Numéro 49 - 26 mai 2021
Le droit de diffamer, ça n'existe
pas
L'expansion troublante des pouvoirs
pour contrôler la conscience des enseignants
- Enver Villamizar -
• Une
tentative de faire impunément de la diffamation
au nom de la lutte contre
les propos haineux
- Mira Katz
• Pétition - Protégeons
les étudiants et les travailleurs en éducation
Le droit de diffamer, ça n'existe
pas
- Enver Villamizar -
Un des programmes des différents gouvernements
provinciaux au Canada a consisté à limiter le
jugement professionnel des éducateurs de diverses
manières tout en augmentant la capacité du
gouvernement de décider ce que les enseignants
peuvent et ne peuvent pas dire ou faire en classe
ou à l'extérieur de la classe. Cela se produit à
un
moment où les gouvernements tentent d'imposer des
changements régressifs au contenu de l'éducation,
comme c'est le cas en Alberta avec le nouveau
programme de la maternelle à la 6e année ou
en Ontario avec de nouveaux programmes d'éducation
physique et santé et de mathématiques. Ces
gouvernements tentent de détourner l'attention
de leur restructuration antisociale de l'État, de
l'éducation dans ce cas-ci, en affirmant que le
plus gros problème du système d'éducation vient
des enseignants et de leurs syndicats afin de
justifier leurs efforts de les forcer au silence
ou d'ignorer leur expertise. Ainsi, parallèlement
aux changements apportés à l'éducation, il y a eu
une campagne
pour diaboliser et menacer les éducateurs qui
s'expriment en général sur des sujets de
préoccupation tels que les droits des peuples
autochtones, les pipelines ou les questions
relatives à la guerre et à la paix.
En Ontario, une décision récente consiste à
tenter de renforcer la capacité de l'Ordre des
enseignantes et des enseignants de l'Ontario
(OEE0), l'organisme professionnel qui supervise la
profession enseignante, à provoquer des
suspensions et enquêter sur les enseignants.
Le 6
novembre 2020, peu après la réouverture des
écoles dans le contexte de la pandémie, l'OEEO a
ajouté « exprimer de la haine par des actions ou
des remarques » comme nouveau critère de
faute professionnelle, sans discussion ou
consultation publique sur la signification d'un
tel changement. Les nouveaux motifs
spécifiques d'une enquête pour faute
professionnelle éventuelle sont : « le fait
de faire des remarques ou d'adopter des
comportements qui exposent une personne ou des
catégories de personnes à la haine fondée sur un
motif de discrimination interdit par la partie I
du Code des droits de la personne ». La
partie I du Code des droits de
la personne stipule que « Toute personne a droit à
un traitement égal en matière de services, de
biens ou d'installations, sans discrimination
fondée sur la race, l'ascendance, le lieu
d'origine, la couleur, l'origine ethnique, la
citoyenneté, la croyance, le sexe, l'orientation
sexuelle, l'identité sexuelle, l'expression de
l'identité sexuelle, l'âge, l'état
matrimonial, l'état familial ou un
handicap. »
Le changement s'adresse à tous les membres de la
profession enseignante de l'Ontario, y compris aux
enseignantes et enseignants, aux conseillères et
conseillers, aux directions d'école et directions
adjointes, aux agentes et agents de supervision,
aux directrices et directeurs de l'éducation, aux
membres qui occupent un poste ailleurs qu'au sein
d'un conseil scolaire ou qui travaillent dans une
école privée ou indépendante, ainsi qu'à toute
personne qui occupe un poste exigeant d'être
titulaire d'un certificat de qualification et
d'inscription.
Il faut noter que ces nouveaux critères de faute
professionnelle s'appliquent de manière explicite
à « une conduite ou à des remarques visant
quelqu'un à l'intérieur ou à l'extérieur de la
classe, en personne ou par voie électronique,
que la conduite ou les remarques aient lieu
durant les heures de service ou non » [notre
souligné]. Les enseignants ont toujours été
soumis à un examen minutieux de leurs actions « en
dehors des heures de service ». Il faut donc
se demander de quoi il s'agit, pourquoi maintenant
et quel est le but ?
