Numéro 66 - 26 octobre 2020
50e Assemblée générale de l'Organisation
des États américains
Le sale rôle du Canada dans la promotion
des visées impérialistes des États-Unis en
Amérique latine et dans les Caraïbes
- Margaret Villamizar -
Piquetage à Hamilton contre la réunion du Groupe
de Lima qui se tenait à
Ottawa le 20 février 2020
• Opinion:
L'Assemblée générale de l'OÉA a laissé tomber
les peuples des Amériques
- Sir Ronald Sanders -
• Déclaration du Mexique
- Maximiliano Reyes
Zuniga, secrétaire adjoint pour l'Amérique
latine et les Caraïbes -
50e Assemblée générale de
l'Organisation des États américains
- Margaret Villamizar -
Les 20 et 21 octobre, la 50e Assemblée
générale de l'Organisation des États américains
(OÉA) s'est tenue virtuellement à son siège à
Washington. Le thème de l'assemblée de cette année
était : « Faire face aux défis de la COVID-19
dans l'hémisphère : rechercher une approche
collaborative pour remédier aux vulnérabilités et
renforcer la résilience en temps de crise sur la
base des quatre piliers de l'OÉA ».
Les participants à la réunion comprenaient
les 33 membres de l'organisation plus une
délégation illégitime qui prétend représenter la
République bolivarienne du Venezuela, bien que le
Venezuela se soit officiellement retiré de
l'organisation en 2017. Les Bahamas ont été
élus à la présidence des deux jours des séances
plénières au cours desquels les délégations des 33
États membres ont pu faire des remarques
générales, débattre et voter sur un certain nombre
de résolutions et de rapports. Les causes de
nature interventionniste et d'ingérence que le
Canada défend et pour lesquelles il fait pression
sur l'OÉA en tandem avec les États-Unis ont été
vivement dénoncées, à commencer par le premier
point à l'ordre du jour qui était l'approbation du
projet d'ordre du jour.
Le Nicaragua a rejeté fermement et
catégoriquement l'inscription à l'ordre du jour de
questions portant sur « la situation au Nicaragua
et dans la République bolivarienne du
Venezuela » sous la forme de résolutions que
son représentant a dénoncées comme étant
interventionnistes et contraires aux chartes de
l'OÉA et des Nations unies et au droit
international. La même position a été adoptée par
Saint-Vincent-et-les Grenadines.
Dans ses remarques, le représentant permanent du
Nicaragua à l'Assemblée générale, Denis Moncada, a
déclaré qu'aucun État ou groupe d'États n'avaient
le droit de s'ingérer dans les affaires
intérieures ou extérieures d'un autre État ou
groupe d'États. Il a souligné que cela est vrai
pour les interventions militaires, mais aussi pour
tout autre type d'intervention. Sur le prétendu
thème de l'Assemblée générale, il a rejeté comme
étant inacceptables les prétentions que les effets
de la pandémie peuvent être réduits par
l'ingérence. C'est la consolidation des conditions
sanitaires pour le bien de tous nos pays par le
partage de nos expériences à lutter contre la
pandémie qui devrait être la préoccupation de
cette assemblée au lieu de déstabiliser, de
commettre des agressions et de violer le droit à
l'autodétermination du Nicaragua et du Venezuela,
a-t-il dit. L'ordre du jour a néanmoins été adopté
tel que proposé.
Un affrontement a ensuite eu lieu sur le rapport
du Comité d'accréditation. Antigua-et-Barbuda,
Saint-Vincent-et- Grenadines et le Mexique se sont
opposés à toute reconnaissance de l'accréditation
de la délégation qui prétend représenter la
République bolivarienne du Venezuela, qui a été
émise par l'Assemblée nationale et non par le
gouvernement du Venezuela, ce qui la rend
invalide. Saint-Vincent-et-Grenadines a fait
valoir que le Venezuela s'était officiellement
retiré de l'OÉA en juin 2017 et qu'il n'en
est plus membre. Tous ont martelé que la Charte de
l'OÉA n'autorise ni l'organisation ni le
secrétariat général à reconnaître ou à refuser de
reconnaître un État, ou à permettre l'ingérence
dans les affaires intérieures d'un État.
