Forum ouvrier

14 avril 2020

Le droit à la santé en temps de pandémie


Fermeture temporaire de l'usine agroalimentaire d'Olymel
à Yamachiche au Québec

Les travailleurs doivent avoir le mot final dans les décisions qui concernent
leur santé


Ce que les professionnels de la santé ont à dire

Des infirmières travaillant des deux côtés de la frontière parlent en leur propre nom - Enver Villamizar
Les travailleurs de la santé de Nouvelle-Écosse demandent des assurances en ce qui concerne l'équipement de sécurité
Les travailleurs de la santé de la Colombie-Britannique demandent d'être mieux soutenus

#EdforMed
Les travailleurs de l'éducation appuient les travailleurs de la santé


Fermeture temporaire de l'usine agroalimentaire d'Olymel
à Yamachiche au Québec

Les travailleurs doivent avoir le mot final dans les décisions qui concernent leur santé

Le danger que la COVID-19 se répande dans les grands centres de production industrielle considérés comme essentiels est déjà devenu une réalité pour plusieurs usines agroalimentaires. C'est le cas entre autres des usines québécoises d'Olymel à Yamachiche, Saint-Esprit et F. Ménard à Ange Gardien, spécialisées dans l'abattage de porc à grande échelle ou encore celle d'Exceldor à Saint-Bruno, spécialisée dans la sur-transformation des produits de la volaille, ou celle de Viande du Breton à Rivière-du-Loup, un abattoir de porc, pour ne nommer que celles-là. Dans le cas de l'usine d'Olymel à Yamachiche où travaillent près de 1000 personnes, on rapporte que plus de 100 personnes ont été déclarées positives au COVID-19 en quelques jours. La haute direction de la compagnie s'est vue contrainte de cesser ses opérations dès le début de l'épidémie dans l'usine, soit quatre jours après qu'un premier employé ait reçu un résultat positif le 25 mars. Le porte-parole de l'entreprise soutient que toutes les recommandations de la Santé publique ont été suivies à la lettre concernant les procédures sécuritaires dans les chaînes de production de l'usine. Olymel se défend également en prétendant que ses employés ont pu contracter le virus à l'extérieur de l'usine. L'usine devrait graduellement reprendre ses activités le 14 avril sous la supervision de la santé publique, après avoir complété une quarantaine de 15 jours.

Le syndicat des employés de l'usine, la section locale 1991P des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC), et son délégué syndical en chef, Janick Vallières, affirment au contraire que beaucoup plus de précautions auraient pu être prises. Le syndicat soutient que l'entreprise ne fait que suivre le minimum recommandé par la Santé publique. L'exécutif syndical avait proposé des mesures supplémentaires pour améliorer la distanciation sociale et les mesures sanitaires, mais il considère la réponse de la direction comme étant décevante. Entre autres mesures, le syndicat a proposé d'interrompre la navette transportant des travailleurs de Montréal vers l'usine. Il faut savoir que dans ces grandes usines de production agroalimentaire situées généralement en région, une grande partie des travailleurs proviennent des grands centres, en particulier Montréal et Québec, et sont amenés via un service d'autobus fourni par l'entreprise. Ces autobus bondés de travailleurs ne permettent pas la distanciation sociale appropriée. Le syndicat a donc proposé d'interrompre ce service pour éviter la contagion communautaire à l'intérieur de l'usine.

Le syndicat a également proposé d'étendre la production sur sept jours. « Habituellement, on produit sur deux quarts de travail sur cinq jours. On proposait de mettre 500 travailleurs du lundi au jeudi et 500 travailleurs du vendredi au dimanche. En étalant la production sur sept jours, on aurait eu moins de travailleurs au même moment afin de permettre la distanciation sociale. Notre demande n'a pas été analysée », a dit Janick Vallières.

