Forum ouvrier

1er avril 2020

Les travailleurs des transports défendent  leurs droits et les droits de tous

Les travailleurs du transport
La sécurité et le bien-être des camionneurs doivent être assurés - Normand Chouinard

Les travailleurs des lignes aériennes
Les agents de bord d'Air Canada demandent que la sécurité soit la priorité - Garnet Colly

Les travailleurs du transport en commun
Les travailleurs de Toronto luttent pour améliorer les protections de santé et de sécurité pour tous
Les travailleurs du transport en commun de Windsor rejettent la décision du maire de suspendre le service d'autobus - Section locale 616 du Syndicat uni du transport


Les travailleurs du transport

La sécurité et le bien-être des camionneurs
doivent être assurés

Le mercredi 18 mars, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé la « fermeture temporaire » des frontières terrestres, aériennes et maritimes à compter du samedi 21 mars à minuit pour tous les voyageurs non essentiels. L'annonce est intervenue après une conversation téléphonique entre Trudeau et le président des États-Unis Donald Trump le même matin, quelques heures seulement avant que l'administration américaine n'annonce également la fermeture de ses frontières.

« On est en train de travailler de façon très attentive avec les États-Unis pour mettre en place les règles précises qui vont garder les Canadiens et les Américains en sécurité », a ajouté Trudeau. « Les restrictions aux déplacements ne s'appliqueront pas aux échanges commerciaux », a-t-il noté.

« Nos gouvernements reconnaissent qu'il est essentiel de préserver les chaînes d'approvisionnement entre les deux pays », a poursuivi Trudeau. « Ces chaînes d'approvisionnement garantissent que la nourriture, le carburant et les médicaments vitaux parviennent aux personnes des deux côtés de la frontière. [...] Les chaînes d'approvisionnement, y compris celles qui reposent sur le camionnage, ne seront pas touchées par cette nouvelle mesure. »

Le besoin de garantir la sécurité de tous

Que le premier ministre Trudeau dise du même souffle, à sa conférence de presse du 18 mars, que les gouvernements canadien et américain « vont garder les Canadiens et les Américains en sécurité » tout en affirmant que « le camionnage ne sera pas touché », est malhonnête de sa part.

Alors que tout le monde reconnaît la nécessité, au cours de la période actuelle, d'assurer la sécurité de tous, la santé et la sécurité des travailleurs qui assurent, 24 heures sur 24 et 7 jours par semaine par camion, « que la nourriture, le carburant et les médicaments vitaux parviennent aux personnes », ne sont pas prises en compte.

Le premier ministre Justin Trudeau n'avait rien à dire sur la santé et la sécurité des camionneurs et sur leur rôle en tant que travailleurs essentiels en cette période de pandémie. Les camionneurs sont très préoccupés par ces questions et demandent aux autorités publiques et aux employeurs de garantir leur droit à un travail sécuritaire pendant cette période difficile. Le transport étant principalement de compétence fédérale, il est de la responsabilité du gouvernement Trudeau de répondre aux besoins des travailleurs du transport. Sur cette question, François Laporte, président national de Teamsters Canada, qui représente un grand nombre des chauffeurs dans des entreprises de transport, a déclaré dans un communiqué :

« Jusqu'à présent, le gouvernement fédéral n'a pas consulté le syndicat sur la façon de protéger les travailleurs du transport. Aucune directive fédérale de sécurité n'a été mise en place pour protéger les camionneurs, qui doivent se rendre aux États-Unis et partout au Canada pour assurer l'approvisionnement des Canadiens.

