Forum ouvrier

Numéro 62 - 17 septembre 2020

Journée nationale d'action le 20 septembre

Exigeons le statut de résidence permanente pour tous et toutes

Lettre ouverte du Réseau des droits des migrants au gouvernement fédéral

Justice pour les travailleurs accidentés!
Une célébration des trois ans de la campagne « L'indemnisation des travailleurs est un droit! »

Opposition à la privatisation des services publics
Arrêtez et renversez la privatisation du travail d'entretien des véhicules du transport en commun à Calgary - Peggy Askin
Le syndicat de la Société de transport de Calgary appelle à la défense des droits des travailleurs et de l'intérêt public

Des actions contre la déréglementation de l'industrie du camionnage
Des camionneurs de la Colombie-Britannique manifestent pour protéger leur moyen de subsistance - Normand Chouinard


Journée nationale d'action le 20 septembre

Exigeons le statut de résidence permanente
pour tous et toutes


Action à Montréal pour exiger le « Statut pour tous et toutes ! », le 23 août 2020

Au Canada, plus de 1,6 million de personnes sont privées de leurs droits humains fondamentaux parce que le gouvernement du Canada refuse de faire son devoir et de garantir les droits de chaque être humain. Le 20 septembre, quelques jours avant la reprise des travaux du parlement fédéral, les organisations de défense des droits des migrants organisent une nouvelle journée d'action partout au Canada pour exiger que le Canada se modernise, entre dans le XXIe siècle, reconnaisse que tous les êtres humains ont des droits et accorde un statut à tous et toutes ! Tous et toutes devraient apporter leur soutien à ces actions. C'est une question de principe, de solidarité sociale ! Pour en savoir plus sur ces actions, cliquez ici.

Les migrations de masse de travailleurs dans le monde d'aujourd'hui sont dues principalement à l'asservissement du monde entier au système impérialiste d'États. Plus de 200 millions de travailleurs dans 40 pays, dont le Canada, sont des travailleurs migrants. Les envois de fonds de ces travailleurs migrants ont atteint un montant record de 554 milliards de dollars en 2019, permettant de subvenir aux besoins de 800 millions de membres de leur famille dans plus de 125 pays en développement. Des pays, comme les Philippines, soutiennent leur économie nationale par l'exportation de travailleurs qui sont exploités à l'étranger.

Les travailleurs migrants au Canada font partie de la classe ouvrière canadienne. Cependant, l'élite dirigeante a fabriqué des catégories de personnes basées sur des critères établis par l'État - les citoyens, les résidents permanents, les travailleurs étrangers temporaires à la recherche d'un statut permanent, les travailleurs étrangers temporaires n'ayant pas le droit de demander un statut permanent, les étudiants étrangers avec ou sans le droit de demander un statut permanent qui paient des sommes énormes pour étudier au Canada et ont le droit de travailler pendant leurs études, les travailleurs sans papiers sans statut juridique ou civil et autres. La division du peuple en ces catégories permet à l'élite dirigeante de surexploiter ceux et celles à qui l'on accorde moins de droits, une situation qui est aggravée par la pandémie de la COVID-19. Ces divisions servent à priver le peuple de la conscience de ce qui se passe, ce qui affaiblit la résistance de la classe ouvrière et sa capacité à défendre tous ses membres.

De telles divisions n'ont pas leur place dans une société moderne. Les définitions modernes ne reconnaissent qu'une seule humanité et les gouvernements à tous les niveaux ont le devoir de garantir les droits de tous et de toutes. Faisons entendre notre voix lors de la journée d'action du 20 septembre pour affirmer « un statut pour tous et toutes ! »

Notre sécurité est dans notre lutte pour les droits de tous et de toutes !
Personne n'est illégal !
Un statut pour tous et toutes !