Le syndicat déplore également un manque de transparence de la compagnie. Selon Janick, le lien de confiance est brisé et il aurait aimé plus d'information sur les personnes infectées, leur département de travail et leur quart de travail, pour être plus en mesure de mener des enquêtes appropriées.

Rejoint par Forum ouvrier, Martin Maurice, président du syndicat des travailleurs et travailleuses d'Olymel à Vallée Jonction, affilié à la CSN, abonde dans le même sens. Son syndicat a proposé également plusieurs mesures de distanciation sociale sur les lignes de production et la compagnie n'a rien fait à ce sujet. Le syndicat avait également proposé de prendre la température de chaque employé, mais Olymel a également ignoré cette demande. Il avait aussi proposé des mesures précises pour les cafétérias et les couloirs de l'usine et bien d'autres mesures de distanciation. Martin Maurice dit être en contact constant avec la Santé publique régionale et la haute direction de l'usine. Mais il déplore que malgré de beaux protocoles bien écrits, les mesures ne sont pas appliquées ou sont mal appliquées. La position du syndicat est claire, selon Martin. Les travailleurs veulent poursuivre la production en autant que les autorités de l'entreprise appliquent à la lettre les mesures strictes qui sont nécessaires pour garantir leur sécurité.

La direction de la compagnie et son porte-parole estiment avoir fait tout le nécessaire pour endiguer l'épidémie. « Quand on a vu qu'on avait neuf cas, on a fermé l'usine avec la collaboration de la Santé publique. On vit une crise sanitaire importante », a déclaré le porte-parole de l'entreprise. Questionné sur d'autres cas positifs dans les usines d'Olymel, dont celle nouvellement acquise de F.Ménard à Ange Gardien dans la région de Granby, le porte-parole a précisé que « l'entreprise va continuer d'évaluer la situation de jour en jour et prendra d'autres mesures si la situation l'exige ». Il a aussi dit qu'Olymel a embauché deux experts médicaux pour la guider dans ses décisions et l'aider à mieux faire face à la pandémie.

Ces nombreux cas d'infections à la COVID-19 dans les grands centres de production agroalimentaire ont obligé la Santé publique gouvernementale à réagir. Un protocole spécifique pour ces industries a été mis de l'avant. À ce sujet, le porte-parole d'Olymel affirme que « nous avons implanté de nouveaux protocoles pour les abattoirs en collaboration avec l'Institut national de la santé publique. Nous allons faire respecter la distance de deux mètres quand c'est possible. Des mesures de mitigation sont prises en accord avec la Santé publique comme l'installation de séparateurs et le port de casques avec visière. »

L'implantation de ce nouveau protocole est fait par la Santé publique en collaboration avec la direction d'Olymel, avec l'Agence canadienne d'inspection des aliments, la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et le Syndicat des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC).

Cette situation démontre l'importance de donner tout l'espace requis aux travailleurs directement mobilisés dans la production, dans ce cas-ci la production agroalimentaire. Les mesures qui sont nécessaires pour continuer les opérations doivent provenir de là où se fait le travail, c'est-à-dire du plancher des usines. Les protocoles qui doivent être mis en place doivent être conformes aux besoins directs des travailleurs et de leur demande de travailler en toute sécurité. Les experts de la Santé publique et les autres agences gouvernementales, de même que les cadres des entreprises, peuvent tirer les conclusions seulement en étant en contact constant avec les travailleurs directement sur la chaîne de production. Tout doit être mis en oeuvre pour faciliter ces échanges. Les comités de santé et sécurité existent pour que les travailleurs fassent part de leurs besoins et de leurs demandes directement aux gens de la santé publique. Les travailleurs maintiennent la production dans le contexte de la pandémie et c'est leur expérience directe qui va démontrer la qualité pratique d'un protocole pour éviter la propagation du virus et poursuivre la production et les activités de l'usine.