« Chaque magasin au pays dépend des livraisons des chauffeurs de camion. Si nous ne parvenons pas à protéger les camionneurs contre le virus, la chaîne d'approvisionnement de notre pays s'effondrera et nous ne pourrons pas fournir de la nourriture et d'autres biens essentiels aux Canadiens, a averti Laporte. Notre syndicat est prêt à aider de toutes les manières possibles. » [1]

La décision prise par certains États aux États-Unis de fermer les relais routiers publics et la possibilité que les aires de repos exploitées par les intérêts privés puissent l'être également a suscité un fort mécontentement de la part des camionneurs partout en Amérique du Nord. Les organisations syndicales et des milliers de camionneurs, très présents via les plateformes numériques, ont vivement protesté contre ces décisions arbitraires. Les camionneurs soutiennent, avec raison, qu'en tant que service essentiel pour garantir la chaîne d'approvisionnement, ils doivent bénéficier de mesures strictes qui les protègent dans les conditions actuelles. Entre autres mesures, des équipements de protection spécialisés doivent leur être fournis et des mesures sanitaires doivent être prises pour que les employés qui effectuent le nettoyage régulier des aires de repos le fassent de façon sécuritaire. D'autres mesures doivent être prises pour que les camionneurs puissent se nourrir convenablement et que les travailleurs oeuvrant dans les restaurants de ces endroits y travaillent en toute sécurité. Certains camionneurs vont jusqu'à demander que les autorités publiques assument la responsabilité de ces choses et s'assurent que les propriétaires des relais routiers se conforment aux consignes de santé.

Les camionneurs exigent également le respect de leur temps de repos, absolument essentiel pour qu'ils poursuivent leur travail sans risquer leur vie et celle des autres. Cette demande fait suite à la décision du gouvernement américain de suspendre temporairement les lois fédérales sur les heures de service obligatoires pour les camionneurs et qui stipulent combien d'heures les chauffeurs de camion peuvent travailler, un changement qui est entré en vigueur le 13 mars. Maintenant, une exemption similaire est entrée en vigueur au Canada. Le 24 mars, Michael DeJong, directeur général, Programmes de transport multimodal et de sécurité routière Transports Canada , a signé l'exemption relative au transport essentiel de marchandises. Elle s'applique aux « entreprises de camionnage extra-provinciales et leurs conducteurs qui sont employés ou autrement jouent un rôle dans le transport de fournitures et d'équipement essentiels dans l'aide directe aux efforts liés aux secours d'urgence durant l'intervention en réponse à la COVID-19 » dans toutes les provinces et tous les territoires et reste en vigueur jusqu'au 30 avril. [2]

Plusieurs propositions ont émané des chauffeurs dont celle d'effectuer des rotations d'heures au sein des entreprises et que celles-ci prennent toutes les mesures nécessaires pour ne pas exténuer les chauffeurs inutilement. Dans le contexte de la pandémie actuelle, certains secteurs de l'industrie vont tourner au ralenti, ce qui donne l'occasion de faire appel aux camionneurs de ces secteurs pour venir appuyer leurs collègues qui sont dans les secteurs de la santé, l'agroalimentaire, la distribution ou le transport d'essence et d'autres matériaux nécessaires à la production.

Les camionneurs exigent aussi que des mesures soient prises dans les aires de réception et d'expédition dans les usines, entrepôts, centres de distribution, etc pour que les consignes de distanciation sociale puissent être respectées. Beaucoup de camionneurs craignent de contracter le virus lors du chargement ou du déchargement de leurs camions dans ces endroits ou encore de devenir eux-mêmes des vecteurs de propagation à travers l'Amérique du Nord. C'est d'autant plus important que les camionneurs se rendront dans des zones à risque encore plus élevé où le danger de propagation du virus est encore plus grand.

