29 janvier 2020
Opposition à la criminalisation de la lutte
des travailleurs
de la Co-op de Regina
Un vaste appui pour la juste lutte des
travailleurs de FCL à la défense
de leurs pensions
Le 24 janvier 2020, une délégation de
travailleurs de la raffinerie Co-op appartenant à
la section locale 594 d'Unifor rencontre le maire
de Regina pour discuter de leurs justes
revendications.
La lutte des travailleurs du secteur
public en Alberta
• Les infirmières de
l'Alberta opposent un non! ferme aux demandes de
reculs massifs et de gel salarial
• Les travailleurs du
secteur public de l'Alberta continuent de bâtir
leur résistance à la démolition Kenney
- Peggy Morton
• Une lutte incessante
pour des effectifs suffisants et des lieux de
travail sécuritaires - Peggy Askin
• Tenons les gouvernements
redevables de la mort des intervenantes en
service social! Pas un décès de plus!
Opposition à la criminalisation de
la lutte des travailleurs de la Co-op de Regina
Le président canadien du Syndicat international
des débardeurs et magasiniers, Rob Ashton, sur la
ligne de piquetage à Regina, le 25
janvier 2020
Depuis une semaine, des travailleurs de
différents syndicats dans tout le pays se joignent
aux membres de la section locale 594 d'Unifor
sur leurs lignes de piquetage devant la raffinerie
de Coopératives fédérées (FCL) de Regina. Des
déclarations en appui aux revendications des
travailleurs dans les négociations et condamnant
la violence policière contre les travailleurs qui
s'est produite le 20 janvier, ont été émises
par la Fédération du travail de la Saskatchewan,
le Congrès du travail du Canada, le Syndicat
international des débardeurs et magasiniers, le
Syndicat canadien de la fonction publique, la
Fédération canadienne des syndicats
d'infirmières/infirmiers, le Syndicat des employés
de la fonction publique de l'Ontario et plusieurs
autres. Les plus de 800 travailleurs de la
raffinerie sont en lockout depuis le 5
décembre 2019, soit deux jours après que le
syndicat ait envoyé un préavis de grève. La
compagnie a continué à faire fonctionner l'usine
avec des travailleurs de remplacement et des
cadres et a obtenu une injonction provisoire qui
limite à 10 minutes la période pendant
laquelle les grévistes peuvent empêcher les
véhicules d'entrer sur le terrain de la raffinerie
ou en sortir. Le 20 janvier 2020, des
membres d'Unifor de tout le pays se sont joints à
la ligne de piquetage pour bloquer toute entrée ou
sortie de la raffinerie. La police de Regina a
violemment attaqué la ligne de piquetage et
arrêté 14 personnes. Le 22 janvier, le
juge Timothy Keene de la Cour du Banc de la Reine
a déclaré Unifor coupable d'outrage au tribunal
après avoir contrevenu à l'injonction et condamné
le syndicat à une amende de 100 000
dollars.
Des membres du Syndicat des employés provinciaux de
l'Alberta (à gauche) et des
Infirmières et infirmiers unis de l'Alberta se
joignent aux lignes de piquetage des travailleurs
de la raffinerie Co-op.
L'enjeu de cette lutte déterminée des
travailleurs de la Co-op de Regina est leur régime
de retraite à prestations déterminées qui existe
depuis longtemps. La compagnie a déclaré que ce
régime n'est pas « viable » et elle demande
que les travailleurs « choisissent » entre un
régime qui augmente de manière significative la
contribution des travailleurs et un régime qui
remplace le régime actuel par un régime à
cotisations déterminées. En refusant ces
concessions, les travailleurs défendent à la fois
leurs droits et les droits de tous face à une
attaque concertée des employeurs, tant du secteur
privé que du secteur public, et du gouvernement
fédéral contre les pensions, en ce qui concerne la
législation sur les pensions, les régimes de
retraite lorsque les entreprises se mettent sous
la protection de la faillite et le Régime de
pensions du Canada.
