Numéro 58 - 16 septembre 2020
Discussion sur l'économie
La théorie monétaire moderne:
du keynésianisme réchauffé
- K.C. Adams -
Des archives du Marxiste-Léniniste
• Évoquer le fantôme
keynésien pour faire dérailler le mouvement
ouvrier
- K.C. Adams -
• Keynes
dans ses propres mots
Discussion sur l'économie
- K.C. Adams -
LML présente une critique de la
théorie monétaire moderne (TMM) telle qu'énoncée
dans l'article « Déficits budgétaires, théorie
monétaire moderne et politiques économiques
progressistes » de Andrew Jackson (14
juillet 2020). Andrew Jackson est l'ancien
économiste principal du Congrès du travail du
Canada et le conseiller politique principal de
l'Institut Broadbent.
La TMM est aujourd'hui un sujet en vogue, car on
cherche des arguments pour appuyer les changements
de politique budgétaire pour sauver les riches de
la crise qui résulte de la baisse tendancielle du
taux de profit.
La critique présente des extraits choisis de
l'article de Jackson sur la « théorie monétaire
moderne » avec des commentaires entre
parenthèses doubles. L'article au complet (en
anglais) est disponible ici.
***
La TMM est une appellation un peu impropre.
Loin d'être « moderne », elle s'inspire
largement des théories monétaires développées
dans les années 1930 par John Maynard
Keynes, et depuis lors, par les économistes
keynésiens de gauche qui rejettent l'orthodoxie
autour des finances et l'idée que les budgets
gouvernementaux devraient (presque) toujours
être équilibrés, que les déficits sont un frein
à l'investissement privé qui devrait être le
moteur de l'économie, que la politique monétaire
(variations des taux d'intérêt) par opposition
aux politiques budgétaires (variations des
dépenses publiques) devrait être le principal
outil des politiques pour gérer les fluctuations
de l'économie et que l'investissement privé est
plus productif que les dépenses publiques.
La proposition centrale de la TMM est qu'un
État qui contrôle sa propre monnaie peut
facilement financer les déficits budgétaires
(résultant d'augmentations des dépenses ou de
réductions d'impôts) à un coût faible ou nul par
la création monétaire et le financement direct
des dépenses du gouvernement par la banque
centrale.
((La « proposition centrale » élimine tous
les pays sauf les plus puissants de toute
considération. Même ceux qui n'ont pas leur propre
monnaie dans une monnaie commune telle que la zone
euro sont traités de manière inégale. Comparons la
situation de la Grèce avec celle de l'Allemagne ou
de la France. La Grèce n'a pas été en mesure de «
financer facilement les déficits
budgétaires » en utilisant l'euro et a
terriblement souffert. La Grèce est sous la
domination des grandes puissances européennes et
de l'impérialisme américain. Elle n'a pas la
possibilité d'agir indépendamment selon ses
propres intérêts.
Même un grand pays développé comme l'Argentine
avec sa propre monnaie est constamment attaqué,
car son énorme dette publique est libellée en
devises étrangères (principalement le dollar
américain, mais aussi l'euro et le yen).
La « proposition centrale » ignore le monde
réel de l'hégémonie du dollar américain soutenue
par les forces armées des États-Unis, qui donne à
l'impérialisme américain une arme puissante pour
amener les autres sous son contrôle.))
Contrairement aux ménages ou aux entreprises,
les gouvernements qui disposent de leur propre
monnaie et de leur propre banque centrale ne
peuvent jamais faire faillite, car ils peuvent
toujours créer de l'argent pour financer les
déficits ou rembourser les dettes.
((Une telle déclaration est habitée par
l'idéalisme, à la limite du mysticisme. Cela
évoque l'idée que quelque chose qui n'est pas
produit peut être consommé. Sans les travailleurs
qui produisent une nouvelle valeur en tant que
biens et services, le pays n'a pas de nouvelle
valeur à consommer à moins qu'il ne vole les
autres. Le concept selon lequel « une banque
centrale ne peut jamais faire faillite parce
qu'elle peut toujours créer de l'argent pour
financer les déficits ou pour rembourser les
dettes » nie la réalité selon laquelle le
facteur humain, la classe ouvrière, doit
intervenir et agir sur les moyens de production si
un bien ou service doit être produit et consommé.
Comment une nation ou un peuple organise-t-il
cette réalité et dans quel but sont des enjeux
cruciaux.
L'argent peut représenter un produit social qui a
été produit. Il peut représenter une production
potentielle, mais le potentiel doit devenir réel
sinon la relation s'effondre.
Des affirmations telles que « ne peuvent jamais
faire faillite » sont utilisées comme une
diversion pour empêcher les gens de faire face aux
problèmes tels qu'ils se posent.))
La seule véritable contrainte aux dépenses
publiques des pays ayant une souveraineté
monétaire est la capacité de production réelle.
Trop de financement déficitaire cumulé par des
dépenses publiques ou des réductions des impôts
dans une économie de plein emploi augmentera
l'inflation.
((Aucune économie impérialiste n'a jamais atteint
le « plein emploi ». Le plus près qu'un pays
impérialiste se soit approché du plein emploi
c'est par la mobilisation militaire totale pour
mener une grande guerre. Dans ce cas, un grand
nombre de travailleurs ne sont pas engagés dans la
création d'un produit social, mais dans sa
destruction par la guerre et beaucoup de ceux qui
travaillent produisent du matériel de guerre.
Selon les impérialistes, le plein emploi
donnerait trop de pouvoir à la classe ouvrière qui
serait alors en position d'accroître ses
réclamations sur la valeur nouvelle qu'elle
produit. Le plein emploi détruirait le marché du
travail impérialiste ou du moins le rendrait
impuissant à contrôler la classe ouvrière.
De plus, la « souveraineté monétaire » ne
peut exister qu'à l'intérieur d'un pays souverain.
Aucun pays, y compris le Canada, dans le système
impérialiste d'États sous contrôle des États-Unis
n'est indépendant ou souverain. Ce manque de
souveraineté inclut le manque de contrôle sur sa
masse monétaire ou sa devise.
Ces expressions « plein emploi » et «
souveraineté monétaire » sont brandis pour
émousser l'esprit et le rendre incapable
d'analyser les conditions concrètes.))
Le Canada et de nombreux autres pays ont de la
monnaie « fiduciaire » qui peut être créée
par les banques centrales « d'un simple coup de
crayon ».
((Oui, le Canada a une monnaie fiduciaire, mais
cette devise fiduciaire sert les oligarques
mondiaux au pouvoir. Si cela sert les oligarques
de créer de l'argent « d'un simple coup de
crayon », ils le feront, comme Trudeau l'a
démontré avec son déficit de plus de 350
milliards de dollars pour l'exercice financier en
cours.))
Les banques centrales peuvent et développent la
base monétaire.
((La banque centrale des États-Unis, la Réserve
fédérale américaine, est un cartel de banques
privées qui agit sous leurs ordres. La banque
centrale du Canada est une institution de l'État
sous le contrôle des oligarques avec des
dirigeants soigneusement choisis pour servir leurs
intérêts privés et payer les riches.))
En temps normal, la plus grande partie de la
nouvelle monnaie est créée par le système
bancaire privé sous forme de prêts plutôt que
directement par la banque centrale pour financer
les opérations du gouvernement.
((Les crises économiques récurrentes pourraient
également être qualifiées de « normales »,
car elles surviennent normalement avec régularité.
Pendant une crise, les oligarques qui rivalisent
sont à couteaux tirés avec encore plus de férocité
que d'habitude, et les prêts et emprunts «
normaux » sont gelés. La banque centrale
intervient avec des « liquidités » « d'un
simple coup de crayon » pour sauver la
situation des oligarques, du moins ceux qui sont
les mieux placés pour traverser la tempête ou même
augmenter leur force et leur richesse comme l'ont
fait certains oligarques pendant cette crise,
c'est-à-dire la « sale douzaine » -
les 12 individus très riches aux États-Unis
qui ont augmenté leur richesse personnelle de
plusieurs fois pendant la pandémie.
La TMM conteste à juste titre l'idée orthodoxe
selon laquelle les budgets gouvernementaux
devraient être équilibrés et que les déficits ne
devraient être encourus que pour lutter contre
de profondes dépressions lorsque les taux
d'intérêt bas ne fonctionnent plus. Comme l'a
soutenu Keynes dans les années 30, les
déficits n'évinceront pas l'épargne et
l'investissement privé si l'économie fonctionne
en dessous de sa capacité.
((Pourquoi un Canadien devrait-il se préoccuper
d'évincer l'investissement privé, même dans le
meilleur des cas ? Quel problème de société a
résolu l'investissement privé ? A-t-il résolu
la question du logement, notamment l'itinérance,
la pauvreté, les inégalités, etc. ? A-t-il
résolu la question de la guerre et de la
paix ? Si les problèmes doivent être résolus,
alors le peuple doit avoir le contrôle, le pouvoir
et les moyens de le faire et, sous l'impérialisme,
cela signifie revendiquer ce qui appartient de
plein droit au peuple, même si cela veut dire de
prendre la place de l'épargne et des
investissements privés des oligarques.
Pour la classe ouvrière, cela signifie résoudre
le problème de son rapport social oppresseur et
inégal avec ceux qui achètent sa capacité de
travail et créer un nouveau rapport social entre
les travailleurs eux-mêmes. Cela signifie prendre
part à une nouvelle direction prosociale de
l'économie et s'engager dans le renouveau
démocratique où les membres du corps politique
sont vraiment égaux et peuvent exercer un contrôle
sur les affaires économiques, politiques et
sociales qui touchent leur vie.))
