La lutte des travailleurs du secteur public en Alberta

Les infirmières de l'Alberta opposent un non! ferme aux demandes de reculs massifs et de gel salarial


Rassemblement à l'Université de l'Alberta, le 25 janvier 2020

Les infirmières et infirmiers unis de l'Alberta (UNA) rapportent que les négociations ont débuté en vue d'une nouvelle convention collective provinciale entre l'UNA et les Services de santé de l'Alberta (AHS) le 15 janvier. L'AHS a rapidement déposé une série de « propositions » dans lesquelles elle s'attaque aux salaires et aux conditions de travail des infirmières. L'AHS demande un gel de salaire de quatre ans aux infirmières, qui n'ont pas reçu d'augmentation depuis 2016. Dans sa proposition d'ouverture, l'UNA demande une augmentation de salaire de 2 % par année sur deux ans.

Au lieu de mettre fin au gel de l'embauche, de remplir les postes vacants et de fournir des effectifs adéquats pour garantir le bien-être des patients et du personnel, l'AHS veut éliminer les jours de repos désignés des employés à temps partiel, forcer les employés à temps partiel à travailler des quarts de travail complets, sabrer dans les taux de rémunération des heures supplémentaires et forcer à volonté les infirmières à se déplacer d'un endroit de travail à un autre. D'autres propositions comprennent l'élimination des primes pour les employés détenant un baccalauréat, une maîtrise ou un doctorat, l'élimination des primes de soir, de nuit et de fin de semaine, et le ralentissement de la progression des employés dans l'échelle salariale qui doivent travailler neuf ans en ce moment pour atteindre leur salaire maximal.

Le gouvernement Kenney a inventé quelque chose qu'il appelle le « standard Ontario-Ouest » par lequel il détourne l'attention de son programme de destruction en prétendant que « l'Alberta dépense trop d'argent » dans la santé comparativement aux autres provinces. L'objectif est de détourner l'attention des réclamations que font les Albertains à leur droit aux soins de santé et du droit des travailleurs qui fournissent les soins à des salaires et des conditions de travail qu'ils jugent adéquats, compte tenu du travail qu'ils font et de leur contribution à la société. Même si c'est l'AHS qui siège à la table, c'est le gouvernement Kenney qui contrôle chacun des gestes de l'AHS et de tout employeur de la province qui reçoit un certain niveau de financement public. Le gouvernement Kenney a illégalisé la divulgation par un employé des instructions que le gouvernement lui a données.

Ces demandes outrageantes du gouvernement du PCU sont accompagnées de menaces de pertes d'emploi massives par le biais de la privatisation et de coupures de postes d'infirmières à l'échelle de la province.

Les infirmières et les autres travailleurs de la santé prennent en main leur responsabilité sociale quand ils refusent de se soumettre à cette offensive antisociale et au recours aux pouvoirs arbitraires et au diktat au lieu de négociations. L'Association des infirmières et infirmiers du Canada écrit : « Les preuves abondent qui lient des effectifs infirmiers plus bas et le mélange des compétences à des résultats néfastes pour les patients comme une augmentation de la mortalité, les chutes, les infections et une hospitalisation plus longue. » Si l'offensive antisociale du gouvernement Kenney prévaut, cela aggravera des conditions de travail déjà intenables et les soins aux patients.

En ce qui concerne la question d' « épargner de l'argent », l'intention du gouvernement Kenney est claire. En tant que gouvernement de l'oligarchie financière, son objectif n'est pas de satisfaire les besoins des Albertains, mais de maximiser les profits de l'oligarchie financière. C'est la raison pour laquelle il a annoncé qu'il ouvrira davantage le secteur des soins de santé au profit privé. De cette façon, la richesse créée par la classe ouvrière et sur laquelle le gouvernement présente sa réclamation sera remise aux riches. Les fonds retirés des soins de santé vont eux-mêmes aux riches.

La présidente de l'UNA Heather Smith a bien répondu à tout cela : « La dernière fois que l'employeur a proposé des reculs d'une telle ampleur était en 1988, et nous savons tous ce qui s'est passé », a-t-elle dit. Elle faisait allusion à la dernière grève provinciale des infirmières de l'Alberta qui a eu lieu en 1988.[1] Un des traits saillants de la grève de 1998 a été la détermination à soutenir le principe que les infirmières ont le droit de décider quels sont les salaires et les conditions de travail qu'elles trouvent acceptables et cette détermination leur a valu un fort appui du public.

Note

1. En 1988, plus de 14 000 infirmières de 98 hôpitaux en Alberta se sont mises en grève. Le gouvernement de l'Alberta avait déclaré les grèves dans les établissements de santé publique illégales à la suite de la grève des infirmières de 1982. Pendant dix-neuf jours, les infirmières se sont unies en un non ! puissant aux reculs et aux concessions. Le gouvernement a lancé une attaque après l'autre contre elles pour briser leur résistance. La tenue d'un vote de grève a été déclarée geste illégal, l'UNA a été accusée d' « outrage criminel au tribunal » et menacée d'amendes de 1 million de dollars, de la saisie des avoirs du syndicat et de l'arrêt de la collecte des cotisations syndicales. Des infirmières individuelles ont été accusés d'outrage civil au tribunal, ont reçu des amendes et des menaces de licenciement. À la fin, l'UNA a été forcée de payer des amendes atteignant 424 000 dollars et le mouvement syndical s'est mobilisé pour l'aider à le faire. Mais les infirmières ont tenu bon et lorsqu'elles sont retournées au travail après 19 jours, leur convention collective est demeurée intacte.


Rassemblement durant la grève des infirmières qui a commencé le 25 janvier 1988

(Photos : AUPE, UNA)


Cet article est paru dans

Numéro 3 - 29 janvier 2020

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La lutte des travailleurs du Secteur public en Alberta: Les infirmières de l'Alberta opposent un non! Ferme aux demandes de reculs massifs et de gel Salarial


    

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