Une tentative de faire impunément de la diffamation au nom de la lutte contre les propos haineux

Un grave problème en ce moment en Ontario est l'utilisation de termes flous comme « la haine » ou « l'antisémitisme » pour diffamer ou réduire au silence les gens qui prennent la parole contre l'occupation israélienne de la Palestine et qui défendent les droits des Palestiniens. On les applique aussi de façon plus large à des questions comme la guerre et l'occupation. Les éducateurs sont particulièrement visés, par l'allégation qu'en s'opposant à l'occupation israélienne ou même en partageant de l'information qui s'oppose clairement à l'occupation de façon générale, ils propagent la « haine » et l'antisémitisme. Ces allégations sont alors utilisées pour amener les pouvoirs de police à suspendre les éducateurs de leur travail ou les empêcher d'obtenir un emploi.

Dans la plupart des cas, les accusations sont sans fondement, mais le mal est fait, car on a semé le doute à leur sujet et on tente de décourager les éducateurs de se tenir debout et de défendre leurs convictions sur quelque question que ce soit.

C'est précisément ce qu'est la diffamation : ceux qui se sont emparés du contrôle des institutions publiques ont le pouvoir d'agir comme « juges, jurys et bourreaux ». En imposant des critères de jugement qui reposent sur des opinions et des points de vue personnels ou des opinions et des points de vue qui sont conformes à ceux que les intérêts privés étroits intéressés exigent, ils détruisent des vies en toute impunité. C'est la même chose qui se produit lorsque des notions de « politiquement correct » ou des accusations de ce qu'on appelle « l'appropriation culturelle » sont imposées. Les individus sont diffamés et ils sont en même temps exclus de l'application régulière de la loi et même privés de leur moyens de subsistance. La diffamation est une pratique médiévale qui viole les principes fondamentaux du droit commun qui ne permettent pas de « bannir » quelqu'un, de le déclarer « hors-la-loi ». Être déclaré « hors-la-loi » c'est être condamné à la « mort civile ». Être privé de droits civils, veut dire que l'ont peut être traité comme « une proie », comme les animaux qui sont tués lors d'une chasse à courre du roi, dans ses « forêts royales ». Cela ne doit pas passer !

À titre d'exemple, le 22 mai, le Toronto Sun a publié un éditorial de Sue-Ann Levy ciblant un éducateur du Conseil scolaire de Toronto qui avait fourni aux enseignants un ensemble de ressources servant à l'enseignement du conflit Israël/Palestine. Il informait clairement les éducateurs sur les droits du peuple palestinien en tant que peuple occupé et sur son expérience de la vie sous l'occupation israélienne. Les ressources faisaient partie d'une liste de distribution volontaire sur la violence de genre gérée par l'éducateur, par laquelle il fournissait de l'information régulière aux enseignants. [1]

La compilation comprenait de l'information sur la campagne de boycott, de désinvestissement et de sanctions (BDS) en opposition à l'occupation de la Palestine par Israël. Dans son article, Sue-Ann Levy déclare clairement que le problème réside dans les opinions politiques de l'éducateur et elle ajoute que son compte Facebook personnel contenait des « messages propalestiniens et anti-israéliens », comme si ces positions sont illégales ou une preuve de criminalité ou que sa diffamation de l'éducateur était justifiée. Elle écrit : « Un éducateur du Conseil scolaire du district de Toronto (TDSB) fait l'objet d'une enquête parce qu'il aurait fait circuler un manuel virulemment anti-Israël à l'intention des enseignants qui recommande un documentaire et un livre au sujet d'un terroriste, ainsi que des livres d'enfant qui dépeignent les Israéliens comme des voleurs et des assassins, et offre des conseils sur comment enseigner aux étudiants le mouvement haineux de boycott, de désinvestissement et de sanctions contre Israël (BDS). »

Le TDSB a lancé son enquête et a révoqué l'éducateur de ses fonctions pendant l'enquête. Une pétition a été lancée presque immédiatement en appui à l'éducateur en question par ses collègues, ce qui montre que ces tentatives de forcer au silence ceux qui prennent la parole ne seront jamais acceptées. Cette pétition est reproduite ci-dessous.

http://www.cpcml.ca/images2018/Rights/slogans/170705-Montreal-PiquetC59-10cr3.jpgUn autre cas récent concerne l'allégation que l'offre initiale d'emploi à la docteure en droit Valentina Azarova a été révoquée par l'Université de Toronto à cause du travail qu'elle a fait sur les crimes de guerre d'Israël et ses violations des droits humains, en particulier sur la construction des colonies. À la suite de ces mesures, des universitaires ont décidé de ne pas participer à des événements organisés à l'Université de Toronto et des organisations ont mis fin à leur partenariat avec l'université pour montrer leur appui à Valentina Azavora et pour exprimer leur opposition aux tentatives de faire taire les critiques de l'occupation par les universitaires. [2]

