Forum ouvrier

Numéro 15 - 10 mars 2021

Tenons les gouvernements responsables des violations
des droits issus de traités et de la destruction nationale!

Défendons le droit des Mi'kmaq à leur pêche de subsistance autoréglementée

L'Assemblée des chefs mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse répond à l'annonce de Pêches et Océans Canada
Le droit des Mi'kmaq à «un moyen de subsistance convenable»

Annonce d'une fermeture d'usine en Alberta
Un monopole américain sans scrupule s'enfuit - Dougal Macdonald


Tenons les gouvernements responsables des violations des droits issus
des traités et de la destruction nationale!

Défendons le droit des Mi'kmaq à leur pêche de subsistance autoréglementée

Le 4 mars, l 'Assemblée des chefs mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse a tenu une conférence de presse pour rejeter fermement la dernière déclaration arbitraire du gouvernement canadien selon laquelle la Couronne et la Couronne seulement décide de comment, où et quand les Mik'maq sont autorisés à exercer leur droit de pêche ancestral.

La ministre canadienne des Pêches Bernadette Jordan, sans même adresser un mot aux Mi'kmaq, a simplement déclaré le 3 mars que :

1) les pêches des Mi'kmaq fonctionneront uniquement selon les saisons établies par le gouvernement du Canada;

2) le Canada « équilibrera » l'accès additionnel par l'entremise de permis déjà disponibles, et d'une approche « de gré à gré entre le vendeur et l'acheteur » pour permettre l'existence de la pêche des Mi'kmaq;

3) le Canada sera le seul à déterminer ce qui est une pêche de « subsistance »;

4) la pêche sera plus étroitement surveillée pour faire respecter la conformité à toutes les étapes – de la saisie à la transformation du produit, jusqu'à l'achat et la vente.

Cette déclaration de la ministre est faite le lendemain d'une rencontre entre les représentants du ministère des Pêches et Océans (MPO) et des représentants des Mi'kmaq au cours de laquelle ces derniers ont demandé une fois de plus au MPO de fournir les données et les statistiques qui justifient l'insistance de la Couronne à limiter leur droit de pêche issu de traités. Il n'y a pas eu de réponse. La ministre n'a même pas jugé bon d'informer les Mi'kmaq, mais a averti les pêcheurs commerciaux ainsi que les médias monopolisés de ces plans imposés de façon cavalière.

Le chef Gerald Toney, responsable du portefeuille des Pêches de l'Assemblée des Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse, et le chef Sid Peters, coprésident de l'Assemblée, ont tous deux dénoncé les déclarations unilatérales de la ministre canadienne des Pêches Bernadette Jordan comme « choquantes » et « inacceptables ». Une fois de plus, les Mi'kmaq ont demandé à la Couronne de s'engager de bonne foi dans des discussions de nation à nation pour trouver une solution politique qui permette aux Mi'kmaq d'exercer leur droit souverain de pêcher.

C'est vraiment choquant et inacceptable ! La voilà, la réalité de l'approche de « réconciliation » du gouvernement Trudeau. Ce n'est pas une façon d'engager des relations de nation à nation.

