Numéro 63 - 22 septembre 2020
Des développements sur le front de la santé
au Québec
Les travailleurs et travailleuses
de la santé rejettent massivement
les offres du gouvernement
• Le
syndicat des professionnelles en soins de santé
affirme « Nous sommes la solution »
- Pierre Soublière
• La nécessité d'une
amélioration immédiate des conditions de travail
- Entrevue, Denis Cloutier
L'Organisation
mondiale
de la santé et l'UNICEF
• Mise à jour des
directives sur les mesures de santé publique en
milieu scolaire
Des développements sur le front de
la santé au Québec
Manifestation devant l'Assemblée nationale du
Québec, le 15 septembre 2020
Le 17 septembre dernier, la Fédération
interprofessionnelle de la santé (FIQ) qui
représente 76 000 travailleuses et
travailleurs en soins de santé, a annoncé que les
déléguées de la FIQ et du Secteur privé-FIQP,
réunies virtuellement en conseil national
extraordinaire, ont rejeté unanimement l'offre du
gouvernement pour le renouvellement de leur
convention collective touchant leurs conditions de
travail. Selon le communiqué de la FIQ, la
proposition globale présentée la semaine dernière
ne répond pas aux problèmes maintes fois décriés
et soulevés par les infirmières, infirmières
auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes
cliniques que la Fédération représente.
« La colère suscitée par les offres patronales
était sans
équivoque. 'Méprisantes', 'insultantes'
et 'odieuses' étaient au nombre des
qualificatifs exprimés par les déléguées de la
Fédération. Alors que les professionnelles
manifestaient déjà leur détresse avant la
pandémie, l'absence de réelles mesures en regard
de leurs conditions de travail dans l'état actuel,
ce n'est ni plus ni moins qu'un manque de respect
total du gouvernement face à cette main-d'oeuvre
majoritairement composée de femmes », a
déclaré Nancy Bédard, présidente de la FIQ.
La Fédération déclare que le temps n'est plus aux
déclarations de relations publiques dans les
médias de la part du ministre de la Santé et des
services sociaux, qui se dit conscient de ce qu'il
appelle la « fragilité » du réseau de la
santé, mais à des propositions concrètes à la
table de négociation.
La FIQ déplore qu'il n'y ait rien dans les offres
du gouvernement pour alléger la surcharge de
travail.
« Autour de cette importante question gravite un
ensemble d'enjeux cruciaux comme celui des ratios
sécuritaires, des équipes de travail complètes et
stables et celui du temps supplémentaire, qu'il
soit volontaire ou non. Si cette problématique
n'est pas abordée de front, le grand virage
nécessaire dans le réseau de la santé ne pourra
pas se concrétiser », écrit Jérôme Rousseau,
vice-président et coresponsable de la négociation.
Une question épineuse est celle de l'augmentation
du nombre des professionnelles à temps complet.
Selon la FIQ, le gouvernement souhaite que
davantage de professionnelles en soins travaillent
à temps complet, mais il n'offre aucun incitatif
ni aucune garantie sur la nature de ces postes. Le
gouvernement ne veut pas traiter de la raison pour
laquelle les professionnelles en soins choisissent
en grand nombre de travailler à temps partiel. Les
professionnelles en soins agissent ainsi parce que
le gouvernement refuse de leur offrir un poste sur
une équipe de travail complète, avec un ratio de
patients adéquat, où elles peuvent connaître leur
horaire à l'avance, bénéficient de vacances et
congés statutaires et ne sont plus prises en otage
par le temps supplémentaire obligatoire.
« Un poste à temps complet exercé dans une cage
dont les verrous sont fermés à double tour, c'est
normal de ne pas en vouloir. Comment attirer une
relève et avoir plus de professionnelles qui aient
envie de travailler à temps complet ? »,
écrit Roberto Bomba, trésorier et coresponsable
des négociations.
En plus de leurs négociations sectorielles pour
leurs conditions de travail, les professionnelles
en soins participent aussi à des négociations sur
de grandes questions monétaires comme les salaires
et le régime de retraite, en alliance avec
l'Alliance du personnel professionnel et technique
de la santé et des services sociaux (APTS).
