Tenons les gouvernements responsables des violations des droits issus
des traités et de la destruction nationale!

Défendons le droit des Mi'kmaq à leur pêche de subsistance autoréglementée

Le 4 mars, l 'Assemblée des chefs mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse a tenu une conférence de presse pour rejeter fermement la dernière déclaration arbitraire du gouvernement canadien selon laquelle la Couronne et la Couronne seulement décide de comment, où et quand les Mik'maq sont autorisés à exercer leur droit de pêche ancestral.

La ministre canadienne des Pêches Bernadette Jordan, sans même adresser un mot aux Mi'kmaq, a simplement déclaré le 3 mars que :

1) les pêches des Mi'kmaq fonctionneront uniquement selon les saisons établies par le gouvernement du Canada;

2) le Canada « équilibrera » l'accès additionnel par l'entremise de permis déjà disponibles, et d'une approche « de gré à gré entre le vendeur et l'acheteur » pour permettre l'existence de la pêche des Mi'kmaq;

3) le Canada sera le seul à déterminer ce qui est une pêche de « subsistance »;

4) la pêche sera plus étroitement surveillée pour faire respecter la conformité à toutes les étapes – de la saisie à la transformation du produit, jusqu'à l'achat et la vente.

Cette déclaration de la ministre est faite le lendemain d'une rencontre entre les représentants du ministère des Pêches et Océans (MPO) et des représentants des Mi'kmaq au cours de laquelle ces derniers ont demandé une fois de plus au MPO de fournir les données et les statistiques qui justifient l'insistance de la Couronne à limiter leur droit de pêche issu de traités. Il n'y a pas eu de réponse. La ministre n'a même pas jugé bon d'informer les Mi'kmaq, mais a averti les pêcheurs commerciaux ainsi que les médias monopolisés de ces plans imposés de façon cavalière.

Le chef Gerald Toney, responsable du portefeuille des Pêches de l'Assemblée des Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse, et le chef Sid Peters, coprésident de l'Assemblée, ont tous deux dénoncé les déclarations unilatérales de la ministre canadienne des Pêches Bernadette Jordan comme « choquantes » et « inacceptables ». Une fois de plus, les Mi'kmaq ont demandé à la Couronne de s'engager de bonne foi dans des discussions de nation à nation pour trouver une solution politique qui permette aux Mi'kmaq d'exercer leur droit souverain de pêcher.

C'est vraiment choquant et inacceptable ! La voilà, la réalité de l'approche de « réconciliation » du gouvernement Trudeau. Ce n'est pas une façon d'engager des relations de nation à nation.

La ministre canadienne des Pêches Bernadette Jordan a répété que la Couronne respecte les règles de droit comme si cela rend légitime ce que fait le gouvernement du Canada. Elle cite la décision Marshall II de la Cour suprême qui dit que « Les droits issus de traités sont assujettis à la réglementation, à condition que la Couronne démontre qu'une telle réglementation est justifiée pour des raisons de conservation ou d'autres motifs d'importance publique ». Sa déclaration prouve simplement que la prérogative royale peut ignorer arbitrairement les demandes des Mi'kmaq concernant les données et les statistiques sur lesquelles la Couronne s'appuie possiblement pour outrepasser les droits issus de traités des Mik'maq. Cela confirme qu'elle part de la prémisse qu'en tant que « conquérant des nations autochtones », c'est elle « qui dirige » et les Premières nations vivent selon sa « grâce et sa miséricorde ». La grâce se réfère à « sa bonne volonté courtoise », ce qui signifie qu'« elle n'est pas demandée ni méritée, mais elle est donnée gratuitement ». La miséricorde se réfère à « la compassion et à la gentillesse manifestées envers quelqu'un qu'il est en son pouvoir de punir ou de blesser. C'est un acte destiné à soulager quelqu'un de sa souffrance ». Les propos faciles du gouvernement Trudeau disant aux Canadiens qu'il cherche à éliminer les restes de « racisme systémique » ne changent pas les prémisses sous-jacentes inscrites dans la Constitution du Canada et l'interprétation des gouvernements qui se sont succédé des droits ancestraux et issus de traités. C'est pourquoi il est crucial de soutenir les Mi'kmaq dans leur lutte pour défendre ce qui leur appartient de droit.

http://www.cpcml.ca/images2020/IndigenousPeoples/201101-Montreal-Autochtones-10cr.jpgLa professeure Megan Bailey, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la gouvernance intégrée des océans et des côtes à l'Université Dalhousie, a travaillé avec les Mi'kmaq et d'autres pêcheurs commerciaux. Le Dr Bailey a remis en question l'affirmation de la Couronne selon laquelle le droit autoréglementé des Mi'kmaq de pêcher pour un « moyen de subsistance convenable » constitue une menace pour la conservation du poisson. En septembre dernier, lorsque la Première Nation de Sipekne'katik a lancé sa propre pêche autoréglementée, la Dr Bailey a déclaré aux médias : « Je reconnais et je sympathise avec le secteur de la pêche commerciale que cela semble être un risque pour la conservation. Je ne crois pas que c'est le cas. Je ne pense pas que la science soutiendrait cela. »

Depuis plus de deux ans, les 13 Premières Nations Mi'kmaq s'efforcent de mettre en place des plans et des principes pour une pêche durable qui respectent les stocks de poissons et les saisons de récolte qu'ils appliquent depuis des millénaires, afin d'exercer aujourd'hui leur droit de pêche issu des traités. À la conférence de presse du 4 mars, ils ont souligné qu'ils mettront leurs plans en oeuvre.

Ce ne sont pas les Mi'kmaq qui ont dévasté la pêche de l'Atlantique. C'est ce qu'a fait le gouvernement canadien qui a donné aux monopoles mondiaux de la pêche le champ libre de la surpêche. Ce gouvernement sous un autre ministère montre une fois de plus qu'il n'est pas apte à gérer les pêches et qu'il n'a pas l'intention de favoriser les relations de nation à nation avec les peuples autochtones. Il faut qu'il cesse de criminaliser les Mi'kmaq et leur droit d'exercer leurs droits issus de traités et de mettre en oeuvre leurs plans pour une pêche autoréglementée.

Ne touchez pas aux droits issus des traités des Mi'kmaq !
Défendons le droit du peuple mi'kmaq à sa pêche autoréglementée !

(Photos : FO, J. Gruben)


Cet article est paru dans

Numéro 15 - 10 mars 2021

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