19 décembre 2019
La Fédération du travail de
l'Ontario tient son Congrès biennal
Les travailleurs de l'Ontario
cherchent à renforcer leur résistance à
l'offensive antisociale du gouvernement Ford
- Steve Rutchinski -
Marche sur Queen's Park des
délégués du congrès de la Fédération du travail de
l'Ontario
à Toronto le 27 novembre 2019
• La responsabilité de la
FTO de développer le mouvement de
protestation et de le faire avancer - Centre ouvrier du
PCC(M-L)
L'offre inacceptable, irresponsable et
provocatrice du gouvernement du Québec
• Les travailleurs du
secteur public réclament des améliorations
négociées significatives à leurs salaires et
conditions de travail - Pierre Chénier
Entrevues
• Cette offre ne fait rien
pour rattraper ce qu'on a perdu depuis
environ 20 ans - Jeff Begley,
président de la Fédération de la santé et des
services sociaux (FSSS-CSN)
• Nous avons besoin de
plus de personnel et de meilleurs salaires et
conditions de travail - Natalie
Crytes-Veillette, Syndicat québécois des
employées et employés de service, section
locale 298
Grève des
travailleurs des télécommunications chez Ledcor
Technical Services en Colombie-Britannique
• À la défense des droits
contre le travail précaire - Brian
Sproule
Entrevue
• Gino Ocampo, chef de
piquet de la section locale 213 de la FIOE
• À nos lecteurs
La Fédération du travail de
l'Ontario tient son Congrès biennal
- Steve Rutchinski -
La salle du congrès de la FTO le 25 novembre 2019
La Fédération du travail de l'Ontario (FTO) a
tenu son 15e Congrès biennal du 25
au 29 novembre à l'hôtel Sheraton de Toronto.
La FTO représente un million de travailleurs
regroupés en 15 000 sections locales
appartenant à 54 syndicats.
Le congrès s'est tenu alors que le gouvernement
Ford intensifie ses attaques contre les
travailleurs de la province et les services qu'ils
livrent et dont le bien-être des Ontariens dépend.
Les délégués ont partagé leur expérience et
discuté du défi que représente l'offensive
antisociale du gouvernement Ford pour le bien-être
des travailleurs et du peuple en Ontario. Le
saccage de l'économie par la privatisation des
services publics comme la santé, les coupures dans
les emplois, l'absence de souci pour
l'environnement, le sort des jeunes travailleurs
et d'autres sujets de préoccupation commune ont
été discutés.
Un aspect clé du Congrès a été la présentation,
la discussion et l'adoption du document et du plan
d'action « La force du nombre » qui établit
la direction du travail de la FTO pour la période
qui vient.
Le plan d'action appelle les travailleurs à
établir les conditions en Ontario qui vont
permettre à tous de s'épanouir sans égard à leur
statut ou à toute autre considération et met
l'accent sur la responsabilité qui incombe aux
travailleurs de prendre en main cette lutte. On y
lit que « Doug Ford représente un danger réel et
immédiat pour l'Ontario. Ford demeure l'adversaire
principal en ce qui concerne un travail décent
pour tous, les précieux services publics de la
province, la justice et la situation de toutes les
familles de travailleurs et leurs
communautés. » Il appelle à cet égard à la
formation de coalitions dans toute la province
dont l'objectif est de « produire un gouvernement
du NPD en Ontario en 2021 ». Cela
soulève la question de ce que signifie pour les
travailleurs la lutte pour se donner un pouvoir
afin de parler en leur propre nom et de réaliser
les conditions prosociales pour lesquelles ils
luttent à chaque jour, et si cela est la même
chose que de se joindre à une coalition pour élire
le NPD.
Les travailleurs ontariens se préparent à
l'introduction d'encore plus de lois antiouvrières
par le gouvernement Ford qui a déclaré l'Ontario «
ouverte aux affaires » et a lancé une
offensive antisociale brutale. Ils observent de
près les luttes que mènent les travailleurs de
l'Alberta contre les attaques semblables du
gouvernement du Parti conservateur uni dirigé par
Jason Kenney. Un des orateurs invités, l'avocat du
travail Joshua Mandryk, a dit que les travailleurs
doivent se préparer à d'autres lois antiouvrières
du gouvernement Ford, notamment des lois qui
rendront encore plus difficile le travail
d'organisation des syndicats, semblables aux lois
adoptées par le gouvernement Kenney en Alberta qui
selon lui sont un ballon d'essai pour des lois de
type « droit au travail » comme aux
États-Unis.
Un des panels au congrès de la FTO le 28
novembre 2019 sur la lutte des travailleurs
pour
des conditions de travail sécuritaires et pour
obtenir une indemnisation lorsqu'ils deviennent
malades à cause de mauvaises conditions
Janice Martell s'adresse au panel sur
les maladies professionnelles au congrès
de la FTO le 28 novembre 2019.
|
Les travailleurs accidentés et leurs collectifs
ont parlé du sort de ceux qui souffrent de
blessures et de maladies professionnelles causées
par le travail. Natasha Luckhardt, la productrice
du documentaire Town of Widows, a parlé
des travailleurs de General Electric de
Peterborough qui sont morts du cancer et d'autres
maladies parce qu'ils ont été exposés à l'amiante
et à d'autres produits toxiques à l'usine, et elle
a parlé de la lutte courageuse que mènent leurs
familles pour la justice et une indemnisation.