La FIQ et l'APTS ont tenu le 15 septembre
une manifestation devant l'Assemblée nationale du
Québec en tenant d'immenses pancartes sur
lesquelles on pouvait lire : « On tient le réseau
à bout de bras » et « Travailler à se rendre
malade, c'est terminé ». Elles ont fermement
rejeté l'offre salariale du gouvernement d'une
augmentation de 5 % sur trois ans, ce
qui est essentiellement la même offre qui leur a
été faite en mai de cette année.
« Si quelqu'un dans ce
gouvernement doutait encore du fait que les
professionnelles en soins ainsi que les
professionnelles et techniciennes en santé et
services sociaux portent vraiment le réseau à bout
de bras, les derniers mois devraient avoir été
convaincants. La pandémie a ajouté une pression
insoutenable sur un personnel qui était déjà à
bout de souffle et de ressources. Cela fait
presque un an que la négociation avec le
gouvernement est commencée. Clairement, il ne
semble toujours pas saisir l'urgence de la
situation. Son offre salariale est la même depuis
des mois : un pitoyable 5 %
d'augmentation sur trois ans. Pour nous, c'est
tout simplement inacceptable », ont dit les
deux présidentes de l'APTS et de la FIQ, Andrée
Poirier et Nancy Bédard, dans une déclaration
commune.
Les deux présidentes ont souligné que le prix
payé actuellement par leurs membres est très
élevé. Depuis des mois, la conciliation
famille-travail-vie personnelle n'existe plus pour
le personnel du réseau de la santé et des services
sociaux. « Cent trente-et-un mille personnes, dont
une vaste majorité de femmes, travaillent dans des
conditions épouvantables. Leur santé physique et
mentale en est grandement affectée. Tout au long
de cette pandémie et malgré la charge et les
longues heures de travail, le manque d'équipement
de protection, le temps supplémentaire obligatoire
et un contexte hautement imprévisible, nos membres
ont répondu encore une fois présent·e·s. Ils et
elles méritent un juste retour du
balancier. »
La demande salariale actuelle des deux syndicats
est de 12,4 % sur trois ans, ce qui
comprend 7,4 % en rattrapage salarial. «
Si notre demande était pleinement méritée avant le
début de la pandémie, elle est désormais plus que
justifiée », ont dit les deux présidentes.
L'Alliance APTS-FIQ souligne qu'il existe une
corrélation directe entre l'amélioration des
conditions de travail et l'attraction et la
rétention du personnel et l'amélioration de la
sécurité et de l'accès aux soins et aux services
pour la population.
« Le gouvernement doit comprendre que tout le
monde y gagne : les employées auront une plus
juste reconnaissance de leur travail, le réseau
deviendra plus attirant pour une main-d'oeuvre
dont il a cruellement besoin, et la population
pourra compter sur des soins et services plus
accessibles », ont conclu Andrée Poirier et
Nancy Bédard.
(Photos: FIQ)
- Pierre Soublière -
Comme ailleurs au Québec, les professionnelles
en soins de l'Outaouais doivent faire des sit-in –
des refus de travailler dans bien des cas – en
raison du manque de personnel nécessaire pour
soigner les patients dans des conditions qui sont
sécuritaires à la fois pour la personne qui
dispense les soins et pour les patients.
L'incident le plus récent à avoir eu lieu en
raison de ce manque de personnel s'est produit à
l'hôpital de Gatineau avec la fermeture des soins
intensifs du 12 au 16 septembre. Pendant
cette fermeture, deux patients ont dû être
transportés à Montréal, un à l'hôpital à
Papineauville et un autre à l'hôpital de Maniwaki.
L'hôpital le moins éloigné dans ces circonstances
est à au moins une heure d'auto de Gatineau. Une
situation semblable s'est produite au début du
mois de mars. Le département d'obstétrique de
l'hôpital de Shawville a fermé ses portes et les
futures mères ont dû descendre à Gatineau, à une
heure et demie de route en auto.
