Discussion sur l'économie

La théorie monétaire moderne: du keynésianisme réchauffé

LML présente une critique de la théorie monétaire moderne (TMM) telle qu'énoncée dans l'article « Déficits budgétaires, théorie monétaire moderne et politiques économiques progressistes » de Andrew Jackson (14 juillet 2020). Andrew Jackson est l'ancien économiste principal du Congrès du travail du Canada et le conseiller politique principal de l'Institut Broadbent.

La TMM est aujourd'hui un sujet en vogue, car on cherche des arguments pour appuyer les changements de politique budgétaire pour sauver les riches de la crise qui résulte de la baisse tendancielle du taux de profit.

La critique présente des extraits choisis de l'article de Jackson sur la « théorie monétaire moderne » avec des commentaires entre parenthèses doubles. L'article au complet (en anglais) est disponible ici.

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La TMM est une appellation un peu impropre. Loin d'être « moderne », elle s'inspire largement des théories monétaires développées dans les années 1930 par John Maynard Keynes, et depuis lors, par les économistes keynésiens de gauche qui rejettent l'orthodoxie autour des finances et l'idée que les budgets gouvernementaux devraient (presque) toujours être équilibrés, que les déficits sont un frein à l'investissement privé qui devrait être le moteur de l'économie, que la politique monétaire (variations des taux d'intérêt) par opposition aux politiques budgétaires (variations des dépenses publiques) devrait être le principal outil des politiques pour gérer les fluctuations de l'économie et que l'investissement privé est plus productif que les dépenses publiques.

La proposition centrale de la TMM est qu'un État qui contrôle sa propre monnaie peut facilement financer les déficits budgétaires (résultant d'augmentations des dépenses ou de réductions d'impôts) à un coût faible ou nul par la création monétaire et le financement direct des dépenses du gouvernement par la banque centrale.

((La « proposition centrale » élimine tous les pays sauf les plus puissants de toute considération. Même ceux qui n'ont pas leur propre monnaie dans une monnaie commune telle que la zone euro sont traités de manière inégale. Comparons la situation de la Grèce avec celle de l'Allemagne ou de la France. La Grèce n'a pas été en mesure de « financer facilement les déficits budgétaires » en utilisant l'euro et a terriblement souffert. La Grèce est sous la domination des grandes puissances européennes et de l'impérialisme américain. Elle n'a pas la possibilité d'agir indépendamment selon ses propres intérêts.

Même un grand pays développé comme l'Argentine avec sa propre monnaie est constamment attaqué, car son énorme dette publique est libellée en devises étrangères (principalement le dollar américain, mais aussi l'euro et le yen).

La « proposition centrale » ignore le monde réel de l'hégémonie du dollar américain soutenue par les forces armées des États-Unis, qui donne à l'impérialisme américain une arme puissante pour amener les autres sous son contrôle.))

Contrairement aux ménages ou aux entreprises, les gouvernements qui disposent de leur propre monnaie et de leur propre banque centrale ne peuvent jamais faire faillite, car ils peuvent toujours créer de l'argent pour financer les déficits ou rembourser les dettes.

((Une telle déclaration est habitée par l'idéalisme, à la limite du mysticisme. Cela évoque l'idée que quelque chose qui n'est pas produit peut être consommé. Sans les travailleurs qui produisent une nouvelle valeur en tant que biens et services, le pays n'a pas de nouvelle valeur à consommer à moins qu'il ne vole les autres. Le concept selon lequel « une banque centrale ne peut jamais faire faillite parce qu'elle peut toujours créer de l'argent pour financer les déficits ou pour rembourser les dettes » nie la réalité selon laquelle le facteur humain, la classe ouvrière, doit intervenir et agir sur les moyens de production si un bien ou service doit être produit et consommé. Comment une nation ou un peuple organise-t-il cette réalité et dans quel but sont des enjeux cruciaux.

L'argent peut représenter un produit social qui a été produit. Il peut représenter une production potentielle, mais le potentiel doit devenir réel sinon la relation s'effondre.