Janice Martell, la fondatrice du McIntyre Powder
Project, a dit qu'il faut intensifier la lutte
pour obliger la Commission de la sécurité
professionnelle et de l'assurance contre les
accidents du travail (CSPAAT) à cesser de harceler
et de punir les travailleurs accidentés qu'elle
est censée aider.
Janice a partagé les conclusions de l'enquête
qu'elle a menée sur les effets sur la santé de la
poudre McIntyre que les compagnies ont forcé les
travailleurs à respirer des années 1940 aux
années 1970, prétendument pour prévenir la
silicose. Elle a dit que son père et d'autres
mineurs en ont développé des problèmes
respiratoires et d'autres problèmes de santé qui
les ont rendus invalides. Jusqu'à maintenant, la
CSPAAT a refusé de reconnaître leurs réclamations.
Le sort des jeunes travailleurs dans l'« économie
sur demande » a aussi été un sujet de
discussion au Congrès. Les jeunes participant à
une table ronde sur le sujet ont partagé leur
expérience de ce type de travail contractuel
temporaire et précaire que plusieurs jeunes sont
forcés de prendre pour gagner leur vie. Les
délégués ont discuté du besoin d'organiser ces
travailleurs en syndicats pour défendre leurs
droits.
Le 27 novembre, les délégués au Congrès ont
participé à un rassemblement et une marche à
Queen's Park pour exprimer leur opposition à
l'offensive antisociale du gouvernement Ford. Tous
les intervenants ont dénoncé le gouvernement Ford
et se sont engagés à intensifier leur action unie
contre son offensive antisociale.
Les délégués du congrès de la FTO marchent sur
Queen's Park le 27 novembre 2019.
Le Congrès a adopté des résolutions qui expriment
notamment l'appui aux enseignants et aux
travailleurs de l'éducation de l'Ontario, qui
s'opposent aux plans du gouvernement Ford de
privatiser les services ambulanciers, qui
demandent des garderies ouvertes toute la journée
et qui condamnent le rôle que le Canada a joué
dans le coup d'État contre le président Evo
Morales en Bolivie.
Les délégués ont élu une nouvelle direction.
Patty Coates, une travailleuse de l'éducation et
membre de la Fédération des enseignantes et des
enseignants des écoles secondaires de l'Ontario,
est devenue la première femme présidente de la
FTO. Ahmad Gaied, des Travailleurs unis de
l'alimentation et du commerce, a été élu
secrétaire-trésorier et Janice Folk-Dawson, du
Syndicat canadien de la fonction publique,
vice-présidente exécutive. Ils se sont tous
engagés à diriger et à intensifier la lutte contre
le programme d'austérité antisociale et
antiouvrière du gouvernement
progressiste-conservateur de Doug Ford.
Le nouvel exécutif de la FTO (de gauche à
droite): la présidente Parry Jarvis Coates, le
secrétaire trésorier Ahmad Gaied et la
vice-présidente Janice Folk-Dawson
- Centre ouvrier du PCC(M-L) -
L'appel du Congrès de la FTO à former des
coalitions à l'échelle de la province dont
l'objectif est de « produire un gouvernement du
NPD en Ontario en 2021 » est un sujet de réelle
préoccupation pour les travailleurs. Depuis les
Journées d'action contre le gouvernement Harris,
la FTO essaie d'échapper à sa responsabilité de
développer le mouvement de protestation et de le
faire avancer. Elle ne veut pas se retirer
complètement du mouvement mais veut plutôt
l'orienter de manière à ce qu'il satisfasse les
objectifs d'un des partis politiques cartels qui
prétend représenter les intérêts des travailleurs,
le NPD. À cet égard, il y a longtemps que le NPD
s'est avéré un parti perturbateur et une force de
division dans le mouvement parce qu'il met de
l'avant ses propres objectifs sectaires. Alors que
les travailleurs rejettent cet objectif de
division et luttent pour résoudre la crise en leur
faveur, la FTO vacille et tente de centrer ses
activités davantage sur le rôle du NPD que sur
celui des syndicats. La NPD a son propre objectif
intéressé, qui est d'arriver au pouvoir, et il dit
aux travailleurs que la solution est de voter pour
mettre le NPD au pouvoir. Selon lui, c'est tout ce
que les travailleurs ont à faire.
L'objectif
des syndicats établis dans le passé, et de leurs
associations comme la FTO, n'a jamais été de
transformer radicalement la situation. Cependant,
les conditions actuelles requièrent que les
travailleurs jouent un rôle politique pour réussir
à se donner du pouvoir afin d'être en mesure de
contrôler les décisions qui les affectent. Si la
FTO faisait avancer le mouvement au-delà de son
objectif syndical étroit, cela révélerait que le
rôle sectaire, perturbateur et intéressé du NPD
est le véritable problème. Il est un des partis
qui forment un système de partis cartels qui vise
à garder le peuple hors du pouvoir. Il rivalise
pour être une force qui peut négocier qui va
occuper les positions de premier ministre au
provincial comme au fédéral, les positions de
ministres du cabinet, de secrétaires et des
échelons supérieurs de la fonction publique et
ainsi de suite. Cette activité de courtier sert à
détourner l'attention des travailleurs du besoin
de s'en tenir à l'objectif de leur classe.
