Les travailleurs de la santé de la Colombie-Britannique demandent d'être mieux soutenus

En Colombie-Britannique, certaines mesures ont été prises pour assurer du personnel en nombre suffisant dans les établissements de soins de longue durée, un secteur durement touché par la pandémie de la COVID-19. Le 26 mars, des mesures ont été prises pour limiter les travailleurs en soins de longue durée à un seul établissement, tout en protégeant leurs postes et avantages sociaux dans les autres établissements où ils travaillaient avant cette restriction. Cependant, les travailleurs de soins de longue durée ne représentent qu'une partie des travailleurs de la santé touchés par la pandémie et des milliers d'autres ont encore besoin de soutien.

Le Syndicat des employés d'hôpitaux (SEH) représente la majorité des travailleurs, à l'exception des techniciens, des infirmières et des médecins, dans les hôpitaux de la province, à la fois ceux qui travaillent pour les autorités sanitaires et ceux qui travaillent pour les multinationales qui obtiennent par contrat  l'entretien ménager et les services alimentaires dans la plus grande partie de la province. Le 4 avril, le syndicat a envoyé une lettre à l'Association des employeurs en santé de la Colombie-Britannique (HEABC) dans laquelle il décrit les mesures de soutien dont les travailleurs de la santé ont un besoin urgent pour pouvoir s'acquitter de leurs responsabilités envers les résidents de la province.

La lettre mentionne entre autres que :

« Notre système de santé n'a jamais connu une crise de l'ampleur de la pandémie COVID-19. Et il n'y a jamais eu de moment où il était plus évident qu'il fallait une équipe entière de travailleurs de la santé pour prodiguer des soins et du soutien aux Britanno-Colombiens. Mais cette crise sanitaire met également en évidence de nombreuses inégalités dans le traitement des travailleurs dans l'ensemble du système.

« Ce défi sans précédent en santé publique a mis en évidence la nature fragmentée de la prestation des soins de santé dans notre province : la prestation de services et les relations de travail complexes au sein des autorités sanitaires, une myriade d'opérateurs ne faisant pas partie de l'HEABC et une myriade de conventions collectives parmi les sous-traitants des autorités sanitaires.

« C'est un problème qui a évolué au cours des vingt dernières années, et avec ces changements viennent de profondes inégalités dans le traitement des travailleurs, avec des salaires et des avantages sociaux très variables d'un site à l'autre.

« Et comme nous l'avons tous vécu ces dernières semaines, mettre en place une réponse coordonnée du système de santé à la pandémie, notamment en termes d'affectation et de redéploiement des travailleurs, est extrêmement difficile dans ces circonstances.

« Cela a certainement contribué à l'anxiété et à la confusion que vivent nos membres alors qu'ils travaillent aux premières lignes de la pandémie et se préparent à ce qui nous attend. Le monde change pour chaque travailleur de la santé.

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« Les travailleurs ont peur d'être exposés au virus au travail ou de le ramener dans leur famille.

« Ils font face à de longues heures de travail et se retrouvent face à des étagères vides à l'épicerie à la fin de leur quart de travail.

« Souvent, ils ne peuvent pas quitter leur unité ou leur lieu de travail pour aller se chercher de la nourriture pendant leurs pauses, ou ne peuvent pas apporter de nourriture au travail parce qu'il n'y a nulle part où l'entreposer.

« On leur dit d'apporter au travail des vêtements de rechange et de ramener leurs vêtements de travail à la maison dans un sac scellé à laver. Mais dans de nombreux cas, la buanderie de leur immeuble a été fermée pour des raisons de santé publique et il n'y a pas de buanderie ouverte dans leur quartier.

« Le transport est devenu plus difficile et beaucoup ont dû prendre d'autres dispositions pour se rendre au travail, ou devront faire face à des coûts de transport supplémentaires lorsque les ordonnances pour un seul site seront mises en place.

« Les travailleurs peuvent également avoir besoin de trouver une autre place où se loger et de prendre d'autres dispositions pour la garde des enfants et des personnes âgées.

« Les membres du SEH comprennent qu'ils sont essentiels pour aider les patients, les résidents et les autres travailleurs à rester en sécurité dans cette crise. Ils font preuve d'une grande résilience face à cette pandémie.

« Mais bon nombre de ces travailleurs ont vu leur salaire, leurs avantages sociaux et leurs conditions de travail décimés au cours des années de privatisation, de sous-traitance et de démantèlement. L'ironie qu'ils sont soudainement essentiels à la lutte contre la COVID-19 ne leur échappe pas- - pas plus que la décision de HEABC de remettre une prime généreuse uniquement aux infirmières.

« Les employeurs du secteur de la santé et le gouvernement peuvent apporter un soutien matériel aux travailleurs qui nous aident à traverser cette crise de plusieurs manières :

- fournir des indemnités de repas améliorées, comme celles de la convention collective de la FBA [Facilities Bargaining Association], et les accorder à chaque quart de travail et à chaque travailleur ;

- fournir ou augmenter les allocations pour les uniformes afin que les travailleurs puissent acheter des chaussures et des vêtements. Fournir des repas aux travailleurs qui ne peuvent pas quitter leur unité pendant leur quart de travail ;

- s'occuper du problème des frais de transport pour les travailleurs qui ont besoin de parcourir de plus longues distances ou de prendre des taxis ;

- mettre en oeuvre une « allocation de soutien face à la pandémie de la COVID-19 pour les travailleurs de la santé » qui aiderait les travailleurs à répondre à leurs besoins particuliers.

« Nous croyons que les employeurs et le gouvernement doivent fournir un soutien aux travailleurs de première ligne qui luttent contre cette pandémie. Ce soutien doit être étendu à tous les travailleurs des organismes de santé et communautaires, quel que soit l'employeur. Une étape nécessaire consiste à renforcer les dispositions relatives aux congés de maladie.

« Il y a d'autres inégalités qui doivent être corrigées. Les femmes de ménage dans les hôpitaux sont essentielles pour maintenir nos établissements exempts de virus. Pourtant, dans nos grands hôpitaux, elles sont moins payées aujourd'hui qu'elles ne l'étaient pendant la crise du SRAS il y a 17 ans, un résultat de la privatisation. Les travailleurs de l'alimentation ont des salaires de misère qui ne sont pas viables. »

Des mesures d'urgence sont nécessaires pour garantir la santé et la sécurité de tous les travailleurs de la santé et de leurs familles dans les conditions de la pandémie. Des mesures permanentes seront également nécessaires pour mettre fin à la privatisation et aux mauvais traitements du personnel de la santé dont le rôle essentiel doit être reconnu par des gestes concrets.


Cet article est paru dans

Numéro 20 - 14 avril 2020

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