14 avril 2020
Le droit à la
santé en temps de pandémie
Fermeture
temporaire de l'usine
agroalimentaire d'Olymel
à Yamachiche au Québec
• Les
travailleurs
doivent avoir le mot final dans les
décisions qui
concernent
leur santé
Ce que les professionnels de la santé ont à dire
• Des infirmières
travaillant des deux côtés de
la frontière parlent en leur propre nom
- Enver Villamizar
• Les travailleurs de la
santé de
Nouvelle-Écosse demandent des assurances en ce
qui concerne
l'équipement de sécurité
• Les travailleurs de la
santé de la
Colombie-Britannique demandent d'être mieux
soutenus
#EdforMed
• Les travailleurs de
l'éducation appuient les
travailleurs de la santé
Fermeture temporaire de l'usine
agroalimentaire d'Olymel
à Yamachiche au Québec
- Normand Chouinard -
Le danger que la COVID-19 se répande dans les
grands
centres de production industrielle considérés
comme essentiels est déjà
devenu une réalité pour plusieurs usines
agroalimentaires. C'est le cas
entre autres des usines québécoises d'Olymel à
Yamachiche, Saint-Esprit
et F. Ménard à Ange Gardien, spécialisées dans
l'abattage de porc à
grande échelle ou encore celle d'Exceldor à
Saint-Bruno, spécialisée
dans la sur-transformation des produits de la
volaille, ou celle de
Viande du Breton à Rivière-du-Loup, un abattoir de
porc, pour ne nommer
que celles-là. Dans le cas de l'usine d'Olymel à
Yamachiche où
travaillent près de 1000 personnes, on
rapporte que plus
de 100 personnes ont été déclarées positives
au COVID-19 en
quelques jours. La haute direction de la compagnie
s'est vue contrainte
de cesser ses opérations dès le début de
l'épidémie dans l'usine, soit
quatre jours après qu'un premier employé ait reçu
un résultat positif
le 25 mars. Le porte-parole de l'entreprise
soutient que toutes
les recommandations de la Santé publique ont été
suivies à la lettre
concernant les procédures sécuritaires dans les
chaînes de production
de l'usine. Olymel se défend également en
prétendant que ses employés
ont pu contracter le virus à l'extérieur de
l'usine. L'usine devrait
graduellement reprendre ses activités le 14
avril sous la
supervision de la santé publique, après avoir
complété une quarantaine
de 15 jours.
Le syndicat des
employés de l'usine, la
section locale 1991P des Travailleurs unis de
l'alimentation et du
commerce (TUAC), et son délégué syndical en chef,
Janick Vallières,
affirment au contraire que beaucoup plus de
précautions auraient pu
être prises. Le syndicat soutient que l'entreprise
ne fait que suivre
le minimum recommandé par la Santé publique.
L'exécutif syndical avait
proposé des mesures supplémentaires pour améliorer
la distanciation
sociale et les mesures sanitaires, mais il
considère la réponse de la
direction comme étant décevante. Entre autres
mesures, le syndicat a
proposé d'interrompre la navette transportant des
travailleurs de
Montréal vers l'usine. Il faut savoir que dans ces
grandes usines de
production agroalimentaire situées généralement en
région, une grande
partie des travailleurs proviennent des grands
centres, en particulier
Montréal et Québec, et sont amenés via un service
d'autobus fourni par
l'entreprise. Ces autobus bondés de travailleurs
ne permettent pas la
distanciation sociale appropriée. Le syndicat a
donc proposé
d'interrompre ce service pour éviter la contagion
communautaire à
l'intérieur de l'usine.
Le syndicat a également proposé d'étendre la
production
sur sept jours. « Habituellement, on produit sur
deux quarts de travail
sur cinq jours. On proposait de mettre 500
travailleurs du lundi
au jeudi et 500 travailleurs du vendredi au
dimanche. En étalant
la production sur sept jours, on aurait eu moins
de travailleurs au
même moment afin de permettre la distanciation
sociale. Notre demande
n'a pas été analysée », a dit Janick
Vallières.