Antigua-et-Barbuda et Saint-Vincent-et-Grenadines
ont réitéré la position de leurs gouvernements
qu'ils ne sont aucunement liés par des résolutions
ou des déclarations passées, présentes ou futures
de l'OÉA qui comprennent la participation d'une
soi-disant délégation « vénézuélienne » ou
qui parle au nom de la République bolivarienne du
Venezuela. Les trois pays ont demandé que leurs
interventions soient inscrites au procès-verbal de
la session.
Le sale rôle du Canada
Le rôle honteux du Canada a été exposé pendant
les deux jours de sessions plénières. Il a tenté
d'amener les pays de l'Amérique latine et des
Caraïbes à violer la Charte des Nations unies et
ce que la Charte de l'OÉA elle-même promeut en
paroles, en parrainant les résolutions qui
s'ingèrent dans les affaires intérieures du
Venezuela et du Nicaragua, et portent
spécifiquement sur les prochaines élections dans
les deux pays. Le Canada a fourni un prélude de ce
qu'il allait faire dans les procédures officielles
en parlant d'un « Dialogue sur la crise
multidimensionnelle au Venezuela » dont il a
été l'hôte avec les États-Unis et d'autres membres
de son Groupe de Lima anti-Venezuela la veille de
l'ouverture de l'Assemblée générale. La ministre
du Développement international, Karina Gould, qui
a été consultante de l'OÉA avant d'être élue
députée, a été envoyée pour diriger l'assaut du
Canada contre les droits démocratiques des peuples
des Amériques lors de ce forum.
Lors de l'Assemblée générale proprement dite,
c'est au ministre des Affaires étrangères,
François-Philippe Champagne, et au représentant
permanent du Canada auprès de l'OÉA, Hugh Adsett,
qu'est revenu le rôle de pousser les résolutions
contre le Nicaragua et le Venezuela que le Canada
avait pris l'initiative de promouvoir. Tout cela a
été un spectacle pitoyable de la soumission du
gouvernement canadien aux sections les plus
réactionnaires et anticommunistes de
l'impérialisme américain obsédées par le
renversement des gouvernements du Venezuela, du
Nicaragua et de Cuba, le tout camouflé dans un
langage prétentieux sur la nécessité que l'OÉA
affirme son « engagement inébranlable envers la
démocratie et les droits humains » et ce le
que ministre Champagne a appelé le besoin de «
restaurer la confiance des peuples dans nos
institutions ».
La résolution sur le Nicaragua était intitulée «
Restaurer les institutions démocratiques et le
respect des droits de l'homme au Nicaragua par des
élections libres et équitables ». Lorsqu'il a
parlé de cette résolution, l'ambassadeur Denis
Moncada, s'est adressé spécifiquement au Canada.
Le Canada applique des sanctions illégales contre
le Nicaragua depuis des années et travaille en
étroite collaboration avec les États-Unis au sein
de l'OÉA, en dirigeant un groupe de travail sur le
Nicaragua et en siégeant à la Commission de l'OÉA
sur le Nicaragua, présidée par les États-Unis.
Cette Commission a demandé à l'OÉA de déclarer que
l'ordre constitutionnel au Nicaragua a été
enfreint afin de pouvoir lancer un processus qui
pourrait mener à la suspension du pays de l'OÉA,
comme cela a été tenté sans succès avec le
Venezuela.
Entre autres, l'ambassadeur Moncada a dit :
« Cette assemblée n'a pas été convoquée pour que
certains nous disent ce que nous devons
faire. » Il a dit que les Nicaraguayens
chérissent les droits humains, ayant souffert sous
une dictature, et que le Nicaragua fait un grand
effort pour garantir les droits fondamentaux de
son peuple et de ceux qui transitent par le pays.
Il a déclaré qu'il voulait que le rejet par son
pays de la position d'ingérence mise de l'avant
par le ministre canadien des Affaires étrangères
soit clair et a dit qu'il n'est pas correct ou
approprié de viser des pays pour leurs politique
intérieure et d'insister pour s'ingérer dans leurs
affaires. En conclusion, il a dit qu'il était
embarrassant de voir le Canada suivre le diktat
des États-Unis et agir comme un pays qui leur est
subordonné.