Dans un Canada
moderne, les pensions sont un droit qui appartient
aux travailleurs en vertu de leur contribution à
l'économie. En fait, tous les Canadiens ont le
droit à une pension en tant qu'êtres humains, pour
la sécurité à la retraite. Dans une économie
moderne socialisée, le gouvernement a la
responsabilité sociale de garantir les pensions de
tous. Les employeurs et les gouvernements, dans le
cadre de leur offensive antisociale, s'attaquent
au droit des travailleurs à des pensions adéquates
et même à leur droit de préserver les conditions
de travail qu'ils ont négociées, dont les
pensions. Les employeurs le font en affirmant que
pour être concurrentiels, ils doivent priver la
classe ouvrière d'une portion encore plus grande
de la valeur qu'elle produit par son travail et
les gouvernements déclarent qu'ils doivent
satisfaire les réclamations des riches et non
celles des travailleurs. Ces dernières années, les
régimes de retraite de nombreux travailleurs,
comme les travailleurs municipaux du Labrador, de
la ville de Québec et de Saskatoon de même que
ceux des travailleurs industriels de nombreux
secteurs ont été attaqués et la classe ouvrière
est bien consciente que c'est le droit de tous à
une retraite en sécurité qui est attaqué. La lutte
des travailleurs de la Co-op de Regina à la
défense de leurs pensions est une lutte pour les
pensions de tous.
Le 24 janvier, les travailleurs en lockout
et leurs sympathisants ont dressé une ligne de
piquetage secondaire au terminal de carburants de
FCL à Carseland en Alberta, bloquant l'entrée et
la sortie de camions chargés d'essence destinée
aux stations d'essence de Co-op en Alberta et en
Colombie-Britannique. Les travailleurs demandent
que FCL revienne à la table de négociation et
négocie une convention collective qu'ils jugent
acceptable et ne peut donc comprendre la
destruction de leur régime de retraite qui fait
déjà l'objet d'un accord. La compagnie a déclaré
qu'elle ne reviendra pas à la table tant que le
syndicat « enfreint la loi » et bloque
l'accès et la sortie de l'usine. Le syndicat a
répliqué qu'il démantèlera ses barricades lorsque
la compagnie cessera d'avoir recours à des scabs
pour continuer de faire fonctionner la raffinerie.
Des travailleurs des différents secteurs et
régions se joignent aux travailleurs de la
raffinerie Co-op sur une ligne de piquetage devant
des installations secondaires de la raffinerie
Co-op à Carseland, le 24 janvier 2020.
La compagnie se sert de l'injonction des
tribunaux et de la violence policière pour
dépeindre les travailleurs en lockout comme des
criminels afin de tromper l'opinion publique et
saper l'appui aux travailleurs. Elle essaie aussi
de diviser la classe ouvrière en disant que le
fait qu'un nombre toujours plus grand de
travailleurs aient dû accepter des pensions
inférieures à celles des travailleurs de la
raffinerie doit pousser ceux-ci à être «
équitables » et accepter un plan inférieur.
La mobilisation massive des travailleurs de tous
les secteurs en appui aux travailleurs de Co-op
montre que la réponse des travailleurs est l'unité
dans l'action de la classe ouvrière à la défense
des pensions des travailleurs et du droit de tous
à une retraite en sécurité.
(Photos : Section locale 594
d'Unifor,, AUPE, UNA)
La lutte des travailleurs du
secteur public en Alberta
Rassemblement à l'Université de l'Alberta,
le 25 janvier 2020
Les infirmières et infirmiers unis de l'Alberta
(UNA) rapportent que les négociations ont débuté
en vue d'une nouvelle convention collective
provinciale entre l'UNA et les Services de santé
de l'Alberta (AHS) le 15 janvier. L'AHS a
rapidement déposé une série de «
propositions » dans lesquelles elle s'attaque
aux salaires et aux conditions de travail des
infirmières. L'AHS demande un gel de salaire de
quatre ans aux infirmières, qui n'ont pas reçu
d'augmentation depuis 2016. Dans sa
proposition d'ouverture, l'UNA demande une
augmentation de salaire de 2 % par année sur
deux ans.
