21 février 2019
Ce que
signifie
« être ouvert aux affaires »
Les
travailleurs
rejettent la politique
de l'«ouverture aux affaires»
de l'élite dirigeante
PDF
• La destruction du secteur
manufacturier se
poursuit en Ontario
Le lockout
à
l'Aluminerie de Bécancour
• L'appui des travailleurs se
poursuit alors
que le cartel Alcoa/Rio Tinto interrompt brutalement les
négociations
Les travailleurs
municipaux du Québec luttent pour leurs droits et leur
dignité
• Les employeurs du secteur public
placent les
travailleurs devant une impasse
Entrevue
• Les travailleurs d'entretien de la
Société de transport de Montréal demandent
une
convention négociée qui leur est acceptable
-
Gleason Frenette, président du Syndicat du transport de
Montréal (STM-CSN)
À la
défense des droits des travailleurs migrants
• Journée nationale d'action
pour des
soins de santé pour tous
Condamnons
l'appui du
Canada au coup d'État au Venezuela orchestré par
les
États-Unis
• Déclaration -
Syndicat des
travailleurs et travailleuses des postes
Ce que signifie « être
ouvert
aux affaires »
Les représentants des monopoles et
des
gouvernements à leur service mettent de l'avant le mot
d'ordre
« ouvert aux affaires » comme étant le
guide
obligatoire de toute activité économique. Ce mot
d'ordre
a été introduit par Mike Harris en Ontario au
milieu des
années 1990 et est maintenant devenu le credo du
gouvernement
Ford en Ontario et du gouvernement Legault au Québec. Les
travailleurs rejettent la vision, la politique et les
pratiques derrière ce mot d'ordre.
Ce concept d'être ouvert aux affaires part
de la
fausse prémisse que les entreprises sont les
créateurs de
la richesse. Dans l'économie socialisée, c'est
l'acte
collectif des travailleurs avec les moyens de production
déjà produits par d'autres travailleurs qui
crée
toute la richesse sociale.
Bien que les travailleurs ne possèdent pas
et ne
contrôlent pas la richesse sociale qu'ils créent, il
n'en
reste pas moins qu'ils en sont les créateurs. La richesse
sociale est expropriée par de puissants
intérêts
privés qui possèdent les immenses moyens de
production
que les travailleurs ont déjà produits et dont
l'économie, le peuple et la société
dépendent. L'affirmation que les grands
intérêts
privés sont les créateurs de la richesse et que
l'économie et la société doivent être
« ouvertes aux affaires » et servir leurs
intérêts étroits est non seulement non
scientifique
et fausse mais ridicule et irrationnelle.
On assiste en ce moment dans le monde à
une
destruction sans précédent de la richesse sociale
produite par le travail collectif des humains, sous la forme de
famines, de déplacements de populations entières,
de
destruction des économies régionales et nationales,
de
guerres menées par les impérialistes pour
détruire
ce qu'ils ne peuvent pas
contrôler et d'autres calamités.
Tout récemment, en Ontario, l'annonce
soudaine
de la fermeture illégale de l'usine GM d'Oshawa a
montré à tous que ce ne sont pas ceux qui ont
créé la richesse sociale, sous la forme des moyens
de
production, qui sont en train de les détruire. Les forces
de
destruction sont ces mêmes investisseurs dont les
intérêts sont servis par la
politique d' « être ouverts aux affaires »
et
qui créent le chaos dans la vie des travailleurs et dans
l'économie.
Ce mot d'ordre irrationnel mystifie ce qu'est
l'économie socialisée et vise à maintenir la
classe ouvrière dans une position subordonnée, pour
qu'elle soit incapable d'accomplir sa mission de défendre
les
droits de tous et de les garantir en donnant une direction
nouvelle
à l'économie qui est sous le contrôle des
travailleurs et de leurs alliés.
« Ouvert aux affaires »
signifie multiplier les stratagèmes pour payer les riches
sous
toutes les formes possibles. Des quantités énormes
de
richesse sociale sont déversées dans les coffres
des
riches et dilapidées selon leur bon vouloir. Là
aussi on
en a vu le résultat. Des milliards de dollars de fonds
publics
ont été versés à GM au Canada
et aux États-Unis en 2009, et on se retrouve
maintenant
avec une
fermeture brutale qui prive de leur gagne-pain des milliers de
travailleurs de l'usine d'Oshawa et de son réseau de
fournisseurs et va grandement endommager l'économie locale
interconnectée. La société ne dispose plus
de ces
vastes montants de richesse sociale sous la forme de fonds
publics
versés à GM.
