Ratification de la nouvelle convention collective
Le 2 juillet, lors d'une assemblée
générale à laquelle ont participé
environ 800 travailleurs sur un peu plus de 900 qui sont
toujours employés par l'aluminerie ABI à
Bécancour, les travailleurs ont voté à une
majorité de 79,8 % pour ratifier la dernière
offre contractuelle du cartel Alcoa/Rio Tinto. Cela a mis fin
officiellement au lockout et au chantage injustes de 18 mois du
cartel. Jusqu'à la fin, le cartel et son complice, le
gouvernement du Québec, ont refusé de négocier
avec les travailleurs et ont préféré
présenter une nouvelle « offre finale ». Cette
offre finale était accompagnée de la menace largement
médiatisée selon laquelle si les
travailleurs refusaient le contrat, l'aluminerie serait
immédiatement fermée sans réouverture
prévue.
Quatre-vingt-cinq pour cent des travailleurs seront
rappelés au travail d'ici le 1er janvier 2020 et tous
les travailleurs auront été rappelés au 1er
avril 2020.
Les travailleurs ont réussi à faire
reculer les propriétaires d'ABI dans bon nombre de leurs
demandes de concessions antiouvrières présentes dans
leurs offres finales précédentes. Par exemple, le
protocole de retour au travail est supérieur à ce qu'il
était dans l'offre précédente du 4 mars que
les travailleurs ont rejetée. Le protocole ratifié
prévoit une période fixe de retour au travail de six
à huit mois plutôt que le protocole rejeté de
retour au travail sans date fixe, qui pouvait être
prolongé à volonté et même suspendu si la
compagnie le jugeait bon. Après cinq mois, tous les travailleurs
qui n'ont pas encore été rappelés recevront de la
compagnie un montant net de 635 dollars
par semaine, non remboursable, jusqu'à ce qu'ils soient
rappelés au travail.
La compagnie a retiré sa demande de concession
sur le droit d'ancienneté dans les mouvements de main-d'oeuvre.
L'employeur ne pourra pas offrir des postes à des personnes
extérieures à l'usine sans les offrir au préalable
aux travailleurs syndiqués.
Le nombre de postes qui peuvent être offerts en
sous-traitance est réduit par rapport à ce qui
était le cas dans l'offre du 4 mars.
Le syndicat a été capable de
réduire l'abolition de postes qui sera faite pendant la
période couverte par la nouvelle convention collective.
La compagnie a réduit sa demande de concessions
pour les heures de libération syndicale payées.
La direction d'ABI s'engage à verser une
cotisation additionnelle de 8 millions de dollars au nouveau
régime de retraite. Le régime de retraite à
prestations déterminées est remplacé par un
régime de retraite à financement salarial, qui est
maintenant en vigueur dans plusieurs autres alumineries au
Québec. Celui-ci est géré par les travailleurs
et est indexé, mais les travailleurs assument les risques du
régime et peuvent se retrouver avec des prestations
réduites. La demande initiale de la compagnie, en 2018,
était d'imposer un régime de retraite à deux
vitesses, en gardant le régime à prestations
déterminées pour les travailleurs actuels et en
plaçant les futurs engagés sur un régime à
cotisations déterminées, qui est très
inférieur.
La direction d'ABI retire son grief en dommages
de 19 millions de dollars contre le syndicat pour soi-disant
sabotage de la production pendant la période de
négociations en 2017. Le grief était un geste
mensonger ouvert contre les travailleurs et leur syndicat pour les
intimider et justifier la demande d'une restructuration complète
de l'aluminerie. La compagnie n'avait jamais soulevé cette
question pendant la période au cours de laquelle elle
prétend que
les travailleurs ont fait du sabotage.
La nouvelle convention collective d'une durée de
six ans prévoit des augmentations de salaire cumulatives qui
atteignent 15,3 %.
La résistance acharnée des travailleurs et
de leurs dirigeants syndicaux, avec l'appui d'autres travailleurs et de
la communauté pendant ces dix-huit mois de lockout, a permis que
certaines concessions soient retirées. Les travailleurs et leur
communauté sont bien conscients des dommages que vont causer les
concessions restantes qui abaissent les
standards de travail à l'aluminerie et exercent une pression
vers le bas sur le niveau de vie dans la région. Les cartels
mondiaux d'oligarques qui contrôlent l'économie
socialisée et leurs représentants au gouvernement
utilisent l'immense richesse sociale qu'ils contrôlent
déjà et le pouvoir politique des gouvernements
néolibéraux pour transférer de
plus en plus de valeur sociale de la production, loin des travailleurs
et de leurs communautés, dans les coffres des riches. Le
transfert croissant de la richesse sociale produite par les
travailleurs aux oligarques, aidés par leurs laquais
politiques, est un problème que la classe ouvrière prend
en main pour le résoudre.
Cet article est paru dans
Numéro 24 - 18 juillet 2019
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