Il y a eu beaucoup de confusion et d'inquiétude quant à savoir si les camionneurs canadiens qui contractent la COVID-19 aux États-Unis vont être protégés par les compagnies d'assurances. Les comités de crise qui réunissent les représentants de l'industrie et des syndicats du transport au sein du gouvernement et des ministères du transport ont rassuré les camionneurs qu'ils allaient être couverts. L'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes (ACCAP) a confirmé les propos des autorités publiques. « Les restrictions applicables aux déplacements non essentiels entrant en vigueur dans les prochains jours, les assureurs du Canada tiennent à préciser que les camionneurs commerciaux ne seront pas privés de leur assurance collective des soins médicaux à l'étranger en raison de ces restrictions annoncées récemment », a déclaré Stephen Frank, président et chef de la direction de l'ACCAP. Ces doutes concernant la couverture offerte par les assurances étaient survenus lorsque plusieurs assureurs ont envoyé des notes de service indiquant qu'en raison de l'avis de restrictions de voyage par le gouvernement, ils ne fourniraient pas d'assurance-voyage pour la COVID-19. Le branle-bas de combat que ces notes de service ont créé parmi les camionneurs et parmi les gestionnaires de flottes et les associations de camionnage et de camionneurs, a fait en sorte que dorénavant les camionneurs qui franchissent la frontière sont couverts pour la COVID-19 tant qu'ils n'ont pas de symptômes avant de franchir les douanes.

Les camionneurs sont conscients que leur travail de garantir la chaîne d'approvisionnement va de pair avec le besoin de prendre soin de tous ceux et celles qui sont à pied d'oeuvre dans l'ensemble de la chaîne de production. C'est toute la classe ouvrière industrielle et non industrielle qui produit l'ensemble des biens et services sur lesquels la société repose qui doit être protégée pour s'assurer que la population puisse être ravitaillée et que cette crise pandémique puisse être surmontée en faveur de tous. Les camionneurs vont poursuivre dans cette voie, en mettant de l'avant eux-mêmes ce dont ils ont besoin pour le faire.

Notes

1. Site Web des Teamsters
2. Le Règlement sur les heures de service des conducteurs de véhicule utilitaire stipule :

12 (1) Il est interdit au transporteur routier de demander, d'imposer ou de permettre au conducteur de conduire, et au conducteur de conduire, après avoir accumulé 13 heures de conduite au cours d'une journée.

(2) Il est interdit au transporteur routier de demander, d'imposer ou de permettre au conducteur de conduire, et au conducteur de conduire, après avoir accumulé 14 heures de service au cours d'une journée.

Heures de repos obligatoire

13 (1) Il est interdit au transporteur routier de demander, d'imposer ou de permettre au conducteur de conduire, et au conducteur de conduire, après avoir accumulé 13 heures de conduite à moins qu'il ne prenne au moins 8 heures de repos consécutives avant de recommencer à conduire.

Pour plus de détails sur l'Exemption du 24 mars relative au transport de marchandises essentielles, aux règlements indiqués ci-dessus, cliquer ici

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Les travailleurs des lignes aériennes

Les agents de bord d'Air Canada demandent
que la sécurité soit la priorité

Dans son bulletin du 22 mars, la composante d'Air Canada du Syndicat des employés de la fonction publique (SCFP) a demandé que l'ensemble des équipements personnels de protection (ÉPI) soit fourni aux agents de bord.

Le syndicat souligne qu'après des mois d'appels à l'augmentation des équipements de protection individuelle à bord et les efforts courageux des membres qui ont défendu leurs droits, Air Canada va maintenant fournir un respirateur N95 par membre d'équipage.

On lit dans le bulletin : « Le syndicat demande que l'employeur fournisse aux équipages toute la panoplie d'équipements de protection personnelle nécessaire pour effectuer leurs tâches en toute sécurité et ce faisant, prendre soin de nos clients en :

« assurant que les instructions réglementaires sur l'ajustement des masques sont adéquatement transmises et que les masques N95 sont de la bonne taille afin que nos membres bénéficient d'une protection maximale ;

« offrant des occasions de formation sur place destinée à aider les employés à comprendre ce qu'il faut faire et ce qu'il faut éviter lorsqu'on met et qu'on retire ces équipements de protection personnelle ;

« proposant des explications claires sur les circonstances dans lesquelles les masques N95 assurent une protection maximale. »

Les travailleurs demandent aussi qu'Air Canada fournisse « les équipements additionnels de protection universelle qui sont essentiels à une pleine protection — en plus de ce qui est contenu dans les trousses de protection universelle — incluant des visières additionnelles et des sarraus à manches longues qui sont utilisés par les professionnels de la santé lorsqu'ils sont en contact étroit avec des personnes soupçonnées d'être atteintes d'une maladie contagieuse ».