Ils sont disparus au profit de ces mêmes
intérêts
privés qui réclament une économie ouverte
aux
affaires, une économie ouverte au pillage, devrait-on
plutôt dire. L'économie et le peuple sont
privés
à la fois de la richesse sociale publique
engouffrée dans
les machinations mondiales de GM et de la richesse sociale de
propriété privée représentée
par
les moyens de production fixes dans le sud de l'Ontario. Cela ne
doit
pas passer parce que cette richesse devrait servir à
l'économie et au peuple pour que les droits, la
sécurité et le bien-être de tous puissent
être garantis.
Les promoteurs du mot d'ordre de la politique
d'être « ouvert aux affaires » vouent une
haine
mortelle à toute réglementation de nature
prescriptive,
à tout arrangement de l'État qui fournit une mesure
de
santé, de sécurité ou de normes de travail
aux
travailleurs. À titre d'exemple, le gouvernement Ford en
Ontario
a adopté une loi, au
nom d'un « Ontario ouvert aux affaires », qui
affaiblit les normes minimales du travail en Ontario sur la
question
notamment des heures de travail. Il veut maintenant adopter une
loi qui
va désyndiquer le travail de construction dans les
institutions
publiques, forçant ceux qui oeuvrent dans la construction
dans
ces secteurs à travailler sans la
protection d'un syndicat ou d'une convention collective.
On connaît l'exemple des gouvernements
fédéraux libéraux et conservateurs
successifs qui
ont déréglementé l'industrie ferroviaire
sous le
mot d'ordre que les entreprises sont celles qui connaissent le
mieux
leurs affaires. Cet abandon de d'autorité publique a
mené
à des tragédies, telle celle qui est survenue
le 4
février, dans laquelle trois
travailleurs ferroviaires du Canadien Pacifique ont tragiquement
perdu
la vie lorsque leur convoi de trains a plongé dans la
rivière Kicking Horse. Les travailleurs refusent avec
mépris qu'au nom d'être « ouvert aux
affaires » on livre les travailleurs et leurs
communautés au chaos et à
l'insécurité.
Sous le mot d'ordre d'être « ouvert
aux
affaires » se cache le désir rapace des riches
oligarques et de leurs gouvernements de priver les travailleurs
des
moyens de s'organiser collectivement et légalement
à la
défense de leurs droits et des droits de tous. La
politique
d'être « ouvert aux affaires » vise à
criminaliser les luttes
des travailleurs
pour leurs droits. Elle tourne la vérité sens
dessus
dessous en dépeignant les travailleurs comme des ennemis
de
l'économie et de la production de la richesse sociale.
Elle les
dépeint comme des privilégiés qui veulent
s'en
tenir à certains « privilèges »
qui leur
viennent d'être une force collective organisée. Les
oligarques et leurs
gouvernements réclament que ces «
privilèges » et ces collectifs soient
démantelés pour que tous soient à la merci
des
aventures irresponsables des riches au service de leur profit
privé et de leur édification d'empire.
Les travailleurs n'ont pas mené leurs
luttes de
masse à la défense de leurs droits et pour faire
avancer
la société pour accepter une politique et un mot
d'ordre
qui renient tout ce pour quoi ils se sont battus dans le
passé
et auquel ils aspirent dans l'avenir. Les travailleurs ne
s'opposent
pas à ce qu'on fasse des affaires, mais celles-ci doivent
contribuer au bien-être de tous et se faire sur la base
d'une
production qui repose sur des normes modernes approuvées
par les
travailleurs et défendues par une autorité publique
sous
leur contrôle.
Les travailleurs manifestent devant l'usine Erwin Hymer à
Cambridge pour demander des comptes, le 19
février 2019.
Le 15 février, ceux qui
contrôlent en
ce moment le Groupe Erwin Hymer-Amérique du Nord, dont le
siège social est à Cambridge en Ontario, ont
annoncé que la compagnie se mettait sous séquestre
et
cessait ses opérations le même jour, jetant à
la
rue près de 900 travailleurs dans la région de
Kitchener-Waterloo,
dont 850 à son usine de Cambridge. Comme si ce
traitement
de choc ne suffisait pas, les travailleurs ont aussi
été
informés qu'ils recevraient leur salaire de leur
dernière
semaine de travail et leur paie de vacances mais pas leur prime
de
séparation. Voilà un exemple du caractère
socialement irresponsable et brutal des relations de production
aujourd'hui entre la classe ouvrière canadienne et
l'oligarchie
financière mondiale.
