18 juillet 2019
Fin du lockout
à l'aluminerie ABI de Bécancour au Québec
Les travailleurs
d'ABI rentrent
au travail la tête haute
Les travailleurs de l'aluminerie ABI de Bécancour en
assemblée générale
le 2 juillet 2019 (Syndicat
des
Métallos)
• La
résistance des travailleurs, un atout précieux du
mouvement de la classe ouvrière pour ses droits et sa
dignité
• Les activités antiouvrières
honteuses du gouvernement du Québec
• Ratification de la nouvelle convention
collective
Opposition
grandissante à l'offensive antisociale en Alberta
• Les travailleurs opposent un Non!
catégorique à la loi 9 et au diktat du gouvernement
Kenney - Peggy Askin
L'industrie
forestière en Colombie-Britannique
• Les travailleurs en grève à la
défense de leurs droits
• À nos lecteurs
Fin du lockout à l'aluminerie ABI
de Bécancour au Québec
Les travailleurs d'ABI à Bécancour, au
Québec, retournent au travail après avoir ratifié
une nouvelle convention collective. Pendant ce lockout injuste
de 18 mois, les travailleurs de l'aluminerie, par leur
résistance déterminée à la défense
de leurs droits, ont fait une contribution importante à la
dignité de tous les travailleurs du Québec
et du Canada. Leurs actions collectives ont révélé
que ceux qui contrôlent le cartel Alcoa/Rio Tinto sont des
chevaliers d'industrie de l'époque moderne qui s'approprient des
quantités toujours plus grandes de la richesse sociale que les
travailleurs produisent à l'aluminerie et pillent
l'électricité du Québec.
La lutte courageuse des travailleurs d'ABI a mis en
lumière le rôle indigne que joue le gouvernement du
Québec en tant qu'allié et représentant des
oligarques mondiaux, au détriment des intérêts
collectifs du peuple québécois et de ses ressources
naturelles. Le gouvernement du Québec a constamment
déformé et attaqué la juste lutte des
travailleurs d'ABI et permis au cartel mondial de ne pas respecter son
contrat d'hydroélectricité avec Hydro-Québec. Ces
actions honteuses ont encouragé le cartel Alcoa à refuser
de négocier avec les travailleurs et à prolonger le
conflit. Les travailleurs sont déterminés à forcer
le gouvernement du Québec à rendre des comptes de ses
actions
antiouvrières commises au nom de l'oligarchie financière
internationale.
Forum ouvrier salue
la lutte courageuse des travailleurs d'ABI, de leur syndicat et de sa
direction, à la défense de la dignité du travail
et des intérêts collectifs de la communauté et de
la société. Ils ont pris en main une tâche des plus
difficile dans cette lutte contre le cartel mondial Alcoa/Rio Tinto et
les gouvernements serviles qui sont
à sa disposition. Les travailleurs ont fait face au refus du
cartel de négocier et à son diktat de concessions au
service de ses intérêts étroits de profits plus
grands et au détriment des travailleurs. Ils ont défendu
la nécessité d'un équilibre dans les relations de
production, qui doit reposer sur les droits des travailleurs, notamment
leur droit de négocier
collectivement des conditions d'emploi qu'ils jugent acceptables, et
non de se les faire imposer par diktat.
Dans la conjoncture historique actuelle, le
régime des relations de travail du passé n'existe plus.
La convention collective des travailleurs d'ABI n'est pas le
résultat de négociations à la table de
négociations mais de la résistance unie
déterminée des travailleurs contre l'impunité de
ceux qui contrôlent leur endroit de travail. Les travailleurs ont
reconnu que dans les conditions actuelles, les monopoles ne vont pas
négocier de bonne foi. Ceux qui sont au contrôle croient
qu'ils peuvent tout simplement dicter des concessions et briser les
syndicats, les conventions collectives et les régimes de
retraite comme bon leur semble en déclarant que les travailleurs
sont un coût de production et
doivent accepter tout ce que les employeurs déclarent
nécessaire s'ils veulent garder leurs emplois. Les travailleurs
d'ABI ont donné l'exemple aux autres contingents de travailleurs
du pays qui bâtissent une résistance sérieuse
à ce nouveau régime que les employeurs cherchent à
imposer.