En insistant sur l'adoption d'une résolution sur
le Venezuela intitulée « Le manque de conditions
démocratiques minimales pour garantir des
élections libres, équitables et transparentes dans
la République bolivarienne du Venezuela », le
ministre Champagne a clairement fait référence au
président « illégitime » du Venezuela Nicolas
Maduro et aux élections « illégitimes » qui
s'y déroulent depuis des années. Il a réitéré
l'appui du Canada au président «
intérimaire » et soi-disant légitime, Juan
Guaido, bien que l'étoile de l'imposteur soit en
rapide déclin.
Sur une question connexe, il a été annoncé à
l'Assemblée générale que l'ancien juge de la Cour
suprême du Canada, Michel Bastarache, a été réélu
au Tribunal administratif de l'OÉA qui est censé
garantir la surveillance et la responsabilité à
l'OÉA. Donner ce rôle au Canada est le comble de
l'hypocrisie, compte tenu de son rôle historique
de laquais des États-Unis qui cherchent à utiliser
l'OÉA pour diviser les peuples de l'Amérique
latine et des Caraïbes afin d'asseoir leur
hégémonie dans la région. L'exemple le plus
frappant en est le rôle du Canada dans
l'organisation et la direction du Groupe de Lima
pour qu'il fasse son sale et illégal travail
contre le Venezuela et pour tenter de diviser la
Communauté des Caraïbes (CARICOM). Le ministre des
Affaires étrangères de l'Argentine, Felipe Sola,
en a bien traité lorsqu'il a dit que l'ingérence
de l'OÉA au Venezuela ne sert qu'à créer des
divisions au sein de Notre Amérique sur la base
des opinions que chaque pays professe au sujet du
Venezuela. « D'où cela vient-il, à qui cela
profite ? », a-t-il demandé.
L'ingérence agressive du Canada dans les affaires
du Venezuela et du Nicaragua et le rôle qu'il a
joué dans l'instigation du coup en Bolivie l'an
dernier montrent que le rôle du Canada en ce qui a
trait à la surveillance et à la responsabilité ne
peut être que de protéger le Secrétariat général
de l'OÉA, qui échappe à tout contrôle, afin qu'il
n'ait pas à rendre de comptes de ses abus de
pouvoir flagrants et de ses violations
systématiques de la Charte et des règles de
procédure de l'OÉA.
Un « multilatéralisme qui fonctionne
vraiment »
Après la conclusion de l'Assemblée générale, le
vice-secrétaire général a dit que celle-ci avait
adopté des décisions importantes pour le
renforcement du multilatéralisme. Compte tenu du
fait que l'ingérence dans les affaires du
Nicaragua et du Venezuela a occupé une grande
partie de son ordre du jour, et la COVID-19 très
peu, on peut dire sans se tromper que le
multilatéralisme dont il est question est le
multilatéralisme impérialiste dont le Canada s'est
fait le champion et qu'il cherche à imposer, en
opposition à la signification qu'en donne la
Charte des Nations unies.
Le rôle du Canada pour aider à la création de ce
multilatéralisme qui procède par exclusion et
ingérence est devenu la marque de commerce de son
sale rôle à l'OÉA. Ce que fait le Canada suit ce
que le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a
dit dans un message vidéo à l'Assemblée générale.
