Forum ouvrier

Numéro 77 - 12 novembre 2020

Les travailleurs intensifient leur lutte pour freiner la COVID-19

Les revendications des travailleurs
doivent être satisfaites!

 Les infirmières et les préposées aux bénéficiaires de Gatineau manifestent contre les décrets ministériels du gouvernement du Québec qui bafouent leurs droits, le 6 novembre 2020.

Soins de santé
Les travailleurs de la santé demandent l'équipement de protection individuelle qu'ils jugent approprié
Luttons pour un système de santé moderne et humain! - Pierre Soublière
Le droit des travailleurs à des conditions sécuritaires est essentiel pour contrôler la COVID-19 - Entrevue avec Jason MacLean

Travailleurs d'entretien à la Société de transport de Montréal
Maintenir les travailleurs informés et mobilisés pour que les normes sanitaires soient appliquées - Entrevue avec Gleason Frenette


Les travailleurs intensifient leur lutte pour freiner la COVID-19

Les revendications des travailleurs doivent être satisfaites!

Rassemblement en appui aux travailleurs de la santé devant le Centre McDougall à Calgary, le 2 novembre 2020

Alors que la deuxième vague d'infections se propage à l'échelle du pays, les travailleurs de tous les secteurs et leurs organisations mettent de l'avant leurs revendications et intensifient leurs actions pour freiner la pandémie. Ce numéro de Forum ouvrier fournit des exemples qui montrent clairement que les revendications des travailleurs du Canada et du Québec reposent sur les leçons apprises de la première vague de la pandémie et sont essentielles au développement de guides qui doivent être mis en oeuvre pour éviter les ravages de l'infection. Par exemple, les travailleurs et travailleuses de la santé des centres de soins de longue durée et d'autres établissements de santé luttent pour garantir que les désastres de la première vague ne se répètent pas dans les centres de soins de longue durée.

Les conclusions de la Commission d'enquête sur le SRAS de 2006, confirmées par l'expérience de la première vague de la pandémie, soulignent qu'il est nécessaire d'appliquer le principe de précaution selon lequel le plus haut niveau de protection doit être fourni aux travailleurs de la santé. En se basant sur la science et sur leur expérience, les travailleurs demandent que les équipements de protection individuelle (ÉPI) adéquats comprennent des masques N95 qui doivent être fournis à tous les travailleurs qui en ont besoin, selon ce que les travailleurs eux-mêmes décident.

Au lieu d'établir des guides en ce moment crucial en collaboration avec les travailleurs et de combler leurs besoins en conditions de travail qui leur permettent d'accomplir leur devoir et de protéger la population, les gouvernements de tous niveaux écartent du revers de la main les revendications des travailleurs et invoquent plutôt des « mesures d'urgence » qui servent de prétexte à la violation des conventions collectives et à l'adoption de lois, au nom des intérêts privés, qui attaquent des droits fondamentaux des travailleurs.

Les travailleurs ripostent et mènent des actions à l'échelle du pays, des pétitions, des grèves, des sit-in, des blocus de ponts et plusieurs autres actions de résistance. Les travailleurs affirment ainsi qu'ils n'ont d'autre choix que d'alerter la société tout entière que l'enjeu est l'avenir d'un système de santé publique moderne qui est capable de garantir le bien-être du peuple.

(Photo: FO)

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Soins de santé

Les travailleurs de la santé demandent l'équipement de protection individuelle qu'ils jugent approprié

Les travailleurs de la santé des centres de soins de longue durée, des résidences offrant des services et des résidences pour personnes âgées ont été aux premières lignes de la lutte pour les conditions nécessaires pour protéger la santé et la vie des patients, des résidents et du personnel. Depuis le début de la pandémie, les travailleurs de la santé ont pris les devants dans la lutte pour ce qui est nécessaire sur leur lieu de travail, y compris le dépistage des patients et du personnel, l'accroissement du travail à plein temps sur un site, l'arrêt des déplacements du personnel entre les sites, la fourniture de l'équipement de protection individuelle (ÉPI) et la formation dans son utilisation, et de nombreuses autres mesures.

