Numéro 53 - 15 août 2020
Importants anniversaires
Le camarade Hardial Bains,
fondateur et dirigeant du
PCC(M-L), à l'historique rencontre
du Parti à Chertsey, Québec, en
août 1989
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• Revisiter
l'importance de la conférence historique tenue
à Chertsey, Québec
• 25 ans de l'Initiative
historique du Parti
• Un
point tournant dans l'histoire et notre décision
du 1er septembre 1985
Importants anniversaires
Le 19 août 1989, le Parti communiste du
Canada (marxiste-léniniste) a tenu une conférence
historique à Chertsey, au Québec. Des centaines de
membres et de sympathisants du PCC(M-L), ainsi que
leurs familles et leurs amis, ont participé à un
rassemblement social et politique d'une semaine à
Chertsey pour célébrer le travail du PCC(M-L) et
discuter des événements en cours. Les
délibérations étaient présidées par le dirigeant
national et premier secrétaire du Comité central
du Parti, le bien-aimé Hardial Bains.
Plus de trois décennies se sont écoulées depuis
et, à notre grand chagrin, le camarade Hardial
Bains, est décédé le 24 août 1997. Cependant,
l'importance de la conférence Chertsey demeure et
devient plus évidente avec le temps. Les
développements nationaux et internationaux qui ont
eu lieu depuis la conférence de Chertsey ont
confirmé la régression et la sombre réaction
prédite par le camarade Bains à l'époque et
également la résistance déterminée de la classe
ouvrière et des peuples du monde et le besoin
inéluctable d'une direction politique, d'une
organisation et d'une théorie révolutionnaires
pour réaliser les objectifs du mouvement.
Quand le discours de Chertsey a été prononcé, le
monde vivait une période de transition alors que
l'essor de la révolution faisait place à une
période de repli de la révolution. Peu de temps
après le monde était témoin de nombreuses
transformations dont la chute de l'Union
soviétique et la fin de la division bipolaire du
monde.
« Les peuples étaient engagés dans un grand
mouvement pour exiger une profonde transformation
économique et ce mouvement grandissait dans
plusieurs régions du monde, particulièrement en
Europe de l'Est, mais pas uniquement là.
Cependant, ce mouvement s'est retourné contre
lui-même, manipulé par l'impérialisme mondial et
le révisionnisme. En quelques mois après la
Conférence de Chertsey, d'une période d'essor de
la révolution nous sommes passés à une période de
repli.... Pour nous, la Conférence de Chertsey a
été une déclaration du PCC(M-L) que non seulement
il n'allait pas être manipulé par l'impérialisme
mondial et le révisionnisme, mais qu'il allait
poursuivre son travail », a déclaré le
camarade Bains cinq ans après la conférence de
Chertsey.
Hardial Bains s'adresse aux participants à
l'historique rencontre du PCC(M-L)
à Chertsey, Québec, en 1989.
L'analyse de la nature de cette période par le
camarade Bains a préparé les forces
révolutionnaires au Canada pour ce qui allait
suivre en analysant précisément les développements
à l'échelle nationale et internationale à ce point
tournant crucial. Il a parlé de la victoire
historique de l'Union soviétique et de Staline sur
le nazisme et le fascisme et des programmes
sociaux créés par les sociétés socialistes. Il a
mis en garde contre les grands dangers posés par
l'impérialisme anglo-américain et la réaction
mondiale et décrit les grandes tragédies dans
lesquelles ils ont plongé les peuples du monde,
les innombrables guerres, invasions, coups d'État
et violences médiévales contre les peuples qui
luttent pour l'indépendance et le progrès social.
Il avertit que d'autres grandes tragédies allaient
s'abattre sur le monde.
La prédiction de Hardial Bains que l'hystérie
anticommuniste encouragée par la réaction
provoquerait une offensive généralisée contre les
peuples d'Europe et d'ailleurs s'est réalisée. Le
vieux monde s'était exclamé, dans
l'euphorie : « le communisme est mort »
et « l'histoire est arrivée à sa fin ». Il a
prédit que cette euphorie ferait bientôt place à
la pire vengeance et la plus sombre réaction. Il a
dirigé le PCC(M-L) dans les préparatifs pour faire
face à la trahison de ceux qui persistent à agir
comme avant, même dans nos rangs. Il a dirigé le
PCC(M-L) comme parti qui reste inébranlable et
fidèle à ses convictions.
Le Ve Congrès ayant eu lieu un an auparavant, le
camarade Bains a fait le bilan du travail accompli
par le Parti pour appliquer les décisions du
Congrès et du travail constant du Parti pour créer
les conditions subjectives de la révolution.
« ...Nous célébrons l'anniversaire de naissance
d'un mouvement auquel la classe ouvrière et le
peuple du Canada ont donné jour, et ce mouvement a
aujourd'hui plus d'un quart de siècle. Ce n'est
pas moi en tant qu'individu qui compte, parce que
les individus ne déterminent pas le cours des
choses. C'est la force sociale. Le génie de
l'histoire veut que quiconque se dresse
aujourd'hui au-dessus des masses finit par se
faire trancher la tête, au sens figuré, bien que
parfois ce soit au sens propre aussi. Nous ne
sommes plus à l'époque des chevaliers et des héros
individuels. Nous sommes à l'époque du travail
collectif de la classe ouvrière et de ses alliés.
Nous sommes à l'ère du Parti, l'époque de
l'impérialisme et de la révolution sociale du
prolétariat, comme le disait le camarade Lénine.
Avec cette rencontre, nous célébrons donc les
développements, le mouvement progressiste, le
renforcement, la stabilisation et la consolidation
d'un mouvement politique. Ce mouvement politique,
il est ici, c'est notre Parti, ses alliés, ses
organisations de masse, surtout la presse de masse
du Parti dont nous sommes très fiers. »
Le camarade Bains a énoncé de manière militante
ce que les communistes devaient faire pour
continuer à bâtir le PCC(M-L) en tant que parti
politique de la classe ouvrière afin de réaliser
l'unité politique du peuple. Il a prédit avec
certitude que la jeunesse, en dépit de
l'anticommunisme répandu massivement par la
réaction, répondrait à l'appel des communistes et
prendrait position pour une cause juste. « Nous
déclarons ouvertement que nous voulons le pouvoir
de la classe ouvrière et de personne d'autre...
parce que c'est la classe ouvrière qui est la
classe productive, c'est la classe la plus
complètement révolutionnaire et que ses buts ne
peuvent être réalisés sans le renversement du
capitalisme par la révolution. [...] Aujourd'hui,
peu importe la question abordée, [...] la
bourgeoisie ne peut trouver de solution. Seule la
classe ouvrière peut trouver une solution. C'est
donc la classe ouvrière qui est au centre, et nos
points de vue sont ceux de la classe
ouvrière. »
Le camarade Bains a déclaré : « Le problème
le plus pressant en termes de travail spécifique
est celui de gagner les masses des travailleurs au
Parti. [...] Nous devons aller de l'avant, avec
toute la passion du mouvement, comme on va vers
une personne qu'on aime, puisque cet être qui nous
est cher, la classe ouvrière, est la seule force
sociale en mesure de sauver le monde, de sauver
l'humanité. À l'ombre du grave danger posé par
l'impérialisme anglo-américain, la réaction russe
et la réaction mondiale, il n'existe aucune autre
façon de sauver le monde de la crise qui nous
menace. [...] La classe ouvrière peut perdre
certaines batailles, mais non la guerre. »
« Un nouveau communiste a vu le jour en sol
canadien, un communiste nourri par l'esprit
marxiste-léniniste de notre Parti. Avec cette
personnalité nouvelle, croyez-vous qu'ils pourront
nous écraser, nous détruire ? ! Je vous
dis : nous serons un jour des millions,
regardez nous bien aller ! [...] parce que
nous représentons ce que veut la classe ouvrière,
nous représentons ce que veulent les masses
opprimées et les peuples partout dans le monde.