(Photos : FO, C.T. Flook)

Haut de page


Lettre ouverte du Réseau des droits des migrants
au gouvernement fédéral


Action « Plein statut pour tous et toutes ! » à Toronto, le 23 août 2020

Le 14 septembre, le Réseau des droits des migrants a tenu une conférence de presse et publié une lettre ouverte dans laquelle il demande au gouvernement fédéral de normaliser le statut de tous les migrants et travailleurs sans papiers, réfugiés et étudiants étrangers. Déjà plus de 300 organisations - notamment des fédérations du travail provinciales, des syndicats, des organisations religieuses, des associations étudiantes et d'autres - ont signé cette lettre pour soutenir cette revendication.

La lettre ouverte déclare : « Nous, soussigné-e-s, nous joignons au Réseau des droits des migrants pour demander un statut d'immigration complet et permanent pour tous, sans exclusion. [...] Nous demandons un système d'immigration à un seul niveau, où chacun dans le pays a les mêmes droits. Tou-te-s les migrant-e-s, réfugié-e-s et sans-papiers présents dans le pays doivent être régularisés et bénéficier d'un statut d'immigration complet dès maintenant, sans exception. Tou-te-s les migrant-e-s qui arriveront à l'avenir doivent bénéficier d'un statut d'immigration complet et permanent. »

La lettre ouverte tient le système d'immigration fédéral responsable des conditions de travail et de vie inacceptables des 1,6 million de travailleurs sans papiers et migrants, de réfugiés et d'étudiants étrangers. Le statut d'immigration discriminatoire, lit-on dans la lettre, est « un outil pour diviser et monter les travailleuses et travailleurs les un-e-s contre les autres —- les citoyen-ne-s contre les non-citoyen-ne-s —- afin de maintenir les salaires bas et les profits élevés ». Un statut d'immigration complet pour tous et toutes est nécessaire pour la justice mondiale, pour la justice raciale et est « une étape essentielle vers l'élimination des inégalités sur le lieu de travail et nécessaire pour une transition vers une économie de soins juste et durable ».

Étaient présents à la conférence de presse du Réseau des droits des migrants, Patty Coates, présidente de la Fédération du travail de l'Ontario, Catherine Abreu du Réseau Action Climat, qui représente plus de 100 organisations qui luttent contre les changements climatiques, Jennifer Henry, directrice exécutive de KAIROS, un organisme oecuménique de dix églises et organisations religieuses, et Lindsey Bacigal, d'Indigenous Climate Action. Forum ouvrier a participé à la conférence de presse virtuelle.

Parmi les plus de 280 organisations qui appuient la lettre ouverte et exigent un statut d'immigration complet pour tous et toutes, on trouve les fédérations du travail de l'Alberta, de la Colombie-Britannique, du Manitoba, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l'Île-du-Prince-Édouard, de la Saskatchewan, du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest ; des syndicats des secteurs public et privé, notamment le Syndicat canadien de la fonction publique, le Syndicat national des employées et employés généraux, l'Union internationale des employés de service, Unifor, les Métallos, ainsi que des organisations de défense des libertés civiles, des associations étudiantes, des organisations religieuses, le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) et plusieurs autres groupes et organisations.

Pour le texte complet de la lettre ouverte et pour ajouter votre nom à la déclaration : Un statut d'immigration complet pour tous et toutes, consultez le site : migrantrights.ca/statut-pour-tous/

(Photos : FO, Alliance des travailleurs migrants pour le changement)

Haut de page


Justice pour les travailleurs accidentés!

Une célébration des trois ans de la campagne
« L'indemnisation des travailleurs est un droit! »

Le mois de septembre est le troisième anniversaire de la campagne « L'indemnisation des travailleurs est un droit ! » du Réseau ontarien des groupes de travailleurs accidentés (ONIWG). Pour souligner l'événement, l'ONIWG a organisé une célébration en ligne à laquelle plus de 65 personnes ont participé.

