Numéro 70 - 15 octobre 2020
Licenciements massifs de travailleurs de la
santé
par le gouvernement de l'Alberta
La nécessité de la revendication
Arrêtez de payer les riches! devient
de plus en plus urgente
• Les
syndicats du secteur de la santé condamnent la
privatisation et les licenciements massifs
• On ne peut pas confier
notre système de santé publique à Kenney et son
gouvernement - Friends of Medicare
• Les dessous des
tractations - Peggy Morton
Licenciements massifs de
travailleurs de la santé
par le gouvernement de l'Alberta
Le
gouvernement de Jason Kenney en Alberta utilise sa
majorité pour céder l'Alberta à des intérêts
privés autant que possible et de la manière la
plus ouverte possible. Le 13 octobre, en
pleine flambée de cas de COVID-19, le ministre de
la Santé Tyler Shandro a confirmé que le
gouvernement procédait au licenciement
de 11 000 travailleurs et travailleuses
de la santé et qu'un secteur après l'autre du
système de santé sera privatisé.
Les services de buanderie des régions rurales de
l'Alberta seront privatisés les premiers, ce qui
éliminera 400 emplois dans les collectivités
durement touchées par la crise économique. Les
laboratoires médicaux de toute la province seront
donnés en sous-traitance à l'une des entreprises
du cartel mondial des laboratoires médicaux, ce
qui entraînera 2 000 licenciements. Les
Services de santé de l'Alberta continueront de
réduire par attrition le nombre d'infirmières
durant la pandémie et de procéder à des
licenciements pour éliminer l'équivalent
de 500 postes à temps plein d'infirmières
autorisées, ce qui touchera 750 infirmières,
une fois la pandémie déclarée terminée.
Apparemment, la sous-traitance des services
d'entretien ménager et des services alimentaires
sera retardée en raison de la pandémie, mais elle
entraînera également la suppression
de 4 000 emplois d'entretien ménager et
de 3 000 emplois dans les services
alimentaires.
Le Parti conservateur uni (PCU) prétend que la
privatisation de ces emplois permettra
d'économiser 600 millions de dollars, mais
même le ministre Shandro a admis que cela dépend
des contrats qui seront négociés et signés avec
les intérêts privés. La pratique habituelle est de
payer les entreprises privées à un taux encore
plus élevé alors que ces mêmes intérêts privés
étroits paient les travailleurs à un taux
inférieur aux normes qui existent actuellement.
Ils ne forment pas les travailleurs adéquatement
et ils abaissent les conditions de travail et les
services.
Tout cela se fait pendant la pandémie de la
COVID-19 qui elle-même illustre à quel point les
mesures de privatisation, la détérioration des
services et le traitement des travailleurs
exacerbent la crise des soins de santé. C'est
inadmissible.
Ce que fait le gouvernement de
l'Alberta montre bien que les Canadiens ne
doivent confier un gouvernement majoritaire à
aucun parti qui cherche à accéder au pouvoir. Ces
gouvernements exercent le pouvoir en toute
impunité pour mettre de l'avant des stratagèmes
pour payer les riches et ils attaquent ceux
qui, parmi les travailleurs et la population,
sont touchés par leurs décisions.
L'essence de la
privatisation c'est que les riches accaparent
le pouvoir de décision pour s'emparer du domaine
public. L'État est restructuré pour éliminer toute
autorité publique quelle qu'elle soit. Cela
signifie que le peuple n'a aucun recours au sein
du système pour demander des comptes aux
gouvernements ou aux employeurs privés. Souvent,
qui sont les véritables propriétaires privés n'est
même pas connu.