La réouverture de l'usine de Yamachiche le 14 avril devrait se faire en trois étapes. La première étape consiste à faire entrer 100 employés pour l'abattage de la viande le 14 avril. La deuxième étape est de faire entrer le reste des employés le lendemain, soit le 15 avril dans le département du découpage de la viande et la troisième étape est d'évaluer le retour possible des travailleurs en provenance de Montréal. Mais, en fin de compte, l'expérience des travailleurs est que si tout se résume à mettre un protocole bien écrit sur un babillard ou ailleurs sur le plancher de l'usine, rien ne sera réglé et tout sera à recommencer.

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Ce que les professionnels de la santé ont à dire

Des infirmières travaillant des deux côtés de la frontière parlent en leur propre nom

Beaucoup de choses ont été dites par les dirigeants du Canada et des États-Unis au sujet de la circulation des biens et des personnes dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Trump a retenu des fournitures médicales et Trudeau et d'autres élus du Canada ont ouvertement ou indirectement menacé de limiter les déplacements des travailleurs de la santé canadiens oeuvrant actuellement dans les villes frontalières américaines. La chose est présentée comme un combat entre « redonner sa gloire à l'Amérique » et défendre le Canada. Comme l'a dit une infirmière vivant à Windsor et travaillant au Michigan lorsqu'elle a été interviewée à la radio de la CBC : « Deux mensonges ne font pas une vérité. »[1]

L'infirmière Nikki Hillis-Walters a travaillé dans des hôpitaux à Windsor, en Ontario et à Détroit, au Michigan. On lui a dit qu'elle devait choisir car les hôpitaux de l'Ontario ne veulent pas que la COVID-19 soit retransmise du Michigan aux hôpitaux de l'Ontario. L'affaire est présentée comme une mesure de protection du Canada. Or, de nombreux travailleurs de la santé du Canada travaillent aux États-Unis à cause du manque de travail et d'investissement dans la santé au Canada. Nikki Hillis-Walters a donc décidé de renoncer à son emploi à Windsor, car elle savait que son poste pouvait facilement être comblé, et de travailler à Détroit où le besoin était plus grand. Lorsqu'on lui a demandé pourquoi elle avait fait ce choix, elle a répondu : « C'est un peu le sens du nursing, le sens de devoir répondre à l'appel. » Plus tard, elle a ajouté : « Je pense que nous devons tous nous considérer comme des citoyens du monde en ce moment. Pas comme ‘Je suis canadienne, vous êtes américaine'. » Elle a également discuté du soutien qu'elle reçoit de la communauté de Détroit pour sa contribution.

Dans cette situation, les infirmières expriment l'idée que nous sommes une seule et même humanité qui lutte pour les droits de tous, en l'occurrence le droit à la santé. Les gouvernements municipaux de Windsor et d'autres villes frontalières ne peuvent pas gérer cette crise et ralentir la propagation sans garantir que les droits des travailleurs de la santé soient affirmés, quel que soit leur lieu de travail. Ceux qui travaillent aux États-Unis ont besoin de sécurité et de protection pour pouvoir apporter leur contribution et ne pas s'inquiéter d'aggraver la situation en rapportant le virus à leurs familles et communautés. Ce ne sont pas des vecteurs, ce sont des êtres humains avec des droits.

Cela signifie d'abord et avant tout que le bien-être des travailleurs de la santé doit être assuré. Ils ont besoin d'un hébergement et de nourriture pour ne pas avoir à sortir dans la communauté après avoir travaillé dans des environnements infectés. Ils ont besoin d'équipements et de protections adéquats et d'un droit de regard sur leurs salaires et leurs conditions de travail afin de pouvoir faire leur travail au mieux de leurs capacités. Dans de nombreux États frontaliers des États-Unis, les infirmières et autres travailleurs de la santé ne sont pas syndiqués et sont susceptibles d'être abandonnés à leur sort lorsqu'ils tombent malades ou sont blessés ou s'ils s'expriment publiquement sur leur situation. Le gouvernement canadien doit défendre ces travailleurs de la santé au lieu d'utiliser le service vital qu'ils fournissent comme monnaie d'échange.