Le syndicat déplore également un manque de
transparence
de la compagnie. Selon Janick, le lien de
confiance est brisé et il
aurait aimé plus d'information sur les personnes
infectées, leur
département de travail et leur quart de travail,
pour être plus en
mesure de mener des enquêtes appropriées.
Rejoint
par Forum ouvrier, Martin Maurice,
président du syndicat des travailleurs et
travailleuses d'Olymel à
Vallée Jonction, affilié à la CSN, abonde dans le
même sens. Son
syndicat a proposé également plusieurs mesures de
distanciation sociale
sur les lignes de production et la compagnie n'a
rien fait à ce sujet.
Le syndicat avait également proposé de prendre la
température de chaque
employé, mais Olymel a également ignoré cette
demande. Il avait aussi
proposé des mesures précises pour les cafétérias
et les couloirs de
l'usine et bien d'autres mesures de distanciation.
Martin Maurice dit
être en contact constant avec la Santé publique
régionale et la haute
direction de l'usine. Mais il déplore que malgré
de beaux protocoles
bien écrits, les mesures ne sont pas appliquées ou
sont mal appliquées.
La position du syndicat est claire, selon Martin.
Les travailleurs
veulent poursuivre la production en autant que les
autorités de
l'entreprise appliquent à la lettre les mesures
strictes qui sont
nécessaires pour garantir leur sécurité.
La direction de la compagnie et son porte-parole
estiment avoir fait tout le nécessaire pour
endiguer l'épidémie. «
Quand on a vu qu'on avait neuf cas, on a fermé
l'usine avec la
collaboration de la Santé publique. On vit une
crise sanitaire
importante », a déclaré le porte-parole de
l'entreprise.
Questionné sur d'autres cas positifs dans les
usines d'Olymel, dont
celle nouvellement acquise de F.Ménard à Ange
Gardien dans la région de
Granby, le porte-parole a précisé que «
l'entreprise va continuer
d'évaluer la situation de jour en jour et prendra
d'autres mesures si
la situation l'exige ». Il a aussi dit
qu'Olymel a embauché deux
experts médicaux pour la guider dans ses décisions
et l'aider à mieux
faire face à la pandémie.
Ces nombreux cas d'infections à la COVID-19 dans
les
grands centres de production agroalimentaire ont
obligé la Santé
publique gouvernementale à réagir. Un protocole
spécifique pour ces
industries a été mis de l'avant. À ce sujet, le
porte-parole d'Olymel
affirme que « nous avons implanté de nouveaux
protocoles pour les
abattoirs en collaboration avec l'Institut
national de la santé
publique. Nous allons faire respecter la distance
de deux mètres quand
c'est possible. Des mesures de mitigation sont
prises en accord avec la
Santé publique comme l'installation de séparateurs
et le port de
casques avec visière. »
L'implantation de ce nouveau protocole est fait
par la
Santé publique en collaboration avec la direction
d'Olymel, avec
l'Agence canadienne d'inspection des aliments, la
Commission des
normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité
du travail (CNESST)
et le Syndicat des Travailleurs unis de
l'alimentation et du commerce
(TUAC).
Cette situation démontre l'importance de donner
tout
l'espace requis aux travailleurs directement
mobilisés dans la
production, dans ce cas-ci la production
agroalimentaire. Les mesures
qui sont nécessaires pour continuer les opérations
doivent provenir de
là où se fait le travail, c'est-à-dire du plancher
des usines. Les
protocoles qui doivent être mis en place doivent
être conformes aux
besoins directs des travailleurs et de leur
demande de travailler en
toute sécurité. Les experts de la Santé publique
et les autres agences
gouvernementales, de même que les cadres des
entreprises, peuvent tirer
les conclusions seulement en étant en contact
constant avec les
travailleurs directement sur la chaîne de
production. Tout doit être
mis en oeuvre pour faciliter ces échanges. Les
comités de santé et
sécurité existent pour que les travailleurs
fassent part de leurs
besoins et de leurs demandes directement aux gens
de la santé publique.
Les travailleurs maintiennent la production dans
le contexte de la
pandémie et c'est leur expérience directe qui va
démontrer la qualité
pratique d'un protocole pour éviter la propagation
du virus et
poursuivre la production et les activités de
l'usine.