Les investissements publics financés par les
déficits et la dette peuvent créer une économie
et des infrastructures plus robustes, ce qui
laisse aux générations futures davantage de
richesses et plus d'opportunités.
((Mais sous le contrôle impérialiste, « une
économie et des infrastructures publiques
robustes » deviennent une cible de choix pour
la privatisation, en particulier lorsque les
autres occasions d'investissement privé se font
rares, que le taux de profit a diminué avec la
productivité et que les stratagèmes pour payer les
riches qui font appel aux fonds publics sont
devenus une « nécessité » pour tout
investissement privé de toute taille.))
Keynes, contrairement à l'aile « keynésienne
bâtarde » de l'économie traditionnelle,
attendait avec impatience le jour où l'économie
serait mue par des investissements publics
productifs sans que l'État n'ait besoin
d'emprunter aux rentiers qui vivent des revenus
d'intérêts.
((De toute évidence, les keynésiens ne sont pas
d'accord entre eux sur la question de savoir si
Keynes attendait avec impatience un tel jour ou
peut-être que c'était simplement de la propagande
pour tromper les crédules. Une économie « mue par
des investissements publics productifs »
devrait être sous le contrôle des producteurs
réels et capable de se défendre contre les
maraudeurs impérialistes sinon elle ne durerait
pas longtemps. Beaucoup en Amérique latine et dans
les Caraïbes rêvent d'une économie « mue par des
investissements publics productifs », mais
sont confrontés à la dure réalité de se défendre
contre l'agression impérialiste pour que leur rêve
devienne réalité.
L'autre aspect de cela est le fait que l'économie
impérialiste est depuis longtemps reconnue comme
ayant sombré dans le parasitisme et la
putréfaction. L'économie est plus caractérisée par
des investissements improductifs et la guerre
qu'autre chose. L'auteur le reconnaît lui-même
lorsqu'il parle des liquidités supplémentaires
obtenues par les impérialistes grâce aux
réductions d'impôts et à d'autres stratagèmes pour
payer les riches qui sont utilisées de manière
improductive tels que les rachats d'actions à la
bourse et l'augmentation des dividendes.
Certaines personnes refusent de voir le monde tel
qu'il est parce qu'elles ne veulent pas faire face
à la nécessité d'une nouvelle direction et
participer à l'élaboration de ce à quoi cette
direction ressemblera ou devrait être, ce qui
signifie affronter les impérialistes et faire face
à leur colère et à leurs contre-attaques.))
Les idées clés de la TMM ne sont pas tant
modernes qu'un retour au Keynes radical et à la
tradition keynésienne de gauche.
Les deux soutiennent que la politique
conventionnelle aboutit à des économies qui
fonctionnent bien en dessous de leur capacité la
plupart du temps, et tous deux rejettent
l'opinion générale selon laquelle la
macro-économie devrait être principalement gérée
par une politique monétaire plutôt que
budgétaire.
Aujourd'hui ... la Banque du Canada imprime des
milliards de dollars pour acheter des
obligations gouvernementales afin de faire
baisser les taux d'intérêt.
Pour la première fois, ils sont allés au-delà
de « l'assouplissement quantitatif » -
l'achat d'obligations gouvernementales sur les
marchés secondaires pour abaisser les taux
d'intérêt - pour acheter directement des
obligations gouvernementales.
Ils appuient les dépenses déficitaires massives
des gouvernements fédéral et provinciaux. La
Banque n'approuve peut-être pas ouvertement la
TMM en soi, mais elle agit sur cette base et
démontre que l'État peut en effet toujours payer
pour ce qui doit être fait.
Tous les types d'économistes et de décideurs
orthodoxes ont temporairement admis qu'une
augmentation massive des dépenses publiques peut
et doit être entreprise sans augmenter les
impôts et presque sans tenir compte du déficit
et de la dette.
La question clé est de savoir combien de temps
cela peut durer.
((Pourquoi est-ce que ça doit être la question
clé ? La question clé ne devrait-elle pas
être qui contrôle l'économie, dans l'intérêt de
qui et dans quel but ? Les impérialistes sont
désespérés à sauver leur peau et dépensent des
sommes énormes à faire cela. Déjà les groupes de
réflexion et les médias impérialistes sont devenus
les prophètes du malheur quant aux augmentations
d'impôts à venir et les privations à imposer au
peuple.
Pourquoi ne pas simplement admettre que la crise
a accru les efforts de tous les oligopoles dans
les cartels et les coalitions pour tout contrôler,
à commencer par les institutions étatiques de
chaque pays et leurs gouvernements ? Ils
feront tout pour protéger leurs intérêts privés.
Ils s'entre-déchirent sur la façon de procéder,
le plus décidément ou le plus ouvertement aux
États-Unis, ainsi qu'à l'échelle internationale
avec la Chine et la Russie. Comment les
impérialistes et les centres établis font-ils face
aux nouveaux venus et aux concurrents qui se
multiplient en Asie et dans une moindre mesure en
Russie ? La guerre mondiale est un grave
danger si les peuples ne mettent pas sur pied des
gouvernements antiguerre. Refuser de reconnaître
les dangers n'aide pas le peuple à s'organiser
pour défendre les droits de tous et de toute, à
humaniser l'environnement naturel et social et
faire du Canada une zone de paix.))
Stephanie Kelton [la principale
économiste/professeur américaine qui fait la
promotion de la TMM, ou plutôt promue en tant
que telle, était une conseillère de Bernie
Sanders et fait maintenant partie de
l'entourage de Biden - note de la rédaction du
LML] demande des niveaux beaucoup plus
élevés d'investissement et de dépenses publiques
pour faire face à un large éventail de maux
sociaux, financés directement par la banque
centrale, sur une base d'urgence continue plutôt
que ponctuelle. Tout cela a naturellement séduit
les progressistes.
Tant que nous avons une faible inflation et un
ralentissement économique, il est peu probable
que la Banque du Canada change de cap et
soutienne des dépenses gouvernementales massives
pour faire face à la crise.
Elle donnera à la politique budgétaire la
latitude nécessaire pour stimuler la relance en
pleine reconnaissance du fait que même des taux
d'intérêt proches de zéro ne suffisent pas pour
faire face à la crise. Mais, dans l'état actuel
des choses, elle contrôle toujours
fondamentalement la politique monétaire.
La TMM n'a rien à dire sur ce sujet, rappelant
simplement que les gouvernements peuvent fixer
le taux d'intérêt. Cela soulève la question de
savoir qui contrôle réellement les taux
d'intérêt et dans l'intérêt de qui.
En remontant au moins aux années 1970, la
Banque du Canada ... a généralement choisi
d'accepter un certain ralentissement de
l'économie afin de discipliner les travailleurs
et maintenir une inflation faible et stable.
((Dire que la Banque du Canada a de manière
générale choisi d'accepter un certain
ralentissement de l'économie est vraiment une
description complaisante du chômage, de
l'insécurité, de la pauvreté, de la guerre, du
refus de s'attaquer aux problèmes sociaux et de
les résoudre et des attaques directes de
l'offensive antisociale contre des droits des
travailleurs. Le mouvement de la classe ouvrière
est depuis longtemps en recul sous les coups des
attaques contre les droits des travailleurs, les
pensions et les autres programmes sociaux, la
détérioration des conditions de travail due au
travail contractuel, au travail à temps partiel et
maintenant au secteur de l'économie à la tâche, à
la privatisation, à l'expansion de l'économie de
guerre et à la multiplication des stratagèmes pour
payer les riches, à la destruction de tout
semblant d'indépendance des pays avec les accords
de libre-échange et la mondialisation impérialiste
ainsi qu'à l'intégration des organes/structures et
réglementations de l'État à ceux de l'économie de
guerre et de la sécurité intérieure des
États-Unis.))
La pensée conventionnelle a mis l'accent sur la
fixation de taux d'intérêt bas dans une économie
qui fonctionne en dessous de ses capacités,
comme cela a été le cas lors de la lente reprise
après la crise financière mondiale.
Mais cela, comme le soutient Kelton, a grugé
les dépenses publiques tout en alimentant la
croissance destructrice et insoutenable de
l'endettement des ménages et des entreprises, et
en alimentant l'inflation des prix des actifs
qui a considérablement accru les inégalités des
revenus et de la richesse.
((Note : L'économie impérialiste décrit
l'inflation des prix des actifs comme une hausse
du prix des actifs par rapport aux biens de
consommation et aux services. Les actifs typiques
sont les instruments financiers comme les
obligations, les actions et leurs produits
financiers dérivés, ainsi que les biens
immobiliers et les moyens de production, en
particulier les matières premières ou les produits
de base, comme les impérialistes aiment les
appeler. Tous ces actifs sont achetés et vendus à
plusieurs reprises. Il s'agit d'un échange continu
de valeur déjà produite, et dans de nombreux cas,
comme pour les contrats à terme de marchandises et
le marché boursier, sans aucune production. Cela
pourrait être qualifié de valeur fictive.
L'économie impérialiste ne se préoccupe pas de sa
santé économique globale, mais seulement de la
santé des concurrents individuels qui détiennent
le pouvoir. Les crises économiques sont
récurrentes parce que le facteur humain/conscience
sociale et le but de répondre aux besoins du
peuple et de la société sont empêchés de jouer
leur rôle décisif et nécessaire.))
Les entreprises ont emprunté à de faibles taux
pour accélérer des activités improductives comme
le rachat d'actions et l'augmentation des
dividendes.
