Pétition - Protégeons les étudiants et
les travailleurs en éducation

À la directrice Falconer, directrice intérimaire de l'éducation, TDSB

Nous, soussignés, écrivons pour appuyer Javier Davila, un éducateur du Toronto District School Board qui a récemment été ciblé par la chroniqueuse de Postmedia Sue Ann Levy. Levy a des antécédents d'islamophobie et elle a été blâmée par le Conseil national des médias du Canada pour « violation grave des normes journalistiques d'exactitude des reportages ». Le même journal dans la même période de 24 heures a insisté sur le fait que critiquer Israël n'est pas antisémite en soi.

Son article visait à discréditer et calomnier publiquement M. Davila pour avoir envoyé des ressources pédagogiques soigneusement organisées sur Israël et la Palestine. Ces ressources ont été examinées par plusieurs organisations, des éducateurs expérimentés, des experts en droits humains et des juristes qui ont tous conclu qu'il s'agissait de ressources légitimes et contre l'oppression. Il n'y a aucun exemple de contenu antisémite dans les ressources (du 16 au 19 mai). Les ressources sont conformes à l'engagement du TDSB à l'égard de l'équité, de la lutte contre l'oppression, de l'antiracisme, de l'éducation autochtone et de la mission continue de décoloniser nos écoles. Elles sont également conformes à l'obligation professionnelle de M. Davila de faire respecter les principes de l'OEEO et les principes d'équité conformes à la vision de l'apprentissage du TDSB.

Par conséquent, l'hypocrisie et l'intention derrière cet article sont hautement discutables et n'auraient pas dû être la base d'une action punitive ou d'une enquête du TDSB à l'encontre de monsieur Davila.

Il est important de souligner que, grâce à son poste de conseiller du programme d'équité envers les étudiants, M. Davila a constamment partagé des ressources inestimables avec les éducateurs par le biais d'une liste d'envoi facultative sur la prévention de la violence sexuelle (GBVP). La liste d'envoi GBVP est active depuis 12 ans et a soutenu d'innombrables éducateurs dans :

- l'utilisation d'un cadre anti-raciste, intersectionnel et décolonial critique qui pointe du doigt l'antisémitisme et l'islamophobie ;

- l'utilisation d'une analyse du pouvoir et un soutien à la pensée et à l'action critiques face aux conditions de transformation qui causent des préjudices afin d'aider les étudiants à en créer qui favorisent la guérison, le bien-être, la dignité et la libération ;

- l'objectif de soutenir les jeunes 2SLGBTQ + avec de multiples identités croisées et qui appartiennent aux communautés NOIRES, AUTOCHTONES, RACIALISÉES et HANDICAPÉES. Ils soutiennent également la souveraineté autochtone, l'autodétermination autochtone et les mouvements LAND BACK.

Cette ressource a été bien accueillie par un groupe diversifié d'éducateurs, y compris des éducateurs juifs qui ont exprimé leur enthousiasme devant les nuances et la clarté démontrées dans les ressources. Le TDSB a déjà adopté une position institutionnelle sur la décolonisation, ainsi que sur toutes les formes de racisme et d'oppression, y compris le racisme anti-noir, le racisme anti-asiatique, le racisme anti-autochtone, l'antisémitisme et l'islamophobie. Faire une exception avec sa position sur la Palestine envoie un message contradictoire aux éducateurs, aux étudiants et à notre milieu scolaire. Au contraire, cibler les éducateurs pour avoir dénoncé le nettoyage ethnique et le colonialisme des colons dans les pays du Sud ne fait qu'adopter une position politique radicale qui porte préjudice à de nombreux étudiants, éducateurs et membres de la communauté au sein du TDSB qui ont subi des violences similaires.

Nous vous exhortons à être cohérent dans votre application des principes de décolonisation. Israël, tout comme le Canada, est un État colonial de peuplement qui se distingue par un traumatisme intergénérationnel de part et d'autre. Le véritable engagement du TDSB envers la décolonisation de nos écoles au Canada exige une solidarité internationale et une opposition à toutes les formes d'impérialisme et de colonialisme sinon tout cela va sonner faux.

Le TDSB a la responsabilité morale et professionnelle d'appuyer et de défendre M. Davila et des éducateurs comme lui qui démontrent un engagement en faveur de la décolonisation. Il s'agit d'une conversation nuancée, et en tant qu'éducateurs anti-oppression nous avons la responsabilité de demander de l'intentionnalité et de l'attention en tenant ces discussions, d'une manière sensible aux traumatismes, qui nomme la dynamique du pouvoir et dénonce l'antisémitisme et l'islamophobie. Nous ne pouvons pas simplement ignorer cet enjeu, et le faire, c'est être complice de la violence elle-même.