La réouverture de l'usine de Yamachiche
le 14 avril
devrait se faire en trois étapes. La première
étape consiste à faire
entrer 100 employés pour l'abattage de la
viande le 14 avril.
La deuxième étape est de faire entrer le reste des
employés le
lendemain, soit le 15 avril dans le
département du découpage de la
viande et la troisième étape est d'évaluer le
retour possible des
travailleurs en provenance de Montréal. Mais, en
fin de compte,
l'expérience des travailleurs est que si tout se
résume à mettre un
protocole bien écrit sur un babillard ou ailleurs
sur le plancher de
l'usine, rien ne sera réglé et tout sera à
recommencer.
Ce que les professionnels de la
santé ont
à dire
- Enver Villamizar -
Beaucoup de choses ont été dites par les
dirigeants du
Canada et des États-Unis au sujet de la
circulation des biens et des
personnes dans le contexte de la pandémie de
COVID-19. Trump a retenu
des fournitures médicales et Trudeau et d'autres
élus du Canada ont
ouvertement ou indirectement menacé de limiter les
déplacements des
travailleurs de la santé canadiens oeuvrant
actuellement dans les
villes frontalières américaines. La chose est
présentée comme un combat
entre « redonner sa gloire à l'Amérique » et
défendre le Canada.
Comme l'a dit une infirmière vivant à Windsor et
travaillant au
Michigan lorsqu'elle a été interviewée à la radio
de la CBC : «
Deux mensonges ne font pas une vérité. »[1]
L'infirmière
Nikki
Hillis-Walters
a travaillé dans des hôpitaux à Windsor, en
Ontario et à Détroit, au Michigan. On lui a dit
qu'elle devait choisir
car les hôpitaux de l'Ontario ne veulent pas que
la COVID-19 soit
retransmise du Michigan aux hôpitaux de l'Ontario.
L'affaire est
présentée comme une mesure de protection du
Canada. Or, de nombreux
travailleurs de la santé du Canada travaillent aux
États-Unis à cause
du manque de travail et d'investissement dans la
santé au Canada. Nikki
Hillis-Walters a donc décidé de renoncer à son
emploi à Windsor, car
elle savait que son poste pouvait facilement être
comblé, et de
travailler à Détroit où le besoin était plus
grand. Lorsqu'on lui a
demandé pourquoi elle avait fait ce choix, elle a
répondu : «
C'est un peu le sens du nursing, le sens de devoir
répondre à
l'appel. » Plus tard, elle a ajouté : «
Je pense que nous
devons tous nous considérer comme des citoyens du
monde en ce moment.
Pas comme ‘Je suis canadienne, vous êtes
américaine'. » Elle a
également discuté du soutien qu'elle reçoit de la
communauté de Détroit
pour sa contribution.
Dans cette situation, les infirmières expriment
l'idée
que nous sommes une seule et même humanité qui
lutte pour les droits de
tous, en l'occurrence le droit à la santé. Les
gouvernements municipaux
de Windsor et d'autres villes frontalières ne
peuvent pas gérer cette
crise et ralentir la propagation sans garantir que
les droits des
travailleurs de la santé soient affirmés, quel que
soit leur lieu de
travail. Ceux qui travaillent aux États-Unis ont
besoin de sécurité et
de protection pour pouvoir apporter leur
contribution et ne pas
s'inquiéter d'aggraver la situation en rapportant
le virus à leurs
familles et communautés. Ce ne sont pas des
vecteurs, ce sont des êtres
humains avec des droits.
Cela signifie d'abord et avant tout que le
bien-être des
travailleurs de la santé doit être assuré. Ils ont
besoin d'un
hébergement et de nourriture pour ne pas avoir à
sortir dans la
communauté après avoir travaillé dans des
environnements infectés. Ils
ont besoin d'équipements et de protections
adéquats et d'un droit de
regard sur leurs salaires et leurs conditions de
travail afin de
pouvoir faire leur travail au mieux de leurs
capacités. Dans de
nombreux États frontaliers des États-Unis, les
infirmières et autres
travailleurs de la santé ne sont pas syndiqués et
sont susceptibles
d'être abandonnés à leur sort lorsqu'ils tombent
malades ou sont
blessés ou s'ils s'expriment publiquement sur leur
situation. Le
gouvernement canadien doit défendre ces
travailleurs de la santé au
lieu d'utiliser le service vital qu'ils
fournissent comme monnaie
d'échange.
