La contribution des travailleurs migrants agricoles

Certaines industries dépendent fortement des travailleurs étrangers temporaires. À l'échelle du Canada, 27,4 % des travailleurs agricoles sont des migrants étrangers. La concentration est encore plus élevée dans les provinces où se concentre la production de fruits et légumes : 41,6 % en Ontario et 30 % au Québec, en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse.

La production agricole en Ontario, au Québec, en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse, où ces travailleurs sont concentrés, représente un marché de plusieurs milliards de dollars. Par exemple, 48 % de la production de légumes de grande culture au Canada se situe en Ontario, 38 % au Québec, générant respectivement 569 millions de dollars et 478 millions de dollars en 2019. La majorité de cette production, 729,3 millions de dollars, est destinée à l'exportation.

Près de 71 % de la production de légumes de serre est concentrée en Ontario : tomates (37 %); poivrons (32 %) et concombres (27 %). Un autre 17 % se trouve en Colombie-Britannique et 7 % au Québec, générant au total 1,032 milliard de dollars, 305 millions de dollars et 148 millions de dollars respectivement. La part du lion, 1,108 milliard de dollars, est destinée à l'exportation. La production de champignons est une autre énorme culture commerciale destinée à l'exportation, générant 320,4 millions de dollars. La principale destination d'exportation de chacune de ces cultures est les États-Unis, qui reçoivent 97 % de la valeur de la production à la ferme.

Il en va de même pour la production fruitière du Canada, dont 90 % provient de la Colombie-Britannique (467,3 millions de dollars), de l'Ontario (303,7 millions de dollars) et du Québec (287,2 millions de dollars). Les États-Unis sont la principale destination des exportations de fruits du Canada, avec 64,8 %, d'une valeur de 546,1 millions de dollars.

La plupart des travailleurs agricoles relèvent du Programme des travailleurs agricoles saisonniers avec des permis de travail spécifiques liés à l'employeur. Leur résidence au Canada est limitée à une période maximale de 8 mois, entre le 1er janvier et le 15 décembre. Ce programme fait appel à des travailleurs du Mexique et des Caraïbes et ils doivent travailler dans des productions agricoles déterminées : produits apicoles, fruits et légumes, champignons, fleurs, arbres cultivés en pépinière, graines de canola contrôlées, maïs de semence, céréales, graines oléagineuses, sirop d'érable, tourbe, tabac, bovin, laitier, canard, cheval, vison, volaille, mouton, porc.

Bon nombre de ces travailleurs reviennent année après année, travaillant pour le même employeur. Bien qu'ils puissent être éligibles pour demander le statut de résident permanent, le seuil pour satisfaire aux exigences est si élevé que la plupart de ces travailleurs migrants se voient interdire d'obtenir un statut permanent. Ce n'est pas très différent des pratiques d'immigration racistes du Canada qui, bien qu'elles n'excluent pas carrément les personnes des Caraïbes ou d'Afrique de demander la citoyenneté, ont rendu le processus impossible pour qu'elles puissent s'y retrouver avec succès.

Le Conseil canadien pour les réfugiés a publié un rapport sur un Forum pancanadien sur la traite des personnes, tenu le 27 novembre 2019, qui discutait des conditions de ces travailleurs. Entre autres choses, il a écrit : « Les personnes qui viennent au Canada dans le cadre du volet des travailleurs et travailleuses peu spécialisés du PTET sont particulièrement à risque. Elles n'ont pas le droit d'être accompagnées de leur famille, ont un accès limité aux services offerts par les grands organismes d'établissement et sont souvent logées en groupe, bien souvent avec des personnes qu'elles ne connaissent pas. Ces situations ont plusieurs conséquences indésirables sur la santé mentale, et de nombreuses personnes souffrent d'anxiété et de dépression. Leurs relations familiales sont également bouleversées. »

Le rapport poursuit : « L'exploitation commence souvent au moment du recrutement. Les frais de recrutement sont souvent exorbitants, et les pratiques de recrutement sont abusives et frauduleuses. [...] Des personnes rapportent des situations où des travailleurs et travailleuses ont dû payer 10 000 dollars aux recruteurs dès le début de leur contrat; dans certains cas, des travailleurs et travailleuses ont dû débourser 50 000 dollars (pour les billets d'avion, les retenues salariales, etc.). Des mesures plus vigoureuses doivent être adoptées pour dissuader, surveiller et punir les pratiques de recrutement abusives. »

(Sources : Le Conseil canadien pour les réfugiés; Statistique Canada : Répartition des travailleurs étrangers temporaires dans les industries au Canada, 3 juin, 2020; Permis de travail ouverts et permis liés à un employeur donné, 18 novembre 2019; Aperçu du secteur agricole et agroalimentaire canadien 2018; Programme des travailleurs agricoles saisonniers.)


Cet article est paru dans

Numéro 58 - 18 juin 2021

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