À cette occasion, l'ONIWG a mis de l'avant la revendication qu'avec la démission annoncée de l'actuel PDG de la Commission de la sécurité professionnelle et de l'assurance contre les accidents du travail (WSIB), Thomas Teahen, les travailleurs accidentés doivent avoir leur mot à dire sur qui va le remplacer et quelle devrait être sa description de tâches. La présidente de l'ONIWG, Janet Paterson, a lu à voix haute la description de tâches proposée par les travailleurs accidentés des différentes régions de la province et a encouragé tout le monde à signer une pétition appelant le gouvernement à donner aux travailleurs accidentés un mot à dire dans l'embauche du nouveau PDG.[1] Le comité de sélection du nouveau PDG doit inclure les personnes les plus affectées par ses décisions, les travailleurs accidentés de l'Ontario, a dit Janet.

L'événement en ligne a compris un diaporama soulignant les moments marquants de la campagne qui a été lancée lors d'une réunion publique le 11 septembre 2017, suivie le lendemain par une conférence de presse à Queen's Park à l'ouverture de la session d'automne de l'Assemblée législative de l'Ontario. Au cours des dernières trois années, l'ONIWG et ses alliés ont organisé des rassemblements, des piquetages et des actions de sensibilisation partout dans la province, parlé à plus de 70 députés, publié plusieurs numéros de leur journal, Justice pour les travailleurs accidentés, organisé les Tournées Cyclistes pour la justice et mené plusieurs autres activités. À l'automne 2018 seulement, ils ont organisé environ 30 réunions publiques dans différentes régions.

Au sujet de la campagne, le vice-président exécutif Willie Noiles a souligné que l'ONIWG a commencé à la préparer presqu'un an avant son lancement et a mobilisé dans la discussion des travailleurs accidentés de toute la province pour qu'ils parlent de leur vécu et mettent de l'avant les revendications principales pour lesquelles ils veulent se mobiliser. En mars 2017, l'ONIWG a réuni des groupes des quatre coins de la province et à la fin, après des mois de discussions et une liste initiale de 15 revendications, ils ont dégagé les principales revendications de la campagne. Ce sont : Aucune coupure sur la base d'emplois-fantômes ! ; Écoutez les professionnels de la santé traitants des travailleurs accidentés ! ; Arrêtez de couper les prestations en fonction de « conditions préexistantes » !

La campagne a été un facteur important de la mobilisation des travailleurs accidentés partout dans la province avec la formation de nouveaux groupes et des avances importantes pour mettre fin à la marginalisation des travailleurs accidentés et faire en sorte que leurs préoccupations soient celles de tous les travailleurs de l'Ontario. Entre autres, grâce au travail accompli par les travailleurs accidentés durant cette campagne, il y a maintenant un projet de loi d'initiative parlementaire devant l'Assemblée législative, le projet de loi 119 présenté par le NPD, qui vise à mettre fin à la pratique dite du « deeming » (qui assume que le travailleur accidenté a un emploi).

Patty Coates, la présidente de la Fédération du Travail de l'Ontario, a transmis ses salutations à la célébration et a dit que des changements au système d'indemnisation des travailleurs sont particulièrement urgents dans le contexte de la pandémie de la COVID-19. Elle a dénoncé le refus du gouvernement provincial d'appliquer le principe de la présomption, ce qui veut dire que les travailleurs de la santé et dans d'autres endroits de travail à risque élevé qui ont été infectés de la COVID-19 devaient être présumés avoir été infectés au travail et pouvoir recevoir leurs prestations d'accidentés de travail sans délai.

Sont aussi intervenus le docteur Giorgio Ilacqua, un ardent défenseur de la revendication que le WSIB doit écouter les médecins traitants des travailleurs accidentés, Wayne Harris, un travailleur des métiers de la construction accidenté, ainsi que Jessica Ponting. Celle-ci a parlé des conditions auxquelles font face les travailleurs migrants au Canada lorsqu'ils sont blessés au travail dans le cadre du Programme des travailleurs agricoles saisonniers.