Les dommages qui sont faits au tissu social
canadien sont irréparables. Comme si les mises à
pied annoncées le 8 octobre ne sont pas assez
dommageables, une ébauche de plan divulguée à la
CBC contiendrait de nombreuses autres mesures
draconiennes. Elle comprendrait notamment des
réductions de salaire décrétées par la loi,
l'élimination des allocations aux cliniques
médicales et d'autres réductions supplémentaires,
des augmentations des frais d'hébergement pour les
aînés en soins continus, l'introduction d'un
copaiement pour les soins à domicile et le
transfert d'un plus grand nombre de patients des
soins de longue durée vers un logement avec
services de soutien. Elle comprendrait également
le regroupement et la fusion potentiels des
services hospitaliers ruraux, y compris les
services d'urgence, et la fermeture de certains
sites d'imagerie diagnostique et de laboratoire,
avec davantage de licenciements. Cela obligerait
les résidents ruraux à parcourir de plus longues
distances pour les services. Lorsque le
gouvernement a appris que la CBC avait une copie
de l’ébauche, le ministre de la Santé a convoqué
de façon précipitée une conférence de presse et a
publié « une nouvelle ébauche » dans laquelle
presque tout, sauf les licenciements, avait
disparu du document. Non seulement de vastes
mesures draconiennes ont été élaborées sous la
direction de cette entreprise connue pour servir
les intérêts privés étroits, E & Y, mais le
gouvernement essaie actuellement d’en dissimuler
les plans.
Si le peuple n'accepte pas de se soumettre aux
décisions de privatiser les soins de santé, il est
menacé de violence. C'est insoutenable. Cela
montre que le peuple doit relever le défi de
trouver comment demander des comptes aux
gouvernements. La lutte principale en ce moment
doit se mener devant le tribunal de l'opinion
publique où les travailleurs eux-mêmes et leurs
organisations de défense et leurs formations
politiques prennent la parole contre les mesures
annoncées et en faveur d'alternatives. Cela se
fait déjà avec courage dans tout le pays et doit
être intensifié.
Les syndicats qui représentent les travailleurs
de la santé en Alberta ont fermement condamné
l'annonce du Parti conservateur uni (PCU) selon
laquelle il procédera à la privatisation des
laboratoires médicaux, des buanderies, de
l'entretien ménager et des services alimentaires
dans les établissements de soins de santé et
continuera de réduire le nombre d'infirmières dans
les hôpitaux de l'Alberta.
Le Syndicat des employés provinciaux de
l'Alberta
Lors d'une conférence de presse qui a suivi
immédiatement celle de Tyler Shandro, le président
du Syndicat des employés provinciaux de l'Alberta
(AUPE), Guy Smith, a déclaré que les membres de
l'AUPE prendraient toutes les mesures nécessaires
pour mettre fin aux compressions qui
incluent 9700 emplois de membres de l'AUPE
qui fournissent des services de buanderie,
d'entretien ménager et alimentaires.
« Aujourd'hui [mardi 13 octobre], le
ministre de la Santé Tyler Shandro a confirmé ses
plans remplis de duplicité de supprimer davantage
d'emplois après avoir promis d'en créer davantage.
Le PCU rétrograde le système de santé publique de
l'Alberta en forçant le personnel déjà surchargé à
faire plus avec moins. Les éliminations d'emplois
parmi le personnel soignant et les médecins, et le
stratagème de privatisation massive, sont toutes
des recommandations du rapport de Ernst &
Young de 2 millions de dollars remis au
gouvernement qui l'a commandé en 2019 pour
l'aider à trouver des moyens de réduire les coûts
des Service de santé de l'Alberta (SSA).
« Maintenant que nous
savons exactement quels sont les dommages, nous
pouvons continuer à nous préparer pour le plus
grand combat de notre vie », déclare Smith. « Nos
membres dans les SSA se battent déjà pour un
langage contractuel fort pour mettre fin à la
vente à rabais des emplois d'entretien ménager,
des services alimentaires et de buanderie. Nous
prévoyons gagner cette protection, mais si nous ne
pouvons pas l'obtenir, une grève est à
prévoir. ».