Nous sommes des gens sans préjugé aucun. Nous ne
nous divisons pas en fonction de la race, de la
religion, de l'origine nationale, du sexe ou du
style de vie. Nous nous unissons sur la base du
marxisme-léninisme, une idéologie commune à la
classe ouvrière de tous les pays. Nous nous
unissons sur la base de l'internationalisme
prolétarien aux travailleurs de tous les
pays. »
Cette nouvelle personnalité n'a pas été laissée
au hasard. Pour qu'une personnalité démocratique
moderne émerge du travail pour régler les comptes
avec la vieille conscience de la société, la
réalisation de ce but a été mis à l'ordre du jour,
une ligne de marche a été fixée pour l'entretenir
et la tâche a été prise en main pour tout
accomplir sur une base consciente et planifiée.
Cinq ans après la rencontre de Chertsey, parlant
de l'acte du Parti le camarade Bains a
souligné : « En août 1989, je déclarais
au nom du PCC(M-L) que des femmes et des hommes
nouveaux avaient vu le jour sur le sol du Canada.
Qui sont ces êtres nouveaux ? Ceux qui ont
des idéaux élevés, sont honnêtes et sincères, ont
une conscience claire et qui ont tout sacrifié,
qui ont inauguré une nouvelle façon de vivre dans
les conditions du capitalisme en putréfaction. Ces
conquêtes colossales sont maintenant sous le tir
croisé de ceux qui veulent une vie révolutionnaire
à temps partiel. Ils nous disent que c'est de
l'extrémisme que d'exiger que l'on soit
responsable de ses paroles et de ses actes, que le
PCC(M-L) refuse toute conciliation avec la
putréfaction que la société capitaliste est en
train de produire. Ils proposent que les
communistes aient dans la vie deux attitudes
différentes, qu'ils agissent d'une certaine
manière lorsqu'ils font de la politique et d'une
autre le reste du temps. Si nous dégénérons au
niveau de cette sorte de « communistes »,
nous deviendrons des hypocrites, une force
bourgeoise décadente et impuissante. Nous ne
deviendrons pas une telle force. Nous n'avons
jamais admis l'imbécillité ou l'impuissance, et
nous n'acceptons pas l'impuissance face à la
situation actuelle. [...] Notre Parti s'exprime
avec conviction sur tous les fronts. Aucun océan
n'est plus profond que ses convictions. Ses idéaux
sont plus élevés que les sommets de l'Himalaya et
sa détermination est telle que personne ne peut la
restreindre. »
Dans la période suivant la contre-révolution
de 1989-1991, plusieurs partis se sont
effondrés, incapables de s'orienter dans ces
conditions nouvelles et complexes. La rencontre de
Chertsey est un événement dont la signification
s'approfondit de jour en jour. Chertsey
représentait et représente encore plus aujourd'hui
la force, la maturité et la vitalité du Parti
communiste du Canada (marxiste-léniniste).
Le discours prononcé par le camarade Bains
fournit des orientations cruciales qui permettent
aux êtres humains modernes de prendre le contrôle
de leur vie. Il a établi les directives qui ont
mené à l'Initiative historique et son premier plan
d'action de cinq ans en 1995 et ses plans
d'action ultérieurs, identifiant année après année
la tâche cruciale à accomplir afin d'atteindre les
objectifs que le Parti s'est fixés. Il a mené à
l'adoption du programme « Arrêtez de payer les
riches — Investissez dans les programmes
sociaux ! » en 1997 et, en dépit de
la perte monumentale que représente le décès du
camarade Bains le 24 août 1997, cela a
mené au succès du VIIe Congrès tenu en 1998
qui a adopté l'Initiative historique et sa ligne
de marche et au VIIIe Congrès tenu en 2008
qui avait pour thème : « Jeter les fondements
du Parti communiste de masse ».
Le camarade Bains avait conclu cette rencontre
historique à Chertsey en lançant : « Nous
marcherons ensemble et réaliserons les tâches que
nous nous sommes fixées pour la période actuelle.
Regardez-nous bien, nous allons
gagner ! »
Hardial Bains lance l'Initiative historique du
PCC(M-L) à Ottawa le 1er janvier 1995.
Il y a 25 ans, alors que toutes les forces
politiques manoeuvraient pour se placer au pouvoir
afin de gérer l'État dans leurs propres intérêts,
le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste)
a lancé son plan d'action pour mettre la classe
ouvrière au pouvoir, à la tête de l'édification
nationale. Cette Initiative historique a été
lancée par Hardial Bains, le fondateur et
dirigeant du Parti, le 1er janvier 1995.
Elle exige une constitution moderne qui place la
souveraineté - le pouvoir de décision - entre les
mains du peuple et des mécanismes politiques
démocratiques qui garantissent l'exercice du
pouvoir par le peuple, et également une
réorganisation consciente et rationnelle de
l'économie et un changement de sa direction pour
la mettre au service du bien-être du peuple.
Il était très émouvant d'entendre le camarade
Bains la décrire dans tous ses détails en portant
attention à l'objectivité de l'examen et également
à l'interaction et à la clef : le rôle
décisif de l'organisation du facteur humain,
conscience sociale.
« Ce plan d'action est si concret et couvre tous
les aspects du travail d'organisation de façon si
détaillée que le succès sur un front conduira au
succès de l'ensemble alors qu'un échec sur l'un ou
l'autre de ses aspects n'aura pas de conséquence
sur le plan général. Plus important encore, et
décisif sur le plan de la victoire, il met le
facteur humain, la conscience sociale, au premier
plan, dans une position décisive », avait
déclaré le camarade Bains.
Dans sa présentation du lancement de l'Initiative
historique le 1er janvier 1995, Hardial
Bains a expliqué :
« Dans la lutte des peuples et des nations, l'une
des choses les plus importantes et cruciales est
de déterminer comment sont dépensées les énergies
et les ressources qui sont engendrées dans le
travail. Sont-elles utilisées à des fins bien
précises, ou sont-elles gaspillées ?