Le bulletin poursuit : « Le syndicat est d'avis que ces équipements de protection personnelle devraient TOUJOURS faire partie de la trousse de base des équipements de protection personnelle disponible à bord des appareils, de façon à ce que nous n'ayons plus jamais à nous mettre à risque pendant des semaines. Nous ne devons JAMAIS PLUS ignorer ce danger. »

En ce qui concerne le problème de la distanciation sociale à bord des avions, le syndicat cite une décision de Transports Canada au sujet de la pratique d'Air Canada visant à demander aux agents de bord de se tenir en étroite proximité avec les passagers pendant la pandémie. La décision a été prise à la suite d'une enquête sur de multiples refus de travail. La décision stipule :

« En cette période de pandémie de COVID19, exiger des agents de bord qu'ils soient fréquemment en contact étroit avec les passagers afin d'assurer le service régulier, alors qu'ils n'ont aucune possibilité de distanciation sociale constitue une menace sérieuse pour leur santé.

« Par conséquent, NOUS VOUS ENJOIGNONS, PAR LA PRÉSENTE, conformément au paragraphe 145 (2) (a) du code canadien du travail Partie II, de mettre fin immédiatement à l'activité qui constitue un danger. »

Au 31 mars, le président de la section du SCFP d'Air Canada, Wesley Lesosky, a déclaré à la CBC que les travailleurs « n'ont toujours pas de masques N95 bien ajustés, nous n'avons pas de gants bien ajustés et nous n'avons pas de choses comme des jaquettes protectrices à manches longues jetables qui devraient être mises à la disposition de nos équipages. » S'adressant au Huffington Post, Lesosky a noté que les travailleurs sont dans une « situation très stressante parce que nous ne sommes pas formés pour une pandémie. Nous sommes formés pour nous occuper de quelqu'un qui montre des signes de grippe ou comment effectuer les premiers soins primaires, mais nous ne sommes pas formés sur la façon de passer par une phase d'isolement dans un avion. Nous n'avons pas d'endroit où placer les gens. ».

Dans son bulletin du 23 mars, la composante d'Air Canada exprime sa préoccupation du fait que les Chefs du service à bord (OSBM) et les Mentors sont toujours présents à bord de leurs avions. Ils sont du personnel qui est engagé par Air Canada pour soi-disant appuyer les membres des équipages mais qui, en réalité, s'interpose dans leur travail et n'assure aucun rôle fonctionnel à bord.

Le bulletin dit : « Que peuvent-ils offrir que les membres expérimentés du personnel de cabine ne sont pas en mesure d'offrir ? Pourquoi voudrions-nous en ce moment qu'ils interagissent avec nos clients ? Nous devrions nous concentrer sur le bien-être des uns et des autres, limiter les contacts et nous préoccuper de sécurité, d'abord et toujours. Ce n'est pas le moment d'augmenter le nombre de membres des équipages, d'ajouter une « aide » non nécessaire à bord et sur les lieux d'escale. C'est le moment de mettre fin à ce programme et d'aller de l'avant avec ce que nous faisons le mieux, assurer LA SÉCURITÉ. [...] D'un point de vue pratique, il est insensé de faire voyager les OBSM dans l'ensemble du système afin qu'ils offrent un soutien à des membres qui sont actuellement confrontés à des compressions massives de personnel, alors qu'ils n'assurent aucun rôle fonctionnel à bord. Nous continuerons à expliquer dans des termes très clairs à la Société pourquoi, dans les circonstances actuelles, il serait plus sage de remettre en question le programme des OBSM. »

Un autre problème auquel sont maintenant confrontés les employés d'Air Canada est l'annonce faite le 30 mars par la compagnie qu'elle mettra à pied 15 200 travailleurs syndiqués et 1 300 gestionnaires en avril et mai, citant des annulations de vols causées par la pandémie de la COVID-19.