Alors que les cas de COVID-19 montent en flèche à travers le Canada pendant la deuxième vague, un nombre alarmant d'éclosions ont déjà eu lieu. Au 14 octobre, il y avait des éclosions de COVID-19 dans 120 centres de soins de longue durée et plus de 100 maisons de retraite à l'échelle du Canada. Le nombre des éclosions et des décès dans les centres de soins de longue durée a augmenté de manière significative depuis cette date. Les travailleurs de la santé et leurs organisations demandent de nouvelles mesures qui doivent être prises de toute urgence pour maîtriser la transmission dans les hôpitaux et les centres de soins de longue durée.

http://cpcml.ca/francais/Images2020/Movement%20Ouvrier/SecteurPublique/InfoGraphqiue_corona_f.jpgLa Fédération canadienne des syndicats d'infirmières et infirmiers (FCSII) a publié un résumé mis à jour de la recherche sur la COVID-19 sur son site Web le 16 octobre. La Fédération demande au gouvernement canadien de reconnaître la science émergente sur la transmission de la COVID-19 et de modifier son guide des conseils aux professionnels de la santé « pour qu'ils reconnaissent que le virus se propage à la fois par l'inhalation de particules en aérosol à courte distance (moins de deux mètres) et par transmission aérienne sur de longues distances ». La FCSII a fourni des preuves que les guides actuels qui limitent le besoin de masques N95 aux travailleurs de la santé qui effectuent seulement certaines procédures doivent être remplacés et que les masques N95 devraient être la norme pour tout le personnel qui travaille là où des cas de COVID-19 sont suspectés ou confirmés. Cela comprendrait non seulement les infirmières, mais aussi ceux et celles qui fournissent des soins directs aux résidents des centres de soins de longue durée, ainsi qu'aux autres travailleurs des hôpitaux et des autres établissements de soins de santé.

Le principe de précaution

Depuis le début de la pandémie, la FCSII et d'autres syndicats qui représentent les travailleurs de la santé ont demandé aux gouvernements de mettre en oeuvre les conclusions du Rapport final (2006) de l'enquête de la Commission ontarienne sur le SRAS. Une des conclusions les plus importantes de cette enquête a été la nécessité de respecter le principe de précaution, qui prescrit le niveau de protection le plus élevé aux travailleurs de la santé.

Dans sa prise de position sur la COVID-19 publiée le 23 mars 2020, la FCSII cite la déclaration du juge Campbell, président de la Commission sur le SRAS, dans le rapport final de la Commission dans lequel il souligne que la question n'est pas de savoir qui a raison et qui a tort au sujet de la transmission par voie aérienne. Il écrit que lorsqu'il est question de la sécurité des travailleurs, la politique adoptée devrait être guidée par « le principe de précaution selon lequel des mesures raisonnables pour réduire les risques ne devraient pas attendre la certitude scientifique ».

La FCSII soutient qu'il existe désormais des preuves substantielles que la transmission par aérosol n'est pas rare mais constitue une source importante de transmission de la COVID-19. Les recherches montrent que le risque est le plus élevé dans les espaces intérieurs mal ventilés et surpeuplés, comme les établissements de soins de longue durée plus anciens, où ces précautions sont encore plus urgemment requises compte tenu de leur population vulnérable.

La FCSII conclut que « par conséquent, le Canada doit modifier ses directives à l'intention des professionnels de la santé pour reconnaître que le virus se propage à la fois par l'inhalation de particules en aérosol à courte distance (moins de 2 mètres) et par transmission aérienne sur de longues distances ».

L'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a finalement mis à jour ses guides relatifs à la transmission de la COVID-19, le 4 novembre. Elle écrit:

« Le SRAS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19, se transmet d'une personne infectée à d'autres par des gouttelettes respiratoires et des aérosols créés lorsqu'une personne infectée tousse, éternue, chante, crie ou parle.

« La taille des gouttelettes est variable, allant de grosses gouttelettes qui tombent rapidement au sol (en quelques secondes ou minutes) près de la personne infectée, à des gouttelettes plus petites, parfois appelées aérosols, qui restent dans l'air dans certaines circonstances. »

Bien que l'ASPC reconnaisse la transmission par aérosols, elle recommande uniquement que des masques à trois couches soient utilisés par les Canadiens et elle garde le silence sur le besoin d'élever le niveau d'ÉPI pour les travailleurs de la santé, notamment par les masques N95, de même que sur l'urgence d'améliorer la ventilation.

