50e Assemblée générale de
l'Organisation des États américains
Le sale rôle du Canada dans la promotion des
visées impérialistes des États-Unis en Amérique
latine et dans les Caraïbes
- Margaret Villamizar -
Les 20 et 21 octobre, la 50e Assemblée
générale de l'Organisation des États américains
(OÉA) s'est tenue virtuellement à son siège à
Washington. Le thème de l'assemblée de cette année
était : « Faire face aux défis de la COVID-19
dans l'hémisphère : rechercher une approche
collaborative pour remédier aux vulnérabilités et
renforcer la résilience en temps de crise sur la
base des quatre piliers de l'OÉA ».
Les participants à la réunion comprenaient
les 33 membres de l'organisation plus une
délégation illégitime qui prétend représenter la
République bolivarienne du Venezuela, bien que le
Venezuela se soit officiellement retiré de
l'organisation en 2017. Les Bahamas ont été
élus à la présidence des deux jours des séances
plénières au cours desquels les délégations des 33
États membres ont pu faire des remarques
générales, débattre et voter sur un certain nombre
de résolutions et de rapports. Les causes de
nature interventionniste et d'ingérence que le
Canada défend et pour lesquelles il fait pression
sur l'OÉA en tandem avec les États-Unis ont été
vivement dénoncées, à commencer par le premier
point à l'ordre du jour qui était l'approbation du
projet d'ordre du jour.
Le Nicaragua a rejeté fermement et
catégoriquement l'inscription à l'ordre du jour de
questions portant sur « la situation au Nicaragua
et dans la République bolivarienne du
Venezuela » sous la forme de résolutions que
son représentant a dénoncées comme étant
interventionnistes et contraires aux chartes de
l'OÉA et des Nations unies et au droit
international. La même position a été adoptée par
Saint-Vincent-et-les Grenadines.
Dans ses remarques, le représentant permanent du
Nicaragua à l'Assemblée générale, Denis Moncada, a
déclaré qu'aucun État ou groupe d'États n'avaient
le droit de s'ingérer dans les affaires
intérieures ou extérieures d'un autre État ou
groupe d'États. Il a souligné que cela est vrai
pour les interventions militaires, mais aussi pour
tout autre type d'intervention. Sur le prétendu
thème de l'Assemblée générale, il a rejeté comme
étant inacceptables les prétentions que les effets
de la pandémie peuvent être réduits par
l'ingérence. C'est la consolidation des conditions
sanitaires pour le bien de tous nos pays par le
partage de nos expériences à lutter contre la
pandémie qui devrait être la préoccupation de
cette assemblée au lieu de déstabiliser, de
commettre des agressions et de violer le droit à
l'autodétermination du Nicaragua et du Venezuela,
a-t-il dit. L'ordre du jour a néanmoins été adopté
tel que proposé.
Un affrontement a ensuite eu lieu sur le rapport
du Comité d'accréditation. Antigua-et-Barbuda,
Saint-Vincent-et- Grenadines et le Mexique se sont
opposés à toute reconnaissance de l'accréditation
de la délégation qui prétend représenter la
République bolivarienne du Venezuela, qui a été
émise par l'Assemblée nationale et non par le
gouvernement du Venezuela, ce qui la rend
invalide. Saint-Vincent-et-Grenadines a fait
valoir que le Venezuela s'était officiellement
retiré de l'OÉA en juin 2017 et qu'il n'en
est plus membre. Tous ont martelé que la Charte de
l'OÉA n'autorise ni l'organisation ni le
secrétariat général à reconnaître ou à refuser de
reconnaître un État, ou à permettre l'ingérence
dans les affaires intérieures d'un État.
Antigua-et-Barbuda et Saint-Vincent-et-Grenadines
ont réitéré la position de leurs gouvernements
qu'ils ne sont aucunement liés par des résolutions
ou des déclarations passées, présentes ou futures
de l'OÉA qui comprennent la participation d'une
soi-disant délégation « vénézuélienne » ou
qui parle au nom de la République bolivarienne du
Venezuela. Les trois pays ont demandé que leurs
interventions soient inscrites au procès-verbal de
la session.