Note

1. « Forced to pick a side, this Canadian nurse decided to fight COVID-19 in the U.S. », As It Happens, 8 avril 2020.

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Les travailleurs de la santé de Nouvelle-Écosse demandent des assurances en ce qui concerne l'équipement de sécurité

Le Conseil des syndicats de la santé de Nouvelle-Écosse, formé des cinq syndicats qui représentent les travailleurs de la santé qui assurent les soins pendant la pandémie de la COVID-19, demande au gouvernement et aux employeurs de signer un protocole de sécurité qui assure que les travailleurs des premières lignes sont protégés et appuyés pendant cette période sans précédent.[1]

Dans son communiqué de presse du 3 avril, le Syndicat des employés du gouvernement de la Nouvelle-Écosse (NSGEU) indique que le NSGEU, le Syndicat des infirmières et infirmiers de la Nouvelle-Écosse, le SCFP-Nouvelle-Écosse ( Syndicat canadien de la fonction publique), Unifor, et l'Union internationale des opérateurs/ingénieurs (qui compte des paramédics parmi ses membres), ont produit un texte commun qui met de l'avant cinq normes en ce qui concerne les travailleurs de la santé des premières lignes et les équipements de protection individuelle (ÉPI) pour traiter les patients sur qui pèsent des soupçons ou une présomption de COVID-19, ou qui sont déclarés positifs. Le communiqué indique, en partie :

« 1. Tous les travailleurs de la santé qui sont dans un rayon de deux mètres de patients sur qui pèsent des soupçons ou une présomption de COVID-19 ou qui sont déclarés positifs, doivent avoir accès à des ÉPI adéquats. Cela comprend l'accès à des masques opératoires, des respirateurs N-95 approuvés par le NIOSH [l'Institut national américain en santé et sécurité au travail] et ajustés au visage, des gants, des masques faciaux avec protection latérale (ou des lunettes de protection) et des blouses imperméables ou au moins à l'épreuve des liquides. Les employeurs s'engageront à informer tous les travailleurs de la santé sur l'utilisation sécuritaire de tous les ÉPI et les employés seront formés de manière adéquate sur ce qu'il faut faire et ne pas faire avec ces équipements pour travailler en sécurité. Il n'existe pas de consensus scientifique sur le niveau approprié de protection respiratoire des travailleurs de la santé. Alors que de la nouvelle recherche se développe chaque jour et qu'il existe des rapports divergents en ce qui concerne la transmission dans l'air ambiant, la meilleure protection, conformément au principe de précaution, est fournie par le respirateur N95. [...]

« 2. Une évaluation du risque au point de service (PCRA) doit être effectuée avant chaque interaction avec un patient. Le PCRA doit comprendre la fréquence ou la probabilité que des actes médicaux produisant des aérosols (AGMP) soient requis de manière routinière ou ponctuelle. Si le travailleur de la santé détermine, de manière raisonnable, que des ÉPI spécifiques sont requis, il doit avoir accès aux ÉPI adéquats sur la base de son PCRA. Son employeur ne doit pas lui refuser cet équipement de manière déraisonnable, et s'il lui refuse l'équipement, le travailleur doit être déployé dans un autre secteur.

« 3. Des précautions face à la transmission par contact ou gouttelettes doivent être utilisées par tous les travailleurs de la santé dans toutes leurs interactions avec des patients sur qui pèsent des soupons ou une présomption de COVID-19 ou qui sont déclarés positifs. Les précautions face à la transmission par contact ou gouttelettes comprennent des gants, des masques faciaux ou des lunettes de protection, des blouses et des masques opératoires.

« 4. Des masques N95 doivent être utilisés par tous les travailleurs de la santé dans la salle où des
actes médicaux sont effectués, sont fréquents ou probables, ou avec tous les patients intubés [ces procédures comprennent notamment la ventilation manuelle, la réanimation cardio-pulmonaire et la ventilation oscillatoire à haute fréquence - Note de FO.] [...]