Note
1. « Forced
to
pick
a side, this Canadian nurse decided to fight
COVID-19 in the
U.S. », As It Happens, 8
avril 2020.
Le Conseil des syndicats de la santé de
Nouvelle-Écosse, formé des cinq syndicats qui
représentent les
travailleurs de la santé qui assurent les soins
pendant la pandémie de
la COVID-19, demande au gouvernement et aux
employeurs de signer un
protocole de sécurité qui assure que les
travailleurs des premières
lignes sont protégés et appuyés pendant cette
période sans précédent.[1]
Dans son communiqué de presse du 3
avril,
le Syndicat des employés du gouvernement de la
Nouvelle-Écosse (NSGEU)
indique que le NSGEU, le Syndicat des infirmières
et infirmiers de la
Nouvelle-Écosse, le SCFP-Nouvelle-Écosse (
Syndicat canadien de la
fonction publique), Unifor, et l'Union
internationale des
opérateurs/ingénieurs (qui compte des paramédics
parmi ses membres),
ont produit un texte commun qui met de l'avant
cinq normes en ce qui
concerne les travailleurs de la santé des
premières lignes et les
équipements de protection individuelle (ÉPI) pour
traiter les patients
sur qui pèsent des soupçons ou une présomption de
COVID-19, ou qui sont
déclarés positifs. Le communiqué indique, en
partie :
« 1. Tous les travailleurs de la santé qui sont
dans un rayon de deux
mètres de patients sur qui pèsent des soupçons ou
une présomption de
COVID-19 ou qui sont déclarés positifs, doivent
avoir accès à des ÉPI
adéquats. Cela comprend l'accès à des masques
opératoires, des
respirateurs N-95 approuvés par le NIOSH
[l'Institut national américain
en santé et sécurité au travail] et ajustés au
visage, des gants, des
masques faciaux avec protection latérale (ou des
lunettes de
protection) et des blouses imperméables ou au
moins à l'épreuve des
liquides. Les employeurs s'engageront à informer
tous les travailleurs
de la santé sur l'utilisation sécuritaire de tous
les ÉPI et les
employés seront formés de manière adéquate sur ce
qu'il faut faire et
ne pas faire avec ces équipements pour travailler
en sécurité. Il
n'existe pas de consensus scientifique sur le
niveau approprié de
protection respiratoire des travailleurs de la
santé. Alors que de la
nouvelle recherche se développe chaque jour et
qu'il existe des
rapports divergents en ce qui concerne la
transmission dans l'air
ambiant, la meilleure protection, conformément au
principe de
précaution, est fournie par le respirateur N95.
[...]
« 2. Une évaluation du risque au point de service
(PCRA) doit être
effectuée avant chaque interaction avec un
patient. Le PCRA doit
comprendre la fréquence ou la probabilité que des
actes médicaux
produisant des aérosols (AGMP) soient requis de
manière routinière ou
ponctuelle. Si le travailleur de la santé
détermine, de manière
raisonnable, que des ÉPI spécifiques sont requis,
il doit avoir accès
aux ÉPI adéquats sur la base de son PCRA. Son
employeur ne doit pas lui
refuser cet équipement de manière déraisonnable,
et s'il lui refuse
l'équipement, le travailleur doit être déployé
dans un autre secteur.
« 3. Des précautions face à la transmission par
contact ou gouttelettes
doivent être utilisées par tous les travailleurs
de la santé dans
toutes leurs interactions avec des patients sur
qui pèsent des soupons
ou une présomption de COVID-19 ou qui sont
déclarés positifs. Les
précautions face à la transmission par contact ou
gouttelettes
comprennent des gants, des masques faciaux ou des
lunettes de
protection, des blouses et des masques
opératoires.