Chaque décès évitable est un décès de trop. Chaque infection et maladie évitable est une de trop. Pour les gouvernements, ignorer à la fois la science et les solutions proposées par les travailleurs de la santé qui savent ce qui est nécessaire n'est pas seulement le reflet qu'ils abdiquent leur responsabilité sociale mais c'est aussi de la négligence grave. Forum ouvrier demande à tous les travailleurs du Canada et du Québec de donner leur entier appui aux demandes des travailleurs de la santé pour les masques N95 et d'autres mesures essentielles qu'ils jugent nécessaires sur la base de leur expérience et de leur expertise.

(Photo: Association des infirmières et infirmiers du Canada)

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Luttons pour un système de santé moderne
et humain!

Les infirmières et les préposées aux bénéficiaires manifestent devant l'hôpital de Gatineau, le 6 novembre 2020

Des centaines d'infirmières et de préposées aux bénéficiaires ont manifesté devant les hôpitaux de Hull et de Gatineau vendredi le 6 novembre. Elles dénoncent vivement les récentes mesures du CISSSO (Centre intégré de santé et de services sociaux de l'Outaouais) qui imposent aux personnes à temps partiel de travailler des horaires à temps complet. Ces mesures de l'employeur sont rendues possibles par un arrêté ministériel du mois de mars dernier stipulant que les dispositions de conventions collectives dans le réseau de la santé peuvent être modifiées. Cela permet, entre autres, à la direction des CISSS d'annuler les vacances des employées et de forcer celles-ci à travailler à temps complet malgré la volonté de certaines de conserver un horaire à temps partiel. L'arrêté prévoit même des sanctions, par exemple, des amendes allant de 1 000 à 6 000 dollars.

Le CISSSO invoque la nécessité de répondre « aux besoins grandissants des hôpitaux de Hull et Gatineau pour desservir les besoins liés notamment à la COVID-19 ». Il invoque aussi la pénurie de main-d'oeuvre qui est particulièrement aigüe dans l'Outaouais, quoique pas unique à la région. Les syndicats, depuis bien avant la pandémie, et maintenant aux tables de négociation, ont mis de l'avant une série de mesures qui doivent être prises pour remédier à ce problème, mesures qui ont tout à voir avec l'amélioration de leurs conditions de travail. Les mesures imposées présentement par le CISSSO sont précisément pourquoi les gens abandonnent, soit parce qu'ils tombent malades, ou sont au bout du rouleau et démissionnent. Par exemple, au moins 41 employés du CISSSO sont présentement atteints du virus de la COVID-19.

Devant cette situation, la semaine dernière c'était au tour des travailleurs de la santé de Trois-Rivières de manifester sur le pont Lejeune pour alerter la population sur la situation des démissions et le refus du gouvernement d'agir pour remédier à la situation. Comme d'autres, ils se font dire dans leur milieu de travail que s'ils ne sont pas contents, ils n'ont qu'à aller travailler ailleurs. Ils ont fait valoir qu'ils luttaient pour l'avenir de la santé, car ils craignent un bris total du système de santé si les choses ne changent pas.

Pour montrer à quel point les employeurs en santé refusent de collaborer avec les travailleurs de la santé, même lorsqu'il est question de la sécurité des employés, des patients et des résidents des centres, la FIQ (Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec) annonçait le 28 octobre qu'elle a dû faire des démarches auprès de la Cour supérieure pour que les syndicats puissent avoir accès aux lieux de travail pour inspecter les systèmes de ventilation et analyser la qualité de l'air. La démarche avait été faite par rapport au CHSLD Lionel-Émond dans l'Outaouais et au CHSLD Vigi Mont-Royal. Dans ce dernier, tous les 223 résidents ont été infectés et 68 sont décédés, et un grand nombre de travailleurs de la santé ont aussi été déclarés positifs à la COVID-19. Suite à cette démarche, le Tribunal administratif du travail a ordonné à Vigi Santé Ltée et au CISSS de l'Outaouais de donner aux syndicats l'accès aux lieux de travail pour inspecter les systèmes de ventilation et analyser la qualité de l'air. Le tribunal a réaffirmé l'importance du partenariat entre les syndicats et les employeurs pour éliminer les dangers à la source, comme le prévoit la Loi sur la santé et la sécurité du travail.

La société d'aujourd'hui, avec son économie hautement socialisée, est basée sur une collaboration entre les travailleurs d'un secteur et entre secteurs. Cette collaboration est d'autant plus nécessaire en ce moment en temps de pandémie où la préoccupation générale est de veiller à la sécurité des gens qui travaillent et des gens dont ils s'occupent.

