Keynes dans ses propres mots
Nous pouvons dénoter une tendance de pensée et
de conception du monde dans les citations choisies
qui suivent, suivies de commentaires entre doubles
parenthèses. Mises à part les citations, la
pratique de Keynes est celle d'un capitaliste
financier et théoricien pour l'impérialisme et
pour la préservation du droit de monopole et du
droit de l'impérialisme de dominer mondialement et
avec impunité la classe ouvrière et les peuples
opprimés.
L'expérience directe a enseigné à la classe
ouvrière qu'au cours du XXe siècle, il a été
impossible pour un anticommuniste avoué comme
Keynes de faire une contribution positive au
domaine de la politique et de la politique
sociale. Une personne non intéressée à s'unir aux
communistes, une personne remplie de mépris et de
haine envers la classe ouvrière, ne pouvait
contribuer de façon positive à la vie politique,
sociale et culturelle. En ce qui concerne Keynes,
non seulement n'était-il pas intéressé à s'unir
aux communistes, mais leur défaite était sa
mission. Il est devenu l'idole du Parti
travailliste dont la mission était de s'assurer
que la classe ouvrière de Grande-Bretagne reste
sous l'emprise d'une classe dominante déterminée à
préserver ses sphères d'intérêt et d'influence et
à vaincre la voie de la Révolution d'Octobre.
Des prises de position foncièrement racistes
envers les autres, une haine du communisme et de
la classe ouvrière, faisaient en sorte que des
individus comme Keynes ne pouvaient faire aucune
contribution au bien-être du peuple ou à l'intérêt
général de la société. L'anticommunisme et le
racisme sont des prises de position d'un
égocentrique qui place ses préjugés et ses désirs
personnels, ainsi que les intérêts étroits des
riches et des privilégiés et du statu quo
au-dessus des droits de tous, de leurs collectifs
et des intérêts généraux de la société, en
particulier au-dessus de la nécessité du
changement.
Ces citations choisies provenant de ses écrits
traitent surtout de ses opinions politiques.
Souvent des citations isolées ne suffisent pas à
faire ressortir une tendance, mais en ce qui
concerne Keynes, il en ressort clairement un
anticommunisme, un mépris pour la classe ouvrière
et une opposition à la participation active et
consciente du peuple au gouvernement, ainsi qu'un
racisme non dissimulé envers toute personne
n'étant pas européenne et étant perçue comme
inférieure, ainsi qu'envers certains Européens.
Rappelons-nous que ces citations de Keynes
proviennent d'une époque de divisions de classes
très prononcées en Grande-Bretagne et à l'échelle
internationale, alors qu'une patrie socialiste de
la classe ouvrière fut créée en Russie
en 1917, que la révolte grondait au sein des
peuples des colonies, que la crise économique des
années trente s'approfondissait et que se créait
le Front uni international contre le fascisme.
Keynes fut à tout moment au service de l'Empire
britannique et de l'impérialisme tout au cours de
cette période tumultueuse et fut bien récompensé
pour ses services à la classe dominante.
Après la Première Guerre mondiale et la
Révolution socialiste et la création de la Russie
soviétique puis de l'Union soviétique en tant que
patrie du prolétariat international,
l'impérialisme centré en Europe, aux États-Unis et
au Japon exigea de nouveaux arrangements afin de
maintenir la classe ouvrière dans l'oppression,
l'Union soviétique encerclée et isolée, les
colonies écrasées et la classe capitaliste
monopoliste au pouvoir et ses monopoles défendus
et libres d'étendre leurs empires. La situation
était tout à fait nouvelle pour la classe
capitaliste.
Une tendance émergeante favorisa le fascisme avec
sa politique de « la nation une et
indivisible », de suppression ouverte du
mouvement ouvrier, de dépenses publiques dans le
but de militariser la société, de poursuivre
l'édification de l'empire de façon agressive et
expansionniste, de confronter les puissances
impérialistes dominantes et de se rediviser le
monde.
Une autre tendance était la social-démocratie
adoptée en tant que variante du libéralisme dans
le but d'enrôler les travailleurs en appui à leur
propre classe capitaliste au pouvoir au moyen de
dépenses publiques consacrées à des projets d'État
grandioses. Ces dépenses publiques étaient aussi
consacrées aux préparatifs de guerre visant à
défendre les colonies déjà en sa possession et
pour influencer les puissances impérialistes plus
faibles ou en développement telles que l'Allemagne
et le Japon pour qu'elles respectent le statu quo
en ce qui concerne la division du monde.