Les travailleurs des usines de Cambridge et de
Kitchener fabriquent des véhicules
récréatifs (VR)
depuis 1974. Jusqu'en 2011, les usines
ont été exploitées par leur
propriétaire
local, Roadtrek, qui, n'ayant jamais pu se remettre de la
récession de 2009, a vendu l'entreprise à la
firme
d'investissement américaine Industrial Opportunity
Partners. Les
travailleurs n'en avaient pas fini du chaos et de
l'insécurité car les
nouveaux propriétaires ont vendu une partie de la
compagnie à d'autres oligarques et celle-ci a atterri dans
les
mains du Groupe Erwin Hymer-Amérique du Nord, basé
en
Allemagne, en 2016.
Ce système rongé par la crise a
connu une
nouvelle péripétie lorsque les Industries Thor,
basées aux États-Unis, se sont emparées du
Groupe
Hymer. Les oligarques ont complété l'achat
le 31
janvier, et c'est un autre groupe de propriétaires
basé
au États-Unis, Corner Flag, qui en a pris le
contrôle.
Cependant, les deux usines ontariennes
n'ont pas fait partie de la transaction et elles ont
été
mises sous séquestre le 15 février puis
fermées sans préavis. Certains des employés
y
travaillaient depuis 30 ou 40 ans. Les usines
étaient
non syndiquées. La firme financière Alvarez &
Marsal
Canada Inc.a été nommée administratrice
judiciaire
de la compagnie.
Aucune autorité politique,
fédérale ou provinciale, n'a levé le petit
doigt
pour intervenir et défendre les travailleurs canadiens et
l'économie canadienne pendant toutes ces tribulations. Au
contraire, le premier ministre Doug Ford a déclaré
que
l'Ontario était ouvert aux affaires et a donné
carte
blanche à l'oligarchie financière pour qu'elle
fasse
tout ce qui sert ses intérêts étroits.
Les bouleversements et la fermeture
éventuelle
des usines de VR du Groupe Erwin Hymer-Amérique du Nord,
suite
à des années d'échange de mains entre firmes
d'investissement étrangères, sont une nouvelle
preuve que
l'économie a besoin d'une nouvelle direction qui favorise
et
sert les travailleurs et l'économie canadienne.
(Sources :
Cambridge Times, CBC)
Le lockout à l'Aluminerie de
Bécancour
Les travailleurs de la section locale 175 d'Unifor à
Montréal viennent
appuyer les travailleurs en lockout d'ABI à
Bécancour
le 19
février 2019.
(M. Bedard)
L'appui pour les travailleurs en lockout d'ABI se
poursuit alors que les propriétaires ont brutalement
interrompu
les négociations le 15 février dernier. Une
ronde de
négociations avait débuté le 31
janvier, mais
les représentants de la compagnie ont annulé les
pourparlers sans même un mot d'explication. Ils ont dit aux
représentants du syndicat qu'ils voulaient «
réfléchir » et qu'ils donneraient des
nouvelles quand ils auraient quelque chose à dire.
Les travailleurs sont très en
colère
contre cette arrogance et ce mépris pour des travailleurs
mis en
lockout sans raison il y a plus de 13 mois et pour une
région qui souffre des séquelles du lockout.
Alcoa/Rio
Tinto demandent toutes sortes de privilèges,
hydroélectriques et autres, pour leur présence ici,
mais
ils ne se reconnaissent aucune
responsabilité envers les travailleurs qui créent
la
valeur qu'ils convoitent et envers la communauté locale et
la
société.
Les travailleurs du Québec
considèrent le
lockout chez ABI comme étant méprisable et
insensé. En réponse au diktat des
propriétaires,
ils intensifient leur appui aux travailleurs d'ABI et à la
communauté. Ils viennent de partout au Québec pour
les
appuyer sur leurs lignes de piquetage et les reçoivent
aussi
dans leur région pour en apprendre
davantage sur le conflit et exprimer leur appui.
Des travailleurs qui ont eux-mêmes
vécu un
lockout ou appartiennent à une région qui en a
vécu un, se font un devoir d'appuyer les travailleurs
d'ABI. Le
mardi 19 février, ceux-ci ont reçu la visite
d'une
délégation de la section locale 175 d'Unifor
représentant les quelque 260 travailleurs de la
raffinerie
Suncor de
Montréal. Ces travailleurs ont vécu 14 mois de
lockout en 2007-2008 et savent d'expérience comment
la
mobilisation de l'ensemble des travailleurs est importante pour
mener
ces luttes. Ils étaient accompagnés de
présidents
de syndicats d'autres raffineries dont la raffinerie
géante
Valéro à Lévis.
