Forum ouvrier

Numéro 58 - 18 juin 2021

20 juin
Joignez-vous aux actions pancanadiennes

Statut permanent pour toutes et tous!

Pour un statut permanent pour tous et toutes!
Journée d'action nationale pour exiger un statut pour toutes et tous

Les conditions des travailleurs migrants
Une personne sur trente dans le monde est un migrant international
Le recours du Canada à la main-d'oeuvre migrante
La dépendance des services essentiels et des industries
sur les migrants internationaux

La contribution des travailleurs migrants agricoles
Nos plus sincères condoléances


20 juin
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Statut permanent pour toutes et tous!

Le 20 juin est la Journée mondiale des réfugiés. Il a été ainsi désigné par les Nations unies en 2001, pour commémorer le 50e anniversaire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés. Au Canada, le Réseau des droits des migrants, des organisations de défense des migrants et Migrante Canada marquent cette occasion pour donner une fois de plus une voix à la revendication des Canadiens de Statut pour tous ! : pour les réfugiés, les étudiants, les travailleurs migrants et les sans papiers.

L'appel à un statut à part entière et permanent est un appel à mettre fin à un système mortel d'exclusion des droits, sur une base raciale, des protections et de la dignité, souligne Migrante Canada. Faisant référence aux relations coloniales que le Canada entretient avec les peuples autochtones et au crime de génocide commis contre eux, Migrante écrit entre autres :

« Alors que le Canada a été créé à partir du vol de terres, il impose maintenant des règles d'immigration pour nous nier nos droits. Les migrants principalement racialisés et de la classe ouvrière sont exclus des protections et des avantages sociaux afin que notre travail puisse être dévalué au profit des super riches.

« Cette semaine marque également un an depuis la mort de Bonifacio Eugenio Romero et Rogelio Muñoz Santos. Pratiquement rien n'a été fait pour s'assurer qu'aucun autre travailleur agricole migrant ne meure de décès évitable. Déjà en 2021, au moins 9 travailleurs agricoles sont décédés, dont 6 en quarantaine réglementée par le gouvernement fédéral.

« L'appel à un statut à part entière et permanent est un appel à la fin d'un système d'exclusion raciale mortelle des droits, des protections et de la dignité. En tant que migrants, nous devons exiger la fin de la violence coloniale au Canada et apporter notre soutien aux luttes pour les droits des autochtones et pour la libération.

« Nous ne demandons pas simplement des droits en vertu des lois canadiennes fondées sur le colonialisme – nous devons remettre en question la nature violente et injuste de tout ce système. Nous devons nous unir et exiger que les lois et politiques canadiennes ne forcent pas plus de gens à quitter leur foyer où que ce soit.

« C'est pourquoi le 20 juin – Journée mondiale des réfugiés et fête des Pères – nous prendrons des mesures pour obtenir un statut à part entière et permanent pour tous et toutes. »

« Joignez-vous à une action ou organisez une action le 20 juin près de chez vous !

« Ensemble, nous gagnerons ! »

Joignez-vous aux actions pancanadiennes du 20 juin. Visitez le site Web des organisateurs pour en apprendre plus et pour appuyer les événements qui se tiennent dans votre région : MigrantRights.ca

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Journée d'action nationale

Le Réseau des droits des migrants organise une journée d'action à l'occasion de la Journée mondiale des réfugiés pour appeler une fois de plus le gouvernement Trudeau à garantir un statut d'immigration à part entière et permanent pour toutes et tous, sans exception. La « voie vers la résidence permanente » du gouvernement fédéral pour 90 000 personnes introduite en mai 2021 est le résultat du travail des défenseurs des droits des migrants partout au pays qui ont pris la parole et se sont organisés. Le moment est maintenant venu de s'appuyer sur l'année de travail depuis que le Réseau des droits des migrants a lancé son appel pour un statut d'immigration à part entière et permanent pour tous et toutes.

Malgré les mesures récentes qui ont permis à certains d'obtenir la résidence permanente, la grande majorité des personnes issues de la classe ouvrière, racialisées et particulièrement les personnes sans papiers sont exclues du statut de résident permanent. À cause de cela, ils vivent sans soutien du revenu, sans droit au travail ou même sans accès aux soins de santé durant la pandémie. Ils vivent sous la menace constante d'être expulsés du pays. Les mesures prises par le gouvernement n'ont fait qu'ouvrir une brèche. Les travailleurs migrants et leurs alliés s'efforcent de faire de la place à tous.

Joignez-vous aux actions du 20 juin près de chez vous ou organisez-en une !