L'OEEO, au moment d'apporter cet ajout à ses
critères de faute professionnelle, affirme qu'il
s'agit de lutter contre le racisme dans
l'éducation et même le racisme systémique. De
cette manière, la lutte contre le racisme dans
l'éducation devient entièrement une question de
sanctionner les enseignants prétendument racistes
ou haineux.
Les éducateurs, les étudiants, les parents et le
public en général sont très préoccupés par la
façon dont le racisme organisé par l'État
s'exprime dans les écoles. Qu'il s'agisse de
l'opposition au placement permanent d'agents de
police dans les écoles par le biais des Programmes
d'agents ressources dans les écoles, ou de
l'opposition à la vision
coloniale et édificatrice d'empire qui imprègne le
programme, particulièrement en études sociales,
les éducateurs sont aux premières lignes de la
lutte pour une éducation antiraciste et font
souvent face à une opposition active de la part
des gouvernements à leurs revendications de
changement. Il est donc préoccupant qu'au nom de
la lutte contre la
haine et le racisme, le gouvernement et les
institutions qu'il contrôle comme l'OEEO disent
que le problème provient des enseignants. Il faut
examiner de quoi il s'agit.
Il convient de noter que les nouveaux motifs
d'enquête de l'OEEO ont été rendus publics moins
d'un mois après que le gouvernement Ford a glissé
en douce une définition controversée et très
contestée de l'antisémitisme connue sous le nom de
définition opérationnelle de l'antisémitisme de
l'Alliance internationale pour la mémoire de
l'Holocauste (IHRA), largement considérée comme
tentant de confondre la critique de
l'antisémitisme d'Israël avec l'antisémitisme. [1] Le gouvernement
a agi unilatéralement de manière préventive au
moyen d'un décret, au moment même où des audiences
publiques devaient commencer sur un projet de
loi émanant d'un député qui aurait requis un débat
et un vote à l'Assemblée législative pour que la
définition de l'IHRA soit adoptée. Le gouvernement
Trudeau a fait la même chose un an plus tôt,
glissant la définition sans faire de bruit, sans
discussion ni débat au Parlement, annonçant
simplement qu'elle avait été intégrée à sa
stratégie
antiraciste.
L'adoption de la
définition par le gouvernement ontarien est très
significative, parce que l'avoir rendue officielle
pave la voie à son utilisation pour déclarer que
ceux qui s'opposent à l'occupation israélienne de
la Palestine sont des antisémites et par
conséquent coupables d'incitation à la haine
contre les personnes de foi juive. Cela rend les
éducateurs sujets aux pouvoirs arbitraires qui
peuvent les priver de leur emploi ou utiliser
d'autres moyens pour les forcer au silence pour
leurs opinions politiques légitimes.
Les événements récents en Palestine et en Israël
et la récente flambée de résistance à l'occupation
a conduit de nombreuses personnes, dont des
éducateurs, à prendre position et à s'exprimer.
Certains se retrouvent maintenant la cible d'une
chasse aux sorcières par ceux qui ont été enhardis
par l'adoption par les gouvernements, derrière des
portes closes et sans discussion publique, de la
définition de l'IHRA. De cette façon, les gens
sont diffamés puis criminalisés sans même savoir à
quelles nouvelles lois et quelles politiques ils
sont soumis, sans parler du fait qu'ils sont
privés de toute application régulière de la loi.
Quel genre de démocratie est-ce là, dans laquelle
les gouvernements et leurs institutions mettent
délibérément les enjeux sérieux liés au droit à la
conscience et à la liberté d'expression à l'abri
de la discussion et du débat public, puis mettent
en place des outils à huis clos pour criminaliser
ceux avec lesquels ils ne sont pas d'accord, pour
les
qualifier d'individus haineux et pire
encore ?