Alors que le gouvernement de Jason Kenney a
promis de créer des emplois en Alberta, Smith dit
que c'est en fait « un gouvernement destructeur
d'emplois. Cette attaque brutale contre les
emplois va nuire aux travailleurs albertains et
aux petites collectivités de la province. Ce
gouvernement foule au pied les Albertains alors
qu'ils sont déjà à terre, en exploitant une
pandémie qu'ils ne parviennent pas à gérer en
supprimant des emplois et en mettant en danger les
soins de santé au moment précis où nous en avons
le plus besoin. »
Smith ajoute : « Ce n'est pas sincère de la
part du ministre de dire que la privatisation
n'entraînera pas de ‘réductions nettes' et
seulement un ‘changement d'employeur', car nous
savons que la première chose que font les
entreprises privées pour le profit lorsqu'elles
accaparent nos emplois est de réduire les
salaires, les pensions et les avantages sociaux du
personnel qui travaille dur. Et ce sont les
Albertains qui en paient le prix - les patients,
les personnes âgées et les personnes handicapées
qui reçoivent un service réduit. »
Les entreprises privées recourent souvent à des
licenciements au début de leurs contrats avec le
gouvernement pour améliorer leurs résultats. Le
personnel finit par travailler à un rythme
accéléré, surchargé par des patrons exigeants qui
s'attaquent à notre première ligne de
défense : les protections syndicales.
Nourriture pourrie, linge sale, épidémies
virales, confusion dangereuse entre les
laboratoires : tous ces exemples sont cités à
la suite de la privatisation des services de
soutien général partout dans le monde. Les médias
ont également confirmé que les patients de
l'Alberta paieront plus de leurs poches pour des
items comme des béquilles et des plâtres.
« Il n'y a pas d 'économies' dans ce plan bâclé
», déclare Smith. «Tout ce que je vois, ce sont
des entreprises qui profitent de la douleur des
patients et des résidents des centres de
soins. »
Les infirmières auxiliaires et les
aides-soignants agréés de l'AUPE seront également
touchés par l'attaque de Shandro contre le système
de soins publics, qui a confirmé que plus de 800
emplois cliniques des SSA seront éliminés par des
départs par attrition, ce qui signifie encore plus
de pénurie de personnel sur les étages et des
temps d'attente plus longs dans un proche avenir,
a déclaré l'AUPE.
« Est-ce vraiment ainsi que le PCU remercie les
travailleurs de la santé de première ligne après
avoir risqué leur santé et leur bien-être pour
prendre soin de nous pendant cette pandémie, quand
nous en avons le plus besoin ? », ajoute
Smith. « C'est pathétique, et nous n'allons pas
laisser cela passer. »
L'Association des sciences de la santé de
l'Alberta
« Ce gouvernement a décidé de détruire sa
meilleure ligne de défense contre la pandémie en
cours. Pour être clair, il s'agit de privatiser
les soins de santé. L'argent n'est pas
économisé ; il est transféré dans des poches
privées au lieu d'être utilisé pour les soins aux
patients », a déclaré Mike Parker, président
de l'Association des sciences de la santé de
l'Alberta (ASSA).
« La privatisation coûte
plus cher et pourrait très facilement entraîner de
moins bons résultats pour la santé pendant cette
pandémie et la suivante. Quelques jours à peine
après avoir de nouveau louangé le travail accompli
par nos professionnels de laboratoire, l'actuel
ministre de la Santé a ciblé les personnes mêmes
qui protègent les Albertains selon lui, par sa
décision malavisée de privatiser les soins de
santé. Les travailleurs de soutien sont clairement
des travailleurs de première ligne. Il faut une
équipe pour livrer les soins de santé. Les
médecins et les autres professionnels de la santé
ne peuvent pas faire leur travail dans des
installations sales ou dans des conditions
insalubres.