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Les travailleurs du transport en commun

Les travailleurs de Toronto luttent pour améliorer les protections de santé et de sécurité pour tous

Dans la nuit du 12 mars, une dizaine de travailleurs de la Commission de transport de Toronto (TTC) ont refusé collectivement de travailler dans un dépôt de tramways car ils étaient préoccupés par certains aspects du travail de nettoyage à fond des tramways. Ce refus de travail au dépôt de Roncesvalles a fait l'objet d'une enquête du ministère ontarien du Travail qui a déclaré que les travailleurs pouvaient retourner au travail. Carlos Santos, le président de la section locale 113 du Syndicat uni du transport (SUT), qui représente environ 12 000 travailleurs du transport en commun à Toronto et dans la région de York, a dit dans un communiqué de presse que le refus de travail « visait à maintenir des précautions raisonnables » afin de protéger les travailleurs. « Le refus de travail a permis l'adoption de normes plus sévères pour protéger la santé et la sécurité des travailleurs », a-t-il dit.

Sur son site Web, la section locale 113 du SUT présente les mesures qu'elle a fait adopter pour améliorer les protections de santé et de sécurité de tous les travailleurs et les passagers.

« Depuis que la menace du coronavirus est connue, la section locale 113 du SUT a demandé que la TTC fasse tout ce qu'il faut faire pour garantir un environnement sécuritaire, propre et salubre pour tous ses membres. Après des semaines de demandes persistantes de la part de la section locale, la TTC a accepté, le 18 mars, de permettre aux travailleurs de porter des masques de protection au travail. C'est une mesure importante que la section locale a remportée pour aider les membres à protéger leur santé au travail. D'autres mesures de sécurité comprennent l'embarquement par toutes les portes sur les véhicules de la TTC parce que cela permet d'éviter un engorgement aux entrées et permet une distanciation sociale sécuritaire aux travailleurs de la TTC et aux passagers. Les changeurs et les agents du service aux clients peuvent demeurer dans leur cabine aussi longtemps qu'ils le veulent pour toute préoccupation de santé et de sécurité. En plus de ces mesures de protection, la section locale 113 du SUT a obtenu d'importants changements de politique de la TTC, dont le paiement à 100 % lorsque les membres doivent aller en quarantaine ou en isolement pendant 14 jours ( l'évaluation se fait cas par cas). Aucun billet de médecin n'est requis jusqu'au 31 mars 2020 inclusivement, et les membres ont obtenu l'assurance qu'ils seront payés selon la norme du 75 % s'ils ne vont pas bien. Là où c'est nécessaire, des procédures pour un meilleur nettoyage et une meilleure désinfection des endroits de travail ont été adoptées.

« Alors que notre pays fait face à des mesures sans précédent pour combattre la pandémie du coronavirus, nos membres se présentent au travail pour faire en sorte que les passagers de la TTC, dont plusieurs sont des travailleurs de la santé, arrivent à leur destination de façon sécuritaire. Pendant ce temps-là, à l'arrière-scène, nos travailleurs d'entretien travaillent fort pour garder le système de la TTC propre et sécuritaire, notamment les véhicules, les stations et les autres endroits de travail. »

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Les travailleurs du transport en commun de Windsor rejettent la décision du maire de suspendre
le service d'autobus