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Les conditions des travailleurs migrants

Une personne sur trente dans le monde
est un migrant international

Selon le rapport des Nations unies « État de la migration dans le monde 2020 », il y a près de 25,9 millions de réfugiés dans le monde en date de 2018. Les Palestiniens enregistrés auprès des organisations de secours des Nations unies comptent pour 5,5 millions de ce total.

Bien que 25,9 millions est considérable, il représente moins de 10 % des migrants internationaux estimés à 272 millions dans le monde en 2019. Sur une population mondiale de 7,7 milliards, cela veut dire qu'une personne sur trente dans le monde est un migrant international. C'est une statistique effarante. Mais il s'agit d'êtres humains bien vivants, ayant des revendications légitimes envers la société pour affirmer et garantir leurs droits où qu'ils soient, et non seulement où ils sont nés.

L'Inde possède le plus grand nombre de migrants vivant à l'étranger, 17,5 millions, suivie du Mexique et de la Chine, avec 11,8 millions et 10,7 millions respectivement. Le principal pays de destination, que 50,7 millions de personnes considèrent être maintenant leur domicile, sont les États-Unis. Il en est ainsi depuis 1970. Bon deuxième, loin derrière les États-Unis, était l'Allemagne en 2019 et le domicile de 13,1 millions de migrants internationaux. Régionalement, l'Europe et l'Asie accueillent 82 millions et 84 millions de migrants respectivement, 61 % du total, tandis que l'Amérique du Nord dans son ensemble en compte pour 22 % et l'Afrique, 10 %.

L'insécurité économique est la principale raison pour laquelle les gens quittent leur chez soi à la recherche d'emploi et de stabilité. La guerre, la violence et l'oppression arrivent deuxième, après l'insécurité économique. Ce phénomène de centaines de millions de personnes forcées de devenir des migrants internationaux est nettement un reflet de l'ordre social mondial qui déchaîne des catastrophes sur les peuples du monde.

C'est aussi le visage d'un nouveau monde en devenir, celui qui cherche à naître, des travailleurs de tous les pays qui, peu importe le pays d'origine, existent en tant qu'une seule classe ouvrière peu importe le pays où ils se retrouvent. Les migrants, peu importe le statut qui leur est imposé, font intégralement partie de la principale force pour l'humanisation de l'environnement social et naturel. Ils sont des « travailleurs essentiels », comme nous l'avons vu au Canada pendant la pandémie. C'est en revendiquant ce qui leur revient du fait qu'ils sont humains et en développant la lutte pour les droits de tous et toutes que des sociétés seront engendrées qui défendent les droits de tous et toutes.

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Le recours du Canada à la main-d'oeuvre migrante

L'économie canadienne compte sur la disponibilité de centaines de milliers de travailleurs migrants étrangers pour faire le travail indispensable à notre économie. Plus de la moitié de la population canadienne est venue ici de l'étranger depuis la Deuxième Guerre mondiale. Actuellement, près de 22 % des 34,5 millions de personnes vivant au Canada sont nés à l'étranger. Durant la période de cinq ans entre 2011 et 2015, une moyenne de 258 170 personnes par année ont obtenu la résidence permanente alors que de 2016 à 2020, la moyenne était de 299 400 par année. Le Canada a augmenté son objectif à 401 000 en 2021.

Encore plus de travailleurs étrangers sont reçus comme travailleurs migrants temporaires, ayant un éventail de compétences allant des étudiants diplômés et universitaires, en passant par les travailleurs hautement spécialisés et ceux qu'on dit non spécialisés. L'État canadien s'organise pour les faire venir au pays en vertu d'une variété de programmes, souvent en leur promettant la permission de demander la résidence permanente dès leur arrivée. Plusieurs ont des contrats en vertu des permis de travail liés à un employeur donné qui font en sorte qu'ils ne peuvent travailler que pour un seul employeur. C'est une forme de travaux forcés.

En 2016, les données les plus récentes publiées par Statistique Canada montrent qu'un total de 613 200 permis de travail temporaires ont été émis. Ces permis font partie de deux programmes généraux. Le programme des travailleurs étrangers temporaires émet des permis de travail liés à un employeur donné (PTED). Les travailleurs à domicile et les travailleurs agricoles sont dans cette catégorie. Ils sont en grande partie à la merci de l'employeur et sont donc les plus vulnérables. Un autre programme est le programme de mobilité internationale qui émet des permis de travail ouvert (PTO) qui ne les lie pas à un employeur spécifique.