Au lieu de mettre
fin au gel de l'embauche, de remplir les postes
vacants et de fournir des effectifs adéquats pour
garantir le bien-être des patients et du
personnel, l'AHS veut éliminer les jours de repos
désignés des employés à temps partiel, forcer les
employés à temps partiel à travailler des quarts
de travail complets, sabrer dans les taux de
rémunération des heures supplémentaires et forcer
à volonté les infirmières à se déplacer d'un
endroit de travail à un autre. D'autres
propositions comprennent l'élimination des primes
pour les employés détenant un baccalauréat, une
maîtrise ou un doctorat, l'élimination des primes
de soir, de nuit et de fin de semaine, et le
ralentissement de la progression des employés dans
l'échelle salariale qui doivent travailler neuf
ans en ce moment pour atteindre leur salaire
maximal.
Le gouvernement Kenney a inventé quelque chose
qu'il appelle le « standard Ontario-Ouest »
par lequel il détourne l'attention de son
programme de destruction en prétendant que «
l'Alberta dépense trop d'argent » dans la
santé comparativement aux autres provinces.
L'objectif est de détourner l'attention des
réclamations que font les Albertains à leur droit
aux soins de santé et du droit des travailleurs
qui fournissent les soins à des salaires et des
conditions de travail qu'ils jugent adéquats,
compte tenu du travail qu'ils font et de leur
contribution à la société. Même si c'est l'AHS qui
siège à la table, c'est le gouvernement Kenney qui
contrôle chacun des gestes de l'AHS et de tout
employeur de la province qui reçoit un certain
niveau de financement public. Le gouvernement
Kenney a illégalisé la divulgation par un employé
des instructions que le gouvernement lui a
données.
Ces demandes outrageantes du gouvernement du PCU
sont accompagnées de menaces de pertes d'emploi
massives par le biais de la privatisation et de
coupures de postes d'infirmières à l'échelle de la
province.
Les infirmières et les autres travailleurs de la
santé prennent en main leur responsabilité sociale
quand ils refusent de se soumettre à cette
offensive antisociale et au recours aux pouvoirs
arbitraires et au diktat au lieu de négociations.
L'Association des infirmières et infirmiers du
Canada écrit : « Les preuves abondent qui
lient des effectifs infirmiers plus bas et le
mélange des compétences à des résultats néfastes
pour les patients comme une augmentation de la
mortalité, les chutes, les infections et une
hospitalisation plus longue. » Si l'offensive
antisociale du gouvernement Kenney prévaut, cela
aggravera des conditions de travail déjà
intenables et les soins aux patients.
En ce qui concerne la question d' « épargner de
l'argent », l'intention du gouvernement
Kenney est claire. En tant que gouvernement de
l'oligarchie financière, son objectif n'est pas de
satisfaire les besoins des Albertains, mais de
maximiser les profits de l'oligarchie financière.
C'est la raison pour laquelle il a annoncé qu'il
ouvrira davantage le secteur des soins de santé au
profit privé. De cette façon, la richesse créée
par la classe ouvrière et sur laquelle le
gouvernement présente sa réclamation sera remise
aux riches. Les fonds retirés des soins de santé
vont eux-mêmes aux riches.
La présidente de l'UNA Heather Smith a bien
répondu à tout cela : « La dernière fois que
l'employeur a proposé des reculs d'une telle
ampleur était en 1988, et nous savons tous ce
qui s'est passé », a-t-elle dit. Elle faisait
allusion à la dernière grève provinciale des
infirmières de l'Alberta qui a eu lieu
en 1988.[1]
Un des traits saillants de la grève de 1998 a
été la détermination à soutenir le principe que
les infirmières ont le droit de décider quels sont
les salaires et les conditions de travail qu'elles
trouvent acceptables et cette détermination leur a
valu un fort appui du public.