5. Les employeurs et les syndicats qui ont préparé ce texte évalueront de manière continue la quantité d'ÉPI disponibles. Les employeurs s'engagent à continuer d'explorer toutes les avenues possibles pour obtenir et maintenir un approvisionnement suffisant. Dans les cas où l'approvisionnement en ÉPI atteint un point où l'approvisionnement existant ne va durer que 30 jours (i.e. une situation de pénurie), ou que le taux d'utilisation indique qu'une pénurie est à prévoir, les employeurs prendront la responsabilité de développer des plans d'urgence en consultation avec les syndicats et les Comités conjoints de santé et sécurité existants afin d'assurer la sécurité de tous les travailleurs de la santé. »

Le président du NSGEU, Jason MacLean, a expliqué à Forum ouvrier pourquoi un tel protocole est nécessaire et doit être signé par le gouvernement et les employeurs.

« Nous n'avons pas été capables d'avoir des conversations fructueuses avec le premier ministre, le médecin hygiéniste en chef ou le ministère de la Santé, et nous devons nous assurer qu'ils sont sur la même longueur d'onde que nous parce que nous croyons que nous devons protéger les travailleurs de la santé pour qu'ils soient là pour nous si nous avons besoin d'eux », a-t-il dit. « En plus, le gouvernement cherche à inciter des gens à se porter volontaires pour aller dans d'autres endroits et essaie d'engager plus de travailleurs de la santé, mais il ne va attirer personne si les ÉPI adéquats ne sont pas fournis. Selon nous, ce que le gouvernement fait à l'heure actuelle, qui est le strict minimum, n'est pas suffisant. Nous voulons que le gouvernement et les employeurs apposent leur signature et acceptent que les travailleurs puissent juger eux-mêmes s'ils ont besoin d'un équipement approprié. Cette déclaration représente tout ce en quoi nous croyons et nous voulons que le gouvernement y participe », a-t-il ajouté.

Notes

1. Pour lire le communiqué commun des cinq syndicats de la santé, cliquer ici

(Photo: Fédération canadienne des syndicats d'infirmières/infirmiers)

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Les travailleurs de la santé de la Colombie-Britannique demandent d'être mieux soutenus

En Colombie-Britannique, certaines mesures ont été prises pour assurer du personnel en nombre suffisant dans les établissements de soins de longue durée, un secteur durement touché par la pandémie de la COVID-19. Le 26 mars, des mesures ont été prises pour limiter les travailleurs en soins de longue durée à un seul établissement, tout en protégeant leurs postes et avantages sociaux dans les autres établissements où ils travaillaient avant cette restriction. Cependant, les travailleurs de soins de longue durée ne représentent qu'une partie des travailleurs de la santé touchés par la pandémie et des milliers d'autres ont encore besoin de soutien.

Le Syndicat des employés d'hôpitaux (SEH) représente la majorité des travailleurs, à l'exception des techniciens, des infirmières et des médecins, dans les hôpitaux de la province, à la fois ceux qui travaillent pour les autorités sanitaires et ceux qui travaillent pour les multinationales qui obtiennent par contrat  l'entretien ménager et les services alimentaires dans la plus grande partie de la province. Le 4 avril, le syndicat a envoyé une lettre à l'Association des employeurs en santé de la Colombie-Britannique (HEABC) dans laquelle il décrit les mesures de soutien dont les travailleurs de la santé ont un besoin urgent pour pouvoir s'acquitter de leurs responsabilités envers les résidents de la province.

La lettre mentionne entre autres que :

« Notre système de santé n'a jamais connu une crise de l'ampleur de la pandémie COVID-19. Et il n'y a jamais eu de moment où il était plus évident qu'il fallait une équipe entière de travailleurs de la santé pour prodiguer des soins et du soutien aux Britanno-Colombiens. Mais cette crise sanitaire met également en évidence de nombreuses inégalités dans le traitement des travailleurs dans l'ensemble du système.