L'idée que les travailleurs ont un choix entre
tel ou tel parti au moyen des élections a été
maintes fois démentie. Les travailleurs veulent
que les vrais problèmes soient résolus et ils ont
en horreur la division du mouvement sur la base de
la politique de parti.
Le mouvement ouvrier contre l'offensive
antisociale a un objectif et c'est de faire échec
à l'offensive antisociale. Cela se fait de manière
concrète en obtenant des victoires pour un
programme prosocial que les travailleurs élaborent
eux-mêmes, comme ils le font à chaque jour en
luttant pour affirmer ce qui leur revient de
droit. L'objectif de défaire l'offensive
antisociale doit être poursuivi jusqu'au bout.
Cela signifie qu'en discutant de leurs actions,
les collectifs de travailleurs doivent faire en
sorte de ne pas permettre que l'objectif du
mouvement soit relégué à une position subordonnée
; ils ne doivent pas permettre qu'il soit
subordonné à des objectifs étroits comme celui
d'élire le NPD. Le NPD a montré à maintes reprises
qu'il s'intéresse aux coalitions seulement dans la
mesure où elles acceptent de se soumettre à son
objectif.
L'appel que lance le Centre ouvrier du PCC(M-L)
est de s'en tenir à l'objectif du mouvement. La
question n'est pas d'appuyer le PCC(M-L) ou le NPD
ou quiconque. La question est de réaliser
l'objectif du mouvement.
L'offre inacceptable,
irresponsable et provocatrice du gouvernement du
Québec
- Pierre Chénier -
Le 12 décembre, le gouvernement du Québec a
présenté ses offres centrales aux représentants
syndicaux du secteur public dans le cadre des
négociations pour le renouvellement des
conventions collectives des
quelque 550 000 travailleurs et
travailleuses du secteur. Les conventions
collectives arrivent à terme le 31
mars 2020. Dès que le gouvernement a déposé
ses offres, tous les syndicats du secteur les ont
rejetées comme étant déconnectées de la réalité
sur le terrain et insultantes face à la situation
que vivent ces travailleurs et aux revendications
qu'ils mettent de l'avant depuis longtemps pour
améliorer la situation de manière significative.
L'offre du gouvernement prévoit une augmentation
salariale de 7 % sur 5 ans. C'est
au moins 3 % en dessous de l'inflation telle
qu'elle est prévue par les experts pour les cinq
prochaines années. Le gouvernement propose aussi
un montant forfaitaire de 1000 $ aux
travailleurs en poste au 31 mars 2020
qui auront atteint le maximum de leur échelle
salariale à cette date. On évalue que ce montant
forfaitaire, qui ne fait pas partie des salaires,
vise seulement environ 50 % des travailleurs
du secteur public concernés par cette négociation.
Le gouvernement propose aussi la tenue de trois
forums de discussion paritaires (représentants
patronaux et représentants des travailleurs) sur
la réussite en éducation, l'accessibilité aux
soins pour les gens en hébergement de longue durée
ou recevant des soins à domicile et la santé
globale des travailleurs du secteur public, où des
sommes additionnelles pourraient être débloquées.
Le gouvernement vise en particulier les préposés
aux bénéficiaires et les enseignants en début de
carrière.
Selon le gouvernement, l'offre salariale, le
montant forfaitaire et les sommes additionnelles
forment une offre qui équivaut à l'inflation, le
plafond qu'il s'est donné dans cette négociation
au nom de la capacité de payer des Québécois et de
ne pas alourdir le fardeau fiscal des prochaines
générations. Le gouvernement déclare que son offre
est une base acceptable de discussion et de
négociation avec les employés du secteur public.
Avec cette offre, le gouvernement continue la
pratique des gouvernements précédents de refuser
de reconnaître que les travailleurs du secteur
public créent une valeur immense pour la société,
une valeur à laquelle ils présentent une
réclamation légitime. Les travailleurs ont droit à
un accord négocié qui leur est acceptable, pour
leur bien-être et pour le bien des services
publics qu'ils livrent. Le gouvernement refuse
aussi de reconnaître que l'austérité antisociale a
mené les services publics à un point de rupture.
Celui-ci est marqué entre autres choses par
l'épuisement du personnel, un haut niveau
d'absence pour maladie qui accroît l'épuisement du
personnel qui reste au travail et l'apparition de
problèmes aigus de santé mentale et de détresse
psychologique parmi les travailleurs.
Il est clair que le gouvernement fait semblant de
ne pas savoir que l'insuffisance des salaires est
au centre du problème de rétention et d'attraction
de la main-d'oeuvre et des problèmes de santé
mentale et de détresse qui en découlent. Il fait
le calcul cynique qu'il va utiliser le pouvoir de
l'État pour s'assurer que le système continue
d'opérer malgré la crise et que les travailleurs
et travailleuses du secteur public vont continuer
de soutenir le système à bout de bras. Ils le font
largement par dévouement pour ceux et celles
qu'ils soignent et pour la jeunesse qu'ils
éduquent. L'attitude du gouvernement n'est pas
fondamentalement différente de celle des
gouvernements qui ont préparé des désastres comme
celui de Lac-Mégantic par leur refus de prendre
leurs responsabilités sociales et leur obsession
pour le profit privé étroit.