Sur le front économique, ces luttes pour de
nouveaux arrangements s'entremêlaient à des
politiques de même nature consistant à utiliser le
trésor public pour financer des mesures de
stimulation afin de protéger les grandes
entreprises des ravages de la crise économique.
Tous les pays impérialistes se sont mis à se
servir des fonds publics pour sauver les grandes
entreprises et leurs monopoles. Franklin Delano
Roosevelt aux États-Unis a utilisé des mesures de
stimulation, y inclus le Tennessee Valley
Authority, qui ont été ressorties des vieux
tiroirs en 2009-2010 avec le sauvetage
Bush/Obama des grandes entreprises financières et
des monopoles de l'automobile, entre autres.
En Allemagne des années trente, des mesures de
stimulation basées sur l'utilisation des fonds
publics furent incorporées au programme des
Socialistes nationaux du Parti nazi de Hitler dans
le but de défendre des monopoles particuliers tels
que Krupp et Siemens AG, construire des grands
projets d'État et réarmer le pays sur la base des
fonds publics ainsi que de fonds empruntés au
capital financier étasunien.
Les théories économiques de Keynes prônant le
recours aux dépenses publiques pendant un
ralentissement dans le cycle économique étaient
utiles et donnaient une crédibilité intellectuelle
à ces États impérialistes dominants qui suivaient
une voie libérale ainsi qu'aux États suivant une
voie fasciste et agressive. C'est sans surprise
que Keynes trouva sa place dans les deux camps
impérialistes puisque la réalité du capitalisme
monopoliste est telle que les politiques d'État ne
sont pas fondées sur des principes, mais bien sur
les besoins pragmatiques du moment.
Dans la période de l'avant et de l'après
Deuxième Guerre mondiale, les États capitalistes
monopolistes étaient tantôt ouvertement fascistes,
tantôt des conciliateurs libéraux avec le
fascisme, selon leurs intérêts personnels
immédiats. Nous trouvons un exemple frappant de ce
phénomène pendant la Deuxième Guerre mondiale
impliquant les États-Unis, la Grande-Bretagne et
les autres États impérialistes qui étaient à ce
moment-là des alliés de l'Union soviétique dans la
guerre mondiale pour vaincre l'Axe impérialiste
agressive dirigée par l'Allemagne et le Japon.
En 1944, alors que la guerre était à son
apogée, ces États impérialistes ont forgé
l'entente monétaire internationale fasciste de
Bretton-Woods en tant que pierre angulaire pour
imposer l'impérialisme étasunien en tant qu'unique
superpuissance et se servir de leur puissance
financière et militaire unie pour perpétuer leur
système colonial sous de nouveaux arrangements
dans l'éventualité que l'Allemagne et le Japon
seraient vaincus.
Un aspect important de Bretton-Woods était de
resserrer l'encerclement de leur alliée, l'Union
soviétique, afin d'affaiblir et d'éventuellement
détruire la patrie de la classe ouvrière. Keynes
fut un des principaux architectes de ce nouvel
arrangement financier international du capital
financier, qui donna lieu au Fonds monétaire
international ainsi qu'au précurseur de la Banque
mondiale et à l'usure légalisée en tant que forme
pour soutirer un tribut des pays capitalistes plus
faibles ou en développement.
Citations de Keynes
Opinions sur le communisme, la classe ouvrière
et le Capital de Marx :
Ces citations sont tirées des articles
parus dans le New Statesman (reproduits
dans une brochure intitulée Short View of
Russia parue chez Hogarth Press en 1925
et dans Essais de persuasion paru chez
Gallimard en 1933.)
« Comme toutes les religions nouvelles, le
léninisme tient sa puissance, non de la masse,
mais d'une petite minorité d'adeptes
enthousiastes récemment convertis, dont le zèle
et le fanatisme décuplent les forces, si bien
que chacun d'eux égale plusieurs
indifférents. »
((Une notion farfelue s'il en est une. « Une
petite minorité d'adeptes enthousiastes »
n'auraient pas été en mesure de renverser un
pouvoir impérialiste tel que la Russie si la
multitude de travailleurs et de paysans n'avait
pas été préparée subjectivement et
organisationnellement pour s'engager dans une
lutte révolutionnaire héroïque pour vaincre leurs
oppresseurs. Keynes ne fait ici qu'exprimer son
mépris pour le peuple et l'incapacité de celui-ci,
selon Keynes, de s'engager dans une lutte
révolutionnaire pour faire évoluer la société vers
une alternative au capitalisme, alternative axée
sur l'être humain. Il n'a que haine pour quiconque
ne partage pas sa conception du monde. Pour lui,
la perspective de la classe ouvrière sur
l'économie, la politique et la culture en général
est nécessairement dogmatique et intolérante du
fait qu'elle est si diamétralement opposée à sa
conception du monde capitaliste qui, dans son
esprit, bénéficie d'un caractère sacré légué par
une longue lignée de traditions anglaises et qui,
par conséquent, ne peut être que le seul et
véritable mode de pensée.))