Le 26 mars, le maire de la Ville de Windsor, Drew Dilkens, a annoncé que les services de transport en commun seront suspendus à la fin des heures normales de service le 29 mars, afin de limiter la propagation de la COVID-19. Cette suspension se fera malgré que les services de transport en commun par autobus de Windsor sont sur la liste des services essentiels du Plan d'urgence de la ville de Windsor.  La suspension sera en place au moins jusqu'au 13 avril.  Le lendemain de l'annonce, le médecin-hygiéniste en chef de Windsor-Essex, le Dr Wajid Ahmed, a publié un communiqué de presse indiquant que le bureau de santé de Windsor-Essex « n'avait pas recommandé la cessation des services de transport en commun. Dans de bonnes circonstances, notamment par l'emploi de mesures appropriées de nettoyage de l'environnement et la gestion du nombre et de l'espace des passagers, le transport en commun peut être un moyen de transport important pour accéder à la nourriture, aux fournitures ou se rendre au travail pour les travailleurs essentiels qui peuvent ne pas avoir de véhicule privé ou d'autres options. Les personnes à  risque élevé de contracter la COVID-19, comme les personnes âgées (65 ans et plus) et les personnes ayant des antécédents médicaux, ne devraient pas prendre le transport en commun et devraient essayer d'organiser la livraison des fournitures à leur domicile. »

Dilkens affirme que le syndicat des transports en commun a empêché les travailleurs de la ville de désinfecter les autobus et cite cela comme l'un des principaux facteurs qui ont influencé sa décision de fermer les transports en commun au milieu de la pandémie de la COVID-19. Tentant de dresser les travailleurs les uns contre les autres, le maire prétend que la ville voulait utiliser le 30 pour cent des travailleurs de la ville de Windsor, représentés par le SCFP, qui sont actuellement à la maison et payés mais ne travaillent pas, mais que la section locale 616 du Syndicat uni du transport (SUT) exige que ses membres soient utilisés pour cela. « Ils ont dit que nous devons embaucher plus de leurs membres ou que nous devons les faire travailler en heures supplémentaires », affirme Dilkens. La section locale 616 du SUT a publié le communiqué de presse ci-dessous, parlant en son nom au milieu de l'anarchie qui est créée, pour clarifier les choses. Elle indique que ce n'est pas le cas et que ses membres ont fait tout leur possible pour que le service fonctionne en toute sécurité pour le public malgré de nombreux défis et qu'il ne s'agit pas d'une question de rémunération.

***             

Pour répondre aux déclarations du maire, il est clair qu'il ne connaît pas les faits concernant l'exploitation actuelle de Transit Windsor. Dans les forces armées, c'est ce qu'on appelle la psychologie inversée (quand on ne sait pas, on blâme les autres pour ses propres erreurs). Alors nous présenterons les faits.

Cette pandémie s'est propagée dans le monde à un rythme sans précédent et a été une grave préoccupation pour tous. En tant que travailleurs de première ligne, tous nos membres vont au-delà de ce qui est attendu d'eux, comme le font les infirmières, les médecins, les travailleurs de la vente au détail et les chauffeurs de camions. Nous assumons certains dangers pour le plus grand bien de toutes les communautés du monde.

Nous ne savons pas si le maire sait que nos membres n'ont pas reçu de désinfectant pour les mains pendant trois semaines et que lorsque Transit Windsor les a finalement fournis, les produits étaient périmés. Les membres de la section locale 616 du SUT n'ont pas reçu les masques et les linges désinfectants que nous demandons sans cesse. La direction n'a cessé de donner des excuses au lieu de faire tout ce qu'elle peut pour obtenir les éléments essentiels de base nécessaires pour nous protéger.

Nos membres ont peur, mais ils ont continué de fournir le service dont cette communauté a désespérément besoin. Certains envoient même leurs enfants vivre ailleurs pour le moment ou trouvent d'autres conditions de résidence afin de ne pas exposer leurs proches aux dangers auxquels ils sont quotidiennement confrontés pendant cette épidémie. Ils viennent travailler tous les jours pour faire preuve de diligence raisonnable et faire leur travail avec fierté en sachant qu'ils font leur part pour aider aux premières lignes. Le syndicat a contacté quotidiennement la direction de Transit Windsor et de nombreux courriels ont été envoyés au directeur exécutif de Transit Windsor lui disant ce que nos membres sont prêts à faire pour lui et pour la société de transport. Le personnel des métiers spécialisés a même accepté une réduction de salaire pour aider au nettoyage des autobus et nos membres ont travaillé presque jusqu'à l'épuisement pour assurer la sécurité du public et des membres de ce syndicat et ont continuellement donné plus que ce qui devrait être exigé d'eux.