La TMM souligne à juste titre que la priorité
doit être donnée à la politique budgétaire
plutôt qu'à la politique monétaire, sans pour
autant adopter une position unique sur les
dépenses des gouvernements.
Des défenseurs, comme Stephanie Kelton, sont
généralement favorables à une forte augmentation
des investissements publics - économie verte,
éducation, infrastructures, etc., ainsi qu'une
garantie d'emploi fédérale.
Ces défenseurs soutiennent également que si
l'inflation devenait un problème, elle pourrait
être combattue par des augmentations d'impôts
sélectives sur les ménages et les entreprises,
par opposition à une augmentation des taux
d'intérêt qui limiterait l'investissement public
et ferait augmenter les coûts connexes liés à la
dette publique.
((La dette publique est contractée auprès
d'investisseurs privés et, dans le cas des
États-Unis, auprès de nombreux investisseurs
étrangers. La dette publique des États-Unis est
unique puisqu'ils peuvent emprunter pour payer ce
qu'ils ont déjà emprunté et plus encore, comme
pour ses forces armées, en raison de leur
domination mondiale. Les pays et les peuples
hésitent à défier l'autorité américaine parce que
les États-Unis détruiront tout ce qu'ils ne
peuvent pas contrôler.
Les emprunts que fait le gouvernement à lui-même
existent en même temps que les emprunts du
gouvernement à des intérêts privés. Un moratoire
sur le service de la dette publique envers les
prêteurs privés, l'examen de sa légitimité et
l'interdiction de tout futur emprunt de ce type
serait une réforme positive, mais pour mettre en
oeuvre et défendre une telle réforme le peuple
doit être organisé et mobilisé.))
Stephanie Kelton soutient que le soutien à la
TMM devrait exister dans tout l'éventail
politique, mais elle néglige le rôle des
intérêts réels.
Les banques veulent conserver leur rôle central
dans la création monétaire.
La TMM tend également à minimiser les
contraintes structurelles réelles sur la
politique macro-économique du gouvernement dans
le contexte des flux de capitaux internationaux.
((« Les flux de capitaux
internationaux ! » - Une manière plutôt
polie de désigner l'impérialisme et la violence
des intérêts privés des oligarques qui parcourent
le monde à la recherche de profits maximums et
d'endroits à piller. Les impérialistes n'ont aucun
sens de la responsabilité sociale car cela
interférerait avec leur objectif de profit maximum
privé. Les pays sous la domination de
l'impérialisme n'ont pas d'économies qui se
développent dans tous les secteurs et qui
suffisent à leurs besoins dans le cadre de projets
d'édification nationale. Le pays dominé doit
offrir aux impérialistes quelque chose comme
certaines matières premières ou la capacité de
travail bon marché de sa classe ouvrière. Dès que
quelque chose perturbe négativement le rendement
des investissements, les impérialistes détruisent
tout et abandonnent le peuple ou attaquent ceux
qu'ils accusent d'être des trouble-fêtes.))
La TMM affirme que les gouvernements peuvent
contrôler le taux d'intérêt par l'intermédiaire
de la banque centrale. C'est vrai dans un
premier temps, mais c'est très problématique
dans un monde de mobilité des capitaux si les
investisseurs craignent une trop forte inflation
ou une dévaluation de la monnaie.
La Banque du Canada peut garder des taux
d'intérêt bas, mais elle fait face à la
possibilité d'une fuite des capitaux nationaux
et étrangers, ce qui ferait baisser le taux de
change et alimenterait l'inflation.
((Ces commentaires signifient que les politiques
fiscales ou même les politiques gouvernementales
globales ne peuvent empêcher la « fuite des
capitaux » si les impérialistes sentent que
leurs intérêts sont menacés. Cela signifie que la
question centrale est celle du contrôle. Qui
contrôle l'économie et dans l'intérêt de
qui ? Pour contrôler l'économie, la classe
ouvrière doit contrôler la politique, car la
politique est l'expression concentrée de
l'économie. Pour contrôler la fuite des capitaux,
il faut contrôler l'économie dans l'intérêt public
et contrôler la valeur qui entre et sort de
l'économie. Cela signifie renforcer l'indépendance
et l'autonomie de l'économie par une reproduction
élargie. Cela exige de contrôler la valeur
nouvelle et la manière dont elle est distribuée.
Cela exige le renouveau démocratique et que les
travailleurs se saisissent du pouvoir de décision
politique, sinon les impérialistes continueront à
dominer.))
Ce point est écarté par les défenseurs de la
TMM, qui parlent principalement des États-Unis,
qui contrôlent la monnaie de réserve mondiale et
se trouvent donc dans une situation unique.
De nombreuses banques centrales étrangères de
pays excédentaires tels que la Chine et le Japon
possèdent d'énormes réserves d'obligations
américaines qu'elles hésiteraient à vendre
rapidement car cela ferait augmenter leur propre
taux de change, entraînerait d'importantes
pertes d'actifs papier et provoquerait une
perturbation majeure du système financier
mondial....
La capacité des marchés obligataires à punir
les petits pays où les niveaux d'endettement
public sont élevés et qui ont une inflation
menaçante ne peut être écartée.
((L'exemple de l'Argentine vient à l'esprit. Une
grande partie de l'énorme dette publique de ce
pays est en devises étrangères (dollar américain,
euro et yen), contrairement au Canada où seul un
faible pourcentage est en devises étrangères. Mais
la dette publique du Canada est principalement
détenue par des « investisseurs
institutionnels » qui sont liés à
l'impérialisme américain. Le Canada est tout aussi
vulnérable à la « punition » par les marchés
obligataires si le gouvernement fait quoi que ce
soit qui contrarie les impérialistes. Cette
possibilité ne peut être écartée ou ignorée et
doit être prise en compte politiquement. Le peuple
doit être mobilisé politiquement et organisé pour
lutter pour défendre ses intérêts, sinon rien ne
changera et les impérialistes continueront à nous
entraîner tous, privés de conscience, vers le
désastre.))
Keynes soutenait que les pays ne pouvaient
contrôler les taux d'intérêt que si les devises
étaient réglementées et que s'il y avait des
contrôles de la circulation de capitaux
internationaux.
((Qui contrôle ces flux à partir d'où et vers
où ? L'investissement international des
richesses accumulées est primordial pour
l'impérialisme et il est inséparable de sa soif de
matières premières bon marché, de travailleurs à
exploiter et d'endroits à piller et à contrôler.
Lorsque la jeune Union soviétique a coupé un
cinquième du monde des investissements et du
pillage impérialistes, cela a gravement affaibli
l'impérialisme et a été la raison principale pour
laquelle l'impérialisme était déterminé à détruire
l'Union soviétique par la guerre et la subversion.
Le contrôle des flux de capitaux internationaux
est une illusion sans une bataille politique
résolue menée par un peuple organisé et
politiquement conscient, déterminé à diriger
l'économie d'une manière nouvelle qui le favorise
et qui contribue à l'édification de la nation et
du nouveau.))
Le démantèlement des accords de Bretton Woods
de l'après-guerre avait pour but de préparer le
terrain pour le passage d'économies contrôlées
au niveau national à un monde de flux de
capitaux internationaux qui assujettissent les
gouvernements.
((Exactement, et cela est devenu l'hégémonie
mondiale du dollar américain et sa position en
tant que monnaie de réserve impérialiste que les
membres du système d'États contrôlé par
l'impérialisme américain étaient obligés d'acheter
et de garder en réserve. L'hégémonie du dollar est
un facteur important qui favorise la
mondialisation sous contrôle des États-Unis et
leur contrôle du système financier international,
ce qui leur permet d'imposer des sanctions et des
blocus et de punir quiconque ose résister à la
domination américaine.))
La TMM a raison d'affirmer que tant que
l'économie fonctionne en dessous de son
potentiel, nous pouvons et devons accuser
d'importants déficits pour combler le fossé et
répondre aux priorités des politiques publiques
comme le besoin de logements abordables, le
développement des soins de santé publics et la
création d'une économie verte.
((L'auteur utilise l'expression « en dessous de
son potentiel ». Quel est le potentiel de
l'économie impérialiste ? Le potentiel se
trouve dans l'économie moderne socialisée de la
grande production industrielle, mais le contrôle
impérialiste avec ses cartels et ses coalitions la
découpe en intérêts privés étroits et concurrents.
Les individus et les groupes privés concurrents,
obsédés par la recherche du profit maximum pour
eux-mêmes, sont tout à fait capables
de s'entredéchirer et de tout détruire pour
servir leurs intérêts privés étroits. Le potentiel
ne peut devenir réel sans que l'économie soit sous
le contrôle des producteurs réels, la classe
ouvrière, avec un nouveau but de se constituer en
la nation afin qu'elle serve le peuple et la
société.))
Ces déficits auront le plus d'impact en termes
sociaux et économiques s'ils sont utilisés pour
financer des investissements publics bien
choisis, par opposition à des réductions
d'impôts. L'inflation ne posera probablement pas
de problème.
((Pourquoi l'inflation ne posera probablement pas
de problème ? Parce que la classe ouvrière a
été battue et sa force organisationnelle détruite.
L'inflation des prix est une arme pour contrer les
augmentations de salaires et réduire les
réclamations des travailleurs sur le produit
social qu'ils produisent. Les prix ne sont pas
stables, ils sont sous le contrôle des oligarques
et au service de leurs intérêts. On peut dire avec
certitude qu'alors que la classe ouvrière commence
à se réorganiser, à se redresser et à revendiquer
ce qui lui appartient de droit, les impérialistes
riposteront par l'inflation des prix et d'autres
moyens pour combattre toute augmentation
importante des salaires, comme ils l'ont fait dans
les années 1970.