Cette désorganisation du système de santé
représente non seulement des inconvénients, mais
des dangers réels pour la santé des travailleurs
et des patients. C'est une situation impensable
dans une société moderne, d'où l'importance de
remonter à la source du problème et d'établir une
fois pour toutes ce qui empêche les travailleurs
de la santé de jouer pleinement leur rôle
et répondre aux besoins en santé de la
population.
Lors du récent bris de service aux soins
intensifs à l'hôpital de Gatineau, la responsable
du Centre intégré de santé et de services sociaux
de l'Outaouais (CISSSO) et le ministre responsable
de l'Outaouais n'ont fait que répéter que les
soins intensifs avaient été fermés en raison de
congés parentaux et de congés d'invalidité. Ils
n'ont pas expliqué pourquoi il n'y avait pas de
personnel disponible pour remplacer les personnes
en congé, comme cela doit se faire normalement. Le
matin de la reprise des services le
mercredi 16 septembre, le ministre de la
Santé a gazouillé « Bonne nouvelle... Malgré les
situations difficiles dans certaines régions, on
continue de trouver des solutions sur le
terrain. » C'est vraiment jouer au plus
malin, c'est le moins qu'on puisse dire. Rappelons
que lorsque les infirmières ont mis de l'avant le
problème de manque de personnel bien avant la
pandémie, le gouvernement leur avait reproché de
dire ce qui se passait vraiment « sur le
terrain » et avait même prétendu que le fait
de parler publiquement de leurs conditions de
travail décourageait la relève de se joindre au
système !
Avec la pandémie, et en grande partie en raison
des arrêtés ministériels, les employeurs s'en sont
donnés à coeur joie à limiter les vacances d'été
et les congés, imposer des transferts de
personnel, changer les horaires à la dernière
minute, imposer toutes sortes de quarts de travail
et d'autres mesures arbitraires. Sans oublier que
le travail supplémentaire obligatoire – des 16
heures en ligne et des 3 jours en ligne – est
devenu encore plus monnaie courante, dans des
conditions rendues encore plus difficiles avec la
COVID-19. Ainsi le manque de personnel infirmier
en raison des conditions déjà insupportables a été
aggravé menant à la démission de près de 800
infirmières.
La nécessité de s'opposer aux tentatives du
gouvernement du Québec de rabaisser le syndicat
des professionnelles de la santé et de semer le
doute sur les problèmes et les solutions à y
trouver devient incontournable. Récemment, la
FADOQ, la plus grande organisation d'aînés au
Québec, a exigé que le gouvernement Legault cesse
d'avoir recours au temps supplémentaire
obligatoire et que le ratio des professionnels de
la santé aux patients soit réduit. Elle fait
référence à une récente étude de Statistique
Canada qui confirme que la moyenne d'heures
supplémentaires travaillées par le personnel
infirmier a augmenté considérablement au Québec,
passant de 6,2 heures à 16,9 heures de
mai 2019 à mai 2020. Elle a déclaré que
« le gouvernement du Québec doit arrêter de jouer
à l'autruche, le travail jusqu'à l'épuisement est
une conséquence directe des problèmes de
ratios. » Elle souligne que des lois doivent
être adoptées pour qu'il en ressorte une relation
plus humaine entre les professionnels de la santé
et les patients, et que les soignants puissent
passer plus de temps avec les patients.
De telles prises de position s'imposent partout
au Québec pour affirmer haut et fort que les
travailleurs québécois et la population dans son
ensemble sont du côté des professionnels de la
santé et de tous les travailleurs de première
ligne et essentiels, et que les attaques
renouvelées contre leurs conditions de travail et
leur crédibilité ne seront plus tolérées.
(Photo: FIQ)
- Entrevue avec Denis Cloutier -
Manifestation des travailleurs de la santé devant
l'Assemblée nationale du Québec,
le 15 septembre 2020
Denis Cloutier est le président du Syndicat
des professionnelles en soins de
l'Est-de-l'Île-de-Montréal (FIQ SPS ESTIM).
Forum ouvrier : Quelles sont
les principales préoccupations du syndicat en ce
qui concerne la situation dans la santé ?
Denis Cloutier : Dans l'est de
Montréal, c'est certain que notre première
préoccupation en ce moment c'est la pénurie de
personnel qui est extrêmement sévère dans l'est de
Montréal.
