Tenons les gouvernements
responsables des violations des droits issus
des
traités et de la destruction nationale!
Défendons le droit des Mi'kmaq à leur pêche de
subsistance autoréglementée
- Philip Fernandez -
Le 4 mars, l 'Assemblée des chefs mi'kmaq
de la Nouvelle-Écosse a tenu une conférence de
presse pour rejeter fermement la dernière
déclaration arbitraire du gouvernement canadien
selon laquelle la Couronne et la Couronne
seulement décide de comment, où et quand les
Mik'maq sont autorisés à exercer leur droit de
pêche ancestral.
La ministre canadienne des Pêches Bernadette
Jordan, sans même adresser un mot aux Mi'kmaq, a
simplement déclaré le 3 mars que :
1) les pêches des Mi'kmaq fonctionneront
uniquement selon les saisons établies par le
gouvernement du Canada;
2) le Canada « équilibrera » l'accès
additionnel par l'entremise de permis déjà
disponibles, et d'une approche « de gré à gré
entre le vendeur et l'acheteur » pour
permettre l'existence de la pêche des Mi'kmaq;
3) le Canada sera le seul à déterminer ce qui est
une pêche de « subsistance »;
4) la pêche sera plus étroitement surveillée pour
faire respecter la conformité à toutes les
étapes – de la saisie à la transformation du
produit, jusqu'à l'achat et la vente.
Cette déclaration de la
ministre est faite le lendemain d'une rencontre
entre les représentants du ministère des Pêches et
Océans (MPO) et des représentants des Mi'kmaq au
cours de laquelle ces derniers ont demandé une
fois de plus au MPO de fournir les données et les
statistiques qui justifient l'insistance de la
Couronne à limiter leur droit de pêche issu de
traités. Il n'y a pas eu de réponse. La ministre
n'a même pas jugé bon d'informer les Mi'kmaq, mais
a averti les pêcheurs commerciaux ainsi que les
médias monopolisés de ces plans imposés de façon
cavalière.
Le chef Gerald Toney, responsable du portefeuille
des Pêches de l'Assemblée des Mi'kmaq de la
Nouvelle-Écosse, et le chef Sid Peters,
coprésident de l'Assemblée, ont tous deux dénoncé
les déclarations unilatérales de la ministre
canadienne des Pêches Bernadette Jordan comme «
choquantes » et « inacceptables ». Une
fois de plus, les Mi'kmaq ont demandé à la
Couronne de s'engager de bonne foi dans des
discussions de nation à nation pour trouver une
solution politique qui permette aux Mi'kmaq
d'exercer leur droit souverain de pêcher.
C'est vraiment choquant et inacceptable ! La
voilà, la réalité de l'approche de «
réconciliation » du gouvernement Trudeau. Ce
n'est pas une façon d'engager des relations de
nation à nation.
La ministre canadienne des Pêches Bernadette
Jordan a répété que la Couronne respecte les
règles de droit comme si cela rend légitime ce que
fait le gouvernement du Canada. Elle cite la
décision Marshall II de la Cour suprême qui
dit que « Les droits issus de traités sont
assujettis à la réglementation, à condition que la
Couronne démontre qu'une telle réglementation est
justifiée pour des raisons de conservation ou
d'autres motifs d'importance publique ». Sa
déclaration prouve simplement que la prérogative
royale peut ignorer arbitrairement les demandes
des Mi'kmaq concernant les données et les
statistiques sur lesquelles la Couronne s'appuie
possiblement pour outrepasser les droits issus de
traités des Mik'maq. Cela confirme qu'elle part de
la prémisse qu'en tant que « conquérant des
nations autochtones », c'est elle « qui dirige »
et les Premières nations vivent selon sa « grâce
et sa miséricorde ». La grâce se réfère à « sa
bonne volonté courtoise », ce qui signifie
qu'« elle n'est pas demandée ni méritée, mais elle
est donnée gratuitement ». La miséricorde se
réfère à « la compassion et à la gentillesse
manifestées envers quelqu'un qu'il est en son
pouvoir de punir ou de blesser. C'est un acte
destiné à soulager quelqu'un de sa
souffrance ». Les propos faciles du
gouvernement Trudeau disant aux Canadiens qu'il
cherche à éliminer les restes de « racisme
systémique » ne changent pas les prémisses
sous-jacentes inscrites dans la Constitution du
Canada et l'interprétation des gouvernements qui
se sont succédé des droits ancestraux et issus de
traités. C'est pourquoi il est crucial de soutenir
les Mi'kmaq dans leur lutte pour défendre ce qui
leur appartient de droit.
La
professeure Megan Bailey, titulaire de la Chaire
de recherche du Canada sur la gouvernance intégrée
des océans et des côtes à l'Université Dalhousie,
a travaillé avec les Mi'kmaq et d'autres pêcheurs
commerciaux. Le Dr Bailey a remis en question
l'affirmation de la Couronne selon laquelle le
droit autoréglementé des Mi'kmaq de pêcher pour un
« moyen de subsistance convenable » constitue
une menace pour la conservation du poisson. En
septembre dernier, lorsque la Première Nation de
Sipekne'katik a lancé sa propre pêche
autoréglementée, la Dr Bailey a déclaré aux
médias : « Je reconnais et je sympathise avec
le secteur de la pêche commerciale que cela semble
être un risque pour la conservation. Je ne crois
pas que c'est le cas. Je ne pense pas que la
science soutiendrait cela. »
Depuis plus de deux ans, les 13 Premières
Nations Mi'kmaq s'efforcent de mettre en place des
plans et des principes pour une pêche durable qui
respectent les stocks de poissons et les saisons
de récolte qu'ils appliquent depuis des
millénaires, afin d'exercer aujourd'hui leur droit
de pêche issu des traités. À la conférence de
presse du 4 mars, ils ont
souligné qu'ils mettront leurs plans en
oeuvre.
Ce ne sont pas les Mi'kmaq qui ont dévasté la
pêche de l'Atlantique. C'est ce qu'a fait le
gouvernement canadien qui a donné aux monopoles
mondiaux de la pêche le champ libre de la
surpêche. Ce gouvernement sous un autre ministère
montre une fois de plus qu'il n'est pas apte à
gérer les pêches et qu'il n'a pas l'intention de
favoriser les relations de nation à nation avec
les peuples autochtones. Il faut qu'il cesse de
criminaliser les Mi'kmaq et leur droit d'exercer
leurs droits issus de traités et de mettre en
oeuvre leurs plans pour une pêche autoréglementée.
Ne touchez pas aux droits issus des traités des Mi'kmaq !
Défendons le droit du peuple mi'kmaq à sa pêche autoréglementée !
Cet article est paru dans
Numéro 15 - 10 mars 2021
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