Il a déclaré que l'OÉA était un exemple de «
multilatéralisme qui fonctionne vraiment »
S'adressant non pas aux États membres de l'OÉA
mais à l'infâme secrétaire général de l'OÉA qu'il
considère comme son représentant personnel, Mike
Pompeo a déclaré : « Nous soutenons les
valeurs démocratiques et, sous votre direction,
l'OÉA n'a pas peur de prendre position pour ces
valeurs. » Dans la version écrite de sa
déclaration, Pompeo ajoute que « il ne fait aucun
doute » que le multilatéralisme de l'OÉA «
fonctionne grâce à vos [Luis Almagro] positions
audacieuses ». Il a ensuite présenté ses «
attentes » pour l'OÉA, en disant : « Les
États-Unis s'attendent à ce que cet organisme
approuve une résolution ferme qui condamne le
régime illégitime de Maduro cette année, comme
nous nous attendons à ce que tous les États
membres ne reconnaissent pas ses élections
illégitimes, passées ou futures...Nous attendons
de l'Assemblée générale de l'OÉA qu'elle approuve
une résolution qui condamne le refus du
gouvernement Ortega de respecter les normes
démocratiques » et « Nous demandons à l'OÉA
de mener une action plus forte envers Cuba. Elle
est une source des forces anti-démocratiques dans
tout l'hémisphère, car elle soutient les régimes
Maduro et Ortega et provoque une instabilité
régionale. »
Il n'y a rien d'honorable à être l'instrument
d'un multilatéralisme impérialiste « qui
fonctionne » pour les États-Unis à l'OÉA ou
dans tout autre forum. Félicitations à tous ceux
qui ont pris la parole sur une base de principe en
faveur des peuples et à tous ceux qui disent NON à
l'imposition d'ordres du jour illégitimes aux pays
et aux peuples d'Amérique latine et des Caraïbes
au nom de grands idéaux.
Le Canada devrait cesser de s'ingérer dans les
affaires du Venezuela, du Nicaragua, de la
Bolivie, d'Haïti et de tout autre pays où il viole
la Charte des Nations unies, le droit
international et les normes de la diplomatie - ce
que ne peut cacher l'hypocrisie libérale qui
prétend que le Canada oeuvre pour des élections
libres et équitables, les droits de la personne,
la démocratie et un « ordre fondé sur les
règles ».
- Sir Ronald Sanders -
Quiconque suivrait la 50e session ordinaire
de l'Assemblée générale de l'Organisation des
États américains (OÉA) serait pardonné de croire
qu'elle a eu lieu pour discuter du Venezuela et du
Nicaragua.
L'assemblée s'est tenue virtuellement les 20
et 21 octobre, ostensiblement pour traiter de
« Faire face aux défis du COVID-19 » et
rechercher une approche collaborative « pour
remédier aux vulnérabilités et renforcer la
résilience ». Ce thème a attiré peu
d'attention. La référence à cela par certains pays
à tendance idéologique était superficielle. Le
représentant d'un État puissant ne l'a même pas
mentionné.
La réunion s'est terminée sans approche
collaborative pour faire face aux vulnérabilités
et à la résilience. Le problème clé auquel sont
actuellement confrontés les États membres en
développement de l'Organisation a été mis de côté.
Pour les pays les plus riches, leur principale
préoccupation était le Venezuela. Leur objectif
primordial était de garantir des positions qui
renforcent leurs efforts pour se débarrasser du
gouvernement Maduro et forcer l'acceptation de
Juan Guaido.
Ils ont utilisé toute leur force coercitive pour
atteindre cet objectif, au détriment de la crise
la plus préjudiciable qui ravage les nations
partout dans le monde.
Pas étonnant que l'ambassadeur Anton Edmunds de
Sainte-Lucie ait déclaré que cette « focalisation
presque singulière sur un pays de notre région, un
pays avec des problèmes dont nous sommes bien
conscients, prive beaucoup d'entre nous du soutien
dont nous avons besoin en ce moment critique,
basée sur la sécurité ou autre ».
Cette observation poignante est tombée dans
l'oreille d'un sourd. Il en a été de même lorsque
l'ambassadrice de Saint-Vincent-et-les Grenadines,
Lou-Anne Gilchrist, a demandé que l'organisation «
se recentre et devienne plus inclusive dans son
approche du développement ».
Ceux qui contrôlent l'OÉA ne semblent guère
s'intéresser aux problèmes de survie auxquels sont
confrontés les États en développement. De plus en
plus, l'Organisation devient une arme pour
défendre uniquement leurs intérêts politiques. À
cet égard, sa pertinence pour les pays en
développement, qui a toujours été discutable,
devient de plus en plus évidente.
Les pays de la CARICOM ont réussi à obtenir une
résolution sur les changements climatiques. Mais
il est significatif que l'excellent projet proposé
par la Barbade ait été dilué sous l'insistance de
quelques pays plus riches. L'un d'eux l'a rejeté
jusqu'au bout, même si l'on sait très bien que les
changements climatiques constitue une grave menace
pour tous les membres de l'OÉA, quelle que soit
leur taille ou leur puissance économique.
