L'offre inacceptable, irresponsable et provocatrice du gouvernement du Québec

Les travailleurs du secteur public réclament des améliorations négociées significatives à leurs salaires et conditions de travail

Le 12 décembre, le gouvernement du Québec a présenté ses offres centrales aux représentants syndicaux du secteur public dans le cadre des négociations pour le renouvellement des conventions collectives des quelque 550 000 travailleurs et travailleuses du secteur. Les conventions collectives arrivent à terme le 31 mars 2020. Dès que le gouvernement a déposé ses offres, tous les syndicats du secteur les ont rejetées comme étant déconnectées de la réalité sur le terrain et insultantes face à la situation que vivent ces travailleurs et aux revendications qu'ils mettent de l'avant depuis longtemps pour améliorer la situation de manière significative.

L'offre du gouvernement prévoit une augmentation salariale de 7 % sur 5 ans. C'est au moins 3 % en dessous de l'inflation telle qu'elle est prévue par les experts pour les cinq prochaines années. Le gouvernement propose aussi un montant forfaitaire de 1000 $ aux travailleurs en poste au 31 mars 2020 qui auront atteint le maximum de leur échelle salariale à cette date. On évalue que ce montant forfaitaire, qui ne fait pas partie des salaires, vise seulement environ 50 % des travailleurs du secteur public concernés par cette négociation. Le gouvernement propose aussi la tenue de trois forums de discussion paritaires (représentants patronaux et représentants des travailleurs) sur la réussite en éducation, l'accessibilité aux soins pour les gens en hébergement de longue durée ou recevant des soins à domicile et la santé globale des travailleurs du secteur public, où des sommes additionnelles pourraient être débloquées. Le gouvernement vise en particulier les préposés aux bénéficiaires et les enseignants en début de carrière.

Selon le gouvernement, l'offre salariale, le montant forfaitaire et les sommes additionnelles forment une offre qui équivaut à l'inflation, le plafond qu'il s'est donné dans cette négociation au nom de la capacité de payer des Québécois et de ne pas alourdir le fardeau fiscal des prochaines générations. Le gouvernement déclare que son offre est une base acceptable de discussion et de négociation avec les employés du secteur public.

Avec cette offre, le gouvernement continue la pratique des gouvernements précédents de refuser de reconnaître que les travailleurs du secteur public créent une valeur immense pour la société, une valeur à laquelle ils présentent une réclamation légitime. Les travailleurs ont droit à un accord négocié qui leur est acceptable, pour leur bien-être et pour le bien des services publics qu'ils livrent. Le gouvernement refuse aussi de reconnaître que l'austérité antisociale a mené les services publics à un point de rupture. Celui-ci est marqué entre autres choses par l'épuisement du personnel, un haut niveau d'absence pour maladie qui accroît l'épuisement du personnel qui reste au travail et l'apparition de problèmes aigus de santé mentale et de détresse psychologique parmi les travailleurs.

Il est clair que le gouvernement fait semblant de ne pas savoir que l'insuffisance des salaires est au centre du problème de rétention et d'attraction de la main-d'oeuvre et des problèmes de santé mentale et de détresse qui en découlent. Il fait le calcul cynique qu'il va utiliser le pouvoir de l'État pour s'assurer que le système continue d'opérer malgré la crise et que les travailleurs et travailleuses du secteur public vont continuer de soutenir le système à bout de bras. Ils le font largement par dévouement pour ceux et celles qu'ils soignent et pour la jeunesse qu'ils éduquent. L'attitude du gouvernement n'est pas fondamentalement différente de celle des gouvernements qui ont préparé des désastres comme celui de Lac-Mégantic par leur refus de prendre leurs responsabilités sociales et leur obsession pour le profit privé étroit.

De plus, la déclaration du gouvernement que son offre est un point de départ de négociations de bonne foi est fausse. Une négociation de bonne foi possède un élément qualitatif qui est la reconnaissance de la contribution des travailleurs et travailleuses du secteur public à la société, le respect de la dignité de ces travailleurs et la reconnaissance de leur droit à des salaires et conditions de travail négociées qu'ils jugent acceptables. Rien de tout cela n'existe dans cette offre. Ce n'est pas une base de négociation et cela ne peut être que rejeté avec mépris.

Forum ouvrier se joint aux centaines de milliers de travailleurs et travailleuses du secteur public du Québec pour rejeter cette offre dans sa forme et son contenu et pour exiger que le gouvernement améliore substantiellement les salaires et les conditions de travail dans le secteur public. Forum ouvrier ouvre ses pages à la lutte des employés du secteur public à l'occasion du renouvellement des conventions collectives et fournira information, analyse et points de vue pertinents et fera une place de choix à la voix des travailleurs.

Assez c'est assez !
Pour une amélioration substantielle immédiate des salaires et conditions
de travail dans le secteur public !

(Photo: CSN)


Cet article est paru dans

Numéro 30 - 19 décembre 2019

Lien de l'article:
L'offre inacceptable, Irresponsable et provocatrice du gouvernement du Québec: Les travailleurs du secteur public réclament des Améliorations négociées significatives à leurs Salaires et conditions de travail - Pierre Chénier


    

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