« L'annonce faite aujourd'hui par le ministre de
la Santé est honteuse. Il a renoncé à toute
responsabilité pour la santé et la sécurité des
Albertains. Il a plutôt décidé que son rôle était
de licencier des professionnels de la santé
publique hautement qualifiés afin de faciliter le
transfert de nos ressources de santé publique vers
des mains privées.
« Ces 'postes' représentent des milliers
d'Albertains qui s'ajouteront à la liste des
chômeurs. Ce sont des milliers et des milliers de
personnes qui ne contribueront plus à notre
économie. Et ce sont des milliers et des milliers
de personnes qui ne seront plus là pour ‘protéger'
les Albertains. »
Infirmières et infirmiers unis de l'Alberta
Le gouvernement de l'Alberta va de nouveau
plonger les soins de santé en Alberta dans le
chaos, au milieu de la plus grande urgence
sanitaire depuis un siècle, a déclaré le directeur
des relations de travail de Infirmières et
infirmiers unis de l'Alberta (IIUA), David
Harrigan, qualifiant cette action de dangereuse et
d'irresponsable.
« La promesse faite ce matin par le ministre de
la Santé Tyler Shandro qu'il n'y aura pas de
licenciements d'infirmières de première ligne lors
du licenciement de 11 000 employés de la
santé contredit les déclarations des Services de
santé de l'Alberta dans une lettre reçue ce matin
[13 octobre] », a déclaré le directeur des
relations de travail de l'IIUA, David Harrigan. La
lettre des SSA indiquait clairement que les SSA
prévoyaient procéder à la mise à pied annoncée
précédemment de 500 postes équivalents temps
plein en soins infirmiers, ce qui, selon l'IIUA,
mettra au chômage 750 infirmières.
Shandro a pris soin de
dire qu'il n'y aurait pas de licenciements pendant
la pandémie, a dit David Harrigan. « Rien
n'empêche ce gouvernement de déclarer
prématurément la fin de la pandémie quand il le
souhaite, c'est donc une promesse relativement
dénuée de sens », a-t-il dit. De plus, a-t-il
noté, Shandro a mentionné à plusieurs reprises
l'élimination des postes d'infirmières par
attrition, de sorte que les postes d'infirmières
continueront d'être perdus.
La semaine dernière, selon Harrigan, les SSA ont
répondu à la demande de clarification de l'IIUA à
propos du rapport de Ernst & Young en disant
qu'ils continuaient de travailler avec le
ministère de la Santé sur la mise en oeuvre des
recommandations du rapport de Ernst & Young en
ce qui a trait aux changements des opérations de
SSA et qu'aucune réponse du gouvernement n'était
attendue avant plus tard à l'automne. « Il semble
donc qu'ils ont élaboré un plan de mise en oeuvre
des 79 pages au cours du long
week-end », a-t-il déclaré.
« La stabilité en pleine pandémie ne sera pas
assurée par des hôpitaux à court de personnel et
des travailleurs de la santé épuisés », a
conclu Harrigan, notant que les postes
disparaissent déjà discrètement au milieu de la
pandémie, et ce depuis des mois, ce qui laisse les
infirmières à court de personnel et surchargées de
travail et la sécurité des patients compromise.
- Friends of Medicare -
La publication aujourd'hui du Plan de mise en
oeuvre de l'étude de rendement des Services
de santé de l'Alberta (SSA) est, en somme, la plus
grande trahison des Albertains, tous gouvernements
confondus.