Note
1. En 1988, plus
de 14 000 infirmières de 98
hôpitaux en Alberta se sont mises en grève. Le
gouvernement de l'Alberta avait déclaré les grèves
dans les établissements de santé publique
illégales à la suite de la grève des infirmières
de 1982. Pendant dix-neuf jours, les
infirmières se sont unies en un non !
puissant aux reculs et aux concessions. Le
gouvernement a lancé une attaque après l'autre
contre elles pour briser leur résistance. La tenue
d'un vote de grève a été déclarée geste illégal,
l'UNA a été accusée d' « outrage criminel au
tribunal » et menacée d'amendes de 1
million de dollars, de la saisie des avoirs du
syndicat et de l'arrêt de la collecte des
cotisations syndicales. Des infirmières
individuelles ont été accusés d'outrage civil au
tribunal, ont reçu des amendes et des menaces de
licenciement. À la fin, l'UNA a été forcée de
payer des amendes atteignant 424 000
dollars et le mouvement syndical s'est mobilisé
pour l'aider à le faire. Mais les infirmières ont
tenu bon et lorsqu'elles sont retournées au
travail après 19 jours, leur convention
collective est demeurée intacte.
Rassemblement durant la grève des infirmières qui
a commencé le 25 janvier 1988
- Peggy Morton -
Rassemblement à midi des infirmières de l'Alberta
à Claresholm, le 21 janvier 2020
Au cours de la semaine du 20 janvier, des
rassemblements ont eu lieu à midi à Edmonton,
Lethbridge et Claresholm, où les travailleurs de
la santé et d'autres travailleurs du secteur
public ont été rejoints par des travailleurs
d'autres syndicats et des membres de leur
communauté. Ils ont dénoncé les menaces du
gouvernement de privatiser de vastes secteurs des
services publics et ont exigé que le gouvernement
améliore, et non détruise, les soins de santé et
les autres services publics. Ils ont également
exprimé un non ! ferme aux attaques contre
leurs salaires et leurs conditions de travail.
Le gouvernement du
PCU a déclaré qu'il réduirait le nombre de
travailleurs dans le secteur public de plus
de 7 % d'ici 2023. Fin novembre, le
gouvernement a envoyé des lettres aux syndicats
qui représentent les travailleurs du secteur
public disant qu'il envisageait de sous-traiter
une large gamme de services publics, des services
d'ambulance et des laboratoires médicaux publics
aux services d'entretien ménager et de
blanchisserie des hôpitaux, à la transcription
médicale, aux soins infirmiers à domicile et aux
emplois dans les services sociaux et
communautaires. Cela représenterait une perte
potentielle d'ici 2023 de 6 400
à 7 400 emplois syndiqués dans le
secteur public, dont 3 900
à 4 900 dans les soins de santé.
Dans une récente entrevue avec CTV Edmonton,
Kenney a dit : « Personne n'est mis à pied à
l'heure actuelle, soyons clairs à ce sujet. Il
s'agit de réductions potentielles des niveaux
d'emploi sur quatre ans si nous ne pouvons pas
trouver d'autres économies.
L'intention de ces déclarations semble claire.
Kenney suggère que la privatisation est une forme
d' « économie d'argent » et que si les
travailleurs se soumettent à l'agression
intensifiée contre leurs salaires et leurs
conditions de travail, « économisant ainsi de
l'argent », il pourrait épargner les services
publics de sa privatisation.
Les travailleurs de l'Alberta sont déjà passés
par là et ont appris de leur expérience amère que
c'est de la fraude et du chantage du début à la
fin. Les travailleurs soulignent que le
gouvernement sert les grandes entreprises avec ses
menaces de privatisation. La privatisation n'a
rien à voir et n'a jamais eu rien à voir avec «
économiser de l'argent ». Elle est une façon
de transférer une plus grande partie de la
richesse créée par les travailleurs et réclamée
par les gouvernements entre les mains de riches
intérêts privés. La privatisation des services
publics effectuée au cours des années Klein a en
fait réduit les revenus du gouvernement, car la
valeur ajoutée créée par les travailleurs a été
transférée à des intérêts privés (par exemple, les
bureaux d'enregistrement et les points de vente
d'alcool). Le gouvernement Klein a ensuite utilisé
la baisse des revenus comme prétexte pour
intensifier l'assaut contre les services publics
et les travailleurs qui les assuraient.