Le 15 février, les 73
syndiqués
du chemin de fer Roberval-Saguenay membres de la section
locale 9190 des Métallos ont renouvelé
à
l'unanimité leur contribution récurrente
de 10 $ par semaine par travailleur, pour une
période
de six mois supplémentaires. Ces travailleurs ont
maintenant
envoyé 38 700 $ à Bécancour
depuis
le début du lockout.
« C'est un effort de guerre qu'on fait tout
le
monde ensemble. Dans une proportion de 25 %, ABI est
une
propriété de Rio Tinto. Nous avons le même
employeur et évoluons dans le même type de milieu
industriel. En 2012, il y a eu un lockout dans la
région
à Alma et en 2015, nous avons subi quelques affronts
dans
notre négociation et nous retournons négocier
en 2020. Nous voulons lancer un message à ces grandes
compagnies : quand elles se battent contre les travailleurs,
elles
se battent contre tous les travailleurs en même temps, pas
juste
un groupe », a dit le président de la section
locale 9190, Daniel Girard.
Parmi les travailleurs qui ont reçu des
représentants des travailleurs d'ABI récemment, il
y a le
comité des jeunes d'Unifor et les membres du Syndicat des
travailleurs de la Fonderie Bibby Ste-Croix, affilié
à la
Fédération de l'industrie manufacturière de
la
CSN. Les travailleurs d'ABI seront réunis en
assemblée
générale le samedi 23
février pour faire le point sur la situation.
Les travailleurs municipaux du
Québec luttent pour leurs droits et leur
dignité
Manifestation des travailleurs de l'entretien de la
Société de transport de
Montréal, 13 septembre 2018
Les employés municipaux luttent
courageusement
contre la situation intenable dans laquelle le gouvernement du
Québec et certains employeurs municipaux cherchent
à les
placer. Ils confrontent une attaque concertée contre leur
droit
de négocier leurs conditions d'emploi afin d'obtenir des
conditions qui leur sont acceptables, sans menace,
sans criminalisation et sans lois arbitraires qui dictent et
aggravent leurs conditions et nient leurs droits.
L'exemple le plus immédiat est celui des
travailleurs d'entretien de la Société de transport
de
Montréal (STM) qui jouent un rôle très
important
pour la sécurité du public en entretenant les
autobus et
les wagons de métro ( voir l'entrevue ci-contre avec le
président du syndicat ). Dans leur négociation
actuelle pour une nouvelle
convention collective, ils font face à une impasse
créée par le gouvernement du Québec, la
Société de transport de Montréal et le
Tribunal
administratif du travail.
Ces travailleurs sont sous le coup de deux lois,
l'une
qui élimine pratiquement leur droit de négocier les
conditions de leur régime de retraite, et l'autre qui
permet le
décret de leurs conditions de travail par le gouvernement
si
celui-ci juge que les négociations ne se déroulent
pas
comme il le veut. Cette menace de diktat est combinée aux
congédiements de travailleurs et à d'autres mesures
disciplinaires qui se multiplient pendant les
négociations.
S'ajoutent à cela les poursuites contre les travailleurs
devant
le Tribunal administratif du travail pour de fausses accusations
de
sabotage de l'entretien et de moyens de pression illégaux
pour
faire pression sur l'employeur.
Dans ce contexte, la Société de
transport
de Montréal a annoncé hier qu'elle avait
présenté une « offre globale et
finale »
après 2 ans de négociations, et elle
blâme les
travailleurs pour le fait qu'aucune convention collective n'a
encore
été signée. Les travailleurs se
demandent :
quelle est la signification de cette offre
menaçante dite globale et surtout finale ? Est-ce que
la
Société de transport s'apprête à
demander
à ce que le gouvernement intervienne pour finalement
décréter les conditions de travail si les
travailleurs
n'acceptent pas cette offre « globale et
finale » ?
Les travailleurs sont en droit de se poser la
question
et de discuter et de remettre en cause, ouvertement et
collectivement,
la situation à laquelle ils font face. Comment cette
épreuve de deux ans peut-elle se terminer par une «
offre
globale et finale » inacceptable ou par un
décret
gouvernemental et être considérée comme un
exemple
de
négociation collective équitable ? Quel est
l'espace
légal qui leur reste pour présenter les
revendications et
les préoccupations qu'ils jugent importantes pour eux et
le
service, et pour en arriver à un arrangement
acceptable ?