Ces employeurs ont l'État dans leurs poches, non
seulement les gouvernements et leurs ministres du travail mais les
commissions de relations du travail et les tribunaux, dont on a
longtemps dit qu'ils étaient neutres et non partisans dans les
disputes qui opposent la classe ouvrière et ceux en
contrôle des endroits de travail et de la richesse
sociale. La résistance des travailleurs d'ABI ne s'est donc pas
exercée seulement contre le diktat inacceptable des employeurs
mais contre le rôle de l'État lui-même. Cela fait de
leur lutte une lutte d'abord politique, de même
qu'économique. Cela démontre que la lutte pour investir
le peuple du pouvoir est au centre des luttes pour la justice
aujourd'hui, que les travailleurs le reconnaissent et relèvent
le défi en se mettant à la tête de cette lutte.
À cet égard, les travailleurs de
l'aluminerie ABI ont mené leur résistance courageuse en
ayant recours à des méthodes non traditionnelles d'appui
provenant de l'ensemble du mouvement syndical au Québec et
d'autres endroits au Canada et même internationalement. Cette
résistance a été menée devant le tribunal
de l'opinion publique et les
travailleurs s'y sont unis complètement à la
défense de leur juste cause. Ils ont montré au monde
entier que l'accord hydroélectrique du gouvernement du
Québec avec Rio Tinto/Alcoa et la violation de ce contrat
pendant le lockout, à partir d'une définition
inadmissible de « force majeure », sont
entièrement au service d'objectifs intéressés et
frauduleux et que les objectifs de la compagnie au Québec, comme
en Australie, sont simplement aberrants.
Les méthodes de la section locale des
travailleurs d'ABI dans sa lutte contre la compagnie ont permis
d'atteindre des résultats que les travailleurs
recherchaient. L'ultime version finale de la compagnie d'une autre
« version finale » qu'elle a refusé de
négocier comprend le retrait de plusieurs demandes inacceptables
de concessions de la
part de la compagnie et la majorité des travailleurs l'ont
jugée acceptable.
La lutte à ABI montre
qu'aucune force ne peut agir de l'ancienne manière parce que les
conditions du passé n'existent plus. Aujourd'hui, les monopoles
et les cartels mondiaux font tout pour priver les travailleurs de ce
qui leur appartient de droit. Ils ont les gouvernements dans leurs
poches et il en est de même des agences de l'État et des
tribunaux. Les travailleurs ne sont pas impressionnés par le
déploiement de toute cette force contre eux. Les tactiques que
les travailleurs utilisent aujourd'hui visent à priver les
monopoles de leur capacité d'agir comme bon leur semble. Partout
au pays et même dans le monde, les travailleurs se dressent dans
la lutte d'une façon nouvelle pour
défendre ce qui leur revient de droit et défendent ainsi
les droits de tous et ouvrent la voie au progrès de la
société.
Les travailleurs d'ABI sont aux premières lignes
de la lutte. Ils ont de quoi être fiers et ont rendu
fières leurs familles, la nation du Québec et toute la
classe ouvrière canadienne. Bravo à ces travailleurs et
à leur direction syndicale qui n'a pas flanché mais les a
dirigés sans relâche à travers toutes les
épreuves.
Nous souhaitons tout le succès possible aux
travailleurs d'ABI alors qu'ils reprennent le travail, unis
derrière leur syndicat dans les conditions auxquelles ils font
face alors que la compagnie continuera d'essayer d'imposer son
diktat
en utilisant les institutions de l'État pour atteindre ses
objectifs intéressés.
La lutte des travailleurs d'ABI contre ce lockout
injuste visant à imposer une convention de reculs a
été une précieuse contribution à la
défense des droits et de la dignité des travailleurs du
Québec, du Canada et du monde. Forum ouvrier salue les
travailleurs d'ABI pour la lutte audacieuse qu'ils ont menée non
seulement pour
eux-mêmes mais pour tous les travailleurs et leurs
communautés.
