Ce que signifie « être ouvert aux affaires »

Les travailleurs rejettent la politique de l'«ouverture aux affaires» de l'élite dirigeante

Les représentants des monopoles et des gouvernements à leur service mettent de l'avant le mot d'ordre « ouvert aux affaires » comme étant le guide obligatoire de toute activité économique. Ce mot d'ordre a été introduit par Mike Harris en Ontario au milieu des années 1990 et est maintenant devenu le credo du gouvernement Ford en Ontario et du gouvernement Legault au Québec. Les travailleurs rejettent la vision, la politique et les pratiques derrière ce mot d'ordre.

Ce concept d'être ouvert aux affaires part de la fausse prémisse que les entreprises sont les créateurs de la richesse. Dans l'économie socialisée, c'est l'acte collectif des travailleurs avec les moyens de production déjà produits par d'autres travailleurs qui crée toute la richesse sociale.

Bien que les travailleurs ne possèdent pas et ne contrôlent pas la richesse sociale qu'ils créent, il n'en reste pas moins qu'ils en sont les créateurs. La richesse sociale est expropriée par de puissants intérêts privés qui possèdent les immenses moyens de production que les travailleurs ont déjà produits et dont l'économie, le peuple et la société dépendent. L'affirmation que les grands intérêts privés sont les créateurs de la richesse et que l'économie et la société doivent être « ouvertes aux affaires » et servir leurs intérêts étroits est non seulement non scientifique et fausse mais ridicule et irrationnelle.

On assiste en ce moment dans le monde à une destruction sans précédent de la richesse sociale produite par le travail collectif des humains, sous la forme de famines, de déplacements de populations entières, de destruction des économies régionales et nationales, de guerres menées par les impérialistes pour détruire ce qu'ils ne peuvent pas contrôler et d'autres calamités.

Tout récemment, en Ontario, l'annonce soudaine de la fermeture illégale de l'usine GM d'Oshawa a montré à tous que ce ne sont pas ceux qui ont créé la richesse sociale, sous la forme des moyens de production, qui sont en train de les détruire. Les forces de destruction sont ces mêmes investisseurs dont les intérêts sont servis par la politique d' « être ouverts aux affaires » et qui créent le chaos dans la vie des travailleurs et dans l'économie.

Ce mot d'ordre irrationnel mystifie ce qu'est l'économie socialisée et vise à maintenir la classe ouvrière dans une position subordonnée, pour qu'elle soit incapable d'accomplir sa mission de défendre les droits de tous et de les garantir en donnant une direction nouvelle à l'économie qui est sous le contrôle des travailleurs et de leurs alliés.

« Ouvert aux affaires » signifie multiplier les stratagèmes pour payer les riches sous toutes les formes possibles. Des quantités énormes de richesse sociale sont déversées dans les coffres des riches et dilapidées selon leur bon vouloir. Là aussi on en a vu le résultat. Des milliards de dollars de fonds publics ont été versés à GM au Canada et aux États-Unis en 2009, et on se retrouve maintenant avec une fermeture brutale qui prive de leur gagne-pain des milliers de travailleurs de l'usine d'Oshawa et de son réseau de fournisseurs et va grandement endommager l'économie locale interconnectée. La société ne dispose plus de ces vastes montants de richesse sociale sous la forme de fonds publics versés à GM. Ils sont disparus au profit de ces mêmes intérêts privés qui réclament une économie ouverte aux affaires, une économie ouverte au pillage, devrait-on plutôt dire. L'économie et le peuple sont privés à la fois de la richesse sociale publique engouffrée dans les machinations mondiales de GM et de la richesse sociale de propriété privée représentée par les moyens de production fixes dans le sud de l'Ontario. Cela ne doit pas passer parce que cette richesse devrait servir à l'économie et au peuple pour que les droits, la sécurité et le bien-être de tous puissent être garantis.

Les promoteurs du mot d'ordre de la politique d'être « ouvert aux affaires » vouent une haine mortelle à toute réglementation de nature prescriptive, à tout arrangement de l'État qui fournit une mesure de santé, de sécurité ou de normes de travail aux travailleurs. À titre d'exemple, le gouvernement Ford en Ontario a adopté une loi, au nom d'un « Ontario ouvert aux affaires », qui affaiblit les normes minimales du travail en Ontario sur la question notamment des heures de travail. Il veut maintenant adopter une loi qui va désyndiquer le travail de construction dans les institutions publiques, forçant ceux qui oeuvrent dans la construction dans ces secteurs à travailler sans la protection d'un syndicat ou d'une convention collective.

On connaît l'exemple des gouvernements fédéraux libéraux et conservateurs successifs qui ont déréglementé l'industrie ferroviaire sous le mot d'ordre que les entreprises sont celles qui connaissent le mieux leurs affaires. Cet abandon de d'autorité publique a mené à des tragédies, telle celle qui est survenue le 4 février, dans laquelle trois travailleurs ferroviaires du Canadien Pacifique ont tragiquement perdu la vie lorsque leur convoi de trains a plongé dans la rivière Kicking Horse. Les travailleurs refusent avec mépris qu'au nom d'être « ouvert aux affaires » on livre les travailleurs et leurs communautés au chaos et à l'insécurité.

Sous le mot d'ordre d'être « ouvert aux affaires » se cache le désir rapace des riches oligarques et de leurs gouvernements de priver les travailleurs des moyens de s'organiser collectivement et légalement à la défense de leurs droits et des droits de tous. La politique d'être « ouvert aux affaires » vise à criminaliser les luttes des travailleurs pour leurs droits. Elle tourne la vérité sens dessus dessous en dépeignant les travailleurs comme des ennemis de l'économie et de la production de la richesse sociale. Elle les dépeint comme des privilégiés qui veulent s'en tenir à certains « privilèges » qui leur viennent d'être une force collective organisée. Les oligarques et leurs gouvernements réclament que ces « privilèges » et ces collectifs soient démantelés pour que tous soient à la merci des aventures irresponsables des riches au service de leur profit privé et de leur édification d'empire.

Les travailleurs n'ont pas mené leurs luttes de masse à la défense de leurs droits et pour faire avancer la société pour accepter une politique et un mot d'ordre qui renient tout ce pour quoi ils se sont battus dans le passé et auquel ils aspirent dans l'avenir. Les travailleurs ne s'opposent pas à ce qu'on fasse des affaires, mais celles-ci doivent contribuer au bien-être de tous et se faire sur la base d'une production qui repose sur des normes modernes approuvées par les travailleurs et défendues par une autorité publique sous leur contrôle.


Cet article est paru dans

Numéro 6 - 21 février 2019

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