Forum ouvrier

Numéro 83 - 10 décembre 2020

La lutte cruciale pour freiner la pandémie

Les travailleurs continuent
de prendre la parole

Sit-in à un CHSLD de Saint-Hyacinthe pour dénoncer la pénurie de personnel et l'insuffisance des équipements de protection individuelle
Il faut aborder le problème des agences privées de placement - Entrevue avec Denis Cloutier
« Nous voulons du renfort et être reconnues pour le travail que nous faisons au front depuis 9 mois » - Entrevue avec Julie Bouchard
Les délégués de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec entérinent une entente de principe


La lutte cruciale pour freiner la pandémie

Les travailleurs continuent de prendre la parole

Rassemblement des infirmières devant l'Assemblée nationale du Québec,
le 15 septembre 2020 (FIQ)

Dans ce numéro, Forum ouvrier poursuit, avec des exemples du Québec, ses reportages sur les prises de position et les actions des travailleurs dans la lutte cruciale pour endiguer la pandémie de la COVID-19. Les gouvernements au Canada continuent de mettre en oeuvre des plans pour faire face à la pandémie qui nient la voix des travailleurs et refusent de mettre en oeuvre les solutions proposées par les travailleurs de première ligne. Les lois adoptées par les gouvernements de l'Alberta et de l'Ontario et les arrêtés ministériels du gouvernement du Québec montrent que l'une des principales caractéristiques des mesures gouvernementales est la légalisation de la négation des droits des travailleurs au profit des riches. Le gouvernement Kenney de l'Alberta continue d'ajouter une loi antiouvrière après l'autre, allant jusqu'à démanteler les programmes et les lois de l'après-guerre sur les normes du travail, comme ceux de la santé et la sécurité au travail. Les gouvernements de l'Ontario et du Québec ont mis un accent particulier sur le recours aux arrêtés ministériels par lesquels ils se donnent le pouvoir d'annuler les ententes négociées avec les travailleurs et de modifier leurs conditions de travail comme bon leur semble, en ciblant en particulier les travailleurs de la santé et des services sociaux. D'autres gouvernements adoptent des lois et des règlements d'urgence similaires.

Face à l'augmentation considérable des cas de COVID-19, des hospitalisations et des décès, les gouvernements font des va-et-vient, supplient les gens d'être « responsables », puis les menaçent d'amendes et d'autres interventions policières quand ils trouvent que les gens ne le sont pas. Blâmer le peuple pour les problèmes et faire des menaces montrent qu'une autorité publique qui assume quelque responsabilité envers le peuple n'existe plus, comme en témoignent les dommages que les gouvernements ont causés aux soins de santé et aux services sociaux qui ont fait que le sytème est incapable de faire face à des crises comme celle de la pandémie de la COVID-19. Les gouvernements refusent de mobiliser les travailleurs et le peuple dans une action collective afin de se protéger, de protéger la société et de surmonter la crise de la pandémie. Leur vision et leur pratique de museler la force productive humaine, qui permet au pays de continuer de produire et de fournir les services pendant la crise et protège le peuple, aggravent la crise. Cette énorme pression qui est exercée sur les travailleurs et la société se heurte à une ferme résistance. Les travailleurs prennent des initiatives, présentent des propositions et des revendications et s'efforcent par des actions organisées et par les médias dont Forum ouvrier, de créer une opinion publique afin que la sécurité de tous et de toutes soit pleinement assurée et que des solutions à la crise de la pandémie soient élaborées au profit du peuple.

En ce moment, les familles de tout le pays discutent de la façon d'éviter les rassemblements de masse pendant la période des Fêtes tout en maintenant des liens étroits avec tous et en s'occupant de ceux qui sont seuls.

La situation est difficile mais pas impossible. Les efforts et les initiatives des travailleurs pour défendre leurs droits et les droits de tous et obliger les gouvernements et les intérêts privés étroits qui contrôlent directement la gouvernance à rendre des comptes, font avancer la lutte pour endiguer la COVID-19 et ouvrent la voie à une alternative économique et politique centrée sur l'être humain.