Dans mon exposé, j'ai insisté sur le fait que «
l'OÉA devrait être une voix unifiée dans le
plaidoyer pour une action forte et décisive sur le
financement climatique, non pas comme une
concession ou un acte de générosité, mais comme
une responsabilité morale, politique et
environnementale. Les États membres de l'OÉA
devraient également être une voix unifiée pour la
renégociation et le rééchelonnement de la dette
extérieure, et pour l'achat abordable de vaccins
pour tous dans notre combat contre la
COVID-19 ».
Pour mémoire, plutôt que parce que je m'attendais
à une réponse positive, j'ai dit : «
L'intégration et l'action collective au sein de
l'OÉA ne devraient pas être une option, ni un
choix ; ce devrait être un impératif pour
tous – riches et pauvres, grands et petits ».
Mais la gouvernance de l'OÉA est mortellement
imparfaite. Seul le pouvoir prévaut, pas la
raison. Et le secrétaire général, Luis Almagro,
qui, à mon avis, est capable de bien mieux, s'est
permis de faire partie de cette gouvernance
défectueuse. À plusieurs reprises, il a fait que
l'OÉA semble enflammer des conflits, même ceux
entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, qui sont très
éloignés des Amériques.
Par conséquent, l'Assemblée a dû éprouver
l'indignité de permettre aux représentants de
l'Azerbaïdjan et de la Turquie de s'exprimer,
exigeant qu'Almagro se tienne à l'écart de leurs
affaires régionales. Il avait publié une
déclaration, à l'insu d'aucun organe officiel de
l'Organisation, accusant l'Azerbaïdjan d ‘«
agression et d'escalade » d'un conflit
complexe avec l'Arménie.
En l'occurrence, le gouvernement mexicain, par la
voix de Maximiliano Reyes Zuniga, sous-secrétaire
pour l'Amérique latine et les Caraïbes, n'a pas
mâché ses mots lorsqu'il a appelé ce « schéma
inquiétant ».
Il a déclaré : « Nous notons la
configuration d'un schéma d'action inquiétant du
secrétariat général, consistant à utiliser ses
pouvoirs administratifs pour prendre des décisions
politiques qui ont un impact sur la direction de
l'Organisation, sans les soumettre au préalable à
l'examen des membres.
De telles décisions manquent de soutien juridique
et des informations nécessaires permettant de
connaître leur motivation et leurs objectifs.
C'est le cas de la nomination d'un conseiller
spécial sur la responsabilité de protéger. Cette
question aurait dû faire l'objet de consultations
et de discussions de manière exhaustive au sein de
l'Organisation ». (Note : j'ai soulevé
cette question dans mon dernier commentaire et à
l'Assemblée).
Il existe de nombreux cas de deux poids, deux
mesures dans la gouvernance et le processus
décisionnel de l'OÉA. Ces deux poids deux mesures,
qui servent les intérêts politiques de
quelques-uns, étaient particulièrement évidents
dans les résolutions sur le Venezuela et le
Nicaragua.
Que ce soit clair. Le Venezuela et le Nicaragua
suscitent des inquiétudes de toutes parts,
concernant des élections libres et équitables,
l'indépendance du pouvoir judiciaire et la
détention de personnes. Mais la réponse efficace à
ces préoccupations est minée dans l'OÉA par ceux
qui utilisent des tactiques d'intimidation et
d'exclusion.
Les résolutions ont été rédigées et réglées par
un groupe exclusif. Pourtant, la résolution a
appelé le gouvernement du Nicaragua à soutenir des
« négociations inclusives et opportunes ». La
contradiction de l'application d'une norme au
Nicaragua qu'ils ignorent pour eux-mêmes est soit
perdue pour eux, soit, tout simplement, ils s'en
moquent.
La résolution sur le Venezuela a été rédigée par
un groupe exclusif qui comprenait le représentant
de Juan Guaido. Sans surprise, cela a obligé tous
les gouvernements de l'OÉA à accepter l'agent de
Guaido comme représentant du Venezuela, les
poussant ainsi à reconnaître implicitement Guaido,
en tant que soi-disant président par intérim du
Venezuela, quels que soient leurs intérêts
nationaux respectifs et leur politique.