Le contrôle des prix dans l'intérêt du peuple
peut être réalisé par le contrôle public du marché
de gros et l'imposition aux principaux secteurs et
producteurs d'une formule moderne qui détermine
les prix de production des biens et des services.
Une formule moderne stipulera un taux de profit
moyen et une valeur reproduite suffisante pour
répondre aux besoins des travailleurs et de la
société. À cela s'ajoute toutes les grandes
entreprises qui paient intégralement les
infrastructures qu'elles consomment dans le cadre
de leurs activités (transports en commun, routes,
ponts, électricité, eau, voirie, etc.))
Nous pouvons avoir d'importants déficits
budgétaires en ce moment, mais pas indéfiniment,
sans changements majeurs de la politique
budgétaire et monétaire et de l'orientation
politique. À plus long terme, nous ne pouvons
pas avoir tout ce que nous voulons simplement en
imprimant de l'argent.
((Nous ne pouvons pas avoir tout ce que nous
voulons quand nous, les travailleurs, n'avons pas
le contrôle des affaires économiques, politiques
et sociales du pays).
Si nous voulons une augmentation permanente des
dépenses publiques, nous devons également
augmenter les impôts.
((Qu'est-il arrivé à la déclaration sur
l'importance des fonds publics provenant des
entreprises publiques ? L'entreprise publique
est la seule source sûre de revenus publics. À
cela, il faut ajouter le contrôle public du marché
de gros et des prix de production régis par une
formule moderne qui garantit un certain niveau de
valeur reproduite individuelle et sociale
(salaires, avantages et programmes sociaux au
service de la population). Cela exige un contrôle
politique résolu de l'économie par les
travailleurs. Les impérialistes retournent
toujours aux attaques contre le peuple par le
biais des impôts, notamment les impôts sur les
particuliers, qu'ils qualifient parfois même de
progressistes.))
Si nous voulons beaucoup plus d'investissements
publics, nous devrons également donner moins de
priorité à la consommation privée, en
particulier la consommation de luxe des riches.
((Le problème n'est pas la consommation privée,
mais l'expropriation privée de la valeur nouvelle
(le profit) qui vient du contrôle privé de
l'économie socialisée. Les producteurs réels, la
classe ouvrière, doivent mettre en avant leur but
pour que l'économie soit au service du peuple et
de l'édification nationale, et exercer un contrôle
sur l'économie afin que leur but soit atteint.))
Si nous voulons un plus grand contrôle de notre
économie, nous devons affronter le pouvoir des
intérêts financiers privés.
((Comment y parvenir n'est pas discuté. Cela
nécessite la construction d'un parti politique qui
organise le mouvement ouvrier pour qu'il s'engage
dans sa propre édification de la nation basée sur
le renouveau démocratique. En se constituant en la
nation, la classe ouvrière doit prendre des
mesures pratiques pour prendre le contrôle de
l'économie et du pays.))
La TMM, basée sur l'héritage théorique de
l'économie keynésienne de gauche, nous offre une
voie pour aller de l'avant, mais elle ne nous
libère pas des contraintes très réelles du
capitalisme.
((La voie pour aller de l'avant est celle de la
libération des contraintes de l'impérialisme. Sans
se libérer des contraintes de l'impérialisme, il
est impossible d'aller de l'avant, il n'y a dans
ce cas que les objectifs de politique vides et les
paroles réchauffées de l'économie keynésienne.
Même lorsqu'elles ont été créées, les politiques
de l'économie keynésienne avaient comme objectif
d'empêcher la classe ouvrière de se libérer des
contraintes de l'impérialisme imposées à
l'organisation, à la pensée et à la théorie.
Aujourd'hui, elles sont promues comme une
soi-disant « Troisième Voie », déjà
discréditée, qui propose que le
« 1 % » peut être amené à partager
sa richesse avec les « 99 % » afin
de renouveler le capitalisme pour le faire
fonctionner. C'est le miracle que le nouveau
discours du Trône et la nouvelle ministre des
finances s'engagent à réaliser. Ce n'est rien
d'autre qu'une promesse en l'air pour cacher les
stratagèmes pour payer les riches et duper les
naïfs. Leur problème est que les seuls naïfs de
nos jours sont les plus hauts échelons des
syndicats d'affaire qui, à cause de leurs propres
intérêts privés étroits, sont tout aussi
déconnectés de la réalité que le gouvernement et
ses ministres avec lesquels ils espèrent rallier
la classe ouvrière.))
Des archives
du Marxiste-Léniniste
- K.C. Adams -
Certains ont pris l'habitude de ressusciter
sporadiquement le fantôme keynésien comme moyen de
détourner le mouvement ouvrier de l'analyse
concrète des conditions concrètes. Il n'est pas
rare d'entendre dire que la façon de régler la
présente crise économique est d'exercer « des
mesures keynésiennes afin de stimuler l'emploi et
de solidifier le marché domestique ». Cette
ordonnance se veut une alternative aux mesures
néolibérales, comme si deux choix s'offraient aux
peuples du monde.
À quoi cela rime-t-il en pratique ? Une
formule existe-t-elle qui serait l'équivalent des
« mesures keynésiennes » ? Pourquoi les
mesures keynésiennes prises lors de la crise
économique des années trente conviendraient-elles
aujourd'hui ? De telles mesures, quelles que
soient les prétentions qui s'y rattachent, ne sont
pas le produit d'une analyse concrète de la
situation de quelque pays que ce soit ou d'un
programme axé sur l'être humain émanant de la
réalité de la lutte de classe telle qu'elle se
manifeste aujourd'hui.
Le néolibéralisme mondial d'aujourd'hui, avec ses
méthodes électroniques et autres pour contrôler
des économies entières sous l'égide de l'hégémonie
militaire et économique des États-Unis, n'est pas
la réalité des années trente. Aussi, présenter des
« mesures keynésiennes » en tant que solution
ne tient pas compte de l'application concrète de
ces mesures dans les années trente et de ce
qu'elles ont atteint comme objectif. Elles n'ont
certainement pas mis fin à la crise, ni ont-elles
empêché les grandes puissances de l'Europe, les
États-Unis et le Japon de se préparer pour la
guerre pour le repartage du monde.
Le fait que les néolibéraux, en commençant dans
les années soixante-dix, ont attaqué les dépenses
publiques pour les mégaprojets et les programmes
sociaux, dépenses qu'ils identifiaient aux mesures
keynésiennes, ne clarifie en rien ce que seraient
ces mesures dans les circonstances actuelles et ne
leur prête aucune crédibilité en tant que
programme d'action axé sur l'être humain qui
pourrait être d'une utilité quelconque pour le
peuple dans les circonstances actuelles. Pour
certains commentateurs, le Troubled Asset
Relief Program (TARP) de Bush/Obama et son
sauvetage du secteur financier étaient une mesure
keynésienne. D'autres contestent cette assertion.
D'autres individus aux États-Unis soulèvent le
besoin d'un « keynésianisme militaire »,
c'est-à-dire, un programme par lequel on
engloutirait des fonds dans les préparatifs de
guerre, dans la militarisation de la vie sociale
et culturelle ainsi que dans la guerre elle-même.
En ce sens, nous retrouvons ce phénomène de «
keynésianisme militaire » au Canada où tous
les aspects de la vie sont en train d'être
militarisés en tant que prix parmi tant d'autres à
payer pour l'annexion toujours plus approfondie du
Canada à l'Empire étasunien.
Pour l'économie des États-Unis, alors qu'une
grande partie de ce qu'on appelle le complexe
militaire s'étend sur plusieurs États, les
dépenses publiques pour les préparatifs de guerre
et pour la guerre elle-même stimulent en effet «
l'emploi » et « solidifient le marché
domestique ». Les défenseurs de « mesures
keynésiennes » approuvent-ils les dépenses
publiques pour la guerre en tant que programme
positif ? Certains économistes prétendent que
les dépenses militaires sont keynésiennes, mais
que les dépenses faites ailleurs que dans le
secteur militaire seraient deux fois plus
efficaces. Une grande partie du matériel de guerre
ne circule pas en tant que moyens de production ou
de consommation au sein de l'économie intérieure,
surtout lorsqu'il s'agit de guerres prédatrices
dans des pays pauvres tels que l'Irak et
l'Afghanistan où les dépenses sont concentrées
dans le domaine militaire.
Lorsqu'on pense à Keynes et à son ascension à
l'éminence, il faut se rappeler que les dépenses
publiques de toutes sortes en quantités
significatives sont une caractéristique du
capitalisme monopoliste, qui venait de voir le
jour au tournant du siècle au moment où Keynes
était formé en tant qu'intellectuel à la défense
de l'Empire britannique. Les dépenses publiques
n'étaient pas une caractéristique du capitalisme
naissant du XIXe siècle.
Deux événements d'importance capitale ont marqué
la conscience de tous les intellectuels des deux
premières décennies du XXe siècle : la
Première Guerre mondiale et la Grande révolution
socialiste d'octobre en Russie. Tous les
intellectuels de cette époque, et Keynes en était
un, étaient le produit d'une nouvelle époque qui
avait pris le monde d'assaut avec tumulte :
l'ère de l'impérialisme et de la révolution
prolétarienne. Keynes, dans sa vie personnelle et
publique, en est venu à défendre ouvertement le
capitalisme monopoliste et à s'opposer à ce que la
classe ouvrière n'accède au pouvoir politique. Ses
capacités intellectuelles étaient grandement
appréciées de l'élite dominante en Angleterre et
il en fut grandement récompensé. Le capitalisme
monopoliste présentait de nouveaux problèmes à la
classe au pouvoir et Keynes a offert un guide
théorique pour la résolution de ces problèmes.