Les pages de Forum ouvrier sont à la disposition de ceux et celles qui sont engagés dans cette lutte cruciale.

(Photo : FIQ)

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Sit-in à un CHSLD de Saint-Hyacinthe pour dénoncer la pénurie de personnel et l'insuffisance des équipements de protection individuelle

Dans la nuit du 1er décembre, les professionnelles en soin d'une unité du plus gros CHSLD du Québec, le Centre d'hébergement de l'Hôtel-Dieu-de-Saint-Hyacinthe, ont refusé de travailler pour dénoncer leurs conditions de travail. Les membres de l'équipe de nuit, dans une zone dédiée à la COVID-19, ont organisé un sit-in lorsqu'elles ont constaté qu'elles n'étaient que trois infirmières (dont deux auxiliaires) pour 64 patients.

Par leur sit-in, les travailleuses protestaient aussi contre des mesures de prévention des infections qu'elles jugent insuffisantes, dont des équipements de protection qui sont très vieux et trop petits, des gants par exemple qui ne couvrent pas les poignets, des jaquettes vieilles et pleines de trous, et des visières qui se défont en morceaux, ce qui rend les travailleurs plus vulnérables au virus.

Brigitte Pétrie, du Syndicat des professionnelles en soins de la Montérégie-Est, a dénoncé la situation qui sévit au CHSLD :

« Un sit-in est toujours un ras-le-bol, tout le temps un cri du coeur, quand on en arrive là cela veut dire que cela fait longtemps que les employés soulignent qu'il n'y a pas assez de personnel pour la nuit. Ce soir-là, les gens du quart de soir avaient couru toute la soirée, pas le temps de souper, même les résidents avaient fini de souper à 20 heures tellement il manquait de personnel. Les professionnelles en soins sont inquiètes pour leur santé, elles sont inquiètes de transmettre la COVID à d'autres patients, de ramener cela chez elles à leur famille. En plus, nous avons des équipements désuets. »

La direction du CIUSSS a répondu de manière détachée au sit-in et aux préoccupations des infirmières. Elle a écrit ceci par courriel :

« La pénurie de main-d'oeuvre en soins infirmiers est une problématique provinciale et la situation n'est pas différente au sein de notre établissement. Nous sommes cependant à réviser le personnel requis sur l'unité du Parc du Centre d'hébergement de l'Hôtel-Dieu-de-Saint-Hyacinthe en raison de l'évolution récente de la situation sur place. »

La direction du CIUSSS a aussi déclaré ne pas être au courant que l'équipement de protection est de mauvaise qualité et vieillissant, une réponse que rejettent les travailleurs puisqu'ils s'étaient plaints à propos de cet équipement plusieurs fois dans les semaines qui ont précédé le sit-in.

(Photo : FIQ)

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Il faut aborder le problème des agences privées
de placement

Campagne « Les soins de santé sont à l'agonie. Nous sommes la solution » de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), septembre 2020

Denis Cloutier est le président du Syndicat des professionnelles en soins de l'Est-de-l'Île-de-Montréal (FIQ SPS ESTIM).

Forum ouvrier : Quelles sont vos principales préoccupations en ce moment ?

Denis Cloutier : Nous sommes très inquiets face à ce qui va se passer en janvier. Je m'attends à une nouvelle hausse des cas de COVID-19 à cause du temps des Fêtes. Quand les gens se croisent plus, il y a plus de transmission de virus. S'il y a beaucoup d'éclosions cela met plus de pression sur le milieu hospitalier, une partie du personnel finit par l'attraper, il doit s'absenter du travail et la pression est encore plus grande sur ceux qui restent avec toutes les conséquences qu'on connaît.