Un des nombreux rassemblements de solidarité sur les lignes de
piquetage d'ABI,
le 23 mars 2018
Pendant les 18 mois du lockout, les travailleurs
d'ABI et leur syndicat ont mobilisé sans relâche l'appui
organisé des travailleurs du Québec, du Canada et de
plusieurs pays. Ils ont fait un grand effort pour contrer le pouvoir du
cartel mondial Alcoa/Rio Tinto et ses représentants politiques
au sein du gouvernement. Les cartels
mondiaux ont accès à une richesse sociale immense et
à des installations de production partout dans le monde qu'ils
brandissent comme une arme contre la classe ouvrière
internationale pour attaquer ses droits et sa dignité et lui
extorquer des concessions à ses conditions de travail et
à son niveau de vie.
Les travailleurs de Rio Tinto à Alma
à la marche du 25 mai 2019 en appui aux travailleurs
d'ABI
|
Développant la tradition établie par la
lutte des travailleurs d'Alma lors du lockout de Rio Tinto
en 2012, les travailleurs d'ABI et leur syndicat ont
mobilisé l'appui, y compris financier, d'environ 500
sections locales de syndicats au Québec, au Canada, et dans des
pays comme les États-Unis, l'Australie et le Guatemala. Dans
plusieurs cas, cela s'est fait par la tenue de nombreuses
assemblées générales de travailleurs où
ceux-ci ont été informés du conflit chez ABI et
ont voté un appui financier aux travailleurs, souvent
récurrent jusqu'à la fin du lockout.
Le syndicat a formé des représentants qui
sont allés parler aux travailleurs dans plusieurs pays, dont
l'Australie et la Belgique, pour leur expliquer le conflit et mobiliser
leur appui. Les travailleurs et les syndicats de partout au
Québec, et de plusieurs endroits au Canada, aux
États-Unis et d'autres pays, se sont eux-mêmes rendus sur
les lignes
de piquetage des travailleurs d'ABI pour venir exprimer leur appui.
Cela a beaucoup encouragé les travailleurs d'ABI à tenir
bon durant le lockout en dépit des difficultés. Les
nombreuses activités qui se sont tenues pendant le lockout et
les relations développées avec les autres travailleurs
constituent un atout précieux pour le mouvement ouvrier,
qui peut être développé et rendu encore plus
efficace dans la lutte à la défense des droits des
travailleurs.
L'amour social et la solidarité à
l'échelle mondiale de la classe ouvrière se sont
exprimés avec force lors de la puissante marche familiale de
plus de 5 000 personnes, qui ont démontré leur
grand esprit de résistance et leur dignité dans les rues
du centre-ville de Trois-Rivières le 25 mai dernier. La lutte
des
travailleurs d'ABI et leur
solidarité communautaire et mondiale pendant tout le lockout
démontrent l'énorme potentiel qui existe au sein de la
classe ouvrière pour se défendre.
La résistance des travailleurs d'ABI et l'appui
de leurs alliés partout dans le monde ont
révélé aux yeux de tous le caractère
servile des gouvernements néolibéraux, comme le
gouvernement du
Québec, face aux
intérêts privés mondiaux, en opposition aux
travailleurs et à leurs
communautés. Le lockout montre qu'il est nécessaire de
rendre ces
gouvernements redevables et de les confronter par la politique pratique
de la classe ouvrière selon de nouvelles façons qui
doivent être explorées et développées.
Le panneau devant la ligne de piquetage sur lequel sont
remerciés tous
ceux qui ont appuyé les travailleurs d'ABI. La photo montre une
délégation de travailleurs de la section locale 1980 du
syndicat Unifor
de Markham, en Ontario, en visite sur la ligne de piquetage, le 17
juin 2019.
Le gouvernement du Québec s'est couvert de honte
durant le lockout de 18 mois des travailleurs de l'aluminerie ABI
en prenant ouvertement position en faveur du cartel Alcoa/Rio Tinto. Le
gouvernement a considéré plus important de servir le
cartel mondial que de défendre les travailleurs
québécois, leurs communautés et la
société.
Le gouvernement aurait pu intervenir à tout moment pour
établir un équilibre dans les relations entre les
travailleurs syndiqués et le cartel mondial, un équilibre
qui respecte les droits des travailleurs et le bien-être et les
droits de tous au Québec. Au lieu de cela, le gouvernement a
permis au cartel mondial de déployer toute la puissance de sa
richesse sociale et de sa capacité de production et de
distribution internationale pour attaquer les travailleurs avec son
refus de négocier, ses offres finales arrogantes et ses menaces
de fermeture de l'aluminerie.