De plus, la déclaration du gouvernement que son
offre est un point de départ de négociations de
bonne foi est fausse. Une négociation de bonne foi
possède un élément qualitatif qui est la
reconnaissance de la contribution des travailleurs
et travailleuses du secteur public à la société,
le respect de la dignité de ces travailleurs et la
reconnaissance de leur droit à des salaires et
conditions de travail négociées qu'ils jugent
acceptables. Rien de tout cela n'existe dans cette
offre. Ce n'est pas une base de négociation et
cela ne peut être que rejeté avec mépris.
Forum ouvrier se joint aux centaines de
milliers de travailleurs et travailleuses du
secteur public du Québec pour rejeter cette offre
dans sa forme et son contenu et pour exiger que le
gouvernement améliore substantiellement les
salaires et les conditions de travail dans le
secteur public. Forum ouvrier ouvre ses
pages à la lutte des employés du secteur public à
l'occasion du renouvellement des conventions
collectives et fournira information, analyse et
points de vue pertinents et fera une place de
choix à la voix des travailleurs.
Assez c'est assez !
Pour une amélioration substantielle immédiate
des salaires et conditions
de travail dans le secteur public !
Entrevues
- Jeff Begley, président de la
Fédération de la santé et des services sociaux
(FSSS-CSN) -
Forum ouvrier : Le 12 décembre
dernier, le gouvernement du Québec a présenté ses
offres aux représentants syndicaux dans le cadre
des négociations des conventions collectives des
travailleurs et travailleuses du secteur public.
Quelle est l'opinion de la FSSS sur ces offres ?
Jeff Begley : Il est clair que
l'offre est déconnectée des besoins du terrain.
Nous avons des problèmes de rétention et
d'attraction d'employés/es, et cela dans toutes
les catégories de travail dans le secteur. Le
gouvernement vise les préposés aux bénéficiaires,
les gens qui donnent les soins à domicile et les
enseignants/es qui commencent leur carrière.
Pourtant on a entendu les ordres professionnels il
y a quelque temps parler des problèmes qu'ils ont
à attirer des professionnels dans le secteur
public. Les grands oubliés là-dedans, ce sont les
personnes qui travaillent du côté administratif,
les employés de bureaux et les agents
administratifs. On n'en parle jamais mais là aussi
il y a un sérieux problème de rétention et
d'attraction.
Cette offre-là ne fait rien pour rattraper ce
qu'on a perdu depuis environ 20 ans, et surtout
depuis la négociation de 2006, la première
négociation avec le Parti libéral, qui avait
commencé par une offre de deux ans sans aucune
augmentation. Selon notre évaluation, le secteur a
perdu environ 20 % par rapport à l'inflation
depuis environ 20 ans. Juste en ce qui concerne
l'inflation, le secteur public a perdu beaucoup et
pour ces personnes-là, dans l'administration, on
parle ici de bas salariés. Mais on ne parle jamais
d'eux et, encore une fois, l'offre est inférieure
à l'inflation, alors ils vont encore essuyer une
perte pendant encore cinq ans s'il n'y a pas une
négociation sérieuse qui a lieu.
L'autre chose qui est surprenante c'est la
division qui est à l'oeuvre avec cette offre. On
savait qu'ils allaient diviser les préposés et les
enseignants d'avec les autres employés du secteur
public, mais l'autre chose qu'ils ont fait c'est
offrir un montant forfaitaire de 1000 dollars pour
ceux qui sont au niveau maximum de l'échelle
salariale. Selon le président du Conseil du
trésor, il y a environ 54 % des gens qui sont au
maximum de l'échelle. Il y a donc 46 % des gens
qui ne recevront pas le 1000 $ forfaitaire. En
plus, il y a des gens qui ont une échelle
salariale unique. Ils pourraient être embauchés le
30 mars et le 31 mars ils recevront le 1000 $.
Alors qu'il y en a d'autres qui peuvent être là
depuis 15 ans et ne sont pas encore au maximum de
l'échelle et n'auront pas droit au 1000 $. Cela va
semer la bisbille. Le président du Conseil du
trésor n'a pas expliqué pourquoi il propose cela,
il y a peut-être un enjeu que l'on ne voit pas,
mais chose certaine, que cela soit un geste
intentionnel ou non, le résultat va être de
diviser notre monde. Il y en a qui vont être très
mécontents, c'est certain, et je les comprends.
FO : Le président du Conseil du
trésor dit avoir adopté une approche novatrice
dans cette négociation, avec notamment des forums
de discussion sur les priorités gouvernementales
pour lesquels des montants additionnels sont
prévus. Que peux-tu nous dire là-dessus ?
JB : Sur la question des forums,
nous n'avons pas fini notre analyse mais notre
première réaction c'est qu'il faut tester ce
qu'ils nous proposent. Il faut y participer. Il
existe des solutions qui n'auront pas pour effet
de diviser et il faut voir s'il y aura une
ouverture. Mais s'il a déjà son idée toute faite,
et que c'est juste pour faire passer son idée,
cela va mal aller. Mais s'il y a une ouverture
pour discuter, alors il y a peut-être des pistes
pour régler quelques problèmes mais on ne veut pas
que le but soit de diviser pour mieux régner,
comme diviser les préposés et les enseignants
d'avec les autres. Ça ne passera pas si c'est
l'objectif du gouvernement.