Aujourd'hui dans le monde, généralement parlant,
très peu de pays se sont fixé des objectifs, un
but qui profiterait à la société, au bien-être du
peuple. [...] Au Canada, en autant que le peuple
canadien est concerné, il n'y a pas d'objectif
vers lequel toutes les énergies et ressources sont
canalisées et mises à contribution. Le seul but
que proposent les gouvernements est de créer un
climat favorable au succès des monopoles sur le
marché mondial. Et même ce but a surtout une
valeur de propagande, affirmant que la prospérité
du pays dépend du succès des monopoles sur le
marché mondial.
« Au Moyen-Âge, à l'âge des ténèbres, c'étaient
les forces dominantes qui fixaient le but, soit
l'Église et les seigneurs féodaux. Ils le
faisaient dans leurs propres intérêts, au nom
d'une puissance divine. Toutes les forces
productives et tous les avoirs de la société
étaient voués à leur satisfaction, à leur plus
grande gloire. À une époque se produisit une
rupture avec l'attitude médiévale, les gens furent
définis suivant leurs droits individuels. La
juridiction et les frontières des États furent
définies en fonction de leur défense. Tout était
en place pour que les ressources disponibles de la
société soient orientées vers la plus grande
gloire des droits individuels. Cela devint un
obstacle à la satisfaction des droits collectifs.
« L'édification de la nation devint le contenu
principal de la révolution démocratique. Quand la
bourgeoisie eut pris le haut du pavé,
l'édification de la nation ne fut menée que dans
le but de satisfaire les droits individuels. Avec
la montée des monopoles, la bannière de la nation
fut foulée aux pieds. Les États furent consolidés
et leurs rôles développés dans l'intérêt des
cercles dirigeants ou de l'oligarchie financière.
Ainsi, la propagande américaine parle de défendre
les intérêts nationaux des États-Unis partout où
ils disent qu'ils se trouvent, mais elle ne dit
pas un mot de ce que les Américains veulent
accomplir dans ce monde. Les Canadiens non plus
n'ont pas de but.
« Cela vaut à une exception près, la période des
'sales années 1930', alors que la bourgeoisie
était aux prises avec le désastre de la
dépression. La bourgeoisie était terrifiée à
l'idée de tout perdre si elle ne parvenait pas à
mettre en place l'objectif de satisfaire les
intérêts collectifs. Ainsi, à la fin des
années 1930 et après la guerre, divers pays
ont adopté l'objectif de bâtir l'État providence.
Au Canada, dans les années 1960, elle a mis
de l'avant l'objectif de construire une 'société
juste'. Ils ont parlé d'un héritage sacré qui doit
être défendu. C'était également une réponse à
l'objectif que l'Union soviétique s'était fixé en
tant que pays socialiste, c'est-à-dire satisfaire
les besoins matériels et culturels toujours
croissants du peuple.
« Aujourd'hui, les intérêts collectifs sont à
nouveau menacés. Toute la démagogie répandue et
toutes les promesses faites n'ont pour résultat
net que de rejeter tout ce qui a été dit
auparavant sur le bien-être social. Et cela sous
prétexte qu'en ce moment le but le plus important
est d'effectuer les paiements sur la dette pour
diminuer l'endettement national. En partant de la
prétention qu'il s'agit là de ce qui est le mieux
pour la collectivité et la société, on demande au
peuple de faire tous les sacrifices. [...]
« La question
centrale de l'Initiative historique est :
quel devrait-être le but ? Souvent dans le
passé, diverses forces ont fixé le but uniquement
à partir des prémisses théoriques et idéologiques
que nous sommes en faveur du socialisme. Peut-on
dire que le peuple devrait adopter le socialisme
en ce moment, qu'en ce moment la classe ouvrière
devrait adopter le socialisme comme but et qu'elle
devrait consacrer toutes ses ressources à cet
objectif ? Bien sûr, on peut prendre une
telle décision. Elle découle de notre programme
stratégique, mais cela n'empêchera pas la
bourgeoisie d'avancer ses objectifs. Les
considérations qui président à l'établissement de
l'Initiative historique ne sont pas strictement
théoriques et idéologiques. Elles ont surtout
trait à comment la classe ouvrière doit empêcher
la bourgeoisie de dilapider les ressources
nationales, de sacrifier l'indépendance du pays et
son bien-être. Quel slogan la classe ouvrière
doit-elle mettre de l'avant pour vaincre la
bourgeoisie et rallier les masses du peuple de son
côté ? La réponse à cette question est
d'utiliser les ressources en faveur des intérêts
collectifs.
« Le slogan de bâtir la nation est approprié non
seulement parce qu'il va à l'encontre de ce que
dit la bourgeoisie, à savoir que tous doivent
créer un climat favorable au succès des
entreprises sur le marché mondial, mais aussi
parce qu'il appelle le peuple à prendre en mains
ce qui lui appartient et à créer une société qui
le favorisera. Évidemment, en dernière instance,
bâtir la nation aujourd'hui revient à construire
le socialisme, mais ce serait une très grave
erreur que de présenter les choses ainsi. Le
programme doit être fixé non pas à partir d'un
point de vue théorique, mais à partir des besoins
de la société à un moment donné. La société
canadienne a besoin d'un but en ce moment. Le
peuple canadien a besoin d'un but que tous peuvent
facilement comprendre et saisir. Il ne peut s'agir
que de l'édification de la nation. Bien sûr, le
contenu essentiel de ce projet est que la classe
ouvrière doit se constituer en la nation. En
d'autres mots, le but de la classe ouvrière doit
devenir le but de la nation, tout comme la
bourgeoisie dans sa période ascendante avait
avancé son but, le but de défendre l'intérêt
individuel et la propriété privée comme but de la
nation, et avait même subordonné la nation à cet
objectif.
« Le temps est venu pour la classe ouvrière de se
constituer en la nation. Elle doit établir son
objectif comme étant celui de la nation. En
d'autres mots, la classe ouvrière doit elle-même
prendre en mains de bâtir la nation. Elle doit
aussi mener les larges masses du peuple à adopter
cet objectif. La classe ouvrière ne peut pas
orienter toutes ses ressources sans adopter
l'objectif de satisfaire les intérêts collectifs
de la société en ce moment. Cela revient à édifier
la nation. Édifier la nation au Canada ne peut
signifier qu'une chose : que la classe
ouvrière doit donner à la société une constitution
moderne, un mécanisme politique moderne, un
changement de direction de l'économie et
l'indépendance.
« Le problème n'est pas différent, que l'on parle
de la nation du Québec, du Canada, ou des nations
des peuples autochtones. Quand on parle de la
souveraineté du Québec, la classe ouvrière devrait
adopter le but de bâtir la nation au point qui est
le plus favorable pour la classe ouvrière. [...]
Elle doit aussi lutter pour un changement de
direction de l'économie, une constitution moderne,
le renouveau démocratique et l'indépendance.
« L'Initiative historique a pour but de provoquer
une discussion sur l'édification de la nation
parmi les larges masses du peuple en utilisant
toutes les ressources à notre disposition.