Le sale rôle du Canada
Le rôle honteux du Canada a été exposé pendant
les deux jours de sessions plénières. Il a tenté
d'amener les pays de l'Amérique latine et des
Caraïbes à violer la Charte des Nations unies et
ce que la Charte de l'OÉA elle-même promeut en
paroles, en parrainant les résolutions qui
s'ingèrent dans les affaires intérieures du
Venezuela et du Nicaragua, et portent
spécifiquement sur les prochaines élections dans
les deux pays. Le Canada a fourni un prélude de ce
qu'il allait faire dans les procédures officielles
en parlant d'un « Dialogue sur la crise
multidimensionnelle au Venezuela » dont il a
été l'hôte avec les États-Unis et d'autres membres
de son Groupe de Lima anti-Venezuela la veille de
l'ouverture de l'Assemblée générale. La ministre
du Développement international, Karina Gould, qui
a été consultante de l'OÉA avant d'être élue
députée, a été envoyée pour diriger l'assaut du
Canada contre les droits démocratiques des peuples
des Amériques lors de ce forum.
Lors de l'Assemblée générale proprement dite,
c'est au ministre des Affaires étrangères,
François-Philippe Champagne, et au représentant
permanent du Canada auprès de l'OÉA, Hugh Adsett,
qu'est revenu le rôle de pousser les résolutions
contre le Nicaragua et le Venezuela que le Canada
avait pris l'initiative de promouvoir. Tout cela a
été un spectacle pitoyable de la soumission du
gouvernement canadien aux sections les plus
réactionnaires et anticommunistes de
l'impérialisme américain obsédées par le
renversement des gouvernements du Venezuela, du
Nicaragua et de Cuba, le tout camouflé dans un
langage prétentieux sur la nécessité que l'OÉA
affirme son « engagement inébranlable envers la
démocratie et les droits humains » et ce le
que ministre Champagne a appelé le besoin de «
restaurer la confiance des peuples dans nos
institutions ».
La résolution sur le Nicaragua était intitulée «
Restaurer les institutions démocratiques et le
respect des droits de l'homme au Nicaragua par des
élections libres et équitables ». Lorsqu'il a
parlé de cette résolution, l'ambassadeur Denis
Moncada, s'est adressé spécifiquement au Canada.
Le Canada applique des sanctions illégales contre
le Nicaragua depuis des années et travaille en
étroite collaboration avec les États-Unis au sein
de l'OÉA, en dirigeant un groupe de travail sur le
Nicaragua et en siégeant à la Commission de l'OÉA
sur le Nicaragua, présidée par les États-Unis.
Cette Commission a demandé à l'OÉA de déclarer que
l'ordre constitutionnel au Nicaragua a été
enfreint afin de pouvoir lancer un processus qui
pourrait mener à la suspension du pays de l'OÉA,
comme cela a été tenté sans succès avec le
Venezuela.
Entre autres, l'ambassadeur Moncada a dit :
« Cette assemblée n'a pas été convoquée pour que
certains nous disent ce que nous devons
faire. » Il a dit que les Nicaraguayens
chérissent les droits humains, ayant souffert sous
une dictature, et que le Nicaragua fait un grand
effort pour garantir les droits fondamentaux de
son peuple et de ceux qui transitent par le pays.
Il a déclaré qu'il voulait que le rejet par son
pays de la position d'ingérence mise de l'avant
par le ministre canadien des Affaires étrangères
soit clair et a dit qu'il n'est pas correct ou
approprié de viser des pays pour leurs politique
intérieure et d'insister pour s'ingérer dans leurs
affaires. En conclusion, il a dit qu'il était
embarrassant de voir le Canada suivre le diktat
des États-Unis et agir comme un pays qui leur est
subordonné.
En insistant sur l'adoption d'une résolution sur
le Venezuela intitulée « Le manque de conditions
démocratiques minimales pour garantir des
élections libres, équitables et transparentes dans
la République bolivarienne du Venezuela », le
ministre Champagne a clairement fait référence au
président « illégitime » du Venezuela Nicolas
Maduro et aux élections « illégitimes » qui
s'y déroulent depuis des années. Il a réitéré
l'appui du Canada au président «
intérimaire » et soi-disant légitime, Juan
Guaido, bien que l'étoile de l'imposteur soit en
rapide déclin.
Sur une question connexe, il a été annoncé à
l'Assemblée générale que l'ancien juge de la Cour
suprême du Canada, Michel Bastarache, a été réélu
au Tribunal administratif de l'OÉA qui est censé
garantir la surveillance et la responsabilité à
l'OÉA. Donner ce rôle au Canada est le comble de
l'hypocrisie, compte tenu de son rôle historique
de laquais des États-Unis qui cherchent à utiliser
l'OÉA pour diviser les peuples de l'Amérique
latine et des Caraïbes afin d'asseoir leur
hégémonie dans la région. L'exemple le plus
frappant en est le rôle du Canada dans
l'organisation et la direction du Groupe de Lima
pour qu'il fasse son sale et illégal travail
contre le Venezuela et pour tenter de diviser la
Communauté des Caraïbes (CARICOM). Le ministre des
Affaires étrangères de l'Argentine, Felipe Sola,
en a bien traité lorsqu'il a dit que l'ingérence
de l'OÉA au Venezuela ne sert qu'à créer des
divisions au sein de Notre Amérique sur la base
des opinions que chaque pays professe au sujet du
Venezuela. « D'où cela vient-il, à qui cela
profite ? », a-t-il demandé.