Les travailleurs ne considèrent pas
acceptable
que les gouvernements
qui se disent démocratiques attaquent avec impunité
le
droit des
travailleurs municipaux de négocier leurs conditions de
travail,
leurs
salaires et leurs pensions. Il est également inacceptable
d'éliminer les négociations, ou ce qu'on
avait coutume d'appeler la libre négociation collective,
sous
prétexte
de grands idéaux. Le droit des travailleurs d'avoir un mot
décisif à
dire sur ce qu'ils reçoivent en échange de leur
capacité de travailler
et sur les conditions de travail leur appartient parce que c'est
un
droit. En ce qui concerne les travailleurs de la STM, leurs
conditions
de travail sont directement liées à la livraison de
services publics au
niveau dont la population et la société ont besoin
et
auquel elles
s'attendent.
Les travailleurs de la STM ne sont pas les seuls
dans
cette situation intenable. Les employés municipaux
à
l'échelle du Québec ont perdu des sommes
gigantesques,
parfois plus de 10 000 $ pour un seul travailleur,
à cause de la loi sur les régimes de retraite qui
les a
forcés à renflouer les déficits des
régimes
de retraite, alors
qu'ils y avaient toujours mis les montants requis en vertu de
leur
convention collective. Ce n'est pas le cas cependant de nombre
d'administrations municipales qui avaient refusé de verser
les
cotisations requises et détourné ces montants vers
d'autres secteurs avec l'autorisation du gouvernement. On ne peut
qualifier cela autrement que comme
un vol de ce qui revient de droit aux travailleurs, qui avait
été négocié légalement en
échange de leur capacité de travailler. Non
seulement ce
vol est-il énorme, mais l'espace légal pour
négocier la fin de ces pratiques anti-travailleurs a
été pratiquement éliminé.
En plus, les attaques contre les travailleurs
municipaux préparent le terrain à la privatisation
accélérée des services municipaux dans le
contexte
des accords impérialistes de libre-échange tels
l'Accord
économique et commercial global (AÉCG) entre le
Canada et
l'Union européenne des monopoles et l'Accord
États-Unis-Mexique-Canada (AÉUMC), qui a
remplacé
l'ALÉNA. Ces accords
commerciaux supranationaux sous le contrôle des monopoles
réduisent le contrôle local sur l'économie,
abaissent les réclamations des travailleurs à la
valeur
qu'ils produisent, permettent à l'entreprise privée
d'exproprier la valeur nouvelle que créent les
travailleurs, et
ouvrent la voie à des frais
d'usagers plus élevés et à des subsides
gouvernementaux aux monopoles qui possèdent et
contrôlent
l'infrastructure
publique actuelle et à venir.
Forum ouvrier se tient fermement aux
côtés des employés municipaux du
Québec et
de tout le Canada qui persistent à défendre leurs
droits
et les services publics qu'ils dispensent. Le refus de
l'élite
dirigeante de reconnaître les droits de la classe
ouvrière
à son mot à dire et son contrôle sur ses
conditions
d'emploi n'a rien à voir avec
« la libre négociation collective » et
tout
à voir avec la négation des droits des
travailleurs. Pour
la classe ouvrière, la liberté est la
reconnaissance de
la nécessité de changement de manière
à
priver l'élite dirigeante de son
pouvoir de priver les travailleurs du pouvoir d'affirmer leurs
droits.
Entrevue
- Gleason Frenette,
président du
Syndicat du
transport de Montréal (STM-CSN) -
Gleason Frenette s'adresse aux travailleurs
d'entretien de la STM le 3 mai 2018.
|
Forum ouvrier : La
négociation actuelle concerne combien de travailleurs et
quel
travail font-ils à la Société de transport
de
Montréal (STM) ?
Gleason Frenette : Le
syndicat
représente environ 2400 membres. La majorité,
environ les trois-quarts, sont des gens de métier,
électriciens, plombiers, maçons, ferblantiers,
etc., et
à peu près 550 préposés à
l'entretien. La convention collective est échue depuis
janvier 2018, et nous avons commencé les
négociations huit mois avant la fin de la convention. Nous
en
sommes à 22 mois de négociation.
FO : Quels sont les
traits principaux de cette négociation ?