Des affirmations telles que « ne peuvent jamais faire faillite » sont utilisées comme une diversion pour empêcher les gens de faire face aux problèmes tels qu'ils se posent.))

La seule véritable contrainte aux dépenses publiques des pays ayant une souveraineté monétaire est la capacité de production réelle. Trop de financement déficitaire cumulé par des dépenses publiques ou des réductions des impôts dans une économie de plein emploi augmentera l'inflation.

((Aucune économie impérialiste n'a jamais atteint le « plein emploi ». Le plus près qu'un pays impérialiste se soit approché du plein emploi c'est par la mobilisation militaire totale pour mener une grande guerre. Dans ce cas, un grand nombre de travailleurs ne sont pas engagés dans la création d'un produit social, mais dans sa destruction par la guerre et beaucoup de ceux qui travaillent produisent du matériel de guerre.

Selon les impérialistes, le plein emploi donnerait trop de pouvoir à la classe ouvrière qui serait alors en position d'accroître ses réclamations sur la valeur nouvelle qu'elle produit. Le plein emploi détruirait le marché du travail impérialiste ou du moins le rendrait impuissant à contrôler la classe ouvrière.

De plus, la « souveraineté monétaire » ne peut exister qu'à l'intérieur d'un pays souverain. Aucun pays, y compris le Canada, dans le système impérialiste d'États sous contrôle des États-Unis n'est indépendant ou souverain. Ce manque de souveraineté inclut le manque de contrôle sur sa masse monétaire ou sa devise.

Ces expressions « plein emploi » et « souveraineté monétaire » sont brandis pour émousser l'esprit et le rendre incapable d'analyser les conditions concrètes.))

Le Canada et de nombreux autres pays ont de la monnaie « fiduciaire » qui peut être créée par les banques centrales « d'un simple coup de crayon ».

((Oui, le Canada a une monnaie fiduciaire, mais cette devise fiduciaire sert les oligarques mondiaux au pouvoir. Si cela sert les oligarques de créer de l'argent « d'un simple coup de crayon », ils le feront, comme Trudeau l'a démontré avec son déficit de plus de 350 milliards de dollars pour l'exercice financier en cours.))

Les banques centrales peuvent et développent la base monétaire.

((La banque centrale des États-Unis, la Réserve fédérale américaine, est un cartel de banques privées qui agit sous leurs ordres. La banque centrale du Canada est une institution de l'État sous le contrôle des oligarques avec des dirigeants soigneusement choisis pour servir leurs intérêts privés et payer les riches.))

En temps normal, la plus grande partie de la nouvelle monnaie est créée par le système bancaire privé sous forme de prêts plutôt que directement par la banque centrale pour financer les opérations du gouvernement.

((Les crises économiques récurrentes pourraient également être qualifiées de « normales », car elles surviennent normalement avec régularité. Pendant une crise, les oligarques qui rivalisent sont à couteaux tirés avec encore plus de férocité que d'habitude, et les prêts et emprunts « normaux » sont gelés. La banque centrale intervient avec des « liquidités » « d'un simple coup de crayon » pour sauver la situation des oligarques, du moins ceux qui sont les mieux placés pour traverser la tempête ou même augmenter leur force et leur richesse comme l'ont fait certains oligarques pendant cette crise, c'est-à-dire la « sale douzaine » - les 12 individus très riches aux États-Unis qui ont augmenté leur richesse personnelle de plusieurs fois pendant la pandémie.

La TMM conteste à juste titre l'idée orthodoxe selon laquelle les budgets gouvernementaux devraient être équilibrés et que les déficits ne devraient être encourus que pour lutter contre de profondes dépressions lorsque les taux d'intérêt bas ne fonctionnent plus. Comme l'a soutenu Keynes dans les années 30, les déficits n'évinceront pas l'épargne et l'investissement privé si l'économie fonctionne en dessous de sa capacité.