Par leurs lignes de piquetage, les travailleurs
prennent l'initiative d'unir leurs propres rangs
et de développer l'opinion publique pour un
programme prosocial qui défend les droits de tous.
Afin de s'opposer à l'objectif du profit maximum
pour l'oligarchie financière, il faut donner une
nouvelle direction à l'économie pour combler les
besoins du peuple. Forum ouvrier appelle
les travailleurs à discuter avec leurs pairs de ce
qui est en jeu et à se joindre aux lignes de
piquetage et aux rassemblements dans leurs
communautés.
Ligne de piquetage des travailleurs de la santé
dans la région de Peace River contre les coupures,
le 22 janvier 2020
- Peggy Askin -
Rassemblement à l'hôtel de ville de Calgary,
le 17 novembre 2019, pour réclamer
justice pour Debbie Onwu, tuée au travail en
octobre 2019
Les intervenants en service social de l'Alberta
mènent la lutte depuis longtemps pour des
conditions de travail sécuritaires, face à
l'indifférence des gouvernements successifs.
Depuis le début des années 2000, quatre
intervenantes en service social sont décédées au
travail en Alberta. Plus récemment, le 25
octobre 2019, Debbie Onwu a perdu la vie
alors qu'elle travaillait dans un foyer de groupe
pour jeunes ayant des problèmes de santé mentale
et géré par Wood's Homes.
Après la mort tragique de Debbie, les
intervenants en service social pour les jeunes,
les anciens intervenants et leur syndicat ont
commencé à s'organiser pour exiger justice pour
Debbie et éviter de futures tragédies. Le 17
novembre 2019, des amis, des membres de la
famille et des collègues de la section
locale 4731 du SCFP, ainsi que des
travailleurs d'autres sections locales du SCFP et
d'autres syndicats se sont rassemblés à l'hôtel de
ville de Calgary pour réclamer justice pour Debbie
Onwu. Tous ceux qui ont pris la parole et qui
étaient présents au rassemblement ont exigé que le
gouvernement prenne des mesures pour fournir le
soutien nécessaire aux intervenantes en service
social afin d'assurer leur sécurité sur les lieux
de travail. Ils ont également exigé des
installations appropriées pour les jeunes et les
adultes qui ont des besoins de soins complexes.
« Vous devez cesser de nous ignorer. L'abus du
personnel au sein de diverses agences doit cesser
maintenant car nos vies comptent et nous ne
tolérerons plus l'intimidation et les abus »,
a déclaré Rebecca Opoku, une travailleuse sociale
et amie de Debbie. Les amis au rassemblement ont
demandé aux personnes présentes d'interpeller leur
député respectif pour que cet enjeu soit abordé. «
Debbie n'a plus sa voix, mais nous avons la
nôtre », a expliqué Opoku. « Cela ne fait pas
partie de notre travail d'y perdre la vie. »
Ivana Niblett,
représentante du Syndicat des Métallos, s'est
également adressée au rassemblement. « Nos efforts
aujourd'hui, par solidarité et au nom de Debbie
Onwu, visent à augmenter les normes et
réglementations de sécurité pour tous les employés
qui peuvent être à risque, en particulier ceux qui
travaillent avec des populations à risque élevé et
occupent diverses fonctions », a-t-elle dit.
« Personne ne devrait avoir à aller travailler et
se demander s'il ou elle va revenir à la maison en
sécurité pour retrouver ses proches. Obtenons
justice pour Debbie ! »
Un porte-parole du SCFP-Alberta a expliqué qu'une
partie du problème est le manque de soutien pour
les jeunes vulnérables pris en charge. « Dans
notre société, ils ne veulent pas se concentrer
sur les personnes vulnérables et nous ne voulons
pas nous concentrer sur les personnes qui ont
besoin de l'aide la plus soutenue », a
déclaré Rory Gill, président du SCFP-Alberta.