C'est pourquoi les changements aux pouvoirs de
l'OEEO pour qu'elle enquête sur les fautes
professionnelles sont un enjeu sérieux. Ceux-ci
donnent au gouvernement et aux autres entités
politiques un mécanisme pour faire taire les
éducateurs en tant que citoyens privés et en tant
que professionnels et pour violer leur droit à la
conscience sur
des questions de sérieuse préoccupation nationale
et internationale. Le gouvernement Ford a déjà
tenté de mettre en place une ligne téléphonique de
délation pour encourager les parents à appeler
pour signaler les enseignants s'ils pensaient
qu'ils ignoraient le nouveau programme de santé et
d'éducation physique qu'il a introduit rapidement
juste
après avoir été élu en 2018. Les parents
n'avaient pas mordu à l'hameçon. Cependant, les
changements aux pouvoirs de l'OEEO semblent être
une nouvelle tentative de dépeindre les éducateurs
comme étant le problème en éducation et d'aller
plus loin en donnant au gouvernement et à ceux qui
sont enhardis par ces pouvoirs la possibilité de
persécuter ceux qui expriment des opinions avec
lesquelles ils sont en désaccord, et qui osent
prendre la parole. C'est inacceptable et cela doit
être combattu par tous ceux qui soutiennent le
droit de conscience et la liberté de parole.
Note
1. « Des
voix juives et des universitaires juifs
s'opposent à l'adoption de la définition
sioniste », Le Marxiste-léniniste, 4
avril 2021.
- Mira Katz -
Un grave problème en ce moment en Ontario est
l'utilisation de termes flous comme « la
haine » ou « l'antisémitisme » pour
diffamer ou réduire au silence les gens qui
prennent la parole contre l'occupation israélienne
de la Palestine et qui défendent les droits des
Palestiniens. On les applique aussi de façon plus
large à des
questions comme la guerre et l'occupation. Les
éducateurs sont particulièrement visés, par
l'allégation qu'en s'opposant à l'occupation
israélienne ou même en partageant de l'information
qui s'oppose clairement à l'occupation de façon
générale, ils propagent la « haine » et
l'antisémitisme. Ces allégations sont alors
utilisées pour amener les
pouvoirs de police à suspendre les éducateurs de
leur travail ou les empêcher d'obtenir un emploi.
Dans la plupart des cas, les accusations sont
sans fondement, mais le mal est fait, car on a
semé le doute à leur sujet et on tente de
décourager les éducateurs de se tenir debout et de
défendre leurs convictions sur quelque question
que ce soit.
C'est précisément ce qu'est la diffamation :
ceux qui se sont emparés du contrôle des
institutions publiques ont le pouvoir d'agir comme
« juges, jurys et bourreaux ». En imposant
des critères de jugement qui reposent sur des
opinions et des points de vue personnels ou des
opinions et des points de vue qui sont conformes à
ceux
que les intérêts privés étroits intéressés
exigent, ils détruisent des vies en toute
impunité. C'est la même chose qui se produit
lorsque des notions de « politiquement
correct » ou des accusations de ce qu'on
appelle « l'appropriation culturelle » sont
imposées. Les individus sont diffamés et ils sont
en même temps exclus de
l'application régulière de la loi et même privés
de leur moyens de subsistance. La diffamation est
une pratique médiévale qui viole les principes
fondamentaux du droit commun qui ne permettent pas
de « bannir » quelqu'un, de le déclarer «
hors-la-loi ». Être déclaré «
hors-la-loi » c'est être condamné à la « mort
civile ». Être privé
de droits civils, veut dire que l'ont peut être
traité comme « une proie », comme les animaux
qui sont tués lors d'une chasse à courre du roi,
dans ses « forêts royales ». Cela ne doit pas
passer !