Nous sommes aussi en pleine négociation avec le gouvernement du Québec pour le renouvellement de notre convention collective. Un des problèmes majeurs que nous avons est celui des agences privées de placement. Historiquement, ces agences engageaient des infirmières qui recevaient un meilleur salaire que dans le réseau public, mais qui jouaient un peu un rôle de bouche-trou du réseau. Elles pouvaient travailler très loin de leur domicile ou faire du remplacement dans un quart de nuit où il manquait de personnel, en échange d'un meilleur salaire. Elles ne travaillaient pas pour le gouvernement, mais pour une agence. Les infirmières du réseau avaient de meilleures conditions de travail dans l'ensemble, mais un moins bon salaire. Ce qui fait que le personnel employé par les agences représentait toujours un pourcentage faible de l'ensemble du personnel. Il y avait un certain équilibre dans le réseau.

Quand est arrivée la pandémie, le gouvernement Legault a adopté des arrêtés ministériels, dont un qui nous touche beaucoup qui s'appelle l'Arrêté 007 (du 21 mars 2020) qui vient altérer les conventions collectives et permet aux employeurs de déplacer le personnel comme ils veulent, de les affecter de jour, de soir, de nuit, d'imposer le temps complet. Cet arrêté ministériel a été appliqué seulement aux employés du réseau. Les agences sont soudainement devenues très attrayantes parce qu'un employeur, par exemple, peut maintenant déplacer une infirmière qui, au fil des années, avait acquis un beau poste dans un CLSC, vers un poste de nuit dans un CHSLD, et engager une infirmière d'une agence qui est payée plus cher pour travailler dans ce poste de jour dans un CLSC, sans travail de fin se semaine, etc. Il n'y a plus d'équilibre.

Nous perdons une grande partie du personnel aux agences privées de placement qui offrent non seulement de meilleurs salaires, mais de meilleures conditions maintenant. Les mêmes personnes reviennent travailler dans le réseau et choisissent leurs conditions. Elles peuvent décider de ne pas travailler l'été, ou de ne pas travailler deux semaines pendant les Fêtes. En ce qui concerne le régime de retraite, elles doivent démissionner du RREGOP (Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics), mais les agences sont devenues des organismes de plus en plus développés et elles leur offrent des régimes de retraite. Je ne dis pas qu'ils sont comparables au RREGOP, mais les infirmières se disent qu'avec la différence de salaire, elles peuvent mettre de l'argent de côté pour leur retraite.

Cela va devenir un problème très sérieux pour le Québec parce qu'en ce qui concerne notre CIUSSS, la première vague de la COVID-19 nous a fait perdre environ 300 infirmières au profit des agences et environ 500 au total jusqu'à maintenant. On craint que ce phénomène s'accentue encore pendant et après le temps des Fêtes. Il y a un fort sentiment d'injustice parmi nos membres parce que les infirmières engagées par les agences travaillent à côté d'elles, on ne leur impose pas de temps supplémentaire, etc.

Il faut arrêter cette iniquité afin de ramener les infirmières dans le réseau. Je n'en veux absolument pas aux infirmières individuellement qui font le choix d'aller travailler pour une agence. Mais cela crée des iniquités et cela serait beaucoup plus simple à gérer si l'ensemble du personnel travaillait pour le réseau. Il y aura toujours des inconvénients dans le réseau, il faut que le système fonctionne 24 heures par jour, 7 jours par semaine, mais la meilleure façon c'est de répartir les inconvénients sur le plus grand nombre possible.

Mon autre grande préoccupation est tout ce qui est rattaché à notre négociation avec le gouvernement. Cela enverrait un signal positif que le gouvernement Legault signe une convention collective qui est acceptable pour nous. Cela enverrait le signal que le personnel est écouté et valorisé. Et cela aiderait à freiner la COVID-19 aussi. Cela valoriserait les emplois, les gens décideraient en plus grand nombre de rester.

FO: Veux-tu ajouter quelque chose en conclusion?

DC: Le risque de l'attitude du premier ministre Legault c'est qu'on ne regarde pas la réalité telle qu'elle est. Nos demandes sont importantes, mais il faut aussi accroître les investissements dans le réseau de la santé. Cela fait 25 ans de gouvernements qui ont tous suivi cette ligne-là de déficit zéro, que l'hôpital ne doit pas dépenser plus que tant d'argent, etc. Les édifices sont devenus plus vieux et plus mal en point, le nombre de patients à soigner qu'on a donné à chaque infirmière a été constamment augmenté au point que cela devient insoutenable. Il faut élargir le débat et augmenter les investissements dans l'ensemble du système de santé.

