L'Assemblée des chefs mi'kmaq de la
Nouvelle-Écosse répond à l'annonce
de Pêches et Océans Canada

Bien qu'aujourd'hui la ministre Bernadette Jordan du ministère de Pêches et Océans Canada (POC) ait reconnu nos droits à assurer notre pêche de subsistance convenable, elle a aussi pris des décisions unilatérales et affirmé une position par laquelle POC aurait le plein contrôle de nos droits de pêche ancestraux. C'est inacceptable.

La pêche de subsistance convenable est un droit mi'kmaq protégé par la Constitution et doit rester une initiative mi'kmaq. Vingt ans après la décision Marshall, POC continue d'adopter une approche coloniale sur cette question, et il est temps que le Canada rompe avec cette façon de penser.

Le Canada continue de proclamer son engagement envers des discussions « de nation à nation » et pourtant, POC continue d'affirmer sa domination sur notre nation, de faire des annonces et de prendre des décisions, ne laissant aucune place à la discussion où à la consultation. Cela contrevient aux engagements de travail de nation à nation, d'affirmation des droits et de réconciliation, et démontre un mépris complet envers notre gouvernance et notre leadership.

POC continue d'imposer des règles sans consulter l'Assemblée, sans l'accommoder et sans son accord. En vertu de Marshall II, toute limite imposée à l'exercice de notre droit doit être justifiée et faite en consultation avec les Mi'kmaq.

L'annonce de la ministre Jordan a été faite avant toute discussion avec les Mi'kmaq, au mépris du travail et des efforts de nos communautés, et ne respecte pas les nombreuses tentatives de collaboration et de réconciliation. « POC continue de dicter et d'imposer ses règles sur des pêches qui ne relèvent pas de sa compétence ou de son mandat », a dit le chef Gerald Toney, le responsable des pêches de l'Assemblée.« Le droit à une subsistance convenable n'est pas – et ne doit pas être – dépendant de l'industrie ou du gouvernement fédéral. C'est quelque chose qui doit venir des Mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse. Imposer des restrictions de façon indépendante, sans l'apport des Mi'kmaq, sur comment mettre en oeuvre nos droits, est une approche qui doit cesser. »

Plusieurs communautés mi'kmaq ont cherché à développer les Plans de subsistance de pêche Netukulimk – fondés sur le principe mi'kmaq de Netukulimk, de prendre seulement ce dont la communauté a besoin et d'être respectueux envers la terre, les animaux et l'environnement. Certaines communautés mi'kmaq ont décidé de pêcher à des dates à l'extérieur des saisons commerciales. C'est à la fois pour la sécurité de nos pêcheurs qui sortent dans des bateaux beaucoup plus petits que ceux qui servent à la pêche commerciale, et parce que notre science nous montre qu'il y a peu d'impacts sur les espèces durant ces périodes. POC ne nous a pas encore offert de justification pour l'imposition des saisons commerciales sur notre pêche basée sur les droits.

« POC doit consulter les Mi'kmaq, justifier les décisions en partageant ses données avec nous s'il veut qu'il y ait discussion – en particulier sur les saisons », a poursuivi le chef Toney. « Nos communautés continueront de construire leurs plans de subsistance, avec la contribution de nos organisations des droits et de l'environnement, et rien n'indique que nos activités de pêche de subsistance auraient un impact négatif sur les espèces. »

POC continue de manquer à son obligation de consulter les Mi'kmaq et d'accommoder nos préoccupations.

L'Assemblée demande que le Canada agisse de bonne foi et qu'il nous rencontre avant de promouvoir davantage son ordre du jour.

(3 mars 2021. Photos : FO, SpringMag)


Cet article est paru dans

Numéro 15 - 10 mars 2021

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