L'Initiative historique est un plan d'action, dont
l'objectif premier est de s'assurer qu'une
discussion a lieu à ce sujet. En d'autres mots,
elle a pour objectif de faire en sorte que le
peuple détermine l'ordre du jour de l'édification
de la nation. Dans ce cadre, l'autre objectif de
la classe ouvrière est de créer les conditions
pour la formation du parti communiste de masse.
Cela signifie qu'une des tâches les plus
importantes de l'Initiative historique est de
s'approprier le meilleur du passé et du présent.
Cela signifie qu'un travail est nécessaire pour
développer et enrichir le contenu de la pensée
marxiste-léniniste contemporaine. Cela signifie
examiner tous les phénomènes et tous les
événements et faire la promotion de ceux qui
favorisent la classe ouvrière et l'objectif de
bâtir la nation.
Le Parti a dirigé et a donné l'orientation au
mouvement ouvrier pour qu'il établisse son propre
programme prosocial sous le mot d'ordre « Arrêtez
de payer les riches ! Augmentez les
investissements dans les programmes
sociaux ! ».
Le camarade Bains a expliqué :
« Outre s'approprier le meilleur du passé, les
communistes peuvent trouver des solutions aux
problèmes complexes du présent. Seuls les
communistes peuvent diriger la société sur la
grande voie de la civilisation. Seuls les
communistes peuvent faire appel aux théories et
notions humaines nécessaires pour ouvrir la voie
au progrès de la société actuellement.
« L'Initiative historique est lancée afin de
convier la classe ouvrière et les masses
populaires à révéler ce qu'il y a de meilleur dans
ce que l'humanité a produit jusqu'à ce jour et à
le développer au niveau nécessaire aux profondes
transformations qui s'imposent. En d'autres mots,
il s'agit d'un programme visant à mettre la classe
ouvrière au centre de tous les développements. Il
s'agit plus précisément d'un programme pour placer
le facteur humain, la conscience sociale, au
centre de tous les développements. De tous les
ingrédients nécessaires à l'élaboration d'un
projet, il faut décider lequel est le plus
important. Si le facteur humain est absent du
projet d'édification de la nation, la révolution
scientifique et technique, l'efficacité et les
ressources naturelles et sociales ne suffiront pas
à la tâche.
« Le facteur humain ne peut être amené au niveau
nécessaire aux transformations sans conscience
sociale, sans débats et discussions parmi les
larges masses, sans mouvement révolutionnaire réel
possédant un caractère de masse. En d'autres mots,
l'Initiative historique vise à créer ces
conditions et à assurer que plusieurs de ces
traits se développent en tant que facteurs
essentiels à la création des conditions
subjectives de la révolution. En dernière
instance, le facteur humain est le facteur
crucial. Il est impossible de faire entrer en jeu
tous les facteurs sans le facteur humain. »
En ce 25e anniversaire de l'Initiative historique
du PCC(M-L), il est plus que jamais urgent
d'activer le facteur humain/conscience sociale
pour faire nôtre l'édification nationale et bâtir
le parti communiste de masse afin de transformer
le succès historique en victoire historique. Au
milieu d'une pandémie mondiale qui a causé de
grandes souffrances et exposé les graves
conséquences de décennies de destruction de
programmes sociaux, les gouvernements utilisent la
situation pour justifier une nouvelle escalade de
l'offensive antisociale afin de consolider et
resserrer le contrôle d'intérêts privés sur toutes
les affaires de la société.
Le facteur anti-humain/anti-conscience sociale
domine les actions des partis cartellisés au
parlement qui, dans la situation d'un gouvernement
fédéral minoritaire doté de pouvoirs d'urgence,
poursuivent leurs propres intérêts au détriment du
peuple. Les gouvernements fédéral et provinciaux
prennent des mesures pour réprimer et faire taire
les revendications des travailleurs et des
Canadiens qui réclament que les mesures
nécessaires soient prises pour résoudre la crise
en leur faveur. Le PCC(M-L) intensifie son travail
pour imprégner la classe ouvrière de l'objectif de
l'édification nationale qui ne peut signifier
qu'une chose: «la classe ouvrière doit doter la
société d'une constitution moderne, d'un mécanisme
politique moderne, avec un changement la direction
de l’économie et l’indépendance ».
Aujourd'hui, encore plus qu'il y a 25 ans,
l'Initiative historique du PCC(M-L) est
essentielle pour tous ceux qui veulent contribuer
à ouvrir la voie du progrès de la société.
Transformons les succès
historiques en victoire historique !
Cette année marquera le 35e anniversaire
de la décision prise par le Parti communiste du
Canada (marxiste-léniniste) le 1er
septembre 1985 de bâtir la presse de masse
du parti. Ce fut une décision capitale que le
Parti continue à mettre en oeuvre à ce jour.
Afin d'apprécier l'importance de cette décision,
LML republie ci-dessous le texte du
discours prononcé par le camarade Hardial Bains
lors de la 13e conférence consultative du
Parti, qui s'est tenue à Toronto les 28
et 29 avril 1991. Hardial Bains a
souligné :
Quelle a été la décision que avons-nous prise
le 1er septembre 1985 ? Notre
analyse était que nous étions à un point tournant
et qu'aucune force ne pouvait agir comme avant.
Que faire dans ces circonstances ? Que devait
faire le Parti pour être fidèle à sa propre
analyse et qu'il puisse agir de façon
nouvelle ? Le Parti a lancé l'appel à bâtir
la presse de masse du Parti. La décision de
développer un mouvement pour les idées éclairées
faisait partie de ce travail. Nous devions nous
débarrasser de tous les obstacles, de tout ce qui
pouvait nous empêcher d'atteindre cet objectif,
entre autres, nous débarrasser de la psychologie
de la peur que le Parti ne peut pas accomplir de
grandes choses. Pendant les quinze années qui ont
précédé la décision de bâtir la presse de masse du
Parti, nous avions fait un grand nombre de choses
de moindre envergure, mais continuer de cette
façon aurait fait dégénérer le Parti. Nous avions
accumulé des forces au cours de ces quinze ans, et
nous étions maintenant en mesure d'utiliser ce qui
avait été accompli pour aller de l'avant.
Le parti communiste est une institution très
complexe. On ne peut le décrire en termes
simplistes. Ses caractéristiques en tant que
contingent le mieux organisé et le plus avancé de
la classe ouvrière et en tant qu'état-major de la
classe ouvrière, doivent être développés dans la
vie réelle. En 1985, nous avons voulu nous
assurer que ces traits soient développés
davantage, qu'ils ne restent pas lettres mortes,
mais le Parti n'était pas encore en mesure de
surmonter les pressions qui entravaient le
développement de ces aspects.
La réunion du 1er septembre 1985 tenue
pour célébrer le quinzième anniversaire de la
presse du Parti a pris la décision de bâtir la
presse de masse du Parti.