((Pourquoi un Canadien devrait-il se préoccuper d'évincer l'investissement privé, même dans le meilleur des cas ? Quel problème de société a résolu l'investissement privé ? A-t-il résolu la question du logement, notamment l'itinérance, la pauvreté, les inégalités, etc. ? A-t-il résolu la question de la guerre et de la paix ? Si les problèmes doivent être résolus, alors le peuple doit avoir le contrôle, le pouvoir et les moyens de le faire et, sous l'impérialisme, cela signifie revendiquer ce qui appartient de plein droit au peuple, même si cela veut dire de prendre la place de l'épargne et des investissements privés des oligarques.

Pour la classe ouvrière, cela signifie résoudre le problème de son rapport social oppresseur et inégal avec ceux qui achètent sa capacité de travail et créer un nouveau rapport social entre les travailleurs eux-mêmes. Cela signifie prendre part à une nouvelle direction prosociale de l'économie et s'engager dans le renouveau démocratique où les membres du corps politique sont vraiment égaux et peuvent exercer un contrôle sur les affaires économiques, politiques et sociales qui touchent leur vie.))

Les investissements publics financés par les déficits et la dette peuvent créer une économie et des infrastructures plus robustes, ce qui laisse aux générations futures davantage de richesses et plus d'opportunités.

((Mais sous le contrôle impérialiste, « une économie et des infrastructures publiques robustes » deviennent une cible de choix pour la privatisation, en particulier lorsque les autres occasions d'investissement privé se font rares, que le taux de profit a diminué avec la productivité et que les stratagèmes pour payer les riches qui font appel aux fonds publics sont devenus une « nécessité » pour tout investissement privé de toute taille.))

Keynes, contrairement à l'aile « keynésienne bâtarde » de l'économie traditionnelle, attendait avec impatience le jour où l'économie serait mue par des investissements publics productifs sans que l'État n'ait besoin d'emprunter aux rentiers qui vivent des revenus d'intérêts.

((De toute évidence, les keynésiens ne sont pas d'accord entre eux sur la question de savoir si Keynes attendait avec impatience un tel jour ou peut-être que c'était simplement de la propagande pour tromper les crédules. Une économie « mue par des investissements publics productifs » devrait être sous le contrôle des producteurs réels et capable de se défendre contre les maraudeurs impérialistes sinon elle ne durerait pas longtemps. Beaucoup en Amérique latine et dans les Caraïbes rêvent d'une économie « mue par des investissements publics productifs », mais sont confrontés à la dure réalité de se défendre contre l'agression impérialiste pour que leur rêve devienne réalité.

L'autre aspect de cela est le fait que l'économie impérialiste est depuis longtemps reconnue comme ayant sombré dans le parasitisme et la putréfaction. L'économie est plus caractérisée par des investissements improductifs et la guerre qu'autre chose. L'auteur le reconnaît lui-même lorsqu'il parle des liquidités supplémentaires obtenues par les impérialistes grâce aux réductions d'impôts et à d'autres stratagèmes pour payer les riches qui sont utilisées de manière improductive tels que les rachats d'actions à la bourse et l'augmentation des dividendes.

Certaines personnes refusent de voir le monde tel qu'il est parce qu'elles ne veulent pas faire face à la nécessité d'une nouvelle direction et participer à l'élaboration de ce à quoi cette direction ressemblera ou devrait être, ce qui signifie affronter les impérialistes et faire face à leur colère et à leurs contre-attaques.))

Les idées clés de la TMM ne sont pas tant modernes qu'un retour au Keynes radical et à la tradition keynésienne de gauche.

Les deux soutiennent que la politique conventionnelle aboutit à des économies qui fonctionnent bien en dessous de leur capacité la plupart du temps, et tous deux rejettent l'opinion générale selon laquelle la macro-économie devrait être principalement gérée par une politique monétaire plutôt que budgétaire.

Aujourd'hui ... la Banque du Canada imprime des milliards de dollars pour acheter des obligations gouvernementales afin de faire baisser les taux d'intérêt.