La pandémie est venue amplifier le problème qui a
été causé par des années d'austérité libérale dont
les infirmières, les infirmières auxiliaires et
les inhalothérapeutes ont beaucoup souffert. Les
conditions étaient déjà très difficiles et la
pandémie est venue en rajouter. Ce qui se produit
dans le monde infirmier quand il y a une pénurie,
c'est que plus il manque de personnel plus il y a
d'inconvénients pour celles qui restent. Le
recours au temps supplémentaire obligatoire
(TSO) demeure le principal inconvénient que
puisse subir une infirmière. Dans l'est de
Montréal en particulier, à cause de plusieurs
facteurs, dont les conditions qui existaient avant
et évidemment la COVID-19, il y a eu beaucoup de
démissions. La pression a été augmentée sur celles
qui restent, ce qui a provoqué encore plus de TSO
et de déplacements. C'est un cercle vicieux.
Il faut aussi comprendre l'héritage qu'a laissé
le ministre de la santé du gouvernement libéral
Gaétan Barrette dans la façon dont il a
restructuré le régime de santé au Québec. Les
régions ont été très affectées par le problème de
l'employeur unique. C'est-à-dire le problème de la
fusion des établissements dans un CIUSSS (Centre intégré universitaire de
santé et de services sociaux) ou un CISSS
(Centre intégré de santé et de services sociaux)
qui est devenu l'employeur de tous les
établissements de santé dans la région. Montréal
est différent. Le ministre Barrette a créé
plusieurs exceptions pour Montréal. Il a créé des
établissements non fusionnés, des établissements
qui n'ont pas été incorporés dans des CIUSSS ou
des CISSS. Le fait que ces établissements sont non
fusionnés les rend très attractifs, car ils
offrent une meilleure stabilité pour ceux et
celles qui se cherchent un emploi. Certains de ces
établissements, comme le CHUM (Centre hospitalier
de l'Université de Montréal), sont de beaux
hôpitaux flambant neufs qui attirent le personnel.
Il n'y a pas de temps supplémentaire obligatoire
au CHUM. Il n'y a aucun CHSLD rattaché au CHUM,
contrairement aux CIUSSS et aux CISSS. Les gens y
travaillent dans des domaines à la fine pointe.
Nous dans l'est de Montréal, notre plus gros
hôpital c'est le Maisonneuve-Rosemont. C'est un
hôpital qui a eu une mauvaise publicité ces
dernières années à cause d'une pénurie de
personnel. C'est un hôpital qui tient
littéralement avec de la broche. C'est un hôpital
désuet qui est moins attractif. Sur notre
territoire il n'y a pas d'université. Il y a du
nouveau développement immobilier dans l'est de
Montréal, mais il y a seulement deux hôpitaux,
Maisonneuve-Rosemont et Santa Cabrini alors qu'il
y en a plusieurs dans le centre de la ville.
Toute cette spirale rend la pénurie de
main-d'oeuvre vraiment inquiétante. Mais la raison
principale demeure la surcharge de travail qui
occasionne du temps supplémentaire obligatoire.
C'est un phénomène qu'on voit à chaque jour, qui
crée des tensions et des souffrances énormes parmi
le personnel.
Un des facteurs principaux qui explique aussi la
pénurie de main-d'oeuvre, c'est l'utilisation des
arrêtés ministériels. Notre convention collective
n'est plus respectée depuis l'arrêté ministériel
du 21 mars qui est encore utilisé dans le
CIUSSS de l'est et qui a été utilisé pendant tout
l'été, qui est une période où on a eu une
accalmie. On peut s'imaginer comment ils
l'utilisent beaucoup quand on connaît une vague
d'infections, pour changer nos quarts de travail,
envoyer nos infirmières en CHSLD dans des quarts
de nuit, de soir, irréguliers de fin de semaine,
sans les consulter le moindrement. C'est un
sérieux bris de liberté pour nous.
On voit aussi une migration parmi nos membres
vers les agences privées de placement. C'est à se
demander si cela n'est pas encouragé de façon
délibérée par le gouvernement. Il faut noter
qu'avec l'arrêté ministériel, le gouvernement a
brisé notre convention collective, notre contrat
de travail, mais il n'a pas brisé le contrat de
travail des agences privées de placement. Si le
gouvernement cherchait à faire de la publicité
pour les agences privées, il ne s'y serait pas
pris autrement.