Pourquoi le gouvernement, lui, avec ses appels à « se serrer les coudes » pour surmonter la pandémie, refuse-t-il de collaborer pour le bien-être de tous et pour le bien commun ?

(Photos: FIQ)

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Le droit des travailleurs à des conditions sécuritaires est essentiel pour contrôler la COVID-19

Jason MacLean est le président du Syndicat des employés du gouvernement de la Nouvelle-Écosse

Forum ouvrier : Il y a des flambées virulentes de COVID-19 partout au pays. Peux-tu nous dire quelle est la situation en Nouvelle-Écosse ?

Le président du NSGEU Jason MacLean en conférence de presse sur la deuxième vague de la COVID-19, en novembre 2020

Jason Maclean  : Nous avons ici la bulle atlantique qui rend notre région un peu unique par rapport aux autres régions du Canada. La bulle atlantique comprend les résidents du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l'Île-du-Prince-Édouard et de Terre-Neuve-et-Labrador. Ils peuvent se déplacer librement dans les quatre provinces sans avoir à s'isoler. Ils peuvent se déplacer librement comme s'ils se déplaçaient dans leur propre province. Mais si un Néo-Écossais, par exemple, se rend au Québec, en Colombie-Britannique, en Ontario ou dans toute autre province à l'extérieur de la bulle, ou dans tout autre pays, il doit s'auto-isoler à son retour.

Présentement, nous avons des éclosions dans toutes les provinces de l'Atlantique.

Par exemple, en ce moment, en Nouvelle-Écosse, nous avons quelques zones d'éclosions dans la zone centrale, qui est la région d'Halifax, et dans la zone nord. Hier, (9 novembre), sur Youtube, le premier ministre de la Nouvelle-Écosse et le médecin hygiéniste en chef ont fait le point sur deux concentrations d'infections différentes que nous connaissons présentement en Nouvelle-Écosse. On craint que ce soit une propagation au sein de la communauté. Hier, nous avons eu 16 cas actifs qui ont été comptabilisés dans ces deux zones d'infections. Ils ont identifié plusieurs zones de contamination possible par contact. Il y a une concentration de cas d'infection dans la région appelée Clayton Park à Halifax. Dans tout le centre-ville d'Halifax et dans quelques autres endroits, ils disent aux gens que si vous vous trouviez dans certaines régions entre telle ou telle heure et telle ou telle date, vous devez passer un test de dépistage. Ils font leur recherche de contacts et tout le reste. De plus, Santé Nouvelle-Écosse a envoyé un message à tout son personnel selon lequel s'ils se trouvaient dans ce secteur, ils ne doivent pas aller travailler et doivent se faire dépister. Il existe également une autre concentration de cas dans la région nord de la province. Toute la province attend des mises à jour parce que je crois qu'il y aura de nouveaux cas d'infections dans les prochains jours, car ceux qui étaient dans ces régions seront testés. À l'heure actuelle, les données semblent indiquer que ces cas sont causés par des travailleurs provenant d'autres provinces ou des travailleurs des provinces atlantiques qui ont voyagé à l'extérieur et sont revenus sans s'isoler, principalement parce que la province n'a pas fait respecter les procédures d'auto-isolement.


FO : Comment le syndicat réagit-il à ces flambées qui se produisent afin de freiner la propagation de la COVID-19 ?

JM : Nous devons être prêts pour la deuxième vague de la pandémie. Nous venons de faire une demande à Santé Nouvelle-Écosse pour connaître leurs inventaires d'équipement de protection individuelle (ÉPI), comme le masque N95 et d'autres équipements. Nous allons tenir une réunion avec eux pour voir quels sont leurs inventaires afin de nous assurer que l'ÉPI nécessaire est disponible. Nous réitérons à nos membres que ce n'est pas fini et que nous devons être vigilants.

Il existe de nouvelles études qui parlent de la propagation du virus sous forme d'aérosols. Nous voulons nous asseoir avec les employeurs et avoir cette discussion. Allons-nous utiliser davantage les masques N95 ? Que peut-on faire d'autre pour réduire le risque que des personnes contractent le virus et le propagent ? Lorsque nos membres ont besoin de cet équipement, nous exigeons qu'il leur soit fourni. Nous informons nos membres du droit de refuser un travail dangereux. Nous l'avons fait tout au long de cette pandémie et nous le faisons maintenant pendant la deuxième vague. Nous travaillons avec les comités de santé et de sécurité au travail. Ils sont essentiels pour faire avancer les choses dans les endroits de travail où il y une tendance à vouloir contourner les mécanismes de santé/sécurité. Nous nous appuyons sur les comités de santé et de sécurité au travail si nous estimons qu'un employeur néglige la santé et la sécurité. Les gens doivent aller au travail, ils doivent être en sécurité au travail et l'employeur doit faire tout ce qui est possible pour assurer leur sécurité ; - visières, masques adéquats, blouses et ainsi de suite. Les gens ont besoin de tout cela. Nous continuons à mettre de l'avant ces enjeux à mesure qu'ils surgissent.

