailleurs
parce qu'il est aveuglé par la vision néolibérale
antisociale selon laquelle les programmes sociaux
doivent être privatisés et les travailleurs sont
remplaçables. De tels gouvernements accusent les
travailleurs de nuire aux « contribuables »
quand ils prennent la parole et luttent pour
améliorer leurs salaires et leurs conditions de
travail. Ces arguments sont méprisables parce que
c'est le gouvernement qui nuit aux contribuables
et mine les services publics par ses manoeuvres
pour payer les riches. Fournir des salaires et des
conditions modernes pour la livraison des services
dont le peuple a besoin est quelque chose de
crucial. Le gouvernement veut avoir les mains
libres pour privatiser davantage les soins de
santé et les services publics afin d'enrichir les
intérêts privés étroits alors que les travailleurs
s'y opposent et défendent le droit public.
Entrevue
- Daniel Légère -
Daniel Légère est le président de la
Fédération des travailleurs et travailleuses du
Nouveau-Brunswick
Forum ouvrier : La migration
des travailleurs à l'extérieur de la province est
un problème de longue date au Nouveau-Brunswick.
Tu en as souvent parlé. Quel est ton point de vue
sur la façon dont le problème se pose ?
Daniel Légère : Au
Nouveau-Brunswick, nous avons assisté à la
fermeture de grandes industries, de mines, de
papeteries et de scieries. Ces industries
employaient un grand nombre de travailleurs
hautement qualifiés, des gens de métier. Lorsque
les industries ont fermé, il n'y avait plus rien
au Nouveau-Brunswick qui leur offrait un salaire
comparable. Il y a deux ans, nous avons eu le
lockout des travailleurs de la fonderie de
Belledune par Glencore. Un certain nombre de ces
travailleurs n'étaient pas sur les lignes de
piquetage. Ils étaient partis dans l'Ouest. Ils
devaient payer leurs factures. Au cours du
lockout, Glencore a fermé la fonderie pour de bon,
ce qui a également contribué à la migration vers
l'Ouest.
C'est bien connu, le Nouveau-Brunswick se
caractérise par son économie à bas salaires. Le
gouvernement et les entreprises font tout en leur
pouvoir pour maintenir les salaires aussi bas que
possible afin d'attirer les entreprises avec la
promesse de profits maximums. Nous sommes
maintenant dans une situation où, pour de nombreux
travailleurs, le plan de retraite sera une
déclaration de faillite personnelle. Les
travailleurs gagnent de moins en moins d'argent.
Chaque année, ils prennent de plus en plus de
retard à rembourser leurs dettes et beaucoup font
vivre leur famille en utilisant leur carte de
crédit. À un moment donné, ils n'y arrivent plus
et cela se termine en banqueroute. Lors d'un
congrès auquel j'ai assisté il y a environ un an,
une travailleuse a pris le micro et a déclaré en
toute franchise que son plan de retraite c'était
la faillite personnelle.
Nous assistons à un exode continu hors de la
province. Cela a commencé il y a environ 20
ans. Il a été aggravé encore plus par la
concurrence de l'extérieur de la province où les
salaires sont plus élevés. Les employeurs du
Nouveau-Brunswick ne veulent pas payer, et ce, pas
seulement dans le secteur privé, les mines ou les
usines. Nous assistons à un exode des infirmières,
des psychologues et des psychiatres. Les gens ne
veulent pas être coincés dans cette économie à bas
salaire et sans avantages sociaux que nous avons
au Nouveau-Brunswick.
C'est pourquoi nous nous retrouvons dans la
position dans laquelle nous sommes actuellement
dans le domaine des soins de santé. Il y a une
pénurie de plus de mille infirmières et infirmiers
dans notre système de soins de santé. Ce sont des
postes qui sont vacants. Cela ne tient pas compte
des infirmières qui sont en congé d'épuisement
professionnel, en congé de maladie ou en congé de
maternité. Ce sont des postes vacants que personne
n'occupe.
Nous en voyons les conséquences. Aujourd'hui,
nous voyons des salles d'urgence de petits
hôpitaux fermées la fin de semaine. Certaines ont
complètement fermé leurs portes. Nous voyons des
maternités fermées pendant des semaines et des
femmes enceintes qui se font dire : « Vous ne
pouvez pas venir dans notre hôpital. Nous n'avons
tout simplement pas le personnel nécessaire. Vous
devrez voyager de plus longues distances. »
Ce problème ne concerne pas seulement les
hôpitaux. Le plus gros problème se situe dans les
résidences pour personnes âgées et il s'est
manifesté tout au long de la pandémie à travers le
pays, en particulier dans les résidences pour
personnes âgées privées à but lucratif, où les
propriétaires essaient de s'enrichir sur le dos
des travailleurs, en leur versant de bas salaires
et en ayant le moins de personnel possible. Ils
prennent des raccourcis pour économiser de
l'argent. C'est là que les effets de la pandémie
ont été les plus graves, dans les résidences pour
personnes âgées privées.