Le gouvernement du Québec a menti sur les enjeux
du conflit, faisant de la question des salaires un point en litige, ce
qui n'était pas le cas, tout en dissimulant les demandes de
concessions antiouvrières du cartel qui allaient abaisser le
niveau de vie et les conditions de travail au Québec. Le
gouvernement a utilisé son pouvoir de contrôle sur
les médias pour dénoncer publiquement la
résistance des travailleurs comme étant
déraisonnable et pour faire pression sur eux afin qu'ils
acceptent les demandes de concessions d'Alcoa.
Le gouvernement du Québec a autorisé le
vol de 400 millions de dollars dus à
Hydro-Québec par Alcoa. Il a déclaré que le
lockout est un cas de force majeure (un Act of God en
anglais) quelque chose d'« imprévisible,
irrésistible et échappant au contrôle d'une
Partie », qui est Alcoa dans le cas de ce lockout
injuste. Bien au contraire, le lockout a été un geste
planifié et consciemment exécuté pour forcer les
travailleurs à accepter des concessions. Le fait que le
gouvernement ait accepté que le lockout soit
considéré comme un cas de force majeure, comme
quelque chose de non planifié et contrôlé par le
cartel, a libéré la compagnie de son
obligation de payer pour le bloc d'hydroélectricité
à taux préférentiel qui lui est
réservé.
Tout le monde savait que le lockout n'était ni
« imprévisible, ni irrésistible » ni
hors du contrôle d'Alcoa. C'était un geste planifié
et consciemment exécuté par le cartel mondial pour
attaquer la classe ouvrière québécoise. Les
actions et dans ce cas l'inaction du gouvernement du Québec ont
directement contribué au déclenchement et à la
poursuite du lockout pendant 18 mois. Ce soi-disant gouvernement
nationaliste a contribué à imposer à ses propres
travailleurs un lockout injuste décrété par un
cartel étranger et a obligé les Québécois
à payer pour le lockout par une perte de revenus
énorme pour Hydro-Québec.
C'est la résistance des travailleurs d'ABI et
l'appui de leurs alliés qui ont mis sur la place publique pour
discussion l'activité honteuse du gouvernement du Québec
afin de le rendre redevable et de contre-attaquer sa politique
antisociale anti-travailleur. Les actions du gouvernement du
Québec révèlent le véritable
caractère de son appel à rendre
le Québec « ouvert aux affaires », comme
étant au service des riches oligarques mondiaux dans leur
volonté de transférer encore plus de richesse sociale
hors du Québec dans un climat de déséquilibre
injuste.
Le 2 juillet, lors d'une assemblée
générale à laquelle ont participé
environ 800 travailleurs sur un peu plus de 900 qui sont
toujours employés par l'aluminerie ABI à
Bécancour, les travailleurs ont voté à une
majorité de 79,8 % pour ratifier la dernière
offre contractuelle du cartel Alcoa/Rio Tinto. Cela a mis fin
officiellement au lockout et au chantage injustes de 18 mois du
cartel. Jusqu'à la fin, le cartel et son complice, le
gouvernement du Québec, ont refusé de négocier
avec les travailleurs et ont préféré
présenter une nouvelle « offre finale ». Cette
offre finale était accompagnée de la menace largement
médiatisée selon laquelle si les
travailleurs refusaient le contrat, l'aluminerie serait
immédiatement fermée sans réouverture
prévue.
Quatre-vingt-cinq pour cent des travailleurs seront
rappelés au travail d'ici le 1er janvier 2020 et tous
les travailleurs auront été rappelés au 1er
avril 2020.
Les travailleurs ont réussi à faire
reculer les propriétaires d'ABI dans bon nombre de leurs
demandes de concessions antiouvrières présentes dans
leurs offres finales précédentes. Par exemple, le
protocole de retour au travail est supérieur à ce qu'il
était dans l'offre précédente du 4 mars que
les travailleurs ont rejetée. Le protocole ratifié
prévoit une période fixe de retour au travail de six
à huit mois plutôt que le protocole rejeté de
retour au travail sans date fixe, qui pouvait être
prolongé à volonté et même suspendu si la
compagnie le jugeait bon. Après cinq mois, tous les travailleurs
qui n'ont pas encore été rappelés recevront de la
compagnie un montant net de 635 dollars
par semaine, non remboursable, jusqu'à ce qu'ils soient
rappelés au travail.