L'arrivée au pouvoir des monopoles signifiait que
l'État capitaliste lui-même avait subi de profonds
changements. Les coûts associés à la Première
Guerre mondiale ont mené à de nouvelles formes de
taxation dont la plus importante fut l'impôt sur
le revenu. Avec l'impôt sur le revenu, l'État
impérialiste se vit attribuer des montants
faramineux provenant des fonds publics. Comment
utiliser ces fonds publics pour défendre le
système capitaliste monopoliste et pour assister
des monopoles particuliers à vaincre leurs
compétiteurs sur le marché mondial, et qui allait
exercer le contrôle de ces fonds, devenaient des
questions pratiques et théoriques pour l'élite
dominante dont Keynes était un membre de prestige.
Keynes n'était pas qu'un ardent promoteur et
théoricien du système capitaliste et de l'Empire
britannique, il était aussi un participant actif
dans la frénésie du marché boursier des années
vingt. Il a d'ailleurs perdu des sommes
importantes lors de l'effondrement du marché
boursier de 1929-1930. Cependant, il a tout
récupéré et davantage à la fin de la Deuxième
Guerre mondiale. Lorsque le premier baron Keynes
est décédé, sa fortune personnelle était
de 16,5 millions $.
Les dépenses publiques massives afin d'assister
certains monopoles ou certains secteurs et de
façon plus générale pour empêcher le système de
s'effondrer ou d'être pris en charge par la classe
ouvrière par la révolution est une caractéristique
du capitalisme monopoliste. Peu de littérature
académique était disponible dans les premières
années du capitalisme monopoliste pour appuyer une
telle activité et lui donner une orientation
théorique. Keynes, ainsi que d'autres
intellectuels, ont offert une orientation pratique
et théorique à l'État au cours d'une période de
crise économique et d'insurrection révolutionnaire
mondiale au sein de l'Empire britannique et
ailleurs dans le monde.
Les oeuvres théoriques de Keynes ont beaucoup
servi à proposer un État libéral d'assistance
sociale, mais aussi un État fasciste militarisé
selon les conditions et les besoins de la
bourgeoisie impérialiste en question. Des
théoriciens du socialisme national allemand au
sein du Parti nazi de Hitler se sont servis de la
promotion des dépenses publiques par Keynes pour
trouver la justification théorique nécessaire pour
l'utilisation des fonds publics afin de venir en
aide à certains monopoles et pour soutenir
financièrement le réarmement de l'Allemagne. Ce
sont ces mêmes théories qui aujourd'hui
sous-tendent les argumentations à l'effet que les
travailleurs et le peuple en général devraient se
rallier derrière leurs propres monopoles pour que
ceux-ci deviennent concurrentiels et pour qu'ils
réussissent sur le marché mondial. De façon
similaire, on apprend aux gens la politique d'une
nation qui consiste à se rallier derrière les
bâtisseurs d'empires des États-Unis, de la
Grande-Bretagne, de l'Allemagne, de la France ou
du Japon. En Europe, ses théories servirent à
mousser le socialisme européen (en opposition au «
despotisme oriental ») ainsi que
l'exceptionnalisme étasunien en Amérique du nord.
Les deux prétendent que les contradictions qui se
résolvent par la révolution dirigée par la classe
ouvrière ne sont pas inhérentes au capitalisme
monopoliste.
Keynes fut l'un des principaux intellectuels
éminents qui, en 1944, ont contribué à
l'implantation du système monétaire international
de Bretton-Woods, système que l'impérialisme
étasunien a imposé aux alliés et aux colonies avec
l'appui tacite sinon entier de la Grande-Bretagne.
Les accords de Bretton-Woods ont créé le Fonds
monétaire international ainsi que l'organisme
précurseur de la Banque mondiale. Surtout,
Bretton-Woods a créé les conditions
institutionnelles pour imposer l'hégémonie
financière des États-Unis sur le monde capitaliste
et pour le système moderne d'usure internationale
qui devait tenir les anciennes colonies dans un
état d'endettement perpétuel face aux États
impérialistes. Bretton-Woods était le signal de la
fin de l'édification nationale au sein des pays
capitalistes et le début d'un système impérialiste
d'États dominé d'abord par deux superpuissances et
aujourd'hui par une seule superpuissance qui
cherche la domination à elle seule. Il a permis
aux États-Unis, et ce même avant la fin de la
Deuxième Guerre mondiale, de diriger le monde
impérialiste dans l'encerclement et dans la
destruction de l'Union soviétique ainsi que de ses
alliés à l'échelle internationale et de
transformer l'ancienne domination coloniale des
pays en développement en un pouvoir et en une
domination impérialistes. Il a préparé les
conditions économiques pour le chantage nucléaire
contre les peuples du monde et pour l'ensemble des
guerres prédatrices des États-Unis contre la
Corée, le Vietnam et d'autres qui se poursuivent
aujourd'hui avec la guerre et l'occupation de
l'Afghanistan et de l'Irak, les blocus économiques
contre Cuba, la République populaire démocratique
de Corée, le Zimbabwe et autres, les menaces
d'agression contre la RPDC, l'Iran, le Liban, la
Somalie, le Soudan, la Syrie, le Venezuela et
plusieurs autres pays qui aspirent à
l'indépendance, ainsi que le maintien de centaines
de bases militaires partout dans le monde.
Keynes est devenu un éminent économiste du
vingtième siècle entièrement éduqué et imprégné de
l'expérience directe du capitalisme monopoliste et
servant ses besoins. Par conséquent, ses idées
sont imprégnées de la nécessité de servir les
monopoles à l'ère de l'impérialisme et de la
révolution prolétarienne. Ces idées se démarquent
nettement des idées défendues par les économistes
du XIXe siècle, cette période du capitalisme
naissant, qui s'engageaient dans des discussions
avec Karl Marx et son analyse concrète du
capitalisme. Keynes, lui, a tout simplement rejeté
la politique économique de Marx et n'a pas cherché
à expliquer ses différends. Son rôle était de
servir le capitalisme monopoliste et de nier la
nécessité de faire passer le capitalisme au
socialisme pour résoudre les contradictions
fondamentales du système capitaliste, un système
qui a outrepassé son rôle transitoire qui
consistait à transformer la petite production de
l'époque médiévale en production industrielle de
masse. Keynes n'avait que mépris pour la classe
ouvrière qu'il pensait impuissante à se diriger ou
à diriger la société. En ce sens, d'un point de
vue politique, il était farouchement opposé à tout
concept et pratique de la démocratie selon
lesquels le peuple participe directement à la
gouvernance. Ce mépris pour le peuple et pour la
démocratie lui fut inculqué à Eton et à Cambridge
ou il fut constamment louangé comme étant brillant
et supérieur à tous les autres êtres humains et
digne de richesse, de prestige, de puissance et de
privilège. Le système éducationnel britannique
n'accepte pas que les travailleurs soient en
mesure de penser de façon à se gouverner
eux-mêmes, à gérer la société et son économie
socialisée, et à résoudre ses contradictions. Ce
qui veut dire que toute tentative ou discussion
visant à l'édification nationale dirigée par la
classe ouvrière, qui investit le peuple de sa
souveraineté et place au centre le facteur
humain/conscience sociale, est dénoncée et
ridiculisée par l'élite dirigeante de la
Grande-Bretagne et des États-Unis et par toutes
leurs institutions.
Nous pouvons dénoter une tendance de pensée et
de conception du monde dans les citations choisies
qui suivent, suivies de commentaires entre doubles
parenthèses. Mises à part les citations, la
pratique de Keynes est celle d'un capitaliste
financier et théoricien pour l'impérialisme et
pour la préservation du droit de monopole et du
droit de l'impérialisme de dominer mondialement et
avec impunité la classe ouvrière et les peuples
opprimés.
L'expérience directe a enseigné à la classe
ouvrière qu'au cours du XXe siècle, il a été
impossible pour un anticommuniste avoué comme
Keynes de faire une contribution positive au
domaine de la politique et de la politique
sociale. Une personne non intéressée à s'unir aux
communistes, une personne remplie de mépris et de
haine envers la classe ouvrière, ne pouvait
contribuer de façon positive à la vie politique,
sociale et culturelle. En ce qui concerne Keynes,
non seulement n'était-il pas intéressé à s'unir
aux communistes, mais leur défaite était sa
mission. Il est devenu l'idole du Parti
travailliste dont la mission était de s'assurer
que la classe ouvrière de Grande-Bretagne reste
sous l'emprise d'une classe dominante déterminée à
préserver ses sphères d'intérêt et d'influence et
à vaincre la voie de la Révolution d'Octobre.
Des prises de position foncièrement racistes
envers les autres, une haine du communisme et de
la classe ouvrière, faisaient en sorte que des
individus comme Keynes ne pouvaient faire aucune
contribution au bien-être du peuple ou à l'intérêt
général de la société. L'anticommunisme et le
racisme sont des prises de position d'un
égocentrique qui place ses préjugés et ses désirs
personnels, ainsi que les intérêts étroits des
riches et des privilégiés et du statu quo
au-dessus des droits de tous, de leurs collectifs
et des intérêts généraux de la société, en
particulier au-dessus de la nécessité du
changement.