FO : Tu veux dire quelque chose
en conclusion ?
JB : À la FSSS, nous avons
privilégié un même montant d'augmentation pour
tout le monde pour la première année, 3 $
d'augmentation de l'heure pour tout le monde. Cela
accorde à tout le monde ce montant de 3 dollars
pour satisfaire leurs besoins de base sauf que
pour l'employé au bas de l'échelle c'est une
augmentation substantielle tandis que pour le
professionnel en haut de l'échelle cela représente
un pourcentage d'augmentation beaucoup moindre. En
même temps, pour ce professionnel, ce montant est
important pour abaisser un peu l'écart salarial
entre les salaires des professionnels du secteur
public et ceux du secteur privé.
Je pense qu'en présentant cette offre, le
gouvernement n'a pas pris la mesure de la
situation qui est vraiment grave dans le secteur
public. S'il n'y a pas de négociation à la hausse
de façon significative, les problèmes du secteur
public vont encore s'aggraver et ce sont les
services publics dans leur ensemble qui vont en
souffrir.
(Photo: CSN)
- Natalie Crytes-Veillette,
Syndicat québécois des employées et employés de
service, section locale 298 -
Manifestation durant le congrès de la FTQ en appui
aux travailleurs/euses en grève dans les
résidences pour personnes âgées, le 26 novembre
2019
Cette entrevue a été faite au 32e Congrès de la
Fédération des travailleurs et travailleuses du
Québec, qui s'est tenu du 25 au 28 novembre.
Forum ouvrier : Un des points
forts du Congrès de la FTQ où nous sommes
présentement, ce sont les interventions des
travailleurs/euses les plus vulnérables de la
santé qui réclament une amélioration substantielle
immédiate de leurs salaires et de leurs conditions
de travail. Peux-tu nous en dire plus ?
Natalie Crytes-Veillette : Je suis
moi-même préposée aux bénéficiaires dans un CHSLD
dans la région de Deux-Montagnes. Le gros
problème, c'est que nous sommes en grand manque de
personnel. Je vais parler de ma place de travail.
Les gens ne restent pas. Il y a beaucoup de gens
en maladie, en arrêt de travail. Sur
quelque 80 employés/es, il y en a
peut-être 25 qui sont en arrêt de travail.
Les résidents qui arrivent chez nous sont des cas
de plus en plus lourds, qui demandent plus
d'heures de soin. Comme nous sommes déjà en manque
de personnel et que nos résidents sont des cas de
plus en plus lourds, nous n'arrivons pas à faire
nos journées et à donner un travail de qualité à
ces gens-là qui méritent d'avoir un meilleur
service.
La fatigue, l'épuisement, les blessures
nombreuses sont chose très courante parmi le
personnel.
Ils sont reliés à la pénurie de personnel combinée
au fait que les cas sont de plus en plus lourds.
Pour beaucoup de résidents qui arrivent chez nous,
il faut utiliser le lève-personnes pour les
déplacer d'une position à une autre. Cela prend
deux préposés qui travaillent ensemble pour faire
cela. Nous avons besoin de plus de personnel. Il y
a des gens qui pensent à quitter et je les
comprends. Il n'y a rien d'attirant dans la
profession à l'heure actuelle.
Financièrement, nous avons besoin de meilleurs
salaires. C'est un sérieux problème. Dans ma place
de travail, j'ai sept ans d'ancienneté et je suis
déjà parmi les 20 plus anciennes sur un total
d'environ 80 employés/es. Pour régler le
problème de l'attraction et de la rétention nous
avons besoin de salaires plus adéquats. C'est un
métier qui mérite de meilleurs salaires. Il y a un
manque de reconnaissance de la part du
gouvernement et des employeurs du travail que nous
faisons pour nous occuper des aînés.
Avec toutes ces conditions, nous n'arrivons pas à
donner le service requis à ces résidents. Ils
méritent de passer plus de temps avec nous. Il y a
des résidents avec lesquels on ne peut même pas
passer cinq minutes par jour individuellement. Ces
gens-là méritent qu'on soit là pour eux. Il
faudrait que les personnes en position d'autorité
sortent de leur bureau et viennent passer une
journée avec nous sur le plancher. J'ai déjà dit à
mon directeur que ce qui se passe sur le plancher
n'a rien à voir avec mes valeurs et, cette
journée-là, j'ai quitté plus tôt. La situation est
rendue à un tel point que des résidents commencent
à être gênés de nous demander des services parce
qu'ils voient que nous n'avons pas le personnel
suffisant. Ils ont besoin de nous. C'est pour cela
que nous restons à l'emploi du CHSLD. Nous ne
sommes pas soumis au temps supplémentaire
obligatoire mais parfois nous en faisons, pour une
raison monétaire bien sûr parce que nous avons
besoin de plus d'argent mais surtout par devoir,
parce que les résidents ont besoin qu'on s'occupe
d'eux.