La compagnie a retiré sa demande de concession
sur le droit d'ancienneté dans les mouvements de main-d'oeuvre.
L'employeur ne pourra pas offrir des postes à des personnes
extérieures à l'usine sans les offrir au préalable
aux travailleurs syndiqués.
Le nombre de postes qui peuvent être offerts en
sous-traitance est réduit par rapport à ce qui
était le cas dans l'offre du 4 mars.
Le syndicat a été capable de
réduire l'abolition de postes qui sera faite pendant la
période couverte par la nouvelle convention collective.
La compagnie a réduit sa demande de concessions
pour les heures de libération syndicale payées.
La direction d'ABI s'engage à verser une
cotisation additionnelle de 8 millions de dollars au nouveau
régime de retraite. Le régime de retraite à
prestations déterminées est remplacé par un
régime de retraite à financement salarial, qui est
maintenant en vigueur dans plusieurs autres alumineries au
Québec. Celui-ci est géré par les travailleurs
et est indexé, mais les travailleurs assument les risques du
régime et peuvent se retrouver avec des prestations
réduites. La demande initiale de la compagnie, en 2018,
était d'imposer un régime de retraite à deux
vitesses, en gardant le régime à prestations
déterminées pour les travailleurs actuels et en
plaçant les futurs engagés sur un régime à
cotisations déterminées, qui est très
inférieur.
La direction d'ABI retire son grief en dommages
de 19 millions de dollars contre le syndicat pour soi-disant
sabotage de la production pendant la période de
négociations en 2017. Le grief était un geste
mensonger ouvert contre les travailleurs et leur syndicat pour les
intimider et justifier la demande d'une restructuration complète
de l'aluminerie. La compagnie n'avait jamais soulevé cette
question pendant la période au cours de laquelle elle
prétend que
les travailleurs ont fait du sabotage.
La nouvelle convention collective d'une durée de
six ans prévoit des augmentations de salaire cumulatives qui
atteignent 15,3 %.
La résistance acharnée des travailleurs et
de leurs dirigeants syndicaux, avec l'appui d'autres travailleurs et de
la communauté pendant ces dix-huit mois de lockout, a permis que
certaines concessions soient retirées. Les travailleurs et leur
communauté sont bien conscients des dommages que vont causer les
concessions restantes qui abaissent les
standards de travail à l'aluminerie et exercent une pression
vers le bas sur le niveau de vie dans la région. Les cartels
mondiaux d'oligarques qui contrôlent l'économie
socialisée et leurs représentants au gouvernement
utilisent l'immense richesse sociale qu'ils contrôlent
déjà et le pouvoir politique des gouvernements
néolibéraux pour transférer de
plus en plus de valeur sociale de la production, loin des travailleurs
et de leurs communautés, dans les coffres des riches. Le
transfert croissant de la richesse sociale produite par les
travailleurs aux oligarques, aidés par leurs laquais
politiques, est un problème que la classe ouvrière prend
en main pour le résoudre.
Opposition grandissante à
l'offensive antisociale en Alberta
- Peggy Askin -
Ligne de piquetage organisée par la section locale 95 de l'AUPE,
le 3 juillet 2019,
devant
l'hôpital de Foothills à Calgary
Les travailleurs continuent d'organiser des lignes de
piquetage d'information contre la loi 9 antiouvrière, la Loi
sur
le
report
de
l'arbitrage
salarial
dans le secteur public. Les
travailleurs du secteur public demandent au gouvernement de respecter
les clauses de leurs conventions collectives négociées
légalement qui s'appliquent
à 180 000 syndiqués. Les conventions
prévoyaient un arbitrage de réouverture de salaire d'ici
le 30 juin. En violation des ententes signées
négociées de bonne foi avec les syndicats du secteur
public, et sans le consentement des travailleurs concernés, le
gouvernement a empêché de façon arbitraire que
l'arbitrage ait lieu à la date
indiquée.