Mais ce problème existe aussi dans nos résidences
publiques pour personnes âgées. Depuis 30
ans, nous savons qu'ils ont besoin de ratios
travailleurs/résidents plus élevés, qu'il n'y a
tout simplement pas assez de personnel. Le manque
de personnel a un effet domino. Plus on travaille
avec moins de personnel, plus on s'épuise. De
moins en moins de personnes sont prêtes à
travailler dans cet environnement où les salaires
sont bas et où il y a une pénurie constante de
travailleurs. Le problème ne cesse de s'aggraver
et la situation ne cesse de se dégrader.
Personnellement, je pense que les gouvernements
laissent délibérément le système public échouer.
Ils en arriveront à un point où ils diront que le
public ne peut plus fournir les services, qu'ils
doivent confier le système au secteur privé.
La solution du gouvernement provincial à la
pénurie de travailleurs est d'essayer d'accélérer
l'immigration, de recruter des travailleurs dont
les conditions de travail et de vie sont pires que
celles que nous avons ici. Le gouvernement parle
d'accorder la résidence permanente aux immigrants.
Nous verrons bien. Il y a quelque temps, j'ai
assisté à une conférence du milieu d'affaires qui
était présentée comme un forum sur les
travailleurs. Il s'agissait d'une séance de «
brainstorming » pour les entreprises sur la
manière d'obtenir une main-d'oeuvre bon marché. Un
représentant d'une entreprise de technologie a
raconté comment il avait utilisé des programmes de
recrutement dans des pays comme l'Inde pour faire
venir des travailleurs ici et les faire travailler
de longues heures pour beaucoup moins que ce qu'il
en coûterait pour embaucher quelqu'un au
Nouveau-Brunswick. Il a dit que la façon dont il
les garde est la promesse d'un statut, la promesse
de l'immigration. Il utilise la carotte de
l'immigration, a-t-il dit, pour les faire
travailler pour presque rien. C'est horrible. Et
cela a été dit dans un forum public. C'est un
nivellement par le bas et il faut l'arrêter.
Tant que le Nouveau-Brunswick maintiendra une
économie à bas salaire, avec des emplois précaires
et des travailleurs dans une situation précaire,
nous continuerons d'avoir un exode de travailleurs
hors de la province.
La situation des travailleurs de
la santé de la Colombie-Britannique
Entrevue
- Rhonda Bruce -
Rhonda Bruce est assistante en réadaptation
et vice-présidente régionale du Syndicat des
employés et employées d'hôpitaux de l'intérieur
de la Colombie-Britannique
Forum ouvrier : Peux-tu nous
dire quelle est la situation présentement des
travailleurs de la santé et des résidents des
soins de longue durée dans l'intérieur de la
Colombie-Britannique ?
Rhonda Bruce : Je
travaille dans une résidence de soins de longue
durée. La COVID-19 et les mesures de santé
publique qui ont été prises pour gérer la pandémie
ont rendu la vie des travailleurs et des résidents
très difficile. Les résidents ont été isolés et
privés d'importants contacts sociaux et les
travailleurs sont surchargés et épuisés. Nous
manquions de personnel avant la pandémie et la
situation n'a pas changé. Nous n'avons jamais le
personnel requis. Récemment, notre syndicat a mené
un sondage qui montre que 12 000 membres
du syndicat —- ce qui comprend les employés de
bureau, les préposés aux services alimentaires,
d'entretien ménager et d'entretien général ainsi
que les aides-soignants, les préposés aux
activités ainsi que les autres membres de l'équipe
infirmière comme moi - songeons à quitter nos
emplois parce que le stress devient impossible à
supporter.
Suite aux ordres de la santé publique imposant un
site unique l'an dernier, qui exigeait que les
travailleurs travaillent dans une seule résidence
de soins de longue durée, le gouvernement a
entrepris des actions pour former de nouveaux
aides-soignants pour pallier à la pénurie. Il a
créé le Programme d'accès à une carrière en santé
qui offrait une formation rapide financée par le
gouvernement. Parce que plusieurs des travailleurs
qui ont participé au programme avaient déjà un
poste en santé, surtout en entretien ménager et en
services alimentaires, l'augmentation des
travailleurs ne suffira pas. Si des milliers
d'entre eux quittent le système, il pourrait n'y
avoir aucune augmentation. En plus, ce programme
ne cherche à régler que la pénurie en
aides-soignants et non la pénurie de travailleurs
dans tout le système.
Les ordres de la santé publique pour le port de
masques et la distanciation sociale ont été
changés le 1er juillet en
Colombie-Britannique, faisant en sorte que les
travailleurs vaccinés n'avaient plus à porter le
masque mais cela a été de courte durée dans
l'intérieur en raison d'une augmentation de cas et
maintenant nous sommes de retour au port de
masques et à la distanciation sociale et tous les
autres protocoles de la COVID-19. Les résidents
peuvent maintenant recevoir la visite des membres
de leur famille, donc leur isolation sociale est
moins sérieuse.
FO : Quel est l'impact des
feux de forêts qui ont dévasté la
Colombie-Britannique cet été ?