La ministre canadienne des Pêches Bernadette Jordan a répété que la Couronne respecte les règles de droit comme si cela rend légitime ce que fait le gouvernement du Canada. Elle cite la décision Marshall II de la Cour suprême qui dit que « Les droits issus de traités sont assujettis à la réglementation, à condition que la Couronne démontre qu'une telle réglementation est justifiée pour des raisons de conservation ou d'autres motifs d'importance publique ». Sa déclaration prouve simplement que la prérogative royale peut ignorer arbitrairement les demandes des Mi'kmaq concernant les données et les statistiques sur lesquelles la Couronne s'appuie possiblement pour outrepasser les droits issus de traités des Mik'maq. Cela confirme qu'elle part de la prémisse qu'en tant que « conquérant des nations autochtones », c'est elle « qui dirige » et les Premières nations vivent selon sa « grâce et sa miséricorde ». La grâce se réfère à « sa bonne volonté courtoise », ce qui signifie qu'« elle n'est pas demandée ni méritée, mais elle est donnée gratuitement ». La miséricorde se réfère à « la compassion et à la gentillesse manifestées envers quelqu'un qu'il est en son pouvoir de punir ou de blesser. C'est un acte destiné à soulager quelqu'un de sa souffrance ». Les propos faciles du gouvernement Trudeau disant aux Canadiens qu'il cherche à éliminer les restes de « racisme systémique » ne changent pas les prémisses sous-jacentes inscrites dans la Constitution du Canada et l'interprétation des gouvernements qui se sont succédé des droits ancestraux et issus de traités. C'est pourquoi il est crucial de soutenir les Mi'kmaq dans leur lutte pour défendre ce qui leur appartient de droit.

http://www.cpcml.ca/images2020/IndigenousPeoples/201101-Montreal-Autochtones-10cr.jpgLa professeure Megan Bailey, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la gouvernance intégrée des océans et des côtes à l'Université Dalhousie, a travaillé avec les Mi'kmaq et d'autres pêcheurs commerciaux. Le Dr Bailey a remis en question l'affirmation de la Couronne selon laquelle le droit autoréglementé des Mi'kmaq de pêcher pour un « moyen de subsistance convenable » constitue une menace pour la conservation du poisson. En septembre dernier, lorsque la Première Nation de Sipekne'katik a lancé sa propre pêche autoréglementée, la Dr Bailey a déclaré aux médias : « Je reconnais et je sympathise avec le secteur de la pêche commerciale que cela semble être un risque pour la conservation. Je ne crois pas que c'est le cas. Je ne pense pas que la science soutiendrait cela. »

Depuis plus de deux ans, les 13 Premières Nations Mi'kmaq s'efforcent de mettre en place des plans et des principes pour une pêche durable qui respectent les stocks de poissons et les saisons de récolte qu'ils appliquent depuis des millénaires, afin d'exercer aujourd'hui leur droit de pêche issu des traités. À la conférence de presse du 4 mars, ils ont souligné qu'ils mettront leurs plans en oeuvre.

Ce ne sont pas les Mi'kmaq qui ont dévasté la pêche de l'Atlantique. C'est ce qu'a fait le gouvernement canadien qui a donné aux monopoles mondiaux de la pêche le champ libre de la surpêche. Ce gouvernement sous un autre ministère montre une fois de plus qu'il n'est pas apte à gérer les pêches et qu'il n'a pas l'intention de favoriser les relations de nation à nation avec les peuples autochtones. Il faut qu'il cesse de criminaliser les Mi'kmaq et leur droit d'exercer leurs droits issus de traités et de mettre en oeuvre leurs plans pour une pêche autoréglementée.

Ne touchez pas aux droits issus des traités des Mi'kmaq !
Défendons le droit du peuple mi'kmaq à sa pêche autoréglementée !

(Photos : FO, J. Gruben)

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L'Assemblée des chefs mi'kmaq de la
Nouvelle-Écosse répond à l'annonce
de Pêches et Océans Canada

Bien qu'aujourd'hui la ministre Bernadette Jordan du ministère de Pêches et Océans Canada (POC) ait reconnu nos droits à assurer notre pêche de subsistance convenable, elle a aussi pris des décisions unilatérales et affirmé une position par laquelle POC aurait le plein contrôle de nos droits de pêche ancestraux. C'est inacceptable.

La pêche de subsistance convenable est un droit mi'kmaq protégé par la Constitution et doit rester une initiative mi'kmaq. Vingt ans après la décision Marshall, POC continue d'adopter une approche coloniale sur cette question, et il est temps que le Canada rompe avec cette façon de penser.