En outre, la résolution était ponctuée de propos
belliqueux susceptibles d'accroître les divisions,
aggravant la situation au Venezuela. Il s'agissait
moins de démocratie au Venezuela que de
l'imposition d'une classe politique et d'un
dirigeant sur une autre, alors que le choix d'un
dirigeant de n'importe quel pays est l'affaire du
peuple de ce pays uniquement.
La 50e Assemblée générale de l'OÉA n'a pas
abordé le thème important défini par ses 33
États membres légitimes. Malheureusement, elle a
laissé tombé les peuples des Amériques qui
continuent d'être tourmentés par la COVID-19 et
qui attendent des gouvernements qu'ils trouvent
une solution collectivement.
Sir Ronald Sanders est ambassadeur
d'Antigua-et-Barbuda aux États-Unis et à
l'Organisation des États américains. Il est
également Senior Fellow à l'Institute of
Commonwealth Studies de l'Université de Londres
et au Massey College de l'Université de Toronto.
- Maximiliano Reyes Zuniga,
secrétaire adjoint pour l'Amérique
latine et les Caraïbes -
Chers ministres,
Chers et estimés représentants.
C'est un honneur pour moi de participer à cette
cinquantième session ordinaire de l'Assemblée
générale de l'Organisation des États américains
(OÉA) au nom de mon pays ainsi que du président
mexicain Andres Manuel Lopez Obrador et du
ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard.
Nous nous réunissons dans des circonstances
inhabituelles en raison de la pandémie de COVID-19
qui représente un grand défi pour le monde, et en
particulier pour notre hémisphère.
C'est pourquoi le Mexique participe à cet
événement pour réaffirmer sa vocation
multilatéraliste. Nous considérons que la
coopération est un pilier essentiel de la
coexistence pacifique entre les nations et de la
recherche de solutions aux défis communs auxquels
nous sommes confrontés.
Il n'est pas étranger au Mexique que dans
l'hémisphère, des difficultés dans le dialogue
politique ont interrompu des progrès importants
sur de nombreuses questions.
Face à ces événements, la Quatrième
Transformation de la vie publique mexicaine,
dirigée par le président Lopez Obrador, défendra
toujours les principes de non-intervention,
d'autodétermination des peuples, de règlement
pacifique des différends et de respect, protection
et promotion des droits humains.
Pour cette raison, nous réaffirmons la position
historique du Mexique contre les sanctions
économiques et financières unilatérales mises en
oeuvre comme moyen de pression. Les plus grandes
victimes sont toujours celles qui en ont le plus
besoin, raison qui les rend inacceptables.
En revanche, le Mexique a exprimé à plusieurs
reprises le souhait que les peuples du Nicaragua
et du Venezuela trouvent rapidement une solution
pacifique et démocratique à la situation dans leur
pays, préservant à tout moment leur droit légitime
de décider de leur destin. Le Mexique s'oppose à
toute mesure visant à exclure un État membre de
notre Organisation du dialogue politique.
Le Mexique est également préoccupé par la
tendance récente à dépasser la nature technique
des missions d'observation électorale. Nous
soulignons que les actions des missions
d'observation électorale doivent être de nature
impartiale, se limiter à un soutien logistique et
institutionnel et qu'elles sont menées selon les
principes de rationalité, de transparence,
d'austérité et de responsabilité.
La démocratie est également renforcée par
l'élimination de la corruption. Le Mexique
renouvelle son engagement à lutter contre ce fléau
en intégrant une citoyenneté active et vigilante
aux actions gouvernementales.
En termes de droits humains, le Mexique maintient
son ferme soutien aux droits des peuples
autochtones, de la population LGBT et de l'égalité
des sexes.
De même, le Mexique réaffirme son plein appui au
Système interaméricain de protection des droits de
l'homme et souligne l'importance de respecter son
autonomie. Mon pays restera déterminé à renforcer
les travaux de la Commission et de la Cour.