« 4. Des masques N95 doivent être utilisés par
tous les travailleurs de
la santé dans la salle où des
actes médicaux sont effectués, sont fréquents ou
probables, ou avec
tous les patients intubés [ces
procédures comprennent notamment la ventilation
manuelle, la
réanimation cardio-pulmonaire et la ventilation
oscillatoire à haute
fréquence - Note de FO.] [...]
5. Les employeurs et les syndicats qui ont préparé
ce texte évalueront
de manière continue la quantité d'ÉPI disponibles.
Les employeurs
s'engagent à continuer d'explorer toutes les
avenues possibles pour
obtenir et maintenir un approvisionnement
suffisant. Dans les cas où
l'approvisionnement en ÉPI atteint un point où
l'approvisionnement
existant ne va durer que 30 jours (i.e. une
situation de pénurie), ou
que le taux d'utilisation indique qu'une pénurie
est à prévoir, les
employeurs prendront la responsabilité de
développer des plans
d'urgence en consultation avec les syndicats et
les Comités conjoints
de santé et sécurité existants afin d'assurer la
sécurité de tous les
travailleurs de la santé. »
Le président du NSGEU, Jason MacLean, a expliqué à
Forum ouvrier
pourquoi un tel protocole est nécessaire et doit
être signé par le
gouvernement et les employeurs.
« Nous n'avons pas été capables d'avoir des
conversations fructueuses
avec le premier ministre, le médecin hygiéniste en
chef ou le ministère
de la Santé, et nous devons nous assurer qu'ils
sont sur la même
longueur d'onde que nous parce que nous croyons
que nous devons
protéger les travailleurs de la santé pour qu'ils
soient là pour nous
si nous avons besoin d'eux », a-t-il dit. « En
plus, le gouvernement
cherche à inciter des gens à se porter volontaires
pour aller dans
d'autres endroits et essaie d'engager plus de
travailleurs de la santé,
mais il ne va attirer personne si les ÉPI adéquats
ne sont pas fournis.
Selon nous, ce que le gouvernement fait à l'heure
actuelle, qui est le
strict minimum, n'est pas suffisant. Nous voulons
que le gouvernement
et les employeurs apposent leur signature et
acceptent que les
travailleurs puissent juger eux-mêmes s'ils ont
besoin d'un équipement
approprié. Cette déclaration représente tout ce en
quoi nous croyons et
nous voulons que le gouvernement y participe »,
a-t-il ajouté.
Notes
1. Pour lire le communiqué
commun
des cinq syndicats de la santé, cliquer ici
En
Colombie-Britannique, certaines
mesures ont été prises pour assurer du personnel
en nombre suffisant
dans les établissements de soins de longue durée,
un secteur durement
touché par la pandémie de la COVID-19. Le 26
mars, des mesures ont
été prises pour limiter les travailleurs en soins
de longue durée à un
seul établissement, tout en protégeant leurs
postes et avantages
sociaux dans les autres établissements où ils
travaillaient avant cette
restriction. Cependant, les travailleurs de soins
de longue durée ne
représentent qu'une partie des travailleurs de la
santé touchés par la
pandémie et des milliers d'autres ont encore
besoin de soutien.
Le Syndicat des employés d'hôpitaux (SEH)
représente la
majorité des travailleurs, à l'exception des
techniciens, des
infirmières et des médecins, dans les hôpitaux de
la province, à la
fois ceux qui travaillent pour les autorités
sanitaires et ceux qui
travaillent pour les multinationales qui
obtiennent par contrat
l'entretien ménager et les services alimentaires
dans la plus grande
partie de la province. Le 4 avril, le
syndicat a envoyé une lettre
à l'Association des employeurs en santé de la
Colombie-Britannique
(HEABC) dans laquelle il décrit les mesures de
soutien dont les
travailleurs de la santé ont un besoin urgent pour
pouvoir s'acquitter
de leurs responsabilités envers les résidents de
la province.
La lettre mentionne entre autres que :
« Notre système de santé n'a jamais connu une
crise de
l'ampleur de la pandémie COVID-19. Et il n'y a
jamais eu de moment où
il était plus évident qu'il fallait une équipe
entière de travailleurs
de la santé pour prodiguer des soins et du soutien
aux
Britanno-Colombiens. Mais cette crise sanitaire
met également en
évidence de nombreuses inégalités dans le
traitement des travailleurs
dans l'ensemble du système.
