Opposition à la privatisation des services publics

Arrêtez et renversez la privatisation du travail d'entretien des véhicules du transport en commun à Calgary

La Société de transport de Calgary a annoncé le 26 août que 110 travailleurs qui nettoient et ravitaillent le parc de véhicules de transport en commun de la ville seront mis à pied de façon permanente à la mi-octobre et que les travaux seront confiés à l'entrepreneur privé Bee-Clean.

Ces travailleurs ont travaillé en première ligne, assurant la propreté des autobus et des trains C, un service essentiel très important pour contenir la pandémie. « Est-ce ainsi que nous remercions nos travailleurs du transport en commun ?, a demandé Mike Mahar, président de la section locale 583 du Syndicat uni du transport (SUT). La ville de Calgary montre à quel point elle est ingrate envers les travailleurs dont le travail acharné et les actions ont dépassé tout ce qu'on pouvait attendre d'eux alors qu'ils ont assuré la sécurité de nos passagers au péril de leur propre sécurité. Pour eux, c'est une gifle au visage. »

La Société de transport de Calgary dit que cette sous-traitance est planifiée depuis deux ans. Elle a été temporairement interrompue en raison de la pandémie mais elle progresse à grand pas malgré un nombre croissant de cas positifs en Alberta. Le directeur intérimaire de la Société de transport de Calgary a déclaré qu'il s'agissait d'une « décision d'affaires ». « Je pense que l'un des avantages des services effectués en sous-traitance est que si nous constatons que nous voulons effectuer une tâche légèrement différente ou effectuer plus de nettoyage ou même moins, nous pouvons en fait changer le réglage beaucoup plus facilement que nous pouvons le faire avec des employés à temps plein », a-t-il dit.

À qui sert cette « décision d'affaires » ? Certainement pas aux travailleurs ou aux résidents de Calgary. Il y a eu 106,5 millions de voyages avec la Société de transport de Calgary en 2019, soit une moyenne de près de 300 000 voyages par jour, avec 1224 véhicules actifs dans la flotte. Avec autant de personnes qui empruntent les transports en commun, la Société de transport de Calgary refuse d'assumer sa responsabilité sociale de maintenir le transport en commun sécuritaire sous le couvert de « décision d'affaires » qui ne servent que des intérêts privés.

Cette « décision d'affaires » est non seulement irresponsable mais une attaque perfide contre les droits des travailleurs. Les travailleurs d'entretien et de nettoyage et leurs conditions de travail ne sont pas un cadran sur un appareil qui peut être réglé selon différents paramètres. Ce sont des êtres humains qui, dans ces conditions, protègent la santé et la sécurité de notre population. Les travailleurs du transport en commun se sont battus pour les conditions qu'ils ont obtenues, pour des salaires, des avantages sociaux et une qualité de vie au travail qu'ils méritent. Leur travail produit de la valeur et ceux qui font le travail ont droit à la sécurité, à des salaires, à des conditions de travail et à des avantages sociaux acceptables pour eux-mêmes, plutôt que de vivre une existence précaire avec des salaires sous le seuil de pauvreté.

Être guidée, comme c'est le cas de la ville de Calgary, par une idée fictive de réduction de coûts est très irresponsable et inacceptable. En plus de considérer le facteur humain comme un « coût », la sous-traitance ne fait qu'enrichir les propriétaires privés qui paient de bas salaires et imposent des conditions de travail si dures que le roulement est très élevé parmi les travailleurs qui ne sont pas formés adéquatement, qui sont sous-payés et qui sont victimes d'abus. C'est une fiction qui provient de la bouche de ceux qui ont le pouvoir de prendre des décisions aussi intéressées. Le conseil municipal de Calgary doit fournir un transport en commun sécuritaire. Lorsqu'elle entérine la sous-traitance, la ville dit ouvertement que ces arrangements permettront de tourner les coins ronds en ce qui concerne le nettoyage et la désinfection des autobus et des trains légers rapides de transport en commun, alors que le besoin de ces services est plus grand que jamais. Agir ainsi alors que les cas de COVID-19 augmentent rend le geste encore plus opportuniste et répréhensible.