Le Canada continue de proclamer son engagement envers des discussions « de nation à nation » et pourtant, POC continue d'affirmer sa domination sur notre nation, de faire des annonces et de prendre des décisions, ne laissant aucune place à la discussion où à la consultation. Cela contrevient aux engagements de travail de nation à nation, d'affirmation des droits et de réconciliation, et démontre un mépris complet envers notre gouvernance et notre leadership.

POC continue d'imposer des règles sans consulter l'Assemblée, sans l'accommoder et sans son accord. En vertu de Marshall II, toute limite imposée à l'exercice de notre droit doit être justifiée et faite en consultation avec les Mi'kmaq.

L'annonce de la ministre Jordan a été faite avant toute discussion avec les Mi'kmaq, au mépris du travail et des efforts de nos communautés, et ne respecte pas les nombreuses tentatives de collaboration et de réconciliation. « POC continue de dicter et d'imposer ses règles sur des pêches qui ne relèvent pas de sa compétence ou de son mandat », a dit le chef Gerald Toney, le responsable des pêches de l'Assemblée.« Le droit à une subsistance convenable n'est pas – et ne doit pas être – dépendant de l'industrie ou du gouvernement fédéral. C'est quelque chose qui doit venir des Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse. Imposer des restrictions de façon indépendante, sans l'apport des Mi'kmaq, sur comment mettre en oeuvre nos droits, est une approche qui doit cesser. »

Plusieurs communautés mi'kmaq ont cherché à développer les Plans de subsistance de pêche Netukulimk – fondés sur le principe mi'kmaq de Netukulimk, de prendre seulement ce dont la communauté a besoin et d'être respectueux envers la terre, les animaux et l'environnement. Certaines communautés mi'kmaq ont décidé de pêcher à des dates à l'extérieur des saisons commerciales. C'est à la fois pour la sécurité de nos pêcheurs qui sortent dans des bateaux beaucoup plus petits que ceux qui servent à la pêche commerciale, et parce que notre science nous montre qu'il y a peu d'impacts sur les espèces durant ces périodes. POC ne nous a pas encore offert de justification pour l'imposition des saisons commerciales sur notre pêche basée sur les droits.

« POC doit consulter les Mi'kmaq, justifier les décisions en partageant ses données avec nous s'il veut qu'il y ait discussion – en particulier sur les saisons », a poursuivi le chef Toney. « Nos communautés continueront de construire leurs plans de subsistance, avec la contribution de nos organisations des droits et de l'environnement, et rien n'indique que nos activités de pêche de subsistance auraient un impact négatif sur les espèces. »

POC continue de manquer à son obligation de consulter les Mi'kmaq et d'accommoder nos préoccupations.

L'Assemblée demande que le Canada agisse de bonne foi et qu'il nous rencontre avant de promouvoir davantage son ordre du jour.

(3 mars 2021. Photos : FO, SpringMag)

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Le droit des Mi'kmaq à «un moyen
de subsistance convenable»

Il y a plus de 250 ans, le Traité de paix et d'amitié de 1752 a enchâssé le droit des Mi'kmaq de chasser et de pêcher sur leurs terres et d'y pratiquer le commerce. En 1999, une décision historique de la Cour suprême du Canada, R c. Marshall, a reconnu que les Mi'kmaq et les Malécites avaient le droit de chasser, de pêcher et de cueillir pour avoir une subsistance convenable.

Malgré cette décision de la Cour suprême, les gouvernements refusent d'établir par le biais de discussions et de négociations de nation à nation ce que constitue une « subsistance convenable ». Au lieu de cela, les pêcheurs mi'kmaq se voient interdire, selon la loi de la Nouvelle-Écosse, de vendre ce qu'ils récoltent bien que cela fasse partie de leurs droits issus du traité de 1752.

Face à l'inaction du gouvernement, la Première Nation de Sipekne'katik est devenue la première à lancer sa propre pêche autoréglementée comme moyen de subsistance convenable à l'occasion du 21e anniversaire de la décision Marshall, le 17 septembre 2020.