« Ce défi sans précédent en santé publique a mis
en
évidence la nature fragmentée de la prestation des
soins de santé dans
notre province : la prestation de services et
les relations de
travail complexes au sein des autorités
sanitaires, une myriade
d'opérateurs ne faisant pas partie de l'HEABC et
une myriade de
conventions collectives parmi les sous-traitants
des autorités
sanitaires.
« C'est un problème qui a évolué au cours des
vingt
dernières années, et avec ces changements viennent
de profondes
inégalités dans le traitement des travailleurs,
avec des salaires et
des avantages sociaux très variables d'un site à
l'autre.
« Et comme nous l'avons tous vécu ces dernières
semaines, mettre en place une réponse coordonnée
du système de santé à
la pandémie, notamment en termes d'affectation et
de redéploiement des
travailleurs, est extrêmement difficile dans ces
circonstances.
« Cela a certainement contribué à l'anxiété et à
la
confusion que vivent nos membres alors qu'ils
travaillent aux premières
lignes de la pandémie et se préparent à ce qui
nous attend. Le monde
change pour chaque travailleur de la santé.
[....]
« Les travailleurs ont peur d'être exposés au
virus au
travail ou de le ramener dans leur famille.
« Ils font face à de longues heures de travail et
se
retrouvent face à des étagères vides à l'épicerie
à la fin de leur
quart de travail.
« Souvent, ils ne peuvent pas quitter leur unité
ou leur
lieu de travail pour aller se chercher de la
nourriture pendant leurs
pauses, ou ne peuvent pas apporter de nourriture
au travail parce qu'il
n'y a nulle part où l'entreposer.
« On leur dit d'apporter au travail des vêtements
de
rechange et de ramener leurs vêtements de travail
à la maison dans un
sac scellé à laver. Mais dans de nombreux cas, la
buanderie de leur
immeuble a été fermée pour des raisons de santé
publique et il n'y a
pas de buanderie ouverte dans leur quartier.
« Le transport est devenu plus difficile et
beaucoup ont
dû prendre d'autres dispositions pour se rendre au
travail, ou devront
faire face à des coûts de transport
supplémentaires lorsque les
ordonnances pour un seul site seront mises en
place.
« Les travailleurs peuvent également avoir besoin
de
trouver une autre place où se loger et de prendre
d'autres dispositions
pour la garde des enfants et des personnes âgées.
« Les membres du SEH comprennent qu'ils sont
essentiels
pour aider les patients, les résidents et les
autres travailleurs à
rester en sécurité dans cette crise. Ils font
preuve d'une grande
résilience face à cette pandémie.
« Mais bon nombre de ces travailleurs ont vu leur
salaire, leurs avantages sociaux et leurs
conditions de travail décimés
au cours des années de privatisation, de
sous-traitance et de
démantèlement. L'ironie qu'ils sont soudainement
essentiels à la lutte
contre la COVID-19 ne leur échappe pas- - pas plus
que la décision de
HEABC de remettre une prime généreuse uniquement
aux infirmières.
« Les employeurs du secteur de la santé et le
gouvernement peuvent apporter un soutien matériel
aux travailleurs qui
nous aident à traverser cette crise de plusieurs
manières :
- fournir des indemnités de repas
améliorées, comme celles de la convention
collective de la FBA
[Facilities Bargaining Association], et les
accorder à chaque quart de
travail et à chaque travailleur ;
- fournir ou augmenter les allocations pour les
uniformes afin que les travailleurs puissent
acheter des chaussures et
des vêtements. Fournir des repas aux travailleurs
qui ne peuvent pas
quitter leur unité pendant leur quart de
travail ;
- s'occuper du problème des frais de transport
pour les
travailleurs qui ont besoin de parcourir de plus
longues distances ou
de prendre des taxis ;
- mettre en oeuvre une « allocation de soutien
face à la
pandémie de la COVID-19 pour les travailleurs de
la santé » qui
aiderait les travailleurs à répondre à leurs
besoins particuliers.