« Une fois de plus,
le premier ministre et son gouvernement ont
annoncé des plans conformément à leur ordre du
jour agressif de privatisation des soins de
santé », dit Sandra Azocar, la directrice
générale de Friends of Medicare. « Le gouvernement
du PCU de Kenney continue de faire preuve de
mépris total envers les femmes et les hommes qui
travaillent en première ligne en santé. Compte
tenu du rôle central qu'ils ont joué dans la
réponse de la province à la pandémie, ce plan dans
son ensemble est insultant pour les travailleurs
de la santé, et c'est une trahison des patients
qui en dépendent. »
Les changements agressifs tels qu'énoncés dans le
plan de mise en oeuvre proposé arrivent sans
grande surprise et représentent un pas de plus
dans le plan du gouvernement de privatiser notre
système de santé. Nous les avons vu faire un pas
dans cette direction lorsqu'ils ont publié le
rapport MacKinnon en septembre 2019, puis un
autre pas géant avec la publication de
l'Étude de rendement des SSA en février. Les deux
rapports recommandaient une restructuration
massive de notre système de santé par le biais de
privatisations majeures, et sont grandement basés
sur les données de l'Institut Fraser, dont la
fiabilité a récemment été remise en cause par la
Cour suprême de la Colombie-Britannique dans sa
décision importante dans la cause Cambie :
« Ce n'est pas certain si des conclusions
générales peuvent être tirées des études de
l'Institut Fraser, même si ces études servent de
façon générale comme source de données fiables (ce
que je remets sérieusement en doute). »
Malgré les importants questionnements quant à la
fiabilité des deux rapports, le gouvernement de
l'Alberta n'a pas hésité à les mettre à profit et
à les utiliser comme arsenal idéologique pour
accélérer le processus de privatisation de notre
système de santé par la sous-traitance et la
réduction des services de santé disponibles pour
les Albertains.
L'étude sur les SSA, faite par le cabinet
comptable américain Ernst & Young (EY) au coût
de plus de 2 millions de dollars, avait comme
cible de trouver les failles dans le système. Ce
rapport a pondu 57 recommandations qui, selon
leur estimé, pourraient engendrer 1,9
milliards de dollars en épargnes, bien qu'EY ait
fait une mise en garde à l'effet que ces chiffres
ne reflétaient pas des épargnes concrètes, ni
attendues ni même réalisables, et le ministre de
la Santé Shandro, à l'époque, avait affirmé que ce
ne serait pas toutes les recommandations qui
seraient réalisables ou mises en oeuvre.
À la suite de la
publication du rapport de l'étude sur les SSA, le
ministre de la Santé Shandro l'a confié à une
équipe de mise en oeuvre des SSA, qui devait faire
un rapport avant 100 jours sur ses propres
recommandations. Comme cette date a été reportée
de cinq mois en raison de la réponse de la
province à la pandémie, rien n'a été rendu public
avant aujourd'hui. Le plan de 82 pages
présente des compressions importantes dans tout le
système de santé publique, conformément aux
recommandations faites dans la première étude
d'EY. Bien que le ministre de la Santé ait affirmé
publiquement que la mise en oeuvre serait
déterminée par les Services de santé de l'Alberta
et guidée par les meilleures pratiques
opérationnelles, à la suite de la fuite d'un
document obtenu par la CBC, il a été révélé que le
ministre Shandro avait en effet ordonné à SSA de
produire des plans pour la mise en oeuvre de
toutes les recommandations du rapport EY, à
l'exception de quelques-unes qu'il aurait décidé
de ne pas retenir.
La proposition comprend des plans pour avoir
recours à la sous-traitance pour les services
alimentaires, environnementaux et de buanderie,
retirer des clauses dans la convention collective
des infirmières, l'introduction d'un copaiement
pour les soins à domicile, augmenter le recours
aux services chirurgicaux privés, et, au rural,
reconfigurer les départements d'urgence, de soins
intensifs, de maternité et d'obstétrique –
entre autres. Ce plan peut facilement
détourner nos dollars, services et personnels de
santé vers des compagnies privées qui seront
subventionnées par les fonds réservés à la santé
publique. Mais le plus inquiétant, c'est que le
gouvernement prévoit la perte de 11 000
emplois en soins de santé, ce qui va toucher près
de 16 000 travailleurs partout dans la
province.