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Annonce d'une fermeture d'usine en Alberta

Un monopole américain sans scrupule s'enfuit

https://cpcml.ca/francais/Images2018/Slogans/180127-MTL-ALENA-08cr.jpghttp://www.cpcml.ca/francais/Images2017/Slogans/160501-Montreal-PremierMai-14.jpg

Sans préavis, le monopole américain de machinerie lourde agricole John Deere a annoncé le 2 mars que son usine de Nisku en Alberta, au sud d'Edmonton, fermera de façon permanente le 31 octobre. Aucune discussion n'a eu lieu avec les travailleurs, aucun arrangement convenable pour les travailleurs n'est organisé et aucune alternative n'est envisagée.

L'usine John Deere de Nisku a été construite en 1987. Il y a 180 travailleurs à temps plein qui travaillent au bâtiment de « réusinage », remettant à neuf des pièces usagées ou endommagées. Les trois autres centres de réusinage de John Deere sont situés à Springfield, au Missouri.

La compagnie avoue sans honte que la seule raison pour la fermeture de l'usine est d'accroître ses profits et a déclaré dans une entrevue que le but de la fermeture et de la consolidation des opérations aux États-Unis était de permettre à la compagnie d'« atteindre et de soutenir ses objectifs de rendement nécessaires à long terme ». Mais John Deere n'est certainement pas aux prises avec des difficultés financières. En fait, il ferme son usine de Nesku à un moment de forte croissance. Le monopole mondial a rapporté un bénéfice net de 1,224 milliard de dollars US pour le premier trimestre de 2021, plus que le double de ses bénéfices pour le premier trimestre de l'an dernier. À la fin février, John Deere a augmenté son dividende trimestriel de 18 %.

L'économie du pays a été intégrée à la machine de guerre des États-Unis. En outre, « Rendre sa grandeur à l'Amérique » est une pression exercée à la fois par l'administration Biden et le gouvernement du Canada sous la forme du mot d'ordre de l'économie verte et de « Rebâtir en mieux ». Au Canada, la destruction nationale se poursuit à un rythme effréné puisqu'il y a aucun effort pour changer la direction de l'économie afin qu'elle subvienne à ses besoins et pour utiliser la révolution technique scientifique et l'intelligence artificielle de façon à résoudre les problèmes auxquels le peuple fait face.

https://cpcml.ca/francais/Images2018/Slogans/180607-Quebec-02-carrieresylvie..jpgDes discussions se tiennent déjà partout au pays sur comment bâtir une économie qui subvient à ses besoins et sert l'édification nationale, dans laquelle les problèmes économiques sont résolus d'une manière qui bénéficie au peuple et non aux riches. Les Canadiens sont parfaitement capables de bâtir leur industrie domestique qui produit des tracteurs et les autres pièces d'équipement du secteur agricole de même que les outils et la machinerie dont les autres secteurs ont besoin. Sur cette base, le Canada pourrait même exporter un tel équipement vers les marchés qui sont pris en otage par les politiques rapaces des monopoles et de leurs cartels et coalitions.

Les gouvernements au service des riches affirment que le libre-échange et les droits de propriété privée sont sacro-saints et que le Canada et les Canadiens doivent leur être subordonnés. Ça ne doit pas passer. Les travailleurs n'ont pas construit ce pays pour qu'il soit détruit par des monopoles prédateurs. En prenant en main la question de s’investir du pouvoir de décider, les travailleurs peuvent parvenir à une économie indépendante, qui subvient à ses besoins et qui est sous leur contrôle. Des mesures effectives peuvent être prises contre ces monopoles, comme mettre des conditions pour qu’ils aient le droit de vendre leurs produits au Canada. Des entreprises comme John Deere et d'autres qui jettent les travailleurs à la rue doivent être forcées d’assurer un avenir aux personnes affectées.

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