Notre situation est difficile. Nous devons
prendre soin du résident qui est là dans son lit.
Nous devons prendre soin de la famille qui
l'accompagne et qui a des inquiétudes.
Il faut améliorer substantiellement les salaires
et les conditions de travail des gens qui
travaillent en CHSLD.
Grève des travailleurs des
télécommunications chez Ledcor
Technical Services en Colombie-Britannique
- Brian Sproule -
Le 10 décembre, des représentants
du Centre ouvrier du PCC(M-L) se sont joints à la
ligne de piquetage avec des ouvriers en
électricité à la retraite.
Depuis le 30 septembre, les travailleurs des
télécommunications, membres de la section
locale 213 de la Fraternité internationale
des ouvriers en électricité (FIOE), sont en grève
chez Ledcor Technical Services (LTS) à Port
Coquitlam, en Colombie-Britannique. Les
travailleurs essaient de signer une première
convention collective. Leurs principales
préoccupations sont de mettre fin à leur situation
d'emploi précaire et d'améliorer leurs conditions
de travail, notamment la fin de la rémunération à
la pièce, et la reconnaissance de l'ancienneté. La
pratique de l'entreprise de les rémunérer à la
pièce au lieu d'un salaire horaire exerce de la
pression sur les travailleurs pour qu'ils
accélèrent le travail, ce qui augmente le risque
d'accidents et de blessures pour les travailleurs
et le public. La rémunération à la pièce se
traduit souvent par un salaire à peine plus élevé
que le salaire minimum.
LTS fait partie de la multinationale géante,
Ledcor Group, qui se définit comme une «
entreprise de construction diversifiée qui
conçoit, construit, transporte et entretient des
projets » dans toute l'Amérique du Nord.
Ledcor emploie quelque 7 000 personnes
dans plusieurs divisions, dont la navigation et
l'aviation. L'entreprise prétend traiter ses
travailleurs comme des « membres d'une
famille », mais l'expérience des techniciens
de Port Coquitlam raconte une histoire entièrement
différente.
En 2017, les travailleurs de LTS ont rejoint
la Fraternité internationale des ouvriers en
électricité. Au moment de la certification de leur
unité, la section locale 213 de la FIOE,
celle-ci comprenait 238 membres. Avant qu'un
différend avec l'entreprise sur la composition de
l'unité de négociation ne soit finalement résolu
en janvier 2019 par une décision de la
Commission des relations de travail favorable au
syndicat, l'entreprise en a profité pour réduire
le nombre de travailleurs à 161. Pendant
dix-sept jours de négociation, rien de
significatif en ce qui concerne les principales
revendications des travailleurs, la fin de la
rémunération à la pièce, de l'emploi précaire et
des conditions de travail dangereuses, n'a été
réalisé. Lors d'une assemblée syndicale dans la
soirée du 21 août, à la suite d'un
rassemblement plus tôt dans la journée devant les
bureaux de Ledcor à Vancouver où ils ont réclamé
que LTS négocie sérieusement avec le syndicat, les
travailleurs ont voté en faveur d'une grève. Au
lieu de négocier sérieusement avec le syndicat,
l'entreprise a procédé à une mise à pied massive
de 31 travailleurs le 25 septembre. Le
syndicat a répondu par un préavis de grève
de 72 heures et le 30 septembre, les
travailleurs de LTS ont débrayé et dressé une
ligne de piquetage devant les bureaux de LTS à
Port Coquitlam.
Le travail principal des membres de la section
locale 213 de la FIOE est l'installation de câbles
à fibre optique. LTS conclut des contrats avec
différentes entreprises, dont l'une des plus
importantes est Telus, pour effectuer ce travail.
Telus a également ses propres employés, membres de
la section locale 1944 des Métallos, qui
travaillent sur son réseau de fibre optique. Les
techniciens employés par LTS sont moins bien payés
et ont des conditions de travail très inférieures
à celles des membres de la section locale 1944 des
Métallos employés par Telus quand ils font des
travaux contractuels sur le réseau de Telus. Dans
une déclaration d'appui aux grévistes de LTS
le 18 octobre, le secrétaire-trésorier de la
section locale 1944 des Métallos, Michael
Phillips, a écrit : « Lorsque Telus et ses
sous-traitants sont autorisés à jouer à 'la course
vers le bas' avec les salaires et les conditions
de travail des techniciens, tous les membres
perdent, qu'ils soient de la section
locale 1944 des Métallos ou de la section
locale 213 de la FIOE » ... « Moins les
sous-traitants de Telus sont payés, plus grande
est la menace qu'une plus grande partie de notre
travail sera confiée à des sous-traitants pour
faire des économies, c'est aussi simple comme
cela. Meilleure est l'entente que les grévistes
vont être capables d'obtenir, meilleure sera notre
position quand viendra le temps de se battre lors
de nos propres négociations avec Telus prévues
dans deux ans. » Il a appelé les membres de
sa section locale à aider les grévistes de la
section locale 213 de la FIOE en répondant à la
demande du directeur adjoint des affaires de la
FIOE, Robin Nedila, de signaler par SMS
au 604-786-0304 tout travail effectué par des
briseurs de grève employés par LTS. D'autres
syndicats et le Conseil du travail et du district
de Vancouver ont demandé aux membres de faire de
même.