Tous ceux et celles qui défendent la liberté de conscience et s'opposent à l'occupation ne peuvent accepter que des éducateurs soient soumis à des tests de conscience sur leurs opinions au sujet de l'occupation continue par Israël, que ce soit au nom de s'opposer à la haine, à l'antisémitisme ou à quelque autre justification. Lorsque les éducateurs deviennent des modèles en défendant leurs convictions, en prenant la parole contre l'injustice et en étant des dirigeants au sein de la société, cela inspire confiance aux jeunes qu'ils peuvent faire la même chose.

Notes

1. La liste de distribution « comprend des ressources, annonces récentes et autres nouvelles et articles liés à la prévention de la violence de genre et de la violence sexuelle et à des relations saines basées sur des paramètres antiracistes, intersectionnels et décolonisateurs qui dénoncent l'antisémitisme et l'islamophobie. Ces ressources utilisent une analyse du pouvoir et encouragent la pensée critique et l'action pour transformer les conditions qui causent des dommages et en créer qui favorisent la guérison, le soutien, la dignité et la libération. Ces ressources visent à appuyer les jeunes 2SLGBTQ+ ayant des identités multiples et faisant partie des communautés noires, autochtones, racialisées et handicapées. Elles appuient la souveraineté et l'auto-détermination autochtones et la récupération de leurs terres. »

2. Parmi les autres exemples, il y a ceux-ci :

En 2016, Nadia Shoufani, une enseignante à l'École séparée Sainte-Catherine de Sienne à Mississauga a été suspendue dans l'attente d'une enquête après qu'elle a pris la parole dans un rassemblement en appui au peuple palestinien. L'incident a été soulevé auprès de l'Ordre des enseignantes et des enseignants de l'Ontario à des fins d'enquête et d'examen lorsque des groupes tels que B'nai Brith et le Canadian Jewish Advocacy ont tout fait pour tenter de punir Nadia Shoufani pour ses déclarations et pour sa franchise. Par exemple, au nom de Canadian Jewish Advocacy, Nerl Nadler, coprésident du Centre pour Israël et des affaires juives (CIJA) dans le Toronto métropolitain, avait déclaré : « Nous saluons le Conseil scolaire catholique du district de Dufferin-Peel pour son action décisive pour suspendre Nadia Shoufani. Nous apprécions le fait que la mairesse [de Mississauga] Bonnie Crombie et d'autres représentants aient été sensibles à nos préoccupations et réceptifs à nos inquiétudes face à cette grave affaire. Il est inquiétant qu'une personne à qui on a confié les responsabilités d'enseignante soit l'une des principales oratrices dans un événement toxique et antisémite comme la Journée d'Al-Quds. »

« Nous avons déjà déposé une plainte auprès de l'Ordre des enseignantes et des enseignants de l'Ontario, et y donnerons suite afin d'exhorter l'Ordre à agir de façon significative dans ce cas », a ajouté Joel Reitman, coprésident de CIJA dans le Toronto métropolitain. « Nous sommes particulièrement inquiets qu'une enseignante avec une feuille de route d'activisme extrême puisse avoir la possibilité de propager ses positions nocives dans une salle de classe, et nous sommes confiants que l'Ordre prendra les mesures requises pour mitiger ce risque. »

En réponse à cette plainte, Liz Stuart, la présidente de l'Association des enseignantes et des enseignants catholiques anglo-ontariens, le syndicat qui représente Madame Shoufani, a dit : « Une enseignante ne devrait jamais avoir à s'inquiéter que sa réputation professionnelle sera attaquée dans un effort pour l'empêcher d'exercer son droit de libre expression [...] Madame Shoufani s'exprimait en tant que simple citoyenne  » [notre souligné].

En 2007, un enseignant du TDSB a fait l'objet d'une chasse aux sorcières après qu'une campagne médiatique nationale a été lancée contre lui parce qu'il a proposé à son syndicat provincial d'appuyer le mouvement BDS. Son conseil scolaire s'est fait forcer la main pour mener une enquête à son sujet, bien qu'aucune accusation n'ait été officiellement portée contre lui. L'enseignant a été retiré de son école pour enseigner à partir de la maison alors qu'une enquête officielle était en cours. Pendant l'enquête, ses étudiants ont été interviewés pour tenter de savoir s'il avait fait la « promotion de la haine » dans la salle de classe. Après que la commission est sortie bredouille de son enquête, les étudiants ont défendu l'enseignant et ont même lancé une pétition pour qu'il réintègre l'école.


Cet article est paru dans

Numéro 49 - 26 mai 2021

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