Quand notre Parti a entrepris son travail pour
mettre en oeuvre les décisions du 1er
septembre 1985, son premier acte a été de bâtir la
presse sans-parti, qui allait démontrer comment le
Parti sait diriger sur une base large. Ainsi
lorsque nous disons que nous sommes les plus
avancés et les mieux organisés, l'une des preuves
est l'édification de la presse sans-parti. Le Ve
Congrès, tenu en 1987, réaffirma la méthode
de notre Parti selon laquelle une chose porte un
nom dans la mesure où elle possède une qualité.
Ainsi, pour porter le titre d'être humain, il faut
d'abord posséder les qualités propres aux êtres
humains. Il en va de même pour un parti politique.
Ses composantes, ses organisations, doivent être
les plus avancées, les mieux organisées et
posséder les qualités d'une avant-garde avant de
pouvoir l'appeler un parti d'avant-garde.
Dans les années soixante, quand nous appelions
les éléments avancés à se joindre à nous pour
bâtir un tel parti, il était nécessaire de
répéter quels traits ce parti devait avoir. On
peut tracer un portrait à grands traits avant même
que la chose ne voit le jour, mais si on ne fait
que parler de ce portrait sans créer la chose en
pratique, cela signifie qu'on affirme l'existence
d'une chose qui n'existe pas dans la réalité. Non
seulement cette chose n'existe-t-elle pas
vraiment, mais les affirmations au sujet des
caractéristiques qu'il doit posséder, les
descriptions de la physionomie idéale qu'il doit
avoir faussent sérieusement la réalité. Cela
revient à ne pas veiller à ce que le Parti soit en
pratique le contingent le plus avancé et
l'avant-garde de la classe, à détruire ce Parti.
Si l'opinion publique au Canada et dans le monde
ne nous considère pas comme les plus avancés, à
quoi bon affirmer que nous le sommes ? A quoi
bon répéter que notre Parti est le plus avancé et
l'avant-garde ? Avec le travail de la presse
sans-parti, au moins quelques travailleurs,
quelques intellectuels sauront que nous soutenons
les positions les plus avancés, que nous sommes
l'avant-garde, les mieux organisés, que nous ne
sommes ni fanatiques ni dogmatiques. On peut
trouver la preuve de la décision du 1er
septembre 1985 non seulement dans ce travail,
mais aussi sur tous les autres fronts du travail
du Parti.
Célébration des succès remportés dans la
construction de la presse de
masse du Parti à Toronto le 31 août 1986
Nous pourrions donner de nombreux exemples, mais
limitons-nous à celui-ci. Comme vous le savez
tous, l'an dernier et cette année, 1990
et 1991, ont été des années cruciales pour
nous, des années au cours desquelles nous avons
tous ensemble discuté de divers sujets, en
particulier du Parti et du rôle du membre au sein
du Parti. Quel rôle le membre joue-t-il dans le
Parti ? Quelles qualités un membre du Parti
doit-il posséder ? Pourquoi est-il nécessaire
de travailler dans une organisation de base du
Parti ? Pourquoi faut-il renforcer les
Comités régionaux ? Quel est le rapport entre
ces organisations et le Comité central ? Nous
pouvons penser que du bon travail a été fait, mais
un ouvrier d'usine sera-t-il du même avis ?
Un intellectuel dira-t-il : « Oui, vous avez
fait du très bon travail » ? Ou bien
dira-t-il qu'il ne sait pas ?
Nous devons travailler de façon à ce qu'ils le
sachent. Si nous ne prenons pas le tournant
nécessaire, vous verrez ce que diverses autres
personnes qui sont en ligne derrière nous vont
nous faire. Imaginez-vous au volant d'une voiture
à une intersection, dans la voie pour tourner, et
que vous refusez de tourner ; tous les
conducteurs qui vous suivent vont se mettre à
klaxonner. On entend monter ces voix. Elles
veulent savoir : « Pourquoi ne tournez-vous
pas ? » La guerre du Golfe a été un test
pour de nombreuses personnes. Il est intéressant
de constater qu'ils voulaient négocier le
tournant, mais à reculons. Ce n'est pas ce qu'on
appelle tourner. Faire marche arrière signifie
s'éloigner de la solution des problèmes cruciaux
quel que soit le stade de développement du
mouvement. Ce n'est pas de ce genre de point
tournant dont il est question ici.
Notre participation à la lutte contre le recours
à la force dans le Golfe Persique a été honorable.
Il s'agit d'une bonne et nécessaire intervention.
Le Parti s'est gagné des amis. Qui plus est, les
gens considèrent que la position du Parti était
juste. Mais quand nous avons pris en 1985 la
décision de bâtir la presse de masse du Parti,
s'agissait-il pour nous de trouver une réponse
favorable parmi le peuple et de l'amener à nous
décerner une médaille d'honneur. Malheureusement,
camarades, certains se sont contentés de ce genre
de chose. Non seulement en étaient-ils satisfaits,
mais ils se répandaient en théories diverses,
faisaient des discours. Ils nous faisaient la
leçon quand nous les rencontrions. Mais ils
avaient oublié la décision du 1er
septembre 1985, décision réaffirmée par le Ve
Congrès du Parti.
Le Parti célèbre 19 ans de la presse du
Parti en août 1989
|
Il est impossible de parler de la participation à
un front de travail sans considérer la mise en
oeuvre de la décision clé. Quelle était cette
décision de 1985, outre l'analyse que nous
étions à un point tournant où aucune force ne
pouvait agir comme avant et qu'il était nécessaire
de bâtir la presse de masse du Parti ?
Essentiellement, elle se résume à une
phrase : le Parti doit être à l'avant-garde
de la société. Peut-on dire que nous y sommes
arrivés ? Peut-on dire que partout notre
Parti se trouve à l'avant-garde ? Il y a
encore des camarades qui nous demandent de définir
l'avant-garde. Pour eux tout se réduit à une
définition claire d'une chose, parce qu'ils
considèrent toujours le Parti comme une idée, un
endroit où clarifier diverses opinions, une
association d'individus qui se rassemblent pour
discuter de choses et d'autres.
Je voudrais vous parler de questions touchant à
notre travail dans une ville. Dans cette ville,
notre organisation existe sous une forme ou une
autre depuis très longtemps. Nous y menons un
travail soutenu depuis plus de vingt ans. Cette
ville possède certaines traditions progressistes
et révolutionnaires, bien que certaines soient
marquées par l'influence anarcho-syndicaliste.
Néanmoins, sur les questions démocratiques
importantes, en termes de réponse de masse à la
situation, cette ville ne cède sa place à aucune
autre. Je m'y trouvais le 14 avril et je me suis
rendu compte que le Parti ne s'y porte pas très
bien. Comment le Parti peut-il aller mal alors que
nous avons pris la décision de développer le
mouvement pour les idées éclairées il y a cinq ans
et demi maintenant ? Nous avons souvent
demandé à l'organisation de cette ville comment
allait le travail. Que faites-vous à tel ou tel
sujet, notamment sur les questions démocratiques
comme la lutte contre les visites de navires de
guerre américains et soviétiques, la lutte contre
le racisme, etc. ? Mais ils ne répondent pas.