(Photos : FIQ)

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« Nous voulons du renfort et être reconnues pour le travail que nous faisons au front depuis 9 mois »

- Entrevue avec Julie Bouchard -

Julie Bouchard est la présidente du Syndicat des professionnelles en soins du Saguenay–Lac-Saint-Jean, membre de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ). Elle représente 3 200 professionnelles en soins, infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques.

Forum ouvrier : Quelles sont les principaux problèmes auxquels vous faites face en ce moment ?

Julie Bouchard : Le problème majeur en ce moment en ce qui nous concerne, c'est le manque de personnel, manque d'infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes, dû entre autres à des problématiques antérieures à la pandémie et qui évidemment se sont amplifiés depuis le début de la crise de la pandémie.

Avant la pandémie, on faisait déjà face à une pénurie assez importante de professionnelles en soins. Dans la région, l'attraction a toujours été quelque chose d'assez difficile. Il faut comprendre que si je pars de Chicoutimi et que je m'en vais travailler à Dolbeau, qui appartient au CIUSSS également, c'est environ deux heures de route. Et si je pars de Chicoutimi et que je m'en vais à Québec, qui est en dehors de notre territoire, c'est également environ deux heures de route. Entre les deux, plusieurs personnes vont privilégier les grands centres au détriment des centres où il y a un moins gros volume de soins qui se donne.

À l'intérieur du territoire, nous avons nos grands centres comme Chicoutimi, Jonquière et Alma et des centres plus petits. S'ils ne sont pas nés dans des villages et des villes éloignés de ces grands centres régionaux, des gens vont préférer aller vers les grands centres à l'extérieur de la région ou encore obtenir des postes dans nos grands centres au détriment des plus petits centres où la rétention devient encore plus difficile. Des services ont dû être réduits ou mêmes fermés dans ces plus petits centres par manque de personnel soignant, pas par manque de médecins.

Dans un deuxième temps, comme nous sommes en région, ce qui touche au rehaussement des postes, le côté rétention, conserver nos professionnelles qui sont déjà dans le réseau, c'est toujours plus difficile de faire valoir nos points, de faire avancer nos dossiers. On dirait qu'aux yeux du ministère ou de certains dirigeants du CIUSSS, c'était comme si on était quand même capable de s'auto-suffire alors que le mode de gestion ici est le temps supplémentaire obligatoire. On nous impose le temps supplémentaire obligatoire de manière quasi quotidienne.

Face à notre sérieux problème de rétention et d'attraction, nous disons qu'il faut donner un coup de barre pour faire en sorte que nos types d'emplois respectifs soient valorisés pour que les jeunes décident d'aller dans le réseau de la santé et que les personnes en place présentement y restent, ne partent pas en retraite anticipée et ne changent pas de carrière.

FO : Pouvez-vous nous expliquer comment, dans les conditions de la pandémie, les problèmes se sont aggravés ?

JB : Les problèmes ont surgi assez rapidement parce que pour être préventifs, il a fallu retirer les femmes enceintes et les femmes immuno-supprimées, ce qui a causé une perte d'environ 100 professionnelles en soins. Déjà que le taux d'absentéisme ici, pour des raisons physiques ou psychologiques était très élevé. On parle d'un taux d'environ 12 à 14 % avant même la pandémie.

Depuis la deuxième vague, c'est l'ensemble du territoire ici qui est touché avec des éclosions dans les hôpitaux, les CHSLD, les résidences pour personnes âgées. On a un très gros manque de personnel soignant qui est très fortement touché par le virus.

Nous faisons face au problème des arrêtés ministériels. Il y a trois aspects où nous sommes vraiment touchés par ces arrêtés.

Le premier point, c'est le rehaussement de disponibilité à temps complet. Pratiquement l'ensemble des professionnelles en soins, de Jonquière, Chicoutimi et Alma ont été forcées d'être disponibles à temps complet alors qu'avant elles étaient à temps partiel.

