Déclaration du Mexique


Chers ministres,
Chers et estimés représentants.

C'est un honneur pour moi de participer à cette cinquantième session ordinaire de l'Assemblée générale de l'Organisation des États américains (OÉA) au nom de mon pays ainsi que du président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador et du ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard.

Nous nous réunissons dans des circonstances inhabituelles en raison de la pandémie de COVID-19 qui représente un grand défi pour le monde, et en particulier pour notre hémisphère.

C'est pourquoi le Mexique participe à cet événement pour réaffirmer sa vocation multilatéraliste. Nous considérons que la coopération est un pilier essentiel de la coexistence pacifique entre les nations et de la recherche de solutions aux défis communs auxquels nous sommes confrontés.

Il n'est pas étranger au Mexique que dans l'hémisphère, des difficultés dans le dialogue politique ont interrompu des progrès importants sur de nombreuses questions.

Face à ces événements, la Quatrième Transformation de la vie publique mexicaine, dirigée par le président Lopez Obrador, défendra toujours les principes de non-intervention, d'autodétermination des peuples, de règlement pacifique des différends et de respect, protection et promotion des droits humains.

Pour cette raison, nous réaffirmons la position historique du Mexique contre les sanctions économiques et financières unilatérales mises en oeuvre comme moyen de pression. Les plus grandes victimes sont toujours celles qui en ont le plus besoin, raison qui les rend inacceptables.

En revanche, le Mexique a exprimé à plusieurs reprises le souhait que les peuples du Nicaragua et du Venezuela trouvent rapidement une solution pacifique et démocratique à la situation dans leur pays, préservant à tout moment leur droit légitime de décider de leur destin. Le Mexique s'oppose à toute mesure visant à exclure un État membre de notre Organisation du dialogue politique.

Le Mexique est également préoccupé par la tendance récente à dépasser la nature technique des missions d'observation électorale. Nous soulignons que les actions des missions d'observation électorale doivent être de nature impartiale, se limiter à un soutien logistique et institutionnel et qu'elles sont menées selon les principes de rationalité, de transparence, d'austérité et de responsabilité.

La démocratie est également renforcée par l'élimination de la corruption. Le Mexique renouvelle son engagement à lutter contre ce fléau en intégrant une citoyenneté active et vigilante aux actions gouvernementales.

En termes de droits humains, le Mexique maintient son ferme soutien aux droits des peuples autochtones, de la population LGBT et de l'égalité des sexes.

De même, le Mexique réaffirme son plein appui au Système interaméricain de protection des droits de l'homme et souligne l'importance de respecter son autonomie. Mon pays restera déterminé à renforcer les travaux de la Commission et de la Cour.

En termes de développement global, nous devons continuer à travailler sur le renforcement des mesures de gestion globale des risques de catastrophe, afin de faire face aux menaces que représentent les changements climatiques.

Cependant, en termes de coopération, il convient de noter l'indifférence avec laquelle l'OÉA s'est comportée dans cette pandémie.

Nous notons avec inquiétude le manque d'actions concrètes du secrétariat général dans cette urgence sanitaire.

Mesdames et messieurs,

Mon pays réaffirme que le secrétariat général de l'OÉA doit toujours agir en respectant son cadre institutionnel et éviter de se prononcer au nom des membres. Ce sont les États membres, et non le secrétariat général, qui décident de la direction de l'Organisation.

En ce sens, nous notons la configuration d'un schéma d'action inquiétant de la part du secrétariat général consistant à utiliser ses pouvoirs administratifs pour prendre des décisions politiques ayant un impact sur la direction de l'Organisation, sans les soumettre au préalable à l'examen des membres.

De telles décisions souffrent d'absence de fondement juridique et d'informations nécessaires pour connaître leur motivation et leurs objectifs. Tel est le cas de la nomination d'un conseiller spécial sur la responsabilité de protéger. Ce sujet aurait dû être débattu de manière exhaustive au sein de l'Organisation. Le Mexique voit cette nomination avec une grande inquiétude.

Nous observons le même scénario avec le refus du secrétariat général de renouveler le mandat du secrétaire exécutif de la Commission interaméricaine de la production des droits de l'homme. Nous réaffirmons fermement que ces actions portent atteinte à l'autonomie et à l'indépendance de la Commission.

De même, nous corroborons ce qui est dit au sujet de cette performance lors des élections de 2019 en Bolivie, où le secrétariat général a utilisé la mission d'observation électorale de manière factieuse en dénonçant une fraude présumée, sans qu'elle ne soit d'abord vérifiée. Les élections de dimanche dernier dans ce pays ont montré la même tendance électorale qu'en 2019.

Cette intervention factieuse a engendré l'instabilité, la violence et le désordre constitutionnel en Bolivie, et a créé un environnement international de confrontation. Le secrétariat général n'est pas là pour qualifier les élections ou les gouvernements. Par conséquent, le Mexique suggère que M. Luis Almagro se soumette à un processus d'autocritique fondé sur ses actions portant atteinte à la Charte de l'OÉA et pour avoir porté atteinte à la démocratie bolivienne, afin de déterminer s'il a toujours l'autorité morale nécessaire pour diriger cette organisation.

Mon pays dénonce la volonté du secrétaire Général d'intervenir dans les affaires intérieures de nos États et de nuire à nos démocraties. Ce qui s'est passé en Bolivie ne doit jamais se répéter.

Hier a marqué un an depuis les élections boliviennes dans lesquelles Evo Morales était le vainqueur. Un an plus tard, le MAS a été ratifié et Luis Arce a été élu président lors d'une journée électorale pacifique et démocratique, un exemple pour le monde entier, au grand regret de votre secrétaire général et de votre mission d'observation électorale. Le peuple bolivien lui a donné une leçon historique et j'espère qu'il l'apprendra.

Tant que vous continuerez à diriger l'Organisation, les conséquences de ce qui s'est passé en Bolivie seront toujours présentes. Vous avez délégitimé les missions d'observation électorale et amené l'organisation à se heurter à la réalité démocratique actuelle dans la région.

Le Mexique, conformément à sa solide tradition multilatéraliste et à ses principes constitutionnels en politique étrangère, continuera de promouvoir le dialogue et la diplomatie en tant que meilleur moyen de rechercher des solutions communes et consensuelles. C'est ce que nous avons fait à la tête de la CELAC [Communauté d'États d'Amérique latine et des Caraïbes], pour laquelle nous apprécions profondément le vote de confiance de tous les pays d'Amérique latine et des Caraïbes pour continuer à la diriger l'année prochaine.

Nous réitérons l'appel du Mexique à privilégier l'unité des peuples d'Amérique.

Merci beaucoup.

(20 octobre 2020. Traduit de l'espagnol par LML)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 66 - 26 octobre 2020

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