Les travailleurs ont exprimé leur position
militante à la défense de leurs droits par la
présence massive de plus de 1 000 travailleurs lors
d'un piquet d'information organisé par la section locale 95
du Syndicat des employés provinciaux de l'Alberta (AUPE).
À l'heure du dîner le 3 juillet à
l'hôpital
Foothills de Calgary,
les travailleurs d'hôpitaux représentés par l'AUPE,
le Syndicat des infirmières unies de l'Alberta et l'Association
des sciences de la santé de l'Alberta se sont rassemblés
à la ligne de piquetage. Des travailleurs actifs et des
retraités d'autres secteurs se sont également joints
à l'action avec enthousiasme. Ensemble, ils ont exprimé
leur position par
leurs slogans et leurs messages sur leurs pancartes : Oui aux
négociations de bonne foi ! Non au diktat !
Défendons nos services publics ! En tant que force unie de
la classe ouvrière, ils ont déclaré qu'une attaque
contre le droit des travailleurs du secteur public d'avoir leur mot
à dire sur leurs salaires et leurs conditions de
travail est une attaque contre tous les travailleurs et les conditions
sociales de tous les Albertains. Le diktat du gouvernement Kenney
contre les travailleurs et les conditions sociales de tous n'est pas
acceptable et les travailleurs lui refusent leur consentement.
Calgary, 3 juillet 2019
Les membres de la section locale 95 ont
travaillé d'arrache-pied pour organiser la ligne de piquetage et
mobiliser le soutien nécessaire pour garantir une participation
réussie à l'action qui a été un grand
succès.
L'AUPE a organisé des autobus pour amener les travailleurs des
hôpitaux de toute la ville à la ligne de piquetage. De
nombreux
travailleurs qui éprouvaient des difficultés à
s'absenter du travail se sont joints au piquetage avec
détermination. Des centaines de travailleurs sont sortis de
l'hôpital Foothills à l'heure du dîner pour ajouter
leurs
voix à la défense de leurs droits. La section
locale 95 a distribué des pizzas pour s'assurer que
personne ne manque le dîner.Les
rues avoisinant l'hôpital Foothills ont retenti des slogans des
participants contre la loi 9, à la défense des
droits des travailleurs et des droits de tous à des soins de
santé et aux autres programmes sociaux.
Des lignes de piquetage réussies ont
également été organisées le 28 juin
à Tofield, le 2 juillet à Lamont et le 9
juillet à l'hôpital Leduc, ainsi que dans de nombreux
autres villes et villages.
Piquet devant l'hôpital Le Duc,
le 9 juillet 2019
À la ligne de piquetage à l'hôpital
Foothills, le président de l'AUPE, Guy Smith, a dit ceci :
« Le gouvernement de l'Alberta nous a manqué de respect.
Vos droits juridiques vous ont été enlevés par le
pouvoir d'un gouvernement qui pense pouvoir utiliser le pouvoir de
l'État pour écraser les travailleurs. Nous sommes ici
pour leur dire
que vous ne pourrez jamais écraser la volonté du peuple,
que vous ne pourrez jamais écraser la force des travailleurs qui
se tiennent ensemble solidaires. Vous ne pouvez pas utiliser le pouvoir
législatif de l'État pour nous soustraire aux ententes
des conventions collectives qui ont été
négociées de bonne foi et sont juridiquement
contraignantes. Voulons-nous d'une Alberta où le
gouvernement peut tout simplement déchirer
l'entente ? »
La question de Smith a été accueillie par
un Non ! retentissant.
