Le syndicat des professionnelles en soins de santé affirme « Nous sommes la solution »
- Pierre Soublière -
Comme ailleurs au Québec, les professionnelles
en soins de l'Outaouais doivent faire des sit-in –
des refus de travailler dans bien des cas – en
raison du manque de personnel nécessaire pour
soigner les patients dans des conditions qui sont
sécuritaires à la fois pour la personne qui
dispense les soins et pour les patients.
L'incident le plus récent à avoir eu lieu en
raison de ce manque de personnel s'est produit à
l'hôpital de Gatineau avec la fermeture des soins
intensifs du 12 au 16 septembre. Pendant
cette fermeture, deux patients ont dû être
transportés à Montréal, un à l'hôpital à
Papineauville et un autre à l'hôpital de Maniwaki.
L'hôpital le moins éloigné dans ces circonstances
est à au moins une heure d'auto de Gatineau. Une
situation semblable s'est produite au début du
mois de mars. Le département d'obstétrique de
l'hôpital de Shawville a fermé ses portes et les
futures mères ont dû descendre à Gatineau, à une
heure et demie de route en auto.
Cette désorganisation du système de santé
représente non seulement des inconvénients, mais
des dangers réels pour la santé des travailleurs
et des patients. C'est une situation impensable
dans une société moderne, d'où l'importance de
remonter à la source du problème et d'établir une
fois pour toutes ce qui empêche les travailleurs
de la santé de jouer pleinement leur rôle
et répondre aux besoins en santé de la
population.
Lors du récent bris de service aux soins
intensifs à l'hôpital de Gatineau, la responsable
du Centre intégré de santé et de services sociaux
de l'Outaouais (CISSSO) et le ministre responsable
de l'Outaouais n'ont fait que répéter que les
soins intensifs avaient été fermés en raison de
congés parentaux et de congés d'invalidité. Ils
n'ont pas expliqué pourquoi il n'y avait pas de
personnel disponible pour remplacer les personnes
en congé, comme cela doit se faire normalement. Le
matin de la reprise des services le
mercredi 16 septembre, le ministre de la
Santé a gazouillé « Bonne nouvelle... Malgré les
situations difficiles dans certaines régions, on
continue de trouver des solutions sur le
terrain. » C'est vraiment jouer au plus
malin, c'est le moins qu'on puisse dire. Rappelons
que lorsque les infirmières ont mis de l'avant le
problème de manque de personnel bien avant la
pandémie, le gouvernement leur avait reproché de
dire ce qui se passait vraiment « sur le
terrain » et avait même prétendu que le fait
de parler publiquement de leurs conditions de
travail décourageait la relève de se joindre au
système !
Avec la pandémie, et en grande partie en raison
des arrêtés ministériels, les employeurs s'en sont
donnés à coeur joie à limiter les vacances d'été
et les congés, imposer des transferts de
personnel, changer les horaires à la dernière
minute, imposer toutes sortes de quarts de travail
et d'autres mesures arbitraires. Sans oublier que
le travail supplémentaire obligatoire – des 16
heures en ligne et des 3 jours en ligne – est
devenu encore plus monnaie courante, dans des
conditions rendues encore plus difficiles avec la
COVID-19. Ainsi le manque de personnel infirmier
en raison des conditions déjà insupportables a été
aggravé menant à la démission de près de 800
infirmières.
La nécessité de s'opposer aux tentatives du
gouvernement du Québec de rabaisser le syndicat
des professionnelles de la santé et de semer le
doute sur les problèmes et les solutions à y
trouver devient incontournable. Récemment, la
FADOQ, la plus grande organisation d'aînés au
Québec, a exigé que le gouvernement Legault cesse
d'avoir recours au temps supplémentaire
obligatoire et que le ratio des professionnels de
la santé aux patients soit réduit. Elle fait
référence à une récente étude de Statistique
Canada qui confirme que la moyenne d'heures
supplémentaires travaillées par le personnel
infirmier a augmenté considérablement au Québec,
passant de 6,2 heures à 16,9 heures de
mai 2019 à mai 2020. Elle a déclaré que
« le gouvernement du Québec doit arrêter de jouer
à l'autruche, le travail jusqu'à l'épuisement est
une conséquence directe des problèmes de
ratios. » Elle souligne que des lois doivent
être adoptées pour qu'il en ressorte une relation
plus humaine entre les professionnels de la santé
et les patients, et que les soignants puissent
passer plus de temps avec les patients.
De telles prises de position s'imposent partout
au Québec pour affirmer haut et fort que les
travailleurs québécois et la population dans son
ensemble sont du côté des professionnels de la
santé et de tous les travailleurs de première
ligne et essentiels, et que les attaques
renouvelées contre leurs conditions de travail et
leur crédibilité ne seront plus tolérées.
(Photo: FIQ)
Cet article est paru dans
Numéro 63 - Numéro 63 - 22 septembre 2020
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Le syndicat des professionnelles en soins de santé affirme « Nous sommes la solution » - Pierre Soublière
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