L'ONIWG a aussi annoncé qu'il lancera une programmation d'orateurs le 8 octobre pour expliquer plus en détail les revendications de la campagne « L'indemnisation des travailleurs est un droit ! ». La première réunion en ligne traitera de la pratique du WSIB des emplois-fantômes et de la revendication d'y mettre fin.

Note

1.Pour lire et signer la pétition, cliquer ici.

(Photos, FO, ONIWG, TUAC)

Haut de page


Opposition à la privatisation des services publics

Arrêtez et renversez la privatisation
du travail d'entretien des véhicules
du transport en commun à Calgary

La Société de transport de Calgary a annoncé le 26 août que 110 travailleurs qui nettoient et ravitaillent le parc de véhicules de transport en commun de la ville seront mis à pied de façon permanente à la mi-octobre et que les travaux seront confiés à l'entrepreneur privé Bee-Clean.

Ces travailleurs ont travaillé en première ligne, assurant la propreté des autobus et des trains C, un service essentiel très important pour contenir la pandémie. « Est-ce ainsi que nous remercions nos travailleurs du transport en commun ?, a demandé Mike Mahar, président de la section locale 583 du Syndicat uni du transport (SUT). La ville de Calgary montre à quel point elle est ingrate envers les travailleurs dont le travail acharné et les actions ont dépassé tout ce qu'on pouvait attendre d'eux alors qu'ils ont assuré la sécurité de nos passagers au péril de leur propre sécurité. Pour eux, c'est une gifle au visage. »

La Société de transport de Calgary dit que cette sous-traitance est planifiée depuis deux ans. Elle a été temporairement interrompue en raison de la pandémie mais elle progresse à grand pas malgré un nombre croissant de cas positifs en Alberta. Le directeur intérimaire de la Société de transport de Calgary a déclaré qu'il s'agissait d'une « décision d'affaires ». « Je pense que l'un des avantages des services effectués en sous-traitance est que si nous constatons que nous voulons effectuer une tâche légèrement différente ou effectuer plus de nettoyage ou même moins, nous pouvons en fait changer le réglage beaucoup plus facilement que nous pouvons le faire avec des employés à temps plein », a-t-il dit.

À qui sert cette « décision d'affaires » ? Certainement pas aux travailleurs ou aux résidents de Calgary. Il y a eu 106,5 millions de voyages avec la Société de transport de Calgary en 2019, soit une moyenne de près de 300 000 voyages par jour, avec 1224 véhicules actifs dans la flotte. Avec autant de personnes qui empruntent les transports en commun, la Société de transport de Calgary refuse d'assumer sa responsabilité sociale de maintenir le transport en commun sécuritaire sous le couvert de « décision d'affaires » qui ne servent que des intérêts privés.

Cette « décision d'affaires » est non seulement irresponsable mais une attaque perfide contre les droits des travailleurs. Les travailleurs d'entretien et de nettoyage et leurs conditions de travail ne sont pas un cadran sur un appareil qui peut être réglé selon différents paramètres. Ce sont des êtres humains qui, dans ces conditions, protègent la santé et la sécurité de notre population. Les travailleurs du transport en commun se sont battus pour les conditions qu'ils ont obtenues, pour des salaires, des avantages sociaux et une qualité de vie au travail qu'ils méritent. Leur travail produit de la valeur et ceux qui font le travail ont droit à la sécurité, à des salaires, à des conditions de travail et à des avantages sociaux acceptables pour eux-mêmes, plutôt que de vivre une existence précaire avec des salaires sous le seuil de pauvreté.