« En Alberta, une
entente est une entente et face à tout gouvernement qui essaie
de nous l'enlever des mains nous devrons prendre des mesures et c'est
ce que faisons aujourd'hui. Nous ne sommes pas les seuls à tenir
des lignes de piquetage. Elles ont lieu partout dans la province. Ce
n'est que le début. Quand on se quittera aujourd'hui,
retournez à vos places de travail et parlez à vos
collègues de travail ; dites-leur que nous devons tous
être solidaires contre cette intimidation agressive de la part
d'un gouvernement. »
Sandra Azocar, directrice exécutive des Amis de
Medicare et ancienne vice-présidente de l'AUPE, a dit :
« Si nous sommes ici, c'est parce que nous pensons que vos
conditions de travail sont les conditions de la livraison des soins. Si
vous ne disposez pas de ressources suffisantes, si vous n'avez pas le
personnel adéquat, si on ne vous
donne pas la possibilité de faire le travail que vous faites
quotidiennement pour le compte des Albertains, cela ne fonctionnera pas
pour chacun d'entre nous. [...] Nous allons être à vos
côtés jusqu'à ce qu'on répare le tort
causé par la violation de vos droits. Ce gouvernement a la
responsabilité de fournir des soins. Je n'ai pas vu autant
d'énergie
depuis 2012, lorsque les hôpitaux ont été
encerclés de travailleurs parce qu'on vous avait dit qu'on peut
aisément vous remplacer. Nous leur avons montré à
l'époque que ces personnes remplaçables sont capables de
fermer des hôpitaux. Le gouvernement doit être averti
très clairement qu'il doit procéder à l'arbitrage,
négocier à la table et
non légiférer. Merci beaucoup d'être un avec les
Albertains. Merci beaucoup de votre défense des soins de
santé et des services publics et je promets que nous serons avec
vous tout au long de cette lutte. »
Karen Craik, secrétaire-trésorière
provinciale du Syndicat des infirmières unies de l'Alberta, a
déclaré : « Les droits appartiennent à
tous les Albertains, pas seulement aux riches entreprises albertaines.
Le gouvernement a annoncé qu'il attendrait que le groupe
d'experts se réunisse pour déterminer la valeur de nos
salaires. Nous
fournissons des soins à tous les Albertains. Même les
enseignants sont touchés par cette loi. Ce sont tous les
travailleurs du secteur public qui sont attaqués et le
gouvernement affirme qu'il ne s'agit que d'un léger retard, car
il a besoin de connaître l'état de nos finances. Mais il
n'a pas arrêté de réduire les impôts des
grandes entreprises et n'a pas
attendu les résultats du groupe d'experts avant de prendre sa
décision. Il accorde donc un allégement fiscal aux
entreprises pendant qu'il nous impose des compressions. Les Albertains
ne doivent pas accepter cela parce que chaque coupure qui frappe un
Albertain dans le secteur public signifie une coupure de service pour
l'Albertain ordinaire. Je
veux juste dire à Jason Kenney que nous sommes tous des
Albertains, que vous ne pouvez pas imposer des compressions dans les
services publics parce que ce sont les soins pour tous les Albertains
que vous coupez. »
Laurel Jackson, membre de la direction provinciale de
l'Association des sciences de la santé de l'Alberta, a
félicité l'AUPE pour l'organisation du piquetage et s'est
dite renversée par le taux de participation. En parlant des
années Klein, elle a déclaré avec une grande
conviction : « J'ai vécu les années 90 et
je ne le ferai
plus. »
Bonnie Gostola,
vice-présidente provinciale du secteur de la santé de
l'AUPE, a remercié tous les syndicats d'être venus et
d'avoir « veillé à ce que nos voix soient entendues
et prises en compte. Toutes les voix comptent ici. Nous sommes heureux
et fiers de tous nos membres qui sont venus aujourd'hui en appui et en
solidarité avec tout ce
que nous faisons tous les jours pour les Albertains. Que vous soyez une
infirmière, un enseignant, un électricien ou un plombier,
lorsque vous fournissez un service à des Albertains, vous
comptez. Lorsque nos droits de négociation collective sont
menacés, nous sommes tous menacés et les Albertains sont
tous menacés. C'est inacceptable. Ils
s'attaquent à notre droit fondamental et constitutionnel de
négocier de bonne foi, et le moment est venu de riposter et de
montrer à ce gouvernement que tout ce que nous faisons, que
chaque service public est important pour chaque Albertain. »
David Choy, président de la section
locale 95 de l'AUPE, a exprimé ses sincères
remerciements à tous ceux qui sont venu faire du piquetage un
réel succès : « Nous avons envoyé un
message clair aujourd'hui, nous avons montré que nous
prêtons attention, que nous pouvons nous organiser, mais le
gouvernement doit respecter sa
part de l'entente.
« Nous devons nous demander quelle est la
prochaine étape ? Nous devons être prêts
à protéger nos droits de négociation collective.