RB : Nous étions déjà au bout
de notre rouleau à cause de la COVID-19 lorsque
les feux de forêts ont frappé, ce qui a ajouté un
stress de plus sur le système. Certaines
résidences pour aînés ont été évacuées et les
résidents ont été déménagés vers d'autres
résidences de la région ou aussi loin que la
région de Vancouver. Certains résidents ont dû
déménager plus d'une fois et lorsqu'ils ont
déménagé, certains travailleurs les ont
accompagnés mais le bouleversement de leurs
routines et de leur environnement a été à
l'origine de plusieurs difficultés. Les familles
n'étaient pas toujours informées. Un aide-soignant
a été évacué avec neuf résidents de leur résidence
à une résidence dans une autre communauté et en
l'espace de quelques jours les résidents ont fait
de sérieuses chutes. Dans certains cas, il n'y
avait pas d'hébergement de disponible dans les
hôtels pour le personnel qui a dû se débrouiller
en se faisant des installations de fortune dans
les résidences de soins.
Les hôpitaux ont transféré certains de leurs
patients dans des résidences de soins de longue
durée pour libérer des lits face à la croissance
de cas de COVID-19 et du nombre de patients
affectés par les feux de forêts, ce qui nous
ajoute encore plus de pression en soins de longue
durée. Plusieurs résidences de soins de longue
durée ont été obligées d'arrêter d'accepter de
nouveaux résidents pour le moment.
Un grand nombre de travailleurs ont été évacués
de leurs maisons. Ma famille a été évacuée pour
au-delà de quatre semaines. Certains travailleurs
ont dû se rendre à de grandes distances de chez
eux et sont par conséquent en congé de leur
travail. Lorsque vous êtes évacués et que vous
avez besoin d'un hôtel, cela peut être difficile
parce que tous les hôtels sont déjà bondés de
touristes et de personnes évacuées provenant
d'autres régions. Vous pouvez vous retrouver très
loin de chez vous. Le fait d'être évacué ajoute un
autre niveau de stress et la démarche pour obtenir
de l'aide fournie par la Croix Rouge est lourde —-
on m'a dit que je devais me rendre en auto à une
ville à trois milles de distance pour montrer mes
papiers d'identification afin d'obtenir de l'aide
financière. Ce n'est pas tout le monde qui peut
faire ça.
FO : À quoi ressemble le futur
immédiat ?
RB : Je suis très
inquiète de ce qui va arriver à l'automne. Avec la
quatrième vague et les cas de COVID-19 à la hausse
et une pénurie de personnel qui était importante
même avant tout ceci et qui devient maintenant
intenable, je ne sais pas comment nous allons
pouvoir tenir le coup. L'employeur songe à passer
aux « services essentiels ». Les « services
essentiels » sont appliqués en temps de
grève, alors que le syndicat et l'employeur
négocient une entente sur combien de travailleurs
doivent rester au travail, mais aussi quelles
affectations seront confiées au personnel non
syndiqué, y compris le PDG en passant par
l'aumônier, qui se trouvent à travailler dans
différents départements, y compris la cuisine,
l'entretien ménager, etc. Dans la situation
actuelle, ce serait une façon de permettre à la
direction de nous donner un coup de main, mais ce
n'est pas vraiment une solution puisque tous ces
membres de l'équipe de direction ont aussi leur
travail à faire.
Ce qui m'inquiète vraiment en ce moment est la
politique de vaccination obligatoire. Tous les
travailleurs en soins de longue durée ont
jusqu'au 12 octobre pour être entièrement
vaccinés ou ils seront congédiés. J'estime
qu'entre 10 et 15 % de mes
collègues de travail ne se feront pas vacciner. En
ce qui concerne les vaccins annuels pour la
grippe, des options sont offertes aux travailleurs
qui n'ont pas été vaccinés contre la grippe —- le
port du masque en est une et souvent, s'il y a
éclosion, les travailleurs non vaccinés sont
envoyés chez eux sans salaire jusqu'à la fin de
l'éclosion. Maintenant c'est différent.
Honnêtement, je ne sais pas comment le système va
continuer de fonctionner si nous perdons
de 10 à 15 % de nos travailleurs.
Qu'arrivera-t-il lorsque cette bombe-là va
éclater ?
FO : Aimerais-tu dire
quelque-chose pour conclure ?
RB : Une des choses très
positives est que la communauté a été extrêmement
solidaire. Les gens offrent d'héberger des évacués
chez eux, offrent des espaces pour des véhicules
récréatifs, et d'autres choses du genre. Lorsque
mon père a été évacué de sa résidence pour aînés
à 100 Mile House vers une autre résidence
pour ensuite se retrouver à l'hôpital à la suite
d'une chute, l'aide-soignante qui avait voyagé
avec lui et avec les autres résidents lui avait
apporté du linge appartenant à son conjoint parce
qu'il lui en manquait. Les gens font tout ce
qu'ils peuvent pour s'entraider.
(FO, Unifor)
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