GF : La STM nous est
arrivée avec une centaine de reculs dans son offre. Il a
fallu
négocier pour aménager des changements majeurs dans
les
horaires de travail, dans plusieurs aspects de la convention. Ce
n'est
pas habituel qu'on se fasse demander tant de changements dans les
négociations. Normalement,
l'employeur essaie de changer quelques aspects dans la convention
en
donnant autre chose en échange. Ils sont arrivés
avec
toutes ces demandes en pensant probablement qu'avec la
loi 24 [1], advenant qu'ils ne s'entendent
pas
avec nous, que le gouvernement allait décréter nos
conditions de travail.
Ils ont demandé que nos horaires soient basés sur
des
quarts de travail de douze heures, au lieu de huit heures comme
c'est
le cas à l'heure actuelle. Ils veulent que plus
d'employés travaillent la fin de semaine et sur les quarts
de
soir et de nuit. Ils appellent cela la flexibilité
opérationnelle. Ils nous ont poussé dans une
situation
où si on réussit à
faire quelques gains, et à défaire la
majorité de
leurs demandes de reculs, les membres vont être satisfaits.
Notre
cahier de demandes à nous, c'est de maintenir les
acquis.
Nous avons aussi une revendication en ce qui
concerne
le régime de retraite. Nous demandons une compensation en
lien
avec la loi 15 qui nous force à cotiser 3 %
de
plus dans le régime de retraite. [2]
En vertu de la loi 15, nos membres vont devoir
cotiser 3 %
de plus dans le régime et l'employeur 3 % de
moins. Il
a fallu faire deux volets à notre régime de
retraite, un
volet avant la loi 15 et un volet après. La loi
oblige les
parties à cotiser 50-50 dans le régime de
retraite.
Avant la loi, nous cotisions 6 % de notre masse
salariale
dans notre régime de retraite et
l'employeur mettait le double. Nous appelions cela une
cotisation 12-6. Nous avions négocié tout
cela.
C'était stipulé dans notre contrat. Nous avions
fait des
concessions dans le passé pour obtenir le 12-6, nous
avions
accepté des zéro pour cent d'augmentation salariale
pour
maintenir ce taux dans notre régime de retraite. Avec une
loi,
le gouvernement a permis de défaire cet aspect de la
convention
collective. Nous demandons une compensation monétaire pour
notre
augmentation de cotisation.
FO : Peux-tu nous
expliquer comment la loi 24 affecte votre
négociation ?
GF : La loi 24
prévoit que dans certaines conditions, si nous n'arrivons
pas
à nous entendre, le gouvernement pourrait à la
limite
décréter nos conditions de travail. Nous sommes
maintenant en médiation depuis le mois de
septembre 2018.
Nous avons eu deux prolongations de 60 jours de
médiation,
comme la loi le prévoit. La deuxième période
de
prolongation s'est terminée le 12 janvier. Si le
médiateur veut prolonger la médiation une nouvelle
fois,
il faut selon la loi que l'employeur et le syndicat soient
d'accord. En
ce moment, l'employeur tolère la présence du
médiateur. S'il le souhaite, il peut demander la
nomination d'un
mandataire spécial, ce qui serait la prochaine
étape. La
négociation se poursuivrait pendant ce temps-là,
mais le
mandataire préparerait son rapport pour le gouvernement,
et le
gouvernement pourrait décréter le contrat de
travail en
suivant les conseils du mandataire.
FO : Où en
sont
les négociations maintenant ?
GF : Sur la question de la
flexibilité, nous avons accepté plusieurs de leurs
changements d'horaires mais pas l'ensemble de leurs demandes
à
ce sujet. Nous demandons en contre-partie une compensation
salariale
afin d'obtenir le rattrapage salarial pour les gens de
métier
que nous demandons depuis des années. Il y a
plusieurs de nos corps de métier qui retardent de beaucoup
du
point de vue salaire sur le privé et les secteurs
comparables.
Nous voulons une augmentation de salaire d'ensemble qui nous
permet au
moins de maintenir notre pouvoir d'achat.
En plus, nous attendons, au moment où je
te
parle, une décision du Tribunal administratif du travail.
L'employeur nous accuse d'avoir fait des moyens de pression
illégaux qui ont endommagé les services à la
population, par exemple en diminuant la disponibilité des
autobus sur la route. Nous rejetons cette accusation, nous
n'avons pas
fait de
moyens de pression illégaux. Nous, on dit que ce sont des
mauvaises décisions de gestion qui font en sorte que nous
en
sommes rendus là. Ils ont pris beaucoup de mauvaises
décisions en ce qui concerne l'entretien des autobus.