L'ingérence agressive du Canada dans les affaires
du Venezuela et du Nicaragua et le rôle qu'il a
joué dans l'instigation du coup en Bolivie l'an
dernier montrent que le rôle du Canada en ce qui a
trait à la surveillance et à la responsabilité ne
peut être que de protéger le Secrétariat général
de l'OÉA, qui échappe à tout contrôle, afin qu'il
n'ait pas à rendre de comptes de ses abus de
pouvoir flagrants et de ses violations
systématiques de la Charte et des règles de
procédure de l'OÉA.
Un « multilatéralisme qui fonctionne
vraiment »
Après la conclusion de l'Assemblée générale, le
vice-secrétaire général a dit que celle-ci avait
adopté des décisions importantes pour le
renforcement du multilatéralisme. Compte tenu du
fait que l'ingérence dans les affaires du
Nicaragua et du Venezuela a occupé une grande
partie de son ordre du jour, et la COVID-19 très
peu, on peut dire sans se tromper que le
multilatéralisme dont il est question est le
multilatéralisme impérialiste dont le Canada s'est
fait le champion et qu'il cherche à imposer, en
opposition à la signification qu'en donne la
Charte des Nations unies.
Le rôle du Canada pour aider à la création de ce
multilatéralisme qui procède par exclusion et
ingérence est devenu la marque de commerce de son
sale rôle à l'OÉA. Ce que fait le Canada suit ce
que le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a
dit dans un message vidéo à l'Assemblée générale.
Il a déclaré que l'OÉA était un exemple de «
multilatéralisme qui fonctionne vraiment »
S'adressant non pas aux États membres de l'OÉA
mais à l'infâme secrétaire général de l'OÉA qu'il
considère comme son représentant personnel, Mike
Pompeo a déclaré : « Nous soutenons les
valeurs démocratiques et, sous votre direction,
l'OÉA n'a pas peur de prendre position pour ces
valeurs. » Dans la version écrite de sa
déclaration, Pompeo ajoute que « il ne fait aucun
doute » que le multilatéralisme de l'OÉA «
fonctionne grâce à vos [Luis Almagro] positions
audacieuses ». Il a ensuite présenté ses «
attentes » pour l'OÉA, en disant : « Les
États-Unis s'attendent à ce que cet organisme
approuve une résolution ferme qui condamne le
régime illégitime de Maduro cette année, comme
nous nous attendons à ce que tous les États
membres ne reconnaissent pas ses élections
illégitimes, passées ou futures...Nous attendons
de l'Assemblée générale de l'OÉA qu'elle approuve
une résolution qui condamne le refus du
gouvernement Ortega de respecter les normes
démocratiques » et « Nous demandons à l'OÉA
de mener une action plus forte envers Cuba. Elle
est une source des forces anti-démocratiques dans
tout l'hémisphère, car elle soutient les régimes
Maduro et Ortega et provoque une instabilité
régionale. »
Il n'y a rien d'honorable à être l'instrument
d'un multilatéralisme impérialiste « qui
fonctionne » pour les États-Unis à l'OÉA ou
dans tout autre forum. Félicitations à tous ceux
qui ont pris la parole sur une base de principe en
faveur des peuples et à tous ceux qui disent NON à
l'imposition d'ordres du jour illégitimes aux pays
et aux peuples d'Amérique latine et des Caraïbes
au nom de grands idéaux.
Le Canada devrait cesser de s'ingérer dans les
affaires du Venezuela, du Nicaragua, de la
Bolivie, d'Haïti et de tout autre pays où il viole
la Charte des Nations unies, le droit
international et les normes de la diplomatie - ce
que ne peut cacher l'hypocrisie libérale qui
prétend que le Canada oeuvre pour des élections
libres et équitables, les droits de la personne,
la démocratie et un « ordre fondé sur les
règles ».
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 66 - 26 octobre 2020
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50e
Assemblée générale de l'Organisation des États
américains: Le sale rôle du Canada dans la
promotion des visées impérialistes des
États-Unis en Amérique latine et dans les
Caraïbes - Margaret Villamizar
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