À titre d'exemple,
le 22 mai, le Toronto Sun a publié un
éditorial de Sue-Ann Levy ciblant un éducateur du
Conseil scolaire de Toronto qui avait fourni aux
enseignants un ensemble de ressources servant à
l'enseignement du conflit Israël/Palestine. Il
informait clairement les éducateurs sur les droits
du peuple palestinien en tant
que peuple occupé et sur son expérience de la vie
sous l'occupation israélienne. Les ressources
faisaient partie d'une liste de distribution
volontaire sur la violence de genre gérée par
l'éducateur, par laquelle il fournissait de
l'information régulière aux enseignants. [1]
La compilation comprenait de l'information sur la
campagne de boycott, de désinvestissement et de
sanctions (BDS) en opposition à l'occupation de la
Palestine par Israël. Dans son article, Sue-Ann
Levy déclare clairement que le problème réside
dans les opinions politiques de l'éducateur et
elle ajoute que son compte Facebook
personnel contenait des « messages propalestiniens
et anti-israéliens », comme si ces positions
sont illégales ou une preuve de criminalité ou que
sa diffamation de l'éducateur était justifiée.
Elle écrit : « Un éducateur du Conseil
scolaire du district de Toronto (TDSB) fait
l'objet d'une enquête parce qu'il aurait fait
circuler un manuel
virulemment anti-Israël à l'intention des
enseignants qui recommande un documentaire et un
livre au sujet d'un terroriste, ainsi que des
livres d'enfant qui dépeignent les Israéliens
comme des voleurs et des assassins, et offre des
conseils sur comment enseigner aux étudiants le
mouvement haineux de boycott, de désinvestissement
et de sanctions
contre Israël (BDS). »
Le TDSB a lancé son enquête et a révoqué
l'éducateur de ses fonctions pendant l'enquête.
Une pétition a été lancée presque immédiatement en
appui à l'éducateur en question par ses collègues,
ce qui montre que ces tentatives de forcer au
silence ceux qui prennent la parole ne seront
jamais acceptées. Cette pétition est reproduite
ci-dessous.
Un
autre cas récent concerne l'allégation que l'offre
initiale d'emploi à la docteure en droit Valentina
Azarova a été révoquée par l'Université de Toronto
à cause du travail qu'elle a fait sur les crimes
de guerre d'Israël et ses violations des droits
humains, en particulier sur la construction des
colonies. À la suite de ces mesures, des
universitaires ont
décidé de ne pas participer à des événements
organisés à l'Université de Toronto et des
organisations ont mis fin à leur partenariat avec
l'université pour montrer leur appui à Valentina
Azavora et pour exprimer leur opposition aux
tentatives de faire taire les critiques de
l'occupation par les universitaires. [2]
Tous ceux et celles qui défendent la liberté de
conscience et s'opposent à l'occupation ne peuvent
accepter que des éducateurs soient soumis à des
tests de conscience sur leurs opinions au sujet de
l'occupation continue par Israël, que ce soit au
nom de s'opposer à la haine, à l'antisémitisme ou
à quelque autre justification. Lorsque les
éducateurs deviennent des modèles en défendant
leurs convictions, en prenant la parole contre
l'injustice et en étant des dirigeants au sein de
la société, cela inspire confiance aux jeunes
qu'ils peuvent faire la même chose.