Pour la première fois, ils sont allés au-delà de « l'assouplissement quantitatif » - l'achat d'obligations gouvernementales sur les marchés secondaires pour abaisser les taux d'intérêt - pour acheter directement des obligations gouvernementales.

Ils appuient les dépenses déficitaires massives des gouvernements fédéral et provinciaux. La Banque n'approuve peut-être pas ouvertement la TMM en soi, mais elle agit sur cette base et démontre que l'État peut en effet toujours payer pour ce qui doit être fait.

Tous les types d'économistes et de décideurs orthodoxes ont temporairement admis qu'une augmentation massive des dépenses publiques peut et doit être entreprise sans augmenter les impôts et presque sans tenir compte du déficit et de la dette.

La question clé est de savoir combien de temps cela peut durer.

((Pourquoi est-ce que ça doit être la question clé ? La question clé ne devrait-elle pas être qui contrôle l'économie, dans l'intérêt de qui et dans quel but ? Les impérialistes sont désespérés à sauver leur peau et dépensent des sommes énormes à faire cela. Déjà les groupes de réflexion et les médias impérialistes sont devenus les prophètes du malheur quant aux augmentations d'impôts à venir et les privations à imposer au peuple.

Pourquoi ne pas simplement admettre que la crise a accru les efforts de tous les oligopoles dans les cartels et les coalitions pour tout contrôler, à commencer par les institutions étatiques de chaque pays et leurs gouvernements ? Ils feront tout pour protéger leurs intérêts privés.

Ils s'entre-déchirent sur la façon de procéder, le plus décidément ou le plus ouvertement aux États-Unis, ainsi qu'à l'échelle internationale avec la Chine et la Russie. Comment les impérialistes et les centres établis font-ils face aux nouveaux venus et aux concurrents qui se multiplient en Asie et dans une moindre mesure en Russie ? La guerre mondiale est un grave danger si les peuples ne mettent pas sur pied des gouvernements antiguerre. Refuser de reconnaître les dangers n'aide pas le peuple à s'organiser pour défendre les droits de tous et de toute, à humaniser l'environnement naturel et social et faire du Canada une zone de paix.))

Stephanie Kelton [la principale économiste/professeur américaine qui fait la promotion de la TMM, ou plutôt promue en tant que telle, était une conseillère de Bernie Sanders et fait maintenant partie de l'entourage de Biden - note de la rédaction du LML] demande des niveaux beaucoup plus élevés d'investissement et de dépenses publiques pour faire face à un large éventail de maux sociaux, financés directement par la banque centrale, sur une base d'urgence continue plutôt que ponctuelle. Tout cela a naturellement séduit les progressistes.

Tant que nous avons une faible inflation et un ralentissement économique, il est peu probable que la Banque du Canada change de cap et soutienne des dépenses gouvernementales massives pour faire face à la crise.

Elle donnera à la politique budgétaire la latitude nécessaire pour stimuler la relance en pleine reconnaissance du fait que même des taux d'intérêt proches de zéro ne suffisent pas pour faire face à la crise. Mais, dans l'état actuel des choses, elle contrôle toujours fondamentalement la politique monétaire.

La TMM n'a rien à dire sur ce sujet, rappelant simplement que les gouvernements peuvent fixer le taux d'intérêt. Cela soulève la question de savoir qui contrôle réellement les taux d'intérêt et dans l'intérêt de qui.

En remontant au moins aux années 1970, la Banque du Canada ... a généralement choisi d'accepter un certain ralentissement de l'économie afin de discipliner les travailleurs et maintenir une inflation faible et stable.