En ce moment, nous voyons des entités comme Santé Nouvelle-Écosse dire à leurs employés de ne pas se présenter au travail s'ils travaillent dans ces secteurs. Mais nous n'entendons rien de la part du secteur des soins de longue durée ou du secteur des soins à domicile qui sont des secteurs clé pour freiner la propagation. Une seule organisation de la province a envoyé un message à ses employés. C'est un bon geste de la part de Santé Nouvelle-Écosse, mais qu'en est-il des employeurs qui devraient transmettre des messages similaires et démontrer qu'ils se soucient des travailleurs des soins de longue durée, des soins à domicile et d'autres types de soins de santé ?

Nous devons transmettre le message aux gens que la COVID-19 ne disparaîtra pas de si tôt, nous devons donc rester vigilants.

En Nouvelle-Écosse, nous faisons tout ce que nous pouvons pour être très au fait de la situation.

(Photos: FO, NSGEU)

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Travailleurs d'entretien à la Société de transport de Montréal

Maintenir les travailleurs informés et mobilisés pour que les normes sanitaires soient appliquées


Manifestation des employés d'entretien de la Société de transport de Montréal, le 13 septembre 2018, pendant les négociations pour le renouvellement de leur convention collective où ils ont repoussé les demandes de concessions de leur employeur

Gleason Frenette est le président du Syndicat du transport de Montréal (STM-CSN)

Forum ouvrier : Quelle est la situation à la Société de transport de Montréal (STM) en ce qui concerne les cas d'infection à la COVID-19 ?

Gleason Frenette : À la STM, nous en sommes à environ 221 cas d'infection depuis le début de la pandémie. Pendant la première vague, nous avons eu environ 130 cas d'infection. Et il y en a près de 100 depuis le début de la deuxième vague. Environ soixante pour cent des cas sont des chauffeurs, 30 % des employés d'entretien et l'autre 10 % est réparti dans les autres accréditations incluant les gestionnaires. Nous sommes environ 10 500 employés à la STM, et plus de 3 000 d'entre eux sont en télétravail.

FO : Quel travail fait le syndicat pour mobiliser les travailleurs dans la lutte pour freiner la COVID-19 ?

GF : Nous avons dû annuler les instances normales. Normalement, on tient un conseil syndical ou une assemblée générale à toutes les trois semaines en présentiel, maintenant on ne peut plus le faire. Maintenant nous tenons nos instances sur la plateforme zoom, de façon virtuelle. Nous avons tenu un Conseil syndical en octobre, nous tenons une assemblée générale le 10 novembre.

Nous maintenons les processus habituels, comme si les gens étaient présents. Nous présentons des rapports sur la situation, les membres votent sur les résolutions.

Nous avons ajusté nos services en conséquence. Nous nous sommes mis en télétravail. Tous les travailleurs du bureau sont en télétravail à la maison. Nous sommes très actifs du point de vue des communications. Nous avons encouragé nos membres à se joindre à notre groupe privé sur Facebook. Nous sommes passés d'un peu plus de 1000 participants au début de la pandémie à plus de 1900 participants maintenant. Les membres s'inscrivent sur la page et nous vérifions qui fait la demande pour nous assurer qu'il s'agit bien de nos membres. Nous acceptons les retraités. Nous les informons notamment en ce qui concerne le régime de retraite. Plusieurs posent des questions là-dessus, comment se comportent les placements pendant la pandémie et ils sont inquiets aussi de savoir si la STM va maintenir les rentes.

Sur notre page Facebook je fais des suivis réguliers, nous avons 76 suivis de faits à l'heure actuelle. Le suivi informe les travailleurs sur toutes les questions dans la vie du syndicat. L'information sur la pandémie est importante dans ces suivis. Il y a des rapports réguliers sur quels nouveaux cas ont été déclarés, dans quel secteur ils sont, s'il s'agit d'un de nos membres, sur quel quart de travail cela s'est produit. Le but est de sensibiliser le monde à rester vigilants et à accentuer la vigilance lorsque plusieurs cas s'ajoutent.