Être guidée, comme c'est le cas de la ville de Calgary, par une idée fictive de réduction de coûts est très irresponsable et inacceptable. En plus de considérer le facteur humain comme un « coût », la sous-traitance ne fait qu'enrichir les propriétaires privés qui paient de bas salaires et imposent des conditions de travail si dures que le roulement est très élevé parmi les travailleurs qui ne sont pas formés adéquatement, qui sont sous-payés et qui sont victimes d'abus. C'est une fiction qui provient de la bouche de ceux qui ont le pouvoir de prendre des décisions aussi intéressées. Le conseil municipal de Calgary doit fournir un transport en commun sécuritaire. Lorsqu'elle entérine la sous-traitance, la ville dit ouvertement que ces arrangements permettront de tourner les coins ronds en ce qui concerne le nettoyage et la désinfection des autobus et des trains légers rapides de transport en commun, alors que le besoin de ces services est plus grand que jamais. Agir ainsi alors que les cas de COVID-19 augmentent rend le geste encore plus opportuniste et répréhensible.

Bee-Clean paiera les travailleurs responsables du nettoyage et du ravitaillement en carburant des autobus au salaire minimum de 15 dollars l'heure et de 18 dollars pour les opérateurs, a dit Mike Mahar. Il a dit à Forum ouvrier que la ville n'avait « que des problèmes » avec Bee-Clean qui possède déjà le contrat pour les abribus et les gares des trains C. Son bilan médiocre est déjà connu. Mahar a déclaré à CTV que Bee-Clean avait « un bilan terrible avec des milliers de plaintes enregistrées concernant des abribus et des gares sales et contaminés ». Cela préoccupe tous les Calgariens. C'est particulièrement irresponsable et dangereux lorsque des dizaines de milliers d'élèves qui prennent les autobus font déjà face à un retour à l'école non sécuritaire.

La Société de transport de Calgary prétend qu'elle « économisera » quelque 5 millions de dollars, une indication non seulement de salaires et de conditions de travail inacceptables, mais que le personnel sera également réduit pour permettre aux propriétaires privés de se remplir les poches. La sous-traitance du nettoyage des infrastructures publiques à des entreprises de nettoyage privées est de plus en plus courante et, dans de nombreux endroits, les travailleurs de ces entreprises luttent pour s'organiser dans des conditions très difficiles. Ces entreprises sont connues pour leurs très mauvaises conditions de travail. [1] Ces travailleurs auront-ils même un équipement de protection individuelle approprié ? Comment reviendront-ils à la maison lorsque leur quart de travail se terminera à 3 h du matin et que le transport en commun n'est pas disponible ?

Les travailleurs de l'industrie sont principalement des immigrants récents, souvent des travailleurs migrants qui travaillent dans des conditions de surexploitation. Dans de nombreux cas, les entreprises appellent les travailleurs des « entrepreneurs indépendants » afin de faire fi de la loi, de payer les travailleurs moins que le salaire minimum, de ne verser aucune cotisation à l'assurance-emploi ou au Régime de pensions du Canada au nom des travailleurs et de ne pas offrir de congés de maladie ni de prestations. Bee-Clean, par exemple, a enfreint les normes du travail à l'Université de l'Alberta pour ne pas avoir payé des heures supplémentaires et enfreint d'autres normes d'emploi. Ces travailleurs ont réussi à s'organiser en un syndicat.

De telles décisions sont prises au nom du « manque d'argent ». Mais ce « manque d'argent » pour les services publics existe parce que l'oligarchie financière refuse de payer pour les infrastructures publiques qu'elle utilise et qui profitent à ses activités d'affaires, y compris la fourniture de transports en commun pour que les travailleurs se rendent au travail et accèdent à leurs entreprises. La construction du transport en commun et d'autres infrastructures comme les routes publiques, les ponts, l'éducation publique, les soins de santé et les transports en commun, entre autres, y compris la recherche et le développement, est également une source de gros profits pour les riches. Les revenus provenant de l'activité économique que génère le transport en commun doivent être restitués afin de payer pour ces services.

Le conseil municipal doit être tenu responsable de cette décision répréhensible et de son abandon de sa responsabilité sociale. Tous, et les Calgariens en particulier, devraient se joindre à la campagne de la section locale 583 pour demander au conseil municipal de Calgary de revenir sur sa décision.