« Ce défi sans précédent en santé publique a mis en évidence la nature fragmentée de la prestation des soins de santé dans notre province : la prestation de services et les relations de travail complexes au sein des autorités sanitaires, une myriade d'opérateurs ne faisant pas partie de l'HEABC et une myriade de conventions collectives parmi les sous-traitants des autorités sanitaires.

« C'est un problème qui a évolué au cours des vingt dernières années, et avec ces changements viennent de profondes inégalités dans le traitement des travailleurs, avec des salaires et des avantages sociaux très variables d'un site à l'autre.

« Et comme nous l'avons tous vécu ces dernières semaines, mettre en place une réponse coordonnée du système de santé à la pandémie, notamment en termes d'affectation et de redéploiement des travailleurs, est extrêmement difficile dans ces circonstances.

« Cela a certainement contribué à l'anxiété et à la confusion que vivent nos membres alors qu'ils travaillent aux premières lignes de la pandémie et se préparent à ce qui nous attend. Le monde change pour chaque travailleur de la santé.

[....]

« Les travailleurs ont peur d'être exposés au virus au travail ou de le ramener dans leur famille.

« Ils font face à de longues heures de travail et se retrouvent face à des étagères vides à l'épicerie à la fin de leur quart de travail.

« Souvent, ils ne peuvent pas quitter leur unité ou leur lieu de travail pour aller se chercher de la nourriture pendant leurs pauses, ou ne peuvent pas apporter de nourriture au travail parce qu'il n'y a nulle part où l'entreposer.

« On leur dit d'apporter au travail des vêtements de rechange et de ramener leurs vêtements de travail à la maison dans un sac scellé à laver. Mais dans de nombreux cas, la buanderie de leur immeuble a été fermée pour des raisons de santé publique et il n'y a pas de buanderie ouverte dans leur quartier.

« Le transport est devenu plus difficile et beaucoup ont dû prendre d'autres dispositions pour se rendre au travail, ou devront faire face à des coûts de transport supplémentaires lorsque les ordonnances pour un seul site seront mises en place.

« Les travailleurs peuvent également avoir besoin de trouver une autre place où se loger et de prendre d'autres dispositions pour la garde des enfants et des personnes âgées.

« Les membres du SEH comprennent qu'ils sont essentiels pour aider les patients, les résidents et les autres travailleurs à rester en sécurité dans cette crise. Ils font preuve d'une grande résilience face à cette pandémie.

« Mais bon nombre de ces travailleurs ont vu leur salaire, leurs avantages sociaux et leurs conditions de travail décimés au cours des années de privatisation, de sous-traitance et de démantèlement. L'ironie qu'ils sont soudainement essentiels à la lutte contre la COVID-19 ne leur échappe pas- - pas plus que la décision de HEABC de remettre une prime généreuse uniquement aux infirmières.

« Les employeurs du secteur de la santé et le gouvernement peuvent apporter un soutien matériel aux travailleurs qui nous aident à traverser cette crise de plusieurs manières :

- fournir des indemnités de repas améliorées, comme celles de la convention collective de la FBA [Facilities Bargaining Association], et les accorder à chaque quart de travail et à chaque travailleur ;

- fournir ou augmenter les allocations pour les uniformes afin que les travailleurs puissent acheter des chaussures et des vêtements. Fournir des repas aux travailleurs qui ne peuvent pas quitter leur unité pendant leur quart de travail ;

- s'occuper du problème des frais de transport pour les travailleurs qui ont besoin de parcourir de plus longues distances ou de prendre des taxis ;

- mettre en oeuvre une « allocation de soutien face à la pandémie de la COVID-19 pour les travailleurs de la santé » qui aiderait les travailleurs à répondre à leurs besoins particuliers.