À la conférence de presse d'aujourd'hui, le
ministre Shandro a dit qu'il n'y aurait pas
d'impact pour les infirmières ni les travailleurs
de première ligne pendant la pandémie, mais ses
propos viennent contredire la lettre reçue ce
matin par les Infirmières et infirmiers unis de
l'Alberta, qui affirme clairement que SSA a
l'intention d'aller de l'avant avec les mises à
pied annoncées de 500 postes équivalents
temps plein en soins infirmiers, ce qui représente
le licenciement de 750 infirmières, selon un
estimé d'IIUA.
« Plutôt que de construire sur une base solide
notre système de santé, ce gouvernement choisit de
le vendre au plus offrant sans présenter aux
Albertains le moindre plan d'affaires pour montrer
comment les ‘épargnes' proposées vont avoir un
impact sur les patients et les soins auxquels ils
pourront avoir accès », a dit Azocar. «
Plutôt que de reconnaître l'importance vitale de
nos prestataires de soins, ils préfèrent
couper 11 000 bons emplois alors que de
nombreux Albertains n'ont déjà pas d'ouvrage. Les
Albertains se demandent si c'est bien la reprise
qu'ils espéraient pour leur province. Franchement,
nous exigeons plus. »
Le plan de SSA, tel que mené par le ministre
Shandro, va engendrer rien de moins que la
décimation de nos soins de santé publique. Peu
importe comment le ministre Shandro tente de nous
faire avaler la pilule, la sous-traitance est
beaucoup plus qu'un changement d'employeur, c'est
un changement dans comment nous dispensons les
soins de santé et c'est un pas tout droit vers les
soins de santé privés. Alors que nous continuons
de mesurer les répercussions immédiates et à long
terme de cette pandémie, le gouvernement albertain
tente de nous convaincre que la voie vers l'avant
est dans la mise à pied de milliers de
travailleurs de la santé et dans la privatisation
de nos soins de santé. Les Albertains sont en
mesure de savoir plus que quiconque à quel point
on ne peut faire confiance à ce gouvernement.
- Peggy Morton -
En préparation au Budget 2020, le gouvernement
Kenney a publié, le 3 février, une « synthèse
de l'étude de rendement » des Services de
santé de l'Alberta (SSA), commanditée par le
cabinet comptable Ernst & Young (EY). Le
rapport comprenait 57 recommandations et ce
que le gouvernement a qualifié de « 72
économies possibles pour améliorer la qualité et
la viabilité à long terme des services de
santé ». En publiant le rapport, le
gouvernement a déclaré qu'il l'acceptait, à
l'exception de deux points importants : il
n'y aura pas de fermetures d'hôpitaux dans les
régions rurales ni de consolidation des centres de
traumatologie.
Ernst & Young (EY) est
un des maîtres dans l'art de vider les compagnies
de leurs travailleurs actifs et à la retraite
lorsque celles-ci se placent sous la protection de
la faillite aux États-Unis et partout dans le
monde et, par la suite, dans l'art d'effacer
toutes preuves sur les lieux du crime. C'est une
firme qui est notoire pour ses rapports et
recommandations intéressés où on y affirme
inévitablement qu'il y a toujours un avantage à
privatiser et à céder le contrôle des services
publics à des intérêts privés. Les firmes comme
EY, qui développent couramment des partenariats
public-privé et d'autres formes de privatisation,
ne mentionnent jamais que les avantages reviennent
à une infime minorité de parasites ultra riches,
aux dépens des travailleurs qui produisent la
valeur ajoutée et du peuple qui a besoin des
services publics et y a droit.
Cette façon d'avoir recours à des cartels de
comptables néolibéraux et de « panels » triés
sur le volet pour produire les résultats
escomptés, fait partie de la restructuration de
l'État. De riches intérêts privés sont payés pour
chanter les louanges des stratagèmes pour payer
les riches, dont eux et leurs clients riches à
craquer profitent. Le gouvernement albertain a
concentré l'administration des soins de santé dans
une seule autorité de santé, Services de santé de
l'Alberta (SSA), mais de toute évidence, même SSA
n'exerce aucun contrôle sur cette récente
restructuration, alors qu'elle est réduite à
mettre en oeuvre les décisions prises par les
oligarques mondiaux et livrées par le biais de
mécanismes tels que le rapport de EY.