((Dire que la Banque du Canada a de manière générale choisi d'accepter un certain ralentissement de l'économie est vraiment une description complaisante du chômage, de l'insécurité, de la pauvreté, de la guerre, du refus de s'attaquer aux problèmes sociaux et de les résoudre et des attaques directes de l'offensive antisociale contre des droits des travailleurs. Le mouvement de la classe ouvrière est depuis longtemps en recul sous les coups des attaques contre les droits des travailleurs, les pensions et les autres programmes sociaux, la détérioration des conditions de travail due au travail contractuel, au travail à temps partiel et maintenant au secteur de l'économie à la tâche, à la privatisation, à l'expansion de l'économie de guerre et à la multiplication des stratagèmes pour payer les riches, à la destruction de tout semblant d'indépendance des pays avec les accords de libre-échange et la mondialisation impérialiste ainsi qu'à l'intégration des organes/structures et réglementations de l'État à ceux de l'économie de guerre et de la sécurité intérieure des États-Unis.))

La pensée conventionnelle a mis l'accent sur la fixation de taux d'intérêt bas dans une économie qui fonctionne en dessous de ses capacités, comme cela a été le cas lors de la lente reprise après la crise financière mondiale.

Mais cela, comme le soutient Kelton, a grugé les dépenses publiques tout en alimentant la croissance destructrice et insoutenable de l'endettement des ménages et des entreprises, et en alimentant l'inflation des prix des actifs qui a considérablement accru les inégalités des revenus et de la richesse.

((Note : L'économie impérialiste décrit l'inflation des prix des actifs comme une hausse du prix des actifs par rapport aux biens de consommation et aux services. Les actifs typiques sont les instruments financiers comme les obligations, les actions et leurs produits financiers dérivés, ainsi que les biens immobiliers et les moyens de production, en particulier les matières premières ou les produits de base, comme les impérialistes aiment les appeler. Tous ces actifs sont achetés et vendus à plusieurs reprises. Il s'agit d'un échange continu de valeur déjà produite, et dans de nombreux cas, comme pour les contrats à terme de marchandises et le marché boursier, sans aucune production. Cela pourrait être qualifié de valeur fictive. L'économie impérialiste ne se préoccupe pas de sa santé économique globale, mais seulement de la santé des concurrents individuels qui détiennent le pouvoir. Les crises économiques sont récurrentes parce que le facteur humain/conscience sociale et le but de répondre aux besoins du peuple et de la société sont empêchés de jouer leur rôle décisif et nécessaire.))

Les entreprises ont emprunté à de faibles taux pour accélérer des activités improductives comme le rachat d'actions et l'augmentation des dividendes.

La TMM souligne à juste titre que la priorité doit être donnée à la politique budgétaire plutôt qu'à la politique monétaire, sans pour autant adopter une position unique sur les dépenses des gouvernements.

Des défenseurs, comme Stephanie Kelton, sont généralement favorables à une forte augmentation des investissements publics - économie verte, éducation, infrastructures, etc., ainsi qu'une garantie d'emploi fédérale.

Ces défenseurs soutiennent également que si l'inflation devenait un problème, elle pourrait être combattue par des augmentations d'impôts sélectives sur les ménages et les entreprises, par opposition à une augmentation des taux d'intérêt qui limiterait l'investissement public et ferait augmenter les coûts connexes liés à la dette publique.

((La dette publique est contractée auprès d'investisseurs privés et, dans le cas des États-Unis, auprès de nombreux investisseurs étrangers. La dette publique des États-Unis est unique puisqu'ils peuvent emprunter pour payer ce qu'ils ont déjà emprunté et plus encore, comme pour ses forces armées, en raison de leur domination mondiale. Les pays et les peuples hésitent à défier l'autorité américaine parce que les États-Unis détruiront tout ce qu'ils ne peuvent pas contrôler.

Les emprunts que fait le gouvernement à lui-même existent en même temps que les emprunts du gouvernement à des intérêts privés. Un moratoire sur le service de la dette publique envers les prêteurs privés, l'examen de sa légitimité et l'interdiction de tout futur emprunt de ce type serait une réforme positive, mais pour mettre en oeuvre et défendre une telle réforme le peuple doit être organisé et mobilisé.))

Stephanie Kelton soutient que le soutien à la TMM devrait exister dans tout l'éventail politique, mais elle néglige le rôle des intérêts réels.

Les banques veulent conserver leur rôle central dans la création monétaire.