Notes
1. La liste
de distribution « comprend des ressources,
annonces récentes et autres nouvelles et
articles liés à la prévention de la violence de
genre et de la violence sexuelle et à des
relations saines basées sur des paramètres
antiracistes, intersectionnels et
décolonisateurs qui dénoncent l'antisémitisme
et l'islamophobie. Ces ressources utilisent une
analyse du pouvoir et encouragent la pensée
critique et l'action pour transformer les
conditions qui causent des dommages et en créer
qui favorisent la guérison, le soutien, la
dignité et la libération. Ces ressources visent
à appuyer les jeunes 2SLGBTQ+ ayant des
identités multiples et faisant
partie des communautés noires, autochtones,
racialisées et handicapées. Elles appuient la
souveraineté et l'auto-détermination autochtones
et la récupération de leurs terres. »
2. Parmi
les autres exemples, il y a ceux-ci :
En 2016, Nadia Shoufani, une
enseignante à l'École séparée Sainte-Catherine
de Sienne à Mississauga a été suspendue dans
l'attente d'une enquête après qu'elle a pris la
parole dans un rassemblement en appui au peuple
palestinien. L'incident a été soulevé auprès de
l'Ordre des enseignantes et des enseignants de
l'Ontario à des fins
d'enquête et d'examen lorsque des groupes tels
que B'nai Brith et le Canadian Jewish Advocacy
ont tout fait pour tenter de punir Nadia
Shoufani pour ses déclarations et pour sa
franchise. Par exemple, au nom de Canadian
Jewish Advocacy, Nerl Nadler, coprésident du
Centre pour Israël et des affaires juives (CIJA)
dans le Toronto métropolitain,
avait déclaré : « Nous saluons le Conseil
scolaire catholique du district de Dufferin-Peel
pour son action décisive pour suspendre Nadia
Shoufani. Nous apprécions le fait que la
mairesse [de Mississauga] Bonnie Crombie et
d'autres représentants aient été sensibles à nos
préoccupations et réceptifs à nos inquiétudes
face à cette grave affaire. Il
est inquiétant qu'une personne à qui on a confié
les responsabilités d'enseignante soit l'une des
principales oratrices dans un événement toxique
et antisémite comme la Journée d'Al-Quds. »
« Nous avons déjà déposé une
plainte auprès de l'Ordre des enseignantes et
des enseignants de l'Ontario, et y donnerons
suite afin d'exhorter l'Ordre à agir de façon
significative dans ce cas », a ajouté Joel
Reitman, coprésident de CIJA dans le Toronto
métropolitain. « Nous sommes particulièrement
inquiets qu'une enseignante avec une
feuille de route d'activisme extrême puisse
avoir la possibilité de propager ses positions
nocives dans une salle de classe, et nous sommes
confiants que l'Ordre prendra les mesures
requises pour mitiger ce risque. »
En réponse à cette plainte, Liz
Stuart, la présidente de l'Association des
enseignantes et des enseignants catholiques
anglo-ontariens, le syndicat qui représente
Madame Shoufani, a dit : « Une enseignante
ne devrait jamais avoir à s'inquiéter que sa
réputation professionnelle sera attaquée dans un
effort pour l'empêcher d'exercer son droit
de libre expression [...] Madame Shoufani
s'exprimait en tant que simple citoyenne »
[notre souligné].
En 2007, un enseignant du
TDSB a fait l'objet d'une chasse aux sorcières
après qu'une campagne médiatique nationale a été
lancée contre lui parce qu'il a proposé à son
syndicat provincial d'appuyer le mouvement BDS.
Son conseil scolaire s'est fait forcer la main
pour mener une enquête à son sujet, bien
qu'aucune accusation n'ait été
officiellement portée contre lui. L'enseignant a
été retiré de son école pour enseigner à partir
de la maison alors qu'une enquête officielle
était en cours. Pendant l'enquête, ses étudiants
ont été interviewés pour tenter de savoir s'il
avait fait la « promotion de la haine »
dans la salle de classe. Après que la commission
est sortie bredouille de
son enquête, les étudiants ont défendu
l'enseignant et ont même lancé une pétition pour
qu'il réintègre l'école.
À la directrice Falconer, directrice intérimaire
de l'éducation, TDSB
Nous, soussignés, écrivons
pour appuyer Javier Davila, un éducateur du
Toronto District School Board qui a récemment été
ciblé par la chroniqueuse de Postmedia Sue Ann
Levy. Levy a des antécédents d'islamophobie et
elle a été blâmée par le Conseil national des
médias du Canada pour « violation grave des normes
journalistiques
d'exactitude des reportages ». Le même
journal dans la même période de 24 heures a
insisté sur le fait que critiquer Israël n'est pas
antisémite en soi.