Ils disent que le Parti est au courant. Mais où
est ce Parti qui est au courant ? On ne peut
le trouver nulle part, car quand on leur demande
des réponses, ils disent qu'ils réfléchissent.
Est-ce une réponse ? Est-ce un exemple de
travail acharné au cours des cinq dernières années
et demie pour mettre en oeuvre les décisions que
nous avons adoptées et qui ont été ratifiées par
le Congrès en 1987 ? Est-ce que
l'organisation dans cette ville a mobilisé les
membres de notre Parti afin de mener à bien cette
tâche ?
Réfléchir est très bien, mais il est encore mieux
de réfléchir tout en mettant en oeuvre les
décisions prises. Ils devraient au moins avoir ce
niveau de conscience. Malheureusement, je dois
vous dire que ce n'est pas le cas. Mais quand on
parle de cela avec les camarades de l'endroit, ils
sont tout heureux de ce qu'ils font. Dans les
années soixante, nous avions l'habitude de dire
des gens qui s'engagent dans de telles activités
qu'ils se regardent le nombril. Autrement dit, si
quelqu'un leur demande ce qui se passe, ils se
regardent le nombril. Nous devons regarder à
l'extérieur. Nous devons avoir recours à toutes
nos ressources afin d'analyser notre situation, de
tirer les conclusions qui s'imposent, d'établir
objectivement l'impact de nos actions sur la
classe, sur le peuple et sur le mouvement là-bas.
On peut ensuite en faire le bilan. Quels résultats
avons-nous obtenus avec telle action ? Quel
autre geste devons-nous poser ?
En 1968, notre organisation a décidé que la
tâche la plus importante dans les conditions de
l'époque était de créer le Parti, et que le
premier pas vers la création d'un tel Parti était,
entre autres, la création des instruments de
propagande de la classe ouvrière. Créer les
instruments de propagande de la classe ouvrière ne
signifiait pas que nous ne participions pas aux
luttes économiques ; cela ne voulait pas dire
non plus que nous ne participions pas à la lutte
politique. Cela ne signifiait pas non plus que
nous ne traitions pas de théorie et que nous ne
menions pas une lutte idéologique à outrance
contre le révisionnisme et l'opportunisme. Cela
signifiait que ce point était devenu crucial et
que tout reposait maintenant sur lui.
Notre Parti a été fondé en 1970 à la suite
d'un travail couronné de succès sur ce front, au
cours duquel des camarades se sont avancés pour la
cause de la classe ouvrière, pour la cause du
communisme. Dès ce moment, nous avons dû affronter
des attaques venant de deux côtés : celles de
l'État et celles des révisionnistes et des
opportunistes. Il est évidemment difficile de
convaincre quelqu'un qui n'a pas connu ces
événements qu'au Canada des centaines de personnes
furent arrêtées pour leurs convictions
idéologiques et politiques, qu'elles furent
emprisonnées, que les révisionnistes et les
opportunistes ont ouvertement collaboré avec
l'État, et que le dirigeant du Parti et sa famille
ont été la cible des attaques les plus brutales.
Que devait faire le Parti dans ces
circonstances ? En plus d'avoir entrepris
d'ouvrir la voie sur les questions
organisationnelles et idéologiques, en particulier
la question politique du Québec et d'autres sujets
reliés, le Parti devint le fer de lance d'une
campagne héroïque, celle du mouvement de
résistance, au cours de laquelle personne ne
capitula face aux attaques de l'État. Aucun de
nous n'avait de l'expérience dans cette forme de
lutte à l'époque.
Je me souviens du premier jour où un camarade fut
arrêté à Montréal. Nous ne savions pas ce qui
allait lui arriver. Nous avions le pressentiment
qu'il serait taillé en pièces ou brûlé vif. Tout
pouvait lui arriver. Au total, de 1970
à 1973, on enregistra près de 3 000
arrestations de nos camarades. Tous nos principaux
cadres et militants ont passé en moyenne de six à
neuf mois en prison. Le Parti est sorti de cette
lutte renforcé et plus uni. Pendant que nous
menions cette lutte, une autre nous a été imposée,
un complot ourdi par un Parti au pouvoir dans un
pays étranger qui se donnait de grands airs. Ce
parti ne voulait pas du Parti que nous, Canadiens,
avions formé pour nos propres buts politiques, à
partir de nos propres convictions idéologiques et
avec des formes organisationnelles que nous avions
nous-mêmes élaborées. Ce parti et ceux qui le
suivaient voulaient plutôt donner leur bénédiction
au monde entier et transformer divers partis en
leurs officines. Ils créèrent une situation où un
parti devait être reconnu par eux comme «
authentique » et devenir leur agent ou
s'éteindre. C'était là leur message. En
décembre 1973, un homme de Vancouver annonça
qu'il savait de sources internes que ce parti
étranger ne nous reconnaissait plus. Ce devait
être une arme puissante contre nous, une arme
qu'ils utilisaient partout pour désorienter,
détourner et désintégrer les forces progressistes.
Manifestation à Toronto en mars 1977 après le
IIIe congrès du Parti contre la persécution
politique du PCC(M-L) à la suite de l'arrestation
de 17 militants du Parti juste avant le
congrès.
En 1971, ce parti étranger avait déjà tenté
de diviser et désintégrer notre Parti. Rejetant la
division, nous avons connu un vigoureux
développement de l'unité des forces communistes et
progressistes. Pratiquement tous ceux et celles
qui se disaient progressistes et communistes se
joignirent à nous. Plusieurs sont ici aujourd'hui.
Ce parti étranger ne parvint donc pas à ses fins,
et la lutte s'engagea.
Quand il devint clair que le Parti ne pouvait
être détruit par les attaques de l'État, des
services secrets ou des provocateurs
opportunistes, des rumeurs se mirent à circuler
que le PCC(M-L) n'était pas un vrai parti et qu'il
fallait en construire un autre. Cette lutte dura
dix longues années. Les pires choses furent
écrites contre nous, et des actes ignobles furent
commis dans le but de détruire le Parti.
En 1982, leurs auteurs déclarèrent tous que
le marxisme-léninisme ne marche pas. En d'autres
mots, ils voulaient éliminer le marxisme-léninisme
au Canada. Ce qu'ils finirent par admettre
ouvertement.
Au cours de cette période d'attaques par les
opportunistes, nous avons mené la lutte pour le
Parti sur deux fronts. Premièrement, nous avons
maintenu notre position de principe en faveur de
l'unité du Parti et avons continué de lancer
l'appel à tous de s'unir à l'intérieur d'un seul
parti. S'ils ne pouvaient se résoudre à cela, ils
pouvaient s'unir en prenant part à l'unité dans
l'action. Nous avons ouvert diverses avenues pour
établir une unité beaucoup plus large.
Deuxièmement, nous avons pris les mesures
nécessaires pour nous renforcer sur le plan
théorique et idéologique. Nous avons fondé notre
institut idéologique, qui a mené ce vigoureux
travail. En 1977, nous avons proclamé notre
victoire.