« Comment puis-je admettre une doctrine qui
érige en Bible, en le soustrayant à toute
critique, un volume d'économie politique périmé,
qui non seulement est faux d'un point de vue
scientifique, mais encore ne comporte aucun
intérêt, aucune application possible dans le
monde actuel. Comment puis-je me rallier à une
doctrine qui, préférant la vase aux poissons,
exalte un prolétariat grossier aux dépens de la
bourgeoisie et d'un intellectualisme qui, quels
que soient leurs torts, demeurent un des plus
précieux apanages de la vie humaine et portent,
en eux la graine de tout progrès humain ?
Quand bien même nous aspirerions à une religion,
comment trouverions-nous celle-ci dans les
turpitudes des bibliothèques rouges ? Un
fils cultivé, intelligent et bien élevé de
l'Europe occidentale peut malaisément trouver là
à réaliser son idéal, à moins d'être passé
d'abord par de telles souffrances et un tel état
de conversion que plus rien ne subsiste de sa
table de valeurs premières. »
((Ce « prolétariat grossier » est
précisément l'aspect émergeant de la grande
contradiction du monde capitaliste. Keynes est
horrifié à l'idée que la négation du « prolétariat
grossier, préférant la vase aux poissons »,
sera à son tour niée même dans son Angleterre si
douce et qu'il perdra son pouvoir, sa richesse et
son privilège à ceux-là mêmes — et Keynes ici
peine à dire le mot sans y attribuer une obscénité
— aux travailleurs qui créent la richesse qui est
le fondement de son style de vie intellectuel
somptueux à servir les monopoles et l'Empire
britannique.))
Keynes tient des propos racistes et antisémites
lorsqu'il tente d'« expliquer » la
personnalité des peuples de l'Union
soviétique :
« Cet état d'oppression ne saurait être mieux
indiqué. Il tient en partie, cela ne fait aucun
doute, à la Révolution rouge [...]. Il tient
peut-être aussi en partie à une certaine
bestialité inhérente au caractère russe — ou aux
caractères russe et juif mélangés, comme ils le
sont à présent. »
((La combinaison du bolchevisme et du judaïsme en
tant que caractéristiques propres aux «
bêtes » qui pouvaient détruire la
civilisation européenne était une thématique
commune aux fascistes hitlériens de cette époque.
Keynes approfondit ce concept raciste lorsqu'il
prétend que la menace à la civilisation européenne
provient d'un amalgame de « bestialité inhérente
au caractère russe » et de judaïsme. Cette
propagande entretenue par l'intelligentsia
britannique faisait partie de la pression exercée
sur l'impérialisme allemand pour qu'il prenne
l'Union soviétique d'assaut, ce qu'il fera
en 1941.
((Les intellectuels britanniques tels que Keynes
n'ont jamais reconnu le rôle qu'ils ont joué à
préparer l'opinion publique européenne pour
qu'elle encourage les Nazis allemands, jusqu'à
acclamer leur guerre meurtrière menée contre les
peuples de l'Union soviétique et qui a mené à la
destruction et à la mort sans précédent. Ils
regrettent seulement que l'invasion n'a pas eu
lieu avant le Pacte de non-agression de 1939
entre l'Allemagne et l'Union des Républiques
socialistes soviétiques, ce qui fut un facteur qui
retarda l'assaut jusqu'en 1941.
((L'habitude qu'a Keynes de ne pas discuter, mais
de simplement attaquer et de prêter à ses
adversaires ses propres défauts est
caractéristique de la conception du monde fasciste
et du rabaissement du niveau de la culture
politique sous le capitalisme monopoliste,
contrairement à la préoccupation de faire
progresser la science au XIXe siècle. C'est le
retour à l'obscurantisme et à l'absolutisme
médiévaux sous prétexte d'être les plus avancés et
les plus érudits.))