La TMM tend également à minimiser les contraintes structurelles réelles sur la politique macro-économique du gouvernement dans le contexte des flux de capitaux internationaux.

((« Les flux de capitaux internationaux ! » - Une manière plutôt polie de désigner l'impérialisme et la violence des intérêts privés des oligarques qui parcourent le monde à la recherche de profits maximums et d'endroits à piller. Les impérialistes n'ont aucun sens de la responsabilité sociale car cela interférerait avec leur objectif de profit maximum privé. Les pays sous la domination de l'impérialisme n'ont pas d'économies qui se développent dans tous les secteurs et qui suffisent à leurs besoins dans le cadre de projets d'édification nationale. Le pays dominé doit offrir aux impérialistes quelque chose comme certaines matières premières ou la capacité de travail bon marché de sa classe ouvrière. Dès que quelque chose perturbe négativement le rendement des investissements, les impérialistes détruisent tout et abandonnent le peuple ou attaquent ceux qu'ils accusent d'être des trouble-fêtes.))

La TMM affirme que les gouvernements peuvent contrôler le taux d'intérêt par l'intermédiaire de la banque centrale. C'est vrai dans un premier temps, mais c'est très problématique dans un monde de mobilité des capitaux si les investisseurs craignent une trop forte inflation ou une dévaluation de la monnaie.

La Banque du Canada peut garder des taux d'intérêt bas, mais elle fait face à la possibilité d'une fuite des capitaux nationaux et étrangers, ce qui ferait baisser le taux de change et alimenterait l'inflation.

((Ces commentaires signifient que les politiques fiscales ou même les politiques gouvernementales globales ne peuvent empêcher la « fuite des capitaux » si les impérialistes sentent que leurs intérêts sont menacés. Cela signifie que la question centrale est celle du contrôle. Qui contrôle l'économie et dans l'intérêt de qui ? Pour contrôler l'économie, la classe ouvrière doit contrôler la politique, car la politique est l'expression concentrée de l'économie. Pour contrôler la fuite des capitaux, il faut contrôler l'économie dans l'intérêt public et contrôler la valeur qui entre et sort de l'économie. Cela signifie renforcer l'indépendance et l'autonomie de l'économie par une reproduction élargie. Cela exige de contrôler la valeur nouvelle et la manière dont elle est distribuée. Cela exige le renouveau démocratique et que les travailleurs se saisissent du pouvoir de décision politique, sinon les impérialistes continueront à dominer.))

Ce point est écarté par les défenseurs de la TMM, qui parlent principalement des États-Unis, qui contrôlent la monnaie de réserve mondiale et se trouvent donc dans une situation unique.

De nombreuses banques centrales étrangères de pays excédentaires tels que la Chine et le Japon possèdent d'énormes réserves d'obligations américaines qu'elles hésiteraient à vendre rapidement car cela ferait augmenter leur propre taux de change, entraînerait d'importantes pertes d'actifs papier et provoquerait une perturbation majeure du système financier mondial....

La capacité des marchés obligataires à punir les petits pays où les niveaux d'endettement public sont élevés et qui ont une inflation menaçante ne peut être écartée.

((L'exemple de l'Argentine vient à l'esprit. Une grande partie de l'énorme dette publique de ce pays est en devises étrangères (dollar américain, euro et yen), contrairement au Canada où seul un faible pourcentage est en devises étrangères. Mais la dette publique du Canada est principalement détenue par des « investisseurs institutionnels » qui sont liés à l'impérialisme américain. Le Canada est tout aussi vulnérable à la « punition » par les marchés obligataires si le gouvernement fait quoi que ce soit qui contrarie les impérialistes. Cette possibilité ne peut être écartée ou ignorée et doit être prise en compte politiquement. Le peuple doit être mobilisé politiquement et organisé pour lutter pour défendre ses intérêts, sinon rien ne changera et les impérialistes continueront à nous entraîner tous, privés de conscience, vers le désastre.))