Ces citations choisies provenant de ses écrits
traitent surtout de ses opinions politiques.
Souvent des citations isolées ne suffisent pas à
faire ressortir une tendance, mais en ce qui
concerne Keynes, il en ressort clairement un
anticommunisme, un mépris pour la classe ouvrière
et une opposition à la participation active et
consciente du peuple au gouvernement, ainsi qu'un
racisme non dissimulé envers toute personne
n'étant pas européenne et étant perçue comme
inférieure, ainsi qu'envers certains Européens.
Rappelons-nous que ces citations de Keynes
proviennent d'une époque de divisions de classes
très prononcées en Grande-Bretagne et à l'échelle
internationale, alors qu'une patrie socialiste de
la classe ouvrière fut créée en Russie
en 1917, que la révolte grondait au sein des
peuples des colonies, que la crise économique des
années trente s'approfondissait et que se créait
le Front uni international contre le fascisme.
Keynes fut à tout moment au service de l'Empire
britannique et de l'impérialisme tout au cours de
cette période tumultueuse et fut bien récompensé
pour ses services à la classe dominante.
Après la Première Guerre mondiale et la
Révolution socialiste et la création de la Russie
soviétique puis de l'Union soviétique en tant que
patrie du prolétariat international,
l'impérialisme centré en Europe, aux États-Unis et
au Japon exigea de nouveaux arrangements afin de
maintenir la classe ouvrière dans l'oppression,
l'Union soviétique encerclée et isolée, les
colonies écrasées et la classe capitaliste
monopoliste au pouvoir et ses monopoles défendus
et libres d'étendre leurs empires. La situation
était tout à fait nouvelle pour la classe
capitaliste.
Une tendance émergeante favorisa le fascisme avec
sa politique de « la nation une et
indivisible », de suppression ouverte du
mouvement ouvrier, de dépenses publiques dans le
but de militariser la société, de poursuivre
l'édification de l'empire de façon agressive et
expansionniste, de confronter les puissances
impérialistes dominantes et de se rediviser le
monde.
Une autre tendance était la social-démocratie
adoptée en tant que variante du libéralisme dans
le but d'enrôler les travailleurs en appui à leur
propre classe capitaliste au pouvoir au moyen de
dépenses publiques consacrées à des projets d'État
grandioses. Ces dépenses publiques étaient aussi
consacrées aux préparatifs de guerre visant à
défendre les colonies déjà en sa possession et
pour influencer les puissances impérialistes plus
faibles ou en développement telles que l'Allemagne
et le Japon pour qu'elles respectent le statu quo
en ce qui concerne la division du monde.
Sur le front économique, ces luttes pour de
nouveaux arrangements s'entremêlaient à des
politiques de même nature consistant à utiliser le
trésor public pour financer des mesures de
stimulation afin de protéger les grandes
entreprises des ravages de la crise économique.
Tous les pays impérialistes se sont mis à se
servir des fonds publics pour sauver les grandes
entreprises et leurs monopoles. Franklin Delano
Roosevelt aux États-Unis a utilisé des mesures de
stimulation, y inclus le Tennessee Valley
Authority, qui ont été ressorties des vieux
tiroirs en 2009-2010 avec le sauvetage
Bush/Obama des grandes entreprises financières et
des monopoles de l'automobile, entre autres.
En Allemagne des années trente, des mesures de
stimulation basées sur l'utilisation des fonds
publics furent incorporées au programme des
Socialistes nationaux du Parti nazi de Hitler dans
le but de défendre des monopoles particuliers tels
que Krupp et Siemens AG, construire des grands
projets d'État et réarmer le pays sur la base des
fonds publics ainsi que de fonds empruntés au
capital financier étasunien.
Les théories économiques de Keynes prônant le
recours aux dépenses publiques pendant un
ralentissement dans le cycle économique étaient
utiles et donnaient une crédibilité intellectuelle
à ces États impérialistes dominants qui suivaient
une voie libérale ainsi qu'aux États suivant une
voie fasciste et agressive. C'est sans surprise
que Keynes trouva sa place dans les deux camps
impérialistes puisque la réalité du capitalisme
monopoliste est telle que les politiques d'État ne
sont pas fondées sur des principes, mais bien sur
les besoins pragmatiques du moment.
Dans la période de l'avant et de l'après
Deuxième Guerre mondiale, les États capitalistes
monopolistes étaient tantôt ouvertement fascistes,
tantôt des conciliateurs libéraux avec le
fascisme, selon leurs intérêts personnels
immédiats. Nous trouvons un exemple frappant de ce
phénomène pendant la Deuxième Guerre mondiale
impliquant les États-Unis, la Grande-Bretagne et
les autres États impérialistes qui étaient à ce
moment-là des alliés de l'Union soviétique dans la
guerre mondiale pour vaincre l'Axe impérialiste
agressive dirigée par l'Allemagne et le Japon.
En 1944, alors que la guerre était à son
apogée, ces États impérialistes ont forgé
l'entente monétaire internationale fasciste de
Bretton-Woods en tant que pierre angulaire pour
imposer l'impérialisme étasunien en tant qu'unique
superpuissance et se servir de leur puissance
financière et militaire unie pour perpétuer leur
système colonial sous de nouveaux arrangements
dans l'éventualité que l'Allemagne et le Japon
seraient vaincus.
Un aspect important de Bretton-Woods était de
resserrer l'encerclement de leur alliée, l'Union
soviétique, afin d'affaiblir et d'éventuellement
détruire la patrie de la classe ouvrière. Keynes
fut un des principaux architectes de ce nouvel
arrangement financier international du capital
financier, qui donna lieu au Fonds monétaire
international ainsi qu'au précurseur de la Banque
mondiale et à l'usure légalisée en tant que forme
pour soutirer un tribut des pays capitalistes plus
faibles ou en développement.
Citations de Keynes
Opinions sur le communisme, la classe ouvrière
et le Capital de Marx :
Ces citations sont tirées des articles
parus dans le New Statesman (reproduits
dans une brochure intitulée Short View of
Russia parue chez Hogarth Press en 1925
et dans Essais de persuasion paru chez
Gallimard en 1933.)
« Comme toutes les religions nouvelles, le
léninisme tient sa puissance, non de la masse,
mais d'une petite minorité d'adeptes
enthousiastes récemment convertis, dont le zèle
et le fanatisme décuplent les forces, si bien
que chacun d'eux égale plusieurs
indifférents. »
((Une notion farfelue s'il en est une. « Une
petite minorité d'adeptes enthousiastes »
n'auraient pas été en mesure de renverser un
pouvoir impérialiste tel que la Russie si la
multitude de travailleurs et de paysans n'avait
pas été préparée subjectivement et
organisationnellement pour s'engager dans une
lutte révolutionnaire héroïque pour vaincre leurs
oppresseurs. Keynes ne fait ici qu'exprimer son
mépris pour le peuple et l'incapacité de celui-ci,
selon Keynes, de s'engager dans une lutte
révolutionnaire pour faire évoluer la société vers
une alternative au capitalisme, alternative axée
sur l'être humain. Il n'a que haine pour quiconque
ne partage pas sa conception du monde. Pour lui,
la perspective de la classe ouvrière sur
l'économie, la politique et la culture en général
est nécessairement dogmatique et intolérante du
fait qu'elle est si diamétralement opposée à sa
conception du monde capitaliste qui, dans son
esprit, bénéficie d'un caractère sacré légué par
une longue lignée de traditions anglaises et qui,
par conséquent, ne peut être que le seul et
véritable mode de pensée.))
« Comment puis-je admettre une doctrine qui
érige en Bible, en le soustrayant à toute
critique, un volume d'économie politique périmé,
qui non seulement est faux d'un point de vue
scientifique, mais encore ne comporte aucun
intérêt, aucune application possible dans le
monde actuel. Comment puis-je me rallier à une
doctrine qui, préférant la vase aux poissons,
exalte un prolétariat grossier aux dépens de la
bourgeoisie et d'un intellectualisme qui, quels
que soient leurs torts, demeurent un des plus
précieux apanages de la vie humaine et portent,
en eux la graine de tout progrès humain ?
Quand bien même nous aspirerions à une religion,
comment trouverions-nous celle-ci dans les
turpitudes des bibliothèques rouges ? Un
fils cultivé, intelligent et bien élevé de
l'Europe occidentale peut malaisément trouver là
à réaliser son idéal, à moins d'être passé
d'abord par de telles souffrances et un tel état
de conversion que plus rien ne subsiste de sa
table de valeurs premières. »
((Ce « prolétariat grossier » est
précisément l'aspect émergeant de la grande
contradiction du monde capitaliste. Keynes est
horrifié à l'idée que la négation du « prolétariat
grossier, préférant la vase aux poissons »,
sera à son tour niée même dans son Angleterre si
douce et qu'il perdra son pouvoir, sa richesse et
son privilège à ceux-là mêmes — et Keynes ici
peine à dire le mot sans y attribuer une obscénité
— aux travailleurs qui créent la richesse qui est
le fondement de son style de vie intellectuel
somptueux à servir les monopoles et l'Empire
britannique.))
Keynes tient des propos racistes et antisémites
lorsqu'il tente d'« expliquer » la
personnalité des peuples de l'Union
soviétique :
« Cet état d'oppression ne saurait être mieux
indiqué. Il tient en partie, cela ne fait aucun
doute, à la Révolution rouge [...]. Il tient
peut-être aussi en partie à une certaine
bestialité inhérente au caractère russe — ou aux
caractères russe et juif mélangés, comme ils le
sont à présent. »
((La combinaison du bolchevisme et du judaïsme en
tant que caractéristiques propres aux «
bêtes » qui pouvaient détruire la
civilisation européenne était une thématique
commune aux fascistes hitlériens de cette époque.