FO : Ces derniers temps, les
infirmières ont tenu plusieurs actions de
protestation dans les endroits de travail.
DC : Ces dernières années en
fait, il y a eu plusieurs actions de sit-in
d'infirmières de protestation contre leurs
mauvaises conditions de travail et ces actions
continuent. Tout récemment, il y a eu aussi des
actions dans les urgences, et même aux soins
intensifs et en cancérologie. Cela se produit
notamment quand une équipe de travailleuses
arrive, qui voit que sur le quart de travail
suivant il va manquer 5-6 personnes et donc
que 5-6 d'entre elles vont devoir rester en TSO,
et elles protestent pour que l'employeur trouve du
personnel pour le quart suivant. Il arrive aussi
que l'action est organisée par une équipe en
solidarité avec le quart qui la précède parce
qu'elles sont trop nombreuses à devoir rester en
temps supplémentaire obligatoire. Ce sont des
manifestations spontanées d'opposition à des
conditions de travail qui sont devenues
intolérables. C'est un signe que quelque chose est
sur le point d'éclater dans le réseau et si on se
fait frapper par une deuxième vague, c'est certain
qu'il y aura des bris de services.
FO : Quelles revendications
mettez-vous de l'avant pour changer la
situation ?
DC : Bien sûr il y a les
négociations avec le gouvernement en ce moment qui
pourraient améliorer notre situation si le
gouvernement accède à nos revendications.
Une solution à laquelle on croit beaucoup c'est
la valorisation du temps complet. Il y a beaucoup
de personnes qui se réfugient dans le temps
partiel dans le but d'éviter les conditions
intenables, notamment le temps supplémentaire
obligatoire qui est présentement imposé au
personnel à temps plein. La revendication de la
Fédération est de rendre le temps complet
attractif et d'entreprendre de rebâtir des
conditions de travail acceptables en instaurant
une prime de 12 % convertible en journée
chômée aux deux semaines. Il s'agirait de payer
une prime de 12 % à toutes les salariées
détenant un poste à temps complet ou affectées à
une assignation à temps complet. Cette prime
pourrait graduellement être convertie en journée
chômée afin d'atteindre une quinzaine de travail à
neuf jours travaillés plutôt que dix, où les
personnes à temps complet pourraient bénéficier
minimalement de deux jours de congé collés par
semaine comme le commun des mortels. Présentement
les temps complets travaillent dix jours sur deux
semaines, une fin de semaine sur deux, n'ont pas
deux jours de congé d'affilée l'autre semaine,
font en plus du temps supplémentaire, soit
volontaire, dans un contexte de grande pression,
ou carrément forcé, souvent n'ont pas droit aux
congés fériés. Cela devient invivable. Nous voyons
cela comme une façon de commencer à établir des
horaires réguliers pour améliorer les conditions
de travail et attirer les professionnelles en
soins vers le temps complet. Valoriser le temps
complet, cela veut aussi dire leur donner leurs
congés fériés. Réduire de manière substantielle le
temps supplémentaire obligatoire demeure une de
nos principales revendications. Toutes les
professionnelles en soins qui travaillent à temps
partiel devraient avoir la possibilité de devenir
salariées à temps complet, mais un temps complet
valorisé.
Pour nous, valoriser le temps complet c'est une
façon de valoriser le travail qui est fait par une
infirmière qui est prête à s'engager à maintenir
un statut à temps complet. Nous pensons que c'est
un début de solution pour en finir avec la
précarité d'emploi dans le réseau.
(Photos:FIQ)
L'Organisation mondiale de la
santé et l'UNICEF
Le 14 septembre, l'Organisation mondiale de
la santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour
l'enfance (UNICEF) ont publié un document
de 10 pages intitulé « Considérations
relatives aux mesures de santé publique en milieu
scolaire dans le contexte de la COVID-19 »
qui fournit des orientations sur les mesures de
santé publique liées aux écoles primaires et
secondaires dans le contexte de la pandémie de la
COVID-19, à un moment où les écoles de
l'hémisphère nord reprennent les cours sous une
forme ou une autre. Il remplace un précédent
document publié le 10 mai.