Au lieu de cela, la réponse du TDSB a servi à légitimer une journaliste très de droite, en fournissant une crédibilité institutionnelle à ses affirmations sans fondement. Le fait que la réponse du TDSB à Sue Ann Levy comprenait des procédures employeur-employé confidentielles, sans même que M. Davila en soit informé, démontre encore plus une abdication institutionnelle de responsabilité et de bonne foi. En agissant ainsi, le TDSB crée une plateforme qui permet l'abus de pouvoir contre des éducateurs comme M. Davila de la part des groupes haineux de droite connus. Cela enfreint les politiques du TDSB visant à créer des écoles sécuritaires pour tous, et son engagement continu envers « le maintien d'un environnement d'apprentissage et de travail qui fait la promotion et appuie les droits humains de manière active ».

Tout geste disciplinaire qui pourra être considéré contre des employés du TDSB comme M. Davila constituera une tentative de forcer au silence, d'intimider et d'accroître la vulnérabilité de ceux qui sont demeurés fidèles à l'engagement du TDSB de s'acquitter de son mandat d'équité, d'anti-oppression, d'éducation autochtone et de décolonisation de nos écoles, tel qu'inscrit à son Plan stratégique pluriannuel de politique d'équité. Cela crée aussi le précédent de démontrer que la praxis d'équité du TDSB se limite à des paroles, sans qu'elles soient mises en oeuvre. C'est inacceptable et cela demande qu'on s'attaque à ce problème sur-le-champ.

Nous demandons au TDSB de :

- ne pas s'abaisser à répondre au reportage ou aux messages incroyablement biaisés de groupes haineux connus ou d'individus affiliés à ces groupes ;

- d'assumer sa responsabilité morale et professionnelle d'appuyer M. Davila et d'autres éducateurs qui manifestent un engagement envers l'antiracisme, l'anti-oppression et la décolonisation, et de dénoncer publiquement la censure en :

ne surveillant pas les médias sociaux des éducateurs luttant contre l'oppression ;

comprenant que les identités et l'expérience vécue des éducateurs anti-oppression imprègnent leur activisme et leur besoin de prendre la parole contre la violence institutionnelle ;

fournissant un appui tangible aux éducateurs qui sont harcelés pour leur travail anti-oppression au sein du TDSB ;

contestant la culture toxique du silence qui entoure plusieurs enjeux relatifs à l'équité, en particulier la question d'Israël et de la Palestine, qui empêche tous les éducateurs du TDSB de s'engager dans ce travail de façon confidentielle.

- publier une déclaration qui condamne l'occupation et la colonisation illégales de la Palestine par Israël. Ce précédent a déjà été établi au sein du TDSB, et exprimé par des efforts pour répondre au racisme anti-noir et anti-asiatique par de l'éducation au moyen de déclarations publiques qui expriment une position institutionnelle sur le sujet ;

- mettre en pratique son engagement officiel de « construire une capacité parmi les dirigeants de faciliter l'apprentissage en matière de droits humains, d'équité et d'anti-oppression » en développant des bourses d'études, des ressources éducatives et de la formation sur la Palestine, et, de façon plus large, sur la question du colonialisme de peuplement et de l'impérialisme dans les pays du Sud, en incluant des organisations qui ont constamment démontré un engagement envers les droits humains et l'intégrité humaine, comme les Voix juives indépendantes (VJI), Teachers 4 Palestine (TAP), Palestine House et Voix juive pour la paix.

Prendre position pour la justice n'est jamais facile, mais nous exhortons le TDSB à se souvenir des paroles de Desmond Tutu : « Si vous êtes neutres dans les situations d'injustice, vous avez choisi le côté de l'oppresseur. » Dans ce cas-ci, il est douloureusement évident que le TDSB a démontré par ses actions qu'il a choisi le côté du préjudice, de la violence, de la censure et de l'oppression. Nous vous exhortons à faire ce qui s'impose alors que le monde entier observe.

Pour signer la pétition ou voir la liste des signataires, cliquer ici


Cet article est paru dans

Numéro 49 - 26 mai 2021

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/FO2021/Articles/FO06493.HTM


    

Site Web:  www.pccml.ca   Email:  redaction@cpcml.ca