Des arrangements comme le contrat de Telus avec
LTS sont un moyen de miner le collectif des
travailleurs, leurs salaires et leurs conditions
de travail. Telus envoie le travail en
sous-traitance pour faire pression sur ses
employés pour qu'ils modèrent leurs demandes de
salaires et de conditions de travail qu'ils jugent
acceptables. LTS et d'autres entrepreneurs paient
des tarifs inférieurs aux normes et prétendent que
leurs travailleurs sont des « entrepreneurs
indépendants » et non des employés afin
d'éviter de respecter les normes de travail et de
sécurité de base et d'imposer un régime de travail
précaire. Cette façon de faire des monopoles
devient de plus en plus courante et nécessite que
les travailleurs intensifient leur travail
d'organisation, leur résistance et leur
solidarité. Forum ouvrier est aux côtés
des travailleurs de LTS qui, en défendant leurs
droits, défendent les droits de tous.
Entrevue
Piquetage de solidarité devant le bureau principal
de Ledcor à Vancouver en appui aux membres de la
section 213 de la FIOE en grève contre Ledcor
Technical Services, le 21 novembre 2019
Forum ouvrier : Nous sommes
présentement sur la ligne de piquetage de la
section 213 de la FIOE à Port Coquitlam en
ce 10 décembre. Peux-tu nous parler de la
lutte que vous menez pour une première convention
collective ?
Gino Ocampo : En
novembre 2017, nous avons obtenu notre
certification du Centre canadien des relations
industrielles. Les négociations allaient être
rompues alors nous avons eu recours à la médiation
mais la compagnie ne voulait rien signer, même pas
les clauses de droits humains fondamentaux d'une
convention collective. Lorsque le comité de
négociation a demandé un vote de mandat de
grève, 79 % d'entre nous ont voté en
faveur. Peu de temps après, 31 de nos
collègues choisis au hasard ont été appelés par
leurs contremaîtres qui leur ont dit : « Vous
devez venir au bureau. Nous avons une mise à jour
pour vous. » Les 31 travailleurs s'y
sont rendus. On leur a demandé leurs clés et leur
véhicule de compagnie et on leur a dit
essentiellement d' « aller se faire voir ».
Des taxis attendaient pour les ramener d'où ils
venaient. On leur a dit : « C'est votre
dernière journée de travail. Désolés, nous n'avons
pas de travail pour vous ». Fin de la
discussion. Nos travailleurs se demandaient «
qu'est-ce que j'ai bien pu faire ? Qu'est-ce
qui se passe ? »
Nous en sommes à notre 70e jour de grève.
Jusqu'à maintenant, Ledcor Technical Services
(LTS) a eu recours à des sous-traitants au lieu de
négocier avec nous. Telus reçoit du travail en
sous-traitance de LTS et LTS fait de même avec
d'autres. Les travailleurs sont payés à la pièce.
Ils ne sont pas payés à l'heure. Ils sont
qualifiés d'entrepreneurs autonomes. C'est dans ce
sens-là que l'industrie évolue, des sous-traitants
et encore des sous-traitants.
FO : Est-ce que Telus est le
principal sous-traitant de LTS ?
GO : Oui. Shaw est un joueur
important ici dans les basses terres de la Fraser
mais les syndicats ont des assises fortes dans
cette compagnie. Ils ont plus de sécurité que
nous. La compagnie n'est pas autorisée à engager
des sous-traitants si elle met à pied ses
travailleurs. [...]
Ledcor possède un bureau d'affaires dans le
centre-ville de Vancouver. C'est là que se trouve
son principal bureau d'affaires en
Colombie-Britannique. Nous y avons tenu des
rassemblements et nos piqueteurs sont répartis en
deux groupes. Un groupe à Coquitlam, et les autres
travailleurs, qui vivent de l'autre côté du pont,
font du piquetage devant le bureau principal. Nous
faisons une rotation le matin et l'après-midi.
Nous piquetons 8 heures par jour et tout le
monde est bienvenu.
FO : Recevez-vous de l'appui
et qu'est-ce qu'on peut faire pour vous
appuyer ?
GO : Plusieurs personnes nous
amènent du café et du cacao de temps en temps et
cela nous aide beaucoup. Nous luttons pour nos
droits et nous apprécions que le grand public
donne tout l'appui qu'il peut. [...] Le maire est
venu nous rendre visite. Le président de la
Fédération du travail de la Colombie-Britannique
nous a aussi rendu visite et des conseillers
municipaux sont aussi venus nous appuyer. Nous
leur avons demandé d'afficher des photos et de
l'information sur leurs pages Web ou Facebook pour
aider à répandre le message. Nous ne sommes pas un
gros syndicat. Par rapport aux autres conflits qui
ont lieu en ce moment dans la province, nous
sommes plutôt ignorés alors personne ne sait que
nous sommes en grève.
Nous demandons aux gens qui sont des clients de
Telus et qui ont besoin de techniciens de ne pas
laisser entrer un sous-traitant de LTS, un employé
non syndiqué de LTS. Si vous êtes un abonné de
Telus, s'il-vous-plaît, ne laissez pas entrer des
techniciens de Ledcor chez vous tant que nous
n'avons pas une convention équitable. Telus a ses
propres techniciens qui sont syndiqués et
représentés par le Syndicat des Métallos mais la
plus grande partie de ce travail est offerte en
sous-traitance. C'est ainsi qu'ils fonctionnent.