Informez tout le monde de ce que vous avez vu ; visitez le site
Web de l'AUPE ; utilisez l'une des plateformes de médias
sociaux disponibles ; en nous tenant côte à
côte, nous les
forçons à prendre note, à s'arrêter et
à y réfléchir à deux fois.
Solidarité tout le monde ! »
Après les discours, la ligne de piquetage s'est
prolongée plus d'une heure. Ses rangs ont été
grossis par la
présence de travailleurs de tous les départements de
l'hôpital qui se sont joints aux autres travailleurs de la
santé de toute la ville pour exprimer leur Non ! à
la loi 9 et à toutes les attaques du gouvernement contre
les droits des
travailleurs et les conditions sociales du peuple.
Tofield, 28 juin 2019
Vegreville, 27 juin 2019
L'industrie forestière en
Colombie-Britannique
Piquetage à Duke Point à Nanaimo sur l'île de
Vancouver, le 3 juillet 2019 (USW Local 1-1937)
Les travailleurs forestiers de la côte de la
Colombie-Britannique et de l'île de Vancouver ont
déclenché la grève le 1er juillet contre
Western Forest Products (WFP) et ses sous-traitants. Près
de 3 000 travailleurs sont touchés, et près de
la moitié d'entre eux travaillent directement pour Western
Forest Products et l'autre
moitié, pour les sous-traitants. Lors des votes de grève
organisés en juin, les membres de la section locale 1-1937
du syndicat des Métallos ont voté
à 98,8 % en faveur de la grève pour appuyer
leurs revendications pour de meilleurs salaires et conditions de
travail et
pour rejeter les tentatives des employeurs d'imposer des
concessions.
Dans sa mise à jour sur les
négociations, la section locale 1-1937 du syndicat des
Métallos écrit : « Nous n'avons pas pris cette
action à la légère. Elle vise
stratégiquement à exercer le maximum de pression sur WFP,
afin d'envoyer un message puissant, le plus clair possible, que WFP
doit traiter sérieusement des propositions des
membres, retirer l'ensemble des concessions qu'il cherche à
imposer et annuler toutes les lettres de résiliation touchant
les conventions collectives et les pratiques locales. »
Brian Butler, le président de la section
locale 1-1937, lors d'une intervention sur une chaîne de
télévision de l'île de Vancouver, a dit :
« Ils veulent imposer des concessions massives qui attaquent nos
régimes de retraite. [...] Ils attaquent nos avantages sociaux,
notre sécurité d'emploi et ils ont détruit
plusieurs décennies d'ententes
locales négociées par nos membres au cours des
années, et nous rejetons tout cela. »
Les travailleurs forestiers font face aux mêmes
mesures brutales dans d'autres secteurs où les compagnies,
plutôt que de négocier le renouvellement des conventions
collectives sur la base des normes et des standards établis,
s'en prennent à des clauses déjà
négociées et les déclarent caduques, tout en
exigeant des travailleurs qu'ils acceptent de
faire des concessions et renoncent à ce qui a été
négocié dans le passé.
La Fédération du Travail de la
Colombie-Britannique (BCFED), dans un communiqué de presse
du 10 juillet, a émis « une 'ordonnance' aujourd'hui
sur Western Forest Products en guise de solidarité avec les
travailleurs forestiers en grève. Par cette mesure,
saluée par le syndicat des Métallos (USW), on demande aux
membres des
syndicats affiliés à la fédération de ne
plus manipuler de bois-d'oeuvre, de billes et de produits du bois
provenant des installations côtières de WFP. »
Les travailleurs forestiers côtiers
défendent leurs droits et leur dignité, eux qui
transforment en valeur d'usage les ressources naturelles de la
forêt par leur travail. Leur revendication que Western
Forest Products négocie et abandonne toute imposition de
concessions est juste et mérite l'appui de tous et de toutes.
Forum ouvrier reparaîtra à temps
pour la fête du Travail, le 2 septembre. D'ici là,
nous publierons des nouvelles, des reportages et des commentaires de
temps à autre pour traiter de différents
développements. Veuillez continuer à envoyer vos rapports
et vos photos et à nous faire part de vos préoccupations.
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