Keynes approfondit ce concept raciste lorsqu'il
prétend que la menace à la civilisation européenne
provient d'un amalgame de « bestialité inhérente
au caractère russe » et de judaïsme. Cette
propagande entretenue par l'intelligentsia
britannique faisait partie de la pression exercée
sur l'impérialisme allemand pour qu'il prenne
l'Union soviétique d'assaut, ce qu'il fera
en 1941.
((Les intellectuels britanniques tels que Keynes
n'ont jamais reconnu le rôle qu'ils ont joué à
préparer l'opinion publique européenne pour
qu'elle encourage les Nazis allemands, jusqu'à
acclamer leur guerre meurtrière menée contre les
peuples de l'Union soviétique et qui a mené à la
destruction et à la mort sans précédent. Ils
regrettent seulement que l'invasion n'a pas eu
lieu avant le Pacte de non-agression de 1939
entre l'Allemagne et l'Union des Républiques
socialistes soviétiques, ce qui fut un facteur qui
retarda l'assaut jusqu'en 1941.
((L'habitude qu'a Keynes de ne pas discuter, mais
de simplement attaquer et de prêter à ses
adversaires ses propres défauts est
caractéristique de la conception du monde fasciste
et du rabaissement du niveau de la culture
politique sous le capitalisme monopoliste,
contrairement à la préoccupation de faire
progresser la science au XIXe siècle. C'est le
retour à l'obscurantisme et à l'absolutisme
médiévaux sous prétexte d'être les plus avancés et
les plus érudits.))
« Le léninisme est un mélange de deux choses que
les Européens, depuis quelques siècles, ont
coutume de ranger dans deux compartiments
différents de l'âme — la religion et les affaires.
La religion nous choque parce qu'elle est
nouvelle, et nous méprisons ses affaires parce
qu'elles sont inféodées à la — religion (au lieu
que ce soit le contraire), ce qui les rend
nettement infructueuses. »
((Mis à part cette expression de mépris pour le
léninisme, comment Keynes explique-t-il que
l'Église catholique romaine a été pendant des
siècles le plus grand propriétaire foncier,
participant aux affaires européennes et grand
défenseur du pillage à l'étranger ? La
réformation protestante a joué un rôle intégral
dans la préparation des conditions subjectives
pour la victoire du capitalisme sur les relations
de propriété médiévales.
Le léninisme avait démasqué l'hypocrisie de
l'Église, surtout en Russie où elle avait
travaillé main dans la main avec les exploiteurs
et les tyrans médiévaux les plus diaboliques.))
Poursuivant sa critique de la Russie
révolutionnaire, Keynes écrit :
« Je suis prêt à renoncer au confort et à mes
habitudes ; mais je ne puis m'accommoder
d'un dogme qui s'embarrasse peu de la liberté et
de la sécurité de la vie normale, qui a recours
à toutes les armes de la persécution, de la
destruction et de la lutte internationale.
Comment puis-je admirer une politique qui se
définit par les millions qu'elle dépense pour
entretenir des espions dans chaque foyer et
fomenter des troubles à l'étranger ? »
((Commentaire intéressant s'il en est un étant
donné que l'ambition de devenir riche et libre du
travail pénible du quotidien est la bible de la
bourgeoisie. Et comment les propriétaires du
capital ont-ils maintenu l'oppression de la classe
ouvrière sinon en graissant la patte des
dirigeants ouvriers avec les superprofits
provenant de l'exploitation des pays
opprimés ? La subversion idéologique est
l'essence même de la suppression de la révolution
prolétarienne en Grande-Bretagne et en tout autre
pays capitaliste monopoliste. Keynes est en soi un
excellent spécimen d'un agent provenant des
couches moyennes et bien endoctriné par les
propriétaires du capital.
((L'hypocrisie de Keynes est sans bornes. On a
fait des espions britanniques des célébrités dans
les films et dans la culture populaire, mais
lorsque la classe ouvrière fait connaître son
point de vue au moyen de ses propres outils de
propagande et de discussion dans des familles
ordinaires, elle « entretient des espions dans
chaque foyer et fomente des troubles à
l'étranger ». Et le fait d'exprimer une
solidarité sociale à l'étranger pour les droits
des peuples combattant les empires britanniques et
étasuniens devient « fomenter des troubles à
l'étranger ».
((D'abord, premier baron Keynes, « fomenter des
conflits à l'étranger » s'appelle
l'internationalisme prolétarien et la classe
ouvrière ne recule pas devant sa responsabilité
d'appuyer tous ceux qui s'efforcent de se libérer
de l'oppression impérialiste et de faire avancer
leurs sociétés vers l'émancipation de la classe
ouvrière.
((L'infiltration d'espions et d'agents
capitalistes des mouvements des peuples, ce qui
était la spécialité de la police tsariste, est
devenue une institution signée CIA, Homeland
Security, M15, M16 et Service canadien du
renseignement de sécurité, mais aussi diverses
agences non gouvernementales (ONG) et certaines
organisations syndicales et de charité qui
empêchent sciemment le peuple de s'organiser pour
trouver des solutions qui sont dans son intérêt et
pour résoudre les contradictions de ses sociétés,
en particulier son exploitation par les empires
impérialistes.))
« Je puis ne pas demeurer insensible à ce que
je crois être la justice et le bon sens ;
mais la lutte des classes me trouvera du côté de
la bourgeoisie instruite. »
((Les travailleurs et leurs alliés feraient bien
de se rappeler cet « aveu » de Keynes
lorsqu'ils entendront ou liront son nom. La «
justice et le bon sens » et les principes
sont rapidement « infiltrés » par les
politiques pragmatiques de la « bourgeoisie
instruite » menant la « lutte des
classe » contre un « prolétariat
grossier ».))
Appui à l'eugénisme
Keynes était un fervent défenseur de l'eugénisme,
ayant servi en tant que directeur de la Société
britannique d'eugénisme de 1937 à 1944.
En 1946 même, au seuil de sa mort, il a
déclaré que l'eugénisme était « la branche de la
sociologie la plus importante, la plus
significative et, devrais- je ajouter, la plus
authentique aujourd'hui ». (Citation
provenant de : « Opening remarks : The
Galton Lecture (1946) ». Eugenics Review
38(1) : 39-40.)
((Il ne s'agit pas ici d'une opinion reposant sur
une simple curiosité ou sur l'ignorance. Il s'agit
d'une participation active dans le mouvement pour
le fascisme européen. Pendant la période qui
précéda la Deuxième Guerre mondiale, appuyer
l'eugénisme voulait dire appuyer spécifiquement le
nazisme. L'eugénisme était présentée en tant que «
l'étude et la pratique de la reproduction
sélective telle qu'appliquée aux humains »,
dans le but avoué d'améliorer l'espèce en
opposition à l'avancement de la société en
changeant les conditions sociales et en réglant
les contradictions de classe.
L'eugénisme est une forme de politique d'une
nation. L'élite au pouvoir détermine qui est digne
de constituer la nation sur la base de critères
ethniques, religieux, politiques, physiques et
intellectuels. Tout critère non conforme est exclu
sinon exterminé, comme cela devint la politique en
Allemagne nazi. Aussi, aujourd'hui, l'exigence est
telle que tous ceux qui ne prêtent pas allégeance
aux « valeurs » dites américaines,
canadiennes, britanniques, civilisées, etc., sont
passibles de mort civile, ce qui revient à dire
qu'ils n'ont pas de droits civils.
Pendant les années trente, l'eugénisme était
associée plus intimement aux nazis allemands et à
leur programme politique de purger l'Allemagne de
toutes personnes dites indésirables. Tout « être
humain imparfait » tels que les communistes,
les juifs, les roms, les Slaves, les gais, les
individus ayant une imperfection physique ou
mentale, ou tout individu ayant des valeurs ou une
conscience en contradiction avec le Parti nazi de
Hitler devait être déporté ou exterminé. Les
intellectuels libéraux britanniques et autres, de
par leur conciliation envers l'idéologie fasciste
telle que le racisme, l'anticommunisme et
l'eugénisme, doivent être tenus responsables pour
le rôle qu'ils ont joué dans la préparation des
conditions subjectives pour les meurtres de masse
dans les camps de concentration, pour les crimes
de guerre commis par l'appareil militaire allemand
à l'étranger ainsi que pour toutes les atrocités
nazies.))
Citation provenant de « La fin du
Laissez-faire » (1926)
« Le socialisme marxien doit servir de signal
aux historiens de l'Opinion — comment une
doctrine si illogique et sans relief peut-elle
avoir exercé une influence si puissante et si
prolongée sur l'esprit des hommes, et par eux,
sur les événements de l'histoire ? »
((La classe ouvrière n'a pas développé son
idéologie dans le but de divertir l'élite
intellectuelle britannique. Le but de l'idéologie
est de guider la classe ouvrière pour qu'elle se
constitue en tant que la nation pour investir le
peuple de sa souveraineté et ouvrir la voie vers
l'émancipation complète de la classe ouvrière et
l'élimination de la société de classe.))