C'est un processus d'abaissement du pouvoir
syndical. Ils trouvent des façons de contourner la
main-d'oeuvre syndiquée.
Chez Ledcor, nous sommes rémunérés à la pièce. Si
nous ne travaillons pas, nous ne sommes pas payés.
En ce moment-même, la plupart de nos travailleurs
en grève ont perdu leurs avantages médicaux parce
qu'ils sont en grève. Nous touchons l'équivalent
du salaire minimum avec notre indemnité de grève,
n'avons pas d'avantages médicaux et devons
essentiellement nous débrouiller tout seuls. La
plupart d'entre nous vivons une situation très
précaire en ce moment. Beaucoup d'entre nous,
comme tu peux le voir, sont des immigrants. C'est
cela que les grandes compagnies font en ce moment.
Elles engagent des nouveaux arrivés au Canada pour
que personne ne se plaigne quand elles se
débarrassent d'eux. Je suis arrivé au Canada il y
a 11 ans et j'ai vu que les syndicats ont
mauvaise publicité. J'ai vu les rangs des
syndiqués de la base diminuer, avoir mauvaise
presse. Nous luttons uniquement pour des droits
humains fondamentaux, comme de meilleurs salaires
et de meilleures conditions de travail. [...]
Nous sommes des travailleurs qualifiés. Nous
avons été formés par les premiers employés de
Telus, et nous sommes les meilleurs du groupe. Les
gens que tu vois ici sont ceux qui restent. Ils
n'ont pas été capables de se débarrasser de nous
parce que nous sommes les techniciens les plus
performants. [...]
Les trois grandes compagnies ont un monopole. Il
y a quelques années, quand une compagnie
américaine a essayé d'entrer au Canada, il y eu de
la publicité à la télévision disant d'être
patriotiques, de ne pas laisser d'autres
compagnies venir au Canada, que cela allait
détruire l'industrie canadienne. Mais qu'est-ce
qu'ils font de nous maintenant ? Ils
profitent de leurs travailleurs. Ils profitent de
leurs clients. Il faut que cela s'arrête quelque
part.
FO : Combien de travailleurs
sont en grève ? Combien sont employés par
Ledcor ?
GO : Nous sommes plusieurs
centaines de travailleurs répartis en différents
départements. Il y a les techniciens et ceux que
nous appelons les MxY, ceux qui ont été intégrés.
Ceux-ci faisaient partie de notre collectif et ils
ont participé au vote de grève. Ils ont voté en
faveur du mandat de grève. Mais lorsque le
syndicat a organisé la grève ils ont choisi de
traverser les lignes de piquetage. Notre nombre a
été réduit de 100 personnes et nous ne sommes
plus que 60. Ça été un coup dur pour nous, voir
nos collègues franchir nos lignes de piquetage.
Cela diminue notre pouvoir de négociation. Comme
tu peux le voir sur le tableau d'information,
48 % des travailleurs sont en grève
et 52 % travaillent parce qu'ils ont
déjà mis à pied 31 d'entre nous. Lorsque tu
écris ta propre histoire, tu veux être du bon côté
de l'histoire. Veux-tu être celui qui a poignardé
son collègue ou tu veux être celui qui s'est tenu
debout et a lutté pour ses collègues ? C'est
pour cela que nous demandons aux gens de dire à
Telus qu'ils ne vont pas laisser entrer un
technicien de LTS chex eux.
Ceci est le dernier numéro de Forum ouvrier
cette année. Nous reprendrons la publication
le 15 janvier 2020.
D'ici là, nous vous invitons à continuer de
visiter le site Web du PCC(M-L) pour des mises à
jour, et à consulter la revue de 2019 en
photos publiée quotidiennement dans LML
sur la lutte des travailleurs, des femmes, des
jeunes et des peuples autochtones qui parlent et
agissent en leur propre nom pour faire valoir les
droits de tous et faire du Canada une zone de
paix.
L'année 2019 a été une année de militantisme
accru de la part des travailleurs de l'Alberta, de
l'Ontario, du Québec et d'ailleurs qui défient
ouvertement le programme destructeur et l'assaut
brutal des riches et de leurs gouvernements contre
le peuple et la société dans tous les aspects de
la vie. Les travailleurs développent des façons de
rendre effectif leur mot d'ordre Non c'est
Non ! face à cet assaut, s'organisant et
mobilisant l'opinion publique pour bloquer ces
attaques et ouvrir la voie au progrès de la
société. La situation nous dit que le temps est
venu de développer la politique indépendante de la
classe ouvrière pour résister à cette attaque
maintenant ! Les travailleurs ont besoin de
leur propre pensée et de leurs propres actions
fondées sur l'analyse pour résoudre la crise en
leur faveur.
Nous vous souhaitons à tous une fin d'année
heureuse et en sécurité.
Le Centre ouvrier du PCC(M-L)
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
PDF
NUMÉROS PRÉCÉDENTS
| ACCUEIL
Site web: www.pccml.ca
Email: forumouvrier@cpcml.ca
|