Debbie Onwu travaillait de nuit lorsqu'elle est
décédée et était seule avec un homme gravement
atteint d'un handicap mental et qui est accusé de
son meurtre. Le Syndicat canadien de la fonction
publique, qui représente les travailleurs de
Wood's Homes, rapporte que l'homme a été classé
comme nécessitant la présence d'au moins 2
intervenants, avait des besoins complexes en santé
mentale et des antécédents de violence. Au moment
de sa mort, sa collègue avait été appelée à un
autre étage. Lou Arab, représentant des
communications de la division du SCFP de
l'Alberta, a dit aux médias que le syndicat avait
soulevé depuis des années des préoccupations au
sujet du niveau des effectifs et des problèmes de
sécurité. Il a déclaré que le financement et
l'environnement de travail doivent être améliorés.
Debbie est la quatrième intervenante en service
social à être tuée au travail en Alberta depuis le
début des années 2000. Sharla Collier, une
travailleuse de 20 ans de Lethbridge, a été
agressée sexuellement et tuée par un jeune dont
elle avait la garde en 2002. L'intervenante
chez Camrose, Valerie Wolski, 41 ans, a été
tuée par un jeune dont elle avait la garde en
2011. Une intervenante aussi de Camrose, Dianne
McClements, 61 ans, a également été tuée
en 2012 par un jeune dont elle avait la
charge alors qu'elle travaillait dans un foyer
géré par Camrose Community Connections. Lors de
toutes ces morts tragiques, comme celle de Debbie
Onwu, les femmes étaient seules lorsqu'elles ont
été tuées.
Erin Northey, une ancienne intervenante auprès
des jeunes qui a lancé une pétition exigeant des
actions du gouvernement provincial, a dit qu'elle
connaissait très bien les dangers de travailler
avec les populations vulnérables.
Alors qu'elle travaillait en 2016 dans un
environnement à risque élevé, elle a été agressée
par un patient et a souffert d'une commotion
cérébrale, entraînant un syndrome post-commotion
cérébrale, de l'anxiété et un SSPT (symptôme de
stress post-traumatique). Elle se considère
chanceuse d'être toujours en vie.
« Il est temps que ça change », a déclaré
Northey. « Nous exigeons que des actions soient
prises. » La pétition qui exige des actions
pour améliorer la sécurité des personnes
travaillant dans un environnement à risque élevé,
a recueilli près de 14 000 signatures.
On accède à la pétition ici.
Northey souligne que les travailleurs de première
ligne savent quels changements sont nécessaires et
que les gouvernements doivent les écouter. Tout,
du financement, à la législation et aux ressources
pour les employés qui réintègrent le secteur, doit
être évalué, a-t-elle déclaré.
Il est inadmissible que les intervenantes en
service social, les travailleurs sociaux et tous
les travailleurs dévoués et qualifiés dans ce
secteur difficile ne soient pas dotés des
ressources et des conditions de travail
sécuritaires dont ils ont besoin pour effectuer
leur travail. Les travailleurs et les
professionnels de ce domaine sont inestimables
pour la société et essentiels à la guérison et au
bien-être de ceux dont ils s'occupent. Ils savent
ce qui est nécessaire et ils ont droit à des
conditions de travail décidées par eux qui
fourniront un environnement sécuritaire afin
qu'ils ne se blessent pas et ne meurent pas au
travail. C'est le minimum qu' on puisse demander.
Deux enquêtes publiques ont eu lieu en Alberta
sur le décès d'intervenantes en service social à
leur lieu de travail. Elles révèlent le refus
total des gouvernements de fournir ce qui est
nécessaire pour assurer la sécurité des femmes qui
dispensent des soins aux jeunes et aux adultes
ayant des besoins complexes, et assurer le
bien-être de ceux dont elles s'occupent. Au coeur
de la question se trouve l'escalade de l'offensive
antisociale et la détermination à réduire le
financement des programmes sociaux, y compris les
soins aux personnes gravement handicapées, et
celles souffrant de maladies mentales.