L'employeur est le seul à blâmer pour les services
inadéquats à la population.
Cela ne lâche pas depuis deux ans. Le
quotidien
continue, nous n'avons pas seulement à nous occuper de la
négociation, nous avons des membres qui se font
congédier, nous avons des membres qui ont des accidents de
travail et tombent sur l'assurance-salaire.
Les congédiements sont en hausse, et ce
sont des
congédiements qui sont largement punitifs, qui ont comme
objectif de nous faire peur. Ils s'en prennent à ceux qui
leur
tiennent tête le moindrement. Par exemple, ils ont
congédié un travailleur et suspendu un autre
pendant six
mois, pour avoir confronté un directeur
de la STM qui
s'en est pris physiquement à un de nos travailleurs. Cela
a
failli dégénérer. Ces deux travailleurs
n'ont pas
touché au directeur. Les travailleurs sont aussi
excédés des sorties médiatiques du directeur
général de la STM qui accuse les travailleurs de
sabotage
et de moyens de pression illégaux. Ils en ont assez
d'entendre
le directeur général discréditer
nos travailleurs et les accuser de toutes sortes de choses,
d'intimider
les gestionnaires, et même de causer des pannes de
carburant sur
les autobus. Qu'un directeur général fasse des
sorties
publiques pour dénigrer les travailleurs, c'est quelque
chose
qu'on n'a jamais vu dans toute l'histoire de la STM.
Notes
1. Loi 24, Loi concernant le
régime de
négociation des conventions collectives et de
règlement
des différends dans le secteur municipal,
adoptée
par l'Assemblée nationale le 2 novembre 2016
2. Loi 15, Loi favorisant la santé
financière et la pérennité des
régimes de
retraite à prestations déterminées du
secteur
municipal, adoptée par l'Assemblée nationale
le 4 décembre 2014. En septembre 2018, une
dizaine de syndicats ont entrepris en Cour supérieure une
contestation de la loi pour la faire déclarer
anticonstitutionnelle. Selon les syndicats, cette loi contrevient
à la liberté de négociation
collective, qui fait partie de la liberté d'association
protégée par l'article 2 de la Charte
canadienne des
droits et libertés.
À la défense des
droits des
travailleurs migrants
Toronto, Ontario
Le 12 février, des travailleurs de la
santé, des étudiants en médecine et
plusieurs
autres personnes ont participé à une Journée
nationale d'action, organisée dans plus de 15 villes
partout au pays, pour demander au gouvernement
fédéral de
cesser de refuser des soins de santé aux migrants en
raison de
leur statut d'immigration.
La campagne s'est amorcée après que
le
Conseil des droits de l'homme des Nations unies (CDHNU) ait
émis une décision en août 2018 qui
condamnait
le Canada pour son refus d'accorder l'accès à des
soins
de santé essentiels selon le statut de la personne. La
décision touchait spécifiquement au cas de Nell
Toussaint
à qui on a refusé
des soins de santé parce qu'elle était
sans-papiers. Nell
est une des quelque cinq cent mille personnes, en Ontario
seulement,
à qui on refuse la couverture des soins de santé et
l'accès à des soins sur la base de leur statut, ce
qui
met leur santé en péril.
Le CDHNU a accordé au
gouvernement 180
jours, jusqu'au 9 février, pour faire rapport suite
à une étude de la législation nationale,
«
afin de veiller à ce que les migrants puissent
accéder
aux soins de santé essentiels pour prévenir un
risque
raisonnablement prévisible qui pourrait avoir comme
conséquence une perte de
vie ». Le jour de la date limite, le gouvernement
canadien
n'avait toujours pas répondu à la demande du
comité.
À la lumière de cette
décision de
l'ONU, plus de 1 500 individus et 80 organisations
ont
signé une lettre
ouverte adressée au gouvernement fédéral
et
revendiquant que celui-ci :
1) Respecte l'ordre du CDHNU d'étudier les
lois
et les politiques existantes en matière de couverture des
soins
de santé pour les migrants irréguliers.
2) Assure l'affectation de ressources
nécessaires
pour que tout le monde au Canada puisse avoir accès
à des
soins des santé universels et équitables, sans
égard au statut d'immigration.
3) Accorde à Nell Toussaint une
indemnisation
adéquate pour le préjudice sérieux dont elle
a
été victime pour n'avoir pas pu
bénéficier
de soins de santé essentiels.