« Le léninisme est un mélange de deux choses que
les Européens, depuis quelques siècles, ont
coutume de ranger dans deux compartiments
différents de l'âme — la religion et les affaires.
La religion nous choque parce qu'elle est
nouvelle, et nous méprisons ses affaires parce
qu'elles sont inféodées à la — religion (au lieu
que ce soit le contraire), ce qui les rend
nettement infructueuses. »
((Mis à part cette expression de mépris pour le
léninisme, comment Keynes explique-t-il que
l'Église catholique romaine a été pendant des
siècles le plus grand propriétaire foncier,
participant aux affaires européennes et grand
défenseur du pillage à l'étranger ? La
réformation protestante a joué un rôle intégral
dans la préparation des conditions subjectives
pour la victoire du capitalisme sur les relations
de propriété médiévales.
Le léninisme avait démasqué l'hypocrisie de
l'Église, surtout en Russie où elle avait
travaillé main dans la main avec les exploiteurs
et les tyrans médiévaux les plus diaboliques.))
Poursuivant sa critique de la Russie
révolutionnaire, Keynes écrit :
« Je suis prêt à renoncer au confort et à mes
habitudes ; mais je ne puis m'accommoder
d'un dogme qui s'embarrasse peu de la liberté et
de la sécurité de la vie normale, qui a recours
à toutes les armes de la persécution, de la
destruction et de la lutte internationale.
Comment puis-je admirer une politique qui se
définit par les millions qu'elle dépense pour
entretenir des espions dans chaque foyer et
fomenter des troubles à l'étranger ? »
((Commentaire intéressant s'il en est un étant
donné que l'ambition de devenir riche et libre du
travail pénible du quotidien est la bible de la
bourgeoisie. Et comment les propriétaires du
capital ont-ils maintenu l'oppression de la classe
ouvrière sinon en graissant la patte des
dirigeants ouvriers avec les superprofits
provenant de l'exploitation des pays
opprimés ? La subversion idéologique est
l'essence même de la suppression de la révolution
prolétarienne en Grande-Bretagne et en tout autre
pays capitaliste monopoliste. Keynes est en soi un
excellent spécimen d'un agent provenant des
couches moyennes et bien endoctriné par les
propriétaires du capital.
((L'hypocrisie de Keynes est sans bornes. On a
fait des espions britanniques des célébrités dans
les films et dans la culture populaire, mais
lorsque la classe ouvrière fait connaître son
point de vue au moyen de ses propres outils de
propagande et de discussion dans des familles
ordinaires, elle « entretient des espions dans
chaque foyer et fomente des troubles à
l'étranger ». Et le fait d'exprimer une
solidarité sociale à l'étranger pour les droits
des peuples combattant les empires britanniques et
étasuniens devient « fomenter des troubles à
l'étranger ».
((D'abord, premier baron Keynes, « fomenter des
conflits à l'étranger » s'appelle
l'internationalisme prolétarien et la classe
ouvrière ne recule pas devant sa responsabilité
d'appuyer tous ceux qui s'efforcent de se libérer
de l'oppression impérialiste et de faire avancer
leurs sociétés vers l'émancipation de la classe
ouvrière.
((L'infiltration d'espions et d'agents
capitalistes des mouvements des peuples, ce qui
était la spécialité de la police tsariste, est
devenue une institution signée CIA, Homeland
Security, M15, M16 et Service canadien du
renseignement de sécurité, mais aussi diverses
agences non gouvernementales (ONG) et certaines
organisations syndicales et de charité qui
empêchent sciemment le peuple de s'organiser pour
trouver des solutions qui sont dans son intérêt et
pour résoudre les contradictions de ses sociétés,
en particulier son exploitation par les empires
impérialistes.))
« Je puis ne pas demeurer insensible à ce que
je crois être la justice et le bon sens ;
mais la lutte des classes me trouvera du côté de
la bourgeoisie instruite. »
((Les travailleurs et leurs alliés feraient bien
de se rappeler cet « aveu » de Keynes
lorsqu'ils entendront ou liront son nom. La «
justice et le bon sens » et les principes
sont rapidement « infiltrés » par les
politiques pragmatiques de la « bourgeoisie
instruite » menant la « lutte des
classe » contre un « prolétariat
grossier ».))