Des firmes de consultants comme EY ne sont pas
embauchées par les gouvernements pour améliorer le
rendement ou les services de soins de santé. Leur
rôle est de fournir des prétextes pour la
restructuration de l'État et pour céder les
services publics à des intérêts privés. Leurs «
rapports » sont totalement prévisibles :
recourir à la sous-traitance des services,
attaquer les conditions de vie et de travail des
travailleurs, réduire les services et imposer des
frais d'usager supplémentaires. On dit des
travailleurs qu'ils sont des « coûts » qui
doivent être réduits au minimum afin de payer les
riches, en détournant les fonds des soins de santé
et en augmentant le montant du financement restant
qui est payé aux parasites par le biais de
contrats lucratifs. Quant aux tenants et
aboutissants de ces contrats, ils ne sont jamais
publiés, puisque le gouvernement maintient qu'il
s'agit d'informations d'affaires privées.
Le financement des soins de santé provient de la
portion de la valeur ajoutée créée par les
travailleurs qui est réclamée par les
gouvernements. La privatisation et la réduction du
financement des soins de santé sont non seulement
une attaque contre les travailleurs des soins de
santé, mais aussi contre le niveau de vie de la
classe ouvrière dans son ensemble. Dire qu'il
s'agit d « épargnes » est un non-sens. Dire
du facteur humain, des travailleurs qui dispensent
les soins de santé et les services, qu'ils sont un
« coût » est très irrationnel car sans eux,
il n'y aurait pas de système de santé. Mais c'est
ainsi que les riches perçoivent les choses
– tout ce qui ne se
retrouve pas directement dans leurs poches est un
« coût ».
La pandémie a montré plus
que jamais les terribles conséquences du contrôle
privé des résidences des soins aux aînés, où la
majorité des décès dus à la COVID-19 ont eu lieu.
De nombreuses études ont montré à quel point les
maladies infectieuses augmentent lorsque
l'entretien des hôpitaux est privatisé. Les
communautés partout en Alberta se sont battues
pour sortir les monopoles de l'alimentation des
résidences de soins de longue durée pour que leurs
êtres chers puissent avoir une alimentation
nourrissante et culturellement appropriée. La
conclusion qui est tirée, que pas un cent des
soins de santé ne doit aller au profit privé, est
sans appel. Mais les gouvernements n'assument
aucune responsabilité pour les tragédies qui se
produisent en raison de leur offensive
antisociale, ni pour les épreuves vécues par la
classe ouvrière. Jason Kenney déclare que le fait
de contrôler la COVID-19 est une question de
responsabilité individuelle, mais pas la sienne
cependant à ce qu'il semble.
Une personne qui connaît bien le milieu de la
santé a dit au Forum ouvrier : « EY
ne connaît rien en soins de santé, il ne connaît
rien de l'Alberta. À part cela, c'est un bon
rapport. » Oublions les souffrances des
patients et l'épuisement du personnel ; nous
fournissons les chiffres et nous sommes bien payés
pour le faire, tel est leur refrain. Ce n'est pas
drôle du tout. La pandémie a montré à qui on peut
faire confiance pour les prises de décision et à
qui on ne peut pas faire confiance. Elle a montré
que le gouvernement Kenney ne mérite aucune
confiance, et qu'il en va de même pour les
entreprises privées motivées par le profit
maximum. Elle a montré que ce sont les
travailleurs de la santé qui méritent notre
confiance, qui savent ce qui est requis, qui
luttent pour les conditions qui réussiront à
contrôler la pandémie et qui sont tous les jours
en première ligne pour s'occuper des gens. Qui
décide est la question essentielle.
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