Note

1. Voir « Why the ‘invisible workers' cleaning up COVID-19 need better labour protection », CBC Radio, 3 avril 2020.

(Photos : FO, section 583 du SUT)

Haut de page


Le syndicat de la Société de transport de Calgary appelle à la défense des droits des travailleurs
et de l'intérêt public

La section locale 583 du Syndicat uni du transport (SUT) a lancé une campagne pour demander au conseil municipal de Calgary de renverser la décision de la Société de transport de Calgary de donner en sous-traitance le nettoyage et le ravitaillement des autobus et des trains légers (le C-Train). Le président de la section locale 583 du SUT Mike Mahar a dit que, depuis le début de la pandémie, les travailleurs des transports n'ont cessé de répondre à l'appel, ont préconisé des pratiques sécuritaires, se sont présentés au travail malgré la crainte de la COVID-19, et ont pris des mesures pour rendre le système sécuritaire. En faisant cela, ils ont défendu leurs droits et les droits de tous. Les travailleurs ont démontré qu'ils sont le facteur essentiel de l'économie.

Dans le bulletin de la section locale 583, Mike Mahar a écrit : « Pendant cinq mois, alors qu'entre 75 et 85 % du public a évité d'utiliser les transports en commun, vous avez réparé, désinfecté, planifié les horaires et opéré les transports en commun en tant que travailleurs de première ligne. Nous n'avons pas moins peur de contracter la COVID-9 que ceux qui ont choisi d'éviter le transport en commun. Les risques de conséquences sérieuses pour notre santé sont aussi grands pour nous qu'ils le sont pour ceux qui ont choisi d'éviter le transport en commun. Et pourtant, malgré ces craintes, vous avez continué d'aller au front.

« En tant que fraternité, alors que l'employeur a failli à la tâche, nous sommes intervenus. Nos actions ont joué un grand rôle pour que les transports en commun continuent de fonctionner là où l'employeur a failli à la tâche. Qu'on pense à son incapacité à fournir des bouteilles de désinfectant ou des masques aux individus lorsque l'Agence de gestion des urgences de Calgary (CEMA) a décrété le confinement, ou à la mauvaise décision de maintenir l'entrée dans les autobus par la porte d'en avant dans la première phase de la pandémie.

« Je me souviens de la première nuit de mars lorsque la CEMA a décrété une urgence locale. Nos préposés au service sont demeurés au travail jusqu'à 4 h 30 pour désinfecter les autobus. Cela s'est poursuivi pendant des semaines jusqu'à ce que la Société de transport de Calgary ajuste les horaires pour mieux refléter les demandes de services et a réassigne le personnel pour répartir le travail. Tout cela s'est produit alors même que les travailleurs étaient menacés de perdre à la sous-traitance ces mêmes emplois auxquels ils se dévouaient pour nous garder tous en sécurité. Arrêtez-vous une seconde pour penser à quel point ils ont le coeur lourd à la suite de cette décision. »

« Pendant ce temps, le Société de transport de Calgary ne fait pas que jouer avec la vie et le revenu de nos membres de l'entretien des lignes. Elle joue avec notre sécurité et avec celle du public. Elle joue même avec la continuité pourtant fragile du transport en commun pendant une pandémie...

« Cette pandémie est meurtrière. Qui se permet de décider de jouer avec les services de désinfection pendant une pandémie meurtrière ? Si notre système doit être fermé parce que Bee-Clean échoue à la tâche comme il l'a fait avec les abribus et les stations, les responsables seront pointés du doigt et ces doigts serons accusateurs. »

Les usagers du transport en commun de Calgary ont droit à
du transport sécuritaire !

La section locale 583 lance l'appel aux travailleurs et à tous les résidents de Calgary de faire entendre leur voix et de demander que le conseil municipal renverse cette décision imprudente.

« À partir de la mi-octobre, la même compagnie qui a échoué lamentablement à nettoyer nos abribus et nos stations - et reçu des milliers de plaintes pour son travail médiocre - nettoiera et entretiendra nos véhicules du transport en commun. Cela se produira alors qu'on s'attend à une deuxième vague et probablement à une recrudescence de cas de la COVID-19.