Les permis de travail temporaire en 2016 ont été émis comme suit : 377 700 PTO, 135 900 PTED hautement spécialisés, 117 700 permis de travail à des diplômés, 90 800 permis d'Expérience internationale Canada, 77 800 PTED de travailleurs non spécialisés et 57 600 permis d'études. Les autres relèvent de diverses autres catégories.

Les chiffres dans chaque catégorie ont grimpé de façon constante depuis 2001, sauf pour les permis pour considérations d'ordre humanitaire. Ceux-ci ont diminué de 40 500 en 2001 à 25 700 en 2016. Par contre, en comparaison, les permis de travail postdiplôme sont passés de 2 400 en 2001 à 117 700 en 2016, alors que les permis d'études sont passés de 3 900 à 57 600.

Les travailleurs migrants étrangers temporaires font intégralement partie de la classe ouvrière et contribuent immensément à la société canadienne. La discrimination organisée par l'État et la violation de leurs droits doit cesser. Fini les platitudes des représentants gouvernementaux à l'effet que le travail qu'ils font est « essentiel » ou que « nous sommes tous dans le même bateau » pendant qu'ils discriminent ouvertement contre les sections les plus vulnérables de la classe ouvrière canadienne. Un statut pour les réfugiés, étudiants, travailleurs et les sans-papiers – un statut pour tous et toutes ! – est une revendication légitime pour humaniser notre société.

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La dépendance des services essentiels et des industries sur les migrants internationaux

Une façon d'envisager la dépendance des services essentiels et des industries sur les migrants internationaux est que les travailleurs étrangers temporaires représentent 30 % de la main-d'oeuvre parmi 17 % de tous les employeurs de services privés à domicile, 10 % de tous les employeurs dans les stations-service, les services alimentaires et les débits de boisson, 6,6 % de tous les magasins d'alimentation et de boisson, 5,2 % des compagnies d'immobilier, 4,3 % d'entreprises en services d'hôtellerie et 4,2 % des entreprises de transformation alimentaire.

En regardant ces industries dans leur ensemble, on constate que 9,8 % des travailleurs de l'industrie de services à domicile, 8,0 % des travailleurs de stations-service et 7,2 % des travailleurs des services alimentaires et d'hébergement sont des travailleurs étrangers temporaires. Dans les services administratifs et d'aide, c'est 5,8 %, dans la production du bétail et de l'aquaculture, c'est 5,6 %, dans l'entreposage et le stockage, c'est 4,3 % et les services professionnels, scientifiques et techniques, c'est 3,8 %. Voir le graphique 1.


Cliquer pour agrandir

(Sources Statistique Canada, Répartition des travailleurs étrangers temporaires dans les industries au Canada, 3 juin 2020 et Travailleurs étrangers temporaires au sein de la population active du Canada : permis de travail ouverts et permis liés à un employeur donné, 18 novembre 2019)

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La contribution des travailleurs migrants agricoles

Certaines industries dépendent fortement des travailleurs étrangers temporaires. À l'échelle du Canada, 27,4 % des travailleurs agricoles sont des migrants étrangers. La concentration est encore plus élevée dans les provinces où se concentre la production de fruits et légumes : 41,6 % en Ontario et 30 % au Québec, en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse.

La production agricole en Ontario, au Québec, en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse, où ces travailleurs sont concentrés, représente un marché de plusieurs milliards de dollars. Par exemple, 48 % de la production de légumes de grande culture au Canada se situe en Ontario, 38 % au Québec, générant respectivement 569 millions de dollars et 478 millions de dollars en 2019. La majorité de cette production, 729,3 millions de dollars, est destinée à l'exportation.

Près de 71 % de la production de légumes de serre est concentrée en Ontario : tomates (37 %); poivrons (32 %) et concombres (27 %). Un autre 17 % se trouve en Colombie-Britannique et 7 % au Québec, générant au total 1,032 milliard de dollars, 305 millions de dollars et 148 millions de dollars respectivement. La part du lion, 1,108 milliard de dollars, est destinée à l'exportation. La production de champignons est une autre énorme culture commerciale destinée à l'exportation, générant 320,4 millions de dollars. La principale destination d'exportation de chacune de ces cultures est les États-Unis, qui reçoivent 97 % de la valeur de la production à la ferme.

Il en va de même pour la production fruitière du Canada, dont 90 % provient de la Colombie-Britannique (467,3 millions de dollars), de l'Ontario (303,7 millions de dollars) et du Québec (287,2 millions de dollars). Les États-Unis sont la principale destination des exportations de fruits du Canada, avec 64,8 %, d'une valeur de 546,1 millions de dollars.