Le deuxième point est le déplacement de personnel d'un établissement à l'autre pour aller couvrir les besoins qui étaient les plus critiques.

Le troisième est l'imposition des quarts de travail de 12 heures. Cette imposition s'accompagne de la modification des horaires de travail. Par exemple, à l'intérieur d'une période de 7 jours, l'employeur a le droit en vertu de l'arrêté ministériel de faire travailler de soir quelqu'un qui est sur un horaire de jour, de changer son horaire de travail. L'imposition des quarts de travail de 12 heures a causé une grande colère parmi les membres qui sont déjà soumis plus souvent qu'autrement au temps supplémentaire obligatoire. Et on leur dit maintenant qu'elles doivent faire des douze heures de travail. Tout ceci complique beaucoup la conciliation travail/famille du personnel, avec les garderies, avec l'école; pour certaines d'entre elles c'est un enjeu majeur.

Les travailleurs et travailleuses de la santé du Saguenay–Lac-Saint-Jean manifestent en appui à leurs revendications, le 9 juillet 2020.

FO : Quelles sont vos demandes dans les conditions actuelles où les éclosions augmentent beaucoup, y compris dans votre région ?

JB : Nous demandons du renfort. Nous avons besoin d'aide. Nous demandons du personnel supplémentaire, un enlignement du gouvernement pour venir nous donner un coup de main. Nous avons l'impression d'être oubliés. On a l'impression de se faire dire « organisez-vous ! ».

Il y a une explosion des hospitalisations liées à la COVID. La pression est très forte, la surcharge de travail est énorme, la détresse aussi. C'est difficile de voir à quel point le réseau de la santé a été malmené pendant plusieurs années.

Nous avons reçu du renfort d'infirmières provenant de l'Institut de cardiologie de Montréal et de Sainte-Justine. C'est un soulagement, mais nous aurions besoin d'un autobus plein de professionnelles en soins. Ce que nous avons demandé ce sont les finissantes en troisième année, que ce soit en soins infirmiers, infirmières auxiliaires ou inhalothérapeutes. Nous voulons qu'elles viennent en renfort. Il y a des discussions avec le ministère de la Santé et le ministère de l'Éducation à ce sujet-là, mais c'est très lent et ça semble tellement compliqué.

Nous avons demandé aussi qu'il y ait de la reconnaissance des professionnelles en soins, mais ce n'est pas cela qui se produit. Elles sont maltraitées à coup d'arrêtés ministériels, la surcharge de travail est encore plus lourde qu'elle ne l'était auparavant.

Ce que nous voulons c'est pouvoir donner des soins sécuritaires et de qualité à la population. C'est l'engagement que nous avons pris lorsque nous avons terminé nos études. C'est notre priorité numéro un. Deuxièmement, ce qu'on demande c'est la reconnaissance. Arrêtez de nous appeler vos anges gardiens, quand vous n'êtes même pas capables de prendre soin de nous correctement, alors que nous sommes au front depuis neuf mois. Nous avons besoin d'aide.

(Photos : FIQ)

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Les délégués de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec entérinent une entente de principe

Lors d'une réunion virtuelle du Conseil national le 8 décembre, les délégués de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) et de la FIQ/secteur privé, ont entériné à 82 % l'entente de principe conclue le jour même avec le gouvernement sur les matières sectorielles. Celles-ci touchent aux conditions de travail. La FIQ, avec l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), poursuit ses négociations à la table intersectorielle sur la question des salaires, du régime de retraite, des droits parentaux et des disparités régionales. Lorsqu'une entente intersectorielle sera ratifiée puis adoptée par les délégués de la FIQ et de l'APTS, une entente de principe englobant tout le contenu de la nouvelle convention collective sera soumise au vote de l'ensemble des membres de la FIQ. Le référendum aura lieu en ligne.

Dans le communiqué de presse du 8 décembre de la FIQ, il est souligné qu'au coeur des demandes des professionnelles en soins se retrouvent la surcharge de travail, les ratios professionnelles en soins/patients, notamment en CHSLD, et l'attraction apportée aux postes à temps complet.