Sherbrooke, Québec
Montreal, Québec
Toronto, Ontario
Saskatoon, Saskatchewan
Edmonton, Alberta
Vancouver, Colombie-Britannique
Condamnons l'appui du Canada au
coup
d'État
au Venezuela orchestré par les États-Unis
- Syndicat des travailleurs et
travailleuses des postes -
Une délégation canadienne dont fait partie Don
Foreman
(2e à partir de
la gauche) du Syndicat des travailleurs et travailleuses des
postes, a
participé en tant qu'observateur aux
élections au Venezuela, le 8 mai 2018.
Le STTP condamne la décision du
gouvernement du
Canada de reconnaître le chef de l'opposition
vénézuélienne, Juan Guaido, comme le
président légitime du Venezuela, sans égard
au
président élu Nicolas Maduro.
Il est très inquiétant de voir le
gouvernement canadien soutenir ce coup de force orchestré
par
les États-Unis et contraire au droit international. En
emboîtant le pas aux États-Unis, le Canada s'aligne
sur
les régimes de droite du Groupe de Lima et de Donald
Trump. Leur
intervention s'apparente à celles réalisées
par
d'anciens gouvernements
américains dans le but de perturber des gouvernements
démocratiquement élus dans les Amériques et
ailleurs dans le monde. Il s'agit d'une situation
inacceptable.
Un gouvernement légitime
Le peuple vénézuélien a
créé la constitution bolivarienne en partant de
zéro et a tenu plusieurs élections
démocratiques.
Les Vénézuéliens sont en mesure de diriger
leur
pays sans ingérence ni harcèlement de la part des
États-Unis et de leurs alliés, dont fait partie le
Canada.
Le Venezuela fait face à des
difficultés
économiques, dont bon nombre sont directement attribuables
aux
sanctions économiques que lui imposent les
États-Unis
afin de provoquer un changement de gouvernement.
Une usurpation du pouvoir
Le 23 janvier dernier, Juan Guaido, chef de
l'opposition, s'est autoproclamé président
intérimaire. Rapidement (et illégalement), il a
été reconnu par le Canada, les États-Unis et
d'autres alliés des Américains. La situation au
Venezuela
n'est rien de moins qu'une usurpation du processus
démocratique.
Selon des observateurs du monde entier, dont
faisait
partie un délégué du STTP, les
élections
présidentielles du 20 mai 2018 se sont
déroulées de manière libre, transparente,
fiable,
sûre et conforme à la loi.
Le président Maduro a remporté les
élections avec près de 67,84 % des voix.
Aucun
des autres candidats briguant la présidence n'a
contesté
les résultats. Malgré les déclarations de
nombreux
observateurs assurant que le processus électoral
était
légitime, le Canada et les États-Unis soutiennent
qu'il
ne l'était pas. En réalité, ils
affirment que les élections n'ont pas donné les
résultats qu'ils espéraient.
Le STTP n'appuie pas les coups d'État
Ne nous méprenons pas : l'appui des
États-Unis à ce coup d'État se résume
au
pétrole. Le Venezuela possède les plus grandes
réserves de pétrole brut au monde. Le conseiller
américain à la sécurité nationale,
John
Bolton, a déclaré publiquement que les
États-Unis
ont beaucoup à perdre dans la crise politique du
Venezuela,
mentionnant
expressément le pétrole du pays et les avantages
qu'il
pourrait apporter aux États-Unis.
« Si nous pouvons faire en sorte que les
sociétés pétrolières
américaines
investissent vraiment dans le Venezuela et y produisent le
pétrole dont les États-Unis ont besoin, cela fera
une
grande différence pour notre pays sur le plan
économique », a déclaré M.
Bolton.
Le STTP appuie le peuple et les travailleuses et
travailleurs des postes du Venezuela
Mike Palecek, président national du
STTP, à un rassemblement contre le Groupe de Lima à
Ottawa le 4 février 2019
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Pendant ce temps, le Canada continue d'entretenir
de
bonnes relations avec des régimes horribles, comme
l'Arabie
saoudite. Le STTP affirme sa solidarité avec le peuple
vénézuélien et ses travailleurs et
travailleuses
des postes. Selon la constitution bolivarienne, les droits, la
santé et la sécurité et l'accès aux
soins
de santé des fonctionnaires
vénézuéliens ont été
grandement
améliorés. Le STTP est solidaire de ses consoeurs
et
confrères dans leur lutte pour la démocratie et la
protection de leurs droits contre les attaques des gouvernements
étrangers.
Solidarité,
Mike Palecek,
président national
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