La plupart des travailleurs agricoles relèvent du Programme des travailleurs agricoles saisonniers avec des permis de travail spécifiques liés à l'employeur. Leur résidence au Canada est limitée à une période maximale de 8 mois, entre le 1er janvier et le 15 décembre. Ce programme fait appel à des travailleurs du Mexique et des Caraïbes et ils doivent travailler dans des productions agricoles déterminées : produits apicoles, fruits et légumes, champignons, fleurs, arbres cultivés en pépinière, graines de canola contrôlées, maïs de semence, céréales, graines oléagineuses, sirop d'érable, tourbe, tabac, bovin, laitier, canard, cheval, vison, volaille, mouton, porc.

Bon nombre de ces travailleurs reviennent année après année, travaillant pour le même employeur. Bien qu'ils puissent être éligibles pour demander le statut de résident permanent, le seuil pour satisfaire aux exigences est si élevé que la plupart de ces travailleurs migrants se voient interdire d'obtenir un statut permanent. Ce n'est pas très différent des pratiques d'immigration racistes du Canada qui, bien qu'elles n'excluent pas carrément les personnes des Caraïbes ou d'Afrique de demander la citoyenneté, ont rendu le processus impossible pour qu'elles puissent s'y retrouver avec succès.

Le Conseil canadien pour les réfugiés a publié un rapport sur un Forum pancanadien sur la traite des personnes, tenu le 27 novembre 2019, qui discutait des conditions de ces travailleurs. Entre autres choses, il a écrit : « Les personnes qui viennent au Canada dans le cadre du volet des travailleurs et travailleuses peu spécialisés du PTET sont particulièrement à risque. Elles n'ont pas le droit d'être accompagnées de leur famille, ont un accès limité aux services offerts par les grands organismes d'établissement et sont souvent logées en groupe, bien souvent avec des personnes qu'elles ne connaissent pas. Ces situations ont plusieurs conséquences indésirables sur la santé mentale, et de nombreuses personnes souffrent d'anxiété et de dépression. Leurs relations familiales sont également bouleversées. »

Le rapport poursuit : « L'exploitation commence souvent au moment du recrutement. Les frais de recrutement sont souvent exorbitants, et les pratiques de recrutement sont abusives et frauduleuses. [...] Des personnes rapportent des situations où des travailleurs et travailleuses ont dû payer 10 000 dollars aux recruteurs dès le début de leur contrat; dans certains cas, des travailleurs et travailleuses ont dû débourser 50 000 dollars (pour les billets d'avion, les retenues salariales, etc.). Des mesures plus vigoureuses doivent être adoptées pour dissuader, surveiller et punir les pratiques de recrutement abusives. »

(Sources : Le Conseil canadien pour les réfugiés; Statistique Canada : Répartition des travailleurs étrangers temporaires dans les industries au Canada, 3 juin, 2020; Permis de travail ouverts et permis liés à un employeur donné, 18 novembre 2019; Aperçu du secteur agricole et agroalimentaire canadien 2018; Programme des travailleurs agricoles saisonniers.)

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Nos plus sincères condoléances




Bonifacio Eugenio Romero, 31 ans - PRESENTE !
Rogelio Muñoz Santos, 24 ans - PRESENTE !
Juan Lopez Chaparro, 55 ans - PRESENTE !
Logan Grant, 57 ans - PRESENTE !
Roberto Jacob Baca Gomez, 38 ans - PRESENTE !
Jose Antonio Coronado, 44 ans- PRESENTE !
Romario Morgan, 23 ans - PRESENTE !
Fausto Ramirez Plazas - PRESENTE !
Aneish Dalbarry, 29 ans - PRESENTE !
Et tous les travailleurs dont les noms ne sont pas connus  - PRESENTE !

L'Alliance des travailleurs migrants pour le changement souligne une année depuis le décès du travailleur agricole de l'Ontario Bonifacio Eugenio Romero après avoir contracté la COVID-19 et lui rend hommage ainsi qu'à tous les autres travailleurs agricoles qui sont décédés depuis.

L'Alliance déclare : « Nous ne serons pas en sécurité tant que nous n'aurons pas le pouvoir de nous protéger et cela signifie un statut à part entière et permanent pour tous !... Alors que nous pleurons la perte de nos collègues et camarades, nous renouvelons notre engagement à organiser pour l'égalité des droits et la justice pour tous les migrants et les sans papiers ! »

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