Appui à l'eugénisme
Keynes était un fervent défenseur de l'eugénisme,
ayant servi en tant que directeur de la Société
britannique d'eugénisme de 1937 à 1944.
En 1946 même, au seuil de sa mort, il a
déclaré que l'eugénisme était « la branche de la
sociologie la plus importante, la plus
significative et, devrais- je ajouter, la plus
authentique aujourd'hui ». (Citation
provenant de : « Opening remarks : The
Galton Lecture (1946) ». Eugenics Review
38(1) : 39-40.)
((Il ne s'agit pas ici d'une opinion reposant sur
une simple curiosité ou sur l'ignorance. Il s'agit
d'une participation active dans le mouvement pour
le fascisme européen. Pendant la période qui
précéda la Deuxième Guerre mondiale, appuyer
l'eugénisme voulait dire appuyer spécifiquement le
nazisme. L'eugénisme était présentée en tant que «
l'étude et la pratique de la reproduction
sélective telle qu'appliquée aux humains »,
dans le but avoué d'améliorer l'espèce en
opposition à l'avancement de la société en
changeant les conditions sociales et en réglant
les contradictions de classe.
L'eugénisme est une forme de politique d'une
nation. L'élite au pouvoir détermine qui est digne
de constituer la nation sur la base de critères
ethniques, religieux, politiques, physiques et
intellectuels. Tout critère non conforme est exclu
sinon exterminé, comme cela devint la politique en
Allemagne nazi. Aussi, aujourd'hui, l'exigence est
telle que tous ceux qui ne prêtent pas allégeance
aux « valeurs » dites américaines,
canadiennes, britanniques, civilisées, etc., sont
passibles de mort civile, ce qui revient à dire
qu'ils n'ont pas de droits civils.
Pendant les années trente, l'eugénisme était
associée plus intimement aux nazis allemands et à
leur programme politique de purger l'Allemagne de
toutes personnes dites indésirables. Tout « être
humain imparfait » tels que les communistes,
les juifs, les roms, les Slaves, les gais, les
individus ayant une imperfection physique ou
mentale, ou tout individu ayant des valeurs ou une
conscience en contradiction avec le Parti nazi de
Hitler devait être déporté ou exterminé. Les
intellectuels libéraux britanniques et autres, de
par leur conciliation envers l'idéologie fasciste
telle que le racisme, l'anticommunisme et
l'eugénisme, doivent être tenus responsables pour
le rôle qu'ils ont joué dans la préparation des
conditions subjectives pour les meurtres de masse
dans les camps de concentration, pour les crimes
de guerre commis par l'appareil militaire allemand
à l'étranger ainsi que pour toutes les atrocités
nazies.))
Citation provenant de « La fin du
Laissez-faire » (1926)
« Le socialisme marxien doit servir de signal
aux historiens de l'Opinion — comment une
doctrine si illogique et sans relief peut-elle
avoir exercé une influence si puissante et si
prolongée sur l'esprit des hommes, et par eux,
sur les événements de l'histoire ? »
((La classe ouvrière n'a pas développé son
idéologie dans le but de divertir l'élite
intellectuelle britannique. Le but de l'idéologie
est de guider la classe ouvrière pour qu'elle se
constitue en tant que la nation pour investir le
peuple de sa souveraineté et ouvrir la voie vers
l'émancipation complète de la classe ouvrière et
l'élimination de la société de classe.))
Citations provenant de « Essays in
Biography » (1933)
« J'ai tenté au moyen d'un certain détail de
mettre en relief la solidarité et la continuité
historiques de la Grande intelligentsia de la
Grande-Bretagne, qui est le fondement de notre
pensée depuis deux centenaires et demi, lorsque
Locke, dans son Essai sur l'entendement
humain, a écrit le premier livre anglais
moderne. J'énumère ci-dessous les nombreux
descendants de Sir George Villiers. Je ressens
aussi une grande fierté de me réclamer de la
trempe spirituelle de la filière Locke et de
cette longue lignée anglaise, qui lie sur le
plan intellectuel et humain les uns aux autres,
et dont les noms sont énumérés dans la deuxième
partie. Sans être le plus sage, Locke était
néanmoins le plus véridique des hommes. Sans
être le plus affable, il était néanmoins le plus
singulier et le plus attachant. Sans être le
plus pratique, il possédait néanmoins une
conscience sociale des plus pures. Sans posséder
un génie artistique élevé, il possédait
néanmoins un esprit ayant réalisé les exploits
les plus solides et les plus sincères dans un
grand nombre de champs parcourus par l'esprit
humain. »
((Cette citation faisant l'éloge des Anglais
décédés, Locke, Villiers et autres dans la longue
lignée anglaise, est suivie de façon inexplicable
par une attaque contre les communistes et le
respect qu'ils portent à leurs héros, dirigeants
et idéologues.))