« Nous croyons que les employeurs et le gouvernement doivent fournir un soutien aux travailleurs de première ligne qui luttent contre cette pandémie. Ce soutien doit être étendu à tous les travailleurs des organismes de santé et communautaires, quel que soit l'employeur. Une étape nécessaire consiste à renforcer les dispositions relatives aux congés de maladie.

« Il y a d'autres inégalités qui doivent être corrigées. Les femmes de ménage dans les hôpitaux sont essentielles pour maintenir nos établissements exempts de virus. Pourtant, dans nos grands hôpitaux, elles sont moins payées aujourd'hui qu'elles ne l'étaient pendant la crise du SRAS il y a 17 ans, un résultat de la privatisation. Les travailleurs de l'alimentation ont des salaires de misère qui ne sont pas viables. »

Des mesures d'urgence sont nécessaires pour garantir la santé et la sécurité de tous les travailleurs de la santé et de leurs familles dans les conditions de la pandémie. Des mesures permanentes seront également nécessaires pour mettre fin à la privatisation et aux mauvais traitements du personnel de la santé dont le rôle essentiel doit être reconnu par des gestes concrets.

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#EdforMed

Les travailleurs de l'éducation appuient
les travailleurs de la santé

L'appel suivant est publié sur la page Facebook du Balado l'Éducation est un droit :

Un appel à tous les enseignants, les travailleurs de l'éducation et les étudiants -- Joignez-vous à #EdforMed !

Le vendredi de chaque semaine dans l'esprit de #RedforEd, alors que nous sommes dans cette pandémie, nous vous encourageons à faire entendre votre voix pour le droit aux soins de santé, ce qui signifie respecter les droits de ceux qui les fournissent ! Nous l'appelons #EdforMed ! (L'éducation en appui à la médecine)

Demandez aux gouvernements de fournir de l'équipement de protection approprié, des salaires acceptables, des conditions de travail sécuritaires et de l'hébergement à tous ceux qui sont en première ligne pour sauver des vies et faire rouler notre économie.

Qu'ils travaillent ici ou voyagent quotidiennement aux États-Unis, les droits de nos travailleurs de la santé doivent être respectés par les gouvernements à tous les niveaux, non seulement en paroles mais en actes.

Montrons que nous sommes fiers comme éducateurs des travailleurs de la santé dévoués que nous avons aidé à former. Nos conditions de travail étaient leurs conditions d'apprentissage en tant qu'étudiants, et maintenant leurs conditions de travail sont les conditions de vie de tous. Joignez-vous au mouvement et prenez position !

Que pouvez-vous faire ?

- partagez ce message sur les réseaux sociaux.

- utilisez le hashtag #EdforMed

- faites de l'image montrant la pomme avec le slogan #EdforMed votre photo de profil !

- faites du bruit avec des casseroles à 19 h ou 19 h 30 pour montrer votre appui.

- conduisez jusqu'à l'établissement de santé le plus proche et klaxonnez, applaudissez et faites du bruit pour les travailleurs de la santé lors de leur changement de quart de travail. (Les changements de quarts dans les hôpitaux sont souvent à 15 h 00 et 19 h 00. Si vous pouvez être près d'un établissement dans votre voiture de l'autre côté de la rue ou près du stationnement des employés de 14 h 30 à 15 h 00 ou de 18 h 30 à 19 h 00) vous pourrez saluer ceux qui entrent pour commencer leur quart de travail et ceux qui le terminent.)

- Prenez les choses en main, concevez d'autres moyens et partagez-les avec nous !

Une vidéo a été produite avec des photos et d'autres images que les travailleurs de l'éducation et leurs familles ont envoyées pour exprimer leur appréciation aux travailleurs de la santé et leur appui à leur lutte pour des conditions de travail sécuritaires. On peut visionner la vidéo sur la page Facebook du Balado l'Éducation est un droit en cliquant ici.

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