Son article visait à discréditer et calomnier
publiquement M. Davila pour avoir envoyé des
ressources pédagogiques soigneusement organisées
sur Israël et la Palestine. Ces ressources ont été
examinées par plusieurs organisations, des
éducateurs expérimentés, des experts en droits
humains et des juristes qui ont tous conclu qu'il
s'agissait de
ressources légitimes et contre l'oppression. Il
n'y a aucun exemple de contenu antisémite dans les
ressources (du 16 au 19 mai). Les ressources
sont conformes à l'engagement du TDSB à l'égard de
l'équité, de la lutte contre l'oppression, de
l'antiracisme, de l'éducation autochtone et de la
mission continue de décoloniser nos écoles. Elles
sont également conformes à l'obligation
professionnelle de M. Davila de faire respecter
les principes de l'OEEO et les principes d'équité
conformes à la vision de l'apprentissage du TDSB.
Par conséquent, l'hypocrisie et l'intention
derrière cet article sont hautement discutables et
n'auraient pas dû être la base d'une action
punitive ou d'une enquête du TDSB à l'encontre de
monsieur Davila.
Il est important de souligner que, grâce à son
poste de conseiller du programme d'équité envers
les étudiants, M. Davila a constamment partagé des
ressources inestimables avec les éducateurs par le
biais d'une liste d'envoi facultative sur la
prévention de la violence sexuelle (GBVP). La
liste d'envoi GBVP est active depuis 12 ans
et a
soutenu d'innombrables éducateurs dans :
- l'utilisation d'un cadre anti-raciste,
intersectionnel et décolonial critique qui pointe
du doigt l'antisémitisme et l'islamophobie ;
- l'utilisation d'une analyse du pouvoir et un
soutien à la pensée et à l'action critiques face
aux conditions de transformation qui causent des
préjudices afin d'aider les étudiants à en créer
qui favorisent la guérison, le bien-être, la
dignité et la libération ;
- l'objectif de soutenir les jeunes 2SLGBTQ
+ avec de multiples identités croisées et qui
appartiennent aux communautés NOIRES, AUTOCHTONES,
RACIALISÉES et HANDICAPÉES. Ils soutiennent
également la souveraineté autochtone,
l'autodétermination autochtone et les mouvements
LAND BACK.
Cette ressource a été bien accueillie par un
groupe diversifié d'éducateurs, y compris des
éducateurs juifs qui ont exprimé leur enthousiasme
devant les nuances et la clarté démontrées dans
les ressources. Le TDSB a déjà adopté une position
institutionnelle sur la décolonisation, ainsi que
sur toutes les formes de racisme et d'oppression,
y
compris le racisme anti-noir, le racisme
anti-asiatique, le racisme anti-autochtone,
l'antisémitisme et l'islamophobie. Faire une
exception avec sa position sur la Palestine envoie
un message contradictoire aux éducateurs, aux
étudiants et à notre milieu scolaire. Au
contraire, cibler les éducateurs pour avoir
dénoncé le nettoyage ethnique et le
colonialisme des colons dans les pays du Sud ne
fait qu'adopter une position politique radicale
qui porte préjudice à de nombreux étudiants,
éducateurs et membres de la communauté au sein du
TDSB qui ont subi des violences similaires.
Nous vous exhortons à être cohérent dans votre
application des principes de décolonisation.
Israël, tout comme le Canada, est un État colonial
de peuplement qui se distingue par un traumatisme
intergénérationnel de part et d'autre. Le
véritable engagement du TDSB envers la
décolonisation de nos écoles au Canada exige une
solidarité
internationale et une opposition à toutes les
formes d'impérialisme et de colonialisme sinon
tout cela va sonner faux.
Le TDSB a la responsabilité morale et
professionnelle d'appuyer et de défendre M. Davila
et des éducateurs comme lui qui démontrent un
engagement en faveur de la décolonisation. Il
s'agit d'une conversation nuancée, et en tant
qu'éducateurs anti-oppression nous avons la
responsabilité de demander de l'intentionnalité et
de l'attention en
tenant ces discussions, d'une manière sensible aux
traumatismes, qui nomme la dynamique du pouvoir et
dénonce l'antisémitisme et l'islamophobie. Nous ne
pouvons pas simplement ignorer cet enjeu, et le
faire, c'est être complice de la violence
elle-même.