Nos membres n'ont jamais remis en question ce que nous devions faire. Ils étaient prêts à faire tout ce qu'il fallait pour que cela fonctionne. Nous ne savons pas si le maire est au courant de l'incompétence du directeur principal des services de flotte et de soutien et du directeur de l'entretien de Transit Windsor. Les deux ont continuellement sapé les efforts mobilisés pour aider à assurer la sécurité de tous. Il devrait parler au directeur exécutif de la société, Pat Delmore, à l'administrateur en chef de la ville, Onorio Colucci, ou à l'ingénieur de la ville, Mark Winterton, du nombre de fois où ce syndicat a exprimé sa grande inquiétude face à l'ineptie du personnel de gestion de l'entretien de Transit Windsor. Ce syndicat n'a jamais refusé son aide. Cet exécutif syndical, même de son propre chef, a nettoyé et désinfecté toutes les installations de Transit Windsor pendant ses jours de congé et sans solde.

Cela s'est fait sans poser de question lorsque la direction a refusé de prendre la relève et de faire son travail pour protéger tous les employés.

Tout cela est réduit à une question de coûts. Lorsque d'autres gouvernements font tout ce qu'ils peuvent pour protéger le public et leurs employés, cette entreprise ne cherche que des moyens d'économiser de l'argent. Transit Windsor Corporation et maintenant le maire ont continuellement utilisé cette pandémie comme un prétexte pour faire des économies. C'est contraire à l'éthique et totalement inacceptable de mettre la santé et la sécurité de la communauté en danger et de les sacrifier sur l'autel du tout puissant dollar. Le maire a décidé immédiatement de couper le service, mais lorsque nous avons mentionné la sortie et l'entrée par la porte arrière pour la sécurité du conducteur et du public, il a déclaré qu'il n'était pas prêt à mettre cela en oeuvre à ce moment, ce à quoi nous avons répondu que nous allons régler cette question et lui avons fait savoir que si ce n'était pas fait, nous n'aurions pas de service sur les circuits d'autobus le vendredi de la semaine dernière [20 mars].

En ce qui concerne les commentaires du maire selon lesquels les autobus n'ont pas été nettoyés selon ses normes, nous en doutons fortement. A part les quelques occasions de prises de photos à caractère politique, il n'a même jamais mis le pied dans un autobus et n'en a certainement jamais été un passager. Nos autobus n'ont jamais été aussi propres et ont été constamment aseptisés à maintes reprises pour protéger tous ceux qui y entrent.

Au maire et aux membres de ce syndicat, nous continuons d'être au travail et continuons d'appuyer la communauté dans ses besoins de transport en commun aussi longtemps que possible. Nous attendrons avec impatience près de nos téléphones l'appel pour continuer le service nécessaire pour aider ceux qui ont besoin de nos services pour se rendre au travail, afin d'aider chacun et chacune à traverser cette crise.

Nous nous excusons pour les inconvénients occasionnés au public et à nos supporters, mais vous devez comprendre que nous n'avons pas participé à la discussion pour arrêter le transport en commun. Hier, à 14 h 30, on nous a dit que le maire allait annoncer à 15 h qu'il allait mettre fin au service à la fin de la journée de dimanche pour une période de 2 semaines. Notre position est que c'est une terrible erreur qu'il commet, notre position n'a pas changé et nous voulons être là pour aider de toutes les manières possibles. Au moins les membres de ce syndicat et le public méritent de savoir la vérité de la bouche du maire pour expliquer pourquoi cela s'est produit. Ben Hannaa de Windsor Car Spotters est intervenu pour aider à fournir des masques à nos membres.

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