« Nous croyons que les employeurs et le
gouvernement
doivent fournir un soutien aux travailleurs de
première ligne qui
luttent contre cette pandémie. Ce soutien doit
être étendu à tous les
travailleurs des organismes de santé et
communautaires, quel que soit
l'employeur. Une étape nécessaire consiste à
renforcer les dispositions
relatives aux congés de maladie.
« Il y a d'autres inégalités qui doivent être
corrigées.
Les femmes de ménage dans les hôpitaux sont
essentielles pour maintenir
nos établissements exempts de virus. Pourtant,
dans nos grands
hôpitaux, elles sont moins payées aujourd'hui
qu'elles ne l'étaient
pendant la crise du SRAS il y a 17 ans, un
résultat de la
privatisation. Les travailleurs de l'alimentation
ont des salaires de
misère qui ne sont pas viables. »
Des mesures d'urgence sont nécessaires pour
garantir la
santé et la sécurité de tous les travailleurs de
la santé et de leurs
familles dans les conditions de la pandémie. Des
mesures permanentes
seront également nécessaires pour mettre fin à la
privatisation et aux
mauvais traitements du personnel de la santé dont
le rôle essentiel
doit être reconnu par des gestes concrets.
#EdforMed
L'appel suivant est publié sur la
page
Facebook du Balado l'Éducation est un droit :
Un appel à tous les enseignants, les travailleurs
de
l'éducation et les étudiants -- Joignez-vous à
#EdforMed !
Le vendredi de chaque semaine dans l'esprit de
#RedforEd, alors que nous sommes dans cette
pandémie, nous vous
encourageons à faire entendre votre voix pour le
droit aux soins de
santé, ce qui signifie respecter les droits de
ceux qui les
fournissent ! Nous l'appelons
#EdforMed ! (L'éducation en
appui à la médecine)
Demandez aux gouvernements de fournir de
l'équipement de
protection approprié, des salaires acceptables,
des conditions de
travail sécuritaires et de l'hébergement à tous
ceux qui sont en
première ligne pour sauver des vies et faire
rouler notre économie.
Qu'ils travaillent ici ou voyagent
quotidiennement aux
États-Unis, les droits de nos travailleurs de la
santé doivent être
respectés par les gouvernements à tous les
niveaux, non seulement en
paroles mais en actes.
Montrons que nous sommes fiers comme éducateurs
des
travailleurs de la santé dévoués que nous avons
aidé à former. Nos
conditions de travail étaient leurs conditions
d'apprentissage en tant
qu'étudiants, et maintenant leurs conditions de
travail sont les
conditions de vie de tous. Joignez-vous au
mouvement et prenez
position !
Que pouvez-vous faire ?
- partagez ce message sur les réseaux sociaux.
- utilisez le hashtag #EdforMed
- faites de l'image montrant la pomme avec le
slogan
#EdforMed votre photo de profil !
- faites du bruit avec des casseroles à 19 h
ou 19 h 30 pour montrer votre appui.
- conduisez jusqu'à l'établissement de santé le
plus
proche et klaxonnez, applaudissez et faites du
bruit pour les
travailleurs de la santé lors de leur changement
de quart de travail.
(Les changements de quarts dans les hôpitaux sont
souvent à 15
h 00 et 19 h 00. Si vous pouvez
être près d'un
établissement dans votre voiture de l'autre côté
de la rue ou près du
stationnement des employés de 14 h 30
à 15 h 00 ou
de 18 h 30 à 19 h 00) vous
pourrez saluer ceux qui
entrent pour commencer leur quart de travail et
ceux qui le terminent.)
- Prenez les choses en main, concevez d'autres
moyens et
partagez-les avec nous !
Une vidéo a été produite avec des photos et
d'autres images que les travailleurs de
l'éducation et leurs familles ont envoyées pour
exprimer leur appréciation aux travailleurs de la
santé et leur appui à leur lutte pour des
conditions de travail sécuritaires. On peut
visionner la vidéo sur la page Facebook du Balado
l'Éducation est un droit en cliquant
ici.
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
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