Bien sûr ils ont tous éclaté de rire. Ils ont dit
que le Parti n'était pas très grand, qu'il ne
comptait que « six ou sept » membres. Mais
ces gens-là n'en comptaient même pas un seul.
Pourquoi ? Parce que quand ils se
rassemblaient, « plusieurs » d'entre eux
disaient : « Nous ne savons pas ce qui se
passe ». Aucun d'entre eux ne défendait leur
organisation. En d'autres mots, ils n'avaient pas
de membres du tout. Ces faits sont vérifiables.
En mars 1977 eut lieu le IIIe Congrès. S'il
passera à l'histoire comme une grande victoire, il
est également un exemple de l'infamie de l'État
qui arrêta dix-sept d'entre nous juste avant le
Congrès dans un coup monté pour tenter de saboter
notre travail. Au même moment, des centaines de
personnes de Montréal vinrent de l'avant pour
s'unir sous la bannière du Parti. La clôture du
Congrès reste jusqu'à aujourd'hui l'un des plus
grands rassemblements politiques de l'histoire de
Montréal.
La tâche du Parti devint de surmonter les
conséquences néfastes du maoïsme. Ce travail,
amorcé en 1976-1977, fut élaboré davantage
lors de notre Congrès extraordinaire tenu en avril
1978 et alla plus loin. C'est notre Parti qui eut
l'honnêteté et le courage de reconnaître que
certaines choses que nous avions faites étaient
incorrectes et devaient être corrigées. Elles
devaient être corrigées parce que nous ne sommes
pas nés infaillibles. Nous n'avons jamais critiqué
le fait que nous étions des enfants à notre
naissance. Cela aurait été saugrenu. Mais certains
aspects devaient être critiqués et éliminés afin
que notre Parti puisse aller de l'avant. Ainsi,
ont été écartées l'attitude subjective à l'égard
de la révolution, voulant que quelques activités
ou quelques actions militantes soulèveraient
spontanément les masses du peuple. L'idée qu'il
n'est pas nécessaire de passer par toute une
période de processus politique a été abandonnée,
etc. Dans le domaine de l'organisation interne du
Parti, il existe encore beaucoup de pression
contre le centralisme démocratique, ou pour
déclarer que le centralisme est absolu. En
d'autres mots, nous avons des gens qui
disent : « Nous n'allons rien faire avant que
le centre nous le dise. » Ou encore : «
Comment se fait-il que le centre a pris cette
décision ? » Ces positions apparaissent
lorsque, dans les régions locales, une atmosphère
apolitique prévaut et que les décisions ne sont
pas prises. Notre parti n'est d'accord avec aucune
de ces positions. Il considère les deux positions
comme des diversions. Ni l'une ni l'autre ne tente
d'aller au coeur d'un processus décisionnel qui
met les gens en position de défendre les décisions
qu'ils prennent.
Lors du Congrès de 1982, dans le contexte du
début de la récession et alors que les luttes
menées avaient finalement éliminé les groupes
maoïstes, le Parti prit en main de mettre
davantage en oeuvre le mot d'ordre du IIIe
Congrès, de bolcheviser le Parti, c'est-à-dire
d'augmenter l'influence et le caractère de masse
du Parti et développer son rôle dirigeant. C'est
dans le cadre de développer le caractère de masse
du Parti, une décision pleinement et légalement
sanctionnée par le IVe Congrès et réaffirmée
le 1er septembre 1985, que nous avons
entrepris de bâtir la presse de masse du Parti.
En bref, telle est notre histoire consciente. La
branche dont nous parlions peut-elle nous raconter
son histoire ? Quelles tâches ses membres
ont-ils adoptées ? Sont-ils dignes du nom de
détachement le plus organisé, le plus avancé,
d'avant-garde de la classe ? S'ils ne savent
même pas ce qu'ils ont fait et les résultats
qu'ils ont obtenus, comment peuvent-ils connaître
leur histoire ? Que fait cette branche ?
Pourquoi existe-t-elle ? Est-ce seulement
pour l'amour d'une idée ?
Notre classe ouvrière a besoin de comités
régionaux qui à toutes fins pratiques doivent agir
comme des partis, car le Canada est un grand pays
dont les conditions varient d'une région à
l'autre. On ne peut pas fonctionner de la même
façon dans toutes les conditions, dans tous les
coins du Canada. Mais se retrouver dans une
situation où une branche qui a une histoire de
plus de vingt ans et qui a produit les principaux
dirigeants de notre Parti et ses principaux
militants, ceux qui viennent des années soixante,
ne connaît pas sa propre histoire, ce n'est pas
acceptable ! Ils pourraient au moins
reprendre les positions du Parti connues de longue
date.
Ils veulent une organisation qui se rassemble
sans but, où chacun peut donner des avis sur ce
que devrait être le but de l'organisation. Le
Parti ne peut accepter cela. Nous avons un but. Si
quelque chose n'est pas clair pour nous
aujourd'hui, nous trimons dur et clarifions
l'affaire le lendemain, mais nous ne mettons pas
des siècles à mener un programme à des fins de
clarification. Ce n'est pas possible, car la
clarté est un terme relatif. Un jour nous
identifions clairement le problème devant nous, le
lendemain la situation change et il faut encore
travailler à y voir clair. C'est comme si nous
étions à nouveau revenus à la case départ.
Camarades, depuis 1985, quand nous avons
hissé la bannière des idées éclairées, une
polarisation s'est produite. Certains masquent
leur opposition en disant : « Eh bien, nous
n'avons tout simplement pas le temps. Si nous
avions le temps, nous ferions toutes ces choses
dont vous parlez là. » Le Parti leur
répond : « C'est très bien que vous n'ayez
pas le temps. Si vous aviez du temps, imaginez
seulement tout ce que vous auriez pu gâcher. Parce
que le manque de temps ne veut pas dire que vous
devriez être malhonnêtes et manquer de sincérité,
que vous devriez agir comme des escrocs. » Si
quelqu'un n'aime pas ce que nous avons fait, qu'il
le dise - dites-le nous ! Peut-être nous
sommes nous trompés. Mais il ne faut pas laisser
pourrir cet excellent travail que les gens
apprécient et aiment. Nous avons une
responsabilité.
Quand nous songeons à l'année 1985, la
question suivante nous vient à l'esprit :
quelle était la signification profonde de cette
décision ? S'agissait-il d'une décision
particulière, pertinente strictement à ces
quelques jours et visant strictement à fonder un
magazine - ou avait-elle une plus grande
portée ? Elle avait une portée bien plus
grande qu'on s'imagine. Si cette décision n'avait
pas une plus grande signification, pourquoi
aurions-nous passé tout ce temps à la mettre en
oeuvre ?