Le document énonce les principes généraux
suivants pour rouvrir les écoles et pour prévenir
et minimiser la transmission de la COVID-19 :
- assurer la continuité d'un apprentissage et
d'un développement éducatif et social
sécuritaires, adéquats et appropriés des enfants;
- minimiser le risque de transmission du
SARS-CoV-2 dans les établissements scolaires et
associés à l'école chez les enfants, les
enseignants et les autres membres du personnel
scolaire;
- se prémunir contre le potentiel des écoles à
devenir celles qui amplifient la transmission du
SARS-CoV-2 au sein des communautés;
- veiller à ce que les mesures de santé publique
et sociales liées à l'école soient intégrées et
soutiennent les mesures plus larges mises en
oeuvre au niveau communautaire.
Entre autres informations, le document fournit
les mesures suivantes sur la prévention et le
contrôle de la transmission de la COVID-19.
Distanciation physique à l'école
Les directives données pour la distanciation
physique dans les zones scolaires en plein air
sont de « maintenir une distance d'au moins 1
mètre pour les élèves (tous les groupes d'âge) et
le personnel, lorsque cela est possible ».
Dans les établissements scolaires, les directives
de distanciation physique sont basées sur la
situation épidémiologique dans la
communauté :
- en cas de transmission communautaire, une
distance d'au moins 1 mètre doit être
maintenue entre tous les individus (élèves de tous
âges et personnel) pour toutes les écoles
demeurées ouvertes;
Manifestation à Montréal pour une
réouverture sécuritaire des écoles,
le 23 août 2020
(A-H Nadeau)
|
- lorsque la transmission se produit sur la base
de grappes, les nouvelles directives stipulent qu
'« une approche fondée sur les risques doit être
appliquée pour maintenir une distance d'au
moins 1 mètre entre les élèves. Les avantages
de maintenir une distance de 1 mètre à
l'intérieur d'une classe doivent être soupesés par
rapport aux avantages sociaux, émotionnels,
développementaux et de santé mentale des
interactions entre enfants ». Les enseignants
et le personnel de soutien « devraient se tenir à
au moins 1 mètre les uns des autres et des
élèves. Lorsque le maintien d'une distance d'au
moins 1 mètre n'est pas pratique ou gêne le
soutien aux élèves, les enseignants et le
personnel de soutien doivent porter un
masque. »;
- là où il y a des cas sporadiques, il est
conseillé que les enfants de moins de 12 ans
ne soient pas tenus de garder une distance
physique à tout moment. Dans la mesure du
possible, les enfants âgés de 12 ans et plus
doivent se tenir à au moins un mètre l'un de
l'autre. Les enseignants et le personnel de
soutien aux élèves doivent se tenir à au moins un
mètre les uns des autres et des élèves. Lorsque
garder au moins un mètre de distance n'est pas
pratique ou gêne le soutien aux élèves, les
enseignants et le personnel de soutien doivent
porter un masque.
- dans les zones où il n'y a pas de cas de
transmission, les directives sont les mêmes que
lorsqu'il y a des cas sporadiques.
Bien que cela ne soit pas explicitement indiqué,
la dernière ligne directrice indique la nécessité
de faire preuve de prudence et de ne pas devenir
complaisant même si aucun cas n'a été détecté, car
de nouveaux cas pourraient facilement survenir
dans le contexte d'une pandémie mondiale où
certaines personnes sont des porteurs
asymptomatiques de la COVID-19, ce qui pourrait
causer des infections qui pourraient ensuite se
propager rapidement dans l'environnement scolaire.
La distanciation physique entre les groupes au
sein d'une école
Le document OMS/UNICEF fournit également des
conseils sur la manière de limiter la propagation
de la COVID-19 entre les groupes d'élèves d'une
école. Il propose que les écoles puissent
envisager :
- limiter le mélange des classes et des groupes
d'âge lors des activités scolaires et
parascolaires;
- des modalités de classe alternatives pour
limiter les contacts entre les différentes classes
lorsque l'espace et les ressources sont limités.