Citations provenant de « Essays in
Biography » (1933)
« J'ai tenté au moyen d'un certain détail de
mettre en relief la solidarité et la continuité
historiques de la Grande intelligentsia de la
Grande-Bretagne, qui est le fondement de notre
pensée depuis deux centenaires et demi, lorsque
Locke, dans son Essai sur l'entendement
humain, a écrit le premier livre anglais
moderne. J'énumère ci-dessous les nombreux
descendants de Sir George Villiers. Je ressens
aussi une grande fierté de me réclamer de la
trempe spirituelle de la filière Locke et de
cette longue lignée anglaise, qui lie sur le
plan intellectuel et humain les uns aux autres,
et dont les noms sont énumérés dans la deuxième
partie. Sans être le plus sage, Locke était
néanmoins le plus véridique des hommes. Sans
être le plus affable, il était néanmoins le plus
singulier et le plus attachant. Sans être le
plus pratique, il possédait néanmoins une
conscience sociale des plus pures. Sans posséder
un génie artistique élevé, il possédait
néanmoins un esprit ayant réalisé les exploits
les plus solides et les plus sincères dans un
grand nombre de champs parcourus par l'esprit
humain. »
((Cette citation faisant l'éloge des Anglais
décédés, Locke, Villiers et autres dans la longue
lignée anglaise, est suivie de façon inexplicable
par une attaque contre les communistes et le
respect qu'ils portent à leurs héros, dirigeants
et idéologues.))
« Tous partis politiques confondus trouvent
leur origine dans les idées du passé et non dans
des idées nouvelles — et cela est évident
lorsqu'il s'agit des marxistes. »
((Comment peut-on trouver des origines dans des
idées nouvelles ? Il s'agit de développer les
idées qui correspondent aux conditions
d'aujourd'hui, ce qui requiert une analyse
concrète des conditions concrètes. Les
personnalités modernes ne rejettent pas leurs
origines qu'ils retracent dans les luttes et les
théories de la classe ouvrière partout où le
peuple a fait une contribution, y inclus la pensée
ancienne de civilisations passées. Les
personnalités modernes ne sont pas d'une telle
arrogance qu'elles prétendent pouvoir définir le
présent sans le passé qu'on trouve dans les luttes
et la pensée d'individus qui les ont précédées et
qui ont fait progresser la civilisation vers ce
qu'elle est aujourd'hui. Il ne s'agit pas, par
contre, de s'attarder au passé et sur l'ancienne
pensée dans le but de les transformer en dogme ou
en icône, mais de transformer les conditions
sociales du présent et de donner naissance à une
pensée nouvelle.
C'est ce que Lénine a fait en créant le parti
léniniste de type nouveau, lequel était
qualitativement différent des organisations
ouvrières créées par Karl Marx et Friedrich Engels
au cours du dix-neuvième siècle. Et c'est ce
qu'ont fait Hardial Bains et d'autres dans les
conditions de trahison de la voie léniniste
établie par la Révolution d'octobre. Et il en va
ainsi du PCC(M-L) et des autres partis communistes
révolutionnaires qui se renouvellent constamment
afin d'affronter comme il se doit les conditions
contemporaines qui sont, elles aussi, en état
constant de changement, de développement et de
mouvement.))
Citation provenant de Théorie générale de
l'emploi, l'intérêt et la monnaie (1935)
« L'essentiel de l'oeuvre de Gesell est écrit
en termes pausés et scientifiques, bien qu'elle
soit imprégnée d'un dévouement plus passionné et
plus émotionnel envers la justice sociale qu'on
ne prête généralement à un académicien. Je crois
que l'avenir saura bénéficier davantage de
l'esprit de Gesell que de celui de Marx. »
((On peut trouver à Wikipédia la note suivante
sur Silvio Gesell (1862-1930), pour qui Keynes
entretenait une admiration sans bornes : «
Gesell fondait ses pensées économiques sur
l'intérêt personnel des individus. Pour lui,
c'était une motivation naturelle et saine pour
agir, qui permet à l'individu de viser à
satisfaire à ses besoins et d'être productif. Le
système économique doit faire justice à cette
précondition, sans quoi le système serait
inévitablement un échec. C'est pourquoi Gesell
disait de la proposition de son système économique
qu'il était 'naturel'. Cette prise de position le
plaça diamétralement en opposition à Karl Marx,
qui demandait un changement dans les conditions
sociales.))
« Tenant compte du facteur égoïste, Gesell
prônait une compétition équitable en affaires y
incluant des chances égales pour tous,
c'est-à-dire, la fin de tous privilèges légaux
et héréditaires. »
((Cette admiration de la part de Keynes pour
Gesell reflète la contradiction des économistes de
l'époque du capitalisme naissant qui avaient
toujours un attachement à la période précédente.
Cette contradiction fut résolue par le
néolibéralisme, qui reconnaît l'entière adhésion
au droit de monopole sur le droit public et la fin
de toutes illusions qu'un individu pourrait
entretenir sur un retour possible ou même
désirable du capitalisme prémonopoliste.))
Citation provenant de John Kenneth Galbraith,
The Age of Uncertainty
« Keynes n'a jamais cherché à transformer le
monde, ni fut-il poussé par une quelconque
insatisfaction ou par un mécontentement
personnels. Marx a proclamé que la bourgeoisie
paierait pour la pauvreté et les furoncles
qu'elle lui faisait souffrir. Keynes n'a connu
ni la pauvreté ni les furoncles. Pour lui, le
monde était excellent. » (Chapitre 7,
p. 198)
((Pour un marxiste, dont Marx était le premier
mais non pas le dernier, le monde existe sur une
base objective et subjective tel quel, ni plus ni
moins. Les marxistes, de même que les non
marxistes, naissent dans un monde qui n'est pas de
leur cru. Les marxistes acceptent le monde tel
qu'il est, analysent ses contradictions et se
mettent en action avec d'autres pour le changer.
En grande partie, l'insatisfaction et le
mécontentement éprouvés par la classe ouvrière
viennent d'un sentiment d'impuissance. Dès que les
travailleurs refusent d'être des victimes et des
spectateurs face à leur propre mauvais traitement
et condition de classe, et qu'ils s'unissent et
s'organisent avec d'autres de leur classe pour
changer les conditions sociales, l'insatisfaction
et le mécontentement qu'ils ont pu ressentir sont
submergés par un esprit de solidarité sociale et
par la conviction que les travailleurs et leurs
alliés s'organisent et marchent de l'avant pour
résoudre les problèmes du monde réel, les
problèmes qui sont à la base de leur
insatisfaction et de leur mécontentement. La
solidarité sociale est le produit de l'unité
d'action pour une même cause. Elle inspire même
les gens les plus opprimés à être courageux face à
leurs difficultés. Les personnalités modernes
voient les problèmes qui existent avec affection
malgré les « furoncles », parce qu'on peut
s'y attaquer avec un programme établi par
soi-même. Ce programme est, à son tour,
l'affirmation du facteur humain/conscience
sociale, de la vie elle-même.))
Wikipédia écrit : « Le Groupe de
Bloomsbury était un groupe d'écrivains,
d'intellectuels et d'artistes qui ont tenu des
discussions informelles à Bloomsbury (au centre de
Londres) tout au long du vingtième siècle... Leur
oeuvre a profondément influencé la littérature,
l'esthétique, la critique, l'économie ainsi que
les attitudes modernes envers le féminisme, le
pacifisme et la sexualité. Ses membres les plus
connus étaient Virginia Woolf, John Maynard
Keynes, E.M. Forster et Lytton Strachey. »
Quentin Bell, dans son livre, Virginia Woolf,
une biographie (Hogarth Press, 1972,
p.177), cite Keynes. Le biographe, Bell, fait part
d'une anecdote impliquant Virginia Woolf, Keynes
et T.S. Eliot, qui discutaient de religion lors
d'un souper, dans le contexte de leur lutte contre
la moralité victorienne de l'époque.
« À la fin du dit souper, un incident rappela à
Keynes 'son thème préféré', et il a fait un
commentaire à l'effet que 'la jeunesse
n'avait aucune religion sauf le communisme et
qu'aucune religion aurait été préférable'. Le
marxisme 'était fondé sur rien de moins
qu'un malentendu de Ricardo', et
qu'éventuellement, lui, Keynes, 'traiterait
une fois pour toutes de la question des
marxistes et d'autres économistes, afin de
résoudre les problèmes économiques que leurs
théories allaient sans doute occasionner ».
((Les problèmes économiques que les marxistes
menacent d'occasionner sont ceux selon lesquels
les véritables producteurs réaffirment leur droit
de contrôler la direction de l'économie. Ils sont
parfaitement capables de trouver leur chemin à
travers les difficultés occasionnées par leurs
affirmations en tant que véritables producteurs.
En partie, cela veut dire qu'ils devront rejeter
la thèse de Keynes et d'autres intellectuels
centrés sur le capital à l'effet que les
travailleurs sont un coût de production ; ils
devront être les premiers à réclamer le produit
social en tant que véritables producteurs ainsi
que la satisfaction des réclamations de la société
par le biais du gouvernement avant celles des
propriétaires du capital et de leurs
serviteurs ; ils devront graduellement
éliminer les réclamations du capital une fois pour
toutes. Les travailleurs acceptent avec sérénité
le défi de surmonter les difficultés que ces
mesures pourraient occasionner. Essayer de les
impressionner en brandissant le fantôme de Keynes
ne les fera pas dérailler.))
Note
Une brève biographie de John Maynard Keynes
(1883-1946) est disponible sur Wikipédia et on y
trouve certains détails concernant ses origines de
classe, son éducation et sa vie publique au service
de l'Empire britannique.
(Pour voir les articles
individuellement, cliquer sur le titre de
l'article.)
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Marxiste-Léniniste
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