Des camarades de tout le pays sont venus joindre
la presse de masse du Parti, le poing levé. Des
camarades de partout en Ontario viennent encore
faire du travail volontaire à cet endroit quand
ils ont du temps libre. Même de l'extérieur de la
région, de partout au pays, des camarades prennent
des vacances - et même de longues vacances - pour
aider à ce travail. Ils seraient des idiots de
l'avoir fait si cette décision n'a pas une plus
grande portée. Que ce ne soit que pour établir une
base technique, une presse à cet endroit. Loin de
là. Cette signification plus grande a des
conséquences pratiques, immédiates, dont nous
parlerons plus tard. Mais la plus grande
signification générale, la conséquence pratique
générale, est que nous devons lancer l'appel et
répondre à la demande du peuple d'avoir une presse
qui traite de ses intérêts, qui se préoccupe
sérieusement et non de façon mécanique de ses
intérêts. Toutes les organisations du Parti, tous
les camarades doivent faire leur travail dans le
même esprit. Les tâches doivent être accomplies
suivant ce que le peuple veut, ce dont il a
besoin, et pas seulement suivant ce que nous
voulons.
Si la décision du 1er septembre 1985
n'avait été fondée que sur ce que nous voulions,
nous aurions dit, pourquoi nous en faire. Nous
avons déjà une presse, pourquoi nous donner tant
de peine ? Nous pouvons même annuler cette
conférence, nous joindre aux autres qui disent que
le marxisme a eu tort sur telle ou telle question.
Nous aussi nous pourrions adopter une attitude
critique, tout liquider et rentrer chez nous. Nous
n'avons jamais voulu faire cela. Ce travail, en
termes de travail de Parti, a une profonde
signification. Ce travail pour les idées
éclairées, comme tout autre travail, n'a pas pour
seul but de recruter des membres. Il a pour but
d'amener diverses personnes à se pencher sur leurs
préoccupations, qu'elles se joignent ou non à
nous. En d'autres mots, le but n'est pas limité.
Ce travail a un but très vaste et très profond.
De la même façon, les organisations de base et
les comités régionaux, comme nous en avons discuté
maintenant et au cours de la période récente,
doivent travailler avec confiance pour la même
politique, c'est-à-dire répondre aux
préoccupations du peuple, présenter l'analyse de
ses préoccupations, aider le peuple à s'organiser,
et être aux premiers rangs de cette organisation.
Le Parti devrait être à la tête. Le Parti doit
être à la tête, pas de façon banale ou
sentimentale, en montrant que nous ne faisons pas
seulement parler de ces propositions, que nous
sommes prêts à les mener à bien en actes. Ainsi
toutes les organisations du Parti ne feront plus
qu'un avec la classe ouvrière, avec le peuple, et
ne resteront pas détachées. Aucune activité ne
peut être décrite comme une activité strictement
du Parti. Cela n'existe pas. Tout notre travail,
toutes nos activités sont menées pour la classe,
pour le peuple. Ce que nous faisons a une grande
signification pour le sort de la classe et du
peuple.
Nous n'avons qu'une vérité, mais notre attitude à
son égard n'est pas mécanique. Ce n'est pas parce
que c'est la vérité que nous oublions pour autant
les préoccupations du peuple, que nous oublions
les tactiques, les formes d'organisation et les
slogans nécessaires pour obtenir des résultats.
Ceux qui le font parlent de vérité, mais ce qu'ils
appellent vérité n'est pas la vérité, c'est du
dogmatisme et du fanatisme. Si quelqu'un passe son
temps à répéter que nous sommes pour la
démocratie, que nous voulons toutes ces choses,
mais qu'il ne développe aucune tactique et ne fait
rien pour atteindre ces objectifs, alors il n'y
aura pas de vérité, mais un mensonge du calibre
des forces obsolètes du déni. [...]C'est facile de
faire des discours, de les faire écrire en grand
et de pontifier mais quels sont les
résultats ? Il n'y en a pas.
Nous ne sommes pas d'accord avec ce genre de
vérité. Les décisions du 1er
septembre 1985 ont eu une profonde
signification pour notre travail, pas seulement le
travail de la presse de masse du Parti, mais pour
tout le travail. Par exemple, nous n'organisons
pas pour que les travailleurs adoptent notre ligne
comme but séparé des intérêts des travailleurs.
Nous organisons les travailleurs pour qu'ils
défendent leurs intérêts. Nous voulons l'unité des
travailleurs dans leur propre intérêt, de sorte
que quand ils défendent leurs intérêts et
acquièrent de l'expérience à le faire, ils
apprennent aussi à organiser, à mettre sur pied
des organisations plus grandes et plus avancées,
et que finalement ils se soulèvent pour mettre fin
à ce système d'esclavage salarié. Voilà ce que
nous voulons.
Nous devons tout faire afin de créer et de
développer une telle situation. Si on abandonne ce
but, alors la décision du 1er
septembre 1985 n'a plus de sens. En
définitive, elle aura l'air d'une plainte sans
importance. Généralement parlant, nous ne voulons
pas nous retrouver avec une situation dans le
Parti où les gens clés dans une région mènent le
travail pendant que tous les autres les regardent.
Nous n'aimons pas cela parce que lorsque tout le
Parti travaille, quand tout le Parti est à
l'unisson, nous pouvons obtenir de meilleurs
résultats d'une portée plus grande et atteindre la
victoire que nous désirons dans la période
actuelle.
Cette attitude - que quelqu'un d'autre sait, que
quelqu'un d'autre va donner la ligne - va à
l'encontre de la décision de 1985. Nous ne
sommes pas comme ceux qui disent que les gens
peuvent se libérer d'eux-mêmes, spontanément. Nous
avons un Parti qui a ses instances qui
fonctionnent et prennent leurs décisions. Mais
comment se fait-il que les organisations ailleurs
ne savent pas quelles sont les préoccupations du
Parti ? Elles ne peuvent comprendre ces
préoccupations que si elles ne font qu'un avec
nous lors de la prise de décision. Si un membre ne
participe pas au travail du Parti, alors le moment
venu, cette personne causera des problèmes. Il y a
des moments où la direction à ces niveaux ne
prêtent pas attention à la politique concernant le
travail et la formation des membres. Dans ce
contexte, une personne pourrait être autour du
Parti pendant des années et ne jamais devenir un
communiste. Si nous menons notre travail, si nous
sommes enthousiastes et nous accueillons tout le
monde avec le même esprit de mener le travail à
bien, si nous nous pratiquons à la critique et à
l'auto-critique, alors si quelqu'un ne veut pas
faire le travail, il ou elle ne sera pas capable
de rester autour. Mais si vous adoptez une autre
attitude, cela se produira.
Camarades, ne laissons pas ces questions de
l'édification de la presse de masse du Parti à des
positions strictement idéologiques. Parlons
ouvertement et faisons concrètement le bilan tout
en développant ce travail. A partir de là,
répondons à la situation qui est à un point
tournant. Nous avons déjà pris ce tournant. Nous
ne sommes pas en retard sur la situation. Nous
sommes bien en avant d'elle. Nous avons déjà mis
en oeuvre divers aspects de la décision prise
le 1er septembre 1985. Nous avons déjà
fait beaucoup d'autre travail dont nous faisons le
bilan.
Allons de l'avant. Le temps travaille pour nous.
L'initiative est entre nos mains.
(Pour voir les articles
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