« Tous partis politiques confondus trouvent
leur origine dans les idées du passé et non dans
des idées nouvelles — et cela est évident
lorsqu'il s'agit des marxistes. »
((Comment peut-on trouver des origines dans des
idées nouvelles ? Il s'agit de développer les
idées qui correspondent aux conditions
d'aujourd'hui, ce qui requiert une analyse
concrète des conditions concrètes. Les
personnalités modernes ne rejettent pas leurs
origines qu'ils retracent dans les luttes et les
théories de la classe ouvrière partout où le
peuple a fait une contribution, y inclus la pensée
ancienne de civilisations passées. Les
personnalités modernes ne sont pas d'une telle
arrogance qu'elles prétendent pouvoir définir le
présent sans le passé qu'on trouve dans les luttes
et la pensée d'individus qui les ont précédées et
qui ont fait progresser la civilisation vers ce
qu'elle est aujourd'hui. Il ne s'agit pas, par
contre, de s'attarder au passé et sur l'ancienne
pensée dans le but de les transformer en dogme ou
en icône, mais de transformer les conditions
sociales du présent et de donner naissance à une
pensée nouvelle.
C'est ce que Lénine a fait en créant le parti
léniniste de type nouveau, lequel était
qualitativement différent des organisations
ouvrières créées par Karl Marx et Friedrich Engels
au cours du dix-neuvième siècle. Et c'est ce
qu'ont fait Hardial Bains et d'autres dans les
conditions de trahison de la voie léniniste
établie par la Révolution d'octobre. Et il en va
ainsi du PCC(M-L) et des autres partis communistes
révolutionnaires qui se renouvellent constamment
afin d'affronter comme il se doit les conditions
contemporaines qui sont, elles aussi, en état
constant de changement, de développement et de
mouvement.))
Citation provenant de Théorie générale de
l'emploi, l'intérêt et la monnaie (1935)
« L'essentiel de l'oeuvre de Gesell est écrit
en termes pausés et scientifiques, bien qu'elle
soit imprégnée d'un dévouement plus passionné et
plus émotionnel envers la justice sociale qu'on
ne prête généralement à un académicien. Je crois
que l'avenir saura bénéficier davantage de
l'esprit de Gesell que de celui de Marx. »
((On peut trouver à Wikipédia la note suivante
sur Silvio Gesell (1862-1930), pour qui Keynes
entretenait une admiration sans bornes : «
Gesell fondait ses pensées économiques sur
l'intérêt personnel des individus. Pour lui,
c'était une motivation naturelle et saine pour
agir, qui permet à l'individu de viser à
satisfaire à ses besoins et d'être productif. Le
système économique doit faire justice à cette
précondition, sans quoi le système serait
inévitablement un échec. C'est pourquoi Gesell
disait de la proposition de son système économique
qu'il était 'naturel'. Cette prise de position le
plaça diamétralement en opposition à Karl Marx,
qui demandait un changement dans les conditions
sociales.))
« Tenant compte du facteur égoïste, Gesell
prônait une compétition équitable en affaires y
incluant des chances égales pour tous,
c'est-à-dire, la fin de tous privilèges légaux
et héréditaires. »
((Cette admiration de la part de Keynes pour
Gesell reflète la contradiction des économistes de
l'époque du capitalisme naissant qui avaient
toujours un attachement à la période précédente.
Cette contradiction fut résolue par le
néolibéralisme, qui reconnaît l'entière adhésion
au droit de monopole sur le droit public et la fin
de toutes illusions qu'un individu pourrait
entretenir sur un retour possible ou même
désirable du capitalisme prémonopoliste.))