« À la différence d'un abribus sale que vous pouvez toujours éviter, cela va produire des véhicules mal entretenus et exposés à la contamination que vous devrez utiliser à moins d'emprunter d'autres formes de transport. Il ne s'agit pas seulement d'un problème d'endroit de travail mais de santé publique. Maintenir le transport en commun en activité pendant une urgence sanitaire publique a requis un grand effort d'équipe fourni par des milliers d'employés dévoués.

« Le système demeure extrêmement vulnérable et donner en sous-traitance la désinfection de ces véhicules pendant une pandémie meurtrière est une expérimentation imprudente et irresponsable qui met en péril les usagers du système. »

Les résidents de Calgary peuvent « Placer un appel » à leur conseiller municipal ou au maire Naheed Nenshi en se rendant sur le site Web de la section locale 583 du SUT. Le syndicat mène aussi une campagne d'envoi de lettres pour demander au conseil municipal de revenir sur sa décision.

« On peut bien sûr penser qu'un message signé par une seule personne n'aura pas d'impact », a dit Mike Mahar. « Mais lorsque plusieurs d'entre nous se mettent ensemble et que nous parlons d'une voix unifiée, cela FAIT une différence et le geste est remarqué. »

Haut de page


Des actions contre la déréglementation de l'industrie du camionnage

Des camionneurs de la Colombie-Britannique manifestent pour protéger leur moyen de subsistance

À la Fête du Travail, le 7 septembre, près de deux cent camionneurs, membres de l'Association des camionneurs unis (ACU) ont roulé en caravane pour ensuite se rassembler devant le bureau du commissaire des camions porte-conteneurs de la Colombie-Britannique sur la rue Cambie dans le centre-ville de Vancouver. Les camionneurs exigent que le commissaire applique les règlements qui interdisent la manutention de conteneurs « hors quai » par des camionneurs non accrédités à des tarifs beaucoup moins élevés. [1] Cela a mené à une perte d'emplois pour les camionneurs indépendants et les autres camionneurs qui travaillent dans les ports.

Pendant les années 1990, le gouvernement fédéral a déréglementé le transport à la demande des monopoles du transport. Les camionneurs syndiqués représentés par Unifor et les camionneurs propriétaires indépendants représentés par l'Association des camionneurs unis se battent pour leur moyen de subsistance et contre des conditions de travail précaires depuis plus de vingt ans. Une grève générale sur les quais a éclaté en 2005 et il y a eu des moyens de pression et des rassemblements en 2014. Le porte-parole de l'ACU Gagan Singh affirme que les mêmes conditions à l'origine des conflits de travail passés existent encore aujourd'hui.

Les activités hors quai qui ne sont pas réglementées sont source de sérieux problèmes pour les camionneurs. À la suite des actions des camionneurs en 2014, il y a eu une étude par Transports Canada, puis des négociations avec Unifor et l'ACU, qui ont mené au Plan d'action conjoint pour examiner le problème. Dans le rapport de Transports Canada de 2014, la question du travail hors quai est abordée : « Il est évident d'après les conversations tenues avec les intervenants que plusieurs déplacements de conteneurs sont effectués à l'extérieur des ports. Les taux par voyage hors quai varient considérablement, et il semble que les taux hors quai sont de beaucoup inférieurs aux taux du PE [Protocole d'entente]. Il nous a été signalé à maintes reprises au cours de nos discussions avec les camionneurs et les représentants de syndicat que les taux par voyage hors quai sont au moins 50 % inférieurs aux taux par voyage moyen, et que certains taux étaient aussi bas que 50 $ par conteneur et même aussi bas que 15 $ à 20 $ par conteneur. Il a également été signalé qu'une baisse généralisée des taux s'applique aux déplacements de conteneurs hors quai. »