Au lieu de cela, la réponse du TDSB a servi à
légitimer une journaliste très de droite, en
fournissant une crédibilité institutionnelle à ses
affirmations sans fondement. Le fait que la
réponse du TDSB à Sue Ann Levy comprenait des
procédures employeur-employé confidentielles, sans
même que M. Davila en soit informé, démontre
encore plus
une abdication institutionnelle de responsabilité
et de bonne foi. En agissant ainsi, le TDSB crée
une plateforme qui permet l'abus de pouvoir contre
des éducateurs comme M. Davila de la part des
groupes haineux de droite connus. Cela enfreint
les politiques du TDSB visant à créer des écoles
sécuritaires pour tous, et son engagement continu
envers « le maintien d'un environnement
d'apprentissage et de travail qui fait la
promotion et appuie les droits humains de manière
active ».
Tout geste disciplinaire qui pourra être
considéré contre des employés du TDSB comme M.
Davila constituera une tentative de forcer au
silence, d'intimider et d'accroître la
vulnérabilité de ceux qui sont demeurés fidèles à
l'engagement du TDSB de s'acquitter de son mandat
d'équité, d'anti-oppression, d'éducation
autochtone et de
décolonisation de nos écoles, tel qu'inscrit à son
Plan stratégique pluriannuel de politique
d'équité. Cela crée aussi le précédent de
démontrer que la praxis d'équité du TDSB se limite
à des paroles, sans qu'elles soient mises en
oeuvre. C'est inacceptable et cela demande qu'on
s'attaque à ce problème sur-le-champ.
Nous demandons au TDSB de :
- ne pas s'abaisser à répondre au reportage ou
aux messages incroyablement biaisés de groupes
haineux connus ou d'individus affiliés à ces
groupes ;
- d'assumer sa responsabilité morale et
professionnelle d'appuyer M. Davila et d'autres
éducateurs qui manifestent un engagement envers
l'antiracisme, l'anti-oppression et la
décolonisation, et de dénoncer publiquement la
censure en :
ne surveillant pas les médias sociaux des
éducateurs luttant contre l'oppression ;
comprenant que les identités et l'expérience
vécue des éducateurs anti-oppression imprègnent
leur activisme et leur besoin de prendre la
parole contre la violence
institutionnelle ;
fournissant un appui tangible aux éducateurs
qui sont harcelés pour leur travail
anti-oppression au sein du TDSB ;
contestant la culture toxique du silence qui
entoure plusieurs enjeux relatifs à l'équité, en
particulier la question d'Israël et de la
Palestine, qui empêche tous les éducateurs du
TDSB de s'engager dans ce travail de façon
confidentielle.
- publier une déclaration qui condamne
l'occupation et la colonisation illégales de la
Palestine par Israël. Ce précédent a déjà été
établi au sein du TDSB, et exprimé par des efforts
pour répondre au racisme anti-noir et
anti-asiatique par de l'éducation au moyen de
déclarations publiques qui expriment une position
institutionnelle sur le
sujet ;
- mettre en pratique son engagement officiel de «
construire une capacité parmi les dirigeants de
faciliter l'apprentissage en matière de droits
humains, d'équité et d'anti-oppression » en
développant des bourses d'études, des ressources
éducatives et de la formation sur la Palestine,
et, de façon plus large, sur la question du
colonialisme de
peuplement et de l'impérialisme dans les pays du
Sud, en incluant des organisations qui ont
constamment démontré un engagement envers les
droits humains et l'intégrité humaine, comme les
Voix juives indépendantes (VJI), Teachers 4
Palestine (TAP), Palestine House et Voix juive
pour la paix.
Prendre position pour la justice n'est jamais
facile, mais nous exhortons le TDSB à se souvenir
des paroles de Desmond Tutu : « Si vous êtes
neutres dans les situations d'injustice, vous avez
choisi le côté de l'oppresseur. » Dans ce
cas-ci, il est douloureusement évident que le TDSB
a démontré par ses actions qu'il a choisi le côté
du préjudice, de la violence, de la censure et de
l'oppression. Nous vous exhortons à faire ce qui
s'impose alors que le monde entier observe.
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signataires, cliquer
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