Citation provenant de John Kenneth Galbraith,
The Age of Uncertainty
« Keynes n'a jamais cherché à transformer le
monde, ni fut-il poussé par une quelconque
insatisfaction ou par un mécontentement
personnels. Marx a proclamé que la bourgeoisie
paierait pour la pauvreté et les furoncles
qu'elle lui faisait souffrir. Keynes n'a connu
ni la pauvreté ni les furoncles. Pour lui, le
monde était excellent. » (Chapitre 7,
p. 198)
((Pour un marxiste, dont Marx était le premier
mais non pas le dernier, le monde existe sur une
base objective et subjective tel quel, ni plus ni
moins. Les marxistes, de même que les non
marxistes, naissent dans un monde qui n'est pas de
leur cru. Les marxistes acceptent le monde tel
qu'il est, analysent ses contradictions et se
mettent en action avec d'autres pour le changer.
En grande partie, l'insatisfaction et le
mécontentement éprouvés par la classe ouvrière
viennent d'un sentiment d'impuissance. Dès que les
travailleurs refusent d'être des victimes et des
spectateurs face à leur propre mauvais traitement
et condition de classe, et qu'ils s'unissent et
s'organisent avec d'autres de leur classe pour
changer les conditions sociales, l'insatisfaction
et le mécontentement qu'ils ont pu ressentir sont
submergés par un esprit de solidarité sociale et
par la conviction que les travailleurs et leurs
alliés s'organisent et marchent de l'avant pour
résoudre les problèmes du monde réel, les
problèmes qui sont à la base de leur
insatisfaction et de leur mécontentement. La
solidarité sociale est le produit de l'unité
d'action pour une même cause. Elle inspire même
les gens les plus opprimés à être courageux face à
leurs difficultés. Les personnalités modernes
voient les problèmes qui existent avec affection
malgré les « furoncles », parce qu'on peut
s'y attaquer avec un programme établi par
soi-même. Ce programme est, à son tour,
l'affirmation du facteur humain/conscience
sociale, de la vie elle-même.))
Wikipédia écrit : « Le Groupe de
Bloomsbury était un groupe d'écrivains,
d'intellectuels et d'artistes qui ont tenu des
discussions informelles à Bloomsbury (au centre de
Londres) tout au long du vingtième siècle... Leur
oeuvre a profondément influencé la littérature,
l'esthétique, la critique, l'économie ainsi que
les attitudes modernes envers le féminisme, le
pacifisme et la sexualité. Ses membres les plus
connus étaient Virginia Woolf, John Maynard
Keynes, E.M. Forster et Lytton Strachey. »
Quentin Bell, dans son livre, Virginia Woolf,
une biographie (Hogarth Press, 1972,
p.177), cite Keynes. Le biographe, Bell, fait part
d'une anecdote impliquant Virginia Woolf, Keynes
et T.S. Eliot, qui discutaient de religion lors
d'un souper, dans le contexte de leur lutte contre
la moralité victorienne de l'époque.
« À la fin du dit souper, un incident rappela à
Keynes 'son thème préféré', et il a fait un
commentaire à l'effet que 'la jeunesse
n'avait aucune religion sauf le communisme et
qu'aucune religion aurait été préférable'. Le
marxisme 'était fondé sur rien de moins
qu'un malentendu de Ricardo', et
qu'éventuellement, lui, Keynes, 'traiterait
une fois pour toutes de la question des
marxistes et d'autres économistes, afin de
résoudre les problèmes économiques que leurs
théories allaient sans doute occasionner ».
((Les problèmes économiques que les marxistes
menacent d'occasionner sont ceux selon lesquels
les véritables producteurs réaffirment leur droit
de contrôler la direction de l'économie. Ils sont
parfaitement capables de trouver leur chemin à
travers les difficultés occasionnées par leurs
affirmations en tant que véritables producteurs.
En partie, cela veut dire qu'ils devront rejeter
la thèse de Keynes et d'autres intellectuels
centrés sur le capital à l'effet que les
travailleurs sont un coût de production ; ils
devront être les premiers à réclamer le produit
social en tant que véritables producteurs ainsi
que la satisfaction des réclamations de la société
par le biais du gouvernement avant celles des
propriétaires du capital et de leurs
serviteurs ; ils devront graduellement
éliminer les réclamations du capital une fois pour
toutes. Les travailleurs acceptent avec sérénité
le défi de surmonter les difficultés que ces
mesures pourraient occasionner. Essayer de les
impressionner en brandissant le fantôme de Keynes
ne les fera pas dérailler.))
Note
Une brève biographie de John Maynard Keynes
(1883-1946) est disponible sur Wikipédia et on y
trouve certains détails concernant ses origines de
classe, son éducation et sa vie publique au service
de l'Empire britannique.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 58 - 16 septembre 2020
Lien de l'article:
Keynes dans ses propres mots
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