Keynes soutenait que les pays ne pouvaient contrôler les taux d'intérêt que si les devises étaient réglementées et que s'il y avait des contrôles de la circulation de capitaux internationaux.

((Qui contrôle ces flux à partir d'où et vers où ? L'investissement international des richesses accumulées est primordial pour l'impérialisme et il est inséparable de sa soif de matières premières bon marché, de travailleurs à exploiter et d'endroits à piller et à contrôler. Lorsque la jeune Union soviétique a coupé un cinquième du monde des investissements et du pillage impérialistes, cela a gravement affaibli l'impérialisme et a été la raison principale pour laquelle l'impérialisme était déterminé à détruire l'Union soviétique par la guerre et la subversion.

Le contrôle des flux de capitaux internationaux est une illusion sans une bataille politique résolue menée par un peuple organisé et politiquement conscient, déterminé à diriger l'économie d'une manière nouvelle qui le favorise et qui contribue à l'édification de la nation et du nouveau.))

Le démantèlement des accords de Bretton Woods de l'après-guerre avait pour but de préparer le terrain pour le passage d'économies contrôlées au niveau national à un monde de flux de capitaux internationaux qui assujettissent les gouvernements.

((Exactement, et cela est devenu l'hégémonie mondiale du dollar américain et sa position en tant que monnaie de réserve impérialiste que les membres du système d'États contrôlé par l'impérialisme américain étaient obligés d'acheter et de garder en réserve. L'hégémonie du dollar est un facteur important qui favorise la mondialisation sous contrôle des États-Unis et leur contrôle du système financier international, ce qui leur permet d'imposer des sanctions et des blocus et de punir quiconque ose résister à la domination américaine.))

La TMM a raison d'affirmer que tant que l'économie fonctionne en dessous de son potentiel, nous pouvons et devons accuser d'importants déficits pour combler le fossé et répondre aux priorités des politiques publiques comme le besoin de logements abordables, le développement des soins de santé publics et la création d'une économie verte.

((L'auteur utilise l'expression « en dessous de son potentiel ». Quel est le potentiel de l'économie impérialiste ? Le potentiel se trouve dans l'économie moderne socialisée de la grande production industrielle, mais le contrôle impérialiste avec ses cartels et ses coalitions la découpe en intérêts privés étroits et concurrents. Les individus et les groupes privés concurrents, obsédés par la recherche du profit maximum pour eux-mêmes, sont tout à fait capables de s'entredéchirer et de tout détruire pour servir leurs intérêts privés étroits. Le potentiel ne peut devenir réel sans que l'économie soit sous le contrôle des producteurs réels, la classe ouvrière, avec un nouveau but de se constituer en la nation afin qu'elle serve le peuple et la société.))

Ces déficits auront le plus d'impact en termes sociaux et économiques s'ils sont utilisés pour financer des investissements publics bien choisis, par opposition à des réductions d'impôts. L'inflation ne posera probablement pas de problème.

((Pourquoi l'inflation ne posera probablement pas de problème ? Parce que la classe ouvrière a été battue et sa force organisationnelle détruite. L'inflation des prix est une arme pour contrer les augmentations de salaires et réduire les réclamations des travailleurs sur le produit social qu'ils produisent. Les prix ne sont pas stables, ils sont sous le contrôle des oligarques et au service de leurs intérêts. On peut dire avec certitude qu'alors que la classe ouvrière commence à se réorganiser, à se redresser et à revendiquer ce qui lui appartient de droit, les impérialistes riposteront par l'inflation des prix et d'autres moyens pour combattre toute augmentation importante des salaires, comme ils l'ont fait dans les années 1970.

Le contrôle des prix dans l'intérêt du peuple peut être réalisé par le contrôle public du marché de gros et l'imposition aux principaux secteurs et producteurs d'une formule moderne qui détermine les prix de production des biens et des services. Une formule moderne stipulera un taux de profit moyen et une valeur reproduite suffisante pour répondre aux besoins des travailleurs et de la société. À cela s'ajoute toutes les grandes entreprises qui paient intégralement les infrastructures qu'elles consomment dans le cadre de leurs activités (transports en commun, routes, ponts, électricité, eau, voirie, etc.))

