Les travailleurs municipaux du
Québec luttent pour leurs droits et leur
dignité
Les employeurs du secteur
public placent les
travailleurs devant une impasse
Manifestation des travailleurs de l'entretien de la
Société de transport de
Montréal, 13 septembre 2018
Les employés municipaux luttent
courageusement
contre la situation intenable dans laquelle le gouvernement du
Québec et certains employeurs municipaux cherchent
à les
placer. Ils confrontent une attaque concertée contre leur
droit
de négocier leurs conditions d'emploi afin d'obtenir des
conditions qui leur sont acceptables, sans menace,
sans criminalisation et sans lois arbitraires qui dictent et
aggravent leurs conditions et nient leurs droits.
L'exemple le plus immédiat est celui des
travailleurs d'entretien de la Société de transport
de
Montréal (STM) qui jouent un rôle très
important
pour la sécurité du public en entretenant les
autobus et
les wagons de métro ( voir l'entrevue ci-contre avec le
président du syndicat ). Dans leur négociation
actuelle pour une nouvelle
convention collective, ils font face à une impasse
créée par le gouvernement du Québec, la
Société de transport de Montréal et le
Tribunal
administratif du travail.
Ces travailleurs sont sous le coup de deux lois,
l'une
qui élimine pratiquement leur droit de négocier les
conditions de leur régime de retraite, et l'autre qui
permet le
décret de leurs conditions de travail par le gouvernement
si
celui-ci juge que les négociations ne se déroulent
pas
comme il le veut. Cette menace de diktat est combinée aux
congédiements de travailleurs et à d'autres mesures
disciplinaires qui se multiplient pendant les
négociations.
S'ajoutent à cela les poursuites contre les travailleurs
devant
le Tribunal administratif du travail pour de fausses accusations
de
sabotage de l'entretien et de moyens de pression illégaux
pour
faire pression sur l'employeur.
Dans ce contexte, la Société de
transport
de Montréal a annoncé hier qu'elle avait
présenté une « offre globale et
finale »
après 2 ans de négociations, et elle
blâme les
travailleurs pour le fait qu'aucune convention collective n'a
encore
été signée. Les travailleurs se
demandent :
quelle est la signification de cette offre
menaçante dite globale et surtout finale ? Est-ce que
la
Société de transport s'apprête à
demander
à ce que le gouvernement intervienne pour finalement
décréter les conditions de travail si les
travailleurs
n'acceptent pas cette offre « globale et
finale » ?
Les travailleurs sont en droit de se poser la
question
et de discuter et de remettre en cause, ouvertement et
collectivement,
la situation à laquelle ils font face. Comment cette
épreuve de deux ans peut-elle se terminer par une «
offre
globale et finale » inacceptable ou par un
décret
gouvernemental et être considérée comme un
exemple
de
négociation collective équitable ? Quel est
l'espace
légal qui leur reste pour présenter les
revendications et
les préoccupations qu'ils jugent importantes pour eux et
le
service, et pour en arriver à un arrangement
acceptable ?
Les travailleurs ne considèrent pas
acceptable
que les gouvernements
qui se disent démocratiques attaquent avec impunité
le
droit des
travailleurs municipaux de négocier leurs conditions de
travail,
leurs
salaires et leurs pensions. Il est également inacceptable
d'éliminer les négociations, ou ce qu'on
avait coutume d'appeler la libre négociation collective,
sous
prétexte
de grands idéaux. Le droit des travailleurs d'avoir un mot
décisif à
dire sur ce qu'ils reçoivent en échange de leur
capacité de travailler
et sur les conditions de travail leur appartient parce que c'est
un
droit. En ce qui concerne les travailleurs de la STM, leurs
conditions
de travail sont directement liées à la livraison de
services publics au
niveau dont la population et la société ont besoin
et
auquel elles
s'attendent.
Les travailleurs de la STM ne sont pas les seuls
dans
cette situation intenable. Les employés municipaux
à
l'échelle du Québec ont perdu des sommes
gigantesques,
parfois plus de 10 000 $ pour un seul travailleur,
à cause de la loi sur les régimes de retraite qui
les a
forcés à renflouer les déficits des
régimes
de retraite, alors
qu'ils y avaient toujours mis les montants requis en vertu de
leur
convention collective. Ce n'est pas le cas cependant de nombre
d'administrations municipales qui avaient refusé de verser
les
cotisations requises et détourné ces montants vers
d'autres secteurs avec l'autorisation du gouvernement. On ne peut
qualifier cela autrement que comme
un vol de ce qui revient de droit aux travailleurs, qui avait
été négocié légalement en
échange de leur capacité de travailler. Non
seulement ce
vol est-il énorme, mais l'espace légal pour
négocier la fin de ces pratiques anti-travailleurs a
été pratiquement éliminé.
En plus, les attaques contre les travailleurs
municipaux préparent le terrain à la privatisation
accélérée des services municipaux dans le
contexte
des accords impérialistes de libre-échange tels
l'Accord
économique et commercial global (AÉCG) entre le
Canada et
l'Union européenne des monopoles et l'Accord
États-Unis-Mexique-Canada (AÉUMC), qui a
remplacé
l'ALÉNA. Ces accords
commerciaux supranationaux sous le contrôle des monopoles
réduisent le contrôle local sur l'économie,
abaissent les réclamations des travailleurs à la
valeur
qu'ils produisent, permettent à l'entreprise privée
d'exproprier la valeur nouvelle que créent les
travailleurs, et
ouvrent la voie à des frais
d'usagers plus élevés et à des subsides
gouvernementaux aux monopoles qui possèdent et
contrôlent
l'infrastructure
publique actuelle et à venir.
Forum ouvrier se tient fermement aux
côtés des employés municipaux du
Québec et
de tout le Canada qui persistent à défendre leurs
droits
et les services publics qu'ils dispensent. Le refus de
l'élite
dirigeante de reconnaître les droits de la classe
ouvrière
à son mot à dire et son contrôle sur ses
conditions
d'emploi n'a rien à voir avec
« la libre négociation collective » et
tout
à voir avec la négation des droits des
travailleurs. Pour
la classe ouvrière, la liberté est la
reconnaissance de
la nécessité de changement de manière
à
priver l'élite dirigeante de son
pouvoir de priver les travailleurs du pouvoir d'affirmer leurs
droits.
Cet article est paru dans
Numéro 6 - 21 février 2019
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Les travailleurs municipaux du
Québec luttent pour leurs droits et leur
dignité: Les employeurs du secteur
public placent les
travailleurs devant une impasse
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