Les foyers de
groupe sont devenus le modèle pour les jeunes pris
en charge, qu'ils soient adéquats ou bénéfiques ou
non, ou qu'ils puissent on non fournir les
services de façon sécuritaire. Les foyers de
groupe peuvent être gérés par des organisations
communautaires organisées sur une base « sans but
lucratif » ou par des entreprises créées dans
le but de réaliser des profits privés. La plupart
des intervenants en service social sont des femmes
et les enquêtes publiques ont révélé qu'il était
trop difficile de recruter des hommes pour des
salaires aussi bas. Ces femmes s'occupent de
jeunes vulnérables et d'adultes gravement
handicapés, souvent seules et sans soutien. Les
familles et les proches des femmes décédées ont
tous parlé de leur dévouement à leur travail et de
leur préoccupation pour les jeunes ou les jeunes
adultes dont elles prennent soin.
Le petit nombre de résidents et les effectifs
réduits dans chaque foyer et le grand nombre
d'agences et d'organisations impliquées rend
l'organisation difficile à gérer par le personnel,
et les résidents et le personnel deviennent moins
« visibles ». La plupart des membres du
personnel ne sont pas organisés et un bon nombre
d'entre eux reçoivent des salaires de misère, la
norme étant une pénurie de personnel et un manque
de ressources. Ce modèle est également plus
difficile à défendre pour les familles, comme
elles l'ont fait avec succès en forçant le
gouvernement de l'Alberta à reculer et à garder le
Centre Michener ouvert. La province a sous-traité
les soins comme moyen de se départir de la
responsabilité d'offrir des conditions de travail
sécuritaires et les conditions que requièrent les
personnes soignées.
Les constatations de l'enquête publique sur le
décès des intervenantes en service social
En 2002, Sharla Marie Collier, 20 ans,
a été agressée sexuellement et tuée par un jeune
dont elle avait la garde alors qu'ils étaient
seuls. Une enquête publique sur la mort de Collier
a eu lieu en 2007 et un rapport a été publié
en 2008, six ans après sa mort. Dans son
rapport, le juge Lloyd P. Malin a recommandé que
les intervenantes en service social ne soient
affectées qu'aux soins d'un résident que le
soignant peut gérer physiquement. Il a également
souligné que tous les dossiers concernant un
résident devraient être mis à la disposition des
soignants et qu'une formation spécifique devrait
être dispensée sur les conditions des résidents
dont ils ont la garde. Il a noté que les
règlements de la province en matière de santé et
de sécurité au travail (SST) sur le travail seul
ne traitaient pas de la situation des intervenants
oeuvrant auprès de personnes potentiellement
violentes. Dix-huit ans après la mort de Sharla,
c'est toujours le cas.
Valerie Wolski, intervenante en service social,
a été tuée en 2011. Six ans plus tard,
en 2017, le rapport de l'enquête publique sur
sa mort, rédigé par le juge Bart Rosborough, a été
rendu public. Dans l'intervalle, une autre
intervenante, Diane McClement, 61 ans, avait
été tuée en 2012 alors qu'elle travaillait dans un
foyer géré par Camrose Community Connections. Un
jeune dont elle avait la garde a été accusé de son
meurtre. Aucune enquête publique n'a été ouverte.
À l'époque, Santé et sécurité au travail ne
confirmait même pas s'il menait une enquête. Le
gouvernement n'a jamais publié de rapport public
concernant sa mort.