Nous pouvons avoir d'importants déficits budgétaires en ce moment, mais pas indéfiniment, sans changements majeurs de la politique budgétaire et monétaire et de l'orientation politique. À plus long terme, nous ne pouvons pas avoir tout ce que nous voulons simplement en imprimant de l'argent.

((Nous ne pouvons pas avoir tout ce que nous voulons quand nous, les travailleurs, n'avons pas le contrôle des affaires économiques, politiques et sociales du pays).

Si nous voulons une augmentation permanente des dépenses publiques, nous devons également augmenter les impôts.

((Qu'est-il arrivé à la déclaration sur l'importance des fonds publics provenant des entreprises publiques ? L'entreprise publique est la seule source sûre de revenus publics. À cela, il faut ajouter le contrôle public du marché de gros et des prix de production régis par une formule moderne qui garantit un certain niveau de valeur reproduite individuelle et sociale (salaires, avantages et programmes sociaux au service de la population). Cela exige un contrôle politique résolu de l'économie par les travailleurs. Les impérialistes retournent toujours aux attaques contre le peuple par le biais des impôts, notamment les impôts sur les particuliers, qu'ils qualifient parfois même de progressistes.))

Si nous voulons beaucoup plus d'investissements publics, nous devrons également donner moins de priorité à la consommation privée, en particulier la consommation de luxe des riches.

((Le problème n'est pas la consommation privée, mais l'expropriation privée de la valeur nouvelle (le profit) qui vient du contrôle privé de l'économie socialisée. Les producteurs réels, la classe ouvrière, doivent mettre en avant leur but pour que l'économie soit au service du peuple et de l'édification nationale, et exercer un contrôle sur l'économie afin que leur but soit atteint.))

Si nous voulons un plus grand contrôle de notre économie, nous devons affronter le pouvoir des intérêts financiers privés.

((Comment y parvenir n'est pas discuté. Cela nécessite la construction d'un parti politique qui organise le mouvement ouvrier pour qu'il s'engage dans sa propre édification de la nation basée sur le renouveau démocratique. En se constituant en la nation, la classe ouvrière doit prendre des mesures pratiques pour prendre le contrôle de l'économie et du pays.))

La TMM, basée sur l'héritage théorique de l'économie keynésienne de gauche, nous offre une voie pour aller de l'avant, mais elle ne nous libère pas des contraintes très réelles du capitalisme.

((La voie pour aller de l'avant est celle de la libération des contraintes de l'impérialisme. Sans se libérer des contraintes de l'impérialisme, il est impossible d'aller de l'avant, il n'y a dans ce cas que les objectifs de politique vides et les paroles réchauffées de l'économie keynésienne. Même lorsqu'elles ont été créées, les politiques de l'économie keynésienne avaient comme objectif d'empêcher la classe ouvrière de se libérer des contraintes de l'impérialisme imposées à l'organisation, à la pensée et à la théorie. Aujourd'hui, elles sont promues comme une soi-disant « Troisième Voie », déjà discréditée, qui propose que le « 1 % » peut être amené à partager sa richesse avec les « 99 % » afin de renouveler le capitalisme pour le faire fonctionner. C'est le miracle que le nouveau discours du Trône et la nouvelle ministre des finances s'engagent à réaliser. Ce n'est rien d'autre qu'une promesse en l'air pour cacher les stratagèmes pour payer les riches et duper les naïfs. Leur problème est que les seuls naïfs de nos jours sont les plus hauts échelons des syndicats d'affaire qui, à cause de leurs propres intérêts privés étroits, sont tout aussi déconnectés de la réalité que le gouvernement et ses ministres avec lesquels ils espèrent rallier la classe ouvrière.))


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 58 - 16 septembre 2020

Lien de l'article:
Discussion sur l'économie: La théorie monétaire moderne: du keynésianisme réchauffé - K.C. Adams


    

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