Par exemple, les heures de début et de fin de
différentes classes peuvent être décalées;
- modifier les horaires des écoles secondaires,
afin que certains élèves et enseignants
fréquentent l'école le matin, d'autres
l'après-midi, d'autres le soir. La même chose peut
être faite pour les repas et les pauses.
- augmenter le nombre d'enseignants ou avoir
recours au soutien de bénévoles, si possible, pour
permettre moins d'élèves par classe (si l'espace
est disponible);
- une approche organisée des périodes d'arrivée
et de prise en charge à l'école ou à la garderie
pour assurer le contrôle des foules, notamment
identifier clairement les entrées et les sorties,
avec des directions marquées pour la circulation à
pied, ainsi que des restrictions pour les parents
et les soignants qui entrent sur le campus de
l'école et dans les locaux;
- éduquer les élèves à ne pas se rassembler en
grands groupes ou à proximité lorsqu'ils font la
queue, lorsqu'ils quittent l'école et pendant leur
temps libre.
Ventilation
Les directives de l'OMS/UNICEF disent que les
autorités scolaires devraient :
- envisager d'utiliser la ventilation naturelle
(c'est-à-dire ouvrir les fenêtres si possible et
si cela est sécuritaire) pour augmenter la
dilution de l'air intérieur par l'air extérieur
lorsque les conditions environnementales et les
exigences du bâtiment le permettent;
- assurer une ventilation adéquate et augmenter
le débit d'air total dans les espaces occupés, si
possible;
- si des systèmes de chauffage, de ventilation et
de climatisation (CVC) sont utilisés, ils doivent
être régulièrement inspectés, entretenus et
nettoyés. Des normes rigoureuses d'installation et
d'entretien des systèmes de ventilation sont
essentielles pour garantir leur efficacité et leur
sécurité. Il en va de même pour la surveillance de
l'état des filtres. Si possible, augmenter la
filtration centrale de l'air au niveau le plus
élevé possible sans réduire considérablement le
débit d'air tel que conçu;
- pour les systèmes mécaniques, augmenter le
débit d'air total et le pourcentage d'air
extérieur, par exemple en utilisant les modes
d'économie de fonctionnement du CVC
(potentiellement jusqu'à 100 %).
Vérifier d'abord la compatibilité avec les
capacités du système CVC pour le contrôle de la
température et de l'humidité ainsi que la
compatibilité avec les considérations de qualité
de l'air extérieur/intérieur;
- désactiver les commandes de contrôle de la
ventilation (CCV) qui réduisent l'alimentation en
air en fonction de la température ou du taux
d'occupation;
- envisager de faire fonctionner le système CCV
avec un débit d'air extérieur maximal pendant deux
heures avant et après les heures d'occupation du
bâtiment, conformément aux recommandations du
fabricant.
L'hygiène et le nettoyage
En ce qui concerne l'hygiène et le nettoyage, les
lignes directrices commencent par souligner la
nécessité de s'assurer que tout le personnel et
les étudiants sont informés des mesures de
prévention des symptômes de la COVID-19 et de ce
qu'il faut faire en cas de malaise, de
l'utilisation de masques, de la mise à jour
régulière de la situation et de contrer les
informations trompeuses.