« Ces trois enjeux importants étaient intimement liés les uns aux autres et devaient être considérés comme indissociables par le gouvernement. À terme, les gains que nous avons obtenus garantiront aux professionnelles en soins qu'elles travailleront avec une équipe de travail complète et sur un poste stable, tant sur le quart de travail que sur le centre d'activités. Elles pourront connaître leur horaire à l'avance et bénéficier de congés. Elles ne seront plus prises en otage par le temps supplémentaire obligatoire. Bref, pouvoir exercer leur profession dans un réseau de la santé où la conciliation travail-famille-vie personnelle sera réellement possible », expliquent Roberto Bomba et Jérôme Rousseau, deux des dirigeants du comité de négociation

La présidente de la FIQ, Nancy Bédard, a fait l'évaluation suivante de l'entente de principe:

« C'est une entente qui permettra d'améliorer significativement les conditions de travail des infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes du Québec. Les gains obtenus sont majeurs pour les professionnelles en soins, car ils viendront changer profondément la culture de gestion néfaste des dernières années qui a largement contribué à la dégradation des conditions de travail. De plus, la gestion de la mobilité et de la flexibilité appartiendra au passé pour maintenant miser sur la stabilité. Non seulement nos membres verront leur qualité de vie professionnelle et personnelle s'améliorer, mais les patient-e-s du Québec verront aussi la qualité des soins être grandement bonifiée ».

Parmi les gains compris dans l'entente de principe, la FIQ souligne :

- des cibles de diminution de ratios professionnelles en soins/patient-e-s en CHSLD publics et privés conventionnés et l'ajout de 1 000 équivalents de postes à temps complet;

- une lettre d'entente avec comme objectif la diminution de l'utilisation du temps supplémentaire et de la main-d'oeuvre indépendante (MOI), la main-d'oeuvre engagée auprès des agences privées de placement;

- un engagement du gouvernement à revoir la directive visant le cadre de gestion régissant le recours à la MOI;

- le rehaussement sur une base volontaire des professionnelles en soins détenant un poste à temps partiel à un poste à temps complet, sur leur quart de travail et dans leur centre d'activités;

- l'ajout de 500 équivalents de postes à temps complet avec priorité dans les centres d'activités en médecine-chirurgie;

- une nouvelle prime d'attraction-rétention pour les salariées détenant un poste à temps complet sur le quart de soir, de nuit et de rotation pouvant atteindre 4 % d'augmentation;

- la prime de fin de semaine pour les professionnelles en soins détenant un poste à temps complet passera de 4 % à 8 %;

- la diminution de la précarité pour les professionnelles en soins, car elles auront accès à des postes à temps partiel 7 jours par période de 15 jours;

- une semaine de travail à 37,5 heures pour les perfusionnistes cliniques, les inhalothérapeutes qui oeuvrent dans un centre d'activités 24/7 ou sur deux quarts différents continus, ainsi que pour les infirmières, les infirmières auxiliaires et les inhalothérapeutes qui travaillent en CLSC et en dispensaires.

« Le coup de barre nécessaire dont le réseau de la santé et les professionnelles en soins avaient tant besoin se produira enfin. Bien entendu, cette entente de principe sur les matières sectorielles ne règlera pas tous les problèmes vécus par les professionnelles en soins, mais nous sommes convaincues que les effets seront bénéfiques et durables dans le temps pour nos membres, de même que pour les patient-e-s du Québec » de conclure Mme Bédard.

Les membres de la FIQ ainsi que d'autres travailleurs de la santé ont intensifié leurs actions au cours des derniers mois pour sensibiliser le public et augmenter la pression sur le gouvernement pour qu'il négocie une entente qui leur est acceptable, améliorant de ce fait les services à la population. Il ne faut pas relâcher la pression. Tant que les gouvernements se donneront des pouvoirs spéciaux pour suspendre les conventions collectives de façon arbitraire, la sécurité des travailleurs continuera de reposer sur leur lutte pour les droits de tous.

(Photos : FIQ)

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