Malgré les mesures mises en place dans le cadre du Plan d'action conjoint pour mieux contrôler et réglementer les opérations hors quai, la situation s'est détériorée. Dans une lettre du 27 août au ministre du Travail de la Colombie-Britannique Harry Bains, Gavin McGarrigle, le directeur de la région de l'Ouest d'Unifor, déclare : « L'intention du plan d'action conjoint de 2014 était de contrôler et réglementer tous les mouvements à quai et hors quai de conteneurs dans la vallée du bas Fraser, que ce soit par un employé ou par un camionneur indépendant, et nous croyons que les clauses de la Loi sur le camionnage à conteneurs et la réglementation qui l'accompagne sont claires à ce sujet... Les compagnies et les individus qui transportent des conteneurs maritimes hors quai sans se rapporter à un site portuaire évitent le régime d'accréditation et leurs tarifs sont inférieurs, ce qui mènera à l'effondrement des tarifs hors quai réglementés, lesquels étaient un élément clé du Plan d'action conjoint. »

Le bureau du commissaire du camionnage à conteneurs de la Colombie-Britannique a été créé en 2014 pour réglementer le secteur. L'ACU et Unifor soutiennent que le commissaire a l'autorité et la responsabilité d'appliquer les normes établies en 2014 par la Loi sur le camionnage à conteneurs et ses règlements, mais, selon Singh, ces règlements ne sont pas respectés par l'industrie et le bureau ne semble pas avoir l'intention d'assumer ses responsabilités. Les camionneurs non accrédités transportent des conteneurs hors quai dans la vallée du bas Fraser à des tarifs très inférieurs. Il en résulte que les règles du jeu ne sont pas les mêmes pour tout le monde puisque certains se moquent de la loi et des règlements en toute impunité.

Le commissaire Michael Crawford a contesté la déclaration de l'ACU qu'il y a violation de la loi. Il rejette aussi l'argument d'Unifor qu'il s'est formé un « marché noir ». Il a dit : « Le commissaire est habilité à réglementer et accréditer le travail des camions à conteneurs qui doivent accéder à un terminal maritime. Si une compagnie de camionnage doit avoir accès à un terminal maritime, elle doit avoir un permis et doit ensuite payer les tarifs de camionnage du commissaire pour les travaux à quai et hors quai. Les compagnies de camionnage qui font seulement du camionnage hors quai ne sont pas tenues d'avoir un permis, et ne sont pas soumises à la Loi sur le camionnage à conteneurs et à ses règlements. ». Dans les recommandations qu'il a faites en avril 2019, Crawford reconnaît qu'il « y a des compagnies accréditées qui sont propriétaires ou qui sont par ailleurs affiliées à des compagnies non accréditées et par conséquent en mesure de payer les tarifs réglementés pour les travaux à quai et des tarifs non réglementés pour les travaux hors quai. »

L'ACU soutient que le commissaire a la compétence pour intervenir. « Le commissaire ne respecte pas ses propres règlements et permet à des compagnies de contrevenir ouvertement à la loi », a dit Singh. « Il est temps de se faire entendre et de lutter contre ces injustices qui nuisent aux camionneurs de conteneurs. »

Au rassemblement du 7 septembre, les camionneurs ont exigé que leurs emplois soient protégés et se sont engagés à continuer leur lutte jusqu'à ce que leurs revendications soient satisfaites.


Note

1.À quai signifie une cour de conteneurs qui sont situés à l'intérieur d'un site portuaire. Les conteneurs sont déchargés des navires et transportés à la cour à quai et entreposés là jusqu'à ce que le receveur s'occupe de la livraison du cargo. Pour éviter des coûts élevés pour l'entreposage, les compagnies maritimes vont parfois plutôt transporter les conteneurs dans une cour hors quai avoisinante.

(Photos : FO)

Haut de page


(Pour voir les articles individuellement, cliquer sur le titre de l'article.)

PDF

NUMÉROS PRÉCÉDENTS | ACCUEIL

Site web:  www.pccml.ca   Email:  forumouvrier@cpcml.ca