En termes de mesures pratiques, les lignes
directrices recommandées aux écoles sont de :
- créer un programme d'hygiène fréquente des
mains, en particulier pour les jeunes enfants,
spécifiquement à l'arrivée à l'école et à certains
moments clés de la routine scolaire;
- fournir suffisamment de savon et d'eau propre
ou de désinfectant à base d'alcool aux entrées de
l'école et dans toute l'école et dans les salles
de classe lorsque cela est possible;
- assurer la distanciation physique lorsque les
élèves attendent aux points d'hygiène des mains/de
lavage en mettant en place une signalisation au
sol;
- augmenter la fréquence du nettoyage régulier et
programmé de l'environnement scolaire et fournir
au personnel responsable du nettoyage des listes
de contrôle pour s'assurer que toutes les tâches
d'hygiène quotidiennes, ainsi que le nettoyage
nécessaire et l'équipement de protection
individuelle sont mis en place;
- évaluer ce qui peut être fait pour limiter le
risque d'exposition ou de contact physique direct
dans tous les milieux scolaires, y compris les
cours d'éducation physique, les sports, la musique
ou d'autres activités physiques et les terrains de
jeux, les piscines, les vestiaires, les
laboratoires scientifiques et informatiques, les
bibliothèques, les toilettes et les salles pour
prendre les repas;
- prévoir des postes d'hygiène des mains aux
entrées et sorties, établir une circulation à sens
unique des athlètes dans les installations et
limiter le nombre de personnes autorisées à la
fois dans les vestiaires;
- afficher des informations claires sur le nombre
de personnes autorisées à l'entrée des différents
locaux ou salle de l'école;
- mettre en place des mesures d'hygiène
respiratoire et d'hygiène des mains et de la
distanciation physique dans les transports tels
que les autobus scolaires.
Le dépistage et la gestion des élèves ou
membres du personnel malades
Lorsque le personnel et les élèves (et leurs
parents) vérifient eux-mêmes à savoir s'ils sont
malades et devraient aller à l'école, les lignes
directrices sont de pêcher par excès de prudence.
Il est recommandé aux écoles d'« appliquer la
politique 'Si vous ne vous sentez pas bien, restez
chez vous' pour les élèves, les enseignants ou le
personnel scolaire qui présentent une infection
potentielle à la COVID-19 et de les mettre en
contact avec les fournisseurs de soins de santé
locaux pour une évaluation, dépistage et
soins. » À cette fin, il est recommandé que
les écoles fournissent aux
parents/élèves/personnel une liste de contrôle en
vue du dépistage afin de décider s'ils peuvent
aller à l'école, en tenant dûment compte de
l'épidémiologie locale de la COVID-19. La liste de
contrôle doit inclure : les affections
médicales sous-jacentes ou vulnérabilités, afin de
protéger l'élève ou le membre du personnel ;
les maladies récentes ou symptômes évocateurs de
la COVID-19 afin d'éviter la propagation à
d'autres ; les circonstances particulières
dans le milieu familial, afin d'adapter le soutien
en fonction des besoins ;
Les directives recommandent également de renoncer
à l'obligation de fournir un certificat médical
pour être excusé d'une absence lorsqu'il existe
une transmission communautaire de la COVID-19.
Ceux qui ont été en contact avec un cas de la
COVID-19 devraient être mis en quarantaine
pendant 14 jours.
Lors d'une situation de cas positif à la COVID-19
parmi les élèves ou le personnel, les responsables
de l'école doivent en informer les autorités de
santé publique. Dans de tels cas, il devrait y
avoir un isolement rapide des cas, la recherche
immédiate des contacts et la mise en quarantaine
des contacts ; tout cela devrait être mis en
oeuvre tout en préservant la confidentialité,
ainsi que la décontamination des zones pertinentes
des écoles. En fonction de la politique nationale,
le confinement d'une salle de classe ou d'un
groupe dans une classe si le contact a été limité
à des groupes spécifiques peut être envisagé,
plutôt que de fermer toute l'école.
Autres informations
Le document OMS/UNICEF du 14 septembre
fournit également des informations et des
directives sur les enjeux suivants :
- communication avec les parents, les élèves, les
enseignants et le personnel de l'école;
- mesures supplémentaires liées à l'école lors de
la réouverture d'une école qui a été fermée;
- suivi des opérations scolaires;
- liste de contrôle pour l'évaluation de la
préparation à l'école;
- recherche sur la COVID-19 chez les enfants et
dans les écoles.
Le document conclut en disant : « Étant
donné que la plupart des pays ne lèvent que
lentement les restrictions aux activités et aux
rassemblements sociaux, les effets à long terme de
maintenir des écoles ouvertes sur la transmission
communautaire doivent encore être évalués. Cela
souligne l'importance d'une application rigoureuse
des mesures préventives lorsque le SARS-CoV-2
circule au sein de la communauté. »
Pour accéder au document complet (en anglais)
de 10 pages, cliquer
ici
(Traduit de l'original anglais
par Forum ouvrier)
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
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