Luttons pour un système de santé moderne et humain!

Les infirmières et les préposées aux bénéficiaires manifestent devant l'hôpital de Gatineau, le 6 novembre 2020

Des centaines d'infirmières et de préposées aux bénéficiaires ont manifesté devant les hôpitaux de Hull et de Gatineau vendredi le 6 novembre. Elles dénoncent vivement les récentes mesures du CISSSO (Centre intégré de santé et de services sociaux de l'Outaouais) qui imposent aux personnes à temps partiel de travailler des horaires à temps complet. Ces mesures de l'employeur sont rendues possibles par un arrêté ministériel du mois de mars dernier stipulant que les dispositions de conventions collectives dans le réseau de la santé peuvent être modifiées. Cela permet, entre autres, à la direction des CISSS d'annuler les vacances des employées et de forcer celles-ci à travailler à temps complet malgré la volonté de certaines de conserver un horaire à temps partiel. L'arrêté prévoit même des sanctions, par exemple, des amendes allant de 1 000 à 6 000 dollars.

Le CISSSO invoque la nécessité de répondre « aux besoins grandissants des hôpitaux de Hull et Gatineau pour desservir les besoins liés notamment à la COVID-19 ». Il invoque aussi la pénurie de main-d'oeuvre qui est particulièrement aigüe dans l'Outaouais, quoique pas unique à la région. Les syndicats, depuis bien avant la pandémie, et maintenant aux tables de négociation, ont mis de l'avant une série de mesures qui doivent être prises pour remédier à ce problème, mesures qui ont tout à voir avec l'amélioration de leurs conditions de travail. Les mesures imposées présentement par le CISSSO sont précisément pourquoi les gens abandonnent, soit parce qu'ils tombent malades, ou sont au bout du rouleau et démissionnent. Par exemple, au moins 41 employés du CISSSO sont présentement atteints du virus de la COVID-19.

Devant cette situation, la semaine dernière c'était au tour des travailleurs de la santé de Trois-Rivières de manifester sur le pont Lejeune pour alerter la population sur la situation des démissions et le refus du gouvernement d'agir pour remédier à la situation. Comme d'autres, ils se font dire dans leur milieu de travail que s'ils ne sont pas contents, ils n'ont qu'à aller travailler ailleurs. Ils ont fait valoir qu'ils luttaient pour l'avenir de la santé, car ils craignent un bris total du système de santé si les choses ne changent pas.

Pour montrer à quel point les employeurs en santé refusent de collaborer avec les travailleurs de la santé, même lorsqu'il est question de la sécurité des employés, des patients et des résidents des centres, la FIQ (Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec) annonçait le 28 octobre qu'elle a dû faire des démarches auprès de la Cour supérieure pour que les syndicats puissent avoir accès aux lieux de travail pour inspecter les systèmes de ventilation et analyser la qualité de l'air. La démarche avait été faite par rapport au CHSLD Lionel-Émond dans l'Outaouais et au CHSLD Vigi Mont-Royal. Dans ce dernier, tous les 223 résidents ont été infectés et 68 sont décédés, et un grand nombre de travailleurs de la santé ont aussi été déclarés positifs à la COVID-19. Suite à cette démarche, le Tribunal administratif du travail a ordonné à Vigi Santé Ltée et au CISSS de l'Outaouais de donner aux syndicats l'accès aux lieux de travail pour inspecter les systèmes de ventilation et analyser la qualité de l'air. Le tribunal a réaffirmé l'importance du partenariat entre les syndicats et les employeurs pour éliminer les dangers à la source, comme le prévoit la Loi sur la santé et la sécurité du travail.

La société d'aujourd'hui, avec son économie hautement socialisée, est basée sur une collaboration entre les travailleurs d'un secteur et entre secteurs. Cette collaboration est d'autant plus nécessaire en ce moment en temps de pandémie où la préoccupation générale est de veiller à la sécurité des gens qui travaillent et des gens dont ils s'occupent.

Pourquoi le gouvernement, lui, avec ses appels à « se serrer les coudes » pour surmonter la pandémie, refuse-t-il de collaborer pour le bien-être de tous et pour le bien commun ?

(Photos: FIQ)


Cet article est paru dans

Numéro 77 - Numéro 77 - 12 novembre 2020

Lien de l'article:
Luttons pour un système de santé moderne et humain! - Pierre Soublière


    

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