En termes de développement global, nous devons
continuer à travailler sur le renforcement des
mesures de gestion globale des risques de
catastrophe, afin de faire face aux menaces que
représentent les changements climatiques.
Cependant, en termes de coopération, il convient
de noter l'indifférence avec laquelle l'OÉA s'est
comportée dans cette pandémie.
Nous notons avec inquiétude le manque d'actions
concrètes du secrétariat général dans cette
urgence sanitaire.
Mesdames et messieurs,
Mon pays réaffirme que le secrétariat général de
l'OÉA doit toujours agir en respectant son cadre
institutionnel et éviter de se prononcer au nom
des membres. Ce sont les États membres, et non le
secrétariat général, qui décident de la direction
de l'Organisation.
En ce sens, nous notons la configuration d'un
schéma d'action inquiétant de la part du
secrétariat général consistant à utiliser ses
pouvoirs administratifs pour prendre des décisions
politiques ayant un impact sur la direction de
l'Organisation, sans les soumettre au préalable à
l'examen des membres.
De telles décisions souffrent d'absence de
fondement juridique et d'informations nécessaires
pour connaître leur motivation et leurs objectifs.
Tel est le cas de la nomination d'un conseiller
spécial sur la responsabilité de protéger. Ce
sujet aurait dû être débattu de manière exhaustive
au sein de l'Organisation. Le Mexique voit cette
nomination avec une grande inquiétude.
Nous observons le même scénario avec le refus du
secrétariat général de renouveler le mandat du
secrétaire exécutif de la Commission
interaméricaine de la production des droits de
l'homme. Nous réaffirmons fermement que ces
actions portent atteinte à l'autonomie et à
l'indépendance de la Commission.
De même, nous corroborons ce qui est dit au sujet
de cette performance lors des élections de 2019 en
Bolivie, où le secrétariat général a utilisé la
mission d'observation électorale de manière
factieuse en dénonçant une fraude présumée, sans
qu'elle ne soit d'abord vérifiée. Les élections de
dimanche dernier dans ce pays ont montré la même
tendance électorale qu'en 2019.
Cette intervention factieuse a engendré
l'instabilité, la violence et le désordre
constitutionnel en Bolivie, et a créé un
environnement international de confrontation. Le
secrétariat général n'est pas là pour qualifier
les élections ou les gouvernements. Par
conséquent, le Mexique suggère que M. Luis Almagro
se soumette à un processus d'autocritique fondé
sur ses actions portant atteinte à la Charte de
l'OÉA et pour avoir porté atteinte à la démocratie
bolivienne, afin de déterminer s'il a toujours
l'autorité morale nécessaire pour diriger cette
organisation.
Mon pays dénonce la volonté du secrétaire Général
d'intervenir dans les affaires intérieures de nos
États et de nuire à nos démocraties. Ce qui s'est
passé en Bolivie ne doit jamais se répéter.
Hier a marqué un an depuis les élections
boliviennes dans lesquelles Evo Morales était le
vainqueur. Un an plus tard, le MAS a été ratifié
et Luis Arce a été élu président lors d'une
journée électorale pacifique et démocratique, un
exemple pour le monde entier, au grand regret de
votre secrétaire général et de votre mission
d'observation électorale. Le peuple bolivien lui a
donné une leçon historique et j'espère qu'il
l'apprendra.
Tant que vous continuerez à diriger
l'Organisation, les conséquences de ce qui s'est
passé en Bolivie seront toujours présentes. Vous
avez délégitimé les missions d'observation
électorale et amené l'organisation à se heurter à
la réalité démocratique actuelle dans la région.
Le Mexique, conformément à sa solide tradition
multilatéraliste et à ses principes
constitutionnels en politique étrangère,
continuera de promouvoir le dialogue et la
diplomatie en tant que meilleur moyen de
rechercher des solutions communes et
consensuelles. C'est ce que nous avons fait à la
tête de la CELAC [Communauté d'États d'Amérique
latine et des Caraïbes], pour laquelle nous
apprécions profondément le vote de confiance de
tous les pays d'Amérique latine et des Caraïbes
pour continuer à la diriger l'année prochaine.
Nous réitérons l'appel du Mexique à privilégier
l'unité des peuples d'Amérique.
Merci beaucoup.
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
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