Bee-Clean paiera les travailleurs responsables du nettoyage et du ravitaillement en carburant des autobus au salaire minimum de 15 dollars l'heure et de 18 dollars pour les opérateurs, a dit Mike Mahar. Il a dit à Forum ouvrier que la ville n'avait « que des problèmes » avec Bee-Clean qui possède déjà le contrat pour les abribus et les gares des trains C. Son bilan médiocre est déjà connu. Mahar a déclaré à CTV que Bee-Clean avait « un bilan terrible avec des milliers de plaintes enregistrées concernant des abribus et des gares sales et contaminés ». Cela préoccupe tous les Calgariens. C'est particulièrement irresponsable et dangereux lorsque des dizaines de milliers d'élèves qui prennent les autobus font déjà face à un retour à l'école non sécuritaire.

La Société de transport de Calgary prétend qu'elle « économisera » quelque 5 millions de dollars, une indication non seulement de salaires et de conditions de travail inacceptables, mais que le personnel sera également réduit pour permettre aux propriétaires privés de se remplir les poches. La sous-traitance du nettoyage des infrastructures publiques à des entreprises de nettoyage privées est de plus en plus courante et, dans de nombreux endroits, les travailleurs de ces entreprises luttent pour s'organiser dans des conditions très difficiles. Ces entreprises sont connues pour leurs très mauvaises conditions de travail. [1] Ces travailleurs auront-ils même un équipement de protection individuelle approprié ? Comment reviendront-ils à la maison lorsque leur quart de travail se terminera à 3 h du matin et que le transport en commun n'est pas disponible ?

Les travailleurs de l'industrie sont principalement des immigrants récents, souvent des travailleurs migrants qui travaillent dans des conditions de surexploitation. Dans de nombreux cas, les entreprises appellent les travailleurs des « entrepreneurs indépendants » afin de faire fi de la loi, de payer les travailleurs moins que le salaire minimum, de ne verser aucune cotisation à l'assurance-emploi ou au Régime de pensions du Canada au nom des travailleurs et de ne pas offrir de congés de maladie ni de prestations. Bee-Clean, par exemple, a enfreint les normes du travail à l'Université de l'Alberta pour ne pas avoir payé des heures supplémentaires et enfreint d'autres normes d'emploi. Ces travailleurs ont réussi à s'organiser en un syndicat.

De telles décisions sont prises au nom du « manque d'argent ». Mais ce « manque d'argent » pour les services publics existe parce que l'oligarchie financière refuse de payer pour les infrastructures publiques qu'elle utilise et qui profitent à ses activités d'affaires, y compris la fourniture de transports en commun pour que les travailleurs se rendent au travail et accèdent à leurs entreprises. La construction du transport en commun et d'autres infrastructures comme les routes publiques, les ponts, l'éducation publique, les soins de santé et les transports en commun, entre autres, y compris la recherche et le développement, est également une source de gros profits pour les riches. Les revenus provenant de l'activité économique que génère le transport en commun doivent être restitués afin de payer pour ces services.

Le conseil municipal doit être tenu responsable de cette décision répréhensible et de son abandon de sa responsabilité sociale. Tous, et les Calgariens en particulier, devraient se joindre à la campagne de la section locale 583 pour demander au conseil municipal de Calgary de revenir sur sa décision.

Note

1. Voir « Why the ‘invisible workers' cleaning up COVID-19 need better labour protection », CBC Radio, 3 avril 2020.

(Photos : FO, section 583 du SUT)


Cet article est paru dans

Numéro 62 - Numéro 62 - 17 septembre 2020

Lien de l'article:
Opposition à la privatisation des services publics: Arrêtez et renversez la privatisation du travail d'entretien des véhicules du transport en commun à Calgary - Peggy Askin


    

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