À chaque fois qu'un suivi est publié sur la page Facebook, il peut y avoir une centaine de commentaires, des questions auxquelles on répond, sur tous les aspects, le régime de retraite, la vie syndicale, la pandémie, tous les sujets.

FO : Comment ça va en ce qui concerne les normes sanitaires pour lesquelles vous vous êtes battus ?

GF : Cela va assez bien mais il y a un hic. C'est que normalement on participe aux enquètes quand il y a un accident de travail, on fait des enquêtes paritaires. La STM, pour les cas positifs à la COVID-19, fait une enquête à chaque fois. Ce devrait être l'INSPQ (Institut national de santé publique du Québec) qui le fait, mais ils n'ont pas les ressources alors ils ont délégué cela à la STM. Selon nous, la STM était dans une situation de conflit d'intérêts parce que quand une enquête relative à la COVID est faite, s'il y a une personne infectée qui a été en contact avec d'autres, ils doivent être envoyés en quarantaine, rémunérés. En tout cas chez nous, ils sont rémunérés. Nous voulons que l'enquête soit paritaire, mais la STM ne l'a jamais accepté, alors nous sommes en arbitrage là-dessus. Ce serait normal que nous participions aux enquêtes parce que cela touche la santé et la sécurité des travaillleurs, comme si c'était un accident de travail.

Nous avons fait des ententes avec la STM pour ajouter des ressources pour la désinfection. Au début, c'était une entente pour engager des étudiants plus tôt que prévu. D'habitude c'est à la fin juin, mais nous nous sommes entendus pour les engager au mois de mai parce que les étudiants n'allaient pas à l'école. On s'est entendu pour que les autres accréditations syndicales, les employés de bureau, les professionnels, même les ingénieurs, viennent prêter main forte à la désinfection. Après la première vague, alors que les étudiants allaient retourner à l'école à la fin-août, nous avons fait une entente pour une embauche rapide massive de préposés pour faire la désinfection. Nous avons fait voter l'entente par les membres par courriel parce que cela modifiait la convention collective et que cela prenait l'approbation des membres.

Pendant la première vague, nous avons mis l'accent sur la santé et la sécurité avec notre comité de santé-sécurité et les membres de l'exécutif qui prenaient des informations chaque jour auprès de la structure syndicale dans tous les secteurs. C'était pour savoir comment cela se passait afin de mettre en place le plus rapidement possible les mesures de distanciation sociale, les mesures de protection, les équipements de protection. Il a fallu mettre de la pression sur l'employeur parce que cela ne marchait pas au rythme où on voulait. Nous avons fait des refus de travail collectifs et individuels pour inciter l'employeur à mettre les mesures en place. Nous avons fait beaucoup de pression sur l'employeur pour que les mesures de sécurité soient prises rapidement. Nous avons fait des dénonciations auprès de la CNESST (Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail) qui nous a donné raison à plusieurs reprises et auprès de la Santé publique qui a aussi mis de la pression sur l'employeur quand on lui donnait l'information que les mesures n'étaient pas mises en place assez rapidement. Nous avons fait de la pression médiatique dans les médias traditionnels et les médias sociaux. et de la pression politique, notamment sur la ville de Montréal pour qu'elle fasse pression sur la STM pour qu'elle adopte les mesures sanitaires rapidement.

Nous continuons ce travail pendant la deuxième vague. Notre grande force c'est de tenir notre monde informé. C'est comme cela qu'on réussit à les mobiliser pour qu'ils prennent les précautions nécessaires et s'assurent que les normes sanitaires soient appliquées. On doit les informer de tout ce qui se passe car on fait moins d'instances que d'habitude. Il faut des suivis réguliers. Ils sont au courant de ce qui se passe, ils n'ont pas peur d'aller revendiquer auprès de l'employeur la mise en place de mesures parce qu'ils se sentent appuyés et qu'ils connaissent leurs droits, comme le droit de refus de travail. Nous les informons comment suivre la procédure pour qu'ils ne fassent pas l'objet de mesures disciplinaires. Tout cela est très apprécié des membres, ils trouvent qu'ils ont même plus d'information qu'en temps normal et ils participent plus.

(Photos: STM-CSN, SCFP)

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