Une lutte incessante pour des effectifs suffisants et des lieux de travail sécuritaires
- Peggy Askin -
Rassemblement à l'hôtel de ville de Calgary,
le 17 novembre 2019, pour réclamer
justice pour Debbie Onwu, tuée au travail en
octobre 2019
Les intervenants en service social de l'Alberta
mènent la lutte depuis longtemps pour des
conditions de travail sécuritaires, face à
l'indifférence des gouvernements successifs.
Depuis le début des années 2000, quatre
intervenantes en service social sont décédées au
travail en Alberta. Plus récemment, le 25
octobre 2019, Debbie Onwu a perdu la vie
alors qu'elle travaillait dans un foyer de groupe
pour jeunes ayant des problèmes de santé mentale
et géré par Wood's Homes.
Après la mort tragique de Debbie, les
intervenants en service social pour les jeunes,
les anciens intervenants et leur syndicat ont
commencé à s'organiser pour exiger justice pour
Debbie et éviter de futures tragédies. Le 17
novembre 2019, des amis, des membres de la
famille et des collègues de la section
locale 4731 du SCFP, ainsi que des
travailleurs d'autres sections locales du SCFP et
d'autres syndicats se sont rassemblés à l'hôtel de
ville de Calgary pour réclamer justice pour Debbie
Onwu. Tous ceux qui ont pris la parole et qui
étaient présents au rassemblement ont exigé que le
gouvernement prenne des mesures pour fournir le
soutien nécessaire aux intervenantes en service
social afin d'assurer leur sécurité sur les lieux
de travail. Ils ont également exigé des
installations appropriées pour les jeunes et les
adultes qui ont des besoins de soins complexes.
« Vous devez cesser de nous ignorer. L'abus du
personnel au sein de diverses agences doit cesser
maintenant car nos vies comptent et nous ne
tolérerons plus l'intimidation et les abus »,
a déclaré Rebecca Opoku, une travailleuse sociale
et amie de Debbie. Les amis au rassemblement ont
demandé aux personnes présentes d'interpeller leur
député respectif pour que cet enjeu soit abordé. «
Debbie n'a plus sa voix, mais nous avons la
nôtre », a expliqué Opoku. « Cela ne fait pas
partie de notre travail d'y perdre la vie. »
Ivana Niblett,
représentante du Syndicat des Métallos, s'est
également adressée au rassemblement. « Nos efforts
aujourd'hui, par solidarité et au nom de Debbie
Onwu, visent à augmenter les normes et
réglementations de sécurité pour tous les employés
qui peuvent être à risque, en particulier ceux qui
travaillent avec des populations à risque élevé et
occupent diverses fonctions », a-t-elle dit.
« Personne ne devrait avoir à aller travailler et
se demander s'il ou elle va revenir à la maison en
sécurité pour retrouver ses proches. Obtenons
justice pour Debbie ! »
Un porte-parole du SCFP-Alberta a expliqué qu'une
partie du problème est le manque de soutien pour
les jeunes vulnérables pris en charge. « Dans
notre société, ils ne veulent pas se concentrer
sur les personnes vulnérables et nous ne voulons
pas nous concentrer sur les personnes qui ont
besoin de l'aide la plus soutenue », a
déclaré Rory Gill, président du SCFP-Alberta.
Debbie Onwu travaillait de nuit lorsqu'elle est
décédée et était seule avec un homme gravement
atteint d'un handicap mental et qui est accusé de
son meurtre. Le Syndicat canadien de la fonction
publique, qui représente les travailleurs de
Wood's Homes, rapporte que l'homme a été classé
comme nécessitant la présence d'au moins 2
intervenants, avait des besoins complexes en santé
mentale et des antécédents de violence. Au moment
de sa mort, sa collègue avait été appelée à un
autre étage. Lou Arab, représentant des
communications de la division du SCFP de
l'Alberta, a dit aux médias que le syndicat avait
soulevé depuis des années des préoccupations au
sujet du niveau des effectifs et des problèmes de
sécurité. Il a déclaré que le financement et
l'environnement de travail doivent être améliorés.
Debbie est la quatrième intervenante en service
social à être tuée au travail en Alberta depuis le
début des années 2000. Sharla Collier, une
travailleuse de 20 ans de Lethbridge, a été
agressée sexuellement et tuée par un jeune dont
elle avait la garde en 2002. L'intervenante
chez Camrose, Valerie Wolski, 41 ans, a été
tuée par un jeune dont elle avait la garde en
2011. Une intervenante aussi de Camrose, Dianne
McClements, 61 ans, a également été tuée
en 2012 par un jeune dont elle avait la
charge alors qu'elle travaillait dans un foyer
géré par Camrose Community Connections. Lors de
toutes ces morts tragiques, comme celle de Debbie
Onwu, les femmes étaient seules lorsqu'elles ont
été tuées.
Erin Northey, une ancienne intervenante auprès
des jeunes qui a lancé une pétition exigeant des
actions du gouvernement provincial, a dit qu'elle
connaissait très bien les dangers de travailler
avec les populations vulnérables.
Alors qu'elle travaillait en 2016 dans un
environnement à risque élevé, elle a été agressée
par un patient et a souffert d'une commotion
cérébrale, entraînant un syndrome post-commotion
cérébrale, de l'anxiété et un SSPT (symptôme de
stress post-traumatique). Elle se considère
chanceuse d'être toujours en vie.
« Il est temps que ça change », a déclaré
Northey. « Nous exigeons que des actions soient
prises. » La pétition qui exige des actions
pour améliorer la sécurité des personnes
travaillant dans un environnement à risque élevé,
a recueilli près de 14 000 signatures.
On accède à la pétition ici.
Northey souligne que les travailleurs de première
ligne savent quels changements sont nécessaires et
que les gouvernements doivent les écouter. Tout,
du financement, à la législation et aux ressources
pour les employés qui réintègrent le secteur, doit
être évalué, a-t-elle déclaré.
Il est inadmissible que les intervenantes en
service social, les travailleurs sociaux et tous
les travailleurs dévoués et qualifiés dans ce
secteur difficile ne soient pas dotés des
ressources et des conditions de travail
sécuritaires dont ils ont besoin pour effectuer
leur travail. Les travailleurs et les
professionnels de ce domaine sont inestimables
pour la société et essentiels à la guérison et au
bien-être de ceux dont ils s'occupent. Ils savent
ce qui est nécessaire et ils ont droit à des
conditions de travail décidées par eux qui
fourniront un environnement sécuritaire afin
qu'ils ne se blessent pas et ne meurent pas au
travail. C'est le minimum qu' on puisse demander.
Cet article est paru dans
Numéro 3 - 29 janvier 2020
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Une lutte incessante pour des effectifs Suffisants et des lieux de travail sécuritaires - Peggy Askin
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