Lorsque le rapport
d'enquête sur la mort de Wolski a finalement été
rendu public, la culpabilité du gouvernement était
stupéfiante. Wolski avait accepté de prendre en
charge un jeune homme qui avait une déficience
intellectuelle profonde dans un foyer géré par
l'Association canadienne pour la santé mentale
(ACSM). Ni Wolski ni l'ACSM n'ont été informés
qu'il avait des antécédents de comportement
violent, en particulier à l'égard des
intervenantes en service social, ni reçu un
historique précis ou une évaluation de ses besoins
en matière de soins. En fait, ils ont reçu des
informations complètement trompeuses, selon
lesquelles le jeune homme était « doux comme un
agneau ». Le personnel de l'ACSM a d'ailleurs
déclaré qu'il n'aurait pas pris soin de lui s'il
avait été au courant des antécédents de violence,
car il n'était pas équipé pour le faire.
Le juge Rosborough a fait référence au rapport
Collier et a réitéré ses recommandations. Il a
écrit qu' « il semblerait évident qu'une
travailleuse de soutien de petite taille comme
Wolski n'aurait pas dû se voir confier la
responsabilité des soins d'un homme jeune et de
très forte taille » (qui mesurait 6
pieds et 5 pouces et pesait entre 250
et 300 livres, soit 1,96 m de taille et
entre 113 et 135 kilos), en particulier
lorsqu'il y a des antécédents de violence. Le
rapport réitère les recommandations du rapport
Collier et ajoute que les femmes soignantes ne
devraient pas se voir confier les soins exclusifs
des résidents qui ont déjà exprimé ou démontré une
agression envers les femmes.
Le rapport a en outre noté que le thème
sous-jacent de l'enquête était que le gouvernement
n'avait pas d'établissements adaptés aux soins des
personnes ayant une déficience intellectuelle et
des besoins complexes. De nombreuses personnes qui
ont témoigné ont parlé de cet échec du
gouvernement et ont noté la détermination du
gouvernement à fermer le centre Michener et
imposer un modèle de foyer de groupe même
lorsqu'il est totalement inadéquat et inadapté. Le
juge Rosborough a conclu qu'il n'y avait aucune
ressource communautaire à la disposition du
ministère pour des personnes ayant une déficience
intellectuelle et qui était en mesure d'assurer le
niveau sécuritaire requis.
Le juge Rosborough a demandé si Valerie Wolski
serait toujours en vie si les recommandations du
précédent rapport Collier avaient été mises en
oeuvre. Malgré tous leurs efforts, ni lui ni
l'avocat rattaché à l'enquête n'ont pu savoir ce
que le gouvernement avait fait, aussi minime que
cela puisse être, en réponse à l'enquête publique
précédente. Il a fait remarquer que si un avocat
expérimenté et un juge nommé en vertu de la Loi
sur
les enquêtes sur les personnes tuées ne
peuvent obtenir d'informations, il est peu
probable que quiconque puisse en obtenir. En
Alberta, les gouvernements ne sont pas tenus de
rendre publique leur réponse à une enquête
médico-légale d'un coroner. Les rapports d'enquête
sur les décès peuvent simplement être mis sur une
étagère et oubliés. Est-ce toujours le cas après
la mort de quatre femmes ?
En 2012, Santé et sécurité au travail a
constaté que le ministère responsable des
personnes ayant une déficience intellectuelle
avait enfreint les normes de santé et sécurité et
a émis des ordonnances de conformité exigeant que
le ministère prenne des mesures pour protéger les
travailleurs contre le danger associé au travail
avec des personnes à risque élevé. Mais ces
ordonnances ne changent pas le fait que les
directives en matière de santé et de sécurité au
travail concernant le travail seul ne concernent
pas les intervenantes en service social dans les
foyers de groupe ou des situations similaires. Le
danger pour leur santé et leur sécurité demeure.
Les travailleuses prennent l'initiative de
demander Pas un décès de plus ! et de tenir
le gouvernement responsable de son refus de faire
tout ce qui est nécessaire pour assurer la
sécurité des intervenantes en service social. Leur
vie est précieuse et elle n'est pas
sacrifiable ! Les femmes travailleuses sont
aux premières lignes en menant leurs actions sur
la base que c'est à